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30 juin 2021, 10:55
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Dimanche 10 juin 2046
Près du Cromlech
Vers 15h

Quatre. Cinq. Six. Les feuilles bougeaient au gré du vent bientôt-d’été, caressant la pelouse et agitant les brins verts. Neuf. Onze. Douze, treize, quatorze, quinze. C’était ennuyant, de compter les feuilles. L’attente était longue, je regrettais déjà d’être arrivée à l’avance. Et encore, dix minutes auraient suffi… Mais trois quarts d’heure ? J’étais vraiment impatiente. Vingt-trois. Vingt-quatre. Vingt-cinq. Vingt-neuf. J’avais déjà eu le temps de tisser deux couronnes de fleurs, qui siégeaient sur le sol à côté de moi, de me faire d’innombrables films et d’essayer de grimper au sommet d’un arbre. Attention, spoil ! Je n’avais pas réussi.

Trente-deux. Trente-trois. Trente-quatre. C’était même impossible, de calculer le nombre de feuilles que possédait l’arbre au-dessus de moi. Comment pourrais-je connaître le nombre de petites pousses grandissant sur les branches, et ce, sans erreur ? *Bref* Elle arrivait bientôt ? Je ne savais plus quoi faire pour l’attendre. Si ça se trouvait, elle n’allait même pas venir au rendez-vous… Et si elle n’avait pas reçu les messages ? Ou si elle avait décidé de ne pas venir ? Ou si ce n’était pas elle qui avait pris un des neuf petits mots, remerciée pour tout ? *Non. Alison va venir, c’est sûr. Alison Morrow*

Après avoir décroché le « Take what you need » du mur, je n’avais pas su quoi faire. Dans-la-possibilité-où c’était bien Alison Morrow qui avait laissé un petit mot sur mon affiche, j’avais envie de lui parler. De lui dire, lui dire que c’était moi qu’elle remerciait, après tout ce temps, tous ces problèmes. Et je n’avais pas hésité longtemps : rapidement, un plan c’était mis en place dans ma tête. Je passai la main sur l’herbe et en arrachait quelques brins, la douce voix du tableau encore dans mes pensées.
Je m’étais installée sur la colline du Cromlech, non loin du pont couvert, mais suffisamment pour ne pas être dans la vue directe de ceux qui arrivaient. De cette manière, je pouvais surveiller la venue des élèves – dont celle que j’attendais –, sans être aperçue. Je ne voulais pas qu’elle prenne peur en faisant le lien entre l’affiche et moi, et qu’elle parte !

Mon bras s’étira jusqu’à attraper mes deux couronnes de fleurs et je me redressai pour être adossée à l’arbre, sous lequel j’étais installée. Arbre auquel j’avais dénombré… Trente feuilles ? Quarante ? Je croisai les jambes et baissai le regard jusqu’aux petites fleurs entrelacées. Combien de temps allais-je encore devoir attendre ? Quelle heure était-il ? Bientôt celle du rendez-vous ? Ou 15h largement passées ? À moins qu’il ne me reste encore une longue attente, assise ici… Mon regard fut de nouveau attiré par les mouvements à l’intérieur du pont couvert, et mes yeux dictèrent à mon cœur de prendre ses pieds à son coup. Toute tremblotante, j’ouvris mes mains et me levai doucement, sans arriver à croire qu’elle était venue. M’avait-elle vue ?

*OFF, tu te souviens ? Lance-toi. Go* J’avançai d’un pas, avant de me retourner : j’avais oublié les couronnes. *Si si, c’est très important, les couronnes. En plus c’est dans mes scénarios de ce qu’il va se passer* Et puis zut, il fallait juste que je me lance. *Pas penser pas penser pas penser* Je pris une grande inspiration et j’avançai à grands pas vers le pont couvert :

A… *PAS PENSER* Alison ? l’interpellai-je avant d’avancer et me placer face à elle.

*Et quoi, on attend qu’elle réponde ou on lui dit pourquoi on est là ?* J’ouvris la bouche, puis la fermai, sans savoir que dire. On allait attendre qu’elle réponde.

Prête, @Alison Morrow ? T-)
Et je crois qu'une certaine @Lena Smith et une @Charlotte Dwight était intéressées...

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27 juil. 2021, 11:31
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Alison, 2ème année
10 Juin 2046,
◦ Pont Couvert ◦

______________________________


Elle avait pensé passer une journée calme.
Peut-être aller près du Lac, faire des ricochets, regarder les ronds apaisants s'étendre sur la surface du miroir bleu. C'était calme, ces formes géométriques. C'était prévisible, c'était toujours la même issue : un effacement dans le néant. On n'était pas surpris par une vague plus impertinente que les autres, personne ne vous sautait dans le dos pour vous démontrer que les ronds continueraient à se propager à l'infini, non. Tout devait se stopper, c'était immuable.

Pourtant, en entrant dans son dortoir, après avoir fait valser ses chaussures quelque part sous son lit, avoir sorti quelques livres de son sac, s'être emparée de quelques nouveaux pinceaux, tout avait basculé.

Elle n'en voulait bien sûr pas à Helga de lui avoir gentiment transmis le mot de l'Inconnu.e, mais un peu quand même.
Et puis, quoi ! Elle était bien avancée à présent ! C'était probablement quelqu'un qui la connaissait, puisqu'elle avait utilisé précisément ce moyen pour lui transmettre son message. Elle l'avait donc forcément vu prendre un bout de papier sur cette foutue feuille colorée. *J'suis débile aussi. Pourquoi j'ai eu besoin d'écrire mon nom ?*
Des Alison, c'était bien connu, ça devait pulluler dans le château. Et pourtant, il fallait qu'elle tombe sur une personne à Poufsouffle qui soit persuadée qu'elle avait pris le mot. *Ou un.e taré.e qui m'espionne.*
Cette dernière conclusion la fit frissonner et ses poings se crispèrent. Si c'était cette dernière hypothèse qui s'avérait être vraie, elle se jurait de terminer la confrontation avec sa magie.

Machinalement, elle plongea sa main dans sa sacoche pour en ressortir le bout de papier froissé.
Les couleurs étaient les mêmes, les lettres aussi, bien que légèrement déformées par les pliures.
Pourquoi, hein ? Et puis, qui était assez étrange pour donner des mots anonymement, puis vouloir brusquement clamer son identité ? Ça gâchait tout !
Cette réaction l'agaçait intérieurement, et pour être parfaitement honnête, lui faisait peur. *Tss, n'import'quoi. C'est certain'ment une blague débile.*

Le seul élément positif qu'elle entrevoyait dans cette discussion était qu'il y avait des arbres non loin du point rendez-vous d'Anonyme. Elle pourrait s'y réfugier au cas-où.
D'ailleurs, c'était parfaitement pour cette raison qu'elle voulait arriver en avance. De quoi se planquer dans les branchages et avoir une belle vue du pont pour le dessiner et observer qui s'arrêterait brutalement pour fouiller le paysage du regard. Et puis, pourquoi pas s'en aller si la personne en face d'elle ne lui disait rien qui vaille.
Son regard s'assombrit tandis que son cœur cognait au rythme imposé par ses talons qui dévalaient les escaliers. Elle ne le sentait pas, cette fois.
Et son instinct était redoutablement précis par moments.

S'aventurant sur le pont pour rejoindre le point de rendez-vous, elle laissa ses pensées divaguer tandis qu'elle collait les pierres pour avancer plus vite. Au moins, les parois de pierres étaient assez fiables pour ne pas vous écrabouiller les orteils. *Orteils ?*
Son regard tomba sur ses pieds nus. *Oh, merde ! *
Une grimace vint tordre son visage. Pour sûr, ça ne devait arriver qu'à elle ce genre de trucs. Faisant remuer ses orteils contre le sol, elle abandonna l'idée de retourner aux dortoirs pour enfiler ses chaussures. Trop long.
Haussant les épaules, elle se dit que finalement, si Anonyme l'avait convoquée, iel devait savoir à quoi s'attendre. Alors tant pis pour les chaussures.

