17 août, 8h34.
Godric's Hollow.

Il est tôt. Trop tôt. Les pas de Louis devant ma porte ne m'ont pas réveillés. Les ronflements de Dawn et Mère n'ont plus, d'ailleurs. Et les larmes de Calixte non plus. Peut-être qu'il dort bien, enfin. J'décide de pas me rendormir. C'est bientôt la rentrée, après tout. J'ai pas envie. J'veux rester là. J'ai enfin retrouvée Louis. J'peux pas le perdre encore une fois. Pas lui. Alors je descends dans la minuscule cuisine. Mère et Louis étaient arrivés dans la précipitation. Y'avait au moins 10 maisons ici plus belles qu'elle, mais c'était la première qu'ils avaient vus. Et cette stupide cuisine n'avait rien. Rien de plus que des oeufs et du pain. J'allais me régaler. Avec difficulté, je faisais chauffer les toasts, et demandais à l'un des rares elfes de maisons de me préparer des oeufs, ou d'aller trouver autre chose à manger dans le coin. Pendant ce temps, je croquais à pleine dents dans mes tartines cramées, montant quatre à quatre les marches. Dans le couloir, j'apercevais la porte de la chambre de maman ouverte. Elle c'était réveillée ? Surement. Je poussais la lourde porte en bois. Son lit était défait, ces pantoufles étaient au sol, et son peignoir, toujours accroché derrière la porte. Que se passait-il ?

Soudain, un instinct sournois que je connaissais trop bien me hurlait d'aller voir dans la chambre de Calixte. Quoi ? Pourquoi ? Je me décidais à l'écouter, cette fois. Quand il était question de mon frère, je pouvais aller jusqu'en Antarctique juste pour mettre un peu de glace dans son lait. Il était là, dans les bras de Mère. D'une Mère rouge au visage trempé. Plus vite que l'éclair, je me collais à elle, et lui prenait Calixte des bras. Je me foutais du fait que ma tartine cramée tombe. Du fait que Dawn et Louis soient à coté. Du fait qu'en hurlant, j'allais réveiller tout Godric's Hollow. Je hurlais. Pus fort que tout. J'hurlais parce qu'on m'arrachais encore une partie de moi. Comme si j'étais la poupée des Êtres Célestes. C'était peut-être drôle de pourrir ma vie, pour que je finisse en Enfers. Pour que je reste loin de Lui. Parce que lui, c'est un Ange. Un Ange mort. Encore un. Je me rappellerais toujours de ces yeux gris, tout aussi glacials que les miens. Je me rappellerais de cet air charmeur et ce sourire ravageur qu'il abordait quand y'avait de la visite. Pour son jeune âge il était parfait. Juste parfait. Et maintenant il est mort, juste parce que j'suis devenue un running gag à moi seule, avec toutes ces merdes qui se suivent les unes les autres.

Mais la vérité était telle, il était mort. Mon frère était mort avant d'avoir connu son père, et sans connaitre la vie comme moi je la connaissais. Au final, peut-être qu'il avait gagné. Il avait vécu, il avait été aimé, et maintenant, il échappait à toutes les merdes de la vie. J'aurais aimée savoir ça y'a un an. Parce que y'a un an, tout allait bien.

22 août 2045, 15h49.
Allemagne, village inconnu.


Ça allait faire un an que je n'avait pas revu mon père. Il m'avait embrassé pour la dernière fois il y a très précisément 258 jours ; si mes calculs sont bons. C'était avec un certain étonnement que je me rendais compte qu'il me manquait. C'est vrai, il nous a abandonnés, moi, Mère, Louis et sans même le savoir, Calixte et Dawn. L'un mort, l'autre Impure et Illégitime. Elle est belle, la famille.

Ce matin, je devais aller faire quelques achats avec Grand-Mère et Grand-Père pour mon anniversaire, passé il y a un peu plus d'un mois ; 34 jours. J'étais assez mal, en ce moment. À vrai dire, l'été avait été catastrophique. En juillet, j'avais trahie Dawn et une promesse que je m'étais faite ; ne pas m'en prendre aux gens comme elle, aux Sangs-Impurs. Or, j'avais cherchée par tout les moyens a détruire l'une des amies d'Antonn, une Née-Moldue, pour lui. Puis, j'avais trainée ma soeur de force jusqu'à la réunion d''environ 10 personnes défendant corps et âmes l'idée que les Impurs doivent disparaitre. Puis j'avais perdu Calixte. Il y a exactement 5 jours. Alors que je revenais de chez Antonn, je le perdais. Je me sentais responsable, tellement responsable. Je l'avais lâchement abandonné pour glaner a des occupations futiles, et j'en voulais à Antonn de m'avoir proposé de venir. Pourtant, ni lui ni moi n'avions à nous reprocher quoi que ce soit. Calixte était mort, à cause d'une bêtise Moldue. Depuis j'enrageais. Je me promettais une vengeance, et le retour de mon frère, quoi qu'il en coute.

Ce matin, pour la première fois, j'apercevais un hibou, plutôt simple, je ne m'attendais donc pas à grand chose, entrer dans la cuisine. Habituellement, les hiboux et chouettes savaient qu'ils devaient filer dans la tour avant d'être servi de repas, et avec facilité, je compris qu'il n'était pas un hibou de notre famille, et encore moins des proches de mes Grands-parents. Je fut tout aussi étonné en reconnaissant le hibou. C'était celui là même qui m'avait envoyé le dernier message concernant Père, de cette femme, Olivia Truc-Machin. Avant même d'attraper le parchemin, je regardais à son cou si il y avait une indication ; Emeris, je lisais. J'attrapais la missive, à vu d'œil, elle devait faire plus de 20 lignes. Mais sans y penser, surtout tétanisée et impatiente par ce qu'elle pouvait renfermer, j'me décidais à l'ouvrir.

À intention de Lexa Queen, Londres.

Ma chère Lexa,
Premièrement, et avant tout, j'espère que ce sera bien toi qui recevra cette lettre. J'ai appris que beaucoup de sorciers de Sangs-Purs avaient déménagés à Godric's Hollow depuis le début de la guerre.

Maintenant cela dit, je doit avoué que j'ai hésité un moment avant de t'envoyer cette lettre. De là où je suis, j'avais peur que Emeris n'arrive pas à temps pour ton anniversaire, dans quelques jours. Joyeux anniversaire, d'ailleurs. Je souhaite que tu ai eu ce que tu voulais, tu es une grande, maintenant. Par ailleurs, j'ai espoir que ton année se soit passé à merveille, et que la suivante le soit tout autant.

J'espère que tu n'a pas brulée cette lettre, car la suite est importante. Tu dois me haïr de t'avoir abandonnée, toi, ton frère, et ta mère comme cela. J'espère que ça ne t'énervera pas d'avantage que tu peux déjà l'être, mais si je suis parti, ce n'est pas parce que j'avais peur. J'avais des affaires à régler ailleurs, là où je suis. Cet endroit te plairait tellement. Si tu veux savoir où je suis, pour me répondre, si tu le souhaite, "bat au bridge Yolande, la lamentation de Salazar, et n'oublie pas, narcisse, érudite".

Tu me trouvera là bas,
Je t'embrasse,
Q.Q,
Le 13 juillet 2045,
Ici.