Inscription
Connexion

03 avr. 2020, 18:58
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
~ Fin août 2043 ~

Succession de Rp's aux alentours de la date de la réception
de la lettre pour Poudlard. Tout ne se passe donc pas le même jour.


Image


Un rayon de lumière filtre entre tes rideaux bordeaux. La brume qui régnait avec tes rêves durant ton sommeil s'éparpille. Tu plisses légèrement les yeux pendant que ton corps entier s'étire de toutes parts. Tu relèves ton épaisse couverture d'hiver - que tu as oublié d'échanger avec celle d'été - sur le haut de ton menton. Un sentiment de sécurité t'envahit chaque fois que tu te glisses sous ta couette. La chaleur te parcourt le corps et te tire dans les ténèbres du monde des rêves.
Tu replies tes jambes sur ta poitrine à la façon d'un foetus. Tes paupières sont lourdes et tes clignements se font de moins en moins réguliers. Tes idées se mélangent à nouveau ; tu es prête à réintégrer le monde du sommeil. Pourtant, des Voix t'en empêchent. Elles se battent, se combattent. Gagnera celle qui parlera le plus fort. Ton sommeil s'est soudainement enfui, comme un prisonnier dont on laisse la cellule ouverte. Sachant que tu n'as plus aucune chance de te rendormir, tu t'assieds, jambes croisées, sur ton lit. De tes petites mains tu frottes tes yeux et réajustes ta chemise de nuit à fleurs violettes. Tu bâilles sans retenue et de petites larmes dévalent la pente créée par tes joues.
Tu ôtes la couverture couleur corail jusqu'à tes orteils avant de rouler sur le côté afin de déposer tes jambes sur le tapis taupe. Tu te lèves doucement, avances de quelques pas et tires les lourds rideaux atteignant légèrement le sol. La Lumière éclaire à présent toute la pièce. Tu ne prends pas le temps d'ouvrir tes fenêtres dans l'intention d'aérer ne pensant qu'à ces Sons. Tu entrouvres la porte en bois qui sépare ta chambre du couloir et là, les Voix te parviennent plus nettement : Maman et Papa. Tu ne comprends que des bribes de phrases, mais ce dont tu es certaine c'est qu'ils se disputent, qu'ils se bouffent l'un l'autre. Ce n'était plus arrivé depuis si longtemps... Oh que tu te sentais bien quand la maison était calme avec une ambiance posée !
Le moment était venu de tout gâcher...

#426b80 // sixième année
grandiose

09 avr. 2020, 14:08
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Tu tires vers toi la poignée de la porte et te rends dans le couloir. Tu passes devant les chambres de Fiona et Ewan, aucune ne semble animée, contrairement à ton cerveau agité. Avant, les jumeaux dormaient ensemble, dans une seule et même pièce, mais depuis le déménagement à Carlisle, les petits s'étaient vus offrir une chambre chacun. Joie d'un côté et tristesse de l'autre, la séparation avait été difficile.

Tes petons nus se dirigent d'un pas prudent sur l'escalier en bois menant au rez-de-chaussée. Au fur et à mesure de ta descente, les Voix se rapprochent. Lorsque tu arrives dans la salle à manger, tu as tout juste le temps de saisir une pomme dans le panier à fruits trônant sur la table avant de te cacher derrière la porte entrebaîllée, isolant la pièce du jardin, pour passer inaperçue. Tu colles ton oreille dessus. Pourquoi fais-tu cela? Tu ne sais pas. S'ils t'aperçoivent, il se tairont. Probablement. Tu ne peux que tendre l'oreille pour espérer percevoir quelques mots, quelques bribes :

- ... C'est impossible... Emily, regarde-moi. Dis-moi que ce n'est pas possible. S'il te plaît Emily.

"Papa..."

Même sans le voir, tu es certaine que son visage est crispé. Crispé, comme chaque fois qu'il est inquiet ou angoissé. Ou les deux. Généralement, c'est son travail qui est à l'origine de cet émoi, mais là, le doute s'installe en toi. Il implore. Il supplie Maman de lui dire...

"Qu'est-ce qui n'est pas possible? Papa, dis-moi... Qu'est-ce qui n'est pas possible?

