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02 mai 2020, 22:41
 Glasgow  Tu n'as pourtant jamais été un idiot  solo 
Précédemment : À la Pyrrhus
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13 février 2045, 7h
Glasgow



•••


Jacob ne s’était pas réveillé, pas encore tout du moins. Il semblait dormir, c’était comme si aucun sortilège ne l’avait frappé. Lorsqu’il se réveillerait, ce serait une autre histoire. Le sortilège de Stupéfixion l’avait frappé en plein torse, et il était bien possible que le choc de sa tête contre le bitume soit la raison de ce coma prolongé.

Thomas n’était pas inquiet, son frère avait mérité son sort. Qu’est ce qui lui avait prit de l’attaquer de front, lui, un fier membre du deuxième corps de l’Armée Noire ? Jacob était devenu idiot, et belliqueux avec ça. Cela ne lui ressemblait pas.
Beaucoup de choses clochaient cette nuit. Cette mise en scène pour piéger Thomas, pour commencer, et puis cette drôle de façon d’exiger de lui qu’il cesse de chercher Jacob. Le Manteau Noir avait cette étrange impression que son petit frère n’y avait pas mis tout son cœur, comme si ... comme si il ne désirait pas vraiment que Thomas cesse ses recherches.

Le garçon reposa son verre de whisky -c’était un drôle de petit déjeuner, il en avait conscience- et se pencha un peu sur son fauteuil, ses grands yeux ne lâchant pas le corps immobile de son petit frère. Il était vêtu comme un Moldu, ses cheveux teint en noir comme un Moldu, armé comme un Moldu. C’était cela, le plus inquiétant. A quoi donc jouait Jacob ?

Thomas se releva, ses grandes mains ébouriffant ses boucles blanches pour leur redonner un semblant de forme. Si Morrigan le voyait ainsi, nourri au whisky, au chevet de son traitre de frère. Un traitre... comme Alice, aux yeux de sa propre mère. La fratrie Sangblanc arborait un bien triste visage. La faute à quoi, en réalité ? A qui ? Jacob et Alice cracheraient en cœur le nom de Ursula Parkinson, et Thomas ne pourrait leur donner tort. Si leur père n’avait pas été jeté à Azkaban, rien de tout cela ne serait arrivé. Jacob n’aurait jamais pointé une arme moldue sur lui, et Alice n’aurait jamais vécu les terribles événements du bal d’Halloween. Tout partait à vau-l’eau depuis que Blackwave était tombé.
Mère tiendrait un discours bien différent. Elle pointerait du doigt les valeurs que Père avait tenté de leur inculquer. L’ouverture d’esprit. « Les loups ne dansent pas avec les moutons » avait un jour dit Mère. Thomas s’était longtemps inspiré de ces quelques mots, car ils étaient parlants, bien plus que ceux de Père. Il n’était pas un grand défenseur des Moldus, ça non, il voyait très bien le danger qu’ils pouvaient représenter, et le danger, le vrai, il le connaissait, il l’affrontait chaque jour. Mais sa vision à lui était bien moins méprisante que celle de Mère. Thomas, lui, avait toujours eu besoin qu’on lui montre les choses, qu’on les lui affirme pour ne jamais avoir à se faire son propre avis. Lui seul était ainsi, dans la fratrie des Sangblanc. Il avait confiance en sa mère, cette femme qui connaissait le monde. Pourquoi aurait-il remis en question sa sagesse ?

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

02 mai 2020, 22:50
 Glasgow  Tu n'as pourtant jamais été un idiot  solo 
Les yeux de Jacob s’étaient entrouverts. Ils papillonnèrent un moment, puis se froncèrent. Et puis, le buste de Jacob se souleva d’un bond, mais une grimace douloureuse le freina dans son élan.

