Thérésa regarda autour d’elle la multitude de parents venus accompagner leurs enfants pour leur rentrée à Poudlard. Le quai de la gare était bondé. Partout où elle posait le regard, elle voyait des sorciers vêtus de longues capes, discutant, riant, pleurant. Ici, elle se sentait à sa place, et il ne faisait aucun doute que ce serait également le cas à l’école de magie.

La fillette regarda avec attention ses futurs camarades. Que de visages inconnus, sur lesquels elle allait bientôt pouvoir mettre un nom. Elle s’arrêta sur les plus jeunes, qui rentreraient comme elle en première année, ignorant encore dans quelle maison ils seraient répartis, et vit avec soulagement qu’ils avaient l’air d’être aussi angoissés qu’elle.

Elle se tourna vers ses parents. Comme beaucoup de sorciers, Septimus et Judith Tanz avaient tenus à accompagner leur fille à King’s Cross. Son père paraissait inquiet, mais faisait tout pour ne rien laissé paraitre, aussi Thérésa décida-t-elle d’entretenir l’illusion, et omit d’en parler.

Sa mère semblait émue. Son dernier enfant quittait désormais le domicile familial, elle n’avait pas vu le temps passer. Elle épongea les yeux humides et se lança une nouvelle fois dans un monologue empli de conseils et de recommandations. Travaille bien, écoute bien tes professeurs, ne fais pas de bêtises. Thérésa acquiesça vivement. Il valait mieux ne pas contredire sa mère.

Perceval éclata de rire et glissa à l’oreille de sa petite sœur :
« Mais le plus important : n’oublie pas de t’amuser, Tess. »

La petite fille lui répondit par un clin d’œil. Son attention se reporta sur son père, toujours plongé dans ses pensées. Elle aurait aimé savoir ce qui se passait dans sa tête, mais Septimus était un homme mystérieux, et elle savait qu’elle ne pourrait lui soutirer aucune information. Elle le vit jeter un œil à sa montre, et en profita pour regarder l’heure à son tour. Il était midi moins le quart, le train n’allait pas tarder à arriver, et elle quitterait ses parents pour plusieurs mois. Bien sûr, elle leur écrirait, à eux deux et à son frère, mais elle n’aurait plus aucune chance de savoir ce qui préoccupait son père.

Perceval était rentré d’Amérique du Sud la veille au soir. Il avait été chaleureusement accueilli par ses parents, qui ne l’avaient pas vu depuis plusieurs mois. Judith avait organisé une fête en son honneur et préparé ses plats favoris.

Bien qu’elle fût présente, Perceval avait remarqué que sa petite sœur n’était pas aussi enthousiaste qu’elle l’aurait dû. Elle n’avait que peu participer à la petite fête. Il la savait angoissée par sa rentrée à Poudlard, aussi avait-il insisté pour lui parler seul à seule dans la soirée.

Il ignorait s’il avait réussi à la rassurer, mais le matin du 1er septembre, elle lui parut prête à affronter la rentrée des classes. Sur le quai de la gare, il la vit observer avec attention autour d’elle, comme elle le faisait à chaque fois. Lui aussi observait les jeunes élèves qui s’apprêtaient à monter dans le train, avec un brin de nostalgie.

Ses années à Poudlard figuraient parmi les meilleures qu’il avait vécues. Il avait adoré y faire sa scolarité, comme il aurait adoré y retourner ce matin là. Il se surprit à envier les petits sorciers, mais se consola en pensant à la suite de son tour du monde. Bientôt, lui aussi reprendrait le chemin des études, mais il ignorait encore dans quelle école supérieure de magie il poserait ses valises.

La voix précipitée de sa mère le tira de ses pensées. Elle s’était lancée dans des recommandations sans fin. Il éclata de rire en l’entendant. Lui-même avait le droit aux mêmes discours à chacune de ses rentrées à Poudlard, et bien sûr, il les avait toujours écoutés. Mais ce jour-là, il estima que le meilleur conseil à donner à sa jeune sœur était tout autre.

« Mais le plus important : n’oublie pas de t’amuser, Tess. » lui glissa-t-il à l’oreille.

La fillette lui fit un clin d’œil. Il n’était pas inquiet, il savait qu’elle se sentirait bien à Poudlard.
En la voyant jeter un regard à leur père, Perceval s’aperçut à son tour que ce dernier n’était pas dans son état normal. Il avait l’air préoccupé, mais il ignorait par quoi. Le jeune homme nota cette information dans un coin de sa tête et se promit d’en parler à son père. Mais pour l’instant, c’était sa sœur qui importait le plus, et il ne voulait pas lui gâcher sa rentrée avec ça.