Les ténèbres ne s’estompaient pas, la seule accroche qu'Aydan avait était la main d'Eleanor, du moins il supposait que c’était la sienne. Craignant le pire, ne voulant pas attendre de voir la mort arriver sans alerte, il se baissa et toucha la botte qui était à sa pied. Il passerait peut-être pour un froussard qui fuit face au danger mais à quoi pourrait-il servir mort ? Serrant encore plus fort la main qu'il tenait, il se laissa emporter par le portoloin.



Avec l'absence de 4 de ses sens les effets du portoloin étaient encore plus désagréables. La lumière qui émanait de sa baguette en raison du Lumos qu'il avait lancé l'éblouit puis le son revint à ses oreilles et lui semblait alors assourdissant. Et pendant que l'odeur d'iode qui entourait la presqu’île lui arrivait au nez, il heurta le sol sur le dos et relâcha la main de la personne qui l'accompagnait. L'estomac tourmenté par le voyage, il se tourna sur le côté et vomit immédiatement. Il redressa la tête et, soulagé, reconnu Eleanor. C'était bien la main de sa collègue qu'il avait attrapé dans la pénombre.

"- Tu vas bien ? J'ai préféré prendre le portoloin, on est au large de Galway. On doit vite se rendre à Poudlard pour prévenir Isabel!"

Il se releva, malgré la fatigue de tout ce qui venait d'arriver. Ils devaient se dépêcher, plus vite les personnes encore à l'école auraient l'information mieux ils pourront se préparer.

@Aydan Lynch

Alors qu'Eleanor était accrochée à Aydan comme une moule à son rocher afin de garder l'équilibre, la jeune femme fut surprise par une drôle de sensation. Que lui arrivait-il ? Quittait-elle le sol ? Elle l'ignorait. Et puis, soudain, tout devint plus clair pour la jeune femme car elle se souvint qu'Aydan avait lancé un Portus sur sa botte. Ils étaient en train d'utiliser un portoloin ! Pourquoi avait-il décidé de partir ? Et si les autres avaient encore besoin d'eux ? De toute façon, Eleanor n'avait plus le choix. Désormais, elle quittait la pagode, direction un endroit inconnu.


Le voyage sembla durer une éternité pour la jeune femme. Déjà que voyager par portoloin n'est pas la chose la plus agréable, lorsque l'on est privé de ses sens, c'est un véritable enfer. Arrivant à la fin de leur chute, Eleanor retrouva ses sens et s'écrasa violemment sur le sol. *Bon sang, mon dos* cria-t-elle ! Se relevant délicatement, elle fut prise d'un violent haut-le-coeur. N'ayant plus mangé depuis plusieurs heures, elle se retourna et vomit de la bile. Avec tout ça, elle en avait presque oublié la présence de son collègue de métamorphose mais cet oubli ne fut que de courte durée puisqu'il brisa le silence presque aussitôt, la pressant pour rentrer au château.

- " Je vais aussi bien qu'on peut aller après ce que l'on vient de vivre mais je m'estime heureuse d'être toujours en vie et de ne pas être blessée. Et toi ? Tout va bien ? Rien de cassé ? " Elle s'interrompit quelques secondes reprenant son souffle après le voyage qu'elle venait de faire. " Je suppose que c'était une bonne idée de prendre le portoloin, nous ne servions plus à rien. J'espère simplement qu'ils n'avaient plus besoin d'aide là-bas. Par contre, il fait nuit et nous sommes épuisés. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de transplaner vers le château aujourd'hui. Si tu veux, je peux invoquer mon patrons et le charger d'un message pour Isabel afin de la prévenir de notre retour. Je pense que c'est plus prudent ! Cherchons une auberge où passer la nuit et, demain matin, aux petites heures, nous rentrerons au château ! C'est d'accord ? "

Eleanor était épuisée et n'était plus capable de transplaner. Alors, aussitôt, ne lui laissant pas le choix finalement, elle invoqua son Patronus, un lynx, et le chargea d'un message pour Isabel, restée au château.

- " Isabel, je suis avec Aydan au large de Galway. Nous sommes en sécurité. Nous rentrons demain au château pour t'expliquer ce qu'il s'est passé. La Nouvelle-Zhuangyán est tombée et sa directrice a été tuée. Aux dernières nouvelles, Kristen, Amy, Irene, Magdaléna et Oliver sont toujours en vie. Nous n'avons pas de nouvelle des autres ".

