C'était une Lahya bien grognon qui parcourait les couloirs pour se rendre en salle d'étude afin d'y faire ses devoirs, et ce malgré les hostilités contre les né-moldu semblant croissantes en ce lieu. En effet, la jeune fille n'en avait rien à faire et se rendait donc toujours dans cette pièce afin d'y travailler. Des sang-pur bourrés d'égo ne lui faisaient absolument ni chaud ni froid, et s'ils s'avisaient de lui faire une remarque, ils pourraient se la mettre là où elle le pensait. Qu'ils aillent embêter d'autres gens, son emploi du temps restait trop chargé pour avoir le temps avec ces bêtises. Madame en avait décidé ainsi, et lorsque madame décidait, et bien plus rien ne pouvait faire obstacle à sa volonté. Bien sûr.

Mais là n'était pas le sujet de la mauvaise humeur de Lahya, loin de là, ci ce n'était que ça ! Non, en regardant la date de la journée, quelques minutes plus tôt pour noter ses devoirs en cours de vol, la bleue s'était aperçue que le premier week-end de mai venait de passer. Et chez les moldus, qui disait premier week-end de mai, disait fête du travail, disait lundi férié.¹ Mais, là ressortait le problème, chez les moldus, seulement. Les sorciers ne semblaient pas fêter ce jour, et la jeune fille se retrouvait donc avec une journée de cours de plus qu’habituellement. Suffisant pour la mettre de mauvaise humeur durant ce début de soirée.

Trainant ses pieds en ouvrant la porte de la salle d'étude, la Serdaigle marmonna donc une énième fois, agacée. Terriblement agacée. Diablement agacée, même.

- J'en ai marre de ces fichus sorciers. Je veux ma fête du travail. Je veux fêter le travail en ne faisant rien. C'est pas juste.

Et balançant son sac à dos sur l'une des tables, Lahya commença tout de même à sortir ses affaires. Quelle journée...

___________
¹ Information sur la fête du travail britannique trouvée je ne sais plus où sur le web

Arc I: Début des troubles

Salle d'études, Poudlard, Écosse

7 mai 2046

Elizabeth Merrow et Lahya Eaton

Mal de tête, peur, anxiété, pensées négatives. C'est tout ce qui tournait en boucle dans la tête de la jeune fille. Épuisée, elle s'arrêta dans le couloir du deuxième étage et posa sa tête contre un mur, près du salle d'études, et murmura:
- Qu'est ce qu'il m'arrive...
La seule idée qu'elle avait en tête, c'était d'écrire une lettre à son père, et vite. Elle n'avait pas repris communication avec lui, depuis que ce jour est arrivé, et avait trop peur et n'avait pas la force de lui expliquer ce qu'il lui était arrivé. Maintenant elle le pouvait. Enfin, elle pensait pouvoir y arriver. Elle décida d'aller s'asseoir au calme dans une salle d'études à proximité, afin de pouvoir rédiger tranquillement son hibou. Elizabeth se dirigea vers la porte d'une classe, et se figea en entendant un râlement qui venait probablement d'une fille. La jeune Poufsouffle passa la tête pour apreçevoir l'élève qui rouspétait, et la reconnue. C'était Lahya, une élève de Serdaigle, qu'elle avait rencontré le 1er avril, dans une salle d'étude.
Elizabeth déglutit, et voulut prendre ses jambes à son cou, mais elle sentit la présence d'Iratus dans sa tête qui lui dit: "Ah bah tient, la fille de la dernière fois... Tu te rappelles des poissons ? C'était bien drôle. Entre, on va lui faire peur.". Mais la première année ne voulait pas. Elle avait elle même peur, peur de tout. Pourtant, elle entra dans la pièce, et se décida d'ignorer la jeune Serdaigle, en allant rédiger sa lettre. Sauf qu'un mot tournait en boucle dans sa tête, depuis qu'elle l'avait vu: s'excuser. Oui, s'excuser de la mauvaise farce du 1er avril... En s'en rappelant, elle en avait honte, et repensa à tout ce qu'il s'était passé depuis ce jour, jusqu'aujourd'hui. Puis plus rien. Noir.
Iratus venait de prendre la place d'Elizabeth.
Il cligna des yeux plusieurs fois, et décida, après avoir entendu toutes les pensées d'Elizabeth, de détendre l'atmosphère en allant parler à Lahya. Il s'assit lourdement à côté d'elle et lança:
- Coucou ! Tu te souviens de moi ? Tu te rappelles des poissons ? Alors, comment ça va depuis ce jour ? Tu comptes pas t'enfuir j'espère, j'veux juste discuter un peu... Là dans mon sac, il me semble que j'ai peut être des algues, mais c'est pour les potions... Je vais pas te les mettre dans mes cheveux donc no stress d'acc ?
Technique n°1: approche amical avec des algues.

