Entre les lignes
Dimanche 18 avril 2049
Londres, côté moldu
1ère année à l'AESM
Je m’appuie contre le mur en briques, bercée par les bruits de vie de la salle principale du Chaudron Baveur. En ce dimanche soir, lendemain du retour du Poudlard Express à Londres, la pièce est remplie de sorciers ; silhouettes indistinctes sur décors de bois. Je ferme les yeux pour échapper à ce spectacle. La vie qui s’en dégage accroît mon impression de ne plus être tout à fait vivante. Mes doigts s’enroulent autour de la chaînette pendue au mur. J’entrouvre les lèvres en même temps que je tire sur le mécanisme. Mon soupir s’expulse dans la salle du Chaudron Baveur lorsque mon corps est emporté en direction du Londres moldu.
Je quitte péniblement la chambre dans laquelle je viens d’apparaître. J’ai encore les doigts gourds : la pluie a battu tout l’après-midi sur mon lointain plateau Écossais. Mon entraînement a été humide et désagréable, mais au moins la pluie a-t-elle effacé efficacement les traces de sang sur ma peau. Comme tous les dimanches, j’ai étudié la magie noire ; ce soir, je me sens habituellement morose, en colère, lourde d’émotions poisseuses qui traînent dans un coin mal famé de mon coeur et dont je ne serai débarrassée qu’après une nuit de sommeil.
Les sortilèges de magie noire, comme ceux de magie dite “blanche”, demandent une bonne visualisation. Difficile, cependant, de réussir des sortilèges nécessitant une connaissance parfaite du corps humain, des muscles, des nerfs, du sang, des tendons, de toutes ces multitudes de choses se trouvant sous notre peau quand on en a une connaissance aussi limitée. Mes bases ne suffisent plus. Et je devrais pouvoir tenir sous le joug de ma magie un cœur humain alors même que je n’ai aucune idée de comment celui-ci fonctionne ? Merlin, quelle déception de découvrir que mes grimoires de magie noire ne donnaient aucune explication de ce type-là !
J’ai une idée très précise du livre qu’il me faut. Je l’ai vu dans les rayons de la librairie de papa. Malgré mon état de fatigue très avancé, mon épuisement émotionnel et les pensées noires qui se baladent librement dans mon esprit, j’ai pris la décision d’aller dans le seul autre endroit que je connais susceptible de proposer à la vente le livre en question. Toute la fatigue du monde ne saurait m’empêcher de fuir ma famille. Cela me paraît beaucoup plus cohérent d'aller dans cette boutique moldue découverte il y a deux ans lors de mes pérégrinations dans Londres que de supporter le sourire de mon père et ses incessants espoirs me concernant. Ils sont vains, papa ! je suis si décevante, n’est-ce pas.
Ma morosité et moi-même nous glissons dans la rue qui borde l’hôtel donnant accès au Chaudron Baveur. J’ai abandonné ma cape sur mon Plateau et je dois sans doute avoir l’air un peu étrange ainsi affublée de ma tunique tachée qui ne correspond certainement pas au style vestimentaire moldu, mais qu’importe les murmures sur mon passage ?
Je poursuis mon chemin dans la rue, bifurque à la première intersection sans jamais m’éloigner du mur ou lever les yeux du sol. Le soleil couchant projette des ombres tordues sur le béton. Elles jalonnent ma route aussi efficacement que les journaux noircit de crasse et abandonnés au vent, les bouches d’égout encore glissantes de la dernière pluie et les silhouettes sans visage qui me dépassent d’un air pressé. Camouflés à l’intérieur de mon crâne se cachent des insultes pour chacun d’eux ; passants, Unes du jour, plaques en fonte, les uns étant trop proches de moi, les autres inconfortables pour mon regard et les dernières me forçant à faire un léger détour.
Puis enfin, la librairie se dessine devant moi. Pauvre devanture coincée entre une façade d’immeuble crasseuse et un magasin d’allez-savoir-quoi à la grille baissée et au néon clignotant comme une étoile sur un ciel d’encre. Idiotement nommée « Livresquement vôtre », la librairie semble être le seul endroit du quartier encore ouvert, palpitant d’une vie qui me paraît beaucoup plus attirante que toute celle que je viens de traverser pour arriver jusqu’ici. Cet endroit ne présente que deux avantages, pour moi : c'est ouvert à des heures étonnantes et il propose autant de livres anciens sur divers sujets intéressants que de livres récents — et contrairement aux autres librairies que j’ai pu fréquenter, celle-ci n’harasse pas ses clients de navets idiots et inutiles pour imbéciles en quête de culture. Merlin merci.
Je pousse la porte, la clochette s’emballe, je détourne les yeux pour ne pas avoir à saluer qui que ce soit. Une odeur de vieux papiers et de poussière s’impose à moi. La rumeur des discussions m’indique un nombre de clients réduit. N’étant pas suffisamment familière de la boutique, je suis bien forcée de jeter mes yeux à l’assaut de la signalétique pour trouver mon chemin : psychologie, philosophie, médecine, bien-être, sciences-humaines, féminisme, et d'autres encore, puis une flèche indiquant livres anciens. Je dédaigne tous les autres rayons et jette mon dévolu sur la médecine.
Je m’accroupis devant l’étagère pour chercher dans les rayons les plus bas, la tête penchée sur le côté, une main posée sur le sol pour ne pas tomber. Mes muscles hurlent de protestation, la fatigue accumulée tout au long de la journée rend ma concentration instable. Je pourrais m’endormir sur le parquet si je me laissais aller. Mais Aelle Bristyle ne se laisse jamais aller. Je poursuis mes recherches, ma frustration augmentant au fur et à mesure que je remonte vers les étagères du haut : mon livre n’est pas sur ces foutus rayons. Je pousse un soupir de dépit, persuadée que le monde a besoin de savoir que je me sens lasse, fatiguée, désespérée, en colère, triste, agacée, et tout un tas d’autres adjectifs qui pourraient nommer l’état dans lequel je me trouve et qui me donne envie, au choix, d’exploser quelque chose ou de m’enfermer à double tour dans une pièce faite de quatre murs extrêmement épais pour oublier qu'existe autour de moi un monde qui s'acharne à me déplaire.
Londres, côté moldu
1ère année à l'AESM
Je m’appuie contre le mur en briques, bercée par les bruits de vie de la salle principale du Chaudron Baveur. En ce dimanche soir, lendemain du retour du Poudlard Express à Londres, la pièce est remplie de sorciers ; silhouettes indistinctes sur décors de bois. Je ferme les yeux pour échapper à ce spectacle. La vie qui s’en dégage accroît mon impression de ne plus être tout à fait vivante. Mes doigts s’enroulent autour de la chaînette pendue au mur. J’entrouvre les lèvres en même temps que je tire sur le mécanisme. Mon soupir s’expulse dans la salle du Chaudron Baveur lorsque mon corps est emporté en direction du Londres moldu.
Je quitte péniblement la chambre dans laquelle je viens d’apparaître. J’ai encore les doigts gourds : la pluie a battu tout l’après-midi sur mon lointain plateau Écossais. Mon entraînement a été humide et désagréable, mais au moins la pluie a-t-elle effacé efficacement les traces de sang sur ma peau. Comme tous les dimanches, j’ai étudié la magie noire ; ce soir, je me sens habituellement morose, en colère, lourde d’émotions poisseuses qui traînent dans un coin mal famé de mon coeur et dont je ne serai débarrassée qu’après une nuit de sommeil.
Les sortilèges de magie noire, comme ceux de magie dite “blanche”, demandent une bonne visualisation. Difficile, cependant, de réussir des sortilèges nécessitant une connaissance parfaite du corps humain, des muscles, des nerfs, du sang, des tendons, de toutes ces multitudes de choses se trouvant sous notre peau quand on en a une connaissance aussi limitée. Mes bases ne suffisent plus. Et je devrais pouvoir tenir sous le joug de ma magie un cœur humain alors même que je n’ai aucune idée de comment celui-ci fonctionne ? Merlin, quelle déception de découvrir que mes grimoires de magie noire ne donnaient aucune explication de ce type-là !
J’ai une idée très précise du livre qu’il me faut. Je l’ai vu dans les rayons de la librairie de papa. Malgré mon état de fatigue très avancé, mon épuisement émotionnel et les pensées noires qui se baladent librement dans mon esprit, j’ai pris la décision d’aller dans le seul autre endroit que je connais susceptible de proposer à la vente le livre en question. Toute la fatigue du monde ne saurait m’empêcher de fuir ma famille. Cela me paraît beaucoup plus cohérent d'aller dans cette boutique moldue découverte il y a deux ans lors de mes pérégrinations dans Londres que de supporter le sourire de mon père et ses incessants espoirs me concernant. Ils sont vains, papa ! je suis si décevante, n’est-ce pas.
Ma morosité et moi-même nous glissons dans la rue qui borde l’hôtel donnant accès au Chaudron Baveur. J’ai abandonné ma cape sur mon Plateau et je dois sans doute avoir l’air un peu étrange ainsi affublée de ma tunique tachée qui ne correspond certainement pas au style vestimentaire moldu, mais qu’importe les murmures sur mon passage ?
Je poursuis mon chemin dans la rue, bifurque à la première intersection sans jamais m’éloigner du mur ou lever les yeux du sol. Le soleil couchant projette des ombres tordues sur le béton. Elles jalonnent ma route aussi efficacement que les journaux noircit de crasse et abandonnés au vent, les bouches d’égout encore glissantes de la dernière pluie et les silhouettes sans visage qui me dépassent d’un air pressé. Camouflés à l’intérieur de mon crâne se cachent des insultes pour chacun d’eux ; passants, Unes du jour, plaques en fonte, les uns étant trop proches de moi, les autres inconfortables pour mon regard et les dernières me forçant à faire un léger détour.