Une fois le message passé, Eleanor se tourna vers son collègue et s'adressa à lui.

- " Je suis désolée de te forcer la main mais je ne suis plus capable de transplaner ce soir. J'espère que cette solution te convient. Si on cherchait un endroit où dormir ? Tu connais bien la région ? "

Soulagé d'entendre à nouveau la voix de sa collègue, il se calma légèrement. Elle avait visiblement les idées plus claires que les siennes. Il acquiesça à l'idée d'envoyer un patronus, se reposer n'était pas une mauvaise idée, lui-même n'était pas sûr de sa capacité à transplaner sur une si grande distance dans son état. Ce qu'ils venaient de vivre avait été très éprouvant, il était nécessaire de retrouver des forces pendant quelques heures.

Pendant qu'Eleanor faisait apparaître un lynx argenté et lui adressait un message à destination de leur collègue restée à Poudlard, Aydan observait les lumières de Galway de l'autre côté de la baie. Alors que la brume commençait à recouvrir les eaux, il parvenait encore à déceler les points lumineux individuellement. L'un d'eux, à l'Ouest du port, devait être le témoin d'une présence dans une maison qu'il connaissait bien. Celle où il vivait avec son père depuis la mort de sa mère. Son père qui devait sûrement s'apprêter à se coucher. A la proposition d'Eleanor de chercher un endroit ou dormir, il se demanda ce que son paternel penserait de lui si il débarquait à cette heure en lui expliquant avoir déserté un combat. Il le considérerait sûrement comme un lâche, lui l'auror n'aurait jamais fuit. Quoi que... Il avait fuis ses responsabilités pour rester auprès de sa famille, c’était une fuite face aux risques de mourir, ils étaient au fond assez semblables même si le professeur n'avait pas d'enfants justifiant son envie de survivre.

"- C'est chez moi, répondit-il à Eleanor. Mon père occupe une des maisons de l'autre côté de la baie. Mais je connais un endroit où l'on sera tranquille, il y a une auberge de sorciers à quelques pas. Il pointait des maisons de l'autre côté du champs qui était derrière eux. Allons-y."

Effectivement la marche fut de courte durée, à peine 500 mètres, ils arrivèrent devant l'auberge qui avait plus l'air d'une vétuste cabane de pécheur que d'une bâtisse solide et chaleureuse. Pourtant, en entrant à l'intérieure ils découvrirent une grande salle aux murs de bois bien solide, à la lumière tamisée et où était alignée plusieurs tables devant un bar d'un côté et une cheminée de l'autre où un feu sans bûche était allumé.

"- Oh mais c'est le jeune Lynch ! Tu n'es pas à Poudlard ?"

Visiblement l'aubergiste, seul dans la pièce, avait reconnu le professeur.

"- Bonsoir Lyam, on y retourne demain, on fait juste une halte. Tu aurais deux chambres de disponibles ? Sans prendre le temps de présenter Eleanor il se rapprocha du bar et posa une poignée de galions, plus qu'il n'en fallait pour payer deux chambres et adressa à voix basse. Je comptes sur ta discrétion auprès d'un ex-auror qu'on connaît bien."

Lyam approuva, saisit les pièces et tendit deux clés.

"- Vous allez pas vous coucher sans prendre un verre? C'est pour moi, les visiteurs sont rares en ce moment, ça fait du bien d'avoir un peu de vie ici."

Aydan accepta et prit les deux clés et les deux verres de whisky pur feu que l'aubergiste avait servit et invita Eleanor à aller s'asseoir. Une fois installé il lança un assurdiato en direction de Lyam qui frottait le plan de son bar. Sûr à présent de ne pas avoir d'oreilles indiscrètes, l'irlandais leva son verre en l'air en regardant Eleanor dans les yeux et le porta à ses lèvres.

"- Qu'est-ce qu'il s'est passé de ton côté ?"

Eleanor était rassurée qu'Aydan ne veuille pas, à tout prix, rentrer au château car elle en aurait été incapable. Très vite, elle apprit qu'iIs étaient chez lui, dans sa région. Après tout, c'était probablement logique ... qui n'aurait pas pensé, dans leur situation, à sa propre maison lors de la création d'un portoloin ? Malgré sa relation délictuelle avec son père, Eleanor aurait probablement fait la même chose et serait rentrée chez elle. Lorsque son collègue parla de son père, la jeune femme ressenti d'abord un léger stress à l'idée de loger chez lui. En effet, après ce qu'ils avaient vécu, la jeune femme n'était pas certaine de pouvoir tenir une conversation avec qui que ce soit surtout si elle ne le connaissait pas. Fort heureusement, son stress ne fut que de courte durée puisqu' Aydan pointa du doigt une maison qui se trouvait à 500 mètres d'eux et qui était, selon ses dires, une auberge de sorciers.

Le trajet, bien que court, se passa en silence car la jeune femme était perdue dans ses pensées, revivant en boucle ce qu'il venait de se passer. Quand ils arrivèrent, Eleanor découvrit une maison qui ne payait pas de mine mais c'était toujours mieux que rien. En effet, elle aurait dormi n'importe où à partir du moment où elle pouvait se sentir en sécurité. Une fois rentrée dans l'auberge, la jeune femme fut surprise. L'intérieur de l'auberge était bien différent de l'extérieur. Il y avait de la lumière, un feu, des tableaux. L'endroit était agréable et, aussitôt, Eleanor s'y sentit à son aise.

Par un sourire gêné, elle répondit à l'aubergiste lorsque son regard sur posa sur elle après son entrée dans l'auberge. Visiblement, Aydan le connaissait bien alors, se reculant volontairement, elle le laissa prendre les choses en main et réserver les deux chambres ne remarquant même pas qu'il ne l'avait pas présentée. Après tout, pourquoi s'attarder sur un tel détail ? Lorsqu'elle remarqua la somme déposée par son collègue sur le comptoir, Eleanor fronça les sourcils, intriguée. En effet, c'était beaucoup trop pour une seule chambre et même pour deux. Lorsqu'elle comprit qu'il était simplement en train d'acheter le silence l'aubergiste, Eleanor sourit discrètement.

L'aubergiste, content d'avoir de la visite, offrit aux deux visiteurs un verre de Whisky Pur Feu pour chacun d'eux. Aydan ayant pris les clés des chambres et les deux verres, Eleanor, le suivant vers la table, remercia l'aubergiste.

- " Je vous remercie ".

Lorsqu'elle fut assise, Eleanor remarqua l'"Assurdiato" lancé en direction de l'aubergiste. Visiblement, Aydan n'avait pas envie d'être entendu par des oreilles trop curieuses. Trinquant, dans un premier temps, avec son collègue, Eleanor profita de la sensation de chaud que lui provoquait sa boisson. Ensuite, dans un second temps, la jeune femme écouta la question de son collègue. *Qu'est-ce qu'il s'est passé ? C'était une question plutôt compliquée* pensa la jeune femme. Prenant le temps de résumer tout ce qu'elle avait vécu, elle répondit à son collègue.

- " Par où commencer ? Ah, oui, déjà, merci pour la chambre. Tu me diras ce que je te dois ". Eleanor s'interrompit quelques secondes pour boire une gorgée de sa boisson préférée. " Et bien, le début de l'histoire, tu le connais déjà. Après avoir passé le portail, nous avons vu le pire et puis, plus rien. Néant. Je ne sais pas quand ni comment mais je me suis réveillée au milieu de nulle part. Il y avait un homme. Il était là, à me parler ukrainien ou polonais je ne sais pas et à fumer sa cigarette. Ensuite, il m'a lancé une baguette magique puisque j'ai malheureusement égaré la mienne et m'a invitée à l'utiliser. Deux femmes, vêtues de noir, étaient caché derrière un muret. L'homme a attaqué en premier, je l'ai suivi et me suis ensuite réfugiée derrière une colonne en pierre. Après une première tentative infructueuse, je me suis retrouvée seule. Il était parti. Je n'avais plus le choix, je devais me débarrasser des deux femmes. J'ai lancé un "Confringo" sur le muret dans le but de les assommer et de fuir. Lorsqu'elles étaient à terre, assommée par mon sortilège, un tigre est apparu et les a, comment dire, dévorées. C'était impressionnant ! Alors que je pensais être à mon tour victime de ce fameux tigre, il s'est avéré qu'il s'agissait en réalité de l'homme dont je t'ai parlé. L'homme en question était Youri Kosniev, professeur à Durmstrang. La suite tu la connais puisque Youri m'a poussé à rejoindre les cohortes africaines ".

Eleanor, bien qu'encore sous le choc de ce qu'elle avait vécu, espérait avoir été suffisamment claire. Après avoir repris une gorgée de sa boisson, elle reprit la parole.