@Lahya Eaton on va rire un bon coup

Chaque seconde, la chape de mauvaise humeur présente sur Lahya semblait s'épaissir. Certes, il n'était pas rare de croiser la bleue de mauvaise humeur et peu avenante, mais il semblait que cette journée bâtît tout les records. La jeune fille se sentait particulièrement exaspérée.
Il y a des jours, comme celui-là, où l'on souhaite seulement se réfugier sous une couverture pour déchirer rageusement des petits bouts de papier libérateurs d'émotions. Il y a des jours, où toute interaction se termine inévitablement par un ton de voix trop élevé. Il y a des jours... Des jours, où l'on a beau se reprocher les actions que l'on exécute, on ne parvient pourtant pas à faire mieux. La Serdaigle traversait une de ces journées là, et n'était que trop consciente de ce problème. Mais il est des problèmes, dont l'on a beau avoir conscience, qu'on ne peut pas résoudre.

Les bras fébriles, Lahya sortit ses affaires, toujours entre deux humeurs. Son impatience de voir cette journée se terminer se faisait ressentir, et pourtant... Il y avait comme un sentiment de bonheur qui la traversait à l'idée de... travailler ? Non. Contradictoire. Quelques secondes plus tôt, elle pestait contre cette fête du travail inexistante chez les sorciers, cela ne pouvait donc pas être ça. Cela ne devait être au final que la satisfaction d'installer proprement ses affaires sur la table.
La bleue, enfin installée et affaires bien en place, remuait ses poignets afin de se mettre dans la dynamique adéquate, lorsqu'un boulet de canon débarqua.

*J'ai accumulé tant de karma que je suis obligée de me farcir cette psychopathe, après une journée pareille, qui plus est ?*

Soupirant Lahya n'eut tout simplement pas l'énergie d'avoir peur. Tout semblait lui passer au-dessus, sauf — bien sûr ! — cet agacement constant qui la poursuivait depuis qu'on lui avait fait remarquer ses chaussettes de couleurs différentes, plus tôt dans la journée.

- Oui, je m'en rappelle. Il me semble que la salle d'étude est faite pour travailler, si tu t'avises de refaire la même que la dernière fois, tu pourras faire connaissance avec la nouvelle infirmière.

Accentuant certains mots, Lahya marquait clairement son agacement, de même qu'elle voulait montrer à son interlocutrice qu'elle avait besoin de soins psychologiques... Ou psychiatriques ? Quel était le bon mot tiens ? Enfin, quoiqu'il en soit, peut-être Elizabeth était-elle simplement bizarre. Néanmoins, Lahya avait vaguement entendu parler des évènements dans le parc lors de cette journée si particulière du vingt mars, et la pensait sincèrement folle.

La fille ne l'aimait pas, c'était sûr. La façon dont elle l'avait menacer... Iratus soupira et répondit:
- Chère Lahya... Je n'ai pas très envie de faire un tour à l'infirmerie, j'ai déjà eu assez de problèmes comme ça... Et on ne juge pas une personne par ses actes ? ah non, c'est on ne juge pas une personne sur son apparence en fait... mais tu m'as compris...