Puis enfin, la librairie se dessine devant moi. Pauvre devanture coincée entre une façade d’immeuble crasseuse et un magasin d’allez-savoir-quoi à la grille baissée et au néon clignotant comme une étoile sur un ciel d’encre. Idiotement nommée « Livresquement vôtre », la librairie semble être le seul endroit du quartier encore ouvert, palpitant d’une vie qui me paraît beaucoup plus attirante que toute celle que je viens de traverser pour arriver jusqu’ici. Cet endroit ne présente que deux avantages, pour moi : c'est ouvert à des heures étonnantes et il propose autant de livres anciens sur divers sujets intéressants que de livres récents — et contrairement aux autres librairies que j’ai pu fréquenter, celle-ci n’harasse pas ses clients de navets idiots et inutiles pour imbéciles en quête de culture. Merlin merci.
Je pousse la porte, la clochette s’emballe, je détourne les yeux pour ne pas avoir à saluer qui que ce soit. Une odeur de vieux papiers et de poussière s’impose à moi. La rumeur des discussions m’indique un nombre de clients réduit. N’étant pas suffisamment familière de la boutique, je suis bien forcée de jeter mes yeux à l’assaut de la signalétique pour trouver mon chemin : psychologie, philosophie, médecine, bien-être, sciences-humaines, féminisme, et d'autres encore, puis une flèche indiquant livres anciens. Je dédaigne tous les autres rayons et jette mon dévolu sur la médecine.
Je m’accroupis devant l’étagère pour chercher dans les rayons les plus bas, la tête penchée sur le côté, une main posée sur le sol pour ne pas tomber. Mes muscles hurlent de protestation, la fatigue accumulée tout au long de la journée rend ma concentration instable. Je pourrais m’endormir sur le parquet si je me laissais aller. Mais Aelle Bristyle ne se laisse jamais aller. Je poursuis mes recherches, ma frustration augmentant au fur et à mesure que je remonte vers les étagères du haut : mon livre n’est pas sur ces foutus rayons. Je pousse un soupir de dépit, persuadée que le monde a besoin de savoir que je me sens lasse, fatiguée, désespérée, en colère, triste, agacée, et tout un tas d’autres adjectifs qui pourraient nommer l’état dans lequel je me trouve et qui me donne envie, au choix, d’exploser quelque chose ou de m’enfermer à double tour dans une pièce faite de quatre murs extrêmement épais pour oublier qu'existe autour de moi un monde qui s'acharne à me déplaire.
Entre les lignes
Reducio
Oscar Brando, 41 ans
Oscar Brando, 41 ans
Mais bon sang, cette librairie... Il huma l'odeur du vieux livre qu'il tenait entre ses mains, en fermant les yeux pour davantage profiter de ces arômes qu'il adorait. Rien ne valait, encore aujourd'hui, un bon livre papier, aussi lourd que volumineux, avec des pages cornées et abimées, une couverture à l'écriture presque effacée, et dont la tranche ne tenait plus que par la volonté du saint écrivain. Oscar avait pour projet d'organiser un petit atelier avec ses élèves, et reprographie et d'étude d'oeuvre ancienne. Même si ce n'était que superficiel, vu leur âge. Mais il considérait que découvrir et tenir des vieux livres, c'était important.
Et ça, c'était l'excuse officielle...
Puisque officieusement, il cherchait, encore et toujours, un précieux trésor qu'il cherchait à obtenir depuis des années. Et dont il tenait désormais le onzième tome dans sa main. Le dernier tome de l'assassin royal, dans sa première édition ! Collector absolu ! Mais maintenant qu'il était là, il pouvait bien se promener un peu dans les rayons. Il se dit qu'il pourrait ramener un petit livre sur l'anatomie pour Honor, sur la psychiatrie pour Claire, et pour Narcisse... Bon, déjà trouver un livre de médecine pas trop facile, étant donné qu'elle devait déjà les avoir tous lu, mais...
Son ouïe extraordinairement développée pour repérer les gens en détresse dans une librairie ne manqua pas de capter le soupir plus qu'indiscret qui venait de s'échapper de l'autre côté du rayon ! Sa tête glissa pour dépasser et son regard tomba sur une jeune femme apparemment aux portes du désespoir. Sans hésiter un seul instant, après avoir rajusté ses lunettes, et sans lâcher un seul des nombreux livres qu'il tenait, ce fut avec un grand sourire et dans une discrétion absolue -après tout, nous étions dans une libraire plus que respectable, qu'il approcha l'inconnue en détresse.
"Hrm, toutes mes excuses, puis-je vous renseigner, à tout hasard ?"
Son sourire trahissait à la fois son excitation d'une éventuelle discussion entre érudits, et l'impatience de pouvoir aider son prochain.
0131b4
3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
Entre les lignes
Je l'avais déjà aperçu de l'autre côté de l'étagère. Une ombre dans un rayon, une silhouette dont les pas se faufilent discrètement, sans bruit, comme le font les personnes qui savent respecter le silence qui est de mise dans un endroit de savoir tel que celui-ci. Me reculant pour avoir une vision plus large de la bibliothèque portant le nom "anatomie, je ne m'attendais pas à voir une frimousse aux cheveux noirs avec un regard rehaussé d'une paire de lunettes se pencher vers moi, se tordant le cou dans l'allée centrale pour mieux me regarder. Au départ, je ne lui jette pas un regard : quoi qu'il me veuille, cela ne me concerne pas. Mais lorsqu'il prend la parole, je suis bien obligée de me rendre à l'évidence : c'est à moi qu'il s'adresse, je suis donc forcée de lui accorder mon attention.
C'est un regard fatigué que je plonge dans le sien quand il s'approche de moi. Air jovial, yeux pétillants, voix qui sourit malgré le chuchotement. Mes yeux l'analysent rapidement : je ne vois aucun badge, aucun polo marqué du nom de la librairie, mais je sais que les libraires n'en ont pas toujours. Papa n'en a pas, par exemple, mais il s'approche toujours des clients avec cette tête de bienheureux quand il a l'impression que ceux-ci ont besoin d'aide. « C'est tout un art d'être capable de deviner seulement en les observant si les clients ont besoin qu'on leur propose de l'aide ou qu'on les laisse tranquille. Être trop insistant peut les faire fuir mais ne pas être assez présent peut les encourager à partir sans ce qu'ils sont venus chercher. Tout un art ! ». Celui que j'ai devant moi est loin de maîtriser cet art, puisqu'il me dérange. Quoi, j'aurais dû montrer avec plus de détails encore que mon humeur est sombre comme une ruelle malfamée, peut-être ? J'aurais dû le foudroyer du regard ? L'insulter ? Le bousculer ? Moi-même j'ai conscience de mon air maussade. Il est aveugle, ou quoi ? Où a-t-il eu son diplôme ?
Inconsciemment, je me referme. Lèvres pincées, sourcils froncés. Un nouveau soupir dépasse la barrière de mes lèvres. Je croise les bras sur ma poitrine et lève le menton vers l'étagère la plus haute, désespérée de ne point trouver le livre que j'avais en tête et fatiguée à l'idée de devoir feuilleter ceux que j'ai devant moi pour m'assurer de ne pas dépenser inutilement mon argent moldu dans un ouvrage qui ne me sera pas utile. Et en attendant, j'ai le libraire agaçant qui me regarde avec son sourire.
Je lui octroie un nouveau regard, plus réticent qu'analytique cette fois-ci.
« Non, dis-je à mi-voix, parce que moi aussi je suis capable de respecter le calme d'une librairie. Vous n'avez pas le livre que je voulais dans vos rayons. Je vais me débrouiller. »
Quoi, il espère feuilleter avec moi tous ces livres pour m'aider à trouver celui qui me conviendrait le mieux ? Et que demanderait-il pour cibler ses recherches, hein ? Comment peut-il m'aider alors que je n'ai aucune intention de lui dire que j'ai besoin de savoir comment marchent les nerfs dans le corps humain pour mieux les contrôler de ma magie ? ou de comment fonctionne cette grosse pompe qu'est le coeur pour mieux en maîtriser les battements, et surtout pour mieux lui en faire manquer si je le désire ? Il ne peut pas m'aider parce qu'il a aucune idée de ce que je souhaite faire, c'est aussi simple que cela. Et moi, je n'ai pas besoin de la présence agaçante d'un homme incapable de me comprendre qui ne pourra que blablater autour de moi comme un fichu moustique qui bourdonne dans nos oreilles l'été.
Considérant la conversation comme terminée, je me décale d'un pas dans le rayon pour accéder à l'étagère suivante. Je passe le doigt le long du dos des livres, la tête penchée pour mieux lire les titres. J'en attrape un et l'ouvre devant moi, espérant y trouver des schémas détaillés du corps humain.
Les muscles de mon dos me font souffrir, pas comme après un effort physique, mais comme après une longue, longue journée harassante couplée d'un manque de sommeil flagrant. Je manque certes de sommeil, mais j'ai surtout trop tiré sur la corde de ma magie et je me sens faible, comme s'il me manquait quelque chose. J'ai envie de me laisser tomber tout au fond du gouffre près duquel je tangue, pas à cause de la douleur mais plutôt de l'ombre qui se jette sur mes pensées depuis mon entraînement de l'après-midi. J'ai l'impression d'être enfermée dans une gangue d'un mal-être qui ne m'appartient pas.
