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15 févr. 2020, 15:45
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
Ses doigts s’étaient saisi du poignet d’Alice. C’était avec une pulsion désespérée que Erwann l’avait rattrapé avant qu’elle ne s’éloigne trop, et la fillette en rougissait. Se retournant, plongeant ses yeux dans les siens, Alice y lisait tant de choses qu’elle en ressentait de la gêne. Pourquoi était-ce le cas ? Ne pouvait-elle pas s’en ficher et seulement repartir ?
La vision du visage d’Erwann se découpant dans les lueurs anormales de la magie avait quelque chose de surréaliste. C’était doux et primitif à la fois. C’était réconfortant, et affreusement effrayant.

Sa voix, cette supplication, elle en aurait renversé une armée. Personne avant lui n’avait exprimé autant de douleur à la voir s’en aller. Mais il le fallait, pourtant. Pourquoi ne le comprenait-il pas ? Alice aurait aimé rester, continuer à parler avec Erwann pendant des heures, rire avec lui si c’était possible. Mais ici, là, ce soir, c’était dangereux, tellement dangereux. La fillette était curieuse d’en savoir plus sur ses lumières qui déchiraient le ciel, sur cette magie qui tuait la flore. Elle voulait tout comprendre, mais le savoir était à double tranchant, cette soirée illustrait parfaitement cette vérité.

Erwann se rapprochait, ses yeux d’ambre dans les yeux d’argent de la jeune Sangblanc. Elle écoutait parler en silence, s’abreuvait de cette douceur qui coulait de ses lèvres. Il voulait lui faire plaisir, il voulait partager un joli moment paisible avec elle. Il n’y avait rien de paisible, c’était certain, mais cette volonté touchait Alice en plein cœur. C’était un inconnu, ce garçon, et pourtant il œuvrait à la rendre un peu plus heureuse ce soir, quand bien même elle avait peur.

Quelque chose se passe dans le dos d’Erwann, Alice le sent. Ses yeux quittent ceux du garçon un instant, cherchant si quelque chose se déroulait en silence. Il n’y avait plus de mouvement, ça c’était figé. Erwan ne l’avait pas remarqué, il parlait, mais Alice était distraite. Quelque chose se passait.
Son cœur bat plus vite, et cette fois cela n’a rien à voir avec la présence d’Erwann, elle le sait. Il n’y a plus cette puissance pour l’ébranler, et c’est ce qui l’inquiète.
Les bras d’Erwann vinrent s’enrouler autour d’Alice qui se raidit immédiatement. Dans le dos du jeune garçon mourraient les lumières en une explosion de couleurs. Tout ce passe très vite, le temps d’une étreinte qu’Alice n’aura pu savourer à sa juste valeur. Erwann se retourne pour observer ce qu’Alice n’a de cesse de dévisager, la peur lui lacérant le ventre.

Il n’est pas inquiet, ou bien ne le montre pas. Mais contrairement à tout à l’heure, cette fois Erwann est d’avis qu’Alice doit rentrer. Alors tout est terminé ? Le rituel, ou quoi que ce soit, venait de toucher à sa fin ? C’était une bonne chose, alors, il ne fallait pas en ressentir une quelconque peur... alors pourquoi était-ce le cas ? Quoi qu’il en soit, Erwann avait raison : il était temps de rentrer. Alice ne dormirait certainement pas après tout cela, son esprit habité par des monstres de lumières aux puissances dévastatrices, capables de lacérer la terre et tuer les végétaux par quelques pulsations. Mais au moins elle serait sous sa couette, maigre barrière face aux horreurs mais barrière tout de même.

Soudain, Alice senti ses poils se dresser sur sa nuque, et immédiatement elle se retourna. Horreur, une forme humaine s’était dressée sur le chemin du retour, imposant aux enfants une vision terrible. Elle avance cette forme, il avance, décharné, l’air de n’être pas, justement. Instinctivement, Alice recule d’un pas, ses yeux terrifiés ne relâchant pas l’horrible personne se dessinant toujours un peu plus à ses yeux.

Son père ? Comment cela ? Cet homme effrayant était le père d’Erwann ? Pourquoi diable était-il aussi... différent ? Quelque chose n’allait pas, cela crevait les yeux. Erwann, dans un geste protecteur, se retrouva devant Alice pour la protéger de son cœur. La fillette ne bougeait pas, se dressait seulement un peu dans le dos du garçon pour observer l’homme qui approchait. Si danger il y avait, elle était en bien mauvaise position. Elle n’avait pas le droit d’être là, elle le savait. Qu’allait-il se passer? Qu’est-ce qu’il serait prêt à faire pour protéger ce secret qu’Alice avait découvert par la voix de son fils ?

« Erwann... » murmura Alice. « Erwann, qu’est-ce qu’il va me faire ...? »

Son père ne semblait pas être homme à s’imposer quoi que ce soit. Si il estimait qu’Alice représente un danger... la fillette en déglutit rien qu’à imaginer ce que cet homme pourrait lui faire.

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16 févr. 2020, 01:09
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
J’avais été le témoin d’étranges choses durant mon premier été à suivre le pèlerinage de mon père comme apprenti. Je n’étais pas encore initié, et ne pouvais donc pas encore me tenir à la frontière des mondes, mais l’un des buts de mon apprentissage avait été de me confronter à ces dangers. Toujours à une distance raisonnable, toujours témoin, sans en être l’acteur. C’était mon père qui confrontait ces autres réalités.

Mais à le voir désormais, une peur sourde me glaçait la poitrine. Il approchait toujours dans notre direction, infirme créature décharnée, dont la vie avait quitté le visage pour le transformer en horreur entropique. Son crâne était apparent à peine cachée par une peau d’une blancheur sale, qui s’effritait, s’effilochait, éclairée par l’intérieur d’une lueur vert pâle, alors que les morceaux partaient en vapeur autour de son crâne à chacun de ses lourds pas. Ses orbites étaient énuclées, remplacées par deux phares de cette même couleur blafarde, brillant d’une énergie fondamentalement négative. Sa barbe, habituellement si fournie, était délavée et manquait par endroit, comme si elle était tombée sous les coups du temps. Ses dents apparaissaient dans sa bouche béante, qu’il avait du mal à refermer, brillante et atrocement longues, comme nos crânes d’études. Je ne pouvais m’empêcher de penser aux liches, ces mages morts vivants de fiction, ayant piégés leur âme dans leur corps pour vivre indéfiniment. Le pouvoir qui sortait de son corps était oppressant, et me faisais reculer au contact d’Alice, sans réellement savoir qu’en penser.

Sa voix vint à mes oreilles, elle avait peur, et je la comprenais. Je ne doutais pas que mon pêre était encore quelque part à l’intérieur de cette créature, mais la corruption de notre travail touchait autant nos corps que nos esprits. Et je lui avais désobéi… Je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait… Je murmurais pourtant à l’attention d’Alice :


« Rien, pas si je peux l’en dissuader… »

La créature s’avança encore, ses yeux passant de l’un à l’autre, sans d’autres expressions que la sidération de la mort. Un râle, que je reconnu comme mon nom, sorti du néant qui constituait sa bouche. Il s’arrêta, manifestement gêné. Sa main parcheminée vint tâter sa mâchoire, avant de la remettre brutalement en place dans un craquement d’os sec. Il retenta de parler :

« Errrwaaaannn… »

Je n’osais rien dire, alors qu’il ressentait ma tension. Il mastiqua avec lenteur, toujours nous fixant, avant que sa main libre ne vienne tâter sa ceinture et en sortir une petite potion cramoisie, que sa main, tremblante, ouvrit pourtant d’un simple mouvement du pouce, craquant sa peau et son ongle dans l’action. Sans en ressentir la douleur, il la versa d’un geste dans sa bouche, sa tête en arrière dans un angle indécent, le liquide tombant dans le néant sans qu’on ne voie aucune déglutition. Puis la tête retomba vers nous. Et pour la première fois, je vis le rouge de sa langue dans le fond de sa bouche.