Malgré tout encore obnubilée par l'absence de vêtements sur ses pieds, elle ne releva pas tout de suite la tête quand une voix l'interpella.
Pourtant, lorsque le timbre de cette voix se trouva relié au visage d'une des personnes qu'elle avait le moins envie de croiser au monde, elle se figea sur place et releva la tête d'un coup sec.

*O'Kieran.*
Eryne O'Kieran se tenait devant elle, bien droite, lui barrant le passage.
Un autre jour où elle n'aurait pas de rendez-vous (quelle grosse blague), elle aurait certainement pu lui faire un cours sur la manière d'aborder poliment les gens (ce qu'elle savait faire, mais qui ne lui était pas utile au château). En tout cas, se dresser devant eux comme un monolithe n'était pas franchement conseillé.

"Bouge, O'Kieran. C'pas le moment, là."


Puis, elle contourna purement l'obstacle ridicule qui avait osé se mettre sur sa route et se dirigea vers l'arbre le plus proche qu'elle aperçut, se moquant bien de savoir si elle était suivie ou non.
Une fois proche des racines, elle commença à escalader les branches les plus basses, sa sacoche ballottant contre sa cuisse.
*Journée de merde. Anonyme, puis O'Kieran. Par Circé, c'pas mon jour...*

Plume... Tout d'abord, navrée du retard. ><
Par contre je ne peux m'empêcher de ricaner en voyant que Lil a foutu un vent à ta pauvre gamine... :rofl:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

27 juil. 2021, 20:33
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Ma respiration se faisait plus rapide après avoir presque sautillé jusque la Jaune et mon cœur battait à toute allure. Je sentais mes membres être pris de frissons, mes mains devenir moites. Qu’est-ce que je faisais ici, déjà ? Pourquoi avais-je ouvert la bouche ? Pourquoi m’étais-je approchée d’Alison ? Pourquoi, Merlin, je prenais toutes ces décisions débiles et inconscientes qui allaient m’apporter plein de problèmes ? Je savais que la rencontre allait mal se passer. Comme toujours. Mais il était encore temps ! Il était encore temps de faire demi-tour et s’échapper. Loin. Se terrer dans le dortoir, dans un endroit où personne viendrait me voir. La tête sous un coussin, pour étouffer les larmes de *stupidité*. Mais je ne pouvais pas être aussi lâche. Pas aussi lâche.

Mon souffle failli se couper quand elle se tourna vers moi, d’un mouvement brusque. Immédiatement, presque par réflexe, je détournai mes yeux des siens. Son regard… Son regard était trop expressif pour moi. Je n’étais plus capable de supporter ses billes vertes, desquelles transparaissait toute sa haine, toute-sa-haine. Ou son regard d’animal blessé, peu avant Noël. Quelques larmes avaient-elles eu le temps de perler, avant qu’elle ne parte ? Je ne m’en souvenais même plus. J’avais essayé d’effacer cet évènement de ma mémoire, et j’y étais parvenue, à force d’en pleurer. Et ensuite… Des mois à éviter ses deux émeraudes. De peur de ce que j’allais y trouver ? Je savais qu’elle me haïssait. *C’est pourquoi ça devait être drôle aujourd’hui* Mais je ne riais pas beaucoup.

Mes yeux parcoururent l’herbe verte, cherchant désespérément sur quoi fixer l’attention, avant de se poser sur les pieds nus de la Jaune. *Elle… Elle a marché pieds-nus depuis les dortoirs jusqu’ici ?* Elle était cheloue, après tout. Ma vue remonta le long de la pente, fixant les lattes de bois composant l’ancestral pont. Combien de pas avait-il supporté, combien de poids ? Il devait connaître toute l’histoire des élèves passant par ici, se souvenir de toutes les conversations ayant eu lieu près de lui. Quand avait-il été construit ? Pouvais-je seulement compter les formes rondes le composant pour connaître l’âge de l’arbre desquelles elles avaient été arrachées ?

Mais je ne devais pas baisser la tête. Pas fixer le sol, comme si j’avais honte. *J’ai pas honte. J’ai pas honte !* J’étais venue ici pour lui parler. Je devais lui dire face. Je. Devais. Lui. Faire. Face. Sans pourtant affronter ses billes vertes, tellement… dures. La transition devait être *lente*. Alors mon regard se reporta sur l’horizon. Un beau ciel d’été, un ciel d’été bleu. Une ligne plate, déchirée par les angles des collines et du château. Un peu à gauche de ce paysage, la joue d’Alison se dessinait. Puis les traits de son visage, blanc, presque translucide sous le soleil. Ses lèvres. Roses, fines. En mouvement. Des paroles crachées, sans la moindre pitié, des mots absolument pas mâchés pour éviter de ferme mal.

Bouge.

O’Kieran.

Dégage.

Crève.

*Sans blague* Je n’allais pas dire que je ne m’attendais à ça. Enfin, j’avais tout de même espéré que la fille soit un peu moins… lente d’esprit. Elle aurait pu faire la connexion entre son rendez-vous et moi, non ? Mais bon, tout le monde n’avait pas les mêmes capacités, *on dirait*.

Je pris une longue inspiration, m’apprêtant à lui répondre. *J’suis cap* Oui, j’en étais capable. Il me suffisait d’ouvrir la bouche et… *Qu-* Quoi ? Je me retournai, suivant du regard Miss-Politesse-Incarnée, aka Alison. Elle m’avait clairement… Elle m’avait contournée. Contournée pour se diriger d’un pas décidé, vers l’arbre, sans un mot de plus que C’pas le moment, là. C’était quoi cette excuse ? Ces manières ? Avait-elle laissé son savoir-vivre aux dortoirs ? Les quelques secondes de surprises, pendant lesquelles je l’observai sans bouger, choquée, passées, je me mis en mouvement. Elle se dirigea immédiatement vers l’arbre duquel je venais de me décoller et y… *mais elle grimpe là ? Sérieux ? ‘L me saoule*

Je n’avais plus qu’une option, alors ? Elle ne me laissait pas le choix. Je n’avais plus qu’à lui dire ce que j’étais venu lui dire et fin. J’espérais qu’elle serait fière, fière d’avoir pris un mot de l’affiche d’O’Kieran.

Inspiration.

C’est moi.

Je voulais savourer le moment où je la verrais se stopper net. Quand les rouages de son cerveau se mettraient en route pour comprendre.

Take what you need.

Allait-elle m’engueuler ? Ça ne m’étonnerait plus.

Les mots.

Plus rien ne m’étonnait avec elle.

Helga Pouf'.

Plus qu’à attendre l’explosion.

Tout ça.

Expiration.

Donc…

Je haussai les épaules. Chaque phrase séparée par une pause rendait le moment plus long. Plus… *J’en ai marre de toi, Alison. J’voulais juste te parler. Écoute-moi, s’il te plaît*

D’solée.

Ce dernier mot, je l’avais presque murmuré. De toute façon, excuses ou pas, elle n’en avait rien à faire. Maintenant, je devais juste m’attendre à… *Non. Plutôt partir. Qu’de subir ce qu’elle va dire*

Je reculai d’un pas ou deux. Comme pour… M’espacer. Respirer. M’éloigner de… tout ça. Je pris une nouvelle grande inspiration et fermai les yeux. Juste le temps de me cacher dans un univers parallèle, reprendre mes esprits et… Pas fuir, pas encore, pas maintenant. Je pouvais, peut-être, attendre un instant. *Pour voir sa réaction* Et après, après je pouvais fuir.

*Peut-être*

J'aime bien le décalage entre les pensées d'Ery, sa voix intérieure et ses paroles :grin:

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23 août 2021, 17:56
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Grimper lui faisait du bien. Elle s'élevait lentement, mais avec assurance. Les branches étaient rugueuses sous ses paumes, son cœur accélérait petit à petit, mais les battements avaient la même sonorité, et le même rythme. Pour une fois, il ne lui faisait pas faux bon. *C'est parc'que j'm'intéresse pas à elle.*
C'était cela : O'Kieran ne servait à rien, O'Kieran, elle s'en moquait bien, et O'Kieran, elle ne voulait pas lui parler. Elle était un résidu de poussière, un doxy qu'on écarte d'un geste de la main, quelque chose de pas bien méchant et pas bien embêtant dont la vie lui importait à peu près autant que son premier chaudron.

