Cette quatrième année à Poudlard avait un parfum particulier pour Jeffrey. Il s'agissait bien sûr de l'année charnière car à la fin de celle-ci il approcherait lentement mais sûrement des BUSE puis de la fin progressive de son cursus à l'école de sorcellerie. Le temps avait filé à toute vitesse et il était certain que cette année encore il n'aurait pas le temps de s'ennuyer. En tout cas la distribution des emplois du temps ce matin même ne laissait guère de place aux espoirs d'oisiveté. Pour autant, le calendrier avait pour une fois été clément avec les jeunes apprentis sorciers puisqu'après leur arrivée et le banquet, un week-end s'offrait immédiatement à eux. Le calme avant la tempête en quelque sorte.

Bien qu'il ait désormais arrêté le Quidditch, Jeffrey ne pensait pas trop avoir de temps libre cette année. Les cours et les devoirs prendraient bien entendu la majeure partie de son temps. Mais l'ancien joueur des Hel's avait d'autres projets importants à mener, à commencer par sa future orientation professionnelle qu'il voulait prendre. Il avait hâte d'avoir une conversation avec Miss Almeida et de continuer à assister Hagrid les week-end si la proposition tenait toujours. Et puis il y avait aussi ce projet top secret avec son ami Chems... Sans compter les autres passe-temps auxquels l'anglais aimait beaucoup s'adonner entre les Bavboules, les Comics, le vol sur balai...

Mais quelque part Jeffrey espérait en fait ne pas disposer d'autant de temps pour ses loisirs cette année. Le grand brun espérait surtout partager une bonne partie de son temps libre en compagnie de sa petite amie Ennis. Les deux adolescents ne s'étaient pas vus de tout l'été mais avaient correspondu plutôt régulièrement. Cependant depuis leur retour à Poudlard ils n'avaient pu se retrouver tous les deux. La Gryffondor étant Préfète, elle avait du voyager en compagnie de ses collègues - dont Maddie - et n'avait vraisemblablement pas eu beaucoup de temps pour elle, et par extension pour lui.

La clandestinité de leur relation ajoutait de nombreuses contraintes et réduisait fortement les possibilités de se voir. Pendant les vacances l'anglais avait bien réfléchi et il ne voulait plus se cacher. Il connaissait les réticences de la Gryffondor et ne voulait pas la braquer. Mais d'un autre côté il ne comptait plus se cacher. D'autant plus que la veille Jeffrey avait enfin tout avoué à Maddie et qu'il n'appréhendait plus autant sa réaction. L'anglais avait dans la foulée décidé d'envoyer un hibou à Ennis pour l'inviter à venir prendre un gouter dans le Parc le dimanche. Bien sûr elle comprendrait que cela impliquerait à officialiser aux yeux de tous leur relation. Aussi Jeffrey avait écrit d'un ton détaché, signifiant qu'il se trouverait au parc pour un pique-nique vers 16h et que ce serait super si elle venait pour se raconter leurs vacances. Il avait laissé une porte de sortie et calant un rendez-vous clandestin plus tard dans la journée mais il espérait qu'il ne serait pas nécessaire...

Ainsi Jeffrey était allé aux cuisines, pour la première fois, pour demander l'aide des elfes de maison. Une fois sa collation de fortune préparée, le Poufsouffle avait disposé une nappe dans l'herbe, en bordure de l'ombre projetée par l'arbre géant. Il n'avait pas encore déballé le contenu de son sac et après avoir contemplé un certain temps les autres élèves, Jeffrey commençait à douter de la venue d'Ennis.

Assise sur son lit, Ennis relisait la lettre de Jeffrey, celle qui l'invitait pour prendre une collation dans un petit quart d'heure dans le parc. Celle qui impliquait également que ce rendez vous mettrait au jour sa relation avec l'adolescent. Et elle hésitait. Elle ne savait pas quoi faire. Si elle avait mis Clément au courant la veille quand elle avait reçu la missive, elle ne se voyait pas parler de son hésitation avec lui. C'était... trop étrange d'aborder un tel sujet avec son meilleur ami. Elle ne voulait pas étaler ses états d'âme. Ce n'était pas dans ses habitudes, pas son genre, pas son éducation. Elle était donc seul avec ses doutes. Devait elle y aller ou pas. Ou plutôt devait elle accepter de ne plus se cacher. Pas qu'elle n'aimait pas le jeune homme, c'était plutôt qu'elle avait peur. Pas pour le Quidditch. Autant en mai dernier il y avait le match qui approchait, autant maintenant l'excuse ne fonctionnait plus. Et puis ce n'était pas la première fois que deux joueurs de maisons différentes sortaient ensemble.

