Deryn réfléchissait allongée sur son lit. Comment faire ? Elle ne pouvait pas se permettre de laisser trainer des affaires de sorcier dans sa chambre. Si qui que ce soir passait, il se poserait trop de questions. Mais cet objet ne pouvait pas être rapporté à Poudlard… Deryn n'était pas du genre à être à cheval sur les règlements, mais elles était malgré tout intimidée par les professeurs du château et ne souhaitait pas avoir affaire à eux en de mauvaises circonstances. Du bout du doigt, elle gratouilla rapidement le dos du frisbee qui trainait par terre au pied du lit. Le petit objet vert se mit à siffler rageusement en montrant ses crocs. La petite brune sourit. Ce jouet là, ne devait vraiment pas rester à la portée des moldus.

Elle avait pensé à le confier à son grand-frère Audran. Elle avait fait une partie avec lui après Noël. Après avoir rit au nez de sa sœur qui lui demandait de "jouer", il avait finalement décider que c'était un jeu formidable mais un peu trop dangereux pour sa petite sœur. Il avait voulu le confisquer et en parler aux parents. Elle ne voulait pas qu'il fasse disparaître ce petit trésor ni qu'il le sorte lors de ses soirées pour épater la galerie…

La seule solution était donc de le cacher dans un endroit improbable où personne n'irait farfouiller par hasard. Après quelques instants de réflexion supplémentaires, Deryn se leva, glissa le frisbee dans son sac en bandoulière et pris la direction de l'écurie prenant soin d'emprunter l'échelle du hangar à foin au passage. Dès qu'elle passa la porte, l'odeur des chevaux envahit ses narines. Elle adorait cette odeur, elle lui avait terriblement manqué cet automne. Elle cala l'échelle du mieux qu'elle pu le long du mur et entreprit de grimper. Elle se dirigeait vers un espace réduit. Un minuscule grenier au dessus des box des chevaux. Il avait autrefois servit à stocker quelques bricoles mais le plafond était si bas que seul les enfants pouvaient s'y tenir debout. Deryn se hissa sur le plancher et se rendit compte qu'elle avait grandit. Au printemps dernier, elle pouvait encore se ternir presque debout…

A quatre patte donc pour plus de commodité elle se dirigea vers la partie basse des combles. Elle poussa un peu de foin du revers de la main et ouvrit une jolie petite boîte en bois qui se trouvait là. Elle y déposa le frisbee. C'était son vieux coffre au trésor. Elle y avait entassé des tas de petites choses formidables dans son enfance : des bonbons, des chocolats, des fleurs, des papillons séchés, un squelette de souris, … Il ne contenait plus grand chose aujourd'hui, mais serait un parfait lieu de stockage. Alors qu'elle faisait marche arrière, elle perçu un mouvement léger à quelques mètres en face d'elle. Elle s'immobilisa.

Pas de panique, pas de panique. Tu n'es pas à Poudlard, il n'y a pas de trucs … trop bizarres ici.

Un cri retentit soudain. Un cri glaçant. Aigu et grinçant. Deryn ne pu s'empêcher de plaquer ses mains sur ses oreilles en se redressant de façon à s'écarter un peu de la zone dangereuse. L'obscurité dans le petit grenier était totale. Il y avait autrefois une petite lucarne mais… Où était-elle déjà ? Elle devait être obstruée par les toiles d'araignée et… Deryn se revit soudain l'été dernier. Elle voulait faire une sieste à l'abri des farces de son frère ainé et avait accroché un gros sac à pomme de terre en chanvre épais sur la petite fenêtre. Mais quelle idée !

Le silence était revenu. Plus rien ne semblait bouger. Avait-elle imaginé tout ça ? La petite irlandaise décida de reprendre son mouvement de départ pour regagner l'échelle. C'était de toute façon le seul moyen de descendre de ce petit grenier. Elle reposa ses deux mains sur le sol et commença à se décaler doucement vers la sortie. A peine eut elle progressé de quelques centimètres que le cri retentit à nouveau. Mais c'est quoi ce truc !

Il n'y avait pas trente-six façons de le savoir. Il fallait de la lumière. Faire de la magie hors de Poudlard mais… Après tout elle était toute seule (enfin presque toute seule) et tous les sorciers du ministère devaient être occupé avec leur famille en cette période de fête de fin d'année. Elle sortit sa baguette en tremblant. De toute façon, avoir sa baguette en main était peut être une bonne chose. Après tout, si ce truc en face était dangereux, il fallait peut être se préparer à lancer un "lashlabask". Pour le moment, la brune cherchait une pensée positive pleine d'espoir. Pas simple dans sa situation… Le silence était revenu dans l'obscurité du fond du grenier. Deryn inspira et souffla pour se calmer. Une pensée positive, une pensée positive… Elle finit par prononcer tout bas un discret "lumos".

