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22 sept. 2019, 15:29
 Glasgow  De trop petites mains  Glasgow   OS 
Glasgow, Ecosse
21 juillet 2044


•••



C’était un jour qui aurait pu, et qui aurait dû être festif. Alice aurait dû se réveiller avec un merveilleux sourire que rien n’aurait pu effacer, sachant pertinemment que ce jour brillerait pour elle.
Mais ce matin, Alice avait ouvert des yeux ternes. Aux premiers battements de cil, la petite fille devinait que ce jour serait malheureux. Ce 21 Juillet, celui de ses 12 ans, ne lui apporterait que mélancolie.

Lorsqu’elle avait quitté sa chambre et rejoint la cuisine, Imogen l’avait accueilli avec un immense sourire tout en lui souhaitant un bon anniversaire. Kenneth, confortablement installé dans le canapé, s’était relevé pour la féliciter, lui dire qu’elle devenait une grande fille. Alice les avait remercié, s’était assise à table, là où l’attendait tartines de confiture de fraise, chocolat chaud et jus d’orange. Sans un mot, Alice prit son petit déjeuner au côté d’Imogen qui, tout aussi silencieuse, consultait son téléphone.
Si son père avait été présent, ça ne se serait pas passé ainsi. Jamais elle ne se serait réveillé seule le jour de son anniversaire : il aurait été là pour venir la soustraire au sommeil. Il l’aurait serrée dans ses bras en lui souhaitant le plus beau des anniversaires, coiffant sa crinière ébouriffée entre ses doigts. Il lui aurait fait servir un beau petit déjeuner avec des croissants et une tisane, lui aurait exposé le programme pour la journée - Alice n’aimait pas les surprises - et l’aurait ensuite amené faire toutes ces choses qu’il aurait prévu de faire. Et puis, il lui aurait offert une cascade de cadeaux qui, chacun, auraient illuminé sa journée d’anniversaire.

Mais aujourd’hui, Alice se moquait bien de recevoir des tonnes de cadeaux : seule la présence de son père aurait suffit à faire de ce jour le plus beau de tous.

Lorsque la main d’Imogen se posa sur l’épaule d’Alice, elle se désintéressa de son chocolat chaud pour observer la femme. Elle souriait, et cela manquait de sincérité, Alice le voyait bien. Elle se forçait à paraître heureuse.

« - Nous avons un cadeau pour toi.
- C’est gentil, merci.
- Il t’attend dans le jardin. Allez, viens.

C’était une maigre consolation, mais il serait impoli de décliner un présent. Alors, Alice se releva et rejoignit l’extérieur en passant par la baie vitrée ouverte, suivant Imogen qui avait prit la tête.
Kenneth était déjà présent, debout sous le parasol du salon de jardin. Il tendit sa paire de lunettes de soleil à Alice qui les mis aussitôt, la lumière agressant ses yeux. Elle regardait tout autour d’elle, cherchait le dit cadeau. Mais il n’y avait rien.
Kenneth vint se positionner derrière Alice. Ses deux grandes mains sur ses épaules, il l’a fit pivoter un peu vers la droite et, du bout des doigts, il l’invita à relever la tête. Il y avait le bouleau d’à côté, oui, mais c’était tout, aucun présent ne pendait à ses branches... quelque chose dénotait, cependant. C’était une forme blanche aux touches noires et rousses, posée sur l’une des branches feuillues. Ça ne bougeait pas, qu’est-ce que c’était ?
Et puis, oncle Kenneth se mit à siffler : un coup court, et un coup long. Immédiatement, deux ailes se déployèrent et s’envolèrent dans les cieux à une vitesse vertigineuse. L’oiseau descendit ensuite pour se faufiler sous le parasol et venir se percher sur le dossier d’une chaise. Les crissements des serres fit sursauter Imogen qui se trouvait non loin de l’oiseau. A présent qu’Alice la voyait de plus près, statique, elle savait qu’il s’agissait d’une chouette, une Effraie des Clochers. Son plumage était ravissant, le blanc, le roux et le noir s’y mêlaient avec élégance. Sa petite tête entourée de petites plumes rousses semblait former un cœur. Presque aussitôt, Alice se prit d’affection pour ce bel oiseau.

- Elle s’appelle Althéa, dit Kenneth. C’est une chouette effraie.
- Elle est magnifique.

Alice se risqua à présenter sa main à la dénommée Althéa. La chouette tourna un peu sa tête ronde pour regarder la main, et vint frotter sa joue contre les doigts d’opale de la fillette. Le visage d’Alice s’éclaira d’un grand sourire, émue par ce contact. Althéa semblait être une chouette aimable, d’une belle douceur, cela changeait de certains oiseaux de Poudlard.

Alice laissa la chouette se frotter contre ses doigts, reposant alors son regard sur Kenneth et Imogen qui l’avait rejoint.

- Est-ce-que c’est... ma chouette ? demanda Alice avec hésitation.
- C’est ta chouette, répondît Kenneth en glissant un bras autour des hanches d’Imogen. J’ai été là chercher sur le chemin de Traverse. J’ai choisi la plus belle de toutes, et la plus rapide d’après le vendeur. Elle te plaît ?
- Oui, beaucoup.

Alice vint gratifier le couple d’une bise pour ensuite retourner auprès de sa chouette. Elle en voulait une depuis longtemps maintenant, et jamais son père n’avait accepté, il voulait attendre sa deuxième année pour lui en offrir une. Mais se fut Kenneth qui l’avait fait à la place de son père. Kenneth, cet homme qui faisait tout pour combler l’absence de Dorian Sangblanc. Il peinait à le faire, jamais il ne parviendrait à le remplacer ne serait-ce qu’un soupçon. Mais Alice appréciait ses efforts, ils lui faisaient du bien, elle se sentait moins seule.