Que voulait elle vraiment? Si elle était honnête avec elle même, l'irlandaise voulait pouvoir passer du temps avec son meilleur ami et son petit ami tout en continuant ses autres activités. Mais pour réussir à faire tout cela, il fallait qu'elle qurmontz cette peur. Ce n'était pas évident de s'avouer qu'elle craignait tant la réaction de ses parents. Elle était terrorisé à l'idée qu'un élève de Pouflard en parle a ses parents qui transmettraient l'information aux siens. Elle passa une main dans ses cheveux. Quels étaient les risques effectifs? Terminer de glacer sa relation avec sa mère? Elles étaient déjà locataires du continent antarctique de toute façon. La colère de son père? Il était plus pragmatique. Des réprimandes, des insultes peut-être... Une beuglante certainement. Sa mâchoire se serra à l'instar de ses paupières. Elle expira un bon coup et se leva pour prendre la direction de son armoire. Elle en sortit de quoi se coiffer un peu mieux et une robe parme. Sa ceinture violette et une robe de sorcière de la même teinte. Elle n'aimait pas rester en uniforme le week-end.


Le temps de se décider de se préparer, elle était en retard pour l'heure que lui avait fixé Jeffrey. Elle n'aimait pas être en retard. C'était un manque de respect. Mais elle n'allait pas non plus courrir. Alors l'adolescente, qui commençait doucement mais sûrement à ressembler à une jeune femme malgré son tout juste mètre cinquante-cinq, avait allongé le pas. Sa robe à col carré et bretelles larges était relativement près du corps, mettant en valeur sa silhouette en transformation mais toujours musclée par le sport sur balai. Et sa robe de sorcière à manches trois quart volait dans son dos au rythme de ses pas.


Finalement elle ne serait pas tant en retard que ce qu'elle avait crain. Il ne lui restait que quelques mètres à parcourir et voyait déjà son petit copain debout pres d'une nappe sous le grand arbre. Elle ralentit le pas alors qu'une boule d'inquiétude se formait dans sa gorge. Il n'y avait pourtant pas grand monde autour pour les voir. Mais quand même. Elle s'arrêta à moins de trois mètres et jetta un coup d'œil circulaire. Elle posa finalement ses prunelles sur l'anglais qui observait autour de lui mais pas encore dans sa direction. Il lui fallut une dose de courage énorme pour s'approcher. Elle avait l'impression que tous les regardaient et parlaient dans son dos.

- "Je ne suis pas trop en retard?" Réussit-elle finalement à prononcer d'une voix plutôt posée et calme compte tenu de ses questions et craintes du moment.

Pour passer le temps et éviter de trop cogiter Jeffrey commença alors à déballer le contenu de son sac sur la nappe. Soda, jus de citrouilles, gâteaux et friandises... L'essentiel était bien sûr de passer un moment avec sa petite amie mais en bon Poufsouffle le grand brun n'en oubliait pas pour autant son estomac. Ce dernier commençait d'ailleurs à se tordre quelque peu mais ce n'était nullement la faim qui en était responsable. Il avait peur qu'Ennis refuse l'invitation et de ce que cela pourrait bien vouloir dire. Et puis il fallait bien admettre qu'il aurait eu l'air parfaitement idiot assis là, en plein milieu du Parc, avec sa petite nappe de pique-nique.

Pour l'occasion Jeffrey avait soigné son look, soucieux de plaire à la Gryffondor. Il trouvait qu'elle avait de l'allure en toutes circonstances, que ce soit dans une tenue de Quidditch, dans son uniforme pour les cours ou bien habillée dans une tenue normale. Quelque part le garçon avait un peu l'impression de ne pas être au niveau, lui qui aimait porter des pulls à capuche, des t-shirts des Wizz'Hards, de Batman ou de ses équipes de Quidditch préférées... Mais pour Ennis il avait voulu montrer un look plus soigné. Alors certes, bien que coiffés, ses cheveux resteraient éternellement en bataille. Mais pour le reste Jeffrey avait opté pour des sneakers blanches, un bermuda en jean délavé et une chemise blanche également. Le naturel reprenant le dessus, il n'avait pas pu s'empêcher de retrousser les manches jusqu'au coude et de déboutonner le haut de celle-ci. La transformation ne s'arrêtait pas là puisque le Poufsouffle avait encore grandit mais cette fois-ci il s'était davantage épaissi. Il était certes toujours d'allure élancé mais n'avait pas lésiné sur le sport cet été encore, laissant entrevoir les timides fondations d'une musculature.

