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14 juil. 2021, 13:33
Cadeau de départ  OS   SOLO 
J'angoisse. Pourquoi est ce que j'angoisse ?

Parce que tu va te retrouver tout seul dans un château immense, sans connaître personne.

Allez, ça ne sert à rien de paniquer, il y a juste à entrer dans la gare, monter dans le train, s'asseoir et attendre. Facile.

Je jette un coup d'oeil à mes parents et je ne peux m'empêcher de sourire en les voyant. J'ai été odieux avec eux, j'en ai bien conscience. J'ai refusé qu'ils m'accompagnent jusqu'au train. Ils ont tous les deux su que c'était le stress qui me faisait parler, et ont accepté sans rien dire. Maintenant que je me retrouve devant les portes de la gare je commence à regretter ma crise de colère et hésite à ravaler ma fierté pour les avoir avec moi.

Non, tant pis.

Je secoue la tête et prend une grande inspiration. Je me retourne pour les embrasser une dernière fois, j'en profite pour les observer. Mon père n'a pas quitté le jean qu'il met pour travailler, il a juste enfilé une chemise propre. Ses longs cheveux bruns sont attachés en un chignon d'où essayent de s'échapper plusieurs mèches rebelles et il tient par la taille ma mère. Elle est habillée en moldu, short et débardeur, comme elle aime être habillée quand elle est en expédition. Ses cheveux à elle sont détachés et je crois apercevoir deux ou trois brins d'herbe perdus. Elle est rentée de voyage pour son travail il y a deux jours à peine mais n'a pas pu s'empêcher d'aller à la serre avant de partir. Mes parents sont comme deux opposés, souvent je me demande pourquoi ils sont ensemble. Un moldu et une sorcière, lui qui aime passer ses journées dans son atelier devant les livres qu'il répare, elle qui passe son temps dehors à faire des recherches en botanique. Lui est grand, plutôt pâle à force de passer ses journées enfermé, elle est petite, la peau hâlée à force de toutes ses expéditions à travers le monde. Je les embrasse, laisse ma mère m'enlacer et sens mon père me glisser quelque chose dans la poche puis franchit les portes de King's Cross.

Je me remémore ce que ma mère m'a répété pendant le trajet :
- Entre les voies neuf et dix. Pour être sûr, attends de voir un autre élève passer.

Je trouve assez facilement les voies dont ma mère me parlait. Posant ma valise par terre, je m'asseois dessus et consulte ma montre. 10h39. J'ai un peu moins de vingt minutes. Alors que je vois du coin de l'oeil un contrôleur moldu se rapprocher de moi l'air suspicieux, je remarque également un groupe de jeunes adultes se diriger d'un pas décidé vers moi.

Ils doivent être en septième année.

Ignorant le contrôleur que j'entends me héler, je me relève et reprend ma valise en main. Après que tous les élèves soient passés j'expire un grand coup et, en fermant les yeux, traverse le passage.

Il y a du bruit de l'autre côté. Des mères appellent leurs enfants, des hiboux ululent, des amis se retrouvent après les deux longs mois d'été. Moi, je me retrouve emporté par le mouvement des élèves et me laisse porter par eux. Je suis comme déposé devant la porte d'un wagon et empoigne ma valise pour monter. La majorité des élèves est encore sur le quai, à dire bonjour ou au revoir, et je trouve assez facilement une voiture libre. Satisfait, je range ma valise (non sans peine, elle n'est pas toute légère et je ne suis pas très grand) et m'asseois à côté d'une fenêtre. Je sens alors dans la poche de mon pantalon quelque chose qui me gêne. J'y plonge ma main en me rappelant que mon père m'a glissé quelque chose. Un sourire apparaît sur mes lèvres.

Forcément.

Dans ma main, comme un symbole de cette nouvelle partie de ma vie qui commence, une minuscule boîte en bois gravée d'un magnifique W. Sans même l'ouvrir je sais ce qu'elle contient. Une graine. Une graine que ma mère aura ramené d'un de ses voyages, et il me tarde de la semer pour découvrir quelle plante poussera. Avec la boite un minuscule bout de papier plié en trois. Je le déplie et reconnais l'écriture de mon père : "Elle sera avec toi tout au long de ta scolarité. Prends en soin."

Un peu étonné, je me rend compte que ma mère ne m'a pas laissé d'indication sur la façon de m'en occuper.

Bof, pas grave. Je lui demanderai dans le prochain hibou que j'enverrai à la maison.

Alors que cette pensée me traverse l'esprit et que je remet la boite dans ma poche, le sifflet du train retentit et je vois le quai commencer à défiler.

C'est parti.

"La folie n'est plus folle dès qu'elle est collective."