Jeanne est née vers minuit, entre le 6 et le 7 Mai. Elle a grandit en Angleterre, au sein d'une famille aimante, et eut une enfance heureuse.
Petite pour son âge, la fillette avait un visage fin et pâle. Ses deux petits yeux gris étaient souvent cachés par le voile orange de ses cheveux. Depuis sa plus tendre enfance, elle s'était trouvée une passion pour les espiègleries. Elle était devenue une vraie experte des arts subtils de l'emberlificotage et des blagounettes machiavéliques. Elle utilisait son talent contre les camarades de classe qui causaient du tort à son frère ou à ses amis. Bon, il faut aussi dire qu'elle avait tendance à être facilement... un tantinet rancunière.
Malgré les nombreux petits méfaits qu'elle avait l'habitude d'accomplir, il n'était pas courent de la voir se faire prendre ! Elle était toujours la dernière à être soupçonnée lorsque quelque chose arrivait. Excellente comédienne, la cadette des Hammond dissimulait facilement ses émotions et, sous l'apparence angélique qu'elle savait si bien se donner, cachait sans peine aux adultes son côté malicieux et revanchard.
Cette apparence d'élève modèle n'était cependant pas qu'un leurre, car Jeanne restait extrêmement studieuse et intelligente. Sachant être posée, réfléchie et très appliquée, c'était une élève curieuse dont l'attitude en classe était irréprochable la plupart du temps. Elle n'aimait pas beaucoup être remarquée et s'installait dans le fond de la salle de cours, aussi silencieuse et attentive qu'un Jobarbille à l'aube de sa vie. S'il y avait bien une chose qu'elle redoutait, c'était de décevoir ses professeurs ou pire, ses parents. C'est pourquoi, elle n'avait aucun intérêt à se faire prendre la main dans le sac lorsqu'elle enfreignait les règles de l'école. Jeanne a toujours connu l'école moldue, excepté lors d'une partie de l'année 2044-2045, au cours de laquelle ses parents lui firent l'école à domicile, sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Cela ne dura que le temps du contexte tendu de la "chasse aux sorcières".
Jeanne avait une très forte complicité avec Marius, son petit frère. Si les deux acolytes savaient unir leurs forces pour élaborer de nombreux plans machiavéliques contre leurs adversaires, ils étaient tout aussi bons pour s'en faire voir de toutes les couleurs lorsqu'une dispute éclatait entre eux. Bien entendu, ce n'était pas de tout repos pour leurs parents.
Le père de Jeanne était moldu, sa mère était sorcière. La jeune fille n'avait entendu parler de magie que dans les romans de fantaisie qu'elle adorait lire. Sa mère, Sylvie, avait en effet caché cette réalité à son mari aussi bien qu'à ses enfants, jusqu'au jour où Jeanne reçut une enveloppe marquée d'un sceau contenant une lettre d'admission à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie. N'importe qui aurait sauté de joie en apprenant cette nouvelle des plus extraordinaires. Pas elle.
Bien sûr, elle avait d'abord cru à une farce idiote de son frère, mais les révélations que sa mère l'obligèrent à se rendre à l'évidence. Il lui fallu du temps pour l'admettre. Elle était une sorcière. Elle était une sorcière qu'elle le veuille ou non. Petit à petit, toute sa vie lui semblait n'être plus qu'un immense mensonge. En quoi, en qui pouvait-elle encore croire ? Elle ignorait déjà tout d'elle-même ! Le monde qu'elle connaissait depuis toujours était en train de s'écrouler. Comment toutes ces vérités avaient-elles pu lui être cachées pendant si longtemps ? Même sa mère ne lui avait rien dit. Jeanne se sentait trahie et préféra oublier. Faire comme si ce n'était pas vrai. De toute façon, elle n'abandonnerait jamais sa famille, et elle irait au collège, le même que son frère. On ne pouvait pas l'emmener comme ça, loin de tout ce qu'elle connaissait. Elle était effrayée.
Ses parents lui achetaient des fournitures scolaires moyenâgeuses. Un bout de bois, de gros manuels jaunis par le temps, une plume avec de l'encre, un balais avec de la paille... Tout était arrivé sans qu'elle ne puisse rien y faire, et l'heure de son départ approchait à une vitesse infreinable. Dans peu de temps, elle allait devoir vivre plongée dans un univers dont elle ne connaissait rien. Un repère de monstres, de sorcières, loin de tous ses repères ! Loin de sa maison, de son chat, de sa famille, de son frère, et loin de Thomas, le garçon qu'elle aimait... Non. Elle ne pouvait pas supporter tout ça. Ses larmes lui brulaient le visage.
La veille de son départ pour la prestigieuse école de sorcellerie, alors que la nuit était déjà tombée, Jeanne décida de faire ce qu'elle s'était toujours interdit. Elle quitta la maison en secret. C'était peut être idiot et un peu fou, mais c'était la seule solution pour échapper à... à cette chose. Cette école de sorcellerie. Elle ne prit pas la peine de s'encombrer avec le moindre bagage. Sans attendre, elle se dirigea vers la fenêtre de sa chambre.
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