C'est un regard fatigué que je plonge dans le sien quand il s'approche de moi. Air jovial, yeux pétillants, voix qui sourit malgré le chuchotement. Mes yeux l'analysent rapidement : je ne vois aucun badge, aucun polo marqué du nom de la librairie, mais je sais que les libraires n'en ont pas toujours. Papa n'en a pas, par exemple, mais il s'approche toujours des clients avec cette tête de bienheureux quand il a l'impression que ceux-ci ont besoin d'aide. « C'est tout un art d'être capable de deviner seulement en les observant si les clients ont besoin qu'on leur propose de l'aide ou qu'on les laisse tranquille. Être trop insistant peut les faire fuir mais ne pas être assez présent peut les encourager à partir sans ce qu'ils sont venus chercher. Tout un art ! ». Celui que j'ai devant moi est loin de maîtriser cet art, puisqu'il me dérange. Quoi, j'aurais dû montrer avec plus de détails encore que mon humeur est sombre comme une ruelle malfamée, peut-être ? J'aurais dû le foudroyer du regard ? L'insulter ? Le bousculer ? Moi-même j'ai conscience de mon air maussade. Il est aveugle, ou quoi ? Où a-t-il eu son diplôme ?
Inconsciemment, je me referme. Lèvres pincées, sourcils froncés. Un nouveau soupir dépasse la barrière de mes lèvres. Je croise les bras sur ma poitrine et lève le menton vers l'étagère la plus haute, désespérée de ne point trouver le livre que j'avais en tête et fatiguée à l'idée de devoir feuilleter ceux que j'ai devant moi pour m'assurer de ne pas dépenser inutilement mon argent moldu dans un ouvrage qui ne me sera pas utile. Et en attendant, j'ai le libraire agaçant qui me regarde avec son sourire.
Je lui octroie un nouveau regard, plus réticent qu'analytique cette fois-ci.
« Non, dis-je à mi-voix, parce que moi aussi je suis capable de respecter le calme d'une librairie. Vous n'avez pas le livre que je voulais dans vos rayons. Je vais me débrouiller. »
Quoi, il espère feuilleter avec moi tous ces livres pour m'aider à trouver celui qui me conviendrait le mieux ? Et que demanderait-il pour cibler ses recherches, hein ? Comment peut-il m'aider alors que je n'ai aucune intention de lui dire que j'ai besoin de savoir comment marchent les nerfs dans le corps humain pour mieux les contrôler de ma magie ? ou de comment fonctionne cette grosse pompe qu'est le coeur pour mieux en maîtriser les battements, et surtout pour mieux lui en faire manquer si je le désire ? Il ne peut pas m'aider parce qu'il a aucune idée de ce que je souhaite faire, c'est aussi simple que cela. Et moi, je n'ai pas besoin de la présence agaçante d'un homme incapable de me comprendre qui ne pourra que blablater autour de moi comme un fichu moustique qui bourdonne dans nos oreilles l'été.
Considérant la conversation comme terminée, je me décale d'un pas dans le rayon pour accéder à l'étagère suivante. Je passe le doigt le long du dos des livres, la tête penchée pour mieux lire les titres. J'en attrape un et l'ouvre devant moi, espérant y trouver des schémas détaillés du corps humain.
Les muscles de mon dos me font souffrir, pas comme après un effort physique, mais comme après une longue, longue journée harassante couplée d'un manque de sommeil flagrant. Je manque certes de sommeil, mais j'ai surtout trop tiré sur la corde de ma magie et je me sens faible, comme s'il me manquait quelque chose. J'ai envie de me laisser tomber tout au fond du gouffre près duquel je tangue, pas à cause de la douleur mais plutôt de l'ombre qui se jette sur mes pensées depuis mon entraînement de l'après-midi. J'ai l'impression d'être enfermée dans une gangue d'un mal-être qui ne m'appartient pas.
Entre les lignes
Oscar répondit au regard fatigué par un imperceptible hochement de tête se voulant apaisant, accompagné d'un sourire calme et réconfortant. Cependant, même s'il n'était pas doté de la perspicacité et de ka sagacité de Claire, ni de sa femme, il n'était pas aussi aveugle que son fils au langage corporel. Par conséquent, il observa sans la moindre difficulté le changement, aussi léger soit-il, chez son interlocutrice. Il se redressa légèrement en rajustant les livres qu'il tenait entre ses bras, calmant son visage dans une expiration contrôlé, sans pour autant perdre sa jovialité. Peut-être que cette inconnue avait passé une mauvaise journée, après tout, ce n'était pas impossible, vu l'apparence qu'elle revêtait.
Oscar n'était pas homme à juger qui que ce soit, alors ne parlons même pas de l'apparence. Il ne tirait pas la moindre conclusion, sur personne, ne modifiait jamais sa manière de percevoir positivement les gens qui l'entouraient, et ne reculait certainement pas devant une situation de ce genre. À la réponse de la jeune femme, il repositionna ses lunettes de l'index, la commissure de ses lèvres s'étirant légèrement.
Il ne jugeait personne, mais savait adapter avec justesse son comportement.
"Difficile d'affirmer avec certitude ne pas posséder quelque chose si l'on ignore ce que c'est."
Elle souhaitait se débrouiller, apparemment. Et il ne doutait pas le moins du monde de cette volonté. Cependant, l'idée d'abandonner aussi vite, sans avoir toutes les informations nécessaires... Cela le dérangeait quelque peu. Plus particulièrement lorsqu'il avait cette tenace impression qu'il lui suffirait d'insister légèrement pour enfin pouvoir gratter la surface et laisser révéler ce qui se cache dessous.
Calmement, il laissa son interlocutrice se décaler d'un pas, sans la suivre, tournant son regard en direction des livres qu'elle observait auparavant. Médecine. Ah, voilà le problème. Dans un inaudible esclaffement, il redirigea son attention vers l'inconnue.
"Et il ne s'agit pas là de mes rayons. Mais le client habitué que je suis a déjà pu expérimenter l'étrange façon dont cette boutique organise certains de ses ouvrages."
Ses yeux espiègles s'en retournèrent subtilement sur le rayon qu'il observait précédemment.
"Si l'on cherche, à tout hasard, dans médecine, en réalité, il faut aussi chercher dans les rayons obscurs de l'anatomie, du système vasculaire, du cerveau, des reins, des veines... j'avais même pu observer une fois un rayon traitant spécifiquement des ongles. L'inconvénient d'une librairie qui contient trop d'ouvrages traitant de sujets trop éclectiques."
Enfin, si vous vouliez son avis, un tel concept tel que "trop" de livres, ça n'existait pas, à ses yeux. Et à force de fréquenter cet endroit, il en avait depuis plus d'un an maîtrisé les us et coutumes. Il savait où tel ouvrage était rangé, et là où ils ne devraient pas être rangés. Oscar n'était ni libraire, ni bibliothécaire -métiers qu'il serait au passage criminel de confondre, mais il touchait sa bille, en terme de livres. Pour avoir lui-même des murs entiers recouverts d'ouvrages divers et variés, qu'il accumulait et collectionnait depuis bientôt toute une vie.
Et les rayons qu'il venait de lister à son interlocutrice, il était assez complexe, pour un novice de cet endroit, de les localiser. Oscar ne les avait lui-même trouvé qu'après deux visites de plusieurs longues heures. Certains de ces rayons ne contenaient que quelques ouvrages, mais apparemment, les gérants tenaient à bien distinguer tout cela.
Oscar n'était pas homme à juger qui que ce soit, alors ne parlons même pas de l'apparence. Il ne tirait pas la moindre conclusion, sur personne, ne modifiait jamais sa manière de percevoir positivement les gens qui l'entouraient, et ne reculait certainement pas devant une situation de ce genre. À la réponse de la jeune femme, il repositionna ses lunettes de l'index, la commissure de ses lèvres s'étirant légèrement.
Il ne jugeait personne, mais savait adapter avec justesse son comportement.
"Difficile d'affirmer avec certitude ne pas posséder quelque chose si l'on ignore ce que c'est."
Elle souhaitait se débrouiller, apparemment. Et il ne doutait pas le moins du monde de cette volonté. Cependant, l'idée d'abandonner aussi vite, sans avoir toutes les informations nécessaires... Cela le dérangeait quelque peu. Plus particulièrement lorsqu'il avait cette tenace impression qu'il lui suffirait d'insister légèrement pour enfin pouvoir gratter la surface et laisser révéler ce qui se cache dessous.
Calmement, il laissa son interlocutrice se décaler d'un pas, sans la suivre, tournant son regard en direction des livres qu'elle observait auparavant. Médecine. Ah, voilà le problème. Dans un inaudible esclaffement, il redirigea son attention vers l'inconnue.
"Et il ne s'agit pas là de mes rayons. Mais le client habitué que je suis a déjà pu expérimenter l'étrange façon dont cette boutique organise certains de ses ouvrages."
Ses yeux espiègles s'en retournèrent subtilement sur le rayon qu'il observait précédemment.
"Si l'on cherche, à tout hasard, dans médecine, en réalité, il faut aussi chercher dans les rayons obscurs de l'anatomie, du système vasculaire, du cerveau, des reins, des veines... j'avais même pu observer une fois un rayon traitant spécifiquement des ongles. L'inconvénient d'une librairie qui contient trop d'ouvrages traitant de sujets trop éclectiques."
Enfin, si vous vouliez son avis, un tel concept tel que "trop" de livres, ça n'existait pas, à ses yeux. Et à force de fréquenter cet endroit, il en avait depuis plus d'un an maîtrisé les us et coutumes. Il savait où tel ouvrage était rangé, et là où ils ne devraient pas être rangés. Oscar n'était ni libraire, ni bibliothécaire -métiers qu'il serait au passage criminel de confondre, mais il touchait sa bille, en terme de livres. Pour avoir lui-même des murs entiers recouverts d'ouvrages divers et variés, qu'il accumulait et collectionnait depuis bientôt toute une vie.
Et les rayons qu'il venait de lister à son interlocutrice, il était assez complexe, pour un novice de cet endroit, de les localiser. Oscar ne les avait lui-même trouvé qu'après deux visites de plusieurs longues heures. Certains de ces rayons ne contenaient que quelques ouvrages, mais apparemment, les gérants tenaient à bien distinguer tout cela.