- " Et toi ? Que t'est-il arrivé ? "

Il écouta avec grand intérêt le récit d'Eleanor. Tellement captivé qu'il ne toucha pas à son verre durant tout le monologue de la jeune femme. Ils avaient vécu une expérience assez semblable, est-ce que cela s'était passé comme ça pour l'ensemble de ses collègues ? Il se rappela alors qu'il manquait du monde à l'appel devant la pagode. Joanne notamment, que lui était-il arrivée? En écoutant sa collègue il constata qu'elle s'en était mieux tirée que lui, ce qui ne l'étonnait pas mais il en était presque soulagé.

"- Tu t'en es sortie comme une cheffe. Ca a été plus compliqué de mon côté. Tout comme toi je me suis retrouvé isolé après le néant, j'ai été réveillé avec un horrible mal de crâne. Il se massa la tête. J'ai toujours mal d'ailleurs. Il y a avait un sorcier d'Ilvermorny je suppose, il avait l'accent américain en tout cas, un animagus également. On s'est aussi fait attaquer par deux personnes et il s'est transformé en serpent, on en a neutralisé un et... Se remémorant la bataille, la douleur lui revînt soudainement le temps d'un frisson. Un spasme qui lui parcouru tout le corps qu'il élimina d'une gorgée de whisky un peu brusquement alors que sa main commençait à trembler. Et il a réussi à se débarrasser du second. C'est là qu'on vous a retrouvé toi et les autres. Tu as vu Joanne? Rhys et Elina n'étaient pas avec nous aussi il me semble."

Aydan avait écouté ce que la jeune professeure de Sortilège lui avait raconté ce qu'elle ne manqua pas de remarque. Une fois son monologue terminé, la jeune femme but une gorgée de sa boisson attendant avec impatience qu'il lui raconte, à son tour, ce qu'il avait vécu même si, pour elle, le plus important, c'était qu'ils étaient toujours en vie... ce qui n'était pas le cas de tout le monde. D'ailleurs, où étaient les autres ? Que leur était-il arrivé ? Et ceux qu'elles n'avaient pas revus à la pagode ?

Eleanor, à son tour, écouta le récit de son collègue. Celui-ci, visiblement, avait vécu une expérience plutôt similaire et s'en sortait avec ce qui ressemblait à un vilain mal de crâne. Pour la jeune femme, ça importait peu car il était en vie, c'était le principal. Après tout, un mal de crâne ou un mal de dos en ce qui la concernait c'était, finalement, bien peu en comparaison à ce qu'il était arrivé à d'autres. Ils pouvaient s'estimer heureux.

Alors qu'il parlait d'un sorcier américain qu'il avait rencontré après son réveil, la voix d'Aydan trembla d'un coup et un spasme sembla s'emparer de tout son corps. Que lui arrivait-il ? Quelque chose n'allait pas mais quoi ? Il n'avait pas l'air décidé à en parler alors, sans le forcer, Eleanor fit comme si elle n'avait rien remarqué et continua à écouter ce qu'il lui racontait non sans mal. Après ce qu'ils venaient de vivre, il n'avait pas besoin qu'on l'oblige à parler. Essayant de cacher son inquiétude, Eleanor répondit à son collègue.

- " Je vois que ça n'a pas été facile pour toi. Je suis contente de voir que tu n'as, finalement, qu'un vilain mal de crâne. Par contre, je ne suis pas certaine que l'alcool t'aide à guérir " dit-elle en plaisantant. " Heureusement que l'on n'était pas seul face à nos ennemis, je ne sais pas si je serais encore là si je n'avais pas été aidée. Enfin, je m'estime heureuse qu'il ne me soit rien arrivé de grave. Je veux dire, hormis ma baguette, je n'ai rien de cassé ". Ne sachant pas ce qu'il était arrivé à son collègue, Eleanor ne pouvait pas comprendre à quel point ses mots pouvaient le concerner. " Je m'inquiétais justement parce que je ne me souvenais pas les avoir vus. J'espère qu'ils vont bien ".

Il sourit à l’allusion des bienfaits incertains de l'alcool sur son état. Elle n'avait pas tort, mais il avait besoin d'un peu d'ivresse.

"- De même pour moi, sans l'intervention de l'américain... Je connais même pas son nom... Dans l'urgence de la situation il n'avait même pas pris le temps de se présenter, il se trouva bête sur l'instant. C'est lui qui a tué les deux hommes. J’espère aussi que les autres vont bien, je voyais plus rien. Plus de son, plus d'odeur, la seule chose que j'ai réussi à sentir c'est ta main..."

