Installée en salle d’étude, je revois encore une fois les cours de l’année qui s’est écoulée. N’empêche, je crois que j’ai été plus sérieuse que les années précédentes au niveau des révisions de fin d’année, et j’espère que ça se ressentira sur mes notes. Même tout au long de l’année, j’ai été assez attentive - du moins, de mon point de vue - et j’ai bien pris des notes, donc ça devrait aller.

Mais malgré tout, les examens commencent lundi et je ne peux empêcher le stress de doucement monter. J’ai une matière en option, et je me dis que c’est comme si je devais prouver que je suis capable de la suivre correctement sans que ça n’ait un impact sur les cours de ma filière. Bon, c’est peut-être un peu idiot, comme raisonnement.

Un livre de Métamorphose ouvert à côté d’un autre de Potions, j’espère presque être capable de lire les deux en même temps, et mes yeux font des allers-retours entre les paragraphes des deux ouvrages. Il va falloir que je me concentre sur l’un d’entre eux, je ne vais pas avancer sinon… Je referme la couverture annonçant le programme de Métamorphose, puis fais glisser l’autre livre vers moi. Je reprends ma lecture, mon regard parcourant les lignes comme une plume sur un parchemin.

Interrompue dans ma réflexion par ma voisine de table, je relève les yeux vers elle. « Salut Jenna. », ai-je le temps de dire à voix basse avant que je ne tombe des nues en entendant ses questions. Trop décontenancée par ses paroles pour m’étonner que la Serpentard ne semble pas connaître mon prénom après trois ans à avoir des cours en commun, je reste muette plusieurs secondes, le regard perdu.

D’où est-ce qu’elle sort ça ? Et pour quelle raison ? Je crois bien que c’est déjà arrivé, mais il faut quand même que quelque chose de grave se passe… Enfin, je dois bien dire que cette année n’était pas de tout repos, mais quand même, celles d’avant non plus, alors pourquoi maintenant ? Et pourquoi le dire si tard, à peine deux jours avant le premier examen ? Est-ce que les autres élèves qui étudient dans cette salle ne sont pas au courant non plus ? Ou alors, ce n’est pas pour toutes les années, toutes les maisons ou toutes les filières - mais ce serait bien injuste…

« Euh, Megan. », me reprends-je en chuchotant pour ne pas trop déranger les autres élèves, les sourcils froncés et trop de questions se pressant à mes lèvres, « Comment ça, ils sont annulés ? Et pourquoi, comment ça se fait ? T’as entendu ça où ? C’est écrit quelque part ? »

Avant de vraiment me réjouir - quoique, ça voudrait dire que j’ai révisé certaines manières depuis avril pour rien - je préfère m’assurer que ce n’est pas une blague.

Jenna commence par s’excuser, m’indiquant qu’elle n’a pas vraiment la mémoire des noms car elle en a déjà beaucoup à retenir. Si j’aurais pu me faire quelques réflexions sur ce point - je suis presque sûre que j’ai plus de facilités sur ce point que d’autres élèves, mais en fin de troisième année, quand même, surtout que le groupe est toujours le même - je suis bien trop absorbée par la suite.

Alors comme ça, elle aurait plus ou moins par hasard entendu Miss Loewy et Miss Montmort… Décider de l’annulation des examens ? Si près du début de ceux-ci ? Ou alors l’autre troisième année a eu vent de cette information plus tôt, mais ça n’a pas encore été annoncé. Comment elle a pu écouter ça, en plus ? Un instant, je l’imagine cachée comme un petit chaton, en train d’espionner les deux adultes à la sortie du bureau de la directrice. Alors que je m’amuse intérieurement de cette vision, Jenna ajoute que les examens de cinquième et septième année se dérouleront par contre bien comme prévu.

Et d’un autre côté, ce serait si tentant que ce soit vraiment le cas… Ma vie de ces derniers mois - de toute cette année, en fait - a quand même tourné autour des devoirs et des cours de ma filière ainsi que de l’option que j’ai suivie, mais ce serait un soulagement de finalement prendre un autre sentier que celui prévu et d’ainsi éviter le stress des examens. Toujours perplexe et emplie de doute, je ne relève même pas le fait que la Serpentard souhaite me prévenir parce qu’elle me trouve sympathique, mais ne semble en même temps pas vraiment me connaître.

« Oh, d’accord… », commencé-je donc, hésitante, avant de demander, « Mais tu as entendu ça quand ? C’est bizarre qu’ils l’aient pas dit encore, comme normalement ça devait commencer après-demain… » Je m’arrête un instant, mon esprit moulinant quelque peu - une pause ne me ferait pas de mal, à ce moment - comme s’il était alimenté par un chargeur défectueux. « T’es vraiment sûre, hein ? », insisté-je, prête à croire ma camarade sur parole malgré mes doutes.

Me redressant un peu, je finis par laisser tomber mon dos contre le dossier de ma chaise. « Pfiou… », chuchoté-je, « Ça m’embêterait un peu d’avoir révisé “pour rien”, mais c’est quand même bien si c’est annulé… Je commençais à en avoir un peu marre. Tu devais passer quelles matières, toi ? » Je suis à peu près certaine que la troisième année n’est pas dans la même filière que moi puisque je ne me souviens pas l’avoir vue à tous les cours de cette année, mais ça ne me dit pas quelles autres matières elle a bien pu suivre.