C'était très compliqué de parler avec une fille aussi agacée et énervée. Iratus aimait bien son caractère, il allait pouvoir s'amuser un peu. Il mit son coude sur la table qui était juste à côté de lui, et posa sa tête sur sa main. Un sourire narquois naquit sur son visage.
- Dis moi ma chère amie... commença t-il, puis-je t'appeler de cette façon ? Enfin... Le terme "amie" ne semble pas vraiment te convaincre à ce que je vois, mais partons sur de bonnes bases aujourd'hui... Tu as l'air de mauvaise humeur.

Il laissa totalement tomber l'approche amical avec des algues, et décida de lui parler sincèrement. Enfin, pour le moment.
- Je sais que le coup du poisson ne t'as pas forcément plus, remarque nous non plus, les parchemins qui puaient la mort... c'était pas une partie de plaisir à les réécrire...

Il regarda Lahya, le visage impassible et lui demanda:
- D'ailleurs, j'suis curieux, qu'est ce que tu fais ici ? Me dis pas que tu travailles ? Enfin, fais c'que tu veux, je juges rien du tout, c'est juste que ça m'intrigue... Pas la force de travailler un lundi après-midi moi.

Désolée pour le retard et la qualité médiocre de ce post ! Hésite pas si quelque chose ne va pas !

Chaque nouveau mot sortant de la bouche de cette fille paraissait encore plus faux que le précédent à Lahya.

Il est des moments où le silence est plus éloquent que n'importe quel mot, et à cet instant précis, celui qui flottait entre les deux élèves suite aux paroles d'Elizabeth ne pouvait être plus évident. Mépris, abasourdissement, colère. La bleue ne pouvait pas mieux exprimer son ressenti qu'à travers cette moue, et des picotements remontaient le long de ses jambes, cette absence de paroles s'épaississant chaque seconde, les nuages s'alourdissant davantage chaque respiration.

“Comment osait-elle ?”

À quel point son cerveau était-il empli de sottises pour oser faire passer Lahya en fautive ? À quel point son être était-il si idiot pour qu'elle puisse penser une seule seconde avoir le droit de la nommer ainsi, en amie — comme si elle avaient déjà été complices —, alors qu'elle n'avaient tout simplement rien en commun ?
À mesure que ces pensées envahissaient l'esprit de la bleue, celle si sentait monter des vagues d'indignation le long de sa cage thoracique, au point de suspendre sa respiration. Cette Poufsouffle à l'esprit détraqué n'avait aucun droit de lui dire cela, ni de la juger comme elle venait de le faire... Ni de lui parler avec tant d'insolence, surtout vu le déroulement de leur dernière rencontre.

- Je n'en ai rien à faire de ta curiosité où je ne sais quoi.

Prenant une inspiration, la Serdaigle tenta de se calmer. *Elle ne m'a rien fa...—* Et puis zut, pourquoi retenir tout ce qu'elle pensait de cette fille alors que celle-ci venait littéralement de se foutre d'elle quelques minutes plus tôt ?

- Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu veux absolument me parler alors que tu sais pertinemment que ça va mal se terminer ? Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans le fait que je n'ai pas envie de te voir, tu ne crois pas que tu en as déjà assez fait ?

Une fois lancée, la Serdaigle ne parvenait pas à s'arrêter, et à vrai dire n'en ressentait ni l'envie, ni le besoin. La patience dont elle avait fait preuve lors de sa rencontre avec Elisabeth un mois plus tôt semblait à présent envolée, il ne restait qu'un agacement plus que présent.

- J'en ai plus qu'assez de tes comportements bizarre, parce que peut-être que tu te crois drôle, mais laisse-moi te décevoir : tu es juste horriblement lourde. Tu te crois originale à me déranger comme ça ? Tu te sens forte d'être aussi ignoble et de me forcer à te parler ? Eh bien bravo, si c'était ton objectif, tu as réussi !