Comme pour répondre à tes profondes interrogations, Maman prend la parole de sa voix douce et rassurante malgré son manque d'assurance :

- Alexander... Cette fois-ci je pense que c'est vrai... Ce n'est pas une arnaque... Il y a un cachet, c'est même toi qui l'a vu en premier !

Tes hypothèses se succèdent amenant Inquiétude avec elles. Quelqu'un prendrait des médicaments? Un cachet? Un cachet de quoi? D'où? Comment? Tu ne sais pas. Tu n'as pas de réponse.
Tu devrais sortir.
Rejoindre le jardin, avec tes parents.
Tu devrais fondre dans les bras de ta mère qui pourrait t'y blottir.
Tu devrais, oui, tu devrais...
Dernière modification par Elyna Oak le 03 juil. 2020, 09:55, modifié 1 fois.

#426b80 // sixième année
grandiose

11 mai 2020, 14:26
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Les mains plaquées en entonnoir contre ton oreille collée à la porte, une tornade de questions et d'hypothèses toutes plus sinistres les unes que les autres tourbillonnent à l'intérieur de ton crâne brûlant. Tu ne sais pas. Le pire, c'est l'attente de réponses. Combien de temps? Quand sauras-tu? Si tu sors de ta cachette, tu le diras, tout haut. Que tu veux comprendre.

Le temps s'est arrêté. Du moins, ça en a tout l'air. Si tu pouvais, rien qu'en un claquement de doigts, mettre le Monde sur pause et te précipiter vers tes parents afin de voir, de comprendre ce qui les met dans un tel état, tu le ferais malgré ton appréhension.

Et pourquoi te retiendrais-tu de le faire? Vas-y ! Apprends, comprends, décodes, fais des liens. Vas-y !

Tu te relèves avec douceur pendant que tes vertèbres se tordent en tous sens. De tes fins doigts, tu saisis la poignée, la tires vers toi pour que tu puisses passer ton corps plus aisément dans l'entrebâillement. Tu t'y glisses et sautes sur les marches, quatre à quatre.

Le jardin n'est qu'herbe durant plusieurs mètres, jusqu'à toucher à une petite serre où poussent quelques plants de tomates et autres fleurs aux odeurs parfois tropicales. Tu y passes beaucoup de ton libre, à observer pousser ces petits Êtres-non-Humains. Tu trouves cela magique et en même temps si irréel. Comment de simples germes peuvent devenir à long terme des plantes aussi majestueuses que le tournesol?

Tes parents sont assis sur les chaises de bois où sommeille d'habitude Saturne. Votre chat. Son pelage est d'un doré éclatant et son collier d'un bleu profond, tout comme sa médaille. Ce matin, il n'est pas là.

"Saturne, t'es où bon sang?"

Tu espères de tout ton coeur qu'il ne s'est pas enfui de la maison. Ou... Non ! Non, non, non ! C'est impossible !

"C'est ce que Papa a dit, oui.
Impossible.
"

La scène d'une Mort atroce te traverse l'Esprit. Aurait-il pris un de ces fameux cachets qui traînaient quelque part dans la maison?

Lorsque tu t'apprêtes enfin à le demander à Eux, tes parents, tu aperçois Saturne ronronnant aux pieds de Maman. Alors quoi?

"Qu'est-ce qu'il se passe, bordel ?!"


#426b80 // sixième année
grandiose

12 juin 2020, 09:48
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Les mains sur ta chemise de nuit tombante sous tes genoux, tu approches encore de quelques pas, ta respiration retenue. Saturne t'a vue et te regarde de ses yeux perçants. Qu'il se taise espères-tu, afin que tu puisses encore entendre quelques bribes, plus audibles. Hélas, il se lève et avance d'une marche féline que seul un chat peut réaliser. Il vient miauler à tes pieds et les deux adultes se retournent, surpris.
L'une décontenancée, l'autre ayant un mouvement de recul, tu comprends qu'ils ne s'attendaient pas à te voir là, en cet Instant.

- Je suis désolée, je ne voulais pas vous déranger... Hum...