« Un sortilège de stupéfixion en plein dans les côtes, ça peut laisser quelques douleurs. Ça passera. »

Jacob avait tourné la tête vers son frère, réinstallé dans son fauteuil. Il avait délaissé son verre de whisky au profit de sa baguette. Il ne se laisserait pas surprendre une fois de plus, Jacob lui avait prouvé qu’il n’était plus digne de confiance.

« C’est à peine si on remarque qu’une adolescente a utilisé mon lit pendant des mois, lança Jacob en observant les murs de sa chambre
- La seule condition pour que Carry utilise ta chambre, c’était de la laisser telle quelle.
- Ça c’est une petite Sang-Pur bien élevée. J’espère qu’elle a eu le droit à un petit biscuit en forme de tête de Moldu pour la féliciter. »

Un sourire passa rapidement sur les lèvres de Thomas. Jacob ne plaisantait pas, se moquait plutôt, provoquait son grand frère. Il ne réagirait pas.
Jacob pivota sur son séant pour s’asseoir contre la tête de son lit, son regard posé sur Thomas. Au moins n’essayait-il pas de s’échapper. Il n’irait pas bien loin, de toutes façons. La baie vitrée était fermée magiquement, et à moins d’avoir sa baguette pour l’ouvrir, elle resterait close. Jacob lança un regard vers la porte.

« C’est moi qui ai la clé. » annonça seulement Thomas. « Si tu veux t’échapper, j’espère que tu es meilleur avec tes poings qu’avec ta baguette. »

Jacob ne répondit pas, et se laissa aller contre sa tête de lit, ses yeux d’argent se reposant sur son frère. Il haussa une épaule, comme pour signifier qu’il se moquait de s’échapper. C’était sage de sa part.

« Tu as déjà prévenu Mère ? demanda Jacob en massant ses côtes endolories.
- Non, Mère a bien assez de choses à faire pour s’occuper de tes imbécilités.
- Mes imbécilités. Tu parles comme elle.
- Estime toi heureux que ce soit moi qui soit là devant toi, et pas elle.
- Je ne sais pas si m’estimer heureux soit la meilleure chose à faire. Je suis un résistant, désarmé, devant un Manteau Noir.
- Tu es un frère, devant ton frère. »

Jacob leva ses pouces, mima une piètre figure euphorique, avant de souffler bruyamment. Il jouait à l’idiot, cela agaçait Thomas qui souffla à son tour.

« La situation est grave, Jacob. Je crois que tu ne te rends pas bien compte. Je ne peux pas te laisser dans la nature, puisque tu es dangereux. Et je ne peux pas non plus te livrer à la Citadelle, car tu y passerais un mauvais quart d’heure. »

C’était un euphémisme, Jacob n’en sortirait peut-être pas les pieds devant mais il y avait fort à parier que son petit frère soit interrogé de façon musclée, avant d’être jeté en prison. Jacob s’était certes transformé en quelque chose qui ne lui ressemblait plus vraiment, mais il était hors de question que qui que ce soit lui fasse le moindre mal.

« - Alors tu vas rester ici, dans ta chambre, jusqu’à ce que je trouve une solution.
- Ça m’a tout l’air d’être une très mauvaise idée.
- Je n’en ai pas d’autre pour l’instant, il faudra t’en contenter.»

Étrangement, Jacob ne montrait aucun signe d’inconfort à l’idée de rester enfermé entre quatre murs pendant un temps incertain. Il haussa les épaules, tout au plus. Certes, sa chambre était spacieuse, bien plus que le serait une cellule... mais quand même, Thomas, lui, serait en colère d’être ainsi privé de sa liberté.
Pas Jacob. Il avait toujours été différent, surprenant en réalité, Thomas ne devait peut-être pas s’en inquiéter.