Lahya aurait pu continuer durant des heures à débiter à l'intention de son interlocutrice tout ce qu'elle pensait d'elle, et par dessus tout, lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas le moins du monde rire. Des blagues douteuses une fois, ça pouvait aller... Deux fois, il y en avait une de trop.

Lahya s'était énervée. Un peu beaucoup selon Iratus. "Pour éviter de faire trop de la merde, faut calmer le jeu, mais comment ?". Le problème avec lui, c'est quand il essayait d'éteindre un feu, c'est comme s'il jetait de l'huile. C'était pas génial. Lorsqu'elle eut "fini" de le critiquer, il répondit en s'étirant:
- J'ai rien personnellement contre toi, et je ne t'ai techniquement rien fait, c'était le 1er avril, donc j'me suis amusé un peu... Mais j'ai l'impression que t'aimes pas les blagues toi...
Il se mordit les lèvres, et réfléchissait à toute vitesse pour calmer la colère de la Serdaigle. Pas que cela le dérangeait, au contraire, mais il s'était déjà fait réprimander par tout le monde pour l'épisode dans le parc. S'il venait à recommencer un coup pareil, il serait enfermer dans sa chambre au château.
- Je... Je m'excuse... marmonna t-il en se grattant le crâne. Même si c'était le 1er avril, j'avais pas à faire ça, surtout pas sur une personne qui à l'air la plupart de mauvaise humeur mais je savais pas en même temps. Ce que tu as dit, comportement bizarre blabla, horriblement lourd blabla, ignoble... C'est ton point de vue, et sur le coup t'as bien raison. J'vois pas pourquoi je fais ça en réalité... C'est dans ma nature ? P't être... J'me suis remis à question avec l'épisode du parc... Je sais que mes excuses sonneront faux à tes oreilles, et que tu vas jamais les accepter, mais y a toujours une raison à tout. La vérité fini toujours par éclater...
Il ferma les yeux. C'était décidément compliqué pour lui d'assumer ses erreurs. Mais si la jeune fille continuait à lui hurler dessus, il ne se retiendra pas non plus.

Aucun problème pour le retard, ne t'en fais pas ! Faut qu'Iratus dépasse les limites, maintenant ou plus tard

Le cœur de Lahya allait sortir de sa poitrine, elle en était certaine. Il lui semblait tellement... vivant. Vivant d'émotions toutes plus incongrues, la submergeant principalement lorsque la fatigue se faisait sentir, cas plutôt habituel pour la Serdaigle. Colère, angoisse et culpabilité se mêlaient pour donner un mélange instable, que l'on pouvait comparer à un atome d'uranium d'isotope deux-cent-trente-cinq, n'attendant qu'un neutron pour prendre encore plus d'ampleur et provoquer la réaction en chaîne. Sauf que dans le cas de Lahya, il n'y aurait certainement pas d'eau.

Les paroles d'Elizabeth se perdaient dans un brouhaha incessant à l'intérieur la tête de la jeune Serdaigle, et celle-ci ne savait absolument plus comment réagir. Elle allait d'ailleurs certainement s'enfuir de cette maudite salle ne lui apportant que du malheur, lorsque la Poufsouffle reprit la parole, soufflant par la même occasion Lahya. *Elle... s'excuse ?*
Les yeux ronds, scrutant son interlocutrice afin d'y déceler quelque mensonge, la jeune sorcière ne parvint absolument pas à évaluer son ressenti vis à vis de ce qu'elle venait d'entendre.

« Mes excuses sonneront faux à tes oreilles »

S'il y existait bien quelque chose dont avait horreur Lahya, il fallait évidemment que ce soit qu'on lui dicte quoi penser. Alors comme ça, cette fille prétendait connaître tout ce qu'elle ressentait ? Elle se croyait capable de prédire ses réactions ? Et bien soit, mais la bleue ne tomberait certainement pas dans le panneau, oh ça non !

