Le personnel de l'hôpital Ste-Mangouste en parlerait encore longtemps de ce fameux samedi après-midi où il avait vu débarquer une horde de Grimms : 6 personnes affolées, dont 4 enfants. Une grande famille, sans aucun doute (et encore, leur trois chiens n'étaient pas venus, ils étaient gardés par les voisins).

Le fait était que le septième membre de la famille, l'aînée de la fratrie prénommée Ava, avait eu un accident de moto ! Quelque chose qu'on ne voyait pas souvent dans un hôpital sorcier. Mais la famille avait insisté pour qu'elle soit prise en charge ici alors elle y avait été emmenée. Mais il y avait au moins une bonne chose : ils savaient qu'elle n'avait rien de très grave.

Une dame aux cheveux châtains et a l'air fatigué, portant un bébé qui gigotait dans ses bras, se rapprocha du secrétariat et appela quelqu'un. Il s'agissait de Satine Grimms, la mère d'Arthur.

« – Excusez-moi ! Oui, bonjour. Je suis la maman d'Ava. On m'a dit qu'elle avait eu un accident. Elle va bien ? Pouvons-nous aller la voir ?
– Bonjour madame Grimms, on nous a prévenu de votre arrivée, répondit une jeune femme habillée tout en blanc. Votre fille va bien. On va tout vous expliquer. Si vous voulez bien me suivre, je vais vous mener jusqu'à elle. En revanche... Elle a besoin de calme et de repos. »

Elle avait prononcé cette phrase en regardant les enfants qui accompagnaient le couple. À savoir donc, Arthur (13 ans), les jumeaux Tom et Naala (9 ans) et Jimmy (9 mois).
Satine semblait stressée. Elle n'avait qu'une envie : aller voir sa fille. Car même si Ava avait déjà 26 ans, elle restait son tout petit bébé à elle ! Alors, en se retournant, elle vit une sorte de salle d'attente où il y avait un petit peu de monde. Elle dirigea sa petite meute vers ce coin-là, puis s'abaissa vers Arthur. Ce dernier sentait bien la catastrophe arriver. Et sut ce que sa mère allait lui dire avant même qu'elle n'ouvre la bouche.

« – Arthur, tu vas devoir garder tes frères et sœurs, d'accord ? Tu es grand maintenant, je peux te faire confiance ! Comprends-nous, il faut vraiment qu'on aille voir Ava pour savoir si elle va bien. On ne restera pas longtemps, je te le promets. Tu veux bien, mon cœur ? »

Puis, sans attendre la réponse d'Arthur, elle ajouta à l'attention d'Asgyr, son mari :

« – Chéri, ramène la poussette de Mimi par ici, s'il-te-plaît ! »

*Elle ne m'a jamais donné de surnom à moi...* Pensa Arthur sans oser le dire à haute voix. Sa mère lui mit dans les bras le fameux petit Jimmy, provoquant un soupir agacé chez son plus grand garçon. Ce dernier, encombré du bébé, se mit assis sur une chaise et observa les jumeaux qui commençaient déjà à courir en se criant dessus autour d'une table basse placée au milieu de la pièce. Sa mère les pointa du doigt.

« – Essaie de toujours garder un œil sur eux. S'ils s'ennuient, il y a des livres à eux dans la poche sous la poussette. Et si Mimi s'endort, allonge-le dedans. Mais pas avant, d'accord ? Sinon il n'arrivera pas à dormir ce soir. Allez, on y va. »

Asgyr et Satine s'éloignèrent, non sans un regard en arrière pour s'assurer qu'Arthur jouait déjà bien son rôle de babysitter. Ce dernier était complètement déprimé. Il s'enfonça contre le dos de la chaise, et n'osait pas regarder les gens qui étaient déjà assis dans la salle autour de lui.
Les jumeaux étaient de vrais monstres. Il se rappela le jour où il était à la gare avec son amie Joy, et où ils avaient volé la baguette magique d'un monsieur ! Il pria intérieurement son ange gardien pour qu'ils ne fassent pas de grosse bêtise maintenant ! Pour le moment, ils semblaient jouer au loup autour de la table alors ce n'était pas idéal, mais ça allait encore...
Puis, le Serpentard regarda son petit frère qu'il tenait dans ses bras. Jimmy. Jimmy qu'il avait tant détesté quand il était venu au monde parce qu'il accaparait trop sa mère ! C'était toujours le cas, mais Arthur commençait à grandir et à se dire que c'était quand même son frère et que le haïr était, finalement, stupide. Même si sa présence était toujours désagréable (il pleurait et puait tellement pour Arthur ! Heureusement qu'il était à Poudlard la plupart du temps.), il commençait à s'y faire.
Jimmy avait ses grands yeux ouverts et regardait son grand frère. Sans rien dire, juste comme ça, la bouche grande ouverte. Arthur se disait que c'était d'autant plus difficile de le détester parce qu'il était super mignon... Alors il soupira une nouvelle fois et dit à Jimmy :

« J'te préviens, t'as pas intérêt à faire caca hein ! »

Jim, comme s'il avait compris, fit un petit rire de bébé, ce qui fit sourire Arthur. Ce fut leur premier moment de complicité.

Sara n’en était jamais arrivée jusque-là. La perte de ses parents avait été selon elle la plus dure épreuve qu’elle ait affrontée dans sa vie, et pourtant, elle n’était encore jamais parvenue à prendre des décisions qui l’amèneraient à consulter un médecin pour aller mieux. Malgré tous ses problèmes, Sara avait su les gérer seule, bien que certaines fois, ses décisions n’avaient pas été les meilleures. Elle s’était éloignée de tous les gens qui pouvaient lui apporter des choses positives dans sa vie, et avait fini par rester cloîtrée chez elle, à ne plus rien faire. Désormais, elle était heureuse, du moins, c’est ce qu’on pouvait croire. Des événements qui n’étaient pas prévus au départ s’étaient immiscés dans sa vie, et Sara n’arrivait tout simplement plus à gérer cela.