Sixième année RP - 741B47
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08 mai 2020, 21:06
 Glasgow  Tu n'as pourtant jamais été un idiot  solo 
N’ayant plus rien à dire à son frère, Thomas quitta son fauteuil. Cependant, une épineuse question restait en suspens : devait-il parler de cette histoire à sa fiancé ? Morrigan ne comprendrait certainement pas, mais elle finirait bien par apprendre que Jacob était retenu captif. Et que ce passerait-il alors ? Sa fiancé savait l’importance que la famille avait aux yeux de Thomas, alors serait-elle prête à comprendre pourquoi son résistant de beau-frère n’était pas encore derrière les barreaux ? Elle avait changé, était devenu plus froides, plus hostiles aux opposants qu’ils soient sorciers ou Moldus. Non... Morrigan ne comprendrait certainement pas.

« Vous ne m’attachez pas, monsieur le représentant de la loi ? »

Jacob tendait vers Thomas ses deux poignets, feignant la surprise. Un rictus d’agacement passa sur le visage de l’ainé qui se retenait de jeter Incarcerem sur son abruti de frère. Pourquoi fallait-il à tout prix qu’il joue avec ses nerfs ? Que cherchait-il à accomplir ?
Sans un regard supplémentaire pour Jacob, Thomas déverrouilla la porte d’un coup de clé et la quitta. De sa baguette, il lança successivement Collaporta et Passibilis sur la chambre de Jacob. Il ne risquait pas de s’en échapper.

Thomas resta là un moment, adossé à la porte sans dire le moindre mot, son regard braqué sur le mur au fond du couloir. Peut-être aurait-il dû écouter Jacob et s’en aller sans un regard en arrière pour son petit frère. Tout aurait été plus simple, certainement.
Mais Thomas ne pouvait pas se résoudre à abandonner son frère qui empruntait une dangereuse pente. Si il décidait d’affronter le Conseil des Sorciers, il n’en ressortirait pas vivant. Bien sûr, ses intentions étaient louables, il désirait sortir leur père de prison, mais cela n’arriverait pas. Si cela avait été possible, Mère aurait demandé à ce que Père soit libéré, après tout elle n’était pas n’importe qui. Après avoir travaillé au plus prêt de miss Parkinson, la voilà à présent membre de l’Assemblée des Vingt-Quatre. Renesmée Nerrah représentait la loi, et était donc la plus à même de faire libérer un prisonnier.
Mais était-ce seulement si simple ?

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08 mai 2020, 21:10
 Glasgow  Tu n'as pourtant jamais été un idiot  solo 
13 février 2045, 21h
Glasgow



•••


La porte avait claqué dans son dos. Ce n’était pas la colère qui l’avait rendu brusque, ni la peur. C’était l’incompréhension, une incompréhension si forte que Thomas en était déboussolé. Il se déplaça machinalement jusqu’au salon, ne prenant même pas la peine de retirer son chapeau, son uniforme ou ses chaussures, et se laissa retomber assis sur son canapé.
Aujourd’hui, le monde sorcier avait encore été un peu plus fragilisé par des sorciers aussi bêtes que dangereux. Le feu qui animait déjà les Moldus avait été attisé par des sorciers faisant usage de la magie pour s’en prendre à eux. Un Moldu avait été enlevé devant d’autres Moldus ce matin, et la Grande Bretagne toute entière était déjà au courant de cela, et avec eux ses habitants sorciers.

Son visage dans ses mains, Thomas se remémorait difficilement les images qu’il avait vu de ses yeux. Un sorcier à casquette, grand, large, barbu. Un sorcier qu’il avait reconnu au premier coup d’œil. Kenneth Bain, le meilleur ami de Père, l’oncle de cœur de la fratrie Sangblanc, le tuteur d’Alice. Tout s’était effondré autour de Thomas qui n’avait toujours pas réussi à digérer l’information. « C’est tout bonnement impossible » s’était-il répété de longues minutes. Il avait regardé ces images, encore et encore, voulant à tout prix innocenter Kenneth... en vain.