« Errwann… Tuuu… », il avait du mal à faire des phrases encore, mais reprenais son élocution à toute vitesse, « … Devais prrrotéger cet-t-t-t endrrrooooit ? »

J’acquiesçais, tout en tension, déglutissant ma réponse :


« Oui, papa. C’est ce que j’ai fait. »

Sa main lâcha la fiole avant de s’élancer dans la direction d’Alice, accusatrice.

« Alorrrs, peux-tu m’expliquer ce que cette jeune fille fait avec toi ?! »

Son visage se transformait petit à petit. Sa bouche avait repris forme humaine, ses lèvres gonflant, ses gencives reprenant le contrôle de ses dents. Des traces de couleurs revenaient dans ses joues et je pouvais discerner au milieu de ses orbites la différence de teinte de ses iris. Mais avec la colère qui hantait désormais ses traits, je sentis tout de même un frisson me glacer.

Mais Alice était dans mon dos. Inconsciemment, je sentis ma main libre dans la sienne. Je ne devais pas reculer.


« J’avais une bonne raison. Je… »

« Dieux, Erwann ! », me coupe mon père, furieux, « C’est la seconde fois que tu laisses des étrangers pénétrer dans un lieu de pouvoir… Comme au Chaudron de Dagda…»

Son visage rajeuni seconde à secondes, comme si un vieillard antédiluvien reprenait en quelques minutes sa pleine jeunesse. Sa colère qui fait pulser ses yeux d’une énergie d’outre monde rend l’expérience encore profondément perturbante. Mais je suis étrangement rassuré par la cohérence de ses phrases. C’est mon père que j’ai devant moi, j’en suis sûr désormais.

« Ce n’est pas ce que tu crois… »

« Ce n’est pas le sujet, Erwann. Ta mission était simple : Elle devrait dormir, comme tous les autres… C’est pour ça que tu avais une pleine poche de poudre amnésique… » Sa main vient masser ses longues arcades blafardes avec agacement : « Ok… C’est quoi ta raison, cette fois ? »

Mon cœur bat d’adrénaline et de frustration. Je n’ai pas réussi à sauver ma camarade de l’oubli, la dernière fois… Mais Alice… Alice est différente !.. Mon cerveau chauffe à la recherche d’une idée.

« Elle est digne de confiance !.. »

« Et qu’elle preuve as-tu de cela ? Tout ce que je vois est une enfant effrayée qui n’aurait jamais dû quitter le confort et la sécurité de son foyer… Elle doit oublier ce qu’elle a vu ici ce soir, Erwann. Pour son bien autant que pour le nôtre !»

Non ! Mille fois, non ! Je ne veux pas qu’elle oublie ! Je ne veux pas qu’elle m’oublie ! Je n’aurais jamais pensé un instant éprouver un aussi étrange et merveilleux moment avec elle. Il me serais impossible de la recroiser dans les couloirs de notre école, sachant tout ce qu’il s’est passé ce soir. La seule idée de ses yeux passant sur moi comme sur un étranger me donne l’envie de mourir... Ma main serre celle d’Alice avec toute la force et la douceur de ma conviction. Mais mon père voit mon hésitation.

« Si tu ne le fais pas, je vais le faire moi-même… »

Je sens sa détermination, alors que sa main passe dans sa poche, à la recherche de sa propre poche de poudre amnésique. Notre famille n’use que très peu des baguettes, trop voyantes, trop faciles à tracer. Incompatible avec notre travail secret et silencieux. Il a encore du mal à bouger, et je le vois glisser sur sa poche, sa main de vieillard incapable de cette action. Cela me laisse quelques secondes pour trouver une idée brillante… Et soudain, j’en suis frappé… C’est complétement insensée.

« Je demande sa mise à l’épreuve !..»

