La neige de l'hiver écossais commence à laisser un fin manteau sur le sol. J'ai décidé de quand sortir prendre l'air. Cape d'hiver et boursouflet sur l'épaule, une grosse écharpe aux couleurs de Poufsouffle autour du cou, je fais route vers le parc. Je ne fais pas spécialement attention à l'endroit où mes pas me portent, cherchant simplement un endroit un peu calme pour exercer la précision de mes sorts.

Je m'arrête finalement dans la plaine descendant du Cromlech vers le Saule Cogneur. Je crois bien ne m'être jamais approchée si près de l'arbre le plus violent du parc, voir peut-être le plus violent du monde, j'en sais rien après tout c'est pas souvent que les arbres mettent des coups... Je suis tout de même à une distance raisonnable je crois, normalement il peut pas m'atteindre d'ici.

Maintenant j'admets être curieuse de voir comment l'arbre se comporte quand il s'énerve... Je contemple un moment l'idée avant de me rappeler la raison de ma présence ici. Je sors ma baguette de ma poche, laisse Clivia descendre pour jouer dans la neige et me prépare mentalement à l'exercice prévu. J'ai avec moi un parchemin vierge pour me servir de base. Je le vise, visualise, trace le geste que je connais maintenant par cœur et prononce clairement "Avifors !"

Un corbeau au bec légèrement de travers remplace le parchemin. Contente de mon travail, je ne peux m'empêcher de sautiller de joie et de taper dans mes mains. Il ne me reste plus qu'à voir si, au-delà de l'apparence, ma métamorphose fonctionne. Je le dirige de mon bâton de cerisier et il prend son envol, je me concentre sur l'émission d'un croassement, espérant que cette fois ça marche comme prévu. Et finalement...

Arc I: Début des troubles

Près du Saule Cogneur, Parc,

aaa 9 Décembre 2045, aaa 14h45

Elizabeth Merrow et @Lily-Rose Holland

Iratus se promenait dans le parc, et observait avec admiration la neige. En effet, cet élément était une des rares choses existantes sur Terre qui pouvait le calmer et l'émerveiller, au point de le rendre muet. Écharpe tombant sur ses épaules aux couleurs de Poufsouffle, il avançait petit à petit dans la neige blanche du parc. À Londres, la neige était rare, principalement à cause du fait que c'était une ville, et que la pollution empêchait la glace de tenir. Ayant vu le parc tout blanc, Iratus s'était dit que c'était l'occasion parfaite pour aller découvrir en plus près ces flocons qui tenaient sur l'herbe fraîche. En se promenant à une vingtaine de mètres du Saule Cogneur, il découvrit que la neige avait un pouvoir incroyable et que la magie elle même tombait du ciel: le silence. Le parc était entièrement silencieux, et Iratus ne voulait pas ouvrir la bouche pour rompre ce moment magique. Les moldus connaissaient donc la magie, grâce à l'hiver, mais le problème, c'est qu'ils ne s'en rendaient pas compte. Il soupira, et continua son chemin, jusqu'à ce qu'il vit une jeune fille faire apparaître un oiseau, en direction de l'arbre le plus dangereux de Poudlard. Il écarquilla les yeux, et trottina vers elle avant de remarquer qu'il connaissait la fille: c'était la Poufsouffle de la Serre, quand il était encore réveillé la nuit. Celle qui n'était pas partie. Il s'avança et lui lança:
- Dis moi... T'es suicidaire ?
Ce n'était pas très poli de commencer une discussion de la sorte, mais au moment où il voyait une enfant s'amuser avec un oiseau en direction de l'arbre le plus dangereux du monde, il se disait qu'il avait totalement le droit de l'aborder comme ceci. À voir sa réaction.

désolée pour le retard hésite pas si y a un problème !