Après réflexion, cela avait été une bonne idée d'abandonner ses chaussures dans le dortoir. D'abord, elle pouvait monter plus facilement. Ensuite, c'était toujours agréable de pouvoir ressentir le plus possible la nature qui l'entourait. Elle aimait se glisser entre les branchettes et les feuilles, voir le soleil bondir d'une tâche vert tendre à une autre, se prélasser le long du tronc, effleurer ses doigts. Elle s'élevait, se détachait de la terre, de la réalité, de tous les Autres minables qui peuplaient la surface rocailleuse *dont l'autre crampon qui veut pas m'lâcher*.
Si Eryne s'avisait de s'accrocher aux branches de l'arbre pour la rejoindre, elle se ferait plaisir de détacher tous ses doigts et de la balancer dans le vide. Hors de sa vie, le morpion. Hors de sa vie, le scorpion.

"C’est moi."


Eh non ! O'Kieran n'était pas partie ! Elle avait choisi de rester, de lui parler parce que bien sûr, quoi de mieux comme moment pour l'embêter que celui où elle attendait quelqu'un ?
Elle en avait ras le bol de cette fille qui ne voulait pas la lâcher alors qu'elle le lui avait explicitement demandé. Ce n'était pas si dur, par Circé ! Visiblement si, pour cette attardée. *Mais qu'est-ce que Lena peut lui trouver?*
Ses pensées étaient acides et la jalousie menaçait de consumer intégralement son cœur.
Sa bouche s'ouvrit toute seule, tandis que ses yeux fusillaient la forme en bas de l'arbre. *Pour qui elle s'prend ?*

"Sans blagues ! T'es Eryne O'Kieran et pas Merlin, quel putain de scoop ! Merci d'la précision, j'avais un doute..."


*Tu-m'veux-quoi?*
Franchement agacée, elle détourna les yeux et tendit la main pour agripper la branche suivante. Mais les mots revinrent à la charge et la percutèrent de plein fouet.
*Take what you need.*
Lentement, cette fois, elle se retourna. O'Kieran voulait son attention ? Elle venait de l'obtenir dans son entièreté, pour le meilleur et pour le pire.
Elle ne faisait pas le lien. Elle refusait catégoriquement de faire le lien entre ces mots, ceux qui s'ensuivirent, et ce qu'elle avait entendu avant. *Non, je fais juste pas l'lien. Elle veut dire un truc, mais j'sais pas quoi. C'pas ma faute, elle est pas claire.* Mais tout sonnait faux. Elle avait la terrible impression de chercher à vouloir se persuader *c'pas l'cas, merde ! Qu'est-c'qui cloche dans ma tête ?!*, de se cacher derrière une façade d'incompréhension.
Et puis, elle avait un rendez-vous, et c'était certainement pas O'Kieran qui avait collé cette foutue affiche dans le couloir. *Si.*

Elle expira lentement, tremblante. C'était un cauchemar. Il suffisait de se pincer pour se réveiller, non ?
Son pouce et son majeur allèrent trouver la peau de son poignet gauche, la tournant brutalement. *AÏE ! MERDE !*
Mais rien n'avait changé. Le parc était toujours là, le pont aussi, la face débile d'Eryne également. *C'pas un rêve.*

Il lui restait encore une option. Elle pouvait tout nier en bloc. Des Alison, ça devait pulluler dans les couloirs. Elle n'avait qu'à...*Mentir ?* Hors de question. Elle avait encore un minimum d'honneur pour reconnaître ce qu'elle avait fait ou non. Et oui, elle avait stupidement signé, dans un acte de reconnaissance. Mais elle aurait dû le savoir, depuis le temps : les Autres ne remerciaient pas. Ils vous avaient déjà bouffé la main, et ils voulaient le bras. Est-ce cela qu'Eryne était venue chercher ? Un signe d'elle ? De reconnaissance, peut-être ? Elle allait faire quoi, sinon ? Le hurler sur tous les toits du château ? Et puis, hurler quoi ? *Qu'j'ai été assez faible pour m'faire avoir par son piège ?*
Ou bien, elle pouvait la faire taire. De manière définitive. Un bon petit sortilège d'Amnésie, et puis tout était réparé, non ? Juste lui effacer deux-trois souvenirs. Dont celui de Lena. C'était à son niveau, alors pourquoi pas ? Ce n'était qu'un coup de baguette, pas grand chose. Elle n'aurait qu'à dire qu'Eryne était arrivée au mauvais endroit au mauvais moment. *Non.*
Encore une fois, tout revenait à mentir. Et elle exécrait en arriver à cette extrémité des plus déloyales. Ses problèmes, elle les assumait, les regardait droit dans les yeux, leur disait d'aller se faire voir. Pas si compliqué.

Les secondes s'égrenaient, le nombre de possibilités aussi. Elle avait l'impression que toutes ses idées étaient emprisonnées dans un sablier géant. Plus le temps passe, plus elles s'écoulent, moins il y en a.

Finalement, les muscles ankylosés, elle se laissa tomber au pied de l'arbre. Ses pieds heurtèrent le sol herbeux tandis qu'elle pliait les genoux pour amortir le choc.
Se relevant, elle toisa O'Kieran d'un air interrogateur.

"Ok."

Et maintenant ? Qu'ajouter à cela ? Elle n'avait qu'à partir, dire qu'elle était déçue que la personne derrière le Take what you need cherche à savoir qui avait pris quelque chose. *Car c'est immature, indiscret, et surtout, pourquoi laisser des trucs à la disposition de Tous si c'est pour les r'chercher après ? Ça a pas d'sens !*

Croisant les bras sur sa poitrine inexistante, elle bascula tout son poids sur sa jambe gauche et répliqua, toujours aussi froide :

"Et donc, tu veux quoi ?"


Peut-être qu' O'Kieran aurait la lumineuse idée de ne rien dire, de hausser les épaules avec un "oh rien, j'suis contente pour toi", et d'aller s'enfouir sous sa couette. *Ben voyons. Bien sûr qu'non.*

Non, je ne suis pas... En fait si.
Terriblement désolée pour ce retard. >< Enfin, tu as reçu des tonnes de hiboux en compensation. :cute:
Alison a gardé la tête froide, ça m'a surprise ! Je suis sûre qu'elle réfléchit au meilleur moyen d'éliminer Eryne proprement et discrètement... :laugh:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

25 août 2021, 14:12
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Tout mon visage prit une attitude d’ennui total : les sourcils froncés, les yeux au ciel, je dus même retenir un long soupir pour ne pas qu’elle se mette déjà à m’engueuler. Elle se trouvait drôle ? Et elle était toujours aussi peu réactive ? Pourquoi je ne lui lançais pas un « oui, et tu sais c’est quoi le putain de scoop ? Thank you for everything, Eryne ! » ? Pourquoi essayai-je d’être patiente, d’être gentille ? Mais ce fut encore plus satisfaisant quand je vis sa réaction, une réaction tant attendue au ralenti, comme un mouvement décisif dans un film d’action. Elle me fixait, comme une araignée géante pendue à sa toile, ne sachant pas si attaquer ou se sauver. Pour une fois, c’était foutrement satisfaisant.

Pourtant, en même temps, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir peur. Peut-être, une fois que le moment de surprise était fini, les grains dorés du sablier écoulés, je pouvais courir, partir et faire comme si ce moment n’avait jamais eu lieu. Je n’étais pas connue pour mon courage, après tout. Et ça étonnerait qui ? Alison avait une piètre image de moi quoi qu’il arrive. Et ça n’avait jamais déteint sur Lena, alors pourquoi, pourquoi aujourd’hui ce serait différent ?

*Lena* Où était le rapport ? *Lena c’est tout ce qui vous lie*

Le choc du poids de la Jaune contre le sol me fit relever les yeux. Trop tard. Je devais rester, maintenant… Il fallait que je calme les battements de mon cœur déjà, puis toutes les pensées contradictoires qui s’emmêlaient tel un ouragan dans ma tête. La peur, l’envie, la déception, l’espoir, Lena, décembre, les derniers mois, toujours l’espoir… Pourquoi étais-je venue, finalement ?