Malgré tout cela Jeffrey avait peur d'avoir été ghosté par sa petite amie mais au moment où l'inquiétude reprenait le dessus le Poufsouffle fut soulagé d'entendre sa voix sur sa gauche. L'anglais sourit en se retournant et marqua un léger temps d'arrêt. Décidément il avait drôlement bien fait de soigner son look car Ennis était vraiment ravissante dans sa robe parme. Sa silhouette fine, accentuée et soulignée par sa ceinture laissa le Poufsouffle sans réponse l'espace de quelques secondes.

« Salut ! Non non t'inquiètes pas. » dit Jeffrey en reprenant vite contenance et en invitant la Gryffondor à s'installer avec lui sur la nappe.

Il se doutait qu'Ennis stressait à l'idée de s'afficher devant d'autres élèves et le quatrième année était lui aussi un peu gêné de retrouver cette sensation. Alors il valait mieux être assis pour se faire oublier. Le Poufsouffle jeta un regard autour de lui et mis à part un trio de filles, personne ne les regarda bien longtemps. L'anglais voulait embrasser Ennis car elle lui plaisait beaucoup et qu'elle lui avait manqué cet été mais il sentait encore le regard des autres élèves sur eux et ne voulait pas mettre mal à l'aise la Gryffondor, de peur de la voir s'enfuir en courant.

« Ta robe te va bien, t'es très jolie. » dit Jeffrey dans un sourire, incapable de se retenir plus longtemps d'avoir une gentille attention envers la Préfète.

Laissant la Gryffondor s'installer, Jeffrey agença le contenu du pique-nique et commença à déballer les différentes affaires pour inciter sa petite amie à se servir. Ce faisant Jeffrey souriait légèrement, content de ces retrouvailles. Il savait quel effort cela avait représenté pour Ennis et qu'ainsi il semblait bel et bien compter à ses yeux.

Tout juste eut elle finit de parler que Jeffrey se tourna vers elle. Il resta muet un instant, instant que la jeune fille mit à profit pour l'observer. Elle était prête à parier son fidèle comète qu'il avait grandit pendant l'été - contrairement à elle qui semblait ne pas être destinée à prendre plus d'un centimètre à la fois. Mais là n'était pas son seul constat. Il portait lui aussi une tenue adaptée aux températures estivales. Elle ne pouvait dire le nom exact de toutes les pièces puisqu'elle ne les connaissait tout bonnement pas. Mais elle aimait beaucoup. Cela faisait bien moins guindé que ce que sa mère avait autorisé ses frères à porter. Frères qui avaient donc gardé l'habitude de mettre des pantalons même en été, en toile, légers mais des pantalons quand même. Moins stricte qu'elle aussi peut-être. Elle avait déjà vu les tenues que les autres filles pouvaient porter et elle étaient aux antipodes.

Ennis sourit quand le brun lui assura qu'elle n'était pas en retard et qu'il linvitait à s'asseoir. Cetaot encore timide et un peu crispé mais elle s'installa avec plaisir. Elle se mit d'abord à genou puis bascula son bassin de manière à ce que ses deux jambes soient du même côté. Avec une robe cela restait quand même plus sécuritaire. Le garçon avait tout prévu, la nappe, la collation, un emplacement très agréable. Elle sen voulait d'avoir pour à ce point de la réaction des autres. Autres qui n'étaient representes que par un trio de filles un peu plus loin. Elle ne pouvait plus les voir et son esprits sembla les occulter totalement devant le compliment de son petit ami.

- "Merci. J'aime aussi beaucoup ce que tu as choisi." Le sourire du Poufsouffle était communicatif et la préfète pourtant généralement dans la retenue se laissa aller. Plus de monde extérieur, juste eux deux. Elle laissa le sentiment amoureux et le bien-être prendre leurs places sans se poser de questions. Ce qui était certainement préférable. Assis l'un à côté de l'autre, il avaient gardé une certaines distance en prenant place et, sans vraiment en avoir conscience, la châtain se déplaça quelque peut pour qu'ils soient plus proches. Cela l'obligea à relever légèrement la tête pour pouvoir regarder Jeffrey dans les yeux. Ces deux mouvements tout simple- se rapprocher et chercher son regard - eurent un effet attractif sur Ennis qui sans y réfléchir approcha son visage de celui du garçon. L'amour- et ses hormones certainement - la poussèrent à déposer sagement ses lèvres sur leurs complices.

