Le tout jeune maire de Crookhaven regardait par la fenêtre de son bureau d'un air maussade. Lui qui avait ambitionné de vivre une vie trépidente, avait été relégué au fin fond de l'Irlande pour remplacer l'ancien maire mort dans son sommeil. Il était, dit-on, mort de panique. Quand il avait reprit les dossiers, le jeune diplomate avait rapidement compris pourquoi. On toqua à la porte, l'extrayant de ses pensées.

- Des agents du ministère pour vous. Annonça une voix claironnante.
- Hm ? De quel ministère, Paul ?
- Aucune idée. Ils viennent pour l'affaire des ... sa voix se fit plus basse, ce qui exaspéra son suppérieur, des disparitions.
- Faites-les entrer.
Deux personnes qu'on aurait dit venir du siècle dernier entrèrent dans la petite pièce et vinrent s'asseoire au bureau du maire. Comme annoncé par Paul, ils étaient bien des agents gouvernementaux venant d'un département au nom alambiqué qui n'étonna même pas le maire. Il fallait dire que ces personnages le mettaient mal à l'aise avec leur manie de fixer son portrait plutôt que lui. Quand ils partirent, tout ce qu'il avait retenu c'était qu'ils allaient s'installer ici le temps de mener l'enquête. Ainsi la famille Sparkes s'établit à Crookhaven et bientôt, tout le village s'anima et l'on souhaita la bienvenue aux nouveaux venus ainsi à leur fils Orion. Puis, des réunions furent faites, des enquêtes menées, et de moins en moins disparitions furent à déplorer. Tout le monde oublia progressivement cette histoire. Les Sparkes s'étaient bien intégrés à leur nouveau village, il y avaient construit leur famille, tout le monde les trouvaient respectables pour des étrangers. Quoi qu'un peu snobs. Et un peu étranges aussi. Au détour d'une conversation, l'on avait demandé au couple à quel collège ils comptaient inscrire leurs enfants :

- Ils sont inscrits depuis tout petis à P....aris ! Nous pensons que voir un pays étranger leur fera du bien, n'est-ce pas chéri ?
- Oui, bien sûr, mais rassurez-vous, ils rentreront pour les vacances d'été ! Et pour Noël, si ils en ont envie.

Enfin Cassiopea naquît quelques années après. C'était un bébé vif, qui ne manquait pas de malice. En grandissant, elle plaça bien souvent ses parents et son frère aîné dans des situations gênantes mais elle finit par apprendre à canaliser sa magie et à la cacher au yeux des moldus. Un beau jour, son frère reçut sa lettre d'admission à Poudlard. Elle adorait son frère et bouda pendant 2 jours entiers pour qu'il ne parte pas. Et bien sûr, quand il revint à la maison pour l'été, elle fit comme si il ne lui avait pas manqué :

- Je suis grande, maintenant, je n'ai pas besoin de toi. Avait-elle dit en caressant jalousement le chat de la maison. D'ailleurs, moi aussi je vais aller à Poudlard l'année prochaine.

Pendant cette année, elle avait effectivement bien grandi. Ses cheveux sans pigments (dûs à une de ses nombreuses bêtises) avaient poussé jusqu'à dépasser ses épaules et son visage avait un peu perdu de la rondeur des tout petits. Son nez retroussé était par contre toujours le même et ses grands yeux verts en amande regardaient toujours le monde avec autant d'enthousiasme. Orion et Cassiopea s'adoraient et l'aîné avait souvent écrit à sa cadette pour lui raconter ses aventures. Comment il s'était senti lorsqu'on lui avait mis le Choipeau sur la tête, qu'il était d'abord un peu déçu d'avoir été réparti à Poufsouffle et tout un tas de détail amusants et parfois un peur romancés pour suciter l'envie de sa principale lectrice. Ce qui marcha très bien.

Le matin de son onzième anniversaire, Cassiopea était prête : elle allait recevoir la lettre. Et elle la reçut avec toute la joie dont une petite sorcière de 11 ans est capable.