Il repensa à cette obscurité soudaine qui lui avait fait perdre presque tous ses sens. D'où provenait-elle et qu'est ce que ça annonçait comme danger? Eleanor avait visiblement était aussi entravée, mais il ne savait pas pour les autres. Un cygne de lumière fit alors irruption dans la pièce retenant l'attention de Lyam qui n'entendait toujours rien. Le patronus se positionna devant Eleanor.

"- Le château est en sécurité, c'était la voix d'Isabel, son patronus. Mais rentrez au plus vite. Je vais essayer de contacter les autres, l'état de Dai Hong Dao... Je crois qu'il est déjà trop tard. Faites attention à vous."

Il avait oublié que Dai Hong Dao était agonisante aux portes de la grande salle, alors que toute l'école était en train d'y manger.

"- Les élèves ont assisté à ça... Il but le restant de son verre d'une traite. On ferait mieux d'aller se coucher, on partira demain à la première heure ! Il faut que l'on retourne à l'école et qu'on arrive à contacter les autres."

Eleanor repensa à ce qu'elle avait vécu avant de prendre le portoloin. Comme Aydan, elle ne voyait plus rien, ne sentait plus rien et n'entendait plus rien. Le seul sens qui lui restait était le toucher. Quand son collègue reparla de sa main qu'il avait attrapée, la jeune femme ne pu retenir son rire. Sa main ? Seulement sa main ? Elle se rappelait sans difficulté que la main de son collègue s'était, involontairement, baladée avant d'attraper la sienne. Allait-elle le lui faire remarquer ? Évidemment ! Alors, sans perdre un instant, elle répondit à son collègue de métamorphose.

- " Je suppose que tu auras l'occasion de le revoir et de te présenter à ce moment-là. Quelque chose me dit que l'on n'est pas au bout de nos peines. J'espère qu'ils vont bien, je ne sais pas d'où est venu cette obscurité. En tous cas, heureusement que tu étais là car tu as été un pilier sur lequel me reposer quand je ne voyais plus rien. Par contre, désolée de te le faire remarquer mais ma main n'est pas la seule chose que tu as senti, si tu vois ce que je veux dire. Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas " répondit-elle à son collègue tout en lui faisant un clin d'oeil.

A peine eut-elle le temps de répondre à son collègue qu'un cygne fit irruption dans la pièce. *Isabel !* s'écria-t-elle. Visiblement, elle avait eu leur message ! Sans tarder, elle leur avait répondu et avait envoyé, à son tour, son patronus. Son message glaça le sang de la jeune professeure, elle s'en voulait presque d'avoir taquiné son collègue comme si elle ne pouvait plus jamais plaisanter après ce qu'il s'était passé. Avec ce qu'elle avait vécu après son départ du château, elle en avait presque oublié ce qu'il s'était passé au château avant leur départ et pendant leur absence. Sans perdre une seconde, Aydan termina son verre et proposa à la jeune femme d'aller se coucher afin de partir à la première heure le lendemain.

- " Mon dieu, si jeunes, ils ne devraient pas assister à ça. Jamais. Tu as raison, nous devrions aller nous coucher. Ils auront besoin de nous et le plus tôt possible. Je te suis, tu connais mieux l'endroit que moi ".

Aussitôt, la jeune femme termina son verre d'une seule traite. Elle était prête à aller se coucher.

Aydan se leva et se dirigea vers les chambres qui étaient accessibles depuis un couloir sur le côté du bar. Ouvrant la marche à Eleanor pour la guider il passa devant les deux premières portes et tendit la clé numéro 3 à sa collègue.


"- J'ai la chambre 4, juste à côté. J'espère trouver le sommeil, ça va pas être facile. Et bien, bonne nuit."

Un peu maladroit, il tâtonna pour ouvrir sa porte tout en regardant Eleanor. Sa réflexion sur ce que sa main avait pu toucher lui restait en tête. Dans l'obscurité il avait dû chercher à l'aveugle pour retrouver la main de sa collègue et n'avait pas réfléchi à ce qu'il avait pu toucher d'autre. Il finit tout de même par entrer et referma la porte derrière lui sans même la verrouiller.