- Déjà. Retiens que je réagis comme je veux, et qu'il y a toujours une possibilité sur deux que j'accepte tes excuses. Zéro ou un.

Voilà qui paraissait posé, rondement mené. Si Elizabeth ne saisissait pas, qu'elle aille rejoindre ses algues dans les ordures, certainement décomposées en compost vu l'heure à laquelle les deux élèves dialoguaient.

- Ensuite, qu'est-ce qui me prouve que tu es sincère ? Si tu ne comprends pas pourquoi tu fais ça, pourquoi tu n'essaies pas au moins de changer ? Ça te plait de te complaire dans ta médiocrité ?

Cette fille frôlait l'incompréhensible. Elle se plaignait, mais n'agissait pas ? Et puis, cette raison, cette vérité, n'était-ce pas une façon de fuir la réalité ?

- Je pense surtout que tu sais très bien pour quoi tu fais ça, mais que tu es tellement lâche que tu te caches derrière une pseudo vérité, ta nature.

Comment le prendrait cette Poufsouffle ? Lahya ne pouvait prétendre s'en moquer. Nier qu'une partie d'elle-même voulait absolument observer la réaction de cette fille étrange aurait été stupide. Elizabeth allait-elle lui crier dessus, partir en criant, ou au contraire admettre ce que la Serdaigle imaginait comme flagrant ?
À présent, envolée cette colère ou même cette culpabilité de s'être mise en colère contre son interlocutrice, en début de conversation. Il ne restait que cette curiosité qui détenait le pouvoir de faire articuler à Lahya des mots bien trop secs, et également cette envie de défier la Poufsouffle. Car au final, celle-ci n'avait qu'à lui prouver qu'elle se détrompait, n'est-ce pas ?

Cette fille était vraiment spéciale. Iratus l'avait senti. Il l'aimait vraiment beaucoup, mais il doutait que ce soit réciproque. Avec toutes ses erreurs, repartir sur de bonnes bases était un plan qu'il pouvait oublier. Se faire pardonner devrait être une priorité, la suite sera en fonction de la réaction de la bleue. Elle commença à dire qu'il y avait une chance sur deux qu'elle lui pardonne. Personne ne dictait ses choix. Il sourit intérieurement: il aimait bien son caractère. Ensuite, comment prouver sa sincérité ? Bonne question. Il réfléchit longuement avant de répondre:
- Être sincère est une notion complexe... Tout dépend de la façon dont le voit l'autre. Selon toi, comment faire pour être sincère ?
Changer. C'était compliqué de changer. Certes il avait la mauvaise habitude d'aimer faire des farces, mais lui demander de changer comme ça... C'était facile à dire. Par exemple, Erza, la Serpentard avec qui il avait sauvé l'école dans le bureau du professeur d'étude des moldus, il s'était parfaitement entendu avec elle. Peut-être que Lahya voulait dire "changer pour elle" ? Il allait lui répondre quand il entendit le mot "lâche". Il resta la bouche ouverte et les yeux écarquillés. Le mot résonnait dans sa tête. Puis vint se rajouter "tu te caches". Il déglutit et observa la Serdaigle. Elle n'avait pas compris à quel point il était difficile de vivre avec leurs nombreuses questions. Elle n'avait pas compris que le fait de faire des blagues et de rire un peu était une façon de s'échapper de la réalité, afin de souffler un peu. Elle n'avait pas compris ce que ça faisait d'être à leur place. En prononçant ses mots, elle avait dépassé la limite. Iratus l'appréciait, même si ce n'était pas réciproque. Mais il y avait un périmètre dans lequel ils pouvaient jouer, et Lahya était partie totalement à l'ouest. Il ferma les yeux, respira profondément et dit, en perdant toute la gentillesse qu'il avait en lui parlant. Sa voix était ferme, froide. Ses yeux étaient dur. Ce n'était plus l'heure de jouer aux gentils désormais.
- Tu penses que je suis lâche ? Tu penses que je me cache ? Si c'est le cas, c'est que tu n'as vraiment rien compris à la réalité ma chère Lahya.
Il explosa d'un rire froid. Iratus était en colère.
- Dis moi... Tu sais sans doute ce qu'il s'est passé dans le parc il y a plus d'un mois non ? Si c'est le cas... Pourquoi est ce que tu joues avec le feu comme ça ? Le corps est faible certes, mais moi je ne le suis pas.
Il soupira longuement avant de reprendre:
- Tu n'as pas idée à quel point c'est difficile de vivre... Non, personne ne le sait... Personne ne nous comprend... Alors, évite de dire une chose totalement fausse et insultante pour moi, si tu ne comprends pas, et ne sais pas. On a le droit de ne pas connaître, certes. Mais dire des balivernes sur quelque chose qui t'es inconnu... Je refuse. Mais tu as raison sur une seule chose... Je sais pourquoi je fais ça. Si je l'expliquais à qui que ce soit, personne ne comprendrait... La notion de la compréhension. Encore un terme trop complexe n'est ce pas ? Personne ne comprend tout. Jamais.
Son visage était dur comme de la pierre. Il essayait de se retenir, il ne tenait pas à être enfermé toute sa vie. Mais, il avait déjà franchi la limite non ? Il était peut être déjà trop tard pour lui.