Aujourd’hui, la jeune femme se rendait à Sainte Mangouste. Depuis qu’elle était enceinte, ses visites étaient de plus en plus régulières, cependant, cette fois-ci, elle n’était pas là à propos de l’enfant qui grandissait doucement mais sûrement dans son ventre. Non, elle était là pour quelque chose d’autre, quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru faire un jour : aller voir un psychologue. Lorsque ses parents étaient partis, beaucoup de personnes lui avaient proposé d’aller en voir un, mais tête de mule comme elle l’était, Sara n’avait jamais accepté. Elle était sûre de pouvoir gérer tout, comme elle l’avait toujours fait. Malheureusement, aujourd’hui elle n’arrivait plus à gérer les problèmes. C’était devenu simplement impossible pour elle. Elle n’arrivait plus à regarder son mari en face, non plus, mais en même temps, comment le pouvait-elle ? Comment pouvait-elle regarder l’homme avec lequel elle avait passé la plus grande partie de sa vie, alors que celui-ci lui avait caché l’existence de l’enfant qu’il avait eu avec une autre femme qu’elle ? Tous ses rêves s’étaient brisés lorsqu’elle l’avait su, Sara n’était même pas sûre qu’elle donnerait à John une nouvelle « chance ». Elle ne savait même pas si son enfant connaîtrait son propre père.

Sara arrivait donc à l’hôpital, presque cinquante minutes à l’avance. La jeune femme ne s’était pas trompée d’heure, elle avait préféré partir le plus tôt possible afin d’éviter John. Sur la route pour venir jusqu’ici, Sara avait beaucoup réfléchi sur sa situation. Elle s’était posée beaucoup de questions sur les choix qui s’offraient à elle quant à son mariage. Devait-elle tout arrêter ? Ou devait-elle continuer ? Après tout, John ne l’avait pas trompée, cet enfant est né lorsqu’ils étaient séparés. Cependant, celui-ci n’avait pas jugé bon d’en informer Sara. Peut-être que s’il l’avait fait, les choses auraient été différentes. Et puis la jeune femme ne cessait de se demander si son mari resterait auprès d’elle lorsque son bébé viendrait au monde. Comment pouvait-elle avoir la certitude qu’il ne la laisserait pas seule, comme il l’avait si bien fait avec sa première fille ? Sara était complètement perdue, les larmes lui montaient, mais elle préféra les ravaler et sourire aux gens qui passaient çà et là.

Sara trouvait le temps un peu long, à vrai dire, d’habitude, lorsqu’elle attendait, il y avait toujours quelque chose pour la distraire, des patients qui racontent leurs petits tracas quotidiens, les infirmières qui parlent avec les patients… Mais là, c’était totalement plat. Il y avait peu de personnes dans la salle d’attente, et la plupart étaient des personnes qui lisaient le dernier numéro de Sorcière Hebdo ou de la Gazette du Sorcier. Sara n’avait jusqu’alors jamais pensé à ramener l’un de ses nombreux magasines qu’elle n’avait pratiquement jamais le temps de lire avec tout le travail qu’elle avait à faire au Chaudron, mais maintenant qu’elle travaillait beaucoup moins, et très bientôt plus du tout, elle allait devoir y penser à deux fois.

Alors qu’elle se maudissait intérieurement de ne pas avoir apporté de quoi lire, un petit troupeau d’enfant vint s’installer non loin d’elle. La jeune femme ne fit pas tant attention à ce que disait la mère à l’un des enfants, trop occupée à observer le bébé qui semblait être bien installé dans les bras d’un petit garçon. Cela lui faisait penser à son enfant, en voyant cette petite famille, Sara se réjouissait d’avoir bientôt la sienne. L’espace d’un instant, elle oublia les problèmes qui l’avaient amenée ici.

« J'te préviens, t'as pas intérêt à faire caca hein ! »

Sara poussa un petit rire, elle hésitait à parler à l’enfant qui se retrouvait à présent seul avec ses frères et sœurs, mais elle ne mit pas longtemps à se décider. Adorant les enfants, et s’ennuyant légèrement, la jeune femme s’était finalement trouvé sa source de distraction ¹. Et puis, ils étaient si mignons, tous ensembles. Surtout celui avec son air grincheux, celui qui portait le bébé.

« Je ne suis pas sûre qu'il écoute ce que tu es en train de lui dire ! »
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¹ : à ne pas prendre mal haha !
PS : désolée pour ce retard.

Tandis qu'il observait son petit frère Jim, Arthur entendit un rire à côté de lui. À vrai dire, il en avait l'habitude. Qu'on rit de lui ou avec lui, il n'en savait rien. Mais il avait l'habitude d'entendre dire qu'il était marrant, ou ''mignon''. Il ne savait pas pourquoi ! Ou ici, c'était peut-être son petit frère qui avait créé cette réaction ! De toute façon, depuis qu'il était là, il lui avait tout piqué : l'attention de ses parents, celle de sa sœur, et tout le monde le trouvait plus mignon que lui ! Il y avait tout de même de quoi être en colère !
Alors Arthur tourna la tête vers l'origine du rire et vit une jeune femme enceinte. Décidément, qu'est-ce qu'ils avaient tous à faire plein de bébés comme ça ? Mais à part ça, il semblait bien à Arthur qu'il connaissait cette femme. N'était-ce pas... la patronne du Chaudron Baveur ? Pendant un temps, il avait fait partie du club de théâtre de Poudlard et les séances se passaient justement au Chaudron Baveur. Il lui semblait bien l'avoir déjà croisée là-bas, cependant il n'arrivait pas à en être sûr. Mais s'il ne lui parlait pas, il ne risquait pas de se tromper !

