Le réveil sonna. Un amas de couette bougea faiblement sur le lit situé au coin de la pièce. Soudain, une main en sortit et s'abattit violemment sur le réveil, qui cessa aussitôt son vacarme. Une tignasse de cheveux bruns émergea enfin de la montagne de draps.
Martin repoussa son oreiller et s'assit péniblement au bord de son lit. Il avait fait un rêve particulier cette nuit, mais il ne s'en souvenait pas. Il se creusa la tête, en vain.
Il finit par se lever et, avant de sortir de sa chambre, contempla son reflet dans le miroir de son armoire. Ce qu'il y apercevait était un petit garçon plutôt petit pour son âge, maigrichon et un peu palot. Un petit garçon aux yeux bleus profonds, et aux cheveux bruns clairs continuellement en bataille. Un petit garçon qui venait d'avoir onze ans dans la matinée, plus précisément à 2h31 du matin.
En considérant cette vérité, tout lui revint brusquement : la France, Angers, son déménagement en Angleterre, à Oxford... C'est de ça que parlait son rêve, Martin s'en souvenait maintenant. Oui la France lui manquait. Mais il ne regrettait pas non plus son départ en Angleterre. Il y avait intégré une école charmante ou il s'était fait beaucoup d'amis et avait pu continué à pratiquer le badminton en compétition. Malgré tout...
Un tapotement sur la vitre interrompit soudain sa rêverie. Martin se retourna et ce qu'il vit le stupéfia au plus au point. Le garçon se frotta les yeux, persuadé qu'il rêvait encore. Mais non. Dans l'embrasure de la fenêtre se tenait une immense chouette effraie au pelage mordoré, une lettre accroché à la patte. Martin se précipita pour lui ouvrir et l'animal s'engouffra précipitamment dans la pièce. La chouette lui tendit sa patte et, toujours sous l'effet de la surprise, le jeune garçon décrocha la lettre. Il put y lire, écrits à l'encre verte émeraude, les mots suivants :
"Martin Chevalier, 28 rue des Chênes, Oxford, à la chambre tout au bout du couloir du dernière étage"
Martin en resta bouche-bée. Intrigué, il l'ouvrit et ce qu'il y lut le laissa sans voix, tremblant, mais fou de joie. Bondissant et heureux, il descendit les escaliers à toute vitesse et rejoignit en trombe ses parents dans la cuisine. Il ne purent même pas lui souhaiter un joyeux anniversaire qu'il s'exclamait déjà :
-Maman, Papa ! Je suis un sorcier !