∾ Tour 5 ∾

Edward pense pouvoir tromper deux généraux de l’Armée Noire, mais il ne sait pas que ces individus ont tous été arrachés à Azkaban, la prison des sorciers. Geneva et Jacob Roby ne sont pas une exception. La leçon passée auprès de Poison ne lui a pas servi. Les raisons de leur ancienne détention est un parfait mystère pour le prisonnier, mais il comprend au premier mouvement qu’il tente que ces deux-là sont bien pires que leur cheffe…
A califourchon sur le corps inerte de Galant, Edward tente un mouvement brusque qui ne trompe pas la vigilance de Jacob. Le général a le triple avantage d’être dans son angle mort, de le dominer de plusieurs têtes, et de tenir sa baguette appuyée sur la nuque du prisonnier. Jacob ne gâche aucun de ces avantages. Au premier mouvement d’Edward, il déclare froidement :
« Acuo »
Une douleur indescriptible pourfend aussitôt le corps d’Edward tandis qu’une seconde douleur lui défigure le visage… le sort est si terrible que le professeur entend très distinctement quelques os de son faciès craquer, rajoutant de la douleur par-dessus la douleur.
Edward est poussé sur le corps de Galant par le pied de Jacob. Geneva en profite, pose son pied sur la main d’Edward et bascule tout le poids de son corps dessus… d’autres craquements sinistres d’os…
« Tu n’as donc rien compris imbécile, déclare-t-elle en portant la cigarette à ses lèvres. Si Madame désirait ta mort, il y a longtemps que tes entrailles reposeraient à l’air libre. Tu vas mourir ce soir, cela ne fait aucun doute, mais pour mieux renaître. Tu l’en remercieras, crois-moi. »
Elle recule en laissant devant elle une main aux angles désastreux…
« Oubliettes. »
C’est la dernière chose qu’Edward entend d’elle. L’instant d’après – une éternité – il a tout oublié… enfin, il se souvient très bien de l’attaque du 4 ^1/2 Lower Grosvenor Place, de cette descente solitaire dans les entrailles du bâtiment, du Moldu en tenu militaire renversé sur sa chaise, mais sa mémoire s’arrête au coup qui l’a totalement désorienté ensuite… les longs mois de détention dans la Citadelle se sont volatilisés, les discussions avec Ursula Parkinson, la faim, le froid, jusqu’à l’intervention des jumeaux Roby… tout s’est dispersé aux quatre vents… mais les douleurs sont là : sa main aux phalanges brisées, son visage défiguré et fracturé, le gout de sang dans sa bouche… même un corps encore chaud sur lequel il est allongé.
Edward ne peut pas comprendre qui est cette personne, mais la mise en scène laisse clairement entendre qu’il a tué cette personne… il est après tout, parfaitement seul allongé sur le cadavre.
Edward a à peine le temps de réfléchir que le mur derrière lui est soufflé par une déflagration. Une femme au crâne rasée vêtue de noir – une Manteau noir, lui dicte sa mémoire qui a gardé toute sa perspicacité d’antan – se précipite dans la cellule, talonnée par plusieurs autres Manteaux noirs.
« Là, un autre ! crie l’une d’eux. »
La femme fronce ses beaux sourcils en le dévisageant. Elle se précipite sur Edward, lui passe un bras sous l’épaule en lui murmurant.
« Tout va bien. C’est fini. Nous vous ramenons chez vous. »
La douleur...

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Les souffrances sont tout ce qu'il lui reste désormais de sa captivité. La plus importante, le pousse à toucher son visage de la main gauche - une main qu'il voit, et ressent comme meurtrie et brisée. Edward veut crier de douleur, mais le sang dans sa bouche l'en empêche. Il crache une gerbe de sang avant de se rendre compte qu'il est allongé sur un cadavre. Un homme avec qui il a dû se battre, un homme qui a dû lui infliger ces blessures, mais pourquoi en étaient-ils venus à se battre à mort ?

Une explosion se fait entendre derrière lui, faisant sursauter le sorcier. Il tourne la tête et découvre une demi-douzaine de manteaux noirs rentrer dans la pièce. Ils étaient venu le libérer, lui qui pourtant avait lutté pendant des mois contre eux - mais ça, ils ne devaient pas le savoir. Non pas sans gémir, Edward accepte l'aide de la femme et essaye de rassembler ses forces pour parvenir à se redresser.

