Alba lisait un conte pour enfants moldus, tranquillement assise à l'angle d'une des grandes tables du pub, sirotant son jus de citrouille sans faire particulièrement attention au monde autour d'elle. C'était la fin des vacances et la jeune fille profitait de sa dernière journée de vacances en venant au Chaudron Baveur, seule, pour la première fois. Elle avait elle-même insisté auprès de ses parents pour y aller d'elle même, provoquant une énième frayeur à sa mère. Mais la petite ne cherchait pas de réponses négatives ou positives. Elle avait décidé qu'elle se débrouillerait seule et c'est ce qu'elle a fait. En réalité, pendant longtemps, elle avait envie de s'acheter une confiserie dans une pâtisserie moldue du coin. Ça faisait un moment qu'elle lorgnait les beaux bonhommes en pain d'épices qui trônaient en vitrine depuis la venue de l'hiver et l'approche de Noël.
Ils étaient magnifiques, leurs gommes à mâcher ressemblaient à des perles sucrés tandis que le glaçage blanc était aussi léger que des nuages, ils étaient craquant aux dents mais fondant sur la langue. Alba s'était déjà régalé d'un ou deux pendant son petit voyage solitaire jusqu'au pub mais rien que ce matin, elle en avait avalé quatre.

Le problème est qu'elle engloutissait bien vite ses biscuits et finalement, quand elle en prit un énième, elle se rendit compte qu'il n'en restait que deux dans le paquet. Elle se gronda intérieurement -razza di embecille- , maudissant sa gourmandise. Elle voulait ramener les biscuits à Poudlard pour les faire goûter à ses camarades de chambre. Elle avait encore du mal à se rapprocher des autres camarades de sa maison et s'était dit que des petits gâteaux l'aiderait sûrement à enfin se sociabiliser un peu.

Dégoûtée, elle rangea son livre dans son sac, l'envie de lire avait brusquement disparue, et regarda son paquet presque vide avec l'envie de jeter un sort pour en faire réapparaître une centaine. Malheureusement, magie interdite au Chaudron-Baveur. Alba s'enfouit la tête entre ses bras et pendant un moment, ne bougea plus, réfléchissant seulement à pleins de sujets diverses et sans intérêt pour oublier ses bonhommes en pâte à sucre.
Elle finit par regarder par la fenêtre puis les biscuits successivement et finalement resta le regard planté sur les bonhommes. Elle en attrapa un et fit semblant de le faire bouger dans ses mains. Elle aurait préféré les rendre vivants mais elle aurait le temps de le faire à Poudlard si elle réussit à les garder jusque là. Elle chercha alors dans son sac si il ne lui restait pas des sucres d'orges qu'elle avait aussi acheté dans la même pâtisserie, ayant craquée sur leur pâle couleur rose et discrètement, lança un petit sort pour coller deux des cannes aux mains des deux gâteaux. E

Elle entreprit un petit combat qu'elle pensait discret, ayant du mal à retenir des petits rires et ne remarqua pas qu'on la dévisageait, se demandant si tout allait bien dans sa tête. Elle ne leva le regard qu'une seule fois pendant son petit jeu immature complètement assumé. Et cette seule fois, elle vit des cheveux blonds et une cravate verte. Sa curiosité de gamine fut piquée au vif.

- Tiens, qu'est ce que fait le préfet de ma maison, ici?-

.

Durant ce week-end de Novembre, Wilson avait pu constaté que le temps automnal n'avait rien de reposant. Devenant de plus en plus maussade, le vent soufflant de plus en plus, le troisième année ne s'était pas résigner à rester chez lui. Il avait envie de faire un petit tour sur le chemin de traverse afin de refaire son stock en plume, encre et tout ce qui est nécessaire pour ses études à Poudlard. Il devait aussi voir pour se racheter une paire de bottes car la paire qu'il avait avec lui était vieille et abîmé. Avançant dans les rues de Londres, il chercha la porte caché du Chaudron. Elle était tellement étroite et serré qu'un moldu ne la verrait pas. D'ailleurs, il se souvient que lorsqu'il était plus jeune, il passait de temps en temps à cet endroit, lorsqu'il allait voir sa famille, et il n'avait jamais remarqué la porte avant que celle-ci lui soit clairement expliqué pour sa rentrée à Poudlard en première année.