Ce soir, il avait quitté Godric’s Hollow et avait transplané jusqu’au quartier de Glasgow où résidait Kenneth. Il avait marché à grandes enjambées jusqu’à la maison de ce dernier, le cœur frappant toujours plus fort dans sa poitrine, priant pour que le vieil ours soit encore chez nous, que la surprise de voir Thomas frapper à sa porte chasse cette inquiétude qui le grignotait.
Thomas avait franchi le portail sans encombre, sans rencontrer le moindre sortilège. Il avait frappé à la porte une fois, deux fois, dix fois, et personne n’avait répondu. Alors, il était entré, et avait découvert une maison vidée de sa vie. Les photos au mur avaient disparues, les tiroirs avaient été vidés, les penderies dépouillées. Kenneth et sa Moldue avaient disparu.

Une colère froide s’était emparée de Thomas qui avait passé la maison au peigne fin, en quête d’un indice. Et il n’avait rien trouvé, pas même une lettre pour expliquer ses motivations, pas un mot pour cette petite fille qu’il laissait sans tuteur, sans maison. Thomas aurait volontiers passé Kenneth à tabac lui même pour lui faire payer cet abandon si il l’avait eu sous la main. Il ne se lancerait pas à sa recherche, ça non. Il avait déjà bien assez de problème à régler, et le cas d’Alice venait déjà de s’ajouter.

Il resta un moment, un long moment, assis dans un canapé, ses mains dans ses boucles blanches, le regard perdu. Comment allait-il annoncer à Alice que Kenneth était pourchassé par tous les Moldus du pays ? Où allait-elle bien pouvoir vivre ? Ici, c’était hors de question. Chez leur mère, il ne fallait pas y compter. Tante Élise ... il faudrait la recontacter, peut-être qu’elle pourrait s’occuper d’Alice. Thomas n’y croyait pas beaucoup, Élise avait certainement milles choses à faire. Elle aimait Alice, il n’en doutait pas, mais s’occuper d’une enfant, elle qui vivait une vie aussi... particulière. Non, ce n’était pas une solution.

Le jeune homme prit une grande inspiration et se releva. Il était temps d’avoir une nouvelle discussion avec son frère.
Après avoir déverrouillé la porte de la chambre, Thomas entra, sa baguette au flan. Jacob était assis à même le sol, la tête appuyée à la baie vitrée. Lorsque Thomas referma la porte, il se décida enfin à tourner sa tête vers lui. Il ne dit mot, se contenta de le suivre des yeux jusqu’à ce qu’il s’assied sur le fauteuil.
Ils restèrent un moment silencieux. Thomas ne savait quoi dire à son frère. Fallait-il lui raconter ce qui s’était passé, aujourd’hui ? Après tout, il s’agissait de son oncle à lui aussi. Par la barbe de Merlin, il faudrait aussi l’annoncer à Alice.

« Qu’est-ce qui te tourmente ? Morrigan a trouvé un parti plus intéressant que toi ? »

Une main passant sur son visage, Thomas jeta un regard à son frère.

« Kenneth a des problèmes » répondit Thomas que la moquerie avait rendu brusque. « Les Moldus du pays sont à sa recherche. »

Les yeux de Jacob se figèrent immédiatement, le garçon comprenant aussitôt la gravité des mots de Thomas. Un peu douloureusement, une main sur ses côtes, il pivota pour être face à son frère, son dos contre la vitre froide de la baie vitrée.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

Jacob ne voulait rien montrer de ses émotions, mais il en était incapable, le poids de l’inquiétude était bien trop lourd pour ses frêles épaules. Sa voix, son regard ferme le trahissaient, il n’y avait plus d’insouciance, ni d’indifférence. Il était sincère à présent.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
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09 mai 2020, 22:46
 Glasgow  Tu n'as pourtant jamais été un idiot  solo 
Le récit avait été court, il n’y avait finalement que peu de choses à dire sur la situation si ce n’était que Kenneth Bain avait fait une bêtise bien plus grosse que lui pour une raison qui échappait à beaucoup.