Mon père ne me regarde même pas, préoccupé d’accéder à sa poche. Sa réponse, directe, incisive, est sans pitié :

« C’est n’importe quoi. Elle est trop jeune pour ça. Et tu n’as pas la possibilité de la demander…»

« C’est faux ! J’ai été appelé, je suis donc responsable devant nos lois ! Et je ne crois pas que Maman était plus vieille quand tu l’as demandé pour elle… »

A la mention de ma mère, son visage bondit en l’air, ses yeux furieux venant vriller les miens de leur rage. Il s’est arrêté, surpris par mon culot. Nous sentons tous les deux qu’un changement vient de s’opérer dans notre rapport de force… Je soutiens son regard, sachant très bien qu’il ne me laissera pas de secondes chances…

« C’était différent… »

« En quoi ? »

Il ne répond pas… Je connais l’histoire, et je sais que sa demande impulsive de l’époque est certainement la décision qu’il regrette le moins au monde. Il se mord la lèvre de frustration sans rien dire. Il est bien trop fatigué pour réfléchir correctement et c’est ce qui me sauve ce soir. Ce qui nous sauve.

« Par le droit du sang, je demande sa mise à l’épreuve… »

Il se redresse, vaincu, poussant le soupir le plus long du monde… Sans un mot, il me dévisage à nouveau, dubitatif. Je pense avoir gagné mais changeant de tactique, il décide de s’adresser directement à Alice, plutôt qu’à moi. Lorsqu’il porte son regard sur elle, il ressemble enfin à nouveau à un être humain, quoique terriblement vieux et affaibli. Ses yeux ont toujours cette étrange lueur verte d’outre terre…


« Jeune fille… Mon crétin de fils vous donne le choix : Vous pouvez oublier ce que vous avez vu ce soir et reprendre votre vie sans la moindre peur… Ou accepter de porter nos secrets avec vous… Sachant que vous subirez le calvaire de ne jamais pouvoir les dévoiler, au risque de perdre tout souvenir de notre existence… »

Les bras de mon père sont croisés, son regard est inquisiteur. Il a repris le contrôle et je ne peux plus rien faire qu’attendre la décision d’Alice. Pour la première fois depuis le début de cet échange, je la regarde, anxieux.

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

16 févr. 2020, 15:29
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Cet homme, en était-il vraiment un ? La façon dont il se mouvait, le scintillement étrange dans ses yeux, sa peau se dégradant, tout cela n’avait rien d’humain. Le père d’Erwann lui rappelait une créature qu’elle avait aperçu sur un boitier de film appartenant à oncle Kenneth. Elle n’avait pas eu le droit de le regarder, ce film là, quand bien même le titre était intéressant. C’était un film d’horreur. Le père d’Erwann provenait d’un film d’horreur.

La peur avait fait reculer Erwann qui avait percuté son corps du sien. Si lui était apeuré par son père, que diable devait-elle ressentir ? Il disait que rien ne lui arriverait, mais Alice savait bien qu’il disait cela pour la rassurer, en vain. Il ne pourrait pas l’affronter, c’était certain ! C’était un enfant, lui aussi. De toutes façons, il ne pourrait rien faire avec sa baguette, aucun sort de première année ne pourrait repousser un sorcier adulte.

Voilà que la créature se mettait à parler, articulant terriblement le nom de son fils. Alice ne regardait plus, l’image que renvoyait le père d’Erwann la terrifiait. Elle écoutait seulement, et cela lui suffisait amplement. Il parlait avec difficulté, parlait de la protection de cet endroit. Alice en savait suffisamment pour comprendre de quoi ils parlaient. Erwann faisait le guet pendant que son père s’occupait des protections de elle ne savait plus quoi. Cette discussion était censée, du moins il ne s’agissait plus de râles terrifiants.

Relevant la tête pour observer à nouveau, c’est alors qu’elle voyait le père d’Erwann s’élancer vers elle, le ton de sa voix colérique et accusateur. Quand bien même son corps n’était plus celui d’un mort animé par la magie, il effrayait encore un peu plus Alice qui se recula d’un pas. Entre la fureur du père d’Erwann et elle, n’y avait que le garçon qui ne bougeait pas. Il la protégeait. Sa main se saisissant de la sienne, il lui insufflait un peu de ce courage qui lui permettait de ne pas trembler. Si son propre père s’était jeté dans un tel état, Alice serait déjà à genoux à lui demander pardon, et pourtant elle n’était pas fillette à facilement courber l’échine face à la fureur.

La seconde fois ? Alice senti une petite douleur dans son cœur. Erwann avait fait ce « cadeau » à quelqu’un d’autre avant elle. Elle n’était donc pas si spéciale pour le garçon. En réalité, il était seulement trop distrait. C’était vexant que de n’être que la continuité des erreurs d’un garçon négligent.
Petit à petit, la peur quittait Alice, remplacée par une colère mêlée d’amertume. Elle détestait qu’on parle d’elle comme si elle n’était pas là, et c’était ce que faisait ces deux sorciers. Oh, elle devrait s’estimer heureuse que le père d’Erwann ne la poignarde pas de ses yeux inquiétants, mais ce n’était pas le cas. Une enfant effrayée ! Elle n’était pas effrayée... seulement décontenancée par l’horrible chose qu’il était quelques instants auparavant. Alice, elle était courageuse, sinon elle aurait déjà quitté la main d’Erwann pour s’enfuir en courant.

Cette main là la rappelle à l’ordre, ses doigts étreignants les siens avec force. Elle grimasse un instant, un court instant, réalisant alors que le père d’Erwann veut lui faire perdre la mémoire. Ses yeux d’argent s’arrondissent. Non ! Certainement pas ! Elle ne voulait pas oublier, même si ses nuits risquaient d’être hantées par le souvenir du visage décharné du sorcier. Oublier cette soirée, cela voulait dire oublier Erwann qui redeviendrait un illustre inconnu dans un château toujours trop grand. Ils se verraient en cours, sans jamais s’échanger le moindre mot. Et si regard il avait, il ne serait jamais chargé de cette douceur qui s’était créé entre eux en quelques instants seulement. Elle refusait d’oublier une seule seconde de cette soirée.
* Je n’ai pas peur ! * voulait-elle cracher à l’attention de l’homme, mais sa bonne éducation lui interdisait de parler ainsi à un adulte. Alors elle se taisait, observait seulement le sorcier, attendant silencieusement, priant qu’il se ravise ou qu’Erwann n’intervienne autrement que par des supplications.

Et c’est ainsi, comme un miracle, que sa voix jaillit. Une mise à l’épreuve ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Trop jeune, responsable devant nos lois... mais de quoi s’agissait-il ? Ses sourcils haussés, Alice observait l’échange, essayant tant bien que mal de comprendre la discussion. Et cet échec la faisait rougir : Alice n’avait pas l’habitude d’être au cœur d’une discussion sans même en comprendre le sens.

Enfin, on s’adresse à elle. Il s’adresse à elle, ses bras croisés sur sa poitrine, son regard sévère pointé sur elle. La fillette en déglutit, alors qu’elle remarquait ô combien le père d’Erwann était plus intimidant « humain » que décharné.

«  Je... »

Les yeux d’Alice se posèrent un instant sur Erwann. Elle connaissait la réponse, n’attendait pas qu’il lui souffle quoi faire, mais il ne fallait pas foncer tête baissée pourtant. Elle ne voulait pas l’oublier, ça non, mais valait-il les terreurs que cette soirée lui avait imposé ? La réponse n’était peut-être pas si évidente.
A nouveau, Alice reposa son regard d’argent sur le père d’Erwann.

«  Je sais garder un secret » dit-elle enfin, une pointe d’arrogance incontrôlée dans la voix. «  Je ... je ne dirai rien, monsieur. Vous avez ma parole... »

La jeune Sangblanc excusa ses premiers mots impertinents en inclinant la tête pour regarder ses pieds. Elle déglutit encore une fois, serrant les doigts d’Erwann entre les siens, avant de relever la tête, ses yeux se rivant sur ce sorcier qui l’a terrifiait.
De quoi la suite allait-elle être faite ?

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16 févr. 2020, 17:15
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Elle était si belle dans le courage que je voyais dans ses yeux, alors qu’elle venait porter son regard dans les iris flamboyants de mon père. Sa première phrase était claire, pleine de défi… Je souriais, sentant sa main se resserrer dans la mienne. Sa confiance exacerbait la mienne, je m’en nourrissais.

