Episode 11 - Au commencement, il y avait la noirceur...
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Annexe de Poudlard - Le vélane
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Episode 12 - L'exécution

∾ Personnage central ∾

Kristen Loewy, 41 ans, directrice de Poudlard et fondatrice de la Cause (fiche)

∾ En ce moment même ∾

Lac noir de Poudlard, nuit du 15 avril... Kristen se tient aux côtés du terrible Stanislav Stoyanov, le ministre de la Magie de Bulgarie et grand-maître des Noirfangueurs, sur le pont du navire fantôme de Durmstrang. Tous deux viennent d'accomplir la plus grande prouesse magique de leur temps, mais leur entretien privé tourne autour du lien indéfectible qui les reliait à Arseni Stoyanov...

∾ Thème musical ∾

Moonlight Sonata — Hidden Citizens

∾ Inventaire ∾

➊ Baguette de Sureau : chaque tour, la baguette peut produire un à deux sorts issus du registre des 133 sortilèges pour Aventure en mode sortilège signature
➊ Bague d'Injonction : la bague mélange les flux de magie blanche et noire qui coulent dans les veines de Kristen pour former l'Ondegrise ; un sortilège de niveau 7 qui relâche une tornade magique soit destructrice, soit protectrice (au choix) sur la cible

∾ Tour 1 ∾

Stanislav Stoyanov grimace en se massant le front comme s’il était sujet à une migraine. Cela ne dure que quelques secondes puis il retrouve sa posture. Son expression est toutefois nettement plus fatiguée désormais.
« Il aurait sans doute désapprouvé ce que nous venons d’accomplir. Il ne voyait pas la grandeur dans la magie noire, seulement une fin pour m’atteindre. Mais vous n’êtes pas comme lui. Vous ne partagez pas ce point de vue sinon vous n’auriez pas été aussi prompte à demander mon aide… on peut dire que vous n’avez pas peur d’établir un pacte avec le diable. Je vous respecte pour ça. »

@Kristen Loewy vous avez jusqu'au mardi 2 juin (23h) pour déclarer vos actions

Kristen réfléchit un moment aux propos de Stanislav. Elle n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec quelqu'un qui pouvait partager son point de vue, sans craindre de jugement.

« C'est vous, le diable ? sourit-elle faiblement. »

Elle soupire, fatiguée rien qu'à repenser à ce qu'elle vient de faire. Elle ne réalise probablement pas tout à fait. Elle porte son regard sur sa main droite, dont les plaies sont encore à vif de son utilisation plus tôt.

« Je vois la grandeur dans cette magie comme j'en vois dans la magie dite blanche. En vérité, je suis persuadée qu'il n'y a que la Magie, et ce qu'il est possible d'en faire. J'ai toujours trouvé stupide de se brider volontairement, sous prétexte qu'une supposée morale nous l'ordonne. Ce ne sont que les hommes qui font la morale. La Magie, elle, est. Et je crois, à vrai dire, que les hommes sont pareil : ni bons, ni mauvais. Ils font ce qu'ils font, et cela nous plaît ou nous nuit. »

Elle serre son poing droit et retient une crispation de douleur dans sa mâchoire.

« Il y a des années que je veux savoir s'il est possible de vaincre la Mort, alors je devais essayer. J'ai été complice de choses affreuses rien que pour connaître la réponse à cette question. Maintenant, je sais comment faire pour ne pas mourir, et je ne sais même pas quoi en penser. Je me sens soulagée, je crois, de pouvoir enfin rayer cette question de ma liste, et de savoir que le sorcier qui m'a initiée à la question n'est pas sur la bonne voie. »

∾ Tour 2 ∾

Stanislav plisse les yeux en direction de Kristen mais s’abstient de tout commentaire. Il la regarde comme on regarde un oiseau exotique. Ses lèvres se fendent même d’un sourire. Mais il ne dit mot.
Il préfère détourner le regard, observer les eaux du lac noir et la silhouette massive de Poudlard perchée sur son île.
« Je suis ce qu’on appelle communément un hybride. Mon père était un sorcier médiocre, un raté de la pire espèce tombé sous le charme de ma Vélane de mère. A mon arrivée à Durmstrang, j’étais la nouvelle curiosité… le monstre que l’institut avait inscris dans son registre par erreur. C’est du moins ce que se plaisaient à croire les Sang-Pur et les Sang-Mêlé. La première nuit, ils ont noué une corde autour de mes pieds puis ils m’ont traîné de force sur les murailles d’où ils m’ont balancé, un rocher accroché au bout de la corde. C’est amusant, mais après toutes ces années, je n’ai pas réussi à oublier la morsure de l’eau froide ni les ombres inquiétantes qui me regardaient couler depuis les profondeurs. »
Il laisse échapper un rire sec et particulièrement court.
« Une naïade m’a sauvé d’une mort certaine cette nuit-là. J’ai vite compris qu’il me faudrait travailler mille fois plus que n’importe quel élève, grandir mille fois plus vite que n’importe quel autre garçon, devenir le plus fort d’entre tous, et écraser la moindre résistance si je ne voulais pas de nouveau me retrouver au fond du lac, un rocher attaché au bout des pieds. Quand Arseni est entré à Durmstrang, je m’étais déjà vengé de mes bourreaux et notre nom signifiait déjà quelque chose. Il était tout aussi hybride que moi, mais pire encore, puisqu’il était le fruit d’une relation non-consentie entre ma mère et un sans-pouvoir. Aujourd’hui encore, personne ne sait pourquoi l’institut à enregistrer les membres de ma famille dans son registre. Mais une chose est sûre, tout le monde a appris à craindre notre nom… ce qu'il reste des Sept Lignées apprendra aussi à nous craindre. »