désolée pour le retard Si quelque chose ne va pas, hésite pas !

Elizabeth semblait se braquer, et cela n'étonnait pas vraiment la Serdaigle. Elle-même aurait été furieuse si on lui avait parlé sur ce ton. Néanmoins, elle se sentait forcée d'admettre que la Poufsouffle possédait une bonne répartie, et qu'elle semblait vraiment prendre ses propos au sérieux, ce qui n'était pas pour la déplaire.

- Être sincère, c'est avec le ton de la voix, et les actions qui s'ensuivent. Dans ton cas, ni l'un ni l'autre ne me paraissent très évidents.

Les mots s'enchaînaient, les respirations semblaient s’accélérer, et indéniablement Elizabeth avait du se sentir touchée. Sinon, elle n’aurait pas eu une telle réaction. Certes, Lahya ne pouvait s'empêcher de se sentir vexée : tout ces « Tu n'as vraiment rien compris à la réalité ma chère Lahya » ou encore « Notion de la compréhension. Encore un terme trop complexe n'est ce pas ? » lui hérissaient la nuque. Mais d'un autre côté, ces mots virulents prouvaient bien que son interlocutrice prenait à cœur la cause.

- Peut-être que tout ce que tu vis m'est inconnu, oui. Mais dans ce cas-là, ne t'étonnes pas si j'ai du mal à te croire sincère.

La bleue soupira. Elle voyait bien que cette conversation ne menait nulle part. Elizabeth semblait incapable de comprendre son point de vue, n'avait même pas l'air encline à accepter qu'elle se cachait derrière des prétextes. Il était inutile de chercher un sens à tout cela, car il n'y en avait tout simplement pas.

- Écoute. Tes menaces m'auraient peut-être effrayées à une époque, mais plus maintenant. La seule chose que je vois c'est que tu es incapable toi aussi de comprendre mon point de vue. Ah, “personne ne me comprends” blablabla... Mais à ton avis, ça fait quoi de voir quelqu'un te coller des poissons dans le dos ? Ça fait quoi d'entendre dans les couloirs que tu as piqué une crise dans le parc en faisant n'importe quoi ?

Cette conversation devenait juste fatigante, même si la Serdaigle restait tout de même curieuse de connaître les prochains mots de la Poufsouffle.