« Je ne suis pas sûre qu'il écoute ce que tu es en train de lui dire ! » 

Ah zut, il allait bien être obligé de lui parler finalement ! Non pas que ce fut une catastrophe hein ! Ça ferait d'ailleurs du bien à Arthur un peu de compagnie pendant cette séance de babysitting infernal. D'ailleurs, en en parlant, les jumeaux étaient en train de sauter sur des sièges d'attente ! Arthur leur fit les gros yeux et Tom et Naala descendirent de là en riant, pour se remettre à courir autour de la pièce.
Le Serpentard se tourna alors vers sa voisine de chaise et lui répondit.

« Bah moi, j'espère qu'il va écouter parce que c'est hors de question que je change sa couche ! »

Nouveau rire chez Jim. Comprenait-il vraiment ce qu'il se disait autour de lui ? Arthur poussa un soupir face à cet adorable bambin qui avait d'adorables réactions grâce à ses grands yeux émerveillés et à son sourire immense. Il était vraiment répugnant. Arthur se tourna alors un nouvel fois vers la jeune femme.

« J'espère que votre bébé sera plus beau que celui-là ! »

Et alors qu'il était sur le point de mettre Jim dans sa poussette, il vit une autre jeune femme arriver vers lui. Elle avait de grands yeux bruns et de longs, très longs, cheveux noirs et ondulés. Ses habits étaient colorés mais elle semblait angoissée. Arthur la reconnut tout de suite. Il s'agissait de Friendye Knowledge, l'une des meilleures amies de sa grande sœur. Elle l'avait rencontrée lorsqu'elles étaient à Poudlard toutes les deux et s'étaient vraiment liées d'amitié que lorsqu'Ava était en 4e ou 5e année, quelque chose comme ça. Bref, le fait était qu'Arthur avait l'habitude de la voir traîner avec Ava. Au début, il ne l'avait pas trop aimée. Il pensait qu'elle avait une mauvaise influence sur sa sœur. Mais en fait, à force de la côtoyer par obligation, il s'était rendu compte qu'elle était assez cool, comme fille. Elle était toujours souriante, et sympa, ce genre de choses. Mais il ne s'avouait pas que ce qu'il préférait le plus chez elle, c'était qu'elle s'intéressait à lui. À chaque fois qu'elle venait chez eux, elle lui posait plein de questions sur sa vie, ses études à Poudlard et ce genre de choses. Et comme Arthur aimait beaucoup être le centre de l'attention, alors ça collait bien. En voyant la fratrie Grimms presque au complet, elle se rapprocha d'elle. Les jumeaux se précipitèrent vers elle pour l'enlacer avant de repartir aussi vite vers leurs occupations bruyantes. Friendye vint ensuite à la rencontre du babysitter.

« – Arthur ! Comment va Ava ? Où est-elle ? Dis-moi qu'il n'y a rien de grave !
– Salut Friendye. Ça va, rassure-toi. Plus de peur que d'mal apparemment. Mes parents sont avec elle.
– Oh bon sang, je suis rassurée ! Qu'est-ce que j'ai eu peur quand j'ai appris qu'elle avait eu un accident ! »

Après avoir dit cela, Friendye tourna le regard vers la femme enceinte et son visage s'illumina autant que ses yeux s’agrandirent. Arthur se demanda si elle n'avait pas vu un fantôme !

« – Sara, c'est toi ?! Oh ça fait si longtemps ! »

Puis, sur ces paroles, Friendye se rapprocha pour enlacer la prénommée Sara.
Donc Arthur avait raison, la jeune femme était Sara Jenkins, la patronne du Chaudron Baveur. Alors pourquoi Friendye la connaissait-elle ? Était-il possible qu'elles étaient ensemble à Poudlard ? Si c'était le cas, le monde était vraiment petit !

L'enfant en question ne tarda pas à répondre à la jeune femme, un semblant d'air grincheux plaqué sur son visage. Quand on voyait la manière dont se comportait l'enfant, on devinait presque immédiatement qu'il ne voulait pas être là, que s'occuper de toute la marmaille ce n'était pas pour lui. La seconde phrase prononcée fit comprendre à Sara que le jeune garçon ne semblait pas tellement avoir beaucoup d'amour pour le bébé qui n'était autre que son frère, d'après les dires de la femme qui les avait quittés quelques minutes auparavant. Sara ne préféra pas s'en préoccuper, après tout, ce n'était pas ses affaires. Elle observa quelques instants le jeune garçon avant de lui répondre, son sourire toujours accroché à ses lèvres.

« Je pourrais te donner un coup de main si ça devait arriver, à ton âge, changer les couches de bébés ce n'était pas non plus ma tasse de thé ! »

Suite à ses quelques paroles, son esprit divagua. Sara ne fit pas attention à ce qu'il se passait aux alentours. Les problèmes de la jeune femme ne cessaient de la hanter, si bien qu'elle ne parvenait même plus à rester concentrée quelques instants. Alors que le petit brun s'apprêtait à mettre le dénommé Mimi dans sa poussette, Sara, elle, contemplait les roues de cette dernière. Celles-ci n'avaient absolument rien d'exceptionnel, c'étaient des roues quoi. Son cerveau déraillait, Sara se remémorait tous les bonnes choses qu'elle avait vécues avec son mari, mais à chaque fois qu'elle réalisait cet exercice, toutes les mauvaises choses qu'il avait commises revenaient à la surface, comme si elle ne voulait voir que le mal en lui. Sara était tellement perdue, qu'elle ne savait finalement plus distinguer les bonnes et les mauvaises actions qu'avait exécutées John. Elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, et c'était la raison pour laquelle elle se retrouvait là, assise sur une chaise dans la salle d'attente d'un hôpital. Jusqu'alors, elle n'avait jamais voulu se retrouver dans cette situation, mais aujourd'hui, elle n'avait plus le choix. Sara n'avait plus la force de régler ses problèmes toute seule, et à présent, elle n'avait plus personne pour l'aider. Soit ses proches étaient tous morts, soit elle s'était éloignée d'eux de manière irrévocable. Ce qui était bien dommage, il fallait le dire.