@Kristen Loewy vous avez jusqu'au mercredi 3 juin (23h) pour déclarer vos actions

Kristen écoute l'histoire de Stanislav avec la plus grande attention, ne pouvant retenir la surprise de se glisser sur son visage. Ses yeux se plissent, ses sourcils sont froncés et elle incline un peu la tête. Elle reste silencieuse un moment. Il y a quelque chose qui cloche dans cette histoire.

« Il y a quelque chose qui m'échappe... Pourquoi instaurer un gouvernement qui défend ceux qui vous ont oppressé ? Pour les contrôler, les faire redescendre de leur piédestal imaginaire, simplement pour qu'ils vous craignent et vous respectent ? Tout cela pour ça ? Pourquoi vous associer à une femme telle qu'Ursula Parkinson, qui incarne ceux qui vont ont fait du mal ? »

Elle croise les bras, soucieuse, visiblement en pleine réflexion. Des informations contradictoires se mélangent dans sa tête.

« Vous seriez le candidat idéal pour rejoindre les Sept Lignées, et pourtant, vous voulez leur destruction... Pas seulement des meurtriers d'Arseni, je vous ai entendu : vous parlez de ce qu'il reste des Sept Lignées. Navrée, mais ça ne colle pas, vous ne me ferez pas croire qu'il n'y a pas quelque chose de plus grand que la soif de pouvoir et de contrôle derrière tout ça. »

∾ Tour 3 ∾

Stanislav baisse les yeux sur la surface de l’eau.
« Savez-vous que la doctrine des Noirfangueurs repose sur les enseignements de Gellert Grindelwald ? »
Il tourne sa tête vers Kristen et l’observe longuement.
« Beaucoup de sorciers à l’est d’ici croient encore dur comme fer que l’ancienneté de leur sang magique leur donne des droits sur les sorciers nés de parents sans-pouvoir jusqu’aux hybrides dans mon genre en passant par toutes les créatures intelligentes. La plupart de ces sorciers appartiennent à de très anciennes familles interconnectées entre elles. Des familles dont l’influence politique et le poids économique sont écrasants. Elles financent toutes les Noirfangueurs… toutes sans la moindre exception. Il est préférable pour eux de payer des meurtriers afin qu’ils appliquent leurs désirs de domination plutôt que de les revendiquer ouvertement. La Confédération internationale des sorciers les inquiète encore. Mais ne vous y trompez pas, leur influence grandit tandis que celle de la Confédération faiblit depuis plusieurs décennies… ceci explique sans doute pourquoi même la célèbre Ilya Koniecko n’a pas réussi à faire changer d’avis le conseil d’administration de l’institut sur la possibilité d’accueillir des élèves nés de parents sans-pouvoir. »
Il reporte son regard sur la surface de l’eau.
« J’ai dû commettre des actes irréparables, mais peu m’importe… je leur ai fait croire que j’étais l’homme le plus dangereux qui soit – et sans doute est-ce le cas dans une certaine mesure – afin de gagner leur confiance. J’ai pillé, dévasté, et tué au nom des Noirfangueurs. Je me suis hissé au sommet de la chaîne pour leur imposer le respect. Aujourd’hui, ils applaudissent à mes exploits. Mais tout ça n’est qu’une façade… le moment venu, j’enclencherai le plus grand génocide de l’histoire de la Magie. Une fois que je connaitrais le nom de tous les rats accoudés à ma table, je les ferai exécuter simultanément partout où ils se trouvent. Ils ne me survivront pas. Je léguerai à mes héritiers des pays lavés de leur conservatisme et de leurs idées malsaines tirées d'un autre temps. Une société plus juste, je l’espère. L’onde de choc que j’aurais laissé derrière moi pousseront peut-être les autres, loin de mon influence, à se terrer dans leurs manoirs de peur que Stanislav Stoyanov et ses monstrueux Noirfangueurs leur réservent le même sort. »

@Kristen Loewy vous avez jusqu'au jeudi 4 juin (23h) pour déclarer vos actions

Alors, Kristen avait raison, il y avait quelque chose de plus grand derrière les agissements de Stanislav Stoyanov. Cela explique aussi pourquoi elle n'a jamais su associer l'homme et sa politique : au fond, peut-être sentait-elle que quelque chose ne tournait pas rond dès le début. Mais elle ne sait pas quoi penser de ces révélations, et a même du mal à comprendre pourquoi Stanislav lui révèle tout si facilement... Il faut croire que ce qu'ils viennent de vivre a scellé leur confiance.