Une petite lumière naît au bout de sa baguette. La lumière pâle se diffuse autour de la première année qui distingue soudain la chose. C'est un gros hibou. A moins qu'il ne s'agisse d'une chouette. L'animal avait la tête tournée vers la petite, les ailes légèrement ouverte sur les côtés et se balancait lentement de gauche à droite en fixant l'extrémité de la baguette. Un cri strident sortit à nouveau de son bec tandis qu'il tendait le cou vers l'intruse.

Deryn était tétanisée. Des hiboux elle en avait déjà vu dans la volière de Poudlard mais jamais comme ça, à sa hauteur, dans l'obscurité et surtout jamais en colère. Peut être qu'en rampant… Doucement elle s'allongea sur le sol, pour paraître plus petite et moins dangereuse, espérant qu'en cas d'attaque, le volatil fonce sur la pointe de la baguette plutôt que sur sa figure. Après quelques secondes de déplacement en mode veracrasse, Deryn atteignit enfin l'échelle où elle se glissa avec précaution.

Au moins, son petit coffre au trésor serait bien gardé.

Après une arrivée un peu mouvementée à Londres, et une traversée bien morne, Deryn était enfin de retour à la maison. Un sourire apparut sur son visage à l'instant où elle discerna les ardoises du toit à l'horizon. Elle sortit de la voiture comme on sort d'un rêve et se dirigea d'abord vers la demeure de la famille. Elle grimpa les marches quatre à quatre et pénétra dans sa chambre. Une légère odeur de renfermé l'accueillit avec un soupçon d'autre chose. Une odeur particulière, qu'elle aimait sans trop savoir pourquoi. Une odeur d'enfance et d'insouciance. Après avoir posé ses bagages sur le lit, elle ouvrit les fenêtres en grand et observa ce paysage qu'elle connaissait par cœur et qui semblait pourtant légèrement différent. Il faut dire que le chêne là-bas avait poussé et l'autre aussi à côté. Tiens, il y a une tuile de l'écurie qui a glissée. L'écurie justement...

Elle dévala les marches et prit la direction de la petite bâtisse aux tuiles rouges, espérant y trouver son fidèle destrier. En entrant, l'odeur des chevaux lui emplit les narines. Comment avait-elle pu oublier cette odeur ? D'un pas habile elle prit la direction du fond, évitant les restes de crottins qui traînaient par ci par là. De son temps, l'écurie était plus propre que ça. On aurait pu y faire un pique-nique non de non ! Elle se promit de passer un bon coup de balai sur les pavés après avoir salué Argant. Arrivée devant le box, un coup d'œil par dessus la porte lui apprit que son compagnon à poils n'était pas là. Il profitait surement du grand air avec les autres. Deryn sourit en l'imaginant mâchonnant son herbe puis hocha la tête. Elle allait repartir quand elle remarqua l'échelle bien calée pour monter au grenier. Quelqu'un y serait allé pendant son absence ?

Un petit instant de panique la submergea. Se souvenant de sa dernière visite en ces lieux, elle se saisit de la lampe frontale toujours accrochée à l'entrée de la pièce et monta aux barreaux pour inspecter les lieux. Elle braque le faisceau sur le bord du toit et aperçut rapidement un petite forme sombre toute couverte de poussière et de toile d'araignée. Ouf ! A priori, personne n'avait trouvé sa cachette.

La jeune fille fit pivoter le faisceau pour vérifier le reste du plancher du petit grenier à foin. Une pile de vieux outils à main était rangée là, fourche, pelle, manches, pioches, ... voilà pourquoi il y avait l'échelle, son père devait maintenant ranger ici les vieux outils pouvant un jour resservir.

Elle chercha un peu plus loin et au moment où la lampe éclaira le mur en pierre tout au fond, elle l'aperçu. Ses deux gros yeux noirs de la chouette clignèrent, outrée qu'elle semblait être d'être ainsi dérangée en plein sommeil.

- Salut toi ! Comment tu vas depuis l'hiver dernier ?

N'attendant évidement pas de réponse, elle décala légèrement la lumière pour ne pas trop gêner l'oiseau. Elle remarqua dans un coin les restes d'un nid mais également des restes abondants de repas. La fillette fronça du nez. Comment savoir si cet oiseau était une femelle dont les petits avaient quitté le nid ou un mâle solitaire ? Deryn haussa les épaules et redescendit. Elle étudierait tout ça en détail pendant l'été. A défaut de magie, elle ferait de l'ornithologie !