La joie qui ne quittait Sara que très rarement était partie en vacances, la colère, la tristesse et la solitude s'en étaient donné à coeur joie pour la remplacer. Rares étaient les fois où elle riait depuis que ses tourments s'étaient installés dans sa vie, mais peut-être qu'aujourd'hui serait un jour différent. Peut-être que son rendez-vous chez la psychologue la rendrait moins triste, ou peut-être que certaines rencontres apaiseraient son chagrin. D'ailleurs, les joues de Sara s'empourprèrent lorsqu'elle entendit le prénom de Friendye. Elle ne savait pas si elle avait mal entendu, ou si c'était la personne à qui elle pensait, mais lorsque le prénom fut prononcé, elle releva immédiatement la tête et resta bloquée. Son coeur palpitait et ses mains tremblaient. Cette réaction n'était pas normale chez Sara, mais elle ne s'inquiétait pas, rien n'était normal dans sa vie depuis quelques semaines.

« Sara, c'est toi ?! Oh ça fait si longtemps ! »

Sara se releva de sa chaise, hocha la tête et se laissa enlacer par Friendye. Elle était tellement heureuse de la voir qu'elle ne pu retenir la larminouchette qui roulait sur sa joue. Lorsque l'étreinte fut terminée, Sara ne put s'empêcher de remarquer à quel point sa plus vieille amie était rayonnante. Elle était tout aussi pleine d'énergie que dans ses souvenirs.

« Excuse-moi, c'est sans doute les hormones qui me font pleurer ! Et le fait de te revoir aussi, tu as tellement changé ! Enfin, pas tant que ça finalement, mais quand même ! Je suis si heureuse de te revoir ! »

La patronne du Chaudron s'empressa de chercher un mouchoir dans son sac afin de sécher l'eau qui mouillait son visage et qui ferait couler le peu de mascara qu'elle portait.

« Je ne m'attendais tellement pas à te revoir ici, c'est une sacré bonne surprise ! D'ailleurs, qu'est-ce qui t'amène ici ? »

Arthur était toujours là, avec son petit frère dans les bras, à attendre qu'on lui donne des nouvelles de sa grande sœur ou qu'on l'emmène la voir ! Alors oui, il avait une voisine sympathique, mais il ne la connaissait pas beaucoup. Ce n'était pas un grand habitué du chaudron baveur. Et allez savoir pourquoi, mais son humeur était de plus en plus massacrante.

L'arrivée de Friendye aurait pu être une illumination dans sa sombre journée, mais dès l'instant où elle avait vu Sara, elle ne s'était plus préoccupée de lui du tout ! Et ça, ça l'énervait encore davantage ! Il baissa les yeux vers Jimmy qui commençait à baver un peu en riant de bon cœur. Avec une grimace, il attrapa la manche du bébé et lui essuya la bouche avec.

À côté de lui, Friendye serra Sara dans ses bras. Puis elle essuya une petite larme qui commençait à arriver.
« Arrête ! » Lui dit-elle, « tu vas me faire pleurer aussi. Regarde ! »

Friendye n'en revenait toujours pas de retrouver son amie ici et dans cet état ! Il lui semblait bien qu'elle était enceinte. Mais et si elle avait tort ? Si Sara avait tout simplement pris un peu de poids ? Ce serait très incorrect de le faire remarquer ! Et faire de la peine à Sara en lui disant était la dernière chose qu'elle voulait ! Mais d'un autre côté, elle ne semblait gonflée que du ventre et elle était dans un hôpital, ce qui n'était peut-être pas qu'un hasard. Toutes ces réflexions ne servaient pas à grand-chose en fait ! C'était sûrement l'émotion des retrouvailles qui la rendait comme ça.

« Excuse-moi, c'est sans doute les hormones qui me font pleurer ! Et le fait de te revoir aussi, tu as tellement changé ! Enfin, pas tant que ça finalement, mais quand même ! Je suis si heureuse de te revoir ! Je ne m'attendais tellement pas à te revoir ici, c'est une sacré bonne surprise ! D'ailleurs, qu'est-ce qui t'amène ici ? »

Arthur assistait à la scène, agacé qu'on ne s'occupe plus de lui. Il s'employa alors, pour être plus tranquille, à mettre son petit frère dans la poussette. Et, contrairement à ce qu'il pensait, il y arrivait à merveille. Il faisait preuve de douceur, faisait attention à la tête du bébé et le déposa en toute délicatesse. Il ne le savait pas encore, mais il avait cette faculté innée de savoir prendre soin d'un enfant, même s'il en était encore un lui-même. En guettant les jumeaux, qui semblaient s'être calmés car ils s'étaient assis sur deux chaises en face et feuilletaient un magazine de petits, Arthur berçait son petit frère en bougeant un peu la poussette. Et curieux comme il était, il ne put s'empêcher de suivre attentivement la conversation des deux jeunes femmes à ses côtés. En plus, ça faisait passer le temps.

Friendye aimait aussi beaucoup Arthur, mais revoir Sara avait été la meilleure surprise du jour ! Comment avaient-elles pu perdre ainsi le contact ? La vie est parfois si étrange...

« Tu as changé toi aussi ! » Lui répondit-elle, avant de décider de se lancer sur la question qui lui brûlait les lèvres « Et tu attends un heureux événement on dirait ! C'est vraiment super ! Je suis sûre que tu seras la meilleure des mamans ! Il faut que tu me racontes tout ! Tu dois avoir une vie incroyable ! Moi, je suis ici pour rendre visite à la grande sœur de celui-là. »

Friendye désigna Arthur qui lui fit un sourire un peu gêné en retour. Elle était tout le temps tellement à l'aise, cette fille-là, qu'il ne pouvait jamais s'empêcher de lui sourire, même quand il était de mauvais poil. En retour, Friendye lui offrit un sourire des plus radieux et lui ébouriffa les cheveux, comme s'il avait encore cinq ans. Puis, elle se retourna à nouveau vers Sara pour reprendre ce qu'elle disait.