*Ok* Quoi, ok ? Comment ça, ok ? Elle n’avait rien d’autre à dire ? Elle n’allait pas me cracher à la figure ? C’était ça, son plan maléfique ? Me donner une réponse à laquelle je ne pouvais rien rétorquer, pour me faire passer par une débile ? L’impatience commençait à me gagner, faisant trembler mes membres. *QUOI OK ?*

Je laissai l’air s’échapper de ma cage thoracique, un instant de pause pendant lequel seuls les mots de la fille résonnaient dans mes oreilles. Ce que je voulais ? C’était facile, je… *Putain, je veux quoi ?* Oui, qu’est-ce que je voulais en lui donnant rendez-vous, lui demandant de venir ici ? Qu’est-ce que je cherchais, qu’est-ce que je voulais prouver ? Peut-être juste… qu’après tout ce temps… c’était moi qu’elle remerciait.

*Je voulais que tu saches que c’est à moi qu’tu dis merci* Et puis quoi encore ? Non. Je voulais lui prouver, prouver que j’étais pas le monstre que ses yeux dépeignaient, une personne horrible. Je voulais lui montrer la facette de ma personnalité qu’elle aurait pu voir dans la volière, si elle n’avait pas été *odieuse*. Je voulais peut-être qu’elle voit que je conservais l’espoir, l’espoir de voir qui elle était avec Lena. *Qu’tu saches, qu’on est pas toustes horribles. Qu’si un jour, t’as vu un truc, qui t’as p’t-être même donné envie de remercier la personne, c’est pas un.e inconnu.e, par là. Ça peut être quelqu’un que tu connais. Que t’aimes ou pas, qui est pas forcément méchant.e ni gentil.le. Ça peut être Lena, ça peut être… moi*

Qu’est-ce que tu voulais, Eryne ?

Je… mes lèvres se refermèrent, m’interdisant de balbutier.

*Savoir quel papier t’as pris* Non. *Savoir si ça t’a aidée* Non. *Pourquoi tu m’as remerciée ?* Non. Je voulais juste qu’elle voit mes yeux briller d’espoir. Me dire que tout était pas perdu. Qu’elle pouvait ne redevenir qu’une camarade de promotion. À la limite, juste une amie de Lena.

Espoir, fut le murmure à peine audible qui s’échappa de ma bouche – *arrête de réfléchir à voix haute !*. Euh, non, non… *si !* ‘Fin, j’ai rien dit, juste… Je… J’voulais que…

Je devais trouver quelque chose, vite, quelque chose à dire avant que mon visage cramoisi brûle, que son regard me coupe en deux et que je sois obligée de perdre toute ma dignité en partant en courant.

Lena.

*Hein ?* Quoi, Lena ? Qu’est-ce que je racontais, encore ? C’était ça, la première chose qui m’étais passée par la tête ? J’étais un désastre. Un désastre.

J’ouvris la bouche pour réparer mon erreur, et la refermai aussitôt. Qu’est-ce que je pouvais dire, pour modifier ça ? Qu’est-ce que j’avais encore engendré ?

*T’es un désastre*

Moi qui me demandais pourquoi Alison tenait tant à préparer cette potion... T-T
Le suspens est à son comble ! Que peut-il donc se passer ? Volière 2.0 ? :cute: J'ai hâââte !

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25 août 2021, 18:55
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Trouble so hard.
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C'était bien ce qu'elle pensait. O'Kieran voulait quelque chose. Elle demandait quelque chose d'elle, et allait l'exiger comme une enfant capricieuse. Elle la voyait déjà gonfler les joues et devenir toute rouge si jamais il lui venait à l'idée de refuser.

Sans qu'elle puisse le contrôler, son pied se mit à marteler le sol. Elle était clairement en train de perdre son temps, et avait la terrible impression que la Jaune le savait (et s'en délectait). *C'est exactement c'qu'elle fait.*
Le silence s'étirait.
D'ordinaire, elle l'appréciait, ce silence. Mais là, alors que toutes les secondes s'égrenaient une à une avec une lenteur exaspérante, elle devait lutter pour ne pas souffler, montrer ouvertement son agacement et son ennui, se barrer, et aller à la bibliothèque. Le château était grand, elle y avait mille refuges. Elle pourrait s'échapper si facilement, rembarrer Eryne avec un "bon, reviens m'voir quand tu sais c'que tu veux", tourner fièrement les talons et aller quelque part. En passant par les dortoirs pour aller chercher des chaussures, tout de même.

"Je…"


*Tu, il, nous, vous, ils... Oui, bravo O'Kieran. C'est la première personne du singulier. Mais encore ? Parc'que si t'es là pour m'demander d'l'aide en conjugaison, j'te jure que j'me barre.*
Elle détestait ce gros vide qui s'était installé entre elles. Pourquoi fallait-il toujours que les autres aient des blancs entre leurs phrases ? C'était si dur à expulser, quelques mots ? Leur souffle était trop court ? Ils ne savaient pas comment formuler leur propos ? *Qu'ils s'taisent ! Qu'ils s'taisent tous !*

Elle darda sur l'autre ses billes vertes flamboyantes. Et puis quoi encore ? L'aider ? Ne pas la mettre sous le feu de ses projecteurs ? Elle voulait la voir se réduire en cendres *fines*, se délecter du petit tas qui resterait, et l'enjamber d'un seul mouvement. Rien de bien compliqué, en somme.

"Euh, non, non… ‘Fin, j’ai rien dit, juste… Je… J’voulais que…"

Elle haussa un sourcil. Si elle n'avait pas autant de ressentiment envers Eryne, elle aurait pu la prendre en pitié. C'est peut-être cela qui la força à rester debout, ne pas esquisser un geste risquant d'enrayer encore une fois les paroles de la Jaune. Elle avait l'impression d'avoir en face d'elle un vieux disque moldu complètement abîmé, et qui sautait toutes les secondes. En résumé ? Elle n'avait que la moitié des phrases, et aucune ridicule petite idée de ce que le disque voulait dire.
Voir la Jaune toute rouge ne l'amusait même pas. Même plus. Elle se sentait juste lasse, si lasse de devoir combattre cette envie de tout envoyer se faire voir, de tapoter son épaule avec une phrase comme : "écoute, j'suis pas devin, j'sais pas c'que tu m'veux. On se revoit plus tard ?" Essayer d'être gentille, juste une fois, pour montrer à O'Kieran ce que c'était, de ne pas être un monstre égoïste qui cherchait à s'accaparer les gens.

"Lena."

"PARDON ?"

Les mots étaient sortis automatiquement. Elle avait élevé la voix, peut-être trop, certainement que d'autres élèves avaient tourné la tête vers elles deux.
Elle ne sentait plus son corps. Ou si, au contraire, elle le sentait trop. Comme si elle venait de se prendre un uppercut en pleine poitrine. Elle ressentait une vive brûlure à un endroit où elle n'avait pas vraiment mal. Elle avait l'impression qu'un déluge de feu et de glace se battait dans ses veines, son cœur battait la chamade, ses yeux étaient écarquillés au possible, sa bouche tordue en un "O" stupéfait et meurtri.
Et tout au fond d'elle, elle se sentait horriblement trahie. Parce qu'elle avait eu pitié d'Eryne, pendant quelques secondes, et que celle-ci venait de demander ouvertement qu'elle lui rende Lena. *Mais j'te l'ai pas volée ! Merde ! Elle est pas à moi ! Qu'est-ce qu'tu m'veux ! J'comprends pas, bordel, explique-toi !*

La Jaune pouvait tout exiger. Tout, sauf ça.
Elle ne pouvait pas lui demander ça, elle pouvait pas. Et comment, hein, comment par Merlin aurait-elle pu faire ça ? Arriver devant Lena, lui dire quoi ? "D'solée, faut plus qu'on s'voit... J'suis vraiment désolée, P'tit Soleil, j'ai pas choisi, je-je..."
C'était inconcevable.
Les larmes amères lui montèrent aux yeux, brouillant le paysage et la figure d' O'Kieran.
C'était mieux ainsi, elle ne pouvait plus la voir, alors. Il lui fallait réfléchir, mettre en marche son cerveau, hein ? Lui qui était si froid, il y a quelques instants, un seul mot avait réussi à pulvériser toutes ses capacités ?
Elle se sentait faible, impuissante, dépouillée, blessées, un gouffre de tristesse s'ouvrait dans sa poitrine. Elle avait l'impression d'y chuter, de tout son poids ?