Quelque chose te crie de t'en aller, que rester te brisera. Pourtant, tu ne te sens pas prête du tout à fuir, tes pieds ne quittant d'ailleurs pas le sol humide. Quelques rayons de Soleil traversent le plafond de Nuages et tu ne peux que le remercier de t'apporter chaleur alors que des frissons de froid parcourent tes bras et jambes. En tendant ton corps vers le Ciel, tu pourrais peut-être l'atteindre et t'en colorer la peau ?

- Chérie, tu es déjà levée ?

La voix légèrement tremblante de ta mère trahit ses sentiments. Comme souvent, elle paraît aussi fragile que de la porcelaine et qu'en un seul souffle elle menacerait de s'effriter. Ses lèvres forment un sourire tellement forcé que personne ne pourrait se laisser duper ; quelque chose ne tourne pas rond.

Un hochement de tête suffit comme réponse à sa question qui n'en est même pas une. Encore de quelques pas tu avances et déposes une main sur chaque épaule de tes parents. Alexander la retire presque aussitôt, affichant un air inquiet tandis qu'Emily la serre très fort comme si elle risquait de s'évaporer à tout instant.

- Est-ce que vous pouvez m'expliquer le problème ?

Le visage d'Emily s'assombrit, cherchant du regard son mari le fuyant autant que possible. Tu trouves son attitude plus qu'étrange et aimerais de tout coeur savoir ce qui le met dans un tel état.

#426b80 // sixième année
grandiose

03 juil. 2020, 10:17
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Saturne te regarde de ses yeux doux à en faire craquer un meurtrier. Est-ce que lui aussi t'implore de quelque chose ? De ne pas écouter peut-être ? De faire demi-tour et de retourner dans ton antre ? C'est cela qui t'énerve avec les animaux. On ne les comprend pas. Tu ne les comprends pas. L'impuissance te ronge, chaque fois qu'il te regarde. Pourtant, ce n'est rien d'autre qu'un chat ?
Par habitude tu souhaiterais le prendre dans tes bras. Il ne te ferait pas de mal. Jamais. Il pourrait te réconforter. Te conforter. Mais tu ne le fais pas. Tu relèves bêtement la tête vers tes parents omettant la bête miaulant à tes pieds. Tu oses à peine regarder ta mère en face tellement elle semble délicate. Souvent tu as remarqué qu'elle semblerait s'écrouler si on lui jetait un regard noir. Cette fois, elle paraît plus sensible qu'à l'accoutumée. Comme si elle allait tomber. Maintenant.

Pourquoi vous ne dites plus rien ?

L'inquiétude te submerge. Tu la refoules. Elle et ses Vagues débiles mais si puissantes.
Le poids de ton Regard reste scotché aux mimiques de Maman et Papa. Elle, lisse son t-shirt bientôt trop court aux couleurs sombres. D'habitude elle met du bleu ou de l'orange. Pas du gris. Bizarre. Lui, balade sa main sous sa barbe fraîchement rasée jusqu'à ses cheveux. Tic de préoccupation. On dirait qu'Il a tout à coup perdu l'usage de la parole, seulement ses gestes soulignant la tension palpable dans l'atmosphère.

On a quelque chose à te dire... T'annoncer plutôt. S'il te plaît, prends-nous au sérieux et ne nous demande pas de répéter une seconde fois Elyna.

Cette phrase a dû lui coûter un effort épouvantable. Elle l'a prononcée rapidement mais assez audiblement pour que tu comprennes. Que tu piges que c'est grave, à ne pas prendre à la légère.

Maman a l'air prête à continuer sur sa lancée mais ton père ne lui en laisse pas le Temps. Comme si c'était urgent. Il n'aurait pas ouvert la bouche si ce n'était pas le cas dans ces moments-là.

Sorcière. T'es une sorcière bon saaang !

Il retient ses Larmes, ça se voit. Il régule sa Rage. Et Toi tu n'enregistres pas ses Mots tant son ton est sérieux. Et froid. Si Eux n'étaient pas dans un tel état lamentable tu te serais permise de rire. Aux éclats. Parce que tu aurais cru à une blague de mauvais goût. Mais là c'est impossible d'émettre un quelconque autre Son que « Non ». Tu ne peux pas t'imaginer avec un chapeau pointu sur la tête, une baguette à la main. Comme dans les films. Sauf que là, ce n'est ni un film, ni un rêve, ni un cauchemar. A proprement parlé du moins.