« - Ça ne peut pas être lui sur ces images, avait d’abord affirmé Jacob lorsque Thomas avait finit de parler. Jamais il n’aurait attaqué un moldu. Son père était moldu, et il est marié avec une moldue.
- Je sais, avait répondu le Manteau Noir d’un air las. »

Il savait tout cela, il avait passé de longues heures à chercher une explication au comportement de Kenneth, énumérant longuement toutes ces choses qui . Peut-être était-il devenu fou ? Peu probable, et puis l’action semblait préparée, du moins c’est ce que laissait suggérer les images qu’il avait vu aujourd’hui.

Jacob n’avait rien dit de plus. Ses ongles à ses lèvres, il les grignotait un peu, le regard vide. D’un rapide coup d’œil, Thomas constata que son autre main avait déjà subi les assauts de ses dents. Qu’est-ce qui avait angoissé Jacob, ces derniers temps ?

« - Alice vivait chez lui, elle va se retrouver sans foyer, prévint Thomas en se laissant aller dans le fauteuil.
- Elle restera à Poudlard pendant les vacances, et puis voilà.
- Et puis voilà ? »

Jacob jeta un regard agacé à Thomas, qui s’en trouva fort surprit. Qu’est-ce que c’était que cette manière de voir les choses ? Et puis voilà, il en avait de bonnes lui.

« - Vivre avec Kenneth et sa Moldue ce n’était peut-être pas le mieux du mieux, expliqua Thomas, mais elle avait au moins un semblant de cadre familial. Elle voyait des visages connus. Si elle reste à Poudlard, elle ne verra plus personne, et je ne pourrais pas lui rendre visite. La vieille Loewy ne me laisse pas la voir sans la présence d’un professeur.
- À Poudlard, au moins, elle est en sécurité.
- Non, elle n’est pas en sécurité. »

Il avait craché ces mots, alors que le visage mutilé de sa petite sœur lui revenait en mémoire. Il n’avait pas vu de ses yeux cette blessure, mais il l’avait imaginé dans ses nuits de sommeil troublé.
Étrangement, Jacob ne posa aucune question. Thomas s’était attendu à ce qu’il lui demande ce qui était arrivé à Poudlard, pourquoi il s’inquiétait pour la sécurité de sa sœur ... mais il n’eut rien. C’était étrange.

« J’ai vu sa blessure» dit Jacob comme si il y avait lu dans les pensées de son frère. « Brièvement, elle ne la montre pas vraiment. »

Les lèvres de Thomas n’eurent le temps de former un « comment » que Jacob ajouta :

« J’ai utilisé du Polynectar quelques fois pour prendre des nouvelles d’Alice par moi même, sous les traits de Kenneth. »

Du Polynectar. Voilà qui n’étonnait pas du tout Thomas. C’était bien le genre de son petit frère, ça. Tout dans la finesse.
Il aurait pu le sermonner, car voler l’identité d’autrui était un délit, quand bien même il s’agissait d’un ami de la famille, mais Thomas fut touché. Jacob avait conservé une certaine proximité avec sa sœur, même si elle ne le savait pas. Il ne le questionna pas non plus sur comment il avait pu trouver des cheveux de Kenneth, finalement cela importait peu.

Thomas inspira profondément.

« - J’informerai moi même Alice, dit-il. Pas tout de suite... j’attends de voir si...
- Si les Moldus le trouvent et le tue ? coupa Jacob.
- Oui.
- C’est plus prudent, en effet. Vous avez tendance à penser que les Moldus sont idiots, mais ce n’est pas le cas. »

Le Manteau Noir haussa une épaule, dubitatif. Ils n’étaient pas les êtres les plus intelligents à sa connaissance, ça non. Mais leur cruauté, leur goût de la destruction, les rendaient dangereux, et c’est de cela qu’il fallait se méfier. Ils étaient capable de retrouver Kenneth, car il y avait une vengeance à la clé. Une vengeance qu’ils pourraient rendre sanguinolente, comme les autres avant cela.