*Elle a pas dû vouloir dire ça. Elle peut pas faire ça. Elle peut pas, elle peut pas, elle peut p...*


Ses pensées bouclaient, toujours les mêmes, un ouragan soufflait dans son crâne.
D'un geste brusque, elle essuya ses yeux avant qu'un raz-de-marée ne les submerge sous des tonnes de flotte salées.
Sans aucune logique, sa bouche s'ouvrit, son souffle se bloqua, mais rien ne sortit. Elle ne pouvait rien répliquer à cela. Elle qui deux minutes plus tôt avait eu en perspective des tonnes d'options en tête, elle avait l'impression que ses pensées étaient creuses. Ses lèvres se scellèrent à nouveau.

Rassemblant le peu de force qui ne s'était pas noyé dans sa déception et ses larmes intérieures, elle prit sur elle, rejeta la tête en arrière. Un ricanement tremblant s'échappa des tréfonds de sa poitrine.

"T'es folle..."

Murmure pitoyable. Mais c'était la seule explication, n'est-ce pas ? O'Kieran était complètement barrée, voilà tout. Il n'y avait aucune autre solution, ce n'était pas possible autrement. Les lois de l'Univers et de la bienséance ne pouvaient pas être plus piétinées et bafouées que par elle. C'était tout, elle avait perdu la tête. *Elle peut pas, elle peut pas...*
Inspirant bruyamment de l'air, elle fit à nouveau basculer sa tête vers l'avant, et ficha ses orbes verts dans ceux d'Eryne.

"P...Pourquoi ? Pourquoi tu lui fais ça, hein ? Pourquoi tu veux nous séparer ? Ça a toujours été ton but, hein ? N-nous séparer, faire en sorte qu-qu'on s'voit plus ? "

Elle allait trop loin. Elle le savait, sentait la frontière entre l'acceptable et l’indicible se rapprocher d'elle à vitesse grand V. Mais elle s'en moquait. Parce qu'elle n'était pas comme O'Kieran, à multiplier les coups bas pour l'exiler loin de Lena. Quand une opinion était dans sa tête, on ne pouvait pas l'en déloger.
La voix toujours tremblotante, à l'image du reste de son corps, elle articula encore :

"C'est pour ça qu'tu l'as affiché ton bout d'papier ? Parc'que tu savais qu'j'allais en prendre un ? Parc'que tu allais exiger ça, après ? Et si j'le fais pas, hein ? Si j'refuse de plus parler à Lena ? Tu f'ras quoi, hein, O'Kieran ? Tu f'ras quoi ?"

Ses bras se refermèrent autour de sa poitrine, en un vain essai de se protéger de la réponse de la Jaune.
*Tu f'ras quoi ?*
C'était ça, le but d'Eryne ? La rendre profondément malheureuse à chaque fois qu'elle lui adressait la parole ? L'écrabouiller et la regarder s'écrouler devant elle ?

Plume, tu me l'as complètement démolie. Je fais quoi moi après, avec ça ? Eryne a intérêt à s'expliquer... ><
Et non, même pas de Volière 2.0 !

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

25 août 2021, 20:08
 +  To know who I am
J’expirai longuement, comme me soulageant d’un fardeau. J’étais complètement débile, *com-plè-te-ment*, certes, mais c’était un obstacle de surmonté. Il ne restait plus que… Je fermai les yeux, attendant la réponse de mon interlocutrice. Mon cœur cognait contre ma poitrine ; qu’allait-elle penser de mon improvisation complètement ratée ? Entrerait-elle dans mon jeu ? Ou comprendrait-elle… quelque chose d’étrange et qui n’avait rien à voir ? Par exemple, que je venais lui demander conseil ? Ou de l’aide, toujours par rapport à Lena ? Ou… que je voulais lui faire une surprise et qu’elle était son *autre* amie plus proche. Pourquoi avais-je dit son prénom déjà ? Un chaos régnait dans mon cerveau, je ne comprenais plus rien, j’arrivais à peine à penser et distinguer ce qui se trouvait autour de moi. Je n’étais pourtant même pas fatiguée à mon arrivée, et je ne songeais plus qu’à me replonger dans mon lit. *Ressaisis-toi*

Je secouai imperceptiblement la tête pour fixer Alison. Le temps d’un clin d’œil, elle s’était métamorphosée. Je ne savais même plus décrire son visage, dire s’il était déformé par de la haine ou de la douleur, si elle allait se mettre à pleurer ou me sauter dessus. Un seul mot suffit pour me faire comprendre que j’avais encore tout fait foirer… Pourquoi me hurlait-elle déjà ? Avais-je loupé un épisode ? Qu’est-ce qu’il se passait ? Allait-elle me donner une baffe ? Allait-elle me traîner jusque lac et me noyer ? *Recule. Recuuule* Mais je me retins de bouger, m’immobilisant sur place, sans savoir quelle attitude adopter.

Que. Se. Passait. Il.

Ses yeux… Elle allait pleurer ? *Oh oh oh* Il s’était passé quelque chose pendant que je ne la regardais plus. Obligé. Elle ne pouvait pas… Quoique. Et s’il s’était passé quelque chose avec Lena ? Si elles s’étaient disputées et je ne le savais pas ? Et si elle pensait que je venais prendre le parti de mon amie et l’engueuler ? *Non non non non non !*

Mes lèvres tentèrent d’esquisser un mot, tentative avortée quand je la vis prendre la parole. Pour finalement… ne rien dire ? J’avais l’impression d’être retournée en arrière, un déjà-vu. Beau jour d’automne, à la volière… Douce après-midi d’été, dans le parc… Dans ces cas là, je ne savais jamais si l’aider ou fuir.

*Étant donné comment elle te regarde… FUIS*

Elle murmura quelque chose et mon regard angoissé retourna sur son visage. Les tremblements de mes mains se voyaient ? La rougeur sur mes joues, l’incompréhension dans mes yeux ? Je me figeai quand ses émeraudes se plongèrent dans les miennes. Au cas où un doute planait… elle n’était pas contente.

*Elle… Elle raconte quoi ? Elle raconte quoi, là ?* Attendez, attendez, attendez. Il n’y avait pas une option pause quelque part ? Replay ? Je n’avais pas compris, je n’avais pas pu comprendre, c’était impossible qu’elle ait dit ça. Les séparer ? Elle et Lena ? Elle pensait… que si elles s’étaient disputées, c’était de ma faute ? *Elles se sont disputées ?*

Un brouillard s’installa devant ma vue, sa silhouette devint floue, le paysage n’était plus que des tâches de couleur. Elle n’avait rien compris. Je n’avais rien compris. Personne n’avait rien compris. Le monde n’avait rien compris ! Pourquoi on devait exister, déjà ? Pourquoi tout n’était pas servi sur un plateau, pourquoi les relations avec les autres étaient si difficiles ? Pourquoi les relations avec elle l’étaient ? Pourquoi, quand j’essayais de faire quelque chose de positif, ça me retombait dessus ? Pourquoi, pourquoi ?

*Tu f’ras quoi ?*

Quoi ? Attends attends attends, quoi ? Mais… Mais… Je… ma voix était forte alors que je ne contrôlais même pas ce que je disais, je voyais à peine son visage à cause des larmes qui naissaient sous mes paupières. Quoi ? je ne savais plus rien faire d’autre que demander, poser la même question en boucle : « mais qu’est-ce qu’il se passe bordel ? ». Mais non ! Mais je… Qu’est-ce que tu racontes ? Lena… Mais putain, tu dis quoi là ! Lena… Lena elle est libre ! Je… J’décide pas si c’est ton amie ou pas ! Et Lena, je sais qu’elle t’adore ! Et je sais qu’elle, qu’elle… *qu’elle irait mal sans toi* Qu’elle a besoin de toi ! Tu voudrais que j’lui prive de, de… D’toi ? Mais… Mais j’suis personne pour faire ça ! J’suis personne pour vouloir le malheur de Lena ! Si elle veut être avec toi, elle s’ra avec toi, c’est tout ! Vous séparer… je…

*Tu veux… Tu veux nous séparer, toi ? T’aurais fait ça ? Tu m’aurais demandé de pas lui parler ? De plus la voir ?*

J’veux pas qu’t’arrêtes de parler à Lena ! un cri strident, presque un appel au secours. T’es son amie ! T’es… *Et moi ?* T’es son amie…

Je vacillai légèrement, couvrant mon visage de mes mains. Mais que… *Bout d’papier*, avait-elle dit. Take what you need. Je laissai tomber mes bras, relevai mon visage, décidée.