Loin de son éducation qui dictait que les jeunes filles ne faisaient pas le premier pas, loin de son éducation qui lui interdisait plus ou moins d'avoir un petit-ami. Loin de tout ce qu'on lui avait appris, elle se laissait aller à l'audace. Elle appréciait la torsion de son estomac autant que l'effet grisant de ce baiser pourtant si chaste. Le resterait-il? Elle n'en savait rien, elle n'en avait cure. Peut-être bien qu'inconsciemment elle avait bien envie qu'il évolue vers un baiser florentin.

Jeffrey laissa Ennis s'installer à ses côtés sur la nappe de pique-nique tandis qu'il continuait de s'affairer avec les différents aliments. Sa petite amie complimenta le choix de sa tenue et Jeffrey sentit immédiatement que c'était avec sincérité, ce qui mit plus à l'aise le Poufsouffle. Ce sentiment était visiblement partagé par la Gryffondor qui se rapprocha sensiblement de lui et le regarda dans les yeux. Le Poufsouffle était troublé par la proximité de la belle irlandaise et il la laissa bien volontiers s'approcher encore pour qu'elle dépose ses lèvres sur les siennes.

Un sentiment de bien-être s'invita aussitôt dans l'esprit du garçon, chassant toute autre considération de son esprit. Le quatrième année accueillit le contact chaleureux et réconfortant des lèvres de la jeune fille par une infime accentuation du baiser l'espace d'une seconde. Depuis des semaines il s'était imaginé des milliers de fois la scène des retrouvailles. Parfois il l'appréhendait et d'autres fois il avait imaginé tout ce qu'il pourrait lui dire, confiant ses craintes mais surtout ses espoirs pour la suite. Ennis lui avait manqué grandement cet été et il souhaitait que la belle irlandaise le ressente en cet instant. Mais aucun mot ne saurait décrire ce sentiment qui l'habitait aussi précisément que ce qu'il ressentait en l'embrassant.

Alors le garçon laissa pour une fois parler son instinct et s'efforça d'arrêter de cogiter. Au lieu de s'écarter de sa petite amie, le jeune anglais accentua plutôt son baiser en entrouvrant sa bouche pour inviter sa petite amie à en faire de même. Il gouta avec plaisir à cette nouvelle expérience et laissa son instinct continuer sur cette voie. Jeffrey posa délicatement une main sur le visage d'Ennis et elle poursuivit son chemin jusqu'à la chevelure de la Gryffondor. L'adolescent savoura le moment avant de s'écarter lentement de sa petite amie, un sourire aux lèvres.

« Ça valait le coup d'attendre tout l'été. Tu m'as manqué. » dit Jeffrey avec sérénité en caressant la main droite d'Ennis.

Par dessus l'épaule de la Gryffondor il aperçut le trio d'élèves qui les observait en gloussant. Visiblement l'information ne tarderait pas à circuler dans les couloirs de l'école mais le jeune anglais s'en fichait pas mal. Au contraire même, il se sentait si bien en cet instant qu'il avait envie que ça se sache. D'autant plus que depuis hier Maddie était au courant et il ne courait à priori plus le risque de la blesser. Mais le Poufsouffle préféra ne pas attirer l'attention de l'irlandaise sur le trio, de peur qu'elle ne se renferme ou ne se mette à stresser. Il préféra alors changer de sujet.

« En parlant de cet été tu m'as donné quelques indices dans tes lettres mais ça m'intéresserait d'avoir plus de détails. Tu as fait quoi de beau ? » demanda le quatrième année.

La jeune irlandaise se laissa complètement porter par ce baiser. Les yeux mi-clos, elle se concentrait sur ses sensations. Ou plutôt elle leur laissait pleinement leur place. C'était si rare chez elle que cela était particulièrement grisant. Grisant au point, d'oser accentuer le baiser comme le lui proposait Jeffrey par le mouvement de ses lèvres. Celles de l'adolescente suivirent la danse. Une découverte agréable. Une expérience savoureuse. Cela lui semblait si naturel. Et puis le contact de la paume du jeune homme sur sa joue. Elle était chaude, douce. Elle poursuivit son chemin dans sa nuque et ses cheveux. Elle qui aimait peu les contacts physique n'était pas gênée, cela lui était même plaisant de sentir la pulpe des doigts de l'anglais caressée son cuir chevelu. Une drôle de sensation se diffusa dans son corps. Elle avait chaud d'un seul coup. Et, quand Jeffrey écarta doucement son visage du sien, elle avait les joues rougies par ces nouvelles émotions, les yeux pétillants et un sourire certainement un peu béat puisque ses lèvres étaient entrouvertes.