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3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
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Entre les lignes
Je l'épingle d'un regard circonspect et peut-être un peu hautain. Il parle de "ses rayons" avant d'avouer sans détour qu'il n'est qu'un simple client ? Et qu'est-ce qu'il fait ici s'il n'est qu'un simple client ? Pourquoi est-ce qu'il me parle ? Pourquoi se croit-il avoir le devoir de me parler ? Sans parler de se croire avoir le droit de le faire. Si je pouvais tolérer la présence d'un libraire, c'est différent avec celle d'un client. Et la question persiste pendant qu'il étale son soi-disant savoir : pourquoi est-ce qu'il veut m'aider, pourquoi est-ce qu'il s'immisce, pourquoi me parle-t-il, Merlin ? Un besoin viscéral d'être utile à quelqu'un, n'importe qui, d'apporter son aide, de se sentir utile, important, de terminer la journée en ayant fait une bonne action ? Et pourquoi faire, pour se sentir mieux, se sentir vivant ?
Le regard que je portais sur lui, déjà bien peu reluisant, change du tout au tout. Il me parait méprisable, misérable. Agaçant. De trop. Insistant. Et toutes ces choses prennent d'autant plus d'ampleur au moment où je prends conscience qu'il dit la vérité et qu'il en sait bien plus que moi sur ces rayons. Ayant déjà pu me balader dans la librairie, j'avais remarqué leur étrange système de rangement, mais je ne pensais pas qu'il était aussi détaillé. Pour une fille de libraire, c'est un peu aberrant et invraisemblable. Égarer ses clients en multipliant le nombre de ses rayons, c'est prendre le risque de faire diminuer le nombre de ses ventes. Moi, je me fiche des ventes de cette librairie, je me fiche des ventes tout court à vrai dire. Par contre, j'ai un livre à acheter, je n'ai plus de patience, je n'ai même plus de bonne humeur, j'ai mal au corps, j'ai mal à ma vie, j'ai mal à ma magie et je suis agacée.
« L'inconvénient d'une librairie incapable de foutre les livres concernant le même thème les uns à côté des autres, ouais,» commenté-je dans un murmure en jetant un regard perdu et légèrement fatigué en direction du reste de la rangée dans laquelle je me trouve.
Je ramène mes yeux sur l'homme qui, par sa seule présence et bien qu'il ne soit pas très épais, m'empêche de sortir de la travée. Je vais être méchante, je le sais. Si je le sais, c'est parce que la méchanceté est un fabuleux remède contre la mauvaise humeur. Et aussi parce que je considère qu'il est en tort. Qu'est-ce qu'il n'a pas compris dans les mots « je vais me débrouiller » ?
« C'est sûrement parce que vous êtes client et pas libraire que vous continuez d'aider quelqu'un qui ne veut pas de votre aide. »
J'affiche un sourire sans joie. Un sourire mort, qui ne se reflète ni dans mes yeux ni ailleurs. Le genre de grimace qui ne sert qu'à conclure une discussion. Je me tourne de nouveau vers la bibliothèque qui me fait face, désormais persuadée que je ne trouverai pas mon bonheur dans ses rayons. De l'inconnu impertinent et indiscret ai-je au moins pu glaner quelques informations, même si je ne lui ai rien demandé. C'est le propre des plus intelligents : savoir prendre ce qui s'offre à eux au moment où ils en ont l'opportunité. C'est cette pensée et la certitude que poser cette question me permettra de pouvoir quitter plus rapidement la libraire, donc de rentrer plus rapidement chez moi, de pouvoir me doucher, me coucher et m'oublier dans un sommeil profond qui me fait ramener mes yeux sur l'homme moins de dix secondes après qu'ils l'aient quitté.
« Puisque vous aimez jouer le rôle d'un libraire alors que vous n'en êtes pas un, dites-moi : où se trouvent les autres livres touchant à l'anatomie ? »
À mon ton ironique se mêle un léger agacement tout à fait discernable. Qu'importe. Soit il va s'énerver et me laissera tranquille, soit son immense besoin de se sentir utile à quelqu'un, n'importe qui, même la première fille qu'il croise, me servira. Quoi qu'il arrive, je suis gagnante.
Le regard que je portais sur lui, déjà bien peu reluisant, change du tout au tout. Il me parait méprisable, misérable. Agaçant. De trop. Insistant. Et toutes ces choses prennent d'autant plus d'ampleur au moment où je prends conscience qu'il dit la vérité et qu'il en sait bien plus que moi sur ces rayons. Ayant déjà pu me balader dans la librairie, j'avais remarqué leur étrange système de rangement, mais je ne pensais pas qu'il était aussi détaillé. Pour une fille de libraire, c'est un peu aberrant et invraisemblable. Égarer ses clients en multipliant le nombre de ses rayons, c'est prendre le risque de faire diminuer le nombre de ses ventes. Moi, je me fiche des ventes de cette librairie, je me fiche des ventes tout court à vrai dire. Par contre, j'ai un livre à acheter, je n'ai plus de patience, je n'ai même plus de bonne humeur, j'ai mal au corps, j'ai mal à ma vie, j'ai mal à ma magie et je suis agacée.
« L'inconvénient d'une librairie incapable de foutre les livres concernant le même thème les uns à côté des autres, ouais,» commenté-je dans un murmure en jetant un regard perdu et légèrement fatigué en direction du reste de la rangée dans laquelle je me trouve.
Je ramène mes yeux sur l'homme qui, par sa seule présence et bien qu'il ne soit pas très épais, m'empêche de sortir de la travée. Je vais être méchante, je le sais. Si je le sais, c'est parce que la méchanceté est un fabuleux remède contre la mauvaise humeur. Et aussi parce que je considère qu'il est en tort. Qu'est-ce qu'il n'a pas compris dans les mots « je vais me débrouiller » ?
« C'est sûrement parce que vous êtes client et pas libraire que vous continuez d'aider quelqu'un qui ne veut pas de votre aide. »
J'affiche un sourire sans joie. Un sourire mort, qui ne se reflète ni dans mes yeux ni ailleurs. Le genre de grimace qui ne sert qu'à conclure une discussion. Je me tourne de nouveau vers la bibliothèque qui me fait face, désormais persuadée que je ne trouverai pas mon bonheur dans ses rayons. De l'inconnu impertinent et indiscret ai-je au moins pu glaner quelques informations, même si je ne lui ai rien demandé. C'est le propre des plus intelligents : savoir prendre ce qui s'offre à eux au moment où ils en ont l'opportunité. C'est cette pensée et la certitude que poser cette question me permettra de pouvoir quitter plus rapidement la libraire, donc de rentrer plus rapidement chez moi, de pouvoir me doucher, me coucher et m'oublier dans un sommeil profond qui me fait ramener mes yeux sur l'homme moins de dix secondes après qu'ils l'aient quitté.
« Puisque vous aimez jouer le rôle d'un libraire alors que vous n'en êtes pas un, dites-moi : où se trouvent les autres livres touchant à l'anatomie ? »
À mon ton ironique se mêle un léger agacement tout à fait discernable. Qu'importe. Soit il va s'énerver et me laissera tranquille, soit son immense besoin de se sentir utile à quelqu'un, n'importe qui, même la première fille qu'il croise, me servira. Quoi qu'il arrive, je suis gagnante.
Entre les lignes
Oscar se dérida sans hésiter à la pointe d'humour de la jeune femme. D'un clignement d'yeux plus long que les autres, il pouffa de rire en penchant la tête sur le côté. Il ne l'aurait aucunement formulé comme elle venait de le faire, il avait bien trop de respect pour quiconque travaille avec les livres, mais, en effet, il était plus qu'évident que certains choix de classement de la part de cette librairie étaient... discutables. À tout le mieux.
"En effet, j'ai moi-même été confus moult fois avant finalement réussir à m'y retrouver."
Il se souvenait de toutes les fois où il avait tourné en rond dans les allées, parcourant encore et encore les quatrièmes de couvertures des livres, dans l'espoir de tomber sur l'ouvrage qu'il cherchait. Et il se remémora l'embarras amusé qu'il ressentit lorsqu'enfin, il prit conscience que non, on ne trouve pas l'assassin royal dans le rayon fantasy, mais magic fantasy. Ce souvenir le fit de nouveau glousser, avant qu'il ne rajuste ses lunettes pour de nouveau tourner son regard en direction de la jeune femme.
Taquine, hein ? Non, pas tout à fait. Hargneuse serait le mot plus exacte. Froide et distante, asociale presque, on aurait cru voir Honor dans ses plus mauvais jours. Quoiqu'encore... Il aurait fallu remonter des décennies en arrière, à l'époque où elle n'avait encore aucun sens de la retenue. Enfin, encore moins qu'aujourd'hui, comme si cela était possible. Il laissa échapper un soupir amusé et conciliant.
"Possible."
Lui répondit-il simplement, sans perdre ni son calme ni sa bonne humeur, mais se permettant de modérer quelque peu l'expression de ses émotions. Rien n'était pire qu'une rice-cooker qui déborde trop à côté d'une casserole qui tente vainement de se contenir. Ce fut pour cela qu'il lui rendit un sourire des plus apaisés et simples. Il l'observa détourner le regard, mais ne s'éloigna pas, il savait qu'elle était sur la bonne pente, encore un peu et... et voilà.
Le genre de personne totalement incapable de demander de l'aide, même si vie en dépendait. L'image d'Honor se fit plus précise dans son esprit, alors qu'il fit un effort pour ne pas laisser son sourire trop s'élargir.
"Mh..."
Son index tapota la tranche d'un de ses livres, le temps qu'il réfléchisse en levant les yeux au ciel. Un infime haussement de ses épaules.
"Et bien, j'ai envie de vous répondre que cela dépend totalement de l'angle sous lequel vous voulez approcher la chose."
De sa main libre, il énuméra au fil de ses paroles.
"Si vous voulez l’acupuncture, il faudra regarder du côté de la médecine alternative. Si vous cherchez quelque chose de plus spirituel, on peut aller voir dans le rayon Bouddhisme, et, oh !"