« Elle a eu un accident, mais rien de grave. Plus de peur que de mal, comme on dit ! Bah, tiens, d'ailleurs, tu dois la connaître ! Ava Grimms, ça ne te dit rien ? Une rousse, de Serdaigle ! » Elle observait Sara, comme si elle n'en revenait toujours pas de l'avoir retrouvée. « À partir de maintenant, il faut vraiment qu'on garde le contact toutes les deux. » Conclut-elle.

Sara observait le jeune garçon qui lui tenait compagnie depuis un petit moment déjà. Celui-ci, bien qu'agacé par la situation, semblait tout de même s'y faire avec les enfants. C'était assez drôle, en fin de compte de constater qu'il prenait autant soin de son petit frère, lui qui, pourtant, ne semblait pas l'aimer beaucoup. À la suite de cette réflexion, la jeune femme se demanda pourquoi, le petit brun ne l'aimait pas. C'était un brave petit bébé et il avait l'air d'être un adorable petit frère. Ne voulant pas aller l'embêter, lui qui faisait son nez de cochon, et parce que l'une de ses plus vieilles amies était présente dans l'hôpital, Sara détourna le regard, le portant à nouveau sur Friendye. En la dévisageant de nouveau, la patronne du Chaudron pu constater qu'elle avait drôlement bien grandi, et qu'elle était devenue encore plus belle qu'avant. Non pas qu'à Poudlard elle était moche, mais vous avez compris.

« Tu as changé toi aussi ! Et tu attends un heureux événement on dirait ! C'est vraiment super ! Je suis sûre que tu seras la meilleure des mamans ! Il faut que tu me racontes tout ! Tu dois avoir une vie incroyable ! Moi, je suis ici pour rendre visite à la grande sœur de celui-là. »

Sara hésitait entre se foutre de la poire de son amie en lui disant qu'elle avait juste grossi, et qu'elle n'attendait aucun heureux événement ou lui dire qu'effectivement elle attendait bien un petit bébé donc le genre lui était encore inconnu. D'humeur joyeuse, et parce que taquiner était l'une des choses qu'elle préférait, la jeune femme arqua un sourcil et tenta une expression faciale d'incompréhension totale.

« De quoi parles-tu ? Je ne suis pas prête d'être maman ! J'ai juste un peu trop forcé sur les hamburgers. »

Sara attendit quelques secondes avant d'éclater de rire. Ca ne lui était pas arrvé depuis longtemps, et il fallait dire que c'était une sensation qui lui manquait. Tout était gris dans sa vie, et un peu de couleur n'était pas à délaisser. Sara voyait en Friendye un arc-en-ciel, c'était sans doute la seule personne qui pouvait rendre à la jeune femme toutes les nuances de couleurs qui lui manquaient, notamment avec sa joie de vivre et sa bonne humeur constante. Elle était sans doute l'amie que n'importe quelle personne souhaitait avoir dans sa vie, et la patronne était plus que ravie d'avoir une amie comme elle, même si elles s'étaient perdues de vue depuis un moment déjà.

« Je plaisante évidemment. Tu as tout à fait raison, malheureusement, ma vie n'est pas aussi extraordinaire que tu le penses, c'est d'ailleurs pour ça que je suis ici. Préférant changer de sujet, elle enchaîna : Et toi alors, moi aussi je veux tout savoir, tu as rencontré quelqu'un dis-moi ? »

Le petit grincheux ne semblait plus vraiment être très grincheux lorsque Friendye entrait dans la place. C'était peut-être grâce à sa bonne humeur constante, sa positive attitude. Elle avait le don de retransmettre sa joie autour de soi, si bien qu'il était assez compliqué de bouder, et plus particulièrement de la bouder. Sara en avait plusieurs fois fait les frais, lorsqu'elles étaient plus jeunes, et les engueulades ne duraient jamais très longtemps. Ce temps-là lui manquait. Le temps où elle n'avait pas besoin de se soucier de quoi que ce soit hormis ses examens. Comme tous les vieux le disent, l'école est la meilleure période dans la vie. Sara donnerait n'importe quoi pour y retourner et retrouver tous ses copains. Au moins là-bas, elle n'avait pas besoin de penser à tous les problèmes actuels qui lui pourrissaient la vie et l'obligeaient à aller voir un psychologue.

« Elle a eu un accident, mais rien de grave. Plus de peur que de mal, comme on dit ! Bah, tiens, d'ailleurs, tu dois la connaître ! Ava Grimms, ça ne te dit rien ? Une rousse, de Serdaigle ! À partir de maintenant, il faut vraiment qu'on garde le contact toutes les deux. »

C'était drôle, la façon dont la jeune femme passait du coq à l'âne en un rien de temps. Bien sûr qu'elle se souvenait d'Ava, comment l'oublier ? Sara n'avait jusqu'alors pas fait le rapprochement avec le petit garçon, mais en le regardant bien, elle constatait des airs de ressemblance. Peut-être se trompait-elle, mais elle était presque sûre qu'ils avaient le même nez. Ou le même menton. Il fallait dire que le visage d'Ava était flou dans sa tête, cela faisait quand même plusieurs années qu'elles ne s'étaient pas revues, et bien qu'elles s'étaient côtoyées plusieurs fois, les deux jeunes femmes étaient nettement moins amies que Friendye et Sara. Après quelques secondes de répit, Sara répondit enfin à son amie.

« Je suis tout à fait d'accord. Vous pourriez venir dîner à la maison, un de ces jours, toi, Ava et le petit grincheux là-bas. Il a vraiment l'air de beaucoup t'aimer, ça se voit ! »

Jim dormait tranquillement dans sa poussette tandis qu'Arthur assistait, impuissant, à la rigolade qui régnait entre les deux jeunes femmes qui semblaient fêter leurs retrouvailles en parlant de grossesse et de hamburgers, il n'avait pas bien compris le rapport.
Là, Arthur pensait à sa sœur. Sa grande sœur, Ava. Ça faisait un moment que ses parents étaient allés la voir. Ça commençait à bien faire ! Surtout que les jumeaux commençaient à jouer à l'auror et au mangemort. C'était bruyant dans la salle d'attente ! Puis, le jeune élève de Poudlard fut contraint de participer à la conversation d'abord par miss Jenkins puis par miss Knowledge.