Le mot génocide fait frémir Kristen. Ce mot a toujours eu une résonance particulière dans sa famille : même si elle n'a jamais eu les détails sur cette époque, elle sait qu'une partie de sa famille a échappé à un génocide, à quelques années près, en quittant l'Allemagne avant qu'un certain Moldu à moustache ne s'y installe trop. Cependant, l'idée même de son horreur est ancré dans la mémoire familiale, comme un traumatisme plus grand. Fronçant les sourcils et fermant son regard, elle dit :

« Si j'avais été bien élevée, je ne vous aurais jamais permis d'employer le mot génocide devant moi. »

Elle baisse la tête, ses mains agrippent la rambarde.

« Mais je serais bien hypocrite... On pourrait dire que j'ai tué des centaines de personnes pas plus tard qu'il y a deux semaines, et je cache ma culpabilité derrière la justification de la guerre. Pourtant, je vous le demande..: est-ce que vous croyez que ça vaut le coup ? Votre nom inspirera la terreur, c'est vrai, mais vous pourrez tuer qui vous voulez, vous ne tuerez pas si facilement une idée ancrée dans notre monde depuis des siècles. N'y a-t-il pas un moyen plus... subtil ? Nous venons de vaincre la Mort, bon sang, rien ne devrait plus être impossible. Je ne sais pas... N'est-il pas possible de priver ces sorciers rétrogrades de ce qui fait leur fierté ? J'ai moi-même perdu la totalité de mes pouvoirs il n'y a pas si longtemps, alors je ne crois pas que cela soit plus difficile que transférer une âme dans un cadavre. »

∾ Tour 4 ∾

Stanislav ne relève pas la remarque. Il se contente d’un vague haussement d’épaules :
« Si vous étiez bien élevée, Beauxbâtons serait aux mains de Legallet, Dallan Blackwave serait mort, et Opale McKinney serait entrain d’échafauder un plan pour vous couper la langue. »
Il se décroche lentement du bastingage et fait les cent pas, les bras croisés dans son dos. Il donne l’air de s’amuser au petit sourire qui anime ses lèvres.
« La destruction du ministère… c’était donc vous… il éclate de rire en secouant la tête. J’ai peine à croire que vous me demandiez de songer à un autre plan quand, pour tuer l’idée même d’un ministère de la Magie dans votre pays, vous n’avez rien trouvé de mieux que de le détruire par la force, en ôtant, au passage, la vie à quelques civils qui avaient le malheur de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Kristen Loewy conseillerait-elle aux autres d’employer des méthodes radicalement différentes des siennes ? Pour quelqu’un qui, en l’espace de quelques semaines, a dû enfreindre pas moins de trente décrets sur l’usage de la magie… je vous trouve particulièrement divertissante. Vous n’ignorez pourtant pas que dans tous les pays civilisés, vos actes auraient déjà dû vous condamner à une peine de prison à vie, voir à la peine de mort. »

@Kristen Loewy vous avez jusqu'au jeudi 4 juin (23h) pour déclarer vos actions

Kristen se décale de la rambarde et lâche un profond soupir agacé. Elle n'aime pas du tout le ton de Stanislav, et le pire, c'est qu'elle sait qu'il a raison. Elle ne supporte juste pas de se l'entendre dire si directement.

« Vous avez raison. J'aurais dû aller en prison il y a vingt ans. J'aurais dû y aller il y a quinze ans et j'aurais dû y aller il y a cinq ans, tout comme je pourrais être condamnée pour ce que nous avons fait aujourd'hui. D'ailleurs, Arseni lui-même m'a évité de finir à Azkaban. Non, je ne suis pas quelqu'un de bien, et j'en ai conscience. Cela ne m'empêche pas d'essayer de réfléchir à d'autres solutions qu'un génocide... Je sais qu'il est bien plus facile de tout détruire, mais qu'avez-vous en tête pour la reconstruction de ce monde ? Lorsque vous aurez tué tous ces gens, il ne restera que la vengeance, et l'espoir dévastateur de ceux qui voudront que leurs idées reviennent un jour. Puisque vous êtes un politicien, j'imagine que vous avez pensé à l'après, d'une façon plus concrète qu'avec des je l'espère et des peut-être. »