La remarque du garçon la gêna quelque peu. Elle ne perdit pas son sourire mais dans des mouvements synchrones elle baissa la tête de quelques millimètres ses incisives supérieures virent frôler sa lèvres inférieure. Elle redressa ensuite son visage pour offrir un sourire au garçon. Elle ne savait pas quoi dire si peu habiuee qu'elle était à verbaliser ses émotions. Elle entendit les gloussements derrière elle. Elle se retourna de trois quart pour voir trois visages plusieurs mètres plus loin. Quand le trio comprit qu'il avait été repéré, il y eut comme un temps d'arrêt avant qu'il ne parte d'un pas rapide.

Le cerveau de la Gryffondor eut bien de la peine à analyser l'information, ses conséquences potentielles puis à savoir quoi en faire. Le bien être consécutif au baiser échangé ainsi qu'au contact entre leurs mains, fit qu'elle se contenta de laisser échapper un léger soupir résigné avant de se retourner vers Jeffrey. Il venait de lui poser une question sur son été. Cela lui permit de se recentrer sur le moment présent même si dans un coin de sa tête elle sentait la crainte s'installer.

- "J'ai pu passer deux semaines avec mes frères dans l'appartement qu'ils partagent à Dublin. C'était... c'était reposant. Même si on travaillait tous un peu on s'est baladé dans le quartier sorcier. Je n'y étais jamais allée. C'est la bas que j'ai trouvé cette robe de sorcière." C'est vrai qu'elle y avait découvert de nombreuses boutiques. Et pas que de vêtements. Un bon libraire qui n'avait rien envier à Fleury & Bott, un vendeur de matériel d'écriture aussi ainsi qu'un magasin de balai de courses.

- "J'y suis restée quinze jours avant de retourner chez mes parents." Là ça avait été moins drôle. Surtout qu'elle était maintenant la seule de la fratrie à habiter avec Cathleen et Briac. Quoique son père, régulièrement par monts et par vaux, n'était pas celui avec qui c'était le plus dur. Mais elle ne voulait pas s'étendre sur ce sujet là.

- "Puis je les ai retrouvés pour le match. Et toi? Ce que tu m'as écrit me laisse penser que c'était plus intéressant de ton côté!" Comme souvent lirlandaise allait vivre des vacances par procuration puisqu'elle ne partait pas avec sa famille.

Bien que le soupir d'Ennis ne soit pas passé inaperçu auprès de son petit ami, Jeffrey fut rassuré de voir que l'irlandaise n'était pas mal à l'aise. Bien au contraire. Le baiser qu'ils venaient d'échanger donnait envie à l'anglais de recommencer mais il s'efforça de réprimer son envie pour consacrer son attention pleine et entière sur le récit de vacances de la Gryffondor. Bien sûr il savait quelques petites choses mais il était avide d'en apprendre plus sur elle. Leur relation avait débuté clandestinement et puis la fin d'année scolaire était arrivée bien trop vite. Dès lors le Poufsouffle avait constaté pendant l'été qu'ils ne se connaissaient pas tellement et il avait trouvé délicat d'être trop intrusif lors des rares courriers échangés.

Ainsi Ennis était allé rejoindre ses frères. Il en avait entendu parler brièvement mais ne connaissait pas grand chose sur eux. Jeffrey fut intrigué quand sa petite amie parla de travail mais il fut surtout surpris d'apprendre que des vacances avec des grands-frères puissent être reposantes. L'évocation de la suite des vacances chez ses parents fut en revanche encore plus rapide qu'un vif d'or coursé par deux attrapeurs... Se pouvait-il que l'irlandaise soit gênée de ne pas être partie en vacances ? Ou bien l'ambiance à la maison n'était-elle pas au beau fixe ? Le Poufsouffle se doutait que les O'Belt pouvaient être stricts, vu l'excellente éducation de sa petite amie mais aussi la façon dont elle semblait craindre leur réaction. Il préféra cependant ne pas trop pousser l'investigation, ne voulant pas braquer Ennis. Elle en parlerait d'elle-même quand elle le voudrait. L'anglais ne comprenait que trop bien ce sentiment car il n'aurait pas apprécié qu'on le harcèle au sujet des problèmes avec son père. Il préféra alors rebondir sur autre chose.