« – Je suis tout à fait d'accord. Vous pourriez venir dîner à la maison, un de ces jours, toi, Ava et le petit grincheux là-bas. Il a vraiment l'air de beaucoup t'aimer, ça se voit ! 
– Ah oui ? C'est vrai Arthur ? Tu m'aimes beaucoup ? »

Friendye avait un air malicieux sur le visage. Arthur devint rouge tomate. Pourquoi était-il toujours dans ce genre de situation ? Mais il n'allait pas se laisser décomposer par deux grandes vieilles non plus ! Alors il répondit, non sans une certaine hésitation dans la voix.

« Bah normal quoi. »

Et nouvel éclat de rire de la part de Friendye. Ça devenait agaçant. Mais bon, heureusement, Asgyr et Satine Grimms revinrent de la chambre. Asgyr prit les deux jumeaux par les oreilles et les entraîna dehors. Ces derniers riaient encore, ils étaient impossibles ! Satine, elle, s'empara de la poussette et fit un sourire attendri vers son petit bébé. Puis, elle s'adressa à Arthur en indiquant l'emplacement de la chambre du doigt.

« Tu peux aller la voir maintenant. »

Et, après un nouveau sourire, elle salua Friendye, se présenta à Sara et sortit à son tour devant l'hôpital. Arthur, lui, sur un nuage après les six petits mots qu'il venait d'entendre, se leva et alla voir sa sœur.
Arrivé devant la porte, il hésita avant de frapper. Et si elle était vraiment très amochée ? Et si elle ne le reconnaissait pas ? Elle était peut-être devenue aveugle ! Ou peut-être avait-elle perdu un bras ! Il avait très peur. C'était sa sœur, son amie, la personne qu'il aimait le plus au monde. Et si elle avait changé ?
Mais, emporté par son désir de la voir, il leva son poing et frappa à la porte.

« Entrez ! »

Sa voix n'avait pas changé, c'était déjà ça. Malgré la boule qu'il avait dans le ventre, il ouvrit la porte. Et elle était là, allongée dans le lit, souriant de toutes ses dents et ouvrant ses bras pour Arthur. Il se précipita sur elle pour l'enlacer. Il ne put relâcher son étreinte qu'après de longues minutes. Ses longs cheveux roux sentaient bon Ava. Et quand il recula enfin et qu'il l'observa, il vit qu'elle semblait aller bien. Elle avait simplement quelques égratignures sur le côté du visage et des petites cernes sous les yeux, elle devait être fatiguée.

« – Je sais que tu as peur. » Dit-elle. « Mais regarde, tout va bien ! Plus de peur que de mal !
– Donc tu vas bien ?
– Oui, ça va, je te promets.
– Alors pourquoi tu restes là ? Tu pourrais rentrer avec nous !
– J'ai un petit hématome à la tête. Il faut juste surveiller. Il est trop petit pour qu'on s'inquiète vraiment. Il n'y a rien de grave, c'est juste pour être sûr ! Dans quelques jours, je serai à la maison, c'est promis ! »

Arthur ne répondit rien. Il se contenta de froncer les sourcils. Donc, elle n'allait pas complètement bien. Il ne serait complètement soulagé que lorsqu'elle serait à la maison. Ici, tout semblait plus grave. Cet endroit était rempli de mauvaises nouvelles, il fallait faire attention à ce que ça ne nous tombe pas dessus !
Alors ils discutèrent ensemble de tout et de rien, de Poudlard et d'autres choses. Ça dura un moment avant qu'une infirmière chasse Arthur car les visites étaient terminées. Nouveau câlin entre le frère et la sœur, un bisou pour souhaiter une bonne fin de journée et une promesse de se revoir très vite.

En refermant la porte, Arthur avait la gorge serrée. Il avait l'impression d'abandonner sa sœur ici. De l'abandonner aux mains d'un endroit sans vie. Et si on leur envoyait un message, ce soir, pour leur dire qu'Ava était morte ? Et si elle ne revenait jamais avec eux. Non, non, non. Il inspira profondément et se promit de ne pas se laisser aller à ses angoisses. Pour Ava, il fallait être fort.

Lorsqu'il revint dans la salle d'attente, il vit que Friendye et Sara étaient toujours en train de papoter. Ne s'arrêtaient-elles donc jamais ? Il s'approcha de Friendye.

« Les visites sont finies, tu peux pas la voir aujourd'hui. »

Et sans attendre une réponse, il sortit rejoindre sa petite famille devant l'hôpital pour rentrer chez eux.

Friendye se retourna vers Sara.

« Hé bien ! Il n'avait pas l'air d'aller bien ! Mais il est très proche d'Ava, il doit être triste de la voir ici. Je crois que moi, je vais devoir revenir demain ! Ça finit tôt les visites ici, non ? Mais ça n'aura pas servi à rien ! »

Friendye fit son plus beau sourire à Sara. Pendant qu'Arthur était avec Ava, elle avait raconté à son amie qu'elle n'avait personne dans sa vie, et qu'elle passait son temps à voyager. Elle ne faisait rien de spécial dans sa vie, mais comme ses parents faisaient la bêtise de lui donner de l'argent, elle prenait un malin plaisir à le dépenser ! Leur relation était toujours tendue.

« En réalité, je ne suis pas très juste. Je voyage beaucoup, oui, mais c'est surtout parce que j'essaie de retrouver mon frère. Tu te souviens qu'il avait fugué quand j'étais à Poudlard ? Il n'est toujours pas revenu. Alors je le cherche ! Je pense que je peux le retrouver ! Et puis, au pire, ça me fait voir du pays ! Et toi alors ? Tu dois être toute excitée de cette nouvelle vie à venir ! Le papa est content aussi ?»