Entendant les cris peu conventionnel de mon corbeau, je me décidais à le renommer corbouette, pour corbeau-mouette. Malgré cette petite erreur que visiblement je faisais à chaque fois ou presque, l'animal me semblait vraiment réussi. Taille réaliste, plumage d'un noir bleuté profond, mouvement harmonieux, un bec un peu tordu mais sinon des proportions parfaites et un cri... de mouette. Toute à l'admiration de ma création aviaire je n'entendis pas tout de suite les bruits de pas étouffé par la neige et se rapprochant de moi. En réalité je ne percevais la présence d'une observatrice que lorsque celle-ci me parla, me faisant me retourner. Je dirige mon oiseau pour qu'il se pose sur mon bras, et laisse un petit rire éclater à la suggestion de celle que je reconnais comme Elizabeth.

"Salut Elizabeth ! Non pas vraiment, mais je joue tout de même avec un oiseau de mauvaise augure, donc je me demande bien ce que ça dis de moi."

J'ai le ton léger de la plaisanterie, et cette idée me fait sourire, alors ajouter un effet un peu dramatique sur le mot "augure" je relance l'animal vers le ciel, le faisant déployer ses ailes, dissimulant brièvement moi visage derrière ses plumes. Il tournait maintenant en cercle au-dessus de nous et je savais pertinemment que la métamorphose lâcherai bientôt, ne laissant à la place de l'oiseau qu'un simple bout de parchemin...

A mes pieds, Clivia continuait de jouer joyeusement dans la neige, ne prêtant aucune attention ni à mes pitreries magiques, ni à la nouvelle venue.

Iratus observa Lily, qui se souvenait parfaitement d'elle. Elle prit sa remarque sur le ton de la rigolade, et continua de jouer avec son oiseau. Il remarqua que le Boursouflet qui était à ses pieds, s'amusait dans la neige. Il comprenait parfaitement pourquoi: à l'heure actuelle, il n'avait qu'une envie, se rouler dans la neige, s'y allonger, et écouter le silence. Il se gratta la nuque avant de répondre:
- Ah tu te souviens de moi ? Pas de souvenirs d'une folle ? C'est marrant tout ça dit donc.
Il lui avait dit cela ironiquement, mais était secrètement heureux qu'elle souriait en sa présence. Les personnes qui étaient d'humeur joyeuse lorsqu'ils parlaient avec elle était assez rare: même son père souriait rarement. Mais Jack Merrow faisait parti des cas qui ne montrait jamais leurs émotions, quoi qu'il advienne. Il soupira avant de s'accroupir pour parler au Boursouflet:
- Alors dit moi petite créature... murmura t-il en l'observant les yeux fatigués, t'as pu écouter mes conseils de la dernière fois et les appliquer ? Ou t'as pas eu l'occasion de tabasser quelques sorciers qui t'embêtaient ?
Il se releva, et recula de quelques pas: ce n'était pas la meilleure des solutions de parler ainsi à un Boursouflet qui pourrait le mettre KO à tout moment. Il se tourna vers Lily, avant de repenser longuement à la conversation dans les Serres. Il avait une question qui lui brûlait la langue depuis le moment où il l'avait vu:
- Au fait... Toi aussi t'as pu suivre mes conseils en allant combattre ton cauchemar ? Ou pas du tout ? Est ce qu'il revient te hanter ? Je sais que ça peut être douloureux d'y penser... Mais moi j'ai eu du mal à faire taire la chose...
Iratus poussa un profond soupire: ce n'était pas une partie de plaisir de parler à son propre cauchemar.

Elizabeth me répondit surprise visiblement. Ou peut-être était-ce de l'ironie ? J'identifie encore mal ce genre de ton... Je m'apprêtais à répondre quand elle s'accroupit pour parler à Clivia. La boule de poils se figea pour l'écouter avant de lâcher un cri de joie et reprendre ses jeux dans la neige. Je n'étais pas sure qu'elle ait compris mais sa réaction me fit rire. Je regardais la première année prendre ses distances quand la métamorphose pris fin. Un parchemin dépourvu d'encre, descendit doucement vers le sol, par chance pas le moindre souffle de vent ne dévia sa trajectoire et je le récupérais aisément écoute d'abord distraitement la question d'Elizabeth avant de me figer, bras en l'air et parchemin en main.

Lentement je ramenais l'article de papeterie et le bras qui le tenait jusqu'à moi. Je fixais mon regard sur l'arbre à une vingtaine de mètre et m'accroupis, usant de ma baguette pour tracer des spirales dans le manteau neigeux. Après une bonne minute de silence, je relevais la tête souriante mais la mâchoire crispée cette fois.