« Mmm.. merci..., finit-il par lui dire sans oser la regarder dans les yeux. Où... où suis-je ? »

∾ Tour 6 ∾

« Dans une prison de haute-sécurité moldue. Accrochez-vous bien, je vais nous faire transplaner loin de cet enfer, à trois. Un… deux… trois ! »
La femme resserre son étreinte autour de la taille d’Edward. Un battement de cils plus tard, elle l’entraîne dans un transplanage tout simplement parfait. Edward ne ressent aucun des symptômes habituels du transplanage forcé (désorientation, nausées, trouble de la vue) lorsque ses pieds se posent sur le sol marbré d’une vaste salle de réception. Tout autour de lui, des Manteaux noirs apparaissent seconde après seconde, soutenant d’autres personnes dans un état guère plus reluisant que le sien. La femme ne le lâche pas de peur, sans doute, qu’il perde l’équilibre.
C’est alors qu’elle apparaît dans son champ de vision. Ursula Parkinson. Le grand ennemi du Réveil.
Seule, la cheffe du Conseil des sorciers s’avance doucement parmi la foule d’anciens détenus, s’arrêtant à chaque regard croisé pour échanger quelques mots avec la personne. Edward voit beaucoup de ses semblables s’incliner devant elle. Il y en a même qui tombe à genoux en pleurant leur gratitude. Le visage d’Ursula Parkinson ne sourit pas. Elle passe d’une personne à une autre en affichant la même expression préoccupée. Chaque mot échangé est rendu, chaque poignée de main serrée chaleureusement, en toute modestie. Edward a presque du mal à croire que cette femme soit la même qui ait renversé le ministère de la Magie… rien ne la prédisposait non plus à le sortir, lui, d’une prison de haute-sécurité moldue.
« Mon dieu, que vous ont-ils fait subir… s’indigne-t-elle en s’arrêtant près d’Edward, les yeux légèrement écarquillés. Quel est votre nom monsieur ? »

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L'air complètement hagard, Edward se cramponne du mieux qu'il peut à la manteau noir. Arrivé dans l'immense salle de réception, ses jambes vacillent mais l'étreinte de la femme lui permet de garder l'équilibre. En apercevant Ursula Parkinson, il prend conscience de ce qu'il vient de se passer et de la situation particulière dans laquelle il se trouve.

Tentant de garder contenance du mieux qu'il peut malgré la douleur qui le submerge, il regarde la cheffe du Conseil des Sorciers avec une mine décontenancée. Mimant les précédents sorciers, il tente de lui serrer la main.

« Edward Penwyn, Madame, lui répond-t-il d'une voix troublée. Les Moldus m'ont attaqué hier et puis... je ne me souviens plus de rien. Du moins, jusqu'à ce que ces formidables sorciers et sorcières arrivent. »

Le regard que porte la sorcière sur son visage l'incite à toucher une seconde fois son visage pour tenter de prendre pleine mesure des dommages qu'il a subi.

∾ Tour 7 ∾

Ursula saisit délicatement la main que lui tend Edward entre ses paumes. Sa peau est douce et étonnamment chaude. Mais l’expression de la cheffe du Conseil des sorciers se trouble. Sourcils froncés, elle reste interloquée. Elle interroge même la femme chauve du regard qui semble toute aussi surprise.
« Edward Penwyn… répète Ursula en baissant les yeux comme si elle cherchait quelque chose sur le sol. Professeur... articule-t-elle doucement. Vous êtes porté disparu depuis plusieurs mois… trois, pour être exact. »
Elle appuie de nouveau un regard vers la femme chauve qui secoue la tête, navrée.
« Se peut-il qu’il ait subi un sortilège d’Amnésie, cela confirmerait nos soupçons sur la possibilité que le gouvernement Moldu soit renseigné par un ou plusieurs sorciers ? demande Ursula, toujours sur un ton prudent.
– Impossible de le savoir Madame. Seul un Legilimens très puissant pourrait en attester.
– Je comprends, commente Ursula en tapotant très doucement la main d’Edward, le regard encore fuyant. Bien, je ne vois qu’une seule option. Ramenez le professeur Penwyn à Poudlard. Le professeur Loewy connait un certain Aidan Bowers. Il pourra, sans doute, apporter quelques éléments de réponse à monsieur. Poudlard est de toute façon la seule destination souhaitable pour lui.
– Bien Madame.
– Professeur, salue Ursula en inclinant légèrement la tête. »
Elle relâche la main d’Edward tandis que la femme chauve lui lance un regard en coin.
« Prêt pour un nouveau saut professeur ? »

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En apprenant que son absence avait duré plus de trois mois, Edward chancelle et est pris de nausées. Il vit désormais dans une temporalité entièrement différente de la sienne, un monde inconnu où de nombreux événements s'étaient déroulés alors que seule une journée était passée pour lui.