#426b80 // sixième année
grandiose

20 août 2020, 20:11
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Le Lendemain,
19h06




Les Regards de Fiona et Ewan t'interrogent depuis hier. Alors tu les fuis. Parce qu'Ils sont trop durs à soutenir, en plus de ceux de Maman. Elle essaie de te rassurer. Ses demi-sourires, ses mains en cœur. Pourquoi essayer de rassurer ? La Vérité est telle qu'Elle est. Maman devrait essayer de te soutenir. Rassurer ne sert à rien. Rassurer, c'est juste poser deux mains sous les fesses pour les aider à se relever. Se mettre debout. Comme si tu étais tombée. Mais ce n'est pas le cas. Malgré tes Blessures intérieures qui pourraient prêter à confusion. Mais tu n'as pas mal. Pas mal. Cette annonce n'est qu'une piqûre dans l'Âme, la Douleur passera. Comme chaque fois qu'on se blesse. Ca part et ça revient. Non. Cette fois ça ne reviendra pas. Elle dégagera d'ici demain, point.

Tout ton Être t'hurle de laisser couler les Larmes qui stagnent depuis hier sous tes paupières. Le vase va déborder, sinon. Créera une Vague de Larmes avec Lui. Et Elles emporteront ton Esprit. Fort. C'est pas possible, ça. Impossible. Tu dois garder cette façade de fille courageuse. Pas la Gamine sensible. Il faudrait l'oublier, Elle. L'ignorer. Elle a existé, certes, mais n'existera plus. C'est du passé, pas le choix.

✦ ✦ ✦


Couchée à plat ventre sur ton lit défait reflétant parfaitement les filaments de ton Cœur, tu entends Maman. Manger. Tu jettes un coup d'œil à ton réveil posé à quelques centimètres de ta tête lourde. Dix-neuf heures passées. Merde. Pourtant, ton Être ne grogne pas famine. Il est écrasé contre les draps et ne peut se défaire de cette étreinte. Dans cette position, tes jambes ne peuvent se mouvoir normalement. Ce n'est pas ce que tu demandes, de toute manière. C'est le seul endroit où tu te sens seule. Non-épiée par des gens qui te semblent si Étrangers. Surtout Papa. Il avait vraiment l'air désespéré, hier. Il avait peut-être peur ? Cet homme est pourtant l'incarnation humaine du courage. Tout semble si irréel dans cette histoire !

TOC TOC TOC


Un son animal sort de ta bouche. Veut-il dire oui ? Tu n'en sais rien. C'était pour répondre quelque chose. Cette nouvelle ne te rendra pas malpolie. Encore moins s'il faut prouver à Papa que tu restes inchangée. La même. La même. La même...

Tu ne voudrais pas te relever et venir manger quelque chose ? Tu vas finir affamée !

Son doux teint de Voix t'amadouerait presque. Mais tu ne craqueras pas. Tu te dois de rester forte. Ses cheveux roux viennent chatouiller tes narines lorsqu'elle s'abaisse pour t'embrasser. Tout en retenant un mouvement de recul qu'elle aurait certainement prit comme une injure, tu ouvres deux ou trois fois la bouche avant qu'un Son brisé n'en sorte. Enroué de ne plus avoir causé depuis trente-six heures.

Non merci. J'ai pas faim. Tu peux me laisser ? S'il te plaît ? J'ai b'soin d'être seule, là...

#426b80 // sixième année
grandiose

31 août 2020, 14:40
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Tu as enfoncé tes écouteurs, reliés à un vieux boîtier qui appartenait à Maman. La musique1 déferle dans tes oreilles. C'est beau. Ca fait du bien d'entendre d'autres Mots que ceux prononcés par ces Étrangers. Tu ne les reconnais plus. Ou bien est-ce Toi que tu ne reconnais plus ? Ce Corps si difforme. Ce Visage trop ovale. Cette Peau parsemée de quelques boutons hideux. Pas de chance, ils ne sont pas d'or. Pas des fleurs. Juste des bourgeons d'impuretés. Et puis cette Voix, si niaise. Ces gestes si lourds. Lents.