Bout d’papier ? *c’est un beau nom* Comment j’pouvais savoir qu’t’en prendrais un ? Comment j’pouvais savoir que tu passerais pile-par-ce-couloir-la-semaine-où-je-l’ai-mis ? J’l’ai mis… J’l’ai mis… J’l’ai pas mis pour toi, voilà ! J’l’ai pas mis pour toi, pas pour Lena, j’l’ai pas mis… J’l’ai mis parce que…

Parce que j’aurais aimé en trouver un comme ça, pouvoir recevoir cette aide inconnue. Quand la vérité m’éclata au visage, je me tus, je reculai d’un pas, assommée par cette idée. Je voulais… J’avais besoin…

J’empêchai une petite bille de rouler sur ma joue. Qu’est-ce que j’aurais pris, si j’avais croisé cette affiche ? *Espoir*, non, *force*. Ou les deux. De quoi avais-je besoin ? *Que ça s’arrête* Qu’Alison arrête de crier, qu’on s’explique, que je lui explique.

J’veux pas que t’arrête de lui parler, je détournai le regard. Vous faites c’que vous voulez, ça m’dérange pas. Et j’t’en ai jamais voulu parce que t’étais son amie. Lena… choisit ses amies. Pas moi, fis-je en chuchotant les deux derniers mots. Pas moi.

Je relevai doucement le visage vers elle, hésitante, apeurée de sa réaction. J’avais envie de lui demander un tout petit « ok ? », un *on s’est comprises, on est quittes ?*. Mais je ne savais même pas ce qu’elle avait à me reprocher, la raison pour laquelle elle me détestait autant.

Inspiration.

Pourquoi… elle allait mal le prendre, je le savais, je le savais ! V’s-y, défoule-toi. Dis-moi. Dis-moi pourquoi tu m’aimes pas. Crie-moi à la gueule, si tu veux.

*Et si tu le fais pas pour moi, fais-le pour elle*

Je redressai un peu le menton, prête à encaisser. Prête à subir.

*Dis-moi*

Je vais même pas commenter ce qu'il vient de se passer, je sais plus quoi dire là.
Je voulais juste te partager cette jolie chanson, dont la musique est tout aussi belle que les paroles (et la chanteuse, qui m'accompagne dans plein de rps) :eyes:
Lena je te tagge pas hein, je sais que tu suis :grin:

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26 août 2021, 10:23
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La lumière au bout du tunnel
______________________________


Le pire, fut certainement quand elle croisa enfin le regard d'Eryne.
Elle s'était attendue à tout, absolument tout. De la rancœur, de la fierté, de la joie mauvaise, de la condescendance, du jugement, de la colère... Mais pas le doute. Pas le doute immense qui s'étalait sur la tronche de la Jaune, modifiant complètement ses traits.
Elle avait l'air... Complètement perdue.
*Mais merde ! Quand tu fais du mal à quelqu'un, sois pas étonnée après si on sort les griffes !*
Elle avait l'impression que la situation venait de se retourner. Elle était la méchante, O'Kieran la gentille, et tout était encore *ma faute.*

Et encore une fois, le disque rayé se mit en marche. O'Kieran répétait tout, des centaines de fois. Elle avait l'impression que la Poufsouffle cherchait à la noyer au milieu de tous ces mots, à la faire douter de ce qu'elle avait entendue *j'suis pas folle ! Elle a dit qu'elle voulait Lena !*, de la faire passer pour la coupable.
Elle s'en moquait bien, d'être la méchante du conte de fée. Elle s'en moquait, du regard des Autres. Mais savoir que tout partait d'une basse fausse, aux racines complètement pourries, tout ça parce qu'Eryne avait un *putain d'don* pour le théâtre et la comédie, cela lui donnait envie de vomir.


"Lena… Mais putain, tu dis quoi là ! Lena… Lena elle est libre ! Je… J’décide pas si c’est ton amie ou pas ! Et Lena, je sais qu’elle t’adore ! Et je sais qu’elle, qu’elle… Qu’elle a besoin de toi ! "


C'était flou, confus, embrouillé.
Mais elle s'en moquait, elle avait parfaitement entendu ce qu'elle voulait entendre. *Lena, je sais qu'elle t'adore, et qu'elle a besoin de toi.*
C'était un torrent de soulagement qui s'abattait sur elle. Son cœur faisait toujours de gros bonds saccadés dans sa poitrine, sa respiration était courte et hachée, mais elle s'en moquait. Elle avait ce qu'elle voulait, elle entendait ce qu'elle avait toujours voulu entendre, ce qu'elle avait toujours su, mais *par Circé !*, qu'est-ce que c'était bon de se le faire répéter !

"Si elle veut être avec toi, elle s’ra avec toi, c’est tout ! Vous séparer… je…"


Peut-être qu'Eryne essayait finalement de lui passer un message, mais elle ne voyait pas lequel. Tout ce qu'elle entendait, c'était une vérité fondamentale, qui sonnait merveilleusement bien à ses oreilles. Elle avait l'impression que la terre s'était remise à tourner. Un bourdonnement léger persistait dans ses oreilles, mais elle en profitait pour s'emplir le cœur à en crever des mots d' O'Kieran.

"J’veux pas qu’t’arrêtes de parler à Lena ! T’es son amie ! "

Ses yeux se fermèrent, ses ongles s'enfoncèrent dans la chair de ses bras. Le monde pouvait exploser aujourd'hui, elle aurait eu ce qu'elle voulait. Le soulagement déferlait toujours par vagues, immenses, lumineuses. Elle avait l'impression de sortir d'un tunnel après y avoir erré pendant des mois.
Car même si elle s'était réconciliée avec Lena, et cela depuis longtemps, elle avait toujours vécu dans la peur de faire un faux pas, de tout faire foirer à nouveau. Pour elle, jamais le fait qu'elles se parlent à nouveau n'avait été acté. Ce n'était qu'un fait parmi d'autres, comme tous ceux qui se multiplient, au fur et à mesure que file la vie.
Mais l'entendre dire, c'était comme si leur réconciliation était reconnue aux yeux d'elle ne savait quelle instance supérieure, que leur amitié ou quoi que c'était entre elles deux était immortelle, et invincible.
Alors qu'importe, si O'Kieran était triste. Qu'importe le reste de la bouillie de mots qui s'écoulait de sa bouche. Elle avait reçu ce qu'elle attendait depuis si longtemps, et comptait chérir ces vérités dans son cœur éternellement.

Sans s'en rendre compte, son regard avait dérivé vers le Pont. Eryne n'était qu'une forme floue, qui continuait à parler, de manière saccadée. Elle se fichait de ses explications pour le Take what you need, elle se fichait à peu près de tout ce qu'elle pouvait dire, d'ailleurs, sauf si cela avait trait avec elle et Lena.

"J’veux pas que t’arrête de lui parler.Vous faites c’que vous voulez, ça m’dérange pas. Et j’t’en ai jamais voulu parce que t’étais son amie. Lena… choisit ses amies. Pas moi"


*Ah bon ? À Noël, tu ne m'en as pas voulu d'être son amie ?*

C'était bon, O'Kieran avait à nouveau toute son attention. Son regard fut surpris lorsqu'elle rencontra la tronche de la Jaune. Elle s'était attendue à beaucoup, mais pas à un visage à ce point ravagé. Et puis, pourquoi O'Kieran venait-elle de dire qu'elle choisissait pas ses amis ? *Les amis, ça s'choisit pas. Ça s'impose à vous comme une évidence.*

Le court silence qui s'ensuivit lui suggéra qu'elle devrait prendre la parole.
Ses bras se décroisèrent, retombant le long de son corps. Elle serra les poings pour empêcher ses mains de ne pas savoir où se poser, et plongea ses orbes verts dans ceux de la Jaune.
Qui fit quelque chose de totalement insensé.