Lorsque Alice passa près d’Imogen pour la remercier, les longs doigts dorés de la femme se saisirent de son poignet.

- Il y a un autre cadeau pour toi, trésor. Assieds toi.

Alice ne comprenait pas pourquoi le ton d’Imogen, pourtant toujours jovial, venait de s’abaisser comme si ses mots étaient douloureux. Sans demander une quelconque explication, Alice s’assit, ses grands yeux curieux portés sur Imogen et Kenneth. La femme lui tendit alors une toute petite bourse de soie blanche, fermée par un joli ruban bleu. Cela dénotait avec le précédent cadeau, libéré de toute prison d’acier ou de papier, qui hululait joyeusement non loin d’eux. C’était un emballage délicat, raffiné, qui ne ressemblait ni à Imogen, ni à Kenneth.
Du bout de ses doigts, Alice vint s’emparer de la petite bourse pour la soupeser. C’était léger, mais elle sentait bien un certain poids. Était-ce un bijou ?

- De qui vient ce présent ? demanda Alice.
- De ton père, répondît Kenneth

Les yeux d’Alice s’écarquillèrent. L’intérêt qu’elle portait à cette bourse s’intensifia.

- Mais ... je ne comprend pas, balbutia Alice. Il n’a pas pu ... enfin, Azkaban...
- Il me l’a confié le jour où il a été enfermé.

Son père ne se promènerait pas avec son cadeau d’anniversaire avec 2 mois d’avance, cela n’avait aucun sens. Alice aurait aimé comprendre, poser des questions, mais d’un signe du menton, Kenneth invita la petite sorcière à ouvrir son cadeau. La respiration lente, ses yeux humides, Alice tira sur le ruban bleu avec précaution, comme si il s’agissait là de la chose la plus fragile au monde. La petite fille versa le contenu de la bourse dans le creux de sa main. Il s’agissait une grande chevalière d’argent, coiffée d’une tête de cerf toute d’or. C’était un bel ouvrage, un bijou d’une grande valeur, chaque détail était subtilement dessiné. Alice connaissait cette chevalière, elle la connaissait bien pour l’avoir toujours vue au doigt de son père. Elle paraissait si grande dans sa toute petite main.
Imogen et Kenneth demeuraient silencieux, et aucun ne cherchait à prononcer le moindre mot. C’était comme si ils laissaient du temps à Alice, un temps de recueillement. Elle observait la bague sans oser la toucher de ses doigts. Ce bijou ne devait pas se trouver ici, il n’aurait jamais dû quitter son père. Qu’est-ce qui lui avait prit ? Craignait-il vraiment qu’on lui arrache ? Alice n’avait jamais vu son père séparé de sa chevalière, c’était comme si elle faisait partie intégrante de lui.
Imogen se pressa un peu plus contre Kenneth, sa main cachant le bas de son visage. Elle était secouée, Alice n’avait pas besoin de levée ses yeux pour le ressentir : sa respiration était lourde, tremblante. Elle aimait beaucoup le père d’Alice, après tout, ils étaient meilleurs amis.

- Dorian ne voulait pas que sa chevalière finisse entre de mauvaises mains, dit enfin Kenneth. Je comptais la garder pour lui jusqu’à ce qu’on le fasse libérer mais ... tu es sa fille, c’est à toi qu’elle revient. Je crois qu’il tient à cette bague presque autant qu’il tient à tes frères et toi, alors prends en soin.

Avec hésitation, Alice vint se saisir de la chevalière. Elle la regarda un moment qui lui paru une éternité. Ce cerf signifiait qu’il s’agissait d’un héritage familial, c’était l’emblème des Sangblanc. C’était certainement très ancien, il lui fallait en prendre grand soin, ne jamais la quitter des yeux, veiller sur elle comme si il s’agissait de la prunelle de ses yeux.
Comme son père avant elle, Alice glissa la grande chevalière à son index droit. Elle voulait seulement l’essayer, voir quelle allure cela donnerait à sa main, car elle est était bien sûr consciente que ce bijou n’était pas adapté à ses doigts. Et pourtant, la chevalière lui allait. L’argent s’était resserré autour de son doigt pour l’épouser à la perfection. Avec surprise, Alice vit la tête de cerf s’agiter un peu pour secouer ses bois d’où fleurir quelques fleurs de rose faites d’or et d’argent. Six, il y en avait très exactement six. La petite fille approcha rapidement la chevalière de ses yeux pour constater par elle même ces drôles de changements. Depuis quand était-elle magique, cette bague ?

- Alice qu’est-ce qu’il y a ? s’inquiéta Imogen.
- La chevalière, elle a changé !

Immédiatement, Kenneth se détacha de sa femme pour s’approcher d’Alice. Il se saisit de sa main et observa la chevalière. Mais les fleurs s’étaient résorbées dans les bois d’or du cerf.

- Qu’est-ce qui a changé ?
- Il y avait des fleurs ! Je... il y avait des fleurs dans les bois. Elles sont apparu, et elles ont disparu.
- Des fleurs ...D’accord, oui, c’est un style... et je vois qu’elle te va comme un gant. Elle doit être magique, je savais pas.

Kenneth relâcha la main d’Alice, qui continuait d’observer ce présent avec une attention toute nouvelle. Le sorcier ne semblait pas prendre Alice au sérieux, ou alors s’en moquait il ? Pas la petite fille.
Qu’est-ce que tout cela voulait dire ?

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN