Je suis né dans le Sud de l'Espagne, près de la mer. Un jour de mai. Le ciel était d'un bleu profond. Enfin c'est ce qu'on m'a dit.
Ainsi, j'ai vu le jour.
Mes parents m'aimaient. J'en suis sûr. Mon père n'était pas souvent à la maison; il partait dans des pays, des villes aux noms exotiques. Des endroits qui m'étaient inconnus. Des endroits lointains, trop lointains. Trop éloignés des frontières de mon petit corps.
Il ramenait des coquillages, des jouets,des choses qui se mangent, des choses qui sentent bon, des coquillages. Surtout des coquillages.
Puis un jour, il n'est pas revenu.
Mais on a continué à m'aimer. Toujours.
C'est tout.
Ainsi, cette enfance à été partagée entre cet amour inconditionnel, maternel, enfermé dans une ville qui ne connaît pas l'extérieur, une ville qui n'a vu que la mer, et ce traumatisme qu'est le décès de mon père.
J'avais besoin de vivre dans un endroit qui courrait plus vite que moi.
Je voulais partir.

Durant toute mon enfance, je n'eut cessé de jouer du piano. Seul échappatoire. Amour.
Lorsque tout le monde faisait la sieste, durant ces longs après midi d'été silencieux, je jouais du Chopin. Ça me réconforte en cela que je ne peux accepter ma solitude. Je remplit l'espace d'un son. Je remplit le silence.

J'ai toujours été solitaire. Je faisais de longues ballades seul à la lisière de la mer. Je passais mon temps sur le sable blanc et lumineux.

Je suis blond. Mes yeux sont d'une couleur étrange; un mélange de vert et de noir. Maigre, trop maigre, presque. Ma peau est très blanche. Je ne supporte pas vraiment le poids du soleil contre celle-ci. Ça me démange.

On me dit que je suis souvent tête en l'air. Peut-être. Je suis atteint de narcolepsie. Je m'endors partout. Tout le temps. Puis quand je me réveille, le monde a changé. C'est toujours ainsi.


Voilà, c'est moi.