"Dis-moi pourquoi tu m’aimes pas."


Ses sourcils se haussèrent, ses yeux s'écarquillèrent et sa tête partit légèrement vers l'avant. Comment ça, comment ça "pourquoi elle l'aimait pas ?" C'était donc ça, ce que voulait O'Kieran, si elle ne voulait pas la séparer de Lena ? Savoir pourquoi elle ne l'appréciait pas ? *C'est pas ses affaires !* Malheureusement, si, pour une fois, la Poufsouffle était bien concernée.
Elle hésita à se braquer, rentra la tête dans les épaules, détourna les yeux, fouillant les environs du regard. Mais la réponse n'allait pas surgir d'entre deux pierres du pont, ça elle était prête à le parier.

Lorsqu'elle se tourna enfin de nouveau vers O'Kieran, elle ne savait toujours pas quoi dire. Mais laisser le silence s'étirer devait probablement être un supplice pour l'autre, alors elle décida de faire un effort. *J'suis pas un monstre, moi.*

"J'vais pas crier."


Elle inspira profondément, et commença à se balancer légèrement d'avant en arrière. Elle détestait rester statique, face à ces yeux bleus trop durs, qui lui donnaient l'impression de lui enfoncer des milliers de petites aiguilles sous la peau.

"C'est vrai. J't'aime pas. Mais ça veut pas dire que j'te déteste."
*Par exemple, Brystile, j'la déteste.* "Ce qui veut pas dire que j't'ai jamais détestée." *Autant être honnête tout d'suite.*

Elle fit une pause pour tenter de trouver ses mots. C’était peine perdue. Elle avait l'impression de suivre le *foutu* lapin blanc d'Alice, et de ne jamais le rattraper.

"J't'ai détestée parc'que... Parc'que t'en savais trop." Asséna-t-elle soudain.

Ses paroles la choquèrent elle-même. *Merde !* C'était la dernière chose qu'elle avait envie d'évoquer avec O'Kieran, cette fichue entrevue à la Volière. Grimaçant, elle détourna les yeux.

"Et aussi pour Noël. Parc'que... Parc'que j'ai eu l'impression... Non, parc'que tu voulais ouvertement dire à Lena à quel point tu m'avais trouvée horrible, alors qu'j'avais rien-fait-du-tout."

Elle appuya ces derniers mots, en regardant à nouveau Eryne droit dans les yeux. Merlin, que c'était fatiguant de ne pas être capable de soutenir ce regard, et de ne plus savoir où poser le sien.

"Parc'que j'étais persuadée qu'tu voulais avoir Lena pour toi toute seule.
*Inspiration.* "Et qu'bien sûr, c'est totalement exclu." *Expiration.* Par Morgane, elle se sentait comme une enfant qu'on gronde, ce que c’était désagréable !

Changeant brutalement de sujet sans transition, elle ajouta :

"Les amis, ça s'choisit pas. C'ton cœur qui t'dit si t'as envie d'être avec eux ou pas. Personne choisit, pas toi, pas Lena, pas moi, personne. Mais si t'as des regrets concernant une personne, c'est p't'être bien qu't'as pas assez écouté ton cœur."

Sa voix avait été calme à chaque fois. Elle n'avait pas hurlé, pas gueulé, pas lancé de sort, ne s'était pas énervée alors qu'elle aurait pu, pas braquée, pas...*Putain, j'ai droit à une médaille, là.*

Elle recula de quelques pas, toujours fixant O'Kieran, et alla s'adosser contre le tronc.

Je crois que nous avons évité le pire... :ninja:
Alison a retenu que ce qu'elle voulait entendre, elle m'épuise. XD

Lena : petite mention spéciale pour la petite phrase en haut de ce post... :roll:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

26 août 2021, 15:44
 +  To know who I am
Elle se défilait. Si elle ne commençait pas à m’affronter, à me faire la guerre, elle allait se défiler : pourquoi je n’y avais pas pensé plus tôt ? Son regard sautait d’un endroit à un autre ; alors que j’avais plongé mes yeux dans la marée d’émotions indescriptibles de son visage, elle regardait partout sauf dans ma direction. Que cherchait-elle ? Un endroit pour fuir ? Pour se défouler ? Pour ne pas répondre à ma question ?

Maintenant qu’Alison avait ce qu’elle voulait entendre, maintenant qu’elle savait que je ne voulais pas la séparer de Lena, maintenant qu’elle savait que j’avais épuisé mes mots, elle n’avait plus qu’à partir, faire comme si cette entrevue n’avait jamais eu lieu. Se délecter des *compliments* que je lui avais faits.

Merlin, le silence s’éternisait.

*Inspiration* Ok. Elle n’allait pas crier. Sa voix étonnamment calme m’avait surprise, comme un coup dans la poitrine, comme… comme si ce n’était pas elle. Comme si ce que je lui avais dit l’avait métamorphosée à jamais.

Elle n’allait pas crier. Et j’allais l’écouter.

La Jaune commença à bouger, était-elle… gênée ? Vraiment ? Gênée ? Comment pouvait-elle changer si rapidement d’humeur, d’expression ? *Et toi, comment tu peux passer de la joie, l’appréhension, l’espoir, la tristesse, la colère, l’espoir ?* Je fermai les paupières, pour m’isoler un instant, reprendre mes esprits, mais son accent – si ressemblant au mien, comment avais-je fait pour ne pas le remarquer jusqu’aujourd’hui ? – m’obligea à revenir à la réalité.

Allais-je devoir encaisser ? Faire comme si ses mots ne m’atteignaient pas, comme si je ne voulais pas pleurer ? Qu’allait-elle me dire ? Comment devais-je réagir ? *Respire*

C’était vrai. *Ok* Elle ne m’aimait pas. *On est d’accord* Mais elle ne me détestait pas. Je haussai un sourcil, interloquée. Le mot qui définissait ces derniers mois n’était pas… haine ? La rectification ne tarda pas : elle m’avait détestée. Avant. Mais qu’est-ce qui avait changé ? Certainement pas l’entrevue avec Lena. Peut-être quand les deux sorcières s’étaient réconciliées ? La deuxième année m’avait pardonné d’avoir créé toute cette tension, mais pas de ce que j’avais fait avant ?

Elle me détestait parce que… *Quoi ?* Je savais quelque chose ? J’en savais même trop ? Mais qu’est-ce que je savais ? Je repassai mentalement ce que j’avais appris sur elle. Elle écrivait à quelqu’un de sa famille. Sa grand-mère ou sa tante, je ne savais plus. Elle n’avait jamais fêté Halloween, me posait des questions à propos. *C’est là que tout est parti en vrille* Que s’était-il passé, déjà ?

Je savais qu’elle s’était fait attaquer par les hiboux et que, certainement, elle en avait peur. Elle n’osait pas attacher la lettre à la patte du volatile, elle avait commencer à *pleurer ?* par terre – à moins que mes souvenirs ne soient plus exacts. Je savais qu’elle était amie avec Lena, une amie très proche. Qu’est-ce que, de tout ça, je n’étais pas censée savoir ? Tout ? *Trop*

Ses yeux revinrent sur les miens et je frissonnai. La suite ne tarda pas à venir, et je baissai légèrement la tête. Pour Noël, elle avait raison de m’en vouloir. J’avais voulu bien faire et… *on connaît la suite*. Et si, sur le moment, ç’avait plus été un désastre concernant Lena… Ça n’avait pas dû être facile pour elle non plus. Et tout ça, c’était de ma… *arrête ! C’est fini tout ça !*

Avoir Lena pour moi toute seule. Peut-être qu’un jour, j’aurais bien voulu… qu’Alison disparaisse. Peut-être. Je ne m’en souvenais plus. Mais, maintenant… J’avais fini par intégrer, comprendre, accepter, que je n’étais pas la seule. Et c’était comme ça, c’était tout, je ne pouvais rien y faire.