"J'reconnais plus rien.
Là, ce n'est pas Moi.
Derrière cette porte ce n'est pas ma Famille.
J'ai brisé.
"

Une Larme coule malgré toi sur ta joue rouge de honte. La chanson qui passe dans tes écouteurs te rappelle que tu n'es pas le seul problème. On dirait qu'elle essaie. Mais c'est impossible, bien sûr. Une musique ne peut pas avoir de propriétés magiques. Malgré cela, peut-être qu'en touchant ces petits tubes qui la relient à tes oreilles, tu as déclenché un phénomène sorcier ? Tes doigts s'éloignent en vitesse. Ton index suit à présent le parcours de la Larme. Il glisse avec Elle jusqu'au-dessous de ton menton. Tu l'effaces d'un geste. Mais ça n'efface rien d'autre que la goutte. Le trajet qu'Elle a emprunté est encore marqué d'une trace humide et la Douleur de laquelle Elle émanait est encore ancrée en Toi. Alors, à quoi ça sert les Larmes ? Elles s'amusent à créer des illusions. Elles font Mirages, ces folles. Pourtant quand elles dévalent la pente des joues, ça fait du bien, un Instant. On croit que tout ira bien. Mieux demain. Mais c'est faux. La Douleur reste. Perce.

La fin de la chanson approche. La fin de quoi ? Juste une chanson ? Presque automatiquement, tu t'assieds en tailleur avant que tes jambes ne bougent encore d'un demi-tour pour lever ton Corps. Maintenant, il n'y a plus qu'à tenir debout.

"On me r'gardera plus comme Avant. J'sais.
J'vais être forte.
"



#426b80 // sixième année
grandiose

12 nov. 2020, 13:47
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
Le même Soir,
19h30


Enfin, tu trouves la force de faire quelques pas vers la porte de ta chambre. Cette simple porte semble peser un poids énorme lorsque tu la tires vers toi, dans un grincement léger. A peine est-elle entrouverte que tu sens une boule de poils, douce, qui vient chatouiller tes chevilles nues. Un frisson de courage te transperce. Saturne est . Il le sera à jamais. A jamais il prendra ta défense. A jamais il t'apportera le meilleur de ses amours, la plus belle des délicatesses réconfortantes. A jamais il t'apportera ces jeunes moineaux qu'il trouve parfois, à la lisière de la forêt. A jamais il te suivra, où que tu ailles ; enfin, presque...

Accroupie, tu lui murmure un « merci », comme s'il pouvait le comprendre. Parfois, ça fait du bien d'y croire. Que les animaux nous comprennent, nous écoutent mais que par bonheur ils sont de géniaux gardiens de secrets. Qu'ils ne le répéteront à personne, fidèles aux Humains qui leur vouent toute leur attention et leur tendresse.
Bras tendus, tu l'invites à se joindre à toi, contre ta poitrine. Sans se faire prier, le chat roux se blottit tout contre toi. Descendant pas à pas les escaliers qui te séparent de la cuisine, tu caresses son doux pelage tandis que des ronronnements apaisants quittent sa mâchoire. Une fois dans la cuisine, tu passes la tête derrière la porte sous l'escalier, qui abrite la salle à manger. Le dîner est silencieux, c'est si rare. Habituellement, Ewan trouve toujours la blague à faire, mais dans ce genre de situations, peu de choses permettent de détendre l'atmosphère. Tes joues prennent une teinte rosée, tous se retournant d'un seul coup vers toi. Décidée à paraître forte, tu t'assieds à ta place après avoir pris une assiette et des couverts. Alors que plus personne n'émet un geste — à croire que tu t'es transformée en une exécrable extraterrestre —, tu te sers de plusieurs cuillères de riz, de poulet et de petits pois, tout en gardant les yeux rivés sur ton assiette pour ne pas croiser leurs Regards. Une fois installée, la Voix de Papa te surprend presque à en catapulter une petite cuillère de riz.