"Mon cauchemar j'y pense le moins possible, parce que si j'y pense trop il devient encore plus réel. C'est plus simple de faire comme si c'était jamais arrivé... Il me hante toujours mais de moins en moins, juste de temps en temps. La nuit ou si y a un truc qui me le rappelle."

Un peu plus pâle d'avoir fait remonter ce que je ressentais, je maintenais un sourire vide tout en repoussant les images tentant de refaire surface dans ma conscience.

Lily lui avait expliquer qu'elle avait seulement arrêter de penser à son cauchemar. Iratus réfléchit à ses paroles en pensant à ce qu'il avait fait: parler à la chose. Ce n'était pas une partie de plaisir, certes, mais au moins cela avait fonctionné. Le cauchemar de la Poufsouffle était peut-être bien plus effrayant que le sien. La question lui brûlait les lèvres, mais il se retint de justesse, l'ayant vue pâlir à une vitesse fulgurante. Il se racla la gorge et marmonna:
- Un cauchemar c'est pas réel... Ça doit être une chose qu'on peut éliminer, vu qu'on existe... P't être que son cauchemar existe ? Mais si ça se trouve le mien aussi... Tant que ça se passe dans la tête ça existe pas normalement...
Il soupira et se gratta la nuque: il ne comprenait plus le fonctionnement d'un cauchemar. Il allait demander à Lily-Rose ce qu'elle en pensait, mais la vit avec un sourire figé et le regard perdu dans le vide. Elle avait l'air ailleurs. Iratus s'approcha et lui dit à voix basse, en faisant des signes à l'aide de ses mains:
- Euh.. Eh ? Eho ? Youhou ! Tu m'entends ?
Elle ne répondit pas. Il ne voulait pas crier, par peur de rompre le silence qu'avait installé la neige, ni la secouer: elle pourrait crier. Iratus recula de trois pas, prit de la neige pour en faire une boule et lui jeta dessus en lançant:
- J'aime pas quand on m'ignore, tu l'as cherché.
Tout ceci bien sûr, en affichant un sourire narquois à ses lèvres.

Mon combat intérieur contre mes souvenirs m'avait détacher du monde réel au point de n'y revenir que lorsqu'une masse humide et froide s'écrasa sur moi, sur mon visage plus précisément... Hébétée un instant par la soudaineté de ce retour au présent, je connectais enfin la masse froide, la neige au sol et la gamine au sourire moqueur. Cette fois bien revenue à moi, je me relève et lui lance un regard plein de malice !

"Tu l'auras voulu, c'est la guerre maintenant !"

Le fait d'être à moitié hilare ne donnais que peu de crédibilité à mon intervention, mais la boule de neige rapidement formée se tenant dans ma main lui en donnerait. Je récupère ma baguette et à l'aide d'un sort de lévitation joliment exécuté envoie la sphère dans la tête de mon adversaire. Le sérieux, la tristesse et la peur s'était envolés, laissant place à un désir de vaincre mais surtout de m'amuser, et nuls doute qu'une bataille de boule de neige fonctionnerait à merveille pour ça.

Clivia de son côté en était à rouler dans la neige à croire que c'était un paradis pour Boursouflet... Je ramassais de quoi former une nouvelle boule, avant de me mettre en mouvement, hors de question de rester en place, ça ferait de moi une cible bien trop facile. Je gardais quand même le saule dans mon champs de vision, celui-ci avait réputation d'avoir mauvais caractère et ce n'était pas erroné...