« Ça doit être sympa Dublin. J'y suis jamais allé je t'avoue. Il y avait quoi comme boutique sympa ou originale ? T'as fait d'autres achats ? »

Ce faisant Jeffrey déplaça les cookies plus prêt d'Ennis afin qu'elle se serve si l'envie lui en prenait. Incapable de résister, il céda en tout cas à la tentation en mordant dans l'un d'entre eux avant de répondre à la question de sa petite copine, sans omettre de parler Quidditch d'abord. On ne se refaisait pas.

« C'est vrai que c'était sympa le match entre Flaquemare et Appleby. Un peu court à mon goût mais cette O'Sullivan elle est prometteuse. » dit Jeffrey avant de poursuivre sur son programme de vacances. « Pour mes vacances tu sais je n'ai rien fait de si extraordinaire. En tout cas en comparaison des précédentes où j'étais allé à la Coupe du Monde de Quidditch. J'ai passé beaucoup de temps à Nottingham avec ma maman, ma mamie et Olydia. J'en ai profité pour faire beaucoup de sport. Nage, basket, course à pied... Ça me permet de me défouler. Et sinon je suis allé trois semaines à Londres chez mon oncle Andrew et j'ai vu le match donc. Je suis allé à son salon de tatouages, il m'a emmené à un concert en plein air, j'ai trainé sur le Chemin de Traverse... 'fin voilà quoi. »

Ennis devait s'attendre à un programme plus intéressant d'après ses dires et cela fit rougir légèrement le quatrième année. Le Poufsouffle préféra alors enchaîner.

« Et puis sinon j'ai pris ma décision : j'arrête le Quidditch. Ça m'embêtait de te rafler les trophées sous l'nez tu comprends ? » dit Jeffrey, pas sérieux pour une Noise, mais taquin à souhait. Il en profita pour donner un très léger coup d'épaule, prétexte tout trouver pour rétablir un contact physique avec sa petite amie. Ah ces hormones !

L'anglais avait eu le chic de ne pas insister à propos de ses parents, une vraie qualité à son sens que de ne pas forcer pour qu'elle en dise plus. Il lui faudrait certainement du temps pour qu'elle ait suffisamment confiance. C'était déjà ce qui c'était passé avec son meilleur ami et, même avec lui, elle restait pudique sur le sujet. Elle était d'ailleurs en passe de se résigner tout à fait à faire ce qu'on attendait d'elle. Enfin presque, d'où ses difficultés à se montrer avec un petit ami qui... Elle devrait lui en parler un jour, mais pas tout de suite. Et puis ses parents ne savent rien de lui pour l'instant. Pas la peine de mettre le carosse avant les abraxans.

- "Dublin... Cela m'a paru moins dense, plus respirable, que Londres où Diarmuid habitait l'année passée. Mais nous sommes restés dans les zones sorcières, en ce moment..." Elle hésitait a poursuivre. Jeffrey avait après tout une mère moldue. Elle travaillait avec les animaux si elle se souvenait bien. "Diarmuid est très inquiet de ce qu'il s'est passé entre sorciers et moldus. Moi aussi d'ailleurs." Elle espérait que cette opinion ne serait pas mal prise. Mais cela l'inquiétait beaucoup plus qu'elle ne l'exprimer en réalité. Seule son éducation l'empêchait d'avoir le visage marqué et lui permettait de maîtriser sa voix. Aller dans le monde moldu lui paraissait insurmontable et elle avait même prévu d'aller en discuter avec le professeur d'étude des moldus.

- "Mais, ça va bien finir par s'arranger un jour." Dit-elle avant de repartir sur quelque chose de plus léger, "Les boutiques. Il y a de tout. On a vu un vendeur spécialisé dans les chaudrons. Uniquement des chaudrons. De toutes les tailles, matières et formes. Assez bizarre." Elle laissa échapper un petit rire au souvenir d'une discussion a propos des dites formes disponibles.

- "Pour ce qui est des achats... il est possible que j'ai acheter bien trop. Des tas de livres. Et pas mal de vêtements. Beaucoup ne m'allaient plus. Pas que j'ai grandi pourtant..." Mais on ne pouvait devenir jeune femme sans être dans l'obligation de racheter des vêtements dont la coupe était plus adaptée à de nouvelles formes de poitrine et de hanche même si c'était encore léger et que le sport la gardait particulièrement fine.