Avec difficulté, Jacob se releva, s’aidant de sa table de chevet. Thomas fit un pas pour l’aider... mais se ravisa. Il avait encore en travers de la gorge ces quelques fourberies. Et puis, il l’avait mérité, sa douleur. Néanmoins ...

« Je vais sortir » annonça Thomas en s’éloignant pour rejoindre la porte. Il l’a déverrouilla d’un coup de baguette. « Pendant quelques heures, certainement deux. Le temps d'atteindre mon pub préféré pour y boire une pinte. J'ai la tête ailleurs, je vais peut-être laisser la porte ouverte. Ne fais pas de bêtise, petit frère. »

Sur un sourire, comme un murmure, il ouvrit la porte et quitta la chambre de Jacob. Ce dernier regardait son aîné avec surprise, avec incompréhension. Et c'est de ce visage que Thomas se souviendrait, car ce fut la dernière chose qu'il verrait de son frère avant longtemps, il le savait.
Lentement, il se baissa pour déposer la baguette de son frère au sol. Jacob était peut-être devenu dangereux, mais il était hors de question que Thomas laisse son petit frère quitter sa vie sans défense. Il ne le pourchasserait plus, il ne tenterait plus de le chercher. A présent, il avait d'autres choses à s'occuper. Jacob était devenu un grand garçon, il avait décidé de mettre sa vie en danger pour sauver leur père. C'était voué à l'échec, le Conseil des Sorciers ne tomberait pas. Et si un jour son petit frère était en danger, attrapé par ces collègues, Thomas le saurait, et Thomas agirait en sa faveur, le forcerait à agir contre sa volonté pour le protéger. Libérer Jacob était une lourde décision, certainement pas la meilleure... mais le Manteau Noir se refusait à emprisonner un autre membre de sa famille.

Aujourd'hui, et pendant longtemps, sa priorité serait Alice. Elle était l'avenir de la famille, celle qui n'avait pas encore été rongée par la vengeance ou l'honneur. Thomas s’emploierait à ce que cela reste ainsi.

•••


Il revint à la maison comme il l’avait prévu, trois heures plus tard. Secrètement, Thomas espérait que son frère aurait fait le choix de rester, ne serait-ce que pour partager un moment tous les deux avant que chacun ne repartent dans son univers, l’un dans la cavale, l’autre dans sa tour à Godric’s Hollow.
Thomas accrocha son manteau cette fois, son chapeau également, retira ses chaussures et enfila ses chaussons. Il s'étira longuement en rejoignant le couloir, jetant un rapide coup d'oeil à chaque pièce pour y voir, ou non, une présence, comme celle de sa fiancé, comme celle de son frère. Il n'y avait personne. La baguette de Jacob, laissé devant la porte de sa chambre, avait disparu, et son cadet avec. Thomas s'accouda un moment dans l'entrée dans la pièce, observant tristement ce lit qui avait un peu accueilli son frère, son petit frère, son gentil petit frère, rongé par le feu de la vengeance. Il aurait aimé que les choses se passent différemment entre eux. Malheureusement, le monde leur avait prit beaucoup.

Le Manteau Noir avait passé presque une heure allongé sur le canapé du salon, le regard perdu dans la contemplation du plafond. Il avait prévu de lire un peu, en vain, son esprit trop préoccupé. Dormir lui ferait du bien, voilà presque une journée entière qu'il ne s'était pas reposé. Ses paupières lui étaient lourdes.
S'étirant de tout son long, son dos endolori par la fatigue, Thomas se déplaça jusqu'à la salle d'eau pour se débarbouiller un peu avant d'aller se coucher. Sa main vint pour se saisir de sa brosse à cheveux, mais elle ne saisit que le vide. Où était-elle ? Il n'avait pas la force de se lancer dans une chasse à la brosse aussi tard, il emprunterait celle de sa fiancée.
Celle de Morrigan avait disparu également.
Thomas se figea, une vague d'angoisse déferlant sur lui avec une violence peu commune.

« Et merde. »

FIN

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