Tu t'es décidée à nous rejoindre, finalement ?

Son ton te prend au dépourvu. Il parle, les dents serrées, la mâchoire contractée, sans oser quitter son plat du Regard — alors que ta chaise se trouve en diagonale, près de lui. Du tac au tac, tu lui réponds, à la limite de l'agressivité, les yeux vers le plafond.

Quoi ? Ca pose un souci ? Si oui, d'accord, je remonte dans ma chambre, je comprends que vous ne voudriez pas que je vous transforme en crapauds d'un coup d'œil.

Mimant tes paroles, tu repousses ta chaise à l'aide de tes jambes, retenant Saturne avec tes bras. Peut-être y as-tu été un peu trop fort, mais ces Regards accusateurs qu'on te porte t'extirpent de ton état normal.

Tu peux vraiment faire ça ? C'est pour ça qu'tu pars, Ely' ?

Tu te retournes subitement. A tes côtés, Ewan t'observe avec ses yeux de chaton. Ne leur a-t-on rien expliqué ? Les parents ne leur ont-ils pas fait savoir que tu partirais, à la fin du mois d'août pour un collège d'anormaux ? Croient-ils encore que leur sœur soit une simple et délicate... humaine... ?

Vous ne leur avez rien dit, en fait ? C'est à moi d'le faire, c'est ça ? Comme ça ils auront une horrible image de leur sœur, hein ? C'est ça qu'vous voulez ?!

L'attention fixée sur Maman, elle ne peut plus nier. Qu'Elle dise la vérité, Elle, par pitié, Papa n'en étant apparemment pas capable !

#426b80 // sixième année
grandiose

25 déc. 2020, 21:41
 Solo   Carlisle  Les deux sens du départ
20h30


N'ayant reçu aucun soutien, tu as tout expliqué. Tout raconté. Il est encore possible d'apercevoir l'expression stupéfaite des Jumeaux. L'inquiétude, la peur de l'abandon et un tas d'autres émotions réunies sur un unique visage. Figé. Sans Saturne à tes côtés, tu serais probablement retournée en courant t'enfermer dans ta chambre pour lire un livre d'aventure. Pour oublier. Chose à affronter, dans l'instant.

Tu t'attends à une multitude de questions, mais l'effrayante vague ne parviendra jamais jusqu'à Toi, pas même jusqu'aux lèvres des Enfants. Les yeux grands ouverts, ils te toisent. Cela ne se veut certainement pas méchant, mais dans ce contexte-ci, cela peut le sembler. Après avoir tenté un sourire se voulant rassurant, tu abandonnes l'idée de te faire comprendre et te rassieds calmement à table avant d'enfuir une bouchée de nourriture dans ta bouche.



[ Et c'est dans un Silence impénétrable que l'Imprévisible se fraya un chemin,
détruisant plus d'une Âme, toutes arquées de culpabilité et de chagrin. ]




Je pars. Demain à l'Aube, pour Dublin. Mon patron m'accorde toute sa confiance et compte sur moi pour lui rapporter un reportage spécial. Secret professionnel.






Une énorme boule d'Angoisse, grandissant à chaque respiration, se forme peu à peu en mon estomac, m'intimant de rejeter mon repas hors de lui. Hors de moi. J'ai la sensation que c'est ma faute s'Il part. Jamais son patron ne lui aurait demander de quitter sa famille si rapidement. Personne n'a le droit de demander tel sacrifice à un père. Son excuse est complètement bidon, idiote et irréfléchie. N'importe quel Être couvant un minimum de réflexion et de justesse peut déceler mensonge et cachotteries entre ces quelques Mots. Le pire dans ce cauchemar est que j'en suis l'unique responsable. C'est ma faute s'Il part. La mienne. Parce que je suis sorcière. Parce que je n'ai plus le droit à une existence normale. Parce que j'ai eu la malchance d'être moi.

Nous les abandonnerons ensemble, Papa. Nous partirons, tous deux. Deux départs, une seule cause.
Moi...




Fin. Fin. Fin.

#426b80 // sixième année
grandiose