Ah ben zut...
Elle n'avait aucune idée de comment s'y prendre pour remonter ce fichu bloc de bois. Quelle idée de lui faire un cadeau pareil ! Elle fusilla le bout de parchemin couvert de l'écriture paternelle qu'elle avait posé plus loin. Il devait bien rigoler en l'imaginant se quereller avec ces pièces.
Elle envisagea de s'attaquer à un autre casse-tête. Au moins elle avait réussi à défaire celui-là, puis imagina son désarrois si elle mélangeait les pièces. Non, elle allait devoir reconstruire celui-ci avant toute chose.
Elle jeta un regard par la fenêtre comme pour trouver une once de courage. Elle était une Gryffondor que diable, elle pouvait y arriver ! Quoi que dans cette situation, être une Serdaigle l'aurait un peu plus aidée. Elle respira un grand coup et s’attela à la tâche, inspectant un élément, puis un autre, essayant de les combiner.
"Je préfère les puzzles ! s'exclama-t-elle au bout d'un moment. Vous savez, ce sont des jeux moldus aussi. On a plein de petites pièces et quand on les assemble dans le bon ordre ça fait une image. Et alors pour le coup, c'est bien pratique d'avoir une image morte, enfin qui bouge pas."
Elle se demanda bien ce qui lui avait pris de raconter ça à la professeur de runes assise en face d'elle. Elle ne devait pas en avoir grand chose à faire de cette histoire de jeux moldus ou de casse-tête. Et encore moins de la vie d'une gamine de 12 ans pas fichue d'en résoudre un.

Soit la jeune fille la prenait pour une idiote complète soit … non, il n’y avait pas de doute en vérité : la Gryffondor prenait l’enseignante pour une imbécile finie. Le pire, étant que la professeure laissa faire et alla même jusqu’à appuyer l’idiotie qui était censé être sienne. Ouvrant la bouche en un O de surprise, elle s’entendit hoqueter « AH BON ? Des puzzles vous avez dit ? ». Bien sûr qu’elle connaissait, les sorciers n’étaient pas non plus assez reclus pour ce genre de privation enfantine. Et puis, comme ses parents aimaient à lui faire remarquer : certains jeux éducatifs avaient quelques vertus. « Oh impressionnant », se moqua-t-elle face à l’évocation d’une image morte.

Est-ce que la jeune fille verrait le petit manège de l’enseignante ou est-ce qu’elle prendrait cette dernière pour une véritable imbécile finie qui ne méritait guère d’intérêt ? C’était peut-être la manière pour Joanne de s’en sortir, à vrai dire. Enfin, non pas que la compagnie de la jeune Wright soit désagréable – si on omettait les bruits intempestifs qui avaient sans doute résonnés dans tout le wagon – juste que c’était une élève quelque peu … particulière, et qui semblait voué une adoration sans borne à son paternel – ce que ne comprenait définitivement pas Joanne.

Le jeune Gryffondor ouvrit les yeux comme des soucoupes aux paroles de la femme. Mince alors, elle ne connaissait pas les puzzles moldus ? Mais comment pouvait-on être professeur à Poudlard et ignorer tant de choses ? Elle qui croyait que leurs enseignants savaient tout sur tout.
Elle ouvrit la bouche pour répondre quand son cerveau se mit enfin en action. Cette femme si calme et sereine, bon à part quand une boite en plastique se mettait à meugler, qui s'exclamait ainsi, c'était louche. Elle la regarda, dubitative, avant de réaliser ce qui se passait. Se sentant rougir comme une écharpe aux couleurs de sa maison elle osa tout de même :
"Euh... Vous vous moquez de moi c'est ça ?"
Mince alors. Évidemment qu'elle se moquait d'elle. L'élève naïve qui parlait à une adulte comme s'il s'agissait d'une camarade. Elle baissa la tête, priant pour que le sol s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse à tout jamais. Quoi que non, ce n'était pas une bonne idée.
Faites qu'elle ne lise pas dans les pensées !
Qu'aurait fait Happy dans ces circonstances ? A part le fait que ce genre de chose ne lui serait jamais arrivée évidemment. Bon elle allait commencer par demander pardon pour son comportement.
"Je vous prie de m'excuser."
Elle allait trouver le moyen de se faire punir avant même de commencer son année à ce rythme là. Elle reprit son sac de friandise fort entamé et le tendit à l'adulte.
"Je... C'est pour me faire pardonner." Puis elle réalisa comme son geste pourrait être mal interprété et s'exclama: "Je veux pas dire que je vous en donne pour me faire pardonner ! Enfin si, mais je veux dire, je ne vous achète pas. Enfin c'est pas ça. Je vous en propose parce que j'ai mal agi et que je vous ai peut-être blessée, mais pas pour que si vous en prenez vous ne me punissiez pas. C'est pas du chantage ! Enfin de toutes façons je peux pas faire du chantage à un prof. Mais j'en fais pas aux autres non plus, hein ! Enfin ce que je voulais dire c'est que..."
Non. Rien ne lui venait. Son sort était scellé. Elle n'arriverait peut-être même jamais à Poudlard...