Arrangeant soudainement la pile d'ouvrages qu'il tenait en mains, avant de se saisir d'un gros livre orangé, à la couverture des plus sobres, dotée d'une simple écriture noire. Son visage devint presque malicieux.
"Ou alors, si vous cherchez une approche plus... offensive, comme dirait ma femme, je peux vous recommander ce traité sur le Kyusho. C'est un art martial, mais l'ouvrage a une approche de l'anatomie encore plus précise que certains livres de médecine. Il s'agit ici de la toute nouvelle édition, avec les derniers ajouts scientifiques ! Enfin, je ne suis pas le connaisseur, c'est pour ma femme, vous voyez ce que c'est ?"
Dans un petit gloussement, il se reprit finalement avec un raclement de gorge, oublieux de son interlocutrice. Dès qu'il parlait d'un sujet qui l'intéressait, ou auquel il s'intéressait pour les gens qu'il aimait, on le perdait très facilement. C'était l'une des nombreuses raisons qui faisait de lui, à l'époque où il donnait cours en faculté, un professeur soit adoré, soit détesté pour ses digressions.
Sans ajouter un mot, il tendit doucement l'exemplaire à l'inconnue, se faisant la réflexion que peut-être, elle souhaiterait y jeter un petit coup d’œil. Il n'aurait aucun mal à se séparer de cet exemplaire, il en avait repéré au minimum trois autres à l'endroit où il avait trouvé celui-ci. Honor le connaissait déjà par cœur après tout, mais bon, l'intention compte. Et il espérait qu'elle soit en émoi devant cette nouvelle édition actualisée.
(Si seulement il savait qu'Honor avait déjà reçu un exemplaire dédicacée de l'autrice, avec ses annotations personnelles...)
"En effet, j'ai moi-même été confus moult fois avant finalement réussir à m'y retrouver."
Il se souvenait de toutes les fois où il avait tourné en rond dans les allées, parcourant encore et encore les quatrièmes de couvertures des livres, dans l'espoir de tomber sur l'ouvrage qu'il cherchait. Et il se remémora l'embarras amusé qu'il ressentit lorsqu'enfin, il prit conscience que non, on ne trouve pas l'assassin royal dans le rayon fantasy, mais magic fantasy. Ce souvenir le fit de nouveau glousser, avant qu'il ne rajuste ses lunettes pour de nouveau tourner son regard en direction de la jeune femme.
Taquine, hein ? Non, pas tout à fait. Hargneuse serait le mot plus exacte. Froide et distante, asociale presque, on aurait cru voir Honor dans ses plus mauvais jours. Quoiqu'encore... Il aurait fallu remonter des décennies en arrière, à l'époque où elle n'avait encore aucun sens de la retenue. Enfin, encore moins qu'aujourd'hui, comme si cela était possible. Il laissa échapper un soupir amusé et conciliant.
"Possible."
Lui répondit-il simplement, sans perdre ni son calme ni sa bonne humeur, mais se permettant de modérer quelque peu l'expression de ses émotions. Rien n'était pire qu'une rice-cooker qui déborde trop à côté d'une casserole qui tente vainement de se contenir. Ce fut pour cela qu'il lui rendit un sourire des plus apaisés et simples. Il l'observa détourner le regard, mais ne s'éloigna pas, il savait qu'elle était sur la bonne pente, encore un peu et... et voilà.
Le genre de personne totalement incapable de demander de l'aide, même si vie en dépendait. L'image d'Honor se fit plus précise dans son esprit, alors qu'il fit un effort pour ne pas laisser son sourire trop s'élargir.
"Mh..."
Son index tapota la tranche d'un de ses livres, le temps qu'il réfléchisse en levant les yeux au ciel. Un infime haussement de ses épaules.
"Et bien, j'ai envie de vous répondre que cela dépend totalement de l'angle sous lequel vous voulez approcher la chose."
De sa main libre, il énuméra au fil de ses paroles.
"Si vous voulez l’acupuncture, il faudra regarder du côté de la médecine alternative. Si vous cherchez quelque chose de plus spirituel, on peut aller voir dans le rayon Bouddhisme, et, oh !"
Arrangeant soudainement la pile d'ouvrages qu'il tenait en mains, avant de se saisir d'un gros livre orangé, à la couverture des plus sobres, dotée d'une simple écriture noire. Son visage devint presque malicieux.
"Ou alors, si vous cherchez une approche plus... offensive, comme dirait ma femme, je peux vous recommander ce traité sur le Kyusho. C'est un art martial, mais l'ouvrage a une approche de l'anatomie encore plus précise que certains livres de médecine. Il s'agit ici de la toute nouvelle édition, avec les derniers ajouts scientifiques ! Enfin, je ne suis pas le connaisseur, c'est pour ma femme, vous voyez ce que c'est ?"
Dans un petit gloussement, il se reprit finalement avec un raclement de gorge, oublieux de son interlocutrice. Dès qu'il parlait d'un sujet qui l'intéressait, ou auquel il s'intéressait pour les gens qu'il aimait, on le perdait très facilement. C'était l'une des nombreuses raisons qui faisait de lui, à l'époque où il donnait cours en faculté, un professeur soit adoré, soit détesté pour ses digressions.
Sans ajouter un mot, il tendit doucement l'exemplaire à l'inconnue, se faisant la réflexion que peut-être, elle souhaiterait y jeter un petit coup d’œil. Il n'aurait aucun mal à se séparer de cet exemplaire, il en avait repéré au minimum trois autres à l'endroit où il avait trouvé celui-ci. Honor le connaissait déjà par cœur après tout, mais bon, l'intention compte. Et il espérait qu'elle soit en émoi devant cette nouvelle édition actualisée.
(Si seulement il savait qu'Honor avait déjà reçu un exemplaire dédicacée de l'autrice, avec ses annotations personnelles...)
0131b4
3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
Entre les lignes
La seule chose qui empêche ma mauvaise humeur d’atteindre des sommets qui auraient fait passer ma précédente méchanceté pour de la bienveillance, c’est le manque de réaction du moldu. Je ne sais pas ce qui lui passe par l’esprit, et d’ailleurs cela ne m’intéresse pas le moins du monde, mais au moins n’a-t-il aucune envie de commenter mon ton ou ma façon de m’exprimer. Possible qu’il l’accepte telle qu’elle, ou alors qu’il n’en ait rien à fiche de la façon d’être d’une inconnue rencontrée dans une librairie. Je tablerais sur la deuxième option. Ajouté au fait qu’il semble faire une règle de vie le fait d’aider les gens même si cela ne lui apporte rien, à part une perte de temps, et me voilà en compagnie d'une personne capable de m’informer sans me prendre la tête. Bien. Indiscret, insupportablement dérangeant, mais moins agaçant que ce que je pensais.
Je ne le quitte pas du regard tandis qu’il fait l’étalage de ses connaissances. Par contre, mes lèvres se pincent, mon regard se plisse légèrement et mon visage se froisse dans une expression critique. L’acupuncture ? La médecine alternative ? Le spirituel ? Le Bouddhisme ? Les arts martiaux ? Merlin, mais il est complètement à côté de la plaque. Je n’ai aucun intérêt pour ces choses qui m’apparaissent d’un ennui mortel et d’un désintérêt profond.
Je baisse les yeux sur le livre tendu dans ma direction. Je ravale ma phrase qui l’aurait fait rengainer son ouvrage sans plus attendre. L’idée que cette chose puisse avoir une approche de l’anatomie à laquelle je n’ai pas pensé titille évidemment ma curiosité, même si je ne m’intéresse pas aux arts martiaux. Mon intérêt à moi est tellement plus profond, plus complexe. J’ai besoin de connaître le corps humain comme ma poche, pouvoir savoir ce qui se passe sous la peau, dans les muscles, au cœur des vaisseaux les plus profondément cachés dans notre corps. Qu’est-ce que j’en ai à faire des arts martiaux ?
À la question de l’homme, je lui adresse un regard bref. Si je vois ce que c’est ? Est-ce que j’ai une tronche à avoir une femme, moi ? Et même si j’en avais une, elle irait chercher ses livres toute seule, comme une grande. Il n’y a rien de plus désagréable que les gens qui parlent de personnes qui ne sont pas présentes. En l'occurrence, sa femme. Une férue d’arts martiaux, si j’ai bien compris. Pour ce que ça peut me faire.
Sans chercher à commenter ce qu’il vient de me dire — beaucoup de blabla pour pas grand chose — j’attrape le livre qu’il me tend. Je garde mes réflexions pour moi, qu’elles soient négatives ou non, confortable dans mon silence. Je l’ouvre sur mon avant bras, à la recherche du sommaire que je parcours rapidement.
« Intéressant, » commenté-je au bout d'un instant d’une voix froide et professionnelle en sautant directement à un chapitre qui a attiré mon attention.
J’observe quelques pages, analyse les informations que j’y trouve, avant de lever de nouveau les yeux vers le client-qui-se-pense-libraire.
« Mais ce n’est pas cette approche de l’anatomie que je recherche. Les arts martiaux ne m'intéressent pas. Pas plus que l’acupuncture, la médecine alternative ou tous ces trucs de spiritualité. »
Et s’il entend un léger dédain dans ma voix, c’est très certainement parce qu’il existe bel et bien, ce dédain.
« Je pensais plutôt à l’anatomie pure et dure. La description du corps humain et de ce qui se passe là-dedans, expliqué-je brièvement en désignant du menton le seul corps auquel mon regard ait accès pour le moment, c’est à dire le sien. Que ce soit le plus détaillé possible. Je dois connaître le réseau des veines, le fonctionnement du coeur, la composition de la peau... »
Passent sous mes yeux les images d'un autre livre, aux pages beaucoup plus jaunies et abîmées. Un grimoire plus ancien évoquant la magie noire et son utilisation. Certains chapitres font référence aux sortilèges noirs agissant sur le physique ; j'ai besoin de connaître le corps humain, tant pour réussir me sortilèges que pour connaître les conséquences des sacrifices demandés par cette magie-là.
