Je m’appelle Deborah Wickwood, je vis à Londres en Angleterre avec mes parents depuis ma naissance. Je suis fille unique mais ça me convient totalement.
Mes parents se sont rencontrés quand mon père avait vingt-deux ans et ma mère dix-neuf. Mon père a vécu dans une famille plutôt pauvre avec deux frères et une sœur. Ses parents voulaient qu’il soit médecin, scientifique, avocat ou politicien, mais il ne voulait pas suivre cette voix. Non, ce qu’il l’intéressait c’était les livres. Alors il a mis de côté de l’argent, a fait des études de lettres, et sur les locaux d’une ancienne agence de voyage a fondé une librairie. Ma mère, elle, venait d’une famille du centre de Londres et étudiait le business avant leur rencontre. C’est d’ailleurs pendant ses études qu’ils se sont rencontrés.
Elle est rentrée dans la librairie, pour l’achat d’un livre, puis le monde de mon père l’a subjuguée. À lui seul, il gérait tout un monde ! Ma mère a laissé tomber les études et ils se sont mis à travailler ensemble. Par une initiative de ma mère, ils ont transformé la simple librairie en café-librairie. Et, petit à petit, ils sont tombés amoureux l’un de l’autre.
Ils ont mis du temps à s’en rendre compte. D’après leurs dires, c’en était presque comique ! Puis, trois ans plus tard, ils ont compris, et ma mère l’a avoué. Se rendant compte que c’était réciproque, et, un an plus tard, je suis arrivée.
Le café-librairie est équipé de deux étages, et nous vivons au second. Il est composé d’une cuisine, d’un salon et de deux chambres. Dis comme ça, ça peut sembler grand, mais c’est plutôt étroit. Quand j’étais plus petite, je bougeais énormément et me cognais tout le temps partout. Ma chambre a beau être la pièce la plus grande, je suis cependant tout le temps en train d’y semer le bazar, et me prend les pieds dans mes affaires. Le premier sert à ranger les livres, et il y a aussi une chambre. Je n'ai cependant pas le droit d'y aller, même si j'adorerais.
Le week-end souvent, j'aide mes parents au café-librairie. Qu'importe la partie de la boutique, je prends plaisir aux deux ! Ranger des livres dans les étagères, prendre les commandes ou conseiller les clients... Ou servir, retenir un choix, préparer des boissons ou des pâtisseries... Ça m'a toujours plu.
À l'école, je suis en tête de classe car j'ai plein de facilités. Je n'excelle cependant pas dans toutes les matières, mais, à l'aide de la logique et de mon esprit curieux, il m'est facile de répondre aux examens et d'avoir la note maximale. En classe, je n'écoute pas beaucoup mais prend toujours mon cours. Grâce à ma mémoire photographique je retiens facilement.
Mes parents se soucient beaucoup de mon éducation. Allez savoir pourquoi, ils voudraient que je sois avocate parce que "j'ai plutôt un bon vocabulaire et sais bien m'exprimer à l'oral". Juste parce que je prends des cours de théâtre depuis que j'ai sept ans. J'étais la plus jeune de mon groupe à mes débuts, ce que les autres élèves me rabâchaient souvent, mais aussi la plus douée. Et moi, j'ai envie d'être une actrice, de briller sous les feux de Hollywood ! J'adorerais être comme ces enfant-stars qui commencent à jouer dès leur plus jeune âge. Mais mes parents disent que ça ne paye pas beaucoup. Comme si leur job à eux payait vraiment. Peuh.
J'adore lire ! Si je le pouvais, je passerai tout mon temps à lire ! Et puis, il y a eu cette fois où j'ai voulu lire un livre de la librairie en même temps que boire un chocolat chaud. C'était pendant les vacances de Noël, il faisait très froid, et je n'avais pas école. Comme il pleuvait, la librairie n'avait pas beaucoup de clients. J'avais donc décidé de me préparer un chocolat chaud et m'était installée à une des tables de la partie café. Sauf que j'ai renversé ma tasse sur mon livre. Alors là... catastrophe ! Le livre était dans un état lamentable. Les pages étaient tachées et toutes ondulées, l'écriture a fondu... Et, alors que je le tenais dans mes mains, le livre s'est remis dans son état normal, entièrement sec. Je n'ai jamais raconté ça à personne. J'avais peur qu'on me prenne pour une folle. Je pense que ce qui m'est arrivé ce jour-là, quand j'avais huit ans, n'était pas normal.
Je suis plutôt calme apparemment, comparée aux autres enfants. J'ai sans cesse peur du jugement des autres. J'ai aussi une passion bizarre pour tout ce qui brille, comme si j'étais une pie. Tout le temps, dans la rue, je scrute le sol dans l'envie d'y voir une bague, un bracelet ou un collier. Et dans ce cas-là, je fais comme si je refaisais mes lacets pour récupérer l'objet attisant mon oeil.
Il y a quelques jours, on est venu me voir pour me dire que j'irais dans une école spéciale parce que je suis une sorcière. C'est un internat, apparemment, situé dans le nord de l'Ecosse. Je ne sais pas trop à quoi m'attendre... Tout ce que je sais, c'est que mes parents n'ont pas l'air ravis. Mais moi, je suis plutôt contente, parce que ça me permettra d'éviter le collège de quartier !