La réaction face aux propos de Léo était attendue mais la surprise venait d'Irene qui avait immédiatement pris la défense de Cassiopée avant que cette dernière réagisse à son tour en finissant par pointer Léo et Christopher.
"-Vous deux, elle pointa les deux garçons, vous semblez étrangement Serpentard. La daltonienne, ici, c'est clairement pas moi.
-Hein? mais..."

Il fut interrompu par Léo qui s'engouffrait dans son agressivité, faisant preuve d'une grande stupidité en ricanant à l'idée que la verte puisse aimer les filles et que ses changements d'apparence y étaient liés. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire? En attendant tout ça Christopher passa de la méfiance à la compassion envers Cassiopée, mais c'est lorsque Léo commença à s'en prendre à Irene que s'en fut trop pour lui, non pas qu'il ait une quelconque affection pour elle ou qu'elle ait besoin d'aide, il ne la connaissait que très peu et semblait être capable de se défendre seuls. Mais il ne supportait pas l'attitude de Léo et encore moins le fait qu'il s'en prenne à une Serdaigle.

"-Hey calme toi pour qui tu te prends? Et laisse Irene en dehors de ça elle la défend pas, elle te trouve juste bête et elle a raison! Se retournant vers Cassiopée qui était à présent debout avec une tache de boue mouvante sur le torse. Désolé, on est pas tous comme lui! Je suis juste surpris de te voir avec une écharpe de notre maison. Qui est-ce qui te l'a donné?"

Une question qui l'intéressait particulièrement mais il espérait surtout apaiser l'ambiance générale, d'un combat de chat on était sur le point de tomber dans un combat de sorcier. Il n'en revenait pas de l'attitude de son camarade de maison, il ne le pensait pas comme ça.

Immédiatement après ses paroles, la Serpentard répondit d'une traite aux deux garçons. Irene fixait Léo, en colère. Elle le vit reprendre la parole. Elle entendit ses propos. Elle était presque choquée de la méchanceté du garçon. Comment pouvait-on être comme ça ? Et puis quel problème avec la coupe de cheveux ? C'était stupide comme attaque, il était donc acculé ? 
- C'est pour les garçons ça. Ou alors.... Ça veut dire que t'aimes les femmes ?
La petite rousse n'en croyait pas ses oreilles. Comment pouvait-on être aussi vieux-jeu, et pour des méchancetés en plus ? Cependant quelque chose l'intriguait, c'était donc si répandu les femmes aimant les femmes ? Pourquoi attaquer Cassiopée dessus, quand bien même c'était vrai, ça ne devait pas être honteux, si ? Olympe lui avait dit qu'elle aimait une fille, Irene avait découvert à ce moment là que cet amour était possible, pourtant, si cela lui avait fait bizarre, jamais elle n'aurait eu l'idée de se moquer de son amie. Au contraire, elle s'en voulait presque d'avoir ignoré cette possibilité. 

Si la fillette était déstabilisée, elle n'en était pas moins furieuse contre son "camarade". D'une colère froide, les yeux assassins, elle ne cillait pas. Le jeune brun tourna les yeux vers elle, accrochant son regard. Il essaya de l'attaquer de la même manière. Elle ne fit pas un mouvement montrant si les mots l'avait atteinte. Cependant, ses doigts se serraient autour de sa baguette. Non, jusqu'à présent elle n'aimait pas les femmes, mais surtout elle ne voyait pas le rapport avec l'écharpe. Elle allait répliquer avec acidité quand Christopher intervint. 

Irene jeta un coup d'oeil vers le jeune blond. Si. Si, elle défendait Cassiopée. Léo n'avait pas à dire des choses comme ça. Cependant, la petite Irlandaise ne pipa mot, tâchant de croiser les bras affichant un calme froid et défiant Léo du regard. Elle avait dit presque tout ce qu'elle avait à dire, la suite n'apporterait qu'un conflit bête et méchant. Mais elle ne s'empêcherait pas de reprendre Solem si jamais il se remettait à proférer des énormités et d'autres méchancetés. De toutes façons, vu leur état, une discussion pour avancer n'apporterait rien actuellement. La petite rousse se rangea donc à la stratégie de Christopher pour "calmer" le jeu. D'une oreille attentive, elle écoutait l'échange qui suivrait, cependant elle ne lâchait pas du regard le méchant, toujours défiante. S'il la poussait trop loin, elle savait se servir de sa baguette à présent. Elle pourrait toujours le faire taire en le faisant cracher des limaces, ce ne serait pas plus moche que ce qu'il sortait de sa bouche actuellement. 

Oh, elle savait parfaitement que c'était contraire au règlement, mais que faire d'autre quand aucun professeur ne se faufilait à l'horizon ? Et le garçon oserait-il la dénoncer après avoir proférés de telles méchancetés ? Elle en doutait fort. De toutes façons, bien sot serait celui qui la punirait sans rien dire à Léo. Pour elle, c'était légitime. 