Une fois la porte trouvé, Wilson passa la porte et entra dans le monde magique. Son monde. Il vit la vaisselle se faire toute seule, des sorciers avec leur baguette en main pour faire des choses un peu embêtante avec les mains. Il vit la patronne et le serveur qui travaillait dans l'endroit... une journée banale chez les sorciers. Wilson avança un peu, il vit une personne qui s’apprêtait à manger une baguette à la réglisse. L'enfant se rappela alors la grande différence entre les confiseries magique et moldus... cela n'avait rien à voir. Il songea aux patacitrouilles, au crapaud à la menthe, et surtout au chocogrenouilles... pourtant il venait de quitter Poudlard pour juste le temps d'un week-end en famille mais rejoindre le monde des moldus l'attristait toujours un petit peu car il n'y a pas de magie.

S'avançant dans le chaudron, il aperçut une fille qui jouait avec un pain d'épice. Au début, le troisième année ne voulait pas aller la voir mais il se souvient que cette fille était l'une de ses camarades de maison, et qu'elle était souvent seule en salle commune à Poudlard. Elle aussi avait du profiter du rare week-end pour retourner en famille. Wilson se dit qu'il ne perdrait rien à aller la voir. Il s'approcha alors de la table et la fille redressa la tête en entamant une discussion. Les choses tournait bien, ça convenait à Wilson. Il répondit donc sans hésitation :

« Salut, j'dois aller au chemin de traverse pour quelques achats, mais comme je t'ai vue, finalement j'irai plus tard dans la journée. Fin si je te dérange pas bien sûr... »

Le blondinet tira la chaise qui faisait face à la fille et s'installa. C'est alors qu'il se rendit compte qu'il ne connaissait pas son nom, ni même son prénom. Elle devait sans doute connaître son identité puisqu'il est préfet. Lorsqu'on porte un badge ainsi sur sa poitrine, on a la chance d'avoir son nom affichés en grand sur le panneau d'affichage de salle commune. N'étant pas très sur de lui, Wilson préféra ne pas demander. Il préféra orienté la discussion sur les biscuits.

« Ils ont l'air bons tes biscuits... » Se rendant compte de sa grossière erreur il se rattrapa : « J'veux pas les manger hein ! Mais je t'ai vu jouer avec de loin. » dit-il avec un petit sourire.

Au départ, Alba fut vraiment surprise de voir son préfet lui adresser la parole. Elle le regarda discuter sans rien dire et quand il s'installa et montra du doigt ses biscuits, elle eut un imperceptible geste de recul en tenant fermement ses gâteaux. Mais quand il assura qu'il n'avait pas envie de lui en piquer un. Alba se dérida aussitôt, affichant son habituel sourire poupin.

Elle tendit aussitôt l'un des bonhomme sucrés avec les yeux brillants.

Tu veux essayer? Tu verras, c'est drôle quand on se prête au jeu.

Une partie de sa tête regrettait déjà cette approche directe, comme d'habitude aussi mais elle laissa cela de coté et sourit de plus bel. C'est que le blond avait l'air aussi ouvert qu'elle et ça l'aidait beaucoup plus qu'il ne le penserait car depuis qu'elle était à poudlard, elle avait l'habitude de rencontrer des gens méfiant, voir trop et la manière très franche qu'avait la jeune fille bloquait plus qu'il ne rapprochait.
Puis elle se rendit compte qu'elle en oubliait les politesses. Elle n'avait même pas répondu à son bonjour. Étant un élève plus vieux qu'elle, elle avait un peu peur de sa réaction et se rattrapa, du mieux qu'elle pu.

Heu.. Si ça ne vous dérange pas, Mr. Kingson.


Bon, Alba restait Alba, il n'était pas bizarre pour elle de commencer à parler à quelqu'un en le tutoyant, puis d'un coup le vouvoyer, comme si il n'allait pas s'en rendre compte. À la place, elle se dit qu'au moins elle avait essayé.