- "Oh merci." Dit-elle en voyant l'assiette de cookies qu'il lui tendait. Elle en subtiliser un en passant qu'elle commenca à manger en même temps que lui. Elle s'arrêta le temps de l'écouter. Il n'avait pas l'on plus beaucoup bougé pendant ses vacances. Il le lui avait dit dans ses lettres mais ils étaient restés très superficiels dans leurs écrits à cause de leur histoire tout juste débutée avant d'être séparés. Ce qu'elle constata tout de même était qu'il avait plus de liberté qu'elle ou ses frères n'en avait ou avait eu. Ses parents étaient vraiment d'une rigidité à faire peur. Et dire qu'on la trouvait elle même rigide. S'ils savaient...

- "Ton programme a été plus varié que le mien quand même. Je ne connais pas le basket..." L'irlandaise changea de position et repassa ses jambes devant elle en prenant garde à ne percuter aucun pichet, verre ou assiette. Assise, elle avait les jambes à demi pliées et allait rejeter la tête en arrière pour profiter de la chaleur d'un rayon de soleil quand Jeffrey lui annonca sa décision d'arrêter le Quidditch. Il ne l'avait pas mentionné dans ses lettres ça! Heureusement qu'il était tout sourire en le disant, tout comme en créant un contact entre leurs épaules. Ennis y répondit en s'appuyant sur lui.

- "Ce match," elle parlait du dernier de la saison passée, "a fait un mal de croup à mon ego..." Elle accentua le contact physique en posant sa main sur l'avant-bras du Poufsouffle. Elle la déplaça jusqu'à son poignet et pianota de ses doigts courts et fin sur le relief de son pisiforme.

- "Mais bon, tant pis, je ne pourrais pas tenter de te déstabiliser en te parlant de tes amours." Dit-elle taquine.

En voyant Ennis rentrer volontiers dans son jeu Jeffrey se sentit un peu plus à l'aise encore et il savoura pleinement qu'elle s'appuie sur lui. C'était grisant d'être là en sa compagnie et de profiter de ces retrouvailles des plus réconfortantes. Si les deux adolescents étaient encore un peu patauds dans leurs approches réciproques, elles semblaient gagner en naturel à chaque fois. Il laissa avec plaisir la Gryffondor prendre l'initiative et répondit d'un ton badin.

« Mes ? T'aurais jamais pu me déstabiliser, j'suis serein sur ce sujet. » dit il avec un regard charmeur en se rapprochant de sa copine. « Désolé d'avoir causé ces blessures en tout cas... J'imagine que je dois me racheter alors. »

Le Poufsouffle s'approcha alors pour embrasser de nouveau Ennis, saisissant l'occasion de renouveler la délicieuse expérience. Elle était toute aussi plaisante pour le jeune anglais que la première fois, sinon plus encore. Mais avec un goût plus chocolaté dû aux cookies que les deux adolescents avaient grignoté. Le garçon mena la danse, ayant visiblement un petit peu plus d'expérience en la matière que la Gryffondor. Pendant la durée du baiser l'ancien poursuiveur des Hel's sentit une sensation de bien-être l'envahir et il ne s'arrêta qu'à contrecœur. Le garçon se perdit quelques secondes dans le beau regard de l'irlandaise tandis qu'il reculait son visage du sien. Puis un nouveau sourire se dessina sur le sien.

« J'espère que c'est un bon début pour me faire pardonner. » dit le Poufsouffle en posant sa main sur celle d'Ennis avant de se mettre en quête d'un thé glacé à partager avec la Préfète.

« Pour ce qui est du basket je pourrai te montrer si ça t'intéresse. J'suis sûr qu'on peut tester dans la Salle sur Demande par exemple. Ça peut être une pause sympa lors de nos entrainements aux duels. » dit le Poufsouffle d'un air plus sérieux en buvant une gorgée. « En tout cas vu le contexte actuel c'est sûr qu'il vaut mieux éviter d'aller jouer au milieu des moldus. Par précaution. C'est clair que c'est pas rassurant tout ce qu'il se passe depuis un moment. Ils font quoi tes frères déjà ? Perso je m'inquiète pour ma mère mais surtout pour mon oncle. Il bosse côté moldu sur Londres et son salon de tatouages a été vandalisé avec des propos anti-sorciers. J'pense que c'était plutôt dû au nom de sa boutique qu'autre chose mais bon... Chaque fois que je reçois un hibou j'ai un peu la boule au ventre. »

Voilà que le Poufsouffle s'ouvrait pour la première fois à Ennis. Dans l'attente de sa réaction il n'aimait pas du tout ressentir cette sensation de vulnérabilité, cette peur d'être mal jugé. Après tout Ennis et lui semblaient provenir de milieux différents. Et pour la première fois il lui montrait des faiblesses au lieu de se présenter sous son meilleur jour.