Quelques secondes plus tard il était allongé dans un lit, sa robe de sorcier, son pantalon soigneusement plié et posé sur une chaise, il cherchait à s'endormir non sans mal. Après plusieurs dizaines de minutes de lutte, il aurait donné des dizaines de gallions pour une potion de sommeil sans rêve, mais tout ce qu'il avait sur lui c'était une potion de mémoire et très clairement il n'avait pas l'intention de la boire. Accéder aux souvenirs de la journée passée, revivre tout ce qu'il venait de vivre, non cette journée il préférait l'effacer de sa mémoire. Oublier les morts, oublier ces images, oublier cette douleur qui s'immisçait toujours en lui. Oublier ce son qui résonnait en lui. "Endoloris !" Son corps se crispait sous la douleur, sa tête lui faisait si mal. "Endoloris !" Il était allongé sur le sol, dans le noir, des centaines de personnes semblait lui marcher dessus, la douleur était si intense. "Endoloris !" Il criait sans s'entendre, la douleur était trop forte, comme si son corps se contractait en boule, brisant ses os, compressant ses organes sur eux-mêmes. Il criait, criait encore, plus fort. Un son qui lui parvenait enfin aux oreilles, il entendait sa voix hurler, sentait son corps qui ruisselait de sueur, puis revînt la douleur, toujours aussi forte.

Il dormait, seul au milieu d'une pièce calme dans une auberge de la presqu’île de Tawin, mais son esprit était en plein cauchemar, revivait l'expérience traumatisante du sortilège Doloris. Ses cris résonnaient dans la pièce et traversaient les murs.

Après s'être levée de sa chaise, Eleanor suivit son collègue vers les chambres. Lorsqu'il évoqua le fait que trouver le sommeil n'allait pas être une chose facile, la jeune femme s'imagina tourner en rond dans son lit. Comment trouver le sommeil après ce qu'ils avaient vécu ? Eleanor espérait tomber de fatigue assez rapidement.

- " D'accord, si j'ai le moindre problème, je sais où te trouver. Bonne nuit ! " dit-elle tout en souriant chaleureusement à son collègue.

Passant la clé dans sa serrure, Eleanor remarqua qu'Aydan avait un peu de mal à ouvrir sa porte. Visiblement, il n'allait pas très bien.... probablement moins bien qu'elle. Que lui était-il arrivé ? Entrant dans la pièce, elle enleva sa robe de sorcier tout en la laissant trainer à terre. Aussitôt, elle se faufila, encore habillée, dans son lit.

Depuis combien de temps tentait-elle de trouver le sommeil ? 10 minutes ? 20 minutes ? Beaucoup trop au goût de la jeune femme qui tournait dans son lit et ne parvenait pas à trouver le sommeil. Alors qu'elle comptait les moutons après avoir essayé toutes sortes de techniques pour s'endormir, elle fut surprise par des cris. *Bon sang, c'est pas avec ça que je vais réussir à dormir* pensa-t-elle avait de réaliser qu'ils provenaient de la chambre d'à côté. *Aydan !* cria-t-elle avant de se lever en sursaut, de prendre sa baguette au cas où et de quitter sa chambre. Les cris de son collègues étaient stridents et lui glaçaient le sang. Il fallait qu'elle parvienne à rentrer dans sa chambre pour lui venir en aide. Arrivée dans le couloir, sans trop d'espoir, elle attrapa la poignée de la porte et la tourna. Après tout, peut-être avait-il oublier de fermer sa porte... C'est surprise qu'Eleanor parvint à ouvrir la porte de la chambre n°4. Aussitôt, elle découvrit son collègue en plein cauchemar, transpirant et criant plus fort encore à chaque cri. Sans réfléchir, la jeune femme accourut vers Aydan et l'attrapa par les épaules et le secoua en douceur afin de le réveiller.

- " Aydan, Aydan ... Allez, réveille-toi ! "

S'il ne se réveillait pas, la jeune femme comptait bien passer à une technique de réveil un peu plus violente mais, fort heureusement, elle n'eut pas besoin de passer par là puisque celui-ci ne tarda pas à se réveiller. Touchant son front, elle réalisa qu'il était brulant.

- " Que t'arrive-t-il ? Je n'ai jamais entendu quelqu'un crier comme ça ? On aurait dit que tu ...souffrais. "

Attendant une réponse, Eleanor se leva, attrapa la chemise de son collègue, l'humidifia à l'aide de sa baguette et la déposa sur sa tête afin le rafraichir.