« Ce genre de choses. »
Tout en parlant, je referme le livre en prenant le temps de lire le titre et le nom de l’autrice afin de les graver dans ma mémoire. Un jour, ce genre d’ouvrages pourrait m’intéresser. Mais pas pour le moment. Je rend impérieusement son exemplaire à l’homme.
Je ne le quitte pas du regard tandis qu’il fait l’étalage de ses connaissances. Par contre, mes lèvres se pincent, mon regard se plisse légèrement et mon visage se froisse dans une expression critique. L’acupuncture ? La médecine alternative ? Le spirituel ? Le Bouddhisme ? Les arts martiaux ? Merlin, mais il est complètement à côté de la plaque. Je n’ai aucun intérêt pour ces choses qui m’apparaissent d’un ennui mortel et d’un désintérêt profond.
Je baisse les yeux sur le livre tendu dans ma direction. Je ravale ma phrase qui l’aurait fait rengainer son ouvrage sans plus attendre. L’idée que cette chose puisse avoir une approche de l’anatomie à laquelle je n’ai pas pensé titille évidemment ma curiosité, même si je ne m’intéresse pas aux arts martiaux. Mon intérêt à moi est tellement plus profond, plus complexe. J’ai besoin de connaître le corps humain comme ma poche, pouvoir savoir ce qui se passe sous la peau, dans les muscles, au cœur des vaisseaux les plus profondément cachés dans notre corps. Qu’est-ce que j’en ai à faire des arts martiaux ?
À la question de l’homme, je lui adresse un regard bref. Si je vois ce que c’est ? Est-ce que j’ai une tronche à avoir une femme, moi ? Et même si j’en avais une, elle irait chercher ses livres toute seule, comme une grande. Il n’y a rien de plus désagréable que les gens qui parlent de personnes qui ne sont pas présentes. En l'occurrence, sa femme. Une férue d’arts martiaux, si j’ai bien compris. Pour ce que ça peut me faire.
Sans chercher à commenter ce qu’il vient de me dire — beaucoup de blabla pour pas grand chose — j’attrape le livre qu’il me tend. Je garde mes réflexions pour moi, qu’elles soient négatives ou non, confortable dans mon silence. Je l’ouvre sur mon avant bras, à la recherche du sommaire que je parcours rapidement.
« Intéressant, » commenté-je au bout d'un instant d’une voix froide et professionnelle en sautant directement à un chapitre qui a attiré mon attention.
J’observe quelques pages, analyse les informations que j’y trouve, avant de lever de nouveau les yeux vers le client-qui-se-pense-libraire.
« Mais ce n’est pas cette approche de l’anatomie que je recherche. Les arts martiaux ne m'intéressent pas. Pas plus que l’acupuncture, la médecine alternative ou tous ces trucs de spiritualité. »
Et s’il entend un léger dédain dans ma voix, c’est très certainement parce qu’il existe bel et bien, ce dédain.
« Je pensais plutôt à l’anatomie pure et dure. La description du corps humain et de ce qui se passe là-dedans, expliqué-je brièvement en désignant du menton le seul corps auquel mon regard ait accès pour le moment, c’est à dire le sien. Que ce soit le plus détaillé possible. Je dois connaître le réseau des veines, le fonctionnement du coeur, la composition de la peau... »
Passent sous mes yeux les images d'un autre livre, aux pages beaucoup plus jaunies et abîmées. Un grimoire plus ancien évoquant la magie noire et son utilisation. Certains chapitres font référence aux sortilèges noirs agissant sur le physique ; j'ai besoin de connaître le corps humain, tant pour réussir me sortilèges que pour connaître les conséquences des sacrifices demandés par cette magie-là.
« Ce genre de choses. »
Tout en parlant, je referme le livre en prenant le temps de lire le titre et le nom de l’autrice afin de les graver dans ma mémoire. Un jour, ce genre d’ouvrages pourrait m’intéresser. Mais pas pour le moment. Je rend impérieusement son exemplaire à l’homme.
Entre les lignes
Oscar hocha d'un air connaisseur la tête lorsqu'Aelle récupéra le livre et commenta d'un simple mot. En effet, même pour l'homme, cet ouvrage était assez intéressant ! Beaucoup trop abstrait pour lui, et surtout confinant à une violence qu'il n'approuvait pas, mais tout savoir est bon à prendre. C'était quelque chose qu'il avait toujours pensé et qu'il penserait toujours. Le savoir n'est jamais bon ou mauvais en lui-même. Il se contente d'être, et c'est ce qu'on choisit d'en faire qui déterminera sa moralité ou son amoralité.
Le temps qu'il refasse sa petite introspection intellectuelle, son interlocutrice avait déjà conclut à l'inutilité de sa démarche.
"Mh-mh... je vois..."
Son index et son pouce rejoignirent son menton alors que ses yeux suivirent le mouvement de son visage qui s'inclinait vers le bas, trahissant sa réflexion. Oui... Effectivement, cette femme avait l'air de savoir ce qu'elle voulait, tout en ne le sachant pas, c'était assez étrange. C'était comme si elle lui dissimulait ses réelles intentions. C'est ce qu'il pensa une brève seconde, avant de balayer ce doute d'une inspiration.
Honor n'était pas là pour le remarquer, et lui était trop optimiste et gentil pour se douter un seul instant de la véritable nature de la démarche de cette cliente. Au même titre qu'il était encore plus loin d'imaginer sa véritable nature. Si seulement Narcisse avait aperçu, ne serait-ce qu'un instant Aelle... Et bien, certes, Oscar aurait su, mais il était fort probable que cette conversation n'aurait jamais eu lieu, quand on connaissait le caractère exécrable de la jeune femme.
Or, l'homme commençait à bien se douter de quelque chose. Mais ce n'était pas pour autant qu'il comptait cesser d'être affable et de bonne humeur ! Tout le monde méritait d'être traité de la meilleure manière, et il rajusta ses lunettes avant de réfléchir aux derniers descriptions données par l'inconnue.
"Mh... détaillé et précis... Oui, je vois bien un..."
Sa langue poussa l'intérieur de sa joue avant de revenir glisser le long de ses dents. Son regard remonta pour regarder la jeune femme, tout en continuant de se frotter le menton. Un petit claquement de langue lui échappa, avant qu'il ne récupère son livre dans un sourire.
"Oui, je vois bien, j'imagine que vous déjà connaître Anatomes Totius ? Vous avez l'air connaisseuse, mais je suis surpris que vous n'y ayez pas trouvé votre compte..."
Ding, une illumination. Il s'embêtait à réfléchir alors qu'il connaissait très bien une doctoresse, une médecin ! Il pouffa d'un petit rire embarrassé, se sentant parfaitement idiot et lent à la détente. Ah, les ravages de la vieillesse, il secoua la tête.
"Haha, mes excuses, je n'avais même pas pensé, mais..."
Il dégaina son portable en basculant ses livres sur son bras libre, avant de questionner la brune d'un petit regard.
"Je peux contacter une amie qui pourrait vous renseigner, la marraine de mon fils est psychiatre, voyez-vous. Elle est techniquement docteure, donc elle doit certainement connaître au moins un ouvrage qui fera votre bonheur ! Désirez-vous que je lui passe un coup de fil ou que je lui envoie un petit message ? Elle répondra très vite, soyez-en assurée, je la connais bien."
Il sourit à sa propre taquinerie que personne d'autre que lui ne pouvait comprendre. C'était là sa manière de casser poliment quelques morceaux de sucre sur le dos de Claire, qui passait, à son goût, un temps bien trop disproportionné sur les écrans ! Pour une femme de science, il avait toujours trouvé ça quelque peu éhonté, et tous ses efforts pour tenter de la sevrer s'étaient jusque là révélés stériles, voire contre-productifs !
Aussi était-il plus que certain qu'elle répondrait instantanément, il était même prêt à parier qu'elle devait avoir son portable en main à l'heure actuelle. Sans le moindre doute. Et puis, peut-être même que Narcisse et Honor étaient rentrés, depuis le temps, ce serait aussi l'occasion de leur faire un petit coucou et de leur présenter sa nouvelle amie ! Bon, à présent, il ne serait plus qu'à voir quelle allait être la réponse de cette inconnue... Et il commençait à en avoir assez, de l'appeler l'inconnue, par ailleurs.
Il abaissa son portable pour porter sa main sur sa poitrine et abaisser imperceptiblement la tête.
"Au fait, je me présente, je m'appelle Oscar, enchanté."
Et son petit mouvement de menton ne laissa aucun doute quant à sa question implicite, mais qu'il refusa d'exprimer par des mots, offrant une chance à cette jeune femme de ne pas y répondre si elle ne le souhaitait pas. "Et vous êtes ?.."
Le temps qu'il refasse sa petite introspection intellectuelle, son interlocutrice avait déjà conclut à l'inutilité de sa démarche.
"Mh-mh... je vois..."
Son index et son pouce rejoignirent son menton alors que ses yeux suivirent le mouvement de son visage qui s'inclinait vers le bas, trahissant sa réflexion. Oui... Effectivement, cette femme avait l'air de savoir ce qu'elle voulait, tout en ne le sachant pas, c'était assez étrange. C'était comme si elle lui dissimulait ses réelles intentions. C'est ce qu'il pensa une brève seconde, avant de balayer ce doute d'une inspiration.
Honor n'était pas là pour le remarquer, et lui était trop optimiste et gentil pour se douter un seul instant de la véritable nature de la démarche de cette cliente. Au même titre qu'il était encore plus loin d'imaginer sa véritable nature. Si seulement Narcisse avait aperçu, ne serait-ce qu'un instant Aelle... Et bien, certes, Oscar aurait su, mais il était fort probable que cette conversation n'aurait jamais eu lieu, quand on connaissait le caractère exécrable de la jeune femme.