Il y a des rencontres que l'on fait vraiment par hasard. A l'approche du mois de décembre et donc de noël en même temps, le temps devenait de plus en plus maussade, bon il y avait pas la neige encore, mais c'était pas loin. Voilà pourquoi la paire de bottes qu'il avait à acheter devenait urgente. Mais au lieu de quoi, il était assit à une table du chaudron baveur, sachant pertinemment que le temps avançait, que ce froid automnal s'en prenait aux gens des rues de plus en plus. La jeune fille semblait insouciante et n'ayant rien à craindre de ce froid qui allait arrivé. Elle était simplement là avec ses biscuits en bonhomme de pain d'épices. Wilson regretta de ne pas avoir prit ses crapauds au chocolat, cela aurait mit un animal dans ce décor gourmand. Ou bien une baguette à la réglisse pour faire des murs ou des barrières de maison. Si on pousse le truc, on peut même faire une crèche de Noël !

La jeune Serpentard tendit un bonhomme au blondinet qui le prit. Il était moelleux et prêt à être manger. Mais il n'avait pas faim et il avait dit qu'il ne les mangerait pas. Ce biscuit pourrait être une idée de dessert pour les fêtes de fin d'années. Un renne en pain d'épices, par exemple, cela pourrait être sympa. Wilson se dit qu'il en fera peut-être une farce en donnant à Joy une boite de renne en pain d'épices en guise de cadeaux de Noël sous un sapin remplit de guirlandes. Faudra qu'il soit prêt pour la veille de Noël même s'il sait pas encore ce qu'il l'attend.

C'est le moment pour Wilson de se décoincer, il fallait qu'il s'amuse avec elle. Il remua le petit bonhomme dans sa main en faisant des mouvements de poignées et en avançant vers celui que tenait la jeune fille dans la main. Il se sentait ridicule, mais qu'importe, il a envie de se détendre. La jeune fille se mit alors à vouvoyer le troisième année. Pourquoi ? Il ne sait pas mais il déteste qu'on le vouvoie ça fait genre il est vieux, il est adulte et tout alors qu'il est encore loin de l'être. Wilson releva la tête des biscuits pour regarder la fille et lui dit :

« Ne t'embêtes pas à me vouvoyer, j'suis un garçon comme tout les autres... »

Il tendit un sourire à la fille et se pencha de nouveau sur son biscuit. Il remua encore une fois le bonhomme en faisant des mouvements de poignées. Dommage que la magie est interdite en dehors de Poudlard, cela aurait été drôle de faire prendre vie les bonhomme de pain d'épices.

« Bijour toi, le bonhomme de pain d'épices, comment tu vas ? »

Il fit remuer la tête du bonhomme pour faire les mouvements du corps et ainsi le rendre « plus vivant ». Il se sentait vraiment idiot quand même...

La jeune fille était heureuse de le voir jouer le jeu et répondit au "Bijour" qui la faisait déjà à moitié rire, c'est qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il rentre aussi vite dans le délire de l'italienne. Elle rapprocha son bonhomme en gâteau et essaya de faire une poignée de main en collant le bras pâteux à celui de son camarade. Qu'est ce que c'était regrettable de ne pas pouvoir les faire vivre dans le Chaudron Baveur quand même. L'odeur des cuisines devenait plus prononcée et Alba avait déjà faillit se perdre dans ses souvenirs d'enfance avec la douce odeur de la viande rôti et la sensation des gros pulls en laine collant la peau.

Bonjour, bonjour, cher ami! Je suis en pleine forme, veux-tu tester de la luge sur les sucres d'orges?

Elle annula le sort de colle discrètement pour décoller les sucres d'orges des bras des biscuits, elle jeta un coup d'oeil à son camarade Serpentard en espérant qu'il n'ai pas remarqué. Ça n'avait pas l'air d'être le cas, elle glissa alors sa baguette dans sa poche à la vitesse de l'éclair et elle posa son pain d'épice, tête en dessus du crochet en sucre et attendit que le préfet fit de même.

Tu crois que tu pourrais lancer assez fort et l'envoyer...