Devant tant d’aplomb, mon père resta quelques secondes sans bouger. Je le croyais interdit jusqu’à ce qu’il éclate d’un court rire guttural, aux infrabasses roulantes similaire à ce qui nous avait traversé le corps tout à l’heure. Je me rendis compte qu’il n’était pas encore tout à fait encore de retour. Pas tout à fait lui-même. La corruption avait pénétré profondément. Ses yeux s’allumèrent comme par défi, alors qu’il se penchait un peu, juste à peine, vers Alice.


« Oh, mon enfant… A quoi me servirais votre parole si je peux vous enlever tout souvenir avant même qu’ils sortent de votre bouche… »

« Papa ! »

C’était insensé et cruel, de jouer à ce jeu maintenant. Son regard verdâtre passa sur moi, amusé par mes récriminations. Mais il ne s’adressait pas à moi. Il ne s’adressait plus à moi. Il revient affronter le regard d’Alice.

« Jeune fille… Notre mise à l’épreuve est un rituel ancien, permettant d’introniser un étranger à notre clan et ses mystères. Par le fait qu’Erwann vous en a donné le choix… Et c’est un choix très important que vous aurez à faire… Nous vous laisserons voir à travers le voile, mis en place il y a fort longtemps pour protéger les anciens pouvoirs de la cupidité de l’Homme… »

Malgré son effrayant visage, un sourire étrange vint se créer sur ses lèvres. Le même sourire triste que le mien.

« Ces mystères dépassent notre raison et nos capacités… Ils sont au-delà de l’humain. Plonger dans leurs méandres rends inéluctablement fou. Mais notre clan pour accomplir son œuvre, pour garder ces mystères cachés, a besoin d’alliés, de compagnons, d’héritage, quel que soit la culture, quel que soit l’endroit. C’est pour cela que la mise à l’épreuve a été créée. »

D’une main, mon père attrape son balai, qu’il tenait auparavant dans le creux de son bras, et vient l’accrocher d’un clic dans le harnais caché par son dos. Puis, fouillant dans sa besace, il sort un petit récipient de verre carré, rempli d’une poudre d’or, qu’il présente dans la paume de sa main.

« Ceci est du « luaith-na siòg », que l’on peut transcrire par poudre de fée. Cette poudre n’existe pas dans notre réalité. Utilisée dans ce rituel, elle nous permettra de poser un taboo, une règle de silence sur vos souvenirs en notre compagnie. Une fois ceci fait, ce sera à vous de garder votre parole. Autant que vous le pourrez. Car au moment où ces souvenirs seront partagés, par quelconques moyens, avec une tierce personne, par la force ou non, sans l’assentiment d’un porteur du sang ancien, vous les perdrez immédiatement, dès la première seconde. Vous perdrez tous souvenirs en rapport avec notre clan, y compris les instants passés en notre compagnie… »

Il se tait désormais, regardant Alice avec un regard étrangement compatissant.

« Ces souvenirs n’existerons plus, mais vous en éprouverez le manque. Dans le pire des cas, des pans significatifs de votre vie disparaîtront de votre esprit. Le processus est irrémédiable, comparable à un serment inviolable, vous n’aurez juste pas la chance de perdre aussi votre vie… »

Il soupire tristement.

« En toute franchise, et parce que l’alternative de tout oublier vous est encore accessible, je vous conseille de tout oublier. Le rituel de mise à l’épreuve est là pour nous protéger nous, notre clan, et notre œuvre. Pour quelques souvenirs, le prix à payer en devient exorbitant… »

Il tourne son regard émeraude vers moi, sans pourtant me parler.