Or, l'homme commençait à bien se douter de quelque chose. Mais ce n'était pas pour autant qu'il comptait cesser d'être affable et de bonne humeur ! Tout le monde méritait d'être traité de la meilleure manière, et il rajusta ses lunettes avant de réfléchir aux derniers descriptions données par l'inconnue.
"Mh... détaillé et précis... Oui, je vois bien un..."
Sa langue poussa l'intérieur de sa joue avant de revenir glisser le long de ses dents. Son regard remonta pour regarder la jeune femme, tout en continuant de se frotter le menton. Un petit claquement de langue lui échappa, avant qu'il ne récupère son livre dans un sourire.
"Oui, je vois bien, j'imagine que vous déjà connaître Anatomes Totius ? Vous avez l'air connaisseuse, mais je suis surpris que vous n'y ayez pas trouvé votre compte..."
Ding, une illumination. Il s'embêtait à réfléchir alors qu'il connaissait très bien une doctoresse, une médecin ! Il pouffa d'un petit rire embarrassé, se sentant parfaitement idiot et lent à la détente. Ah, les ravages de la vieillesse, il secoua la tête.
"Haha, mes excuses, je n'avais même pas pensé, mais..."
Il dégaina son portable en basculant ses livres sur son bras libre, avant de questionner la brune d'un petit regard.
"Je peux contacter une amie qui pourrait vous renseigner, la marraine de mon fils est psychiatre, voyez-vous. Elle est techniquement docteure, donc elle doit certainement connaître au moins un ouvrage qui fera votre bonheur ! Désirez-vous que je lui passe un coup de fil ou que je lui envoie un petit message ? Elle répondra très vite, soyez-en assurée, je la connais bien."
Il sourit à sa propre taquinerie que personne d'autre que lui ne pouvait comprendre. C'était là sa manière de casser poliment quelques morceaux de sucre sur le dos de Claire, qui passait, à son goût, un temps bien trop disproportionné sur les écrans ! Pour une femme de science, il avait toujours trouvé ça quelque peu éhonté, et tous ses efforts pour tenter de la sevrer s'étaient jusque là révélés stériles, voire contre-productifs !
Aussi était-il plus que certain qu'elle répondrait instantanément, il était même prêt à parier qu'elle devait avoir son portable en main à l'heure actuelle. Sans le moindre doute. Et puis, peut-être même que Narcisse et Honor étaient rentrés, depuis le temps, ce serait aussi l'occasion de leur faire un petit coucou et de leur présenter sa nouvelle amie ! Bon, à présent, il ne serait plus qu'à voir quelle allait être la réponse de cette inconnue... Et il commençait à en avoir assez, de l'appeler l'inconnue, par ailleurs.
Il abaissa son portable pour porter sa main sur sa poitrine et abaisser imperceptiblement la tête.
"Au fait, je me présente, je m'appelle Oscar, enchanté."
Et son petit mouvement de menton ne laissa aucun doute quant à sa question implicite, mais qu'il refusa d'exprimer par des mots, offrant une chance à cette jeune femme de ne pas y répondre si elle ne le souhaitait pas. "Et vous êtes ?.."
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3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
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Entre les lignes
Je ne peux contrôler le hochement de tête qui me vient en réponse à l’hypothèse de l’homme : effectivement, je connais Anatomes Totius, mais je n’ai pas eu l’occasion de consulter cet ouvrage depuis un moment. De fait, le seul exemplaire que j’ai pu feuilleter se trouve dans la bibliothèque de mes parents, au Domaine. Je visualise même son emplacement exact et je me souviens du jour où ma mère m’en a parlé et où nous l’avons découvert ensemble pour la première fois. Ces souvenirs ne sont pas les bienvenus, comme toujours quand il s’agit de ma mère, mais ils me font réfléchir. Un tel livre m’aiderait-il ? Celui que ma mère s’était procuré était un peu vieux. Non pas que l’anatomie humaine soit un domaine dans lequel il y a énormément de découvertes majeures, mais je ne me souviens pas suffisamment de l’ouvrage pour savoir s’il conviendrait à mes besoins ou non. Bah, qu’importe ; autant l’avoir sous les yeux avant de prendre ma décision.
Malheureusement, cet homme fait partie de cette partie de l’humanité qui est incapable de discuter à un rythme raisonnable, phrase par phrase pour permettre à la personne qu’il a en face de lui de répondre. Non, les pensées fusent sous son crâne et quand celle qu’il semble avoir eu sort part sa bouche, mes sourcils se dressent sur mon front. S’ils l’ont fait au mot “amie”, ma grimace étonnée, et un peu choquée certainement, s’affirme au mot “psychiatre”. Bordel, mais pour qui me prend-il ? Me pense-t-il donc désespérée pour contacter la moindre personne qui se dit docteure, même une “psychiatre” ? Dans mon esprit, les liens se font rapidement même si je ne connais pas ce mot : je connais suffisamment mon latin pour être capable de comprendre la racine du mot inconnu. Un médecin de l’esprit ? Merlin, cela m’apprendra à demander son avis à un idiot de moldu qui n’y connaît rien et auquel, surtout, je ne peux pas parler de mes véritables intentions. Je commence à regretter d’être venue dans une librairie moldue. Les ouvrages sur l’anatomie y sont certes plus complets, mais je n’aurais pas eu tous ces soucis dans l’Allée des Embrumes.
Et le voilà qui se présente. Oscar. J’effectue une sorte de geste du menton dans sa direction. Oui, oui, c’est ça, Oscar, pour ce que ça peut me faire. Moi-même ne suis pas enchantée de vous rencontrer, voyez-vous. Et je n’ai aucune intention de me présenter en retour. Pour qu’il m’appelle “Aelle” sans comprendre que c’est impoli et qu’il prenne encore plus de liberté, non merci.
Mon regard fait le voyage entre la chose rectangulaire qu’il a sorti de sa poche et son visage. Les cours d’Études des moldus n’étaient pas si inutiles que cela puisqu’ils me permettent aujourd’hui de reconnaître un “téléphone portable”. Si je n’ai jamais compris concrètement comment cela pouvait fonctionner — les moldus s’encombrent de tels gadgets ! —, je suis au moins capable de savoir que cette chose sert à contacter des gens ne se trouvant pas dans les parages. Un hibou de poche, quoi. Mais je ne crois pas que cette chose puisse voler.
« Laissez votre… Amie tranquille, réponds-je enfin laconiquement, beaucoup plus avare en mots quand j’ai en face de moi de grands bavards, je me contenterai de ce que je trouverais ici. »
J’éprouve une réticence viscérale à l’idée qu’il contacte cette personne. Je ne sais pas si ce sentiment provient du fait qu’Oscar se soit présenté à moi, qu’il prenne le temps de perdre son temps pour moi ou tout simplement si cela a un rapport avec le fait que cette personne soit une psy-quelque chose. J’ai l’impression qu’Oscar prend trop ses aises. Et il le fait rapidement, alors que nous discutons depuis quelques minutes à peine ! Cela me rend méfiante.
Je fais un pas sur le côté et laisse mon regard se perdre sur la bibliothèque devant laquelle je me trouve encore. Le malaise que je ressens s’immisce dans mes muscles et les noue. Je préférerais être ailleurs. Autant en terminer au plus vite. Malgré moi, je me force à me tourner de nouveau vers lui, muselant mon envie de mettre de la distance, que ce soit grâce à ma voix froide ou à mes regards fuyants, entre moi et lui.
« Où je peux trouver un exemplaire d’Anatomes Totius dans cette boutique ? » demandé-je du bout des lèvres, la voix froide et le regard fuyant.
Je tends le cou pour observer les rayonnages qui s’étirent dans un labyrinthe désorganisé derrière l’homme.
Malheureusement, cet homme fait partie de cette partie de l’humanité qui est incapable de discuter à un rythme raisonnable, phrase par phrase pour permettre à la personne qu’il a en face de lui de répondre. Non, les pensées fusent sous son crâne et quand celle qu’il semble avoir eu sort part sa bouche, mes sourcils se dressent sur mon front. S’ils l’ont fait au mot “amie”, ma grimace étonnée, et un peu choquée certainement, s’affirme au mot “psychiatre”. Bordel, mais pour qui me prend-il ? Me pense-t-il donc désespérée pour contacter la moindre personne qui se dit docteure, même une “psychiatre” ? Dans mon esprit, les liens se font rapidement même si je ne connais pas ce mot : je connais suffisamment mon latin pour être capable de comprendre la racine du mot inconnu. Un médecin de l’esprit ? Merlin, cela m’apprendra à demander son avis à un idiot de moldu qui n’y connaît rien et auquel, surtout, je ne peux pas parler de mes véritables intentions. Je commence à regretter d’être venue dans une librairie moldue. Les ouvrages sur l’anatomie y sont certes plus complets, mais je n’aurais pas eu tous ces soucis dans l’Allée des Embrumes.
Et le voilà qui se présente. Oscar. J’effectue une sorte de geste du menton dans sa direction. Oui, oui, c’est ça, Oscar, pour ce que ça peut me faire. Moi-même ne suis pas enchantée de vous rencontrer, voyez-vous. Et je n’ai aucune intention de me présenter en retour. Pour qu’il m’appelle “Aelle” sans comprendre que c’est impoli et qu’il prenne encore plus de liberté, non merci.
Mon regard fait le voyage entre la chose rectangulaire qu’il a sorti de sa poche et son visage. Les cours d’Études des moldus n’étaient pas si inutiles que cela puisqu’ils me permettent aujourd’hui de reconnaître un “téléphone portable”. Si je n’ai jamais compris concrètement comment cela pouvait fonctionner — les moldus s’encombrent de tels gadgets ! —, je suis au moins capable de savoir que cette chose sert à contacter des gens ne se trouvant pas dans les parages. Un hibou de poche, quoi. Mais je ne crois pas que cette chose puisse voler.