Après avoir dit cela, Friendye ria un peu. Mais on pouvait voir, au fond de ses yeux, une tristesse qui prenait le pas sur l'espoir. Cependant, la jeune fille n'aimait pas le drama. C'était une optimiste ! Il fallait sourire et non pleurer.

« Hé bien ! Il n'avait pas l'air d'aller bien ! Mais il est très proche d'Ava, il doit être triste de la voir ici. Je crois que moi, je vais devoir revenir demain ! Ça finit tôt les visites ici, non ? Mais ça n'aura pas servi à rien ! »

Sara était assez étonnée de voir que les visites se terminaient si tôt. En regardant l'horloge, elle constata qu'il n'était pas très tard, et que c'était un peu abusé le mode de fonctionnement de cet hôpital. Néanmoins, elle n'en dit rien, si cela avait été fait ainsi, c'était sûrement pour une raison, peut-être parce que les médicomages s'occupaient durant ce temps des patients qu'ils hébergeaient. Observant l'heure une seconde fois, elle constata autre chose d'aberrant. Son psychologue était en retard d'une heure. Certes, Sara n'était pas en mauvaise compagnie, bien au contraire, mais le fait est qu'elle n'avait pas non plus toute la journée devant elle à l'attendre.

« Ca se voit, qu'il tient beaucoup à elle. J'espère qu'elle se remettra vite, la pauvre... »

Un faible sourire se forma sur les lèvres de Sara. Certains souvenirs revenaient dans sa tête. C'étaient des souvenirs heureux passés en compagnie de Friendye et d'Ava. Bien qu'elle n'ait jamais été aussi proche d'Ava que de Friendye, Sara ne pouvait s'empêcher d'être triste pour elle. C'était une fille qu'elle appréciait malgré tout, et même si elles ne se côtoyaient plus, elle restait l'une de ses amies. Son séjour à Sainte Mangouste, bien qu'il ne soit pas très heureux pour elle était en réalité un signe, pour Sara. Rien n'allait plus dans sa vie, et ces retrouvailles étaient sûrement la preuve que tout n'était pas noir dans sa vie, qu'il y avait encore de l'espoir et qu'elle n'était finalement pas si seule qu'elle le pensait.

« En réalité, je ne suis pas très juste. Je voyage beaucoup, oui, mais c'est surtout parce que j'essaie de retrouver mon frère. Tu te souviens qu'il avait fugué quand j'étais à Poudlard ? Il n'est toujours pas revenu. Alors je le cherche ! Je pense que je peux le retrouver ! Et puis, au pire, ça me fait voir du pays ! Et toi alors ? Tu dois être toute excitée de cette nouvelle vie à venir ! Le papa est content aussi ? »

Sara avait écouté chaque détail de la vie de son amie, lorsque Arthur était parti voir sa soeur. D'ailleurs, son histoire avait beaucoup amusé la future maman, même si le passage à propos de ses parents n'était pas très joyeux. C'était vraiment dommage qu'elle ne parvienne pas à s'entendre avec ses parents. Il est vrai que la vie n'est pas facile, et de ce côté-là, Sara ne pouvait pas lui reprocher, mais ses parents n'étaient pas éternels. Elle ne lui souhaitait pas, bien sûr, mais à n'importe quel moment ceux-ci pouvaient disparaître. Ne pas pouvoir dire adieu à ses parents à cause de relations tendues, culpabiliser, regretter, c'étaient sans doute les pires sentiments que l'on pouvait ressentir suite à une perte.

« Tu n'as aucune piste à propos de l'endroit où il pourrait se trouver ? En tout cas, je te souhaite bonne chance. Je suis certaine que tu finiras par le retrouver. Rien ne peut t'échapper haha ! »

Sara fit une petite pause avant de reprendre. Un air triste sur le visage :

« J'imagine que tu te souviens de John ? Nous avons commencé à sortir ensemble à partir de ma sixième année. »

Elle ne savait pas si Friendye s'en souvenait, mais elle continua son récit, sans attendre de réponse. Elle lui raconta alors qu'elle s'était séparée de lui lors de la mort de ses parents pour le retrouver quelques années plus tard. C'était à ce moment-là que tout avait changé chez John, et Sara ne s'était aperçu de rien. Elle lui raconta ensuite qu'elle s'était mariée à lui et qu'ensembles, ils vivaient des jours heureux, jusqu'à l'arrivée de Tally Jenkins. John lui avait caché son existence durant près de douze années, et bien qu'il lui avait certifié qu'il n'était pas au courant qu'il avait une fille, Sara avait beaucoup de mal à le croire. Depuis, ils étaient séparés (mais pas divorcés) et John n'avait plus donné aucune nouvelle. Sara craignait que son enfant vive sans père. Aujourd'hui, beaucoup de questions lui trituraient encore l'esprit, elle n'arrivait pas à comprendre comment John avait pu lui faire ça. Elle qui avait eu l'impression de le connaître s'était finalement trompée comme jamais. John n'était plus l'homme qu'elle avait rencontré à Poudlard. Il avait changé. Beaucoup trop.

« Je pense qu'au début il était content oui. Je doute que ce soit encore le cas aujourd'hui. Il va sûrement faire comme avec sa première fille, notre enfant ne connaîtra sûrement jamais son père. »

Après un monologue qui lui avait paru interminable, Sara se tut enfin. Son visage ne respirait plus aucune joie, elle était même presque à la limite des larmes. La jeune femme se retint cependant, ce n'était pas le moment pour elle de craquer devant son amie. Elle devait montrer qu'elle était forte et malgré tout ce qui lui arrivait, elle devait montrer qu'elle gardait la tête haute. Elle devait faire ça pour Friendye, pour son enfant qui viendrait au monde d'ici quelques mois, et pour elle-même, aussi. C'était le plus important. John faisait désormais partie de son passé, et bien qu'elle l'ait tant aimé, elle ne pouvait plus se permettre de ressentir quoi que ce soit. Pas même de la tristesse. Elle devait être forte.