« Mais car, par un porteur du sang ancien, une mise à l’épreuve a été demandé… Le choix vous appartient… »

Son regard revient jauger celui d’Alice. Je ne peux que contempler sans rien dire. Au fond de moi, et durant tout son discours d’usage, le doute s’est installé. C’est entièrement ma faute ce qui arrive ce soir. Elle aurait pu disparaitre si je ne l’avais pas retenue. Elle aurait pu ne rien voir, si je ne l’avais pas amenée. Son dilemme actuel est la conséquence totale de mes actes, autant que des siens. Je suis responsable dans cette histoire, et c’est pourtant elle qui va devoir choisir… Mon père a posé l'un de ses genoux au sol, sa tête venant au niveau de celle d’Alice. Je lui sais gré d’attendrir sa présence en cet instant…

« Jeune fille… Si vous choisissez d’accepter le rituel de la mise à l’épreuve… J’aurais besoin de votre nom complet… »

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)

24 févr. 2020, 09:43
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
En voilà de drôles de manières. La fille de bonne famille à l’éducation respectable rendue impétueuse et insolente par la peur. Cela ne ressemblait pas à Alice, son père l’aurait réprimander pour ainsi se comporter avec un adulte.
Celui d’Erwann s’était mué dans le silence, il devait à présent dresser la liste des horribles choses qu’il souhaitait lui faire, et l’oublietter n’était certainement pas en tête de fil. Mais finalement, il éclata de rire, brièvement, le temps nécessaire pour qu’Alice prenne un peu plus peur encore. Il n’avait rien de naturel, ce rire ! Rien du tout ! L’enfant déglutissait alors que l’homme se penchait un peu vers elle. Elle ne bougeait pas, figée dans une stature altière qui, cela, lui appartenait et lui appartiendrait toujours. Et pourtant, elle était terrorisée cette petite fille, plus encore lorsqu’il s’adressa à elle, à nouveau. Alice ne savait plus sur quel pied danser, c’était terrible.

Sans mot dire, elle écoutait les explications du père d’Erwann. Cela ne lui plaisait pas du tout. Elle ne voulait pas se lier à ces personnes d’une quelconque façon, tout était trop ... étrange. Alice ne maîtrisait rien, ne comprenait rien. Elle naviguait sur un océan de mystère, son navire sans cesse secouer par des créatures infernales aux multiples visages, tantôt celui de la terreur, tantôt celui de la curiosité. Il était dangereux, cet océan, et Alice ne le craignait pas assez. Elle désirait le boire tout entier pour s’abreuver de chacun de ses secrets, et c’était celle volonté qu’Alice craignait vraiment. Sa curiosité la perdrait un jour, sans l’ombre d’un doute.

A défaut de connaître chaque secret, Alice buvait chaque parole du sorcier. Il était fascinant, sa manière de parler des choses rendait le mystère plus attrayant encore. Alice découvrait là un aspect de son monde qu’elle ne connaissait nullement, personne ne lui en avait jamais parlé. Elle ne savait pas bien ce à quoi elle devait s’attendre.

L’homme se mit à bouger, et Alice en recula d’un pas, craignant chacun de ses mouvements. Il était intimidant, cet homme. Et imprévisible. En un éclair, il pourrait sortir sa baguette et l’oublietter !
Mais au lieu de cela, il présenta à la fillette une fiole au contenu doré. De la poudre de fée, disait-il, qui n’appartenait pas à leur réalité ... qu’est-ce que cela signifiait ? Ces termes bousculaient l’enfant bien plus que l’explication qui suivait, car cela c’était facile à comprendre. Cette poudre lui ferait tout oublier si un jour elle venait à parler de ce qui s’est passé ce soir. Alice déglutit en jetant un regard à Erwann. Elle l’oublierait si elle venait à parler de tout cela à quelqu’un, pour le protéger lui et son clan. Tout cela était normal, après tout. Ils se protégeaient.
Et cette protection en disait long sur cette famille.

En quelques instants, le doute s’installe dans le cœur de l’enfant, apporté par les paroles du sorcier. Ses yeux se reposent sur lui, elle l’observe en silence. Le choix appartenait à Alice, mais au bout du compte ce n’était pas le cas. On lui imposait de choisir, et Alice détestait cela, elle ne comprenait rien.

Cependant, elle comprenait une chose : sa parole était remise en doute.
Alors, lorsque le genoux du père d’Erwann toucha le sol, Alice fit son choix.

« Alice Elisabeth Sangblanc » articula t-elle sans jamais baisser les yeux.