- De toute façon, comme tu le dis si bien, personne n'est capable de te comprendre. En soit, personne n'est capable de me comprendre aussi, si on résonne de cette manière. Personne n'est capable de comprendre personne car chacun a un schéma différent dans sa tête, il faut juste configurer avec. Comme un plat avec des ingrédients imposés.

Quelle patience de la part de Lahya, c'en devenait ironique. Elle qui s'énervait au début de la conversation... Après, ce calme apparent n'était certainement pas synonyme que nulle émotion négative ne traversait pas la jeune Serdaigle. Oh non. Si Elizabeth s'avisait encore de la critiquer, cette fois-ci elle ne se laisserait pas faire. Dans le cas présent, la bleue avait juste laissé couler dans l'espoir de mieux comprendre les motivations de celle lui faisant face.

Personne ne comprend personne. À vrai dire, c'était une réalité plus que vraie. Lorsque Lahya termina son dialogue, Iratus resta silencieux et réfléchissait longuement à ses réponses. Elle n'avait pas tord, certes, mais une question lui brûlait les lèvres. Une question qu'il se posait depuis longtemps, à vrai dire.
- Comme un plat avec des ingrédients imposés tu dis ? C'est probablement vrai. Mais si personne ne comprend personne, pourquoi une catégorie de gens sont classés comme "malades mentaux" ? Eux aussi ont juste une configuration différente comme tu dis. Pourquoi certaines personnes sont rejetés ? Si on ne comprend personne, soit tout le monde est fou, soit tout le monde est normal. Pourquoi ?
Il avait soupiré ses derniers mots. Il n'avait plus l'impression de se disputer, il avait l'impression de pouvoir avoir une conversation sérieuse avec une personne qui prenait le sujet à coeur. Mais il avait bien compris qu'ils ne faisaient que tourner autour du pot. Il n'avait pas de réponse à ses questions, ou plutôt une seule qui le faisait sortir de ses gonds: la vie est injuste. Il n'y avait donc personne pour exterminer l'injustice ? Le même schéma se répétait depuis la nuit des temps, mais personnes ne pensait à le changer ?
- Concernant mes "menaces", continua t-il en exprimant les guillemets à l'aide de ses doigts, d'un air ennuyé. Je ne te "menace" pas. Plus faible qu'un avertissement. Une info à garder au coin de sa tête. J'aime pas menacer les gens, ça sert à rien de faire peur. Il faut directement montrer ce qu'on vaut, pour montrer qu'on est pas faible. Toi tu l'es pas à ce que je vois.
Il se rappela de ses questions: "Ça fait quoi de voir quelqu'un te coller des poissons dans le dos ? Ça fait quoi d'entendre dans les couloirs que tu as piqué une crise dans le parc en faisant n'importe quoi ?". À vrai dire, pour les poissons, il n'avait plus la possibilité de coller ça sur le compte du 1er avril. Concernant sa "crise". Il faisait peut être parti de la catégorie des "malades mentaux" ? Personne ne le comprenait, et certaine personne venait à le rejeter. Il éclata d'un rire sans joie et répondit:
- T'es bien calme dis moi. Tu l'aurais remarqué, cette conversation ne mène à rien. J'ai mon avis, tu as le tien. Un cercle vicieux: je réponds par ça, tu rétorques par ci, on ouvre sur tel sujet... Autant arrêter la discussion maintenant. Ah et une dernière chose: "Ça fait quoi d'entendre dans les couloirs que tu as piqué une crise dans le parc en faisant n'importe quoi ?"... Ça fait juste mal.
À ces mots, il quitta lentement la salle de classe, sans se retourner. Il avait besoin de prendre l'air, et vite. Cette discussion l'avait épuisé, mais fait beaucoup réfléchir. Il était certain de revoir la Serdaigle, et avait secrètement hâte.

Gneuh, désolée pour cet horrible retard ! Ce sera donc mon dernier post. Merci encore à toi, on est passé par une multitude d'émotions et de questions. Je ne penserai pas que ça aurait déboucher ainsi. Merci