« Mme Jenkins, Sara. »

D'un geste brusque, la jeune femme tourna la tête. Une femme vêtue d'une longue blouse blanche l'attendait avec un tas de feuilles entre les mains. Il s'agissait sûrement du psychologue. Déçue d'être déjà arrachée à son amie, Sara lui expliqua qu'elle devait s'en aller parce qu'elle avait rendez-vous. Gênée par cette révélation, et surtout parce qu'elle aurait aimé n'en parler à personne -jusqu'ici, elle n'avait jamais voulu voir de spécialistes pour parler, préférant se débrouiller seule-, la jeune femme enlaça Friendye. C'était un geste qu'elle aurait aimé faire plus souvent avec les gens qu'elle aimait, mais hélas la liste était devenue bien courte.

« N'hésites pas à passer au Chaudron, avant de repartir je ne sais où. Ca me ferait plaisir de te revoir. Tu m'as beaucoup manquée Friendye. »

Les yeux humides, Sara s'en alla en direction de la femme qui l'avait appelée précédemment. Elle se retourna une dernière fois vers son amie pour lui faire signe, avant de disparaître derrière les murs de Sainte Mangouste.
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Fin du RPG pour ma part. Merci pour celui-ci, j'ai adoré !

~

À l'extérieur de l'hôpital, Arthur Grimms avait rejoint toute sa petite famille. La tribu prenait le chemin pour repartir chez elle. Les parents, Satine et Asgyr, discutaient ensemble de l'état de santé de leur fille qu'ils trouvaient vraiment bien et ils ne lassaient pas de dire à quel point ils étaient soulagés. En même temps, ils tâchaient de calmer Tom et Naala qui s'extasiaient et voulaient s'approcher des voitures qu'ils voyaient dans la rue. Ils assuraient également à leur plus grand fils que les inventions moldues n'étaient pour rien dans l'accident d'Ava et qu'il y avait aussi des accidents de balais dans leur monde ! C'était comme ça, il n'y avait personne à blâmer.

Mais lui, il n'écoutait pas. Il regardait le sol en avançant. Il pensait à Ava. Sa grande sœur n'allait pas rentrer à la maison ce soir avec eux. Elle allait dormir toute seule à l'hôpital et elle avait un gros bleu à la tête. Alors il était surtout en train de maudire les Moldus à cause de leurs satanées inventions... Et il se fichait bien de ce que disaient ses parents.

~

À l'intérieur de l'hôpital, Friendye discutait toujours avec sa grande amie Sara. Elle avait lancé le sujet sur son frère et elle le regrettait un peu. Non pas parce qu'elle n'aurait pas voulu que Sara le sache, au contraire ! Elle était au courant depuis qu'il était parti alors qu'elles étaient encore élèves toutes les deux. Mais parce qu'en parler lui faisait du mal, tout simplement. Le manque était encore trop profond, trop vif. La douleur était présente et ne cessait de s'insinuer en elle en lui chuchotant qu'elle ne le reverrait jamais. Alors le plus souvent, elle tentait de l'enterrer en se persuadant, faisant jouer son optimisme, qu'un jour il reviendrait, ou qu'il essayerait de prendre contact avec elle, ne serait-ce que ça. Elle répondit rapidement à Sara qu'elle n'avait aucune idée de l'endroit où il pouvait se trouver, pour répondre à sa question. Puis, le sujet de la discussion fut changé.

« J'imagine que tu te souviens de John ? Nous avons commencé à sortir ensemble à partir de ma sixième année. » 

Avec un sourire taquin aux lèvres, Friendye hocha la tête. Bien sûr qu'elle s'en souvenait ! Elle les shippait énormément, ces deux-là ! Elle les surnommait Saron, d'ailleurs. Mais elle n'était pas sûre que Sara soit au courant de ça.
Elle l'écouta attentivement, et ce récit était juste incroyable ! Le mariage, la fille cachée, la séparation, aucune nouvelle... Friendye n'aurait jamais cru ça possible de la part de John ! Et surtout, elle était en colère contre lui. De quel droit avait-il osé faire ça à Sara ? Puis elle s'en voulut à elle-même. Si elle avait gardé le contact, elle aurait pu être présente pour son amie dans toutes ces épreuves qu'elle avait subi. Les regrets étaient inutiles, on ne pouvait rien changer. Aujourd'hui, en revanche, elle était là.

Sara souffrait, cela se voyait. Et alors que Friendye voulait lui dire tant de choses, on appela son nom. Sara était attendue à son rendez-vous. Alors elles s'enlacèrent affectueusement. La douleur d'être séparées alors qu'elles venaient de se retrouver était réciproque.

« N'hésites pas à passer au Chaudron, avant de repartir je ne sais où. Ca me ferait plaisir de te revoir. Tu m'as beaucoup manquée Friendye. » 

Friendye, qui n'était pourtant pas du genre sensible habituellement, sentit sa gorge se serrer. Avant que Sara ne se retourne, elle lui prit les mains et la regarda dans les yeux.

« Je te promets que je viendrais, Sara, d'accord ? C'est promis ! Très bientôt ! Et saches que je suis là maintenant, je ne compte pas repartir tout de suite. Alors tu n'es pas toute seule ! Je t'aiderai ! On se revoit très vite. »

Puis Sara partit à son rendez-vous. Un dernier signe de la main. Un au revoir qui, Friendye s'en fit la promesse sacrée, ne se transformerait pas en adieu, et la jeune fille partit à son tour de son côté.

Devant l'hôpital, elle essuya une larme. Puis deux. Puis trois. Elle ne savait pas si elle pleurait de tristesse ou de joie. Elle n'avait pas vu Ava. Elle avait retrouvé Sara. Une Sara qui avait vécu des moments difficiles et pour qui elle n'avait pas été là. Et elle avait parlé de son frère. Bref, que d'émotions !