Elle savait garder les secrets, et n’avait donc pas à frémir à l’idée d’en garder un de plus.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

24 févr. 2020, 16:36
 Glasgow  Blanche neige et les gardiens  RP+   PV 
J’observais en silence. Lorsqu’Alice sans reculer toisa mon père de toute sa hauteur, et sans même faire un mouvement de recul, ou donner mine de réfléchir, donna son assentiment sans attendre, je ne pus m’empêcher de sourire. C’était cette attitude, cette incroyable confiance en elle-même qui m’avait attiré à elle, l’année dernière. J’admirais cette force, cette façade, d’un courage bordant sur la témérité, si flamboyante, si différente de la mienne. Je n’étais pas courageux, mes actions étaient mues par la nécessité et le pragmatisme. Mais lorsque je la regardais évoluer, j’avais envie de cette folie, je voulais qu’elle m’emplisse d’avantage. Je voulais être un héros, son compagnon, me battre à ses côtés.

Je regardais mon père, interdit devant tant de volonté infantile. Il était devenu trop vieux pour comprendre, trop perclus par nos traditions pour se rappeler que nos actions ne sont pas forcément entièrement réfléchies, entièrement raisonnées. Que l’intuition et la passion suffisait souvent à nous faire avancer. L’océan enflammé de nos adolescences formait une tempête étrange, brisant les fondements de la falaise des rationalités adulte. Tous nos secrets, toutes nos précautions, ne valaient rien face à la parole d’une enfant. J’étais fier à cet instant, alors que son regard se portait vers moi, puis sur Alice à nouveau. Je sentis une certaine résignation se dessiner sur son visage de marbre craquelé.


« Qu’il en soit ainsi… »

Sa main libre vint ouvrir le pot de poussière de fée, dont le contenu, immédiatement, commença à flotter très légèrement dans l’air, comme si plus légère que ce dernier. Il me fit signe d’un mouvement des yeux d’approcher. Ce que je fis immédiatement.

Devant moi, mon père me toisa d’un regard grave et officiel. Son pouce vint au contact de la poudre d’or, qui se colla comme un aimant à sa peau. Il amena le pouce au contact de mon front, dessinant un arc d’or en son centre.


« Erwann O’Wynedd, par la grâce du sang ancien, te voilà désigné devant la cour d’aes sidhe comme emblème de leur autorité. En liant ton existence à la cour, et par l’autorité conférée par les anciens pactes, tu deviens le vecteur de leur volonté et le garant de ce contrat… »

Son regard a pris une teinte étrange, comme si ses iris s’étaient agrandis, les rendant entièrement noirs, sans couleur.

« Acceptes-tu cette responsabilité ? »

« Je l’accepte. », dis-je sans attendre. Mon front chauffe, et immédiatement, je sens que quelque chose, quelque part, quelque chose de fondamentalement étranger à notre monde vient de porter sa vision sur moi. J’écarquille les yeux de surprise devant cette fondamentale impression d’être vu, pour la première fois de ma vie, réellement observé. Je sens ma vision s’agrandir aussi, littéralement, prenant la même noirceur que les iris de mon père. Je me retourne vers Alice, et la regarde, comme si je la redécouvrais, alors que mon père lui fait signe d’approcher.

De nouveau, son pouce plonge dans le pot, redeviens doré. Il l’approche du front de ma compagne, alors que ma main serre de nouveau la sienne. Je ne sais pas pourquoi je dois lui serrer la main. Le geste m’est plus naturel que jamais. Mon père s’adresse à elle, désormais :


« Alice Elisabeth Sangblanc, sous le regard des aes sidhe, te voilà devant leur cour aujourd’hui pour accepter un contrat. Celui-ci, par la grâce des anciens pactes, joint ton existence à celle des porteurs du sang ancien. Le secret en est la condition. La mémoire en sera le prix. Erwann sera ton vecteur dans notre existence, la porte d’entrée de notre monde, le garant de ta protection. En retour, jamais tu ne dévoileras, à un étranger à notre clan, un seul de ces mystères… »

Son pouce s’approche du front d’Alice, je retiens mon souffle.

« Acceptes-tu cette responsabilité ? »

Erwann entre en 2ème année RP (Il a donc 12 ans)