- "Oui. Tes." Confirma la jeune fille rieuse et charmée par le brun qui se rapprochait doucement pour se faire pardonner. Lers visages étaient proches et la distance entre leurs bouches fut vite comblée par le garçon. Il osait plus qu'Ennis - qui avait pourtant été à l'origine du baiser de retrouvailles - et elle se laissait guidée par ses gestes comme son propre instinct. L'apprentissage était des plus plaisants et la préfète porta doucement, presque timidement, sa main gauche dans la nuque du garçon. Elle frôla du bout des doigts les cheveux qui s'y trouvait avant de la laisser glisser jusqu'à son torse. Elle sentait le dessin de ses pectoraux au travers du tissu de sa chemise preuve irréfutable de ses séances de sport estivales. Elle sentit une chaleur folle se propager dans tout son corps. Une chaleur agréable qui dépendait tous ses muscles au point qu'au moment où son petit-ami rompant leur baiser, elle se demanda si elle n'allait pas flancher. Leurs pupilles se perdirent un instant les unes dans les autres, le temps qu'ils reprennent leurs esprits.

- "C'est une forme d'excuses pour le moins intéressante." Souffla la châtain en ôtant sa main du buste du garçon pour attraper le verre de thé glacé qu'il lui tendait. Dans le même temps, elle tourna son autre main paume vers le ciel. Ou plutôt paume vers la paume de son voisin pour mêler leurs doigts. Elle ne les restera pas mais elle aimait bien l'idée de ce contact alors qu'elle portait le thé à ses lèvres pendant qu'il lui proposait de découvrir le basket.

- "Avec plaisir. Je ne sais pas à quoi m'attendre mais je suppose que ça ne peut pas être plus dangereux qu'un cognard, non?" Elle n'arrivait pas a imaginer comment elle moldus auraient pu imaginer un sport plus dangereux que celui qui se faisait à dix-sept mètres de hauteur et moyenne en compagnie d'une balle qui n'avait qu'un but, vous envoyer rejoindre le plancher des sombrals.

- "Il est tatoueur chez les moldus? Tu parles bien de ton oncle paternel? Qui est sorcier? Je comprends que tu t'inquiètes. Je crois que cela me ferait peur." Il avait bien du courage cet homme. Ennis comprenait l'inquiétude de son petit-copain et sans y avoir réfléchi elle serra finalement la main qui se trouvait dans la sienne. Elle n'était pas douée pour réconforter par les mots mais peut-être que le geste lui...

- "Diarmuid est médicomage maintenant. Il a étudié à l'IMSM. Et là il aurait trouvé du travail mais je n'ai pas bien compris où. Il a été très confus. Il a parlé de Sainte Mangouste mais l'hôpital a été détruit. Ça dure depuis des mois, au début on pensait que c'était ses examens mais maintenant..." L'énigme Dia' n'était pas encore résolue loin de là et elle exprimait a sa manière ses doutes et ses craintes.

- "Domhall vient d'entrer à la faculté du Pays de Galle en création. Il ne la pas dit a nos parents mais il veut faire le cursus de fabricant de baguettes. Il m'a surprise. Mais en même temps il a toujours été discret. Trop sûrement. J'ai l'impression qu'il est devenu adulte d'un coup!" Il avait le caractère le plus effacé des trois enfants O'Belt. Entre le grand frère brillant et solaire - sauf depuis avril - et la petite sœur trop émotive qui irritant leur mère par sa simple présence, il avait fait sa place comme il le pouvait. Mais malgré tout ces trois là étaient soudés. Elle but une nouvelle gorgée du thé glacée.

- "Tu es proche de ton oncle n'est ce pas? Autant que je le suis de mes frères je crois." Fut sa constatation toute simple après qu'elle lui ait ouvert un peu de son univers. Malgré l'état de l'aîné de sa fratrie, il s'agissait là de la plus belle partie à son sens. Qui voudrait déjà dresser le portrait de sa mère raciste qui n'avait pas sa fille et d'un père plus tolérant mais peu présent?