Encore bien intriguée, j’écoute attentivement la Serpentard tout en hochant la tête au fur et à mesure de son récit. Oh, elle a un rat aussi ? Je n’en avais aucune idée. Je comprends tout à fait ça, je ne suis jamais très rassurée quand je ne trouve pas Vargli dans le dortoir, même si c’est très rare étant donné le peu de courage que possède la petite rate - quoique, elle reste de moins en moins terrée dans mon alcôve. C’est plutôt logique de ne pas avoir besoin de parler à voix basse si aucun élève n’est censé être dans le coin, en effet. Et si ça a été décidé hier soir, on devrait le savoir rapidement, en effet…

Ainsi, Jenna réussit donc plutôt bien à me faire gober son histoire, et sans me poser plus de questions, je la crois sur parole. Elle m’indique ensuite la filière Auror, et il me semble voir à peu près les matières principales qui la composent. « Tout ce qu’il y a en Sport et Soins, plus la Métamorphose, » réponds-je en souriant. Toutes ces matières où je vais donc pouvoir me baser sur mes relativement bonnes notes de cette année, je dois dire que c’est plutôt rassurant. J’irai peut-être passer un peu plus de temps que prévu auprès de Nini demain, du coup - j’avais déjà prévu d’aller voir la créature, de toute manière.

Imaginant déjà des jeux avec la boule de poils, j’ai un petit rire en entendant l’autre fille revenir sur le début de la conversation et le fait qu’elle ne connaisse pas encore mon prénom. « Oui, » je continue, toujours à voix basse pour ne pas déranger les autres élèves, que ce soit ceux qui ne sont pas encore au courant ou ceux qui ont réellement des examens à passer, « mais tu fais fort quand même, je trouve ! Ça fait trois ans, tu connais vraiment pas les noms de tout le monde ? Juste tous les troisième année ? »

À la fois étonnée et bien amusée par ce fait, je me dis même si Jenna et moi ne sommes pas dans la même maison et si nous nous trouvons désormais dans deux filières différentes, nous avons tout de même partagé la majorité des cours pendant deux ans. Je trouve ça assez fou, tout de même.

« T’as dit que ton rat s’appelait Tres- » reprends-je, m’interrompant pour bien me souvenir du nom du rongeur qu’elle m’a donné plus tôt, « Tresya, c’est ça ? C’est joli, comme nom ! » Pour le coup, n’ayant jamais réellement parlé avec la Serpentard avant aujourd’hui en dehors de simples salutations, j’ignorais cette information. Et je suis toujours contente de parler de nos petits animaux présents au château, et notamment de Vargli.

Ne me rendant absolument pas compte de la blague de la Serpentard, je suis au contraire contente de pouvoir parler avec elle. Franchement naïvement, je me dis même que c’est dommage qu’on n’ait pas plus discuté avant. On aurait pu parler de nos deux rats, par exemple ! Quoique, on va le faire maintenant, du coup, comme on est finalement en train de parler - et c’est une bonne chose !

Mais la confidence de Jenna sur les prénoms me fait écarquiller les yeux. À ce point ? Et après trois ans, quand même ! Edmund, Lili, quelques personnes en plus, ça fait terriblement peu de monde. Et tous les gens de notre année, alors ? Et même, tous les Serpentard, ou au moins ceux dans les années les plus proches de nous ? De ce côté-là, je dois admettre que je connais bien moins les septième année de ma maison… Mais encore ébahie, j’ouvre la bouche puis la referme, ne sachant pas quoi ajouter.

Je hoche donc simplement la tête avant de hausser les épaules avec un sourire étonné. « Peut-être, » soufflé-je, quelque peu amusée par cette idée. Je retiens certainement plutôt bien les noms des gens, mais j’ai l’impression que les autres personnes que je connais se souviennent quand même de plus de monde que l’autre troisième année. Enfin, ça fait une situation bien cocasse, c’est chouette.

Jenna me confirme également le nom de son rat, Tresya, qui est en réalité une rate. Me penchant vers le sac qu’elle me montre, curieuse, j’ouvre de grands yeux en voyant le petit animal endormi dans celui-ci.

« Ooooh, elle est trop mignonne ! » je ne peux m’empêcher de dire, faisant de mon mieux pour chuchoter et ne pas trop attirer l’attention sur nous. « Elle a l’air adorable ! »

Avec un grand sourire, je relève la tête vers ma camarade. Je n’ai pas Vargli avec moi, la petite créature étant encore trop peureuse et ne sortant que peu du dortoir, et encore moins de la salle commune.

« J’ai une rate aussi, » reprends-je à voix basse, mais enthousiaste, « elle s’appelle Vargli, elle est grise avec une tache blanche sur le ventre. Mais elle est restée dans mon dortoir, elle aime pas trop en sortir alors je la balade pas trop dans le château… » Accompagnant mes paroles de petits gestes pour montrer la localisation du marquage du rat, j’ai ensuite une moue plue embêtée.

Je dois admettre qu’habituée à mon animal de compagnie, c’est un concept que j’ai parfois un peu de mal à comprendre. Bon, pour les hiboux, c’est encore différent puisqu’ils restent dans la volière la majorité du temps ; mais pour les autres créatures, je trouve ça un peu bizarre qu’elles accompagnent aussi souvent leurs propriétaires. Mais ils ne vont tout de même pas en cours avec, non ?

La discussion se poursuit un moment à propos des deux animaux, et je suis contente d'apprendre à un peu mieux connaître cette camarade de classe. Après la bonne nouvelle des examens, ce sont quelques échanges qui m'ont mise de bien bonne humeur.