Sortir Lily-Rose de ses pensées fut une bonne idée: elle répliqua en annonçant la guerre et en l'attaquant à l'aide d'une boule de neige. La neige était peut-être une invention qui n'avait que des côtés positifs ? Tomber malade à cause du froid n'était qu'un détail parmi tant d'autre. Iratus bougeait et ramassa de la neige afin de créer une nouvelle boule. Il gardait tout de même dans son champ de vision le Saule Cogneur qui pouvait se manifester d'un moment à un autre. Il regarda Lily-Rose et hurla en jetant sa munition sur elle:
- La guerre est déclarée ! Tu vas mourir face à mes coups ! Tremble devant ma grandeur et non devant le froiiiiiiiid !
Iratus était hilare face à la situation: il ne faisait que de réveiller l'ego en lui, car en soit, il était l'ego incarné. Mais il devait garder en tête que trop d'ego tue l'ego. En y réfléchissant bien, peut-être pas avec lui. Il resta courbé dans la neige et commença à se créer une petite base afin de se protéger des futurs coups qui devraient arriver d'ici peu. Tout en construisant son repaire, il garda un oeil sur le saule, et décida, sur un coup de tête, de se lever et de crier:
- Eh le Saule qui cogne rien du tout tu m'écoutes ? Si tu participes à la guerre, même toi tu vas trembler devant ma grandeur ! Pas la peine de participer alors, compris ?
Avait-il dit ça parce qu'il avait un peu peur que l'arbre ne se réveille et ne les ensevelisse de neige ? Peut-être bien que oui. Mais il garda en tête qu'il devait gagner, même contre un arbre géant qui avait la possibilité de le tuer en quelques secondes. Pour son ego.

C'était donc partit pour une féroce guerre de résistance au froid et d'endurance. Elizabeth semblait avoir une stratégie différente de la mienne : elle construisait un fort. Pour ma part j'essayais plutôt d'éviter les boules lancés dans ma direction, bien que ce ne soit pas toujours un succès je m'amusais beaucoup.

Remarquant que la fillette aux cheveux noirs s'était levée pour crier sur le Saule Cogneur je prépare deux boules dont une qui la touche dans le dos sur la fin de sa provocation destinée à l'arbre. L'autre passe au-dessus de sa tête et arrive sur la branche de l'arbre la plus proche. L'élan de l'envoi me fait perdre l'équilibre et je tombe dans la neige en riant. L'arbre s'agite un peu en fond mais rien de bien inquiétant en soit selon moi. A voir si ma camarade de jeu pensera de même.

"Ouais t'es nul l'arbre ! Tu peux pas nous attraper ici !"

Je rajoute une couche au discours de la première année tentant de rester sérieuse malgré la neige agglutinée sur mes cheveux et mes cils. Un sourire de malice me trahit et le rire me reprend me laissant à la mercie de mon adversaire pendant quelques dizaines de secondes. J'aperçois Via qui s'approche de moi se demandant probablement ce que je fabrique ou peut-être voulant venir se rouler dans la neige à côté de moi plutôt que seule. Elle sautille tant bien que mal dans la neige avant de me lécher la joue affectueusement et de repartir.

Tandis qu'il venait de déclarer la guerre à l'arbre, Iratus reçut une boule en plein dans le dos. N'ayant pas eu le temps de prononcer ne serait-ce qu'un mot, un projectile fonça droit vers le Saule et percuta une branche. Iratus eut un moment d'incompréhension: Lily venait de viser l'arbre qui pouvait tuer des gens, mais venait de rajouter une couche en le critiquant. Cette fille était merveilleuse ! Un sourire radieux mais à la fois malicieux naquit sur son visage: que dire à part que cette bataille s'annonçait plus excitante que prévue ? Iratus s'accroupit et attrapa de la neige pour en faire une nouvelle boule. Pendant qu'il modelait son nouveau projectile, il observa attentivement sa nouvelle cible: trouver un point à viser où l'arbre comprendra qu'il avait à faire à de vrais guerriers, telle était sa mission. Il se rappela du lancé de Lily-Rose et marmonna:
- Il avait pas l'air d'avoir grandement apprécié qu'on lance des boules dans ses branches...
À ces mots, il se releva d'un coup et cria à l'adresse de l'arbre:
- T'as entendu Lily tronc vivant sans pattes ? On va te dé-mon-ter ici et maintenant !
Le terme "démonter" n'était sûrement pas le plus approprié, mais il ne pesait plus ses mots à l'heure actuelle: tout était une question de battre ou non la Saule Cogneur. Il leva le bras et lança son missile en direction de la cible identifié.


Tu sais quoi faire face à ce résultat ma chère
C'est plus de la folie à ce stade XD