La jeune fille prit rapidement une teinte écarlate – s’approchant de la tomate murie en plein champs sous un soleil d’été – avant de demander à l’enseignante si elle se moquait d’elle. Ah, il semblait que Joanne, en pleine partie de bataille navale, avait touché l’un des bateaux de son adversaire. Peut-être même était-il coulé ? Rien n’était moins sûr tant la petite sorcière semblait débordée d’une énergie singulière. Finalement, elle s’excusa sans que Joanne ne comprenne vraiment pourquoi. Il n’était pas rare que les sorciers se taquinent sur leurs origines – tant que cela restait du domaine de la taquinerie, il n’y avait pas de problème, estimait Joanne. Dès lors que ça passait au stade supérieur, elle ne le supportait pas.

Et toujours avec une spontanéité rafraîchissante, la jeune fille tendit son paquet de friandise devant le nez de l’enseignante pour qu’elle se serve, et, indiqua-t-elle pour se faire pardonner. Joanne esquissa un faible sourire avant d’hocher la tête de droite à gauche. Elle ne tenait pas à voler les friandises de la petite sorcière, cela n’aurait pas été forcément très fair-play de sa part. « Gardez vos friandises pour vous et faites attention à ce que vous dites, je pourrais penser que vous m’êtes redevable » laissa-t-elle planer en retenant un petit rire.

Jetant un regard sur l’extérieur, le paysage défilant sous ses yeux se rapprochait de celui qui collait à Pré-au-Lard, elle se leva donc pour partir en amont, espérant ainsi éviter la foule d’élève. « Vous devriez vous préparer Miss Wright, Poudlard n’est plus très loin ». Et sur ses mots, avec un dernier sourire, l’enseignante referma la porte du compartiment derrière elle.

Oxy regarda la professeur se lever et quitter le compartiment. Elle se laissa tomber sur sa banquette se demandant bien ce qui avait pu se passer. Elle avait toujours son sachet de friandises dans une main et Odin s'installa confortablement sur ses cuisses maintenant qu'ils étaient seuls. Elle le caressa machinalement, perdue dans ses doutes.
Qu'est-ce qu'elle voulait dire par "être redevable". Est-ce qu'elle allait lui donner du travail à faire une fois à Poudlard ? C'est qu'elle n'y connaissait rien en runes... Peut être du ménage alors ? Du rangement ? Arf. Elle aurait préféré qu'elle prenne un crapaud à la menthe.

Elle soupira longuement. Elle avait encore été en-dessous de tout. Mais quelque part ça ne s'était pas trop mal passé puisqu'elle était entière, sans blessure apparente et sans retenue. A priori.
Il fallait vraiment qu'elle arrive à parler aux adultes sans passer pour une idiote. En cours ça ne lui posait de pas de problème. Elle était "élève" et ce statut lui convenait parfaitement. En dehors ? Elle n'arrivait jamais à trouver sa place entre adolescente et élève. Elle ne pouvait être ni tout l'un, ni tout l'autre et le mélange était quelque peu, original.

Elle soupira à nouveau et décida de suivre les derniers conseils que l'adulte lui avait donnés. Elle rangea ses affaires, remis sa cape et son Boursouflet dans sa poche spéciale et se tint prête à sortir.

Merci pour ce RP !