Alba hésitait sur une trajectoire, elle voulait déjà envoyer son gâteau loin mais elle se dit qu'il fallait faire attention à ne pas se faire remarquer. Elle essaya tout d'abord de voir si elle devait encore jeter un sort de colle sur son pain d'épice sur le sucre d'orge, elle lança alors doucement celui-ci mais il tomba après seulement quelque centimètres de parcours. Bon, c'était minable mais marrant, elle ne renouvellerais pas le sort.

C'était le lancer le plus ridicule que j'ai fait de ma vie! -Elle rit aux éclats- Ne me juge pas trop M'sieur Kingson! Je viens juste de me rappeler de ton nom de famille! On essaye de faire atterir les deux dans ce pot de fleur?

La Serpentarde pointait du doigt une vieille plantation, d'on ne sait quelles fleurs, dont les pétales étaient déjà bien fanées et l'herbe jaunissante. Il se trouvait à la droite de la fenêtre face à leur table et il avait la cheminée principale à coté. Le champ de vision d'Alba était l'angle entre les fleurs et le mur de la cheminée, tandis que le point de vue de Kingson devait supposément être l'autre coté, donnant sur le bois cramant et la face du pot. Alba se leva et tira doucement la plantation en regardant de tout les cotés, afin de donner un peu plus de facilité à son camarade et entreprit de viser la première. Elle coinça fermement le gâteau et le bâton de sucre entre deux des doigts de sa main gauche, s'abaissa un peu à la hauteur du pot et lança d'un coup.

Elle avait eut de la chance, seule la jambe gauche du pain d'épice s'était détachée de celui-ci, ayant heurté le rebord du pot. Le crépitement des flammes avait camouflé le bruit du choc mais par sureté, Alba regarda quand même autour d'elle en retenant son sourire effronté.

À ton tour!

Wilson n’aurait jamais cru qu’en rentrant dans le chaudron baveur pour faire des achats hivernaux, il ne serait retrouvé à jouer comme un enfant en bas âge avec du pain d’épices. Et pourtant, à l’âge de treize ans, il se retrouvait assit à une table du pub pour sorciers, entouré de grande personnes buvant et discutant, à jouer avec des petits bonhommes de pain d’épices. Il n’avait même pas pris la peine de commander un verre aux serveurs du bistro magique. Vous vous rendez compte ? Wilson se demanda ce qu’il fichait là en écoutant la première année jouer avec le pain d’épices. La jeune fille fit bouger son bonhomme dans tous les sens, parlant à sa place. C’était drôle.

Le bonhomme se présenta et voulait tester la luge sur des sucres d’orges. Tentant comme idée. La première année fit une luge en bricolant les sucres de façon à ce que ça ressemble à une luge. Wilson attendit en la regardant avec attention. Cette fille était une petite savante qui sait apparemment créer pleins de chose. Wilson sait qu’il en aurait été incapable.

La fille se mit alors à lancer son gâteau, le faisant tomber au sol. Wilson la regarda faire mais resta de marbre sans bouger. Il était incertain de vouloir la suivre. Il avait tellement peur de se faire disputer par la patronne du chaudron s’ils les voyaient salir l’établissement. Et puis il ne voulait pas être réquisitionner pour faire le ménage non plus. Pas si l’idée vient de lui. Et voilà qu’elle se mit à viser un pot de fleurs qui décorait la pièce où les deux adolescents étaient. Wilson se retourna, Miss Jenkins était occupé avec un autre client, mais il se demandait vraiment ce qui allait se passer si elle voyait que les deux jeunes salissaient son intérieur. Wilson fit un mouvement de tête négatif quand la première année lui demanda de tirer.

« Désolé, nan ! J’veux pas m’attirer les foudres de la patronne. »

Wilson fit bouger son bonhomme de pain d’épices devant la fille, en prenant une voix aigüe affreuse :

« Moi, je m’appelle Sam, et le grand qui joue avec moi, c’est Wilson. Et toi comment t’appelles-tu ? »

Ne connaissant pas encore l’identité de la fille, Wilson s’amusa à poser cette question de la part de son pain d’épice. C’est la meilleure façon de savoir l’identité de quelqu’un sans véritablement lui demander. Le troisième année fit asseoir son pain d’épice sur la table du chaudron. Il regarda ensuite sa montre moldu, le temps avait bien passé, il allait devoir bientôt songer à partir.