On voulait l'emmener à Poudlard ; ce cauchemar allait pouvoir prendre fin. La mention que sa mémoire allait être passée au crible ne l'enchante guère, mais il ne peut refuser dans son état et des réponses l'attendent.

« Je vous remercie sincèrement pour, il essaye de trouver ses mots, un peu perdu, tout ce que vous avez pu faire pour moi, Madame Parkinson. »

Il regarde ensuite la femme qui l'aide à ne pas vaciller et lui répond sur un air entendu en se préparant mentalement à un deuxième saut :

« Oui, allons-y. »

∾ Tour 8 ∾

Ursula se contente d’incliner modestement la tête.
L’instant d’après, Edward se retrouve à des centaines de kilomètres de là. Ses narines respirent le puissant parfum des pins sauvages, ses pieds foulent une terre solide recouverte d’un tapis d’aiguilles, tandis que ses yeux s’habituent progressivement à l’obscurité environnante, distinguant aussi bien les eaux du lac noir que la silhouette solitaire du château de Poudlard dressé sur son île.
« Je ne peux pas aller plus loin, déclare la femme chauve. Nous autres Manteaux noirs ne sommes pas en odeur de sainteté par ici. »
Elle desserre lentement son étreinte autour d’Edward, s’assure qu’il puisse tenir seul, puis s’écarte de lui pour pointer sa baguette magique en l’air.
« Periculum ! »
Un feu d’artifice d’étincelles rouges éclaire le ciel noir de Poudlard. Elle jette un dernier regard vers Edward en ramenant son bras le long du corps.
« Vous êtes un survivant, professeur. Ne l’oubliez jamais. »

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Tout comme le premier transplanage, Edward est emporté si délicatement qu'il a l'impression que c'est le décor qui a bougé et non pas lui. Il est enfin devant un environnement familier, il était au pied du château.

Le professeur opine doucement de la tête lorsque la femme lui dit qu'elle ne peut pas l'emmener plus loin. Lorsqu'elle le lâche, l'homme essaye de garder l'équilibre et la laisse exécuter son enchantement des Étincelles rouges. Il se sent gêné lorsqu'elle lui dit qu'il est un survivant ; dans sa mémoire, sa captivité n'a même pas existé.

« Je ne sais pas comment je pourrais vous remercier de m'avoir sauvé ce soir ... lui dit-il en s'approchant avec difficulté de la rive pour contempler le château. Je ne connais même pas votre nom... Il prend une courte pause avant de demander : Pensez-vous que quelqu'un verra ces étincelles à une heure si tardive ? »

Edward se demande quel serait le premier visage familier qu'il verrait. Un collègue ? La directrice de Poudlard ? Peu importe qui ce serait, il devrait se maîtriser pour ne pas s'effondrer et garder la face.

∾ Fin ∾

La femme chauve fixe intensément Edward.
« On dit que rien n’échappe au professeur Loewy, répond-elle. »
Elle tourne son regard vers le château, sur l’autre rive.
« Je m’appelle Avis. Avis Mersch, 4^ème Général de l’Armée Noire. »
Elle hoche la tête et transplane.


Ursula Parkinson remonte la foule des Manteaux noirs et des anciens détenus. Ces derniers ont bien l’apparence d’anciens détenus mais leur posture droite et leur sourire laisserait plus d’un observateur perplexe. Ursula lisse sa robe juste avant de prendre place sur le siège curule mis à sa disposition au bout de la salle.
« Faites-moi disparaître ces déguisements, ordonne-t-elle d’une voix calme. »
Les « détenus » sortent leur baguette magique et retrouvent leur apparence de parfaits petits Manteaux noirs en deux-trois tours de magie.
Avis Mersch réapparaît à son tour. Elle dégrafe le col de son manteau et approche d’Ursula en arborant un sourire ravageur.
« La Trace est-elle en place ? demande Ursula.
– Oui Madame, répond Avis. Il n’y a vu que du feu.
– Bien. Vous avez été admirable. Que le 4^ème corps piste chaque usage de la magie qu’il fera en dehors de Poudlard. Tôt ou tard, notre ami nous conduira directement au reste du Réveil. »
Avis s’incline, tout sourire, rapidement imitée par le reste de l’assemblée de Manteaux noirs.
Ursula Parkinson esquisse un sourire.

Aventure terminée @Edward Penwyn ! A bientôt pour de nouvelles aventures !

Classée.