Elle rougit encore plus qu'elle ne le croyait possible. Ce n'était pas le rougissement d'émotion ou de gêne lorsque Solenn lui faisait un compliment ou la regardait avec dans les yeux une lueur qui semblait dire "Tu es intéressante, tu as toute mon attention et je veux te dire combien tu comptes pour moi". Ce n'était pas ça, c'était plus une colère pure qui la bouffait toute entière. Seth crachait encore contre Solem quand elle se renferma. C'était la seule chose qu'elle savait faire dans ses cas là. Ses yeux se vidèrent encore et elle se cacha derrière le mur de glace. C'était comme retrouver un vieux pote, de ceux qui vous protègent de tout le mal qu'on peut vous faire. 

Loïk et Samuel lui avaient expliqué les choses pour lesquelles ils avaient dû se battre, de son adoption à simplement la façon dont ils voulaient s'aimer. Elle n'avait rien dit, avait baissé les yeux et avait écouté. Ils lui avaient expliqué les brimades dans la vie de Loïk mais avaient aussi parlé de la famille de Samuel qui avait accueilli la chose comme une normalité, qui n'avait rien fait de mal. Elle savait que les gens n'étaient pas tous comme ça, dure leçon qu'elle n'arrivait toujours pas à comprendre ni à s'en souvenir complètement. C'était dur d'oublier les années de souffrances et toutes les fois où elle s'était dit que les hommes étaient nazes, des enflures. Des gens plus haut qu'elle, bien plus haut que la poupée brisée qu'elle était. Les deux adultes avaient essayé de lui faire comprendre qu'elle avait le droit de vivre, qu'elle n'était pas une si mauvaise personne, que toutes les personnes n'étaient pas affreuses, que certaines méritaient d’être connue. Solem gâchait tout ça avec sa voix criarde. Comment les gens pouvaient-ils être si obtus ? C'était passé, l'époque où on tuait les gens pour leur orientation sexuelle, enfin, dans leur partie du monde en tout cas, quelques fous faisaient encore ça mais les gens étaient censés être plus tolérants maintenant, ça s'appelait l'évolution. Et l'évolution avait raté quelque chose pour Léo Solem, petit puceron, elle pourrait l'écraser sous sa chaussure. Pour qui se prenait-il ? Loïk lui avait dit, c'était pas normal les gens qui agressent ceux qui n'ont rien fait. Et là, c'était lui qui était venu la faire chier pour l'engueuler sur une histoire de couleur. Il n'avait aucune excuse pour être un tel abruti. 

-Veux-tu à ce point savoir si j'ai une "langue de vipère" ou es-tu seulement un tel abruti dans la vie réelle ? elle appuya le mot comme pour voir si l'autre se croyait dans un rêve. 

Elle se leva avec souplesse et caressa la tête de Seth qui se calma, arrêtant de cracher mais toujours posté en défense sur ses pattes arrières. 

-Tu ne parles pas d'elle, tu te tais sur ça et c'est tout. Tu n'as pas le droit de la dégueulasser avec ta bouche hideuse, Solenn est... elle avait envie de lui hurler à la face combien Solenn était formidable, combien elle comptait pour elle mais elle savait parfaitement que cela deviendrait une arme contre elle. Montrer ses sentiments aux gens comme ça n'était pas une bonne idée. Ne crache juste pas sur quelqu'un dont tu ne pourras jamais rêver atteindre la hauteur. Tu es un insecte, Solem. Perdu dans les clichés des quarante dernières années, quand vas-tu évoluer, grandir dans ta tête ?

Sa baguette chauffait sous sa chemise, cachée dans la poche cousue. Elle lui brûlait la peau, lui hurlant de la prendre, de jeter un sort à cet imbécile mais elle ne s'en empara pas. Cassiopée Malory n'était pas violente. Elle l'avait été une fois, mais le Serpentard lui avait suggéré de se jeter dans le lac. On ne plaisantait pas sur ces choses là. Solem était juste idiot, comme beaucoup. 

-Je ne sais pas qui doit avoir le plus honte. Tes parents, ou ta Maison ? Une chose est sûre, si j'étais chez les érudits, j'aurais honte de voir mes couleurs sur quelqu'un comme toi. 

L'explosion du garçon avait semblé calmer l'autre individu masculin qui se contenta de poser une question et de défendre sa camarade, comme s'il n'avait jamais été énervé ou, tout du moins, un peu brusque dans ses paroles. 

-Euphemia, Euphemia McDomhnaill. J'espère que vous n’êtes pas tous comme lui, je m'inquiéterais si cela était le cas. elle se tourna vers la fille. Irene. Merci, ne l'écoute pas, c'est facile. 