« Laissez votre… Amie tranquille, réponds-je enfin laconiquement, beaucoup plus avare en mots quand j’ai en face de moi de grands bavards, je me contenterai de ce que je trouverais ici. »
J’éprouve une réticence viscérale à l’idée qu’il contacte cette personne. Je ne sais pas si ce sentiment provient du fait qu’Oscar se soit présenté à moi, qu’il prenne le temps de perdre son temps pour moi ou tout simplement si cela a un rapport avec le fait que cette personne soit une psy-quelque chose. J’ai l’impression qu’Oscar prend trop ses aises. Et il le fait rapidement, alors que nous discutons depuis quelques minutes à peine ! Cela me rend méfiante.
Je fais un pas sur le côté et laisse mon regard se perdre sur la bibliothèque devant laquelle je me trouve encore. Le malaise que je ressens s’immisce dans mes muscles et les noue. Je préférerais être ailleurs. Autant en terminer au plus vite. Malgré moi, je me force à me tourner de nouveau vers lui, muselant mon envie de mettre de la distance, que ce soit grâce à ma voix froide ou à mes regards fuyants, entre moi et lui.
« Où je peux trouver un exemplaire d’Anatomes Totius dans cette boutique ? » demandé-je du bout des lèvres, la voix froide et le regard fuyant.
Je tends le cou pour observer les rayonnages qui s’étirent dans un labyrinthe désorganisé derrière l’homme.
Entre les lignes
Oscar était loin de se douter que l'interlocutrice qui se tenait face à lui faisait partie de ceux et celles qui ne croyaient guère en la médecine du cerveau, de l'esprit. Cela lui paraissait par ailleurs totalement absurde de pouvoir penser un seul instant qu'une psychiatre, diplômée de nombreuses années d'études, puisse être qualifiée d'autre terme que celui de doctoresse. Mais quoi qu'il en fut, même si elle eut manifesté à haute voix sont opinion des plus douteuses, il ne lui en aurait pas tenu rigueur. Tout comme il laissa couler avec aisance le fait qu'elle ne lui rendit pas le moins du monde ses présentations. Étant donné la personnalité qui semblait peu à peu se dégager de cette inconnue, il estima qu'un petit salut du menton était déjà une immense victoire. Et il sourit à cela, en rendant ce geste du menton, aussi sobrement qu'il le put.
"Fort... bien."
Si Oscar commença à répondre à la femme avec son sourire habituel, ce dernier s'effaça un court instant à l'instant où ses mots s'évanouirent, avant de reprendre. Son regard s'était tourné sur l'écran de son portable, juste avant qu'il ne le range dans sa poche d'un geste souple et habitué. Et ce qu'il y avait entrevu avait fait manquer un battement à son cœur.
Avait-il halluciné en croyant distinguer les barres de son réseau tressauter ? Lorsqu'il avait cru apercevoir son écran clignoter une infime milliseconde, juste avant de s'éteindre ? Peut-être était-ce le cas, mais s'il avait bien cru comprendre une chose, depuis que son fils était à Poudlard, c'était que la magie et l'électricité ne font pas bon ménage. Nombre de fois, il avait pu le constater. Pour la première fois depuis le début de cette discussion, le regard qu'il reposa sur Aelle se teinta d'une curiosité, non pas méfiante, mais intriguée.
Cette femme était-elle l'une des leurs ? Il en ressentit un frisson d'excitation, cela pourrait expliquer quelques micro-éléments qu'il avait pensé observer, mais qu'il avait placé sur le compte du "ce n'est rien". Sa curiosité était éveillée, et à partir de dorénavant, il allait se montrer légèrement plus attentif, désireux d'en apprendre davantage, pour satisfaire sa soif de curiosité et de discussions. Un sourire se dessina sur ses lèvres, il hocha doucement la tête.
"Suivez-moi."
Et d'un pas confiant, de celui qui sait où il va, il entraîna Aelle au fond des rayons poussiéreux intitulés "Livres anciens remis au goût du jour". Encore un rayon des plus farfelus. Au passage, son regard tomba sur un livre qu'il jugea pertinent, et s'empressa de s'en emparer, pour contempler la couverture.
"Nous y voilà, il devrait être... Ah, juste là."
Déteignant avec certains livres qui n'avaient jamais vu leur couverture renouvelée, la nouvelle édition d'Anatomes Totius scintillait de son revêtement en plastique protecteur. Une couverture cependant toujours aussi sobre, d'un rouge grenat, à l'écriture aux lettres dorées. Tout en se tournant vers l'inconnue, il déposa le deuxième livre qu'il avait préalablement récupéré dessus, pour les tendre tous les deux dans sa direction.
"Et je ne peux que trop vous recommander l'Atlas Netter d'anatomie humaine. Le must dans le domaine, plus de 900 illustrations ultra-détaillées, incluant IRM et TDM, entre autres. Réactualisé dans sa douzième édition."
Indubitablement l'un des plus célèbres ouvrages médicaux, l'un des plus détaillés, rédigés par deux des meilleurs illustrateurs médecins au monde. Si avec cela, madame ne trouvait pas son bonheur...
Oscar n'insista pas sur les termes d'IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) et TDM (Tomodensitométrie), même si son intuition lui dictait d'appuyer sur ce point. Juste pour voir. Mais il n'était pas Claire. Cette dernière n'aurait pas hésité un seul instant à sauter sur l'occasion. Il avait déjà remarqué que cette dernière semblait nourrir quelques soupçons sur la nature des amis que Narcisse ramenait à la maison. Après tout, elle était déjà très proche d'Honor à l'époque où les deux mondes s'étaient entrechoqués, et Oscar se doutait bien que cela avait dû énormément la marquer. Et de toute manière, c'était une femme très intelligente, bien davantage que lui.
Dans tous les cas, Oscar se dit que peu importe comment l'inconnue réagirait, ce n'était pas à lui de la percer à jour, malgré les petites démangeaisons de curiosité qui pointaient toujours le bout de leur nez.
"Fort... bien."
Si Oscar commença à répondre à la femme avec son sourire habituel, ce dernier s'effaça un court instant à l'instant où ses mots s'évanouirent, avant de reprendre. Son regard s'était tourné sur l'écran de son portable, juste avant qu'il ne le range dans sa poche d'un geste souple et habitué. Et ce qu'il y avait entrevu avait fait manquer un battement à son cœur.
Avait-il halluciné en croyant distinguer les barres de son réseau tressauter ? Lorsqu'il avait cru apercevoir son écran clignoter une infime milliseconde, juste avant de s'éteindre ? Peut-être était-ce le cas, mais s'il avait bien cru comprendre une chose, depuis que son fils était à Poudlard, c'était que la magie et l'électricité ne font pas bon ménage. Nombre de fois, il avait pu le constater. Pour la première fois depuis le début de cette discussion, le regard qu'il reposa sur Aelle se teinta d'une curiosité, non pas méfiante, mais intriguée.
Cette femme était-elle l'une des leurs ? Il en ressentit un frisson d'excitation, cela pourrait expliquer quelques micro-éléments qu'il avait pensé observer, mais qu'il avait placé sur le compte du "ce n'est rien". Sa curiosité était éveillée, et à partir de dorénavant, il allait se montrer légèrement plus attentif, désireux d'en apprendre davantage, pour satisfaire sa soif de curiosité et de discussions. Un sourire se dessina sur ses lèvres, il hocha doucement la tête.
"Suivez-moi."
Et d'un pas confiant, de celui qui sait où il va, il entraîna Aelle au fond des rayons poussiéreux intitulés "Livres anciens remis au goût du jour". Encore un rayon des plus farfelus. Au passage, son regard tomba sur un livre qu'il jugea pertinent, et s'empressa de s'en emparer, pour contempler la couverture.
"Nous y voilà, il devrait être... Ah, juste là."
Déteignant avec certains livres qui n'avaient jamais vu leur couverture renouvelée, la nouvelle édition d'Anatomes Totius scintillait de son revêtement en plastique protecteur. Une couverture cependant toujours aussi sobre, d'un rouge grenat, à l'écriture aux lettres dorées. Tout en se tournant vers l'inconnue, il déposa le deuxième livre qu'il avait préalablement récupéré dessus, pour les tendre tous les deux dans sa direction.
"Et je ne peux que trop vous recommander l'Atlas Netter d'anatomie humaine. Le must dans le domaine, plus de 900 illustrations ultra-détaillées, incluant IRM et TDM, entre autres. Réactualisé dans sa douzième édition."
Indubitablement l'un des plus célèbres ouvrages médicaux, l'un des plus détaillés, rédigés par deux des meilleurs illustrateurs médecins au monde. Si avec cela, madame ne trouvait pas son bonheur...
Oscar n'insista pas sur les termes d'IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) et TDM (Tomodensitométrie), même si son intuition lui dictait d'appuyer sur ce point. Juste pour voir. Mais il n'était pas Claire. Cette dernière n'aurait pas hésité un seul instant à sauter sur l'occasion. Il avait déjà remarqué que cette dernière semblait nourrir quelques soupçons sur la nature des amis que Narcisse ramenait à la maison. Après tout, elle était déjà très proche d'Honor à l'époque où les deux mondes s'étaient entrechoqués, et Oscar se doutait bien que cela avait dû énormément la marquer. Et de toute manière, c'était une femme très intelligente, bien davantage que lui.
Dans tous les cas, Oscar se dit que peu importe comment l'inconnue réagirait, ce n'était pas à lui de la percer à jour, malgré les petites démangeaisons de curiosité qui pointaient toujours le bout de leur nez.
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3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A
3A 2049/2050 - 13 ans - 1m62 début 3A