*Ça s’choisit pas* Mon regard se riva à un arbre au loin, des élèves sous forme de couleur difformes vagabondant autour. *C’est p’t-être qu’t’as pas assez écouté ton cœur* Avais-je des regrets ? J’en avais eu, par rapport à Lena. En première, et en décembre. J’avais écouté mon cœur pourtant – la seconde fois, du moins. Mais mon cœur n’avait pas toujours raison.

J’avais des regrets par rapport à *Alison*. Dans la volière… je ne savais même pas si j’avais écouté mon cœur ou non. Peut-être pas. J’avais réagi au chaud, sur le moment, sans préparation, sans temps pour m’écouter. *Hors de question que ça arrive aujourd’hui. Hors de question que ça arrive de nouveau*

Oui…

Elle avait raison. Dans tout ce qu’elle avait dit, elle avait raison. Elle avait raison de m’en vouloir, elle avait raison d’être fâchée, elle avait raison de sous-entendre que j’avais des regrets.

*T’as des regrets, toi ?* Mais qui demandait ça ? Moi ? Mon cœur ? Mon cerveau ? Fallait-il que je le prononce à voix haute ? Non. Je risquais de tout faire vaciller à nouveau.

T’as raison.

Non, c’était mon cœur. C’était mon cœur, qui voulait savoir si elle regrettait. Mais pourquoi n’osais-je pas lui demander ? Si je ne lui demandais pas… J’aurais des regrets, moi aussi. Parce que j’aurais choisi de pas lui demander. *C’est complexe*

Je relevai les yeux vers elle. Alors… C’était fini ? Maintenant qu’on, qu’elle m’avait dit tout ça… C’était fini ? On pouvait… faire une trêve ?

Pardon, lui dis-je en grattant la terre du bout de ma chaussure.

C’était ma manière à moi de lui demander si tout était terminé.

*Tends la main vers elle* Pas encore.

Pas encore.

Ahem. Là je sais plus quoi faire x)
"Se taper ou pleurer dans les bras l'une de l'autre" :ninja:

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17 sept. 2021, 21:56
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______________________________


C'était étrange.
D'autres auraient pu qualifier cela de beau. D'apaisant, même. D'intéressant, peut-être, ce soudain silence.
Le tronc paraissait être le seul élément tangible auquel elle pouvait se raccrocher. Sa surface rugueuse sous ses paumes, ainsi que l'herbe fraîche sous ses pieds, le vent dans les feuilles et le soleil à travers les branches : tout cela passait un message, qu'elle ne parvenait pas encore à comprendre.
Peut-être "qu'importe à quel point tu t'écarteras de ce que les Autres pensent de toi. Tu trouveras toujours quelque chose pour te rattraper."

Elle avait l'impression d'être le funambule devant le fil. Ce n'était pas dur, on l'avait fait des milliers de fois, mais il restait cette appréhension, au fond du cœur, ce pincement au ventre, cette sorte d'excitation néfaste qui poussait à avancer sur la corde invisible. Elle s'était élancée sur la mer des mots sans prendre le temps de vérifier son cap, de jeter un regard à sa boussole, de tirer sur la barre pour redresser le navire. Maintenant, soit il prenait l'eau et coulait sombrement, soit il trouvait un moyen de s'en sortir, et peut-être, peut-être seulement, il y aurait des survivants.

"T’as raison."


Elle expira l'air lentement, par le nez. Sa tête était tournée vers le pont, vers toutes les petites fourmis qu'on appelle humains et qui passaient sur les pierres. Que voyaient-elles, de leur position ? Deux filles en train de se discuter. Pas de houle, pas de vagues, pas de cris. Rien. Juste... Une aura étrange les entourant, certainement, ces deux gamines si différentes. L'une brune, l'autre blonde. L'une vêtue soigneusement, l'autre pieds nus. Et pourtant, elles se ressemblaient, non ? De loin, elles avaient les mêmes contours flous qui déterminent les ombres, n'est-ce pas ? *Ça n'a pas de sens. C'que j'pense. Pas d'sens.*
Elle avait l'impression de dériver tout en restant accrochée à la terre ferme, et c'était très désagréable.
Elle voulait tout tenter, bien sûr. Alors, il aurait fallu que cette impression de relâchement total, cette absence prolongée de contrôle sur les secondes qui passaient trop vite, le vent qui soufflait trop doucement, tout cela, elle aurait dû le ressentir un jour ou un autre. Car c'est ce que les Autres appellent être *vivant.*

Clignant des yeux, elle s'autorisa à tourner la tête vers la Jaune. *O'Kieran. Eryne.*
Qu'y avait-il à rajouter à cela ? À ce "t'as raison" ? Est-ce qu'elle avait écouté, au moins ? Est-ce qu'elle n'avait pas dit ça pour se débarrasser ? Certainement, non ? Car c'est comme ça que réagissent les Autres face aux problèmes : ils les contournent, font un grand virage à 180 degrés et s'en vont par où ils sont venus.
Elle n'était pas un obstacle sur la route.
Elle en avait marre de ces voitures qui faisaient demi-tour.
Elle en avait assez de n'être vue que comme une chose d'infiniment petit et complexe, comme un atome auquel on aurait trouvé des échardes et qui écorchait les doigts de tous ceux voulant l'effleurer.
Personne ne pouvait s'être dit que ce n'était pas elle qui avait choisi ? Tous ces piquants, ils venaient bien de quelqu'un, non ? La rose a bien des épines pour quelque chose ! Pourquoi serait-ce différent pour elle ? Et pourquoi pardonnait-on aux roses ce qu'à elle, on ne pouvait pas lui tolérer ?

"Pardon."

C'était probablement ça, aussi, faire partie des Autres. Savoir quoi dire et quand. Ne pas se retrouver brusquement à court de mots, ne pas avoir à se retourner le cerveau pour trouver une réponse appropriée. Elle était fatiguée, de tout cela, comme la rose peut l'être à la fin d'une chaude journée d'été.
Elle allait baisser ses épines, elle le sentait, et ça lui flanquait une trouille monstre.
Là, sous cet arbre, sous ces feuilles et ces particules de lumière, elle allait essayer de...*Changer ? Évoluer.* Faire un pas en avant, et y rester. Ne pas en faire douze en arrière, même si elle le voulait de toutes ses forces. *J'veux pas devenir une Autre !*
Mais elle ne le deviendrait pas. Elle ne pourrait pas le devenir, car cela aurait voulu dire abandonner toutes les épines. Comme si les Roses pouvaient muer, comme les serpents, et laisser tomber toutes leurs aiguilles. C'était impossible.

Elle se rendit compte que ses yeux avaient naturellement rejoint le pont, se détournant une fois de plus du visage de la Jaune.
Ses ongles s'accrochèrent aux ridules de l'écorce, tandis qu'elle puisait dans la solidité de l'arbre un appui nécessaire pour rétablir un contact visuel.

"J-J'sais pas si j'ai raison."

Et si elle avait l'impression que sa voix tremblait et que son accent irlandais ballottait les mots hors de sa bouche, c'était peut-être bien parce que c'était le cas.

"C...C'que j'sais... C'est qu...Que..."


Elle ferma la bouche, avala sa salive. Merlin, pourquoi était-ce si dur ?

"Lena... Elle peut pas... Continuer. Comme ça, j'veux dire. Pas avec...Nous deux. En train de... Se... Pas s'supporter mutuellement." *Et Circé sait qu'on est douées à ce petit jeu.* "Alors... J'te préviens, j'te propose pas de d'venir les meilleures copines du monde !" Son nez se fronça, alors que l'idée farfelue lui passait en tête. Jamais-de-la-vie. "Mais... P't'être... Arrêter ? Simplement... S'ignorer ?"

Sa voix avait un peu monté dans les aigus à la fin de la phrase.
*C'est d'l'appréhension. Quoi d'autre, sinon ?*

Plume : Je vais répondre à Alison : Quoi d'autre, sinon ? Une supplique.
Enfin, elle ne voudra probablement jamais le reconnaître !
Néanmoins, je remarque que nous avons miraculeusement réussi à arriver là où nous voulions aller... Oufffff... :rofl:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.