Léo avait dépassé les limites visiblement. Cassiopée semblait essayer de se contenir mais sa colère se faisait ressentir, elle était rouge et paraissait être sur le point d'exploser.

"-Je ne sais pas qui doit avoir le plus honte. Tes parents, ou ta Maison ? Une chose est sûre, si j'étais chez les érudits, j'aurais honte de voir mes couleurs sur quelqu'un comme toi. "

Comment ne pas être d'accord avec elle. Léo avait eu des propos vraiment débile et insultant. Serdaigle était réputée pour réunir les gens intelligents, il ne méritait pas d'en être. Cassiopée se retourna vers Irene.

"-Irene. Merci, ne l'écoute pas, c'est facile. "

Puis elle s'en alla avec son crapaud et son chat, sans accorder un regard à Christopher, sans un mot de plus. Il ne pouvait que la comprendre, à quoi bon rester pour entendre de tel propos. Heureusement Euphemia McDomhnaill avait apparemment donné une meilleure image de la maison bleue en lui donnant son écharpe.

Léo avait dû comprendre qu'il n'était pas forcément désiré à cet instant puisqu'il imita Cassiopée et s'en alla dans la direction opposée. *Quel abruti, il ne s'est même excusé auprès d'Irene et il part comme ça. Ça va pas s'arrêter là Léo!*. Il ne restait plus que Christopher et Irene ainsi que Pito qui jouait dans l'herbe dans l'insouciance de l'animal qui n'avait que faire des querelles d'humains.

"-Elle a raison. Ne l'écoute pas il est débile! C'est pas parce que tu la défends que tu l'aimes... Et puis même si c'est le cas, tu aimes qui tu veux... Le blond se mit à rougir, en voulant la rassurer il avait peur de paraître aussi bête que son camarade. Heu désolé ca ne me regarde pas.. Merci de m'avoir aidé à retrouver Pito, si seulement je ne lui avais pas marché sur la queue on aurait pas assisté à tout ça.

Fulminante, Irene laissa cependant sa camarade se défendre toute seule. Après tout si elle savait le faire d'elle même, pourquoi la petite rousse s'attirerait des ennuis ? Elle se contenta de dévisager Solem comme s'il s'agissait d'un cloporte. Encore un... Cassiopée prononça alors le prénom de la petite Irlandaise, qui, surprise, se tourna vers elle et planta son regard vert amande dans celui vert brillant de la Serpentard. 
-Merci, ne l'écoute pas, c'est facile.
Instinctivement Irene hocha la tête pour montrer qu'elle avait entendu. Elle regarda cependant la jeune fille s'éloigner, alors que les interrogations d'Irene faisaient le chemin inverse. Qu'est ce qui était facile ? De ne pas écouter ? D'essayer de blesser les gens ? Elle se secoua mentalement pour éloigner ces questions et darda son regard froid sur le Serdaigle aux cheveux sombres. Allait-il oser ajouter quelque chose ? 

Il sembla qu'il avait déversé tout le venin dont il était capable puisqu'il s'éloigna sans un mot, laissant Irene et Christopher debout dans la pelouse. Ce dernier tenta maladroitement de consoler Irene. La petite fille ne pu s'empêcher de sourire face à la démarche maladroite du jeune blond. Ca la touchait qu'il tente de la réconforter. Elle lui sourit, sans le regarder. Comme pour le remercier. Elle voulait ajouter quelque chose, mais ne savait pas quoi dire d'intelligent ou d'intéressant. Elle se contenta donc d'un : 
-Pas ta faute. 
Cependant elle laissa un petit silence s'installer, perdue dans ses pensées. Puis elle chercha le regard bleu du Serdaigle. Quand elle l'eut accroché, après un instant d'hésitation elle posa une question qui la turlupinait un peu :
-Pourquoi ? Mal d'aimer une fille ? 
Elle ajouta plus bas, dans un souffle presque inaudible, les yeux perdus vers le petit chat Pito : 
-_{D'abord, c'est quoi aimer ? Pis pourquoi ? Les amis c'mieux.} 
Et elle ? pouvait-elle aimer quelqu'un ? Non. Ce serait trahir Devon probablement. Et ça elle ne pouvait pas le faire une nouvelle fois. Déjà qu'elle l'avait abandonné pour Poudlard... Ses yeux s'embuèrent. Non, ce n'était pas le moment de penser à ça ! 

Avec plaisir Christopher aperçut un sourire apparaître sur le visage de la rouquine, elle n'avait pas mal interprété ses propos visiblement. Après avoir brièvement répondu, la tête toujours baissée elle finit par relever les yeux vers l'aiglon qui croisa son regard. Elle qui avait la tête vers le sol depuis un petit moment, elle le regardait maintenant droit dans les yeux. Il avait l'impression qu'elle avait quelque chose d'important à lui dire.

"-Pourquoi ? Mal d'aimer une fille ? "

Puis elle rebaissa la tête vers le chat du blond et sembla lui parler à voix basse avant même que Christopher ne puisse répondre.

"-_{D'abord, c'est quoi aimer ? Pis pourquoi ? Les amis c'mieux.} "

Hein? Non elle ne parlait pas au chat mais à elle-même visiblement. C'est quoi aimer? Christopher était bien incapable de répondre, il ne s'était lui-même jamais posé la question. Il aimait sa famille, sa sœur mais Irene ne parlait pas de ce genre de sentiment. Il fut pris dans la même réflexion qu'elle à ce moment.

"- Je pense qu'on le sait que quand ça nous arrive... Et c'est pas mal d'aimer une fille, on aime qui ont veut si on en a envie."

Il ne s'était jamais vraiment la question de ses sentiments, il avait fait des rencontres qui l'avaient troublé mais c'était rien de plus qu'un bouleversement dans ses habitudes. Rien de comparable à l'amour. Il était bien d'accord avec ce que disait sa camarade, les amis c'est mieux, c'est plus simple. On rigole, on s'amuse et on s'entraide sans se poser de questions.


"-Tu veux retourner au château? Ha moins que tu ne veuilles refaire une bataille de boules de neige haha!"

Il n'avait donc probablement jamais aimé quelqu'un vu qu'il faisait des suppositions. Cependant, elle ne savait pas pourquoi, les mot du jeune garçon rassurèrent Irene. Mais elle éloigna bien vite ces pensées de sa tête. Elle ne devait pas décevoir son frère un nouvelle fois ! Devon ! Il fallait qu'elle lui envoie les résultats de sa petite expérience d'ailleurs ! Mais ça ne se faisait pas d'abandonner quelqu'un en plein milieu d'une conversation. Ca, elle commençait à le comprendre. Et que dirait Ellen si elle voyait sa fille faire autant sa sauvage. Probablement rien, mais Irene pouvait imaginer l'éclair de déception traverser le regard bienveillant de sa mère. Elle eût de nouveau envie de pleurer. Mais qu'est ce qu'il lui arrivait en ce moment ?! 

La fillette s'accroupit pour se rapprocher du chat et le caresser un peu. Un peu de chaleur animale ne lui ferait pas de mal. Au même moment, Christopher proposa à la fillette de revenir vers le château, avant d'ajouter, hilare : 
-A moins que tu ne veuilles refaire une bataille de boules de neige haha !
Irene grimaça au souvenir gênant de cet après midi là. Elle passa sa main sur sa joue, celle qui avait reçu la première boule de neige. Un regard autour d'elle ne lui montra que de la neige sale et boueuse. Parfois légèrement fondue. Non, pas de quoi faire une vraie bataille... Cependant l'esprit espiègle de la la jeune aiglonne se réveilla. 

Prise d'une soudaine envie de chahuter, elle se leva et plaqua sa main sur le bras du jeune garçon. Le regard planté dans le sien, la petite fille dit alors simplement : 
-Chat ! 
Avant de s'éloigner en courant. Un doute la pris pourtant : ce jeu, elle y avait joué maintes fois avec ses amis moldus. Mais les sorciers le connaissaient-ils ? Elle jeta un regard en arrière, tout en riant, pour vérifier que Christopher la suivait. 

La phrase de Christopher n'avait pas eu l'effet amusant qu'il espérait. La jeune fille avait grimacé, il se souvenait pourtant l'avoir vu s'amuser avec la neige la dernière fois. En regardant autour de lui il constata que de toute façon la neige n'était plus trop présente et son idée n'était pas réalisable. Mais finalement la fillette se releva et prit le bras du blond. Surpris il la regarda droit dans les yeux avant qu'elle dise "Chat" et qu'elle décide de s'enfuir en riant.

Chat? Elle voulait jouer à ça en fait. Après tout pourquoi pas, cela faisait longtemps qu'il y avait joué, la dernière fois remontait à trois ou quatre ans avec Sara sa petite sœur, elle qui était très taquine adorait passer derrière son grand frère et le touchait dans le dos avant de s'enfuir et de crier une fois à bonne distance qu'il était le chat. S'ensuivait des courses poursuites dans toute la maison, mais il finissait toujours par la laisser gagner. Au souvenir de cette époque Christopher eut un sourire et s’élança vers la rouquine. Les deux Serdaigle jouèrent ainsi quelque temps comme des enfants... Mais après tout, des enfants, à12 ans, encore naïfs sur les sentiments, encore amusés par le simple fait de se courir l'un après l'autre dans un parc, c'est ce qu'ils étaient ni plus ni moins. Ils auraient tout le temps de répondre à la question de ce qu'était l'amour plus tard, quand ils seront grands...