Des bras se referme autour de moi et mon père me rend finalement mon étreinte. Des larmes dansent devant mes yeux alors que je me raccroche à l’ancre qu’est mon paternel. Les Autres sont inconscient de ma douleur et continu leur vie en allant à la rencontre de leurs parents, ignorant que moi, je n’en ferais pas de même. À cette pensée, je me mets à pleurer de plus belle, mon père faisant des petits ronds dans mon dos, comme si ça allait changer quoi que ce soit. Pourtant ça m’apaise et peu à peu, le ballet des Autres autour semble se calmer et devenir moins étourdissant. Je relève finalement les yeux, mon père me regarde tristement, sans doute tente-t-il de lire dans mes pensées, de savoir ce que je ressens, mais c’est impossible, comment pourrait-il savoir quelque chose que j’ignore moi-même.

Doucement, je me détache de lui et chasse les larmes de mon visage, pas question que tout le monde me voit pleurer, ils me regarderont avec condescendance, et je déteste ça. Je ramasse ma malle et mon bouquin, puis me dirige vers le portail, presque vide. Tous les autres avaient dû se dépêcher à partir, pressé de retourner chez eux, mais pour moi, c’est tout le contraire, j’appréhende ce moment depuis un bout de temps et malgré son imminence, j’essaye quand même de le repousser au maximum. Mon père semble le deviner, sa main se replace dans mon dos, m’encourageant silencieusement d’avancer. Je traverse la passerelle et je me retrouve face à des visages connus. Mon frère et ma sœur, respectivement Liam et Kyara se trouve devant moi étant certainement heureux de me voir, mais attendant de voir ma réaction pour faire quoi que ce soit. Sans plus réfléchir, je me jette dans leur bras, les enlaçant comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Je verse encore quelques larmes, ils m’avaient tellement manqué, mais les voir ainsi me rappelle l’absence d’une personne, ma mère. Je me raccroche à eux, comme jamais je n’aurais pu l’imaginer, notre douleur nous rapproche, pour l’instant, car elle risque certainement de nous éloigner plus tard, mais pour l’instant, j’en profite. Lorsque nous nous séparons finalement, je remarque l’eau sur le visage de mon frère et de ma sœur, eux aussi sont touchés par notre réunion familiale. J’aurais voulu prendre mon frère à part, après tout, c’est de lui que je suis le plus proche, mais pour l’instant, ce n’est pas le moment, je lui jette un coup d’œil, lui aussi me regarde, il attend certainement que je vienne le voir, mais je secoue la tête, lui faisant comprendre mon avis.

C’est fou comme le silence peut parfois dire beaucoup plus que les mots. J’ai à peine ouvert la bouche depuis que je suis sorti du train, pourtant j’ai l’impression d’avoir parlé pendant des heures, ça en est presque épuisant. Le trajet jusqu’à Irlande se déroule en silence et sans encombre. Moi et ma sœur sur la banquette arrière, mon père et mon frère à l’avant de notre petite voiture. Plus le temps passe, plus le nœud dans mon estomac revient, comment ça va être à la maison. Certainement différent. Mais différent comment. Je ne sais pas. Mais je déteste ne pas savoir. C’est plus fort que moi, la maison est remplie de souvenir de ma mère et j’ai peur de la douleur. Peur de me rappeler sa présence pour décupler la douleur de son absence. Peur de me rapprocher d’elle pour finalement me rendre compte qu’elle ne reviendra jamais. En fait, je suis terrifié à l’idée même de passer la porte d’entrer.

Le piano où elle jouait, la cuisine où elle faisait à manger où la bibliothèque où sont rangé tous ses romans favoris. Pleins d’endroits qui seront changé à jamais, brillant par une absence.

C’est surement pour ça qu’une fois arrivée, j’ai demandé à me retrouver seule, les autres ont dû comprendre, ils n’ont pas hésité une seule seconde, mais j’avais à peine monté les marches du porche que mes pieds me dictaient une direction tout autre.

Foulant le sol avec mes souliers de courses que j'ai enfilé plus tôt, à bord du train pour être plus à l'aise qu'en ballerine, je tente de m'éloigner de la maison abritant tant de souvenir douloureux. J'entend vaguement une voix m'appeler, Liam surement, mais emporter dans ma fuite, je ne l'entend pas clairement et ne distingue pas ses paroles.

Je cours sans aucun but, voulant seulement m'éloigner de ma maison d'enfance. Les paysages défilent devant mes yeux, reconnaissant parfois certain endroit, me je n'y prête pas attention. Quelques instants plus tard, mes pieds s'arrêtent d'eux même. Je relève les yeux et reconnait finalement l'endroit où j'ai atterri. C'est ici que je passais la plupart de mes après-midi. Je venais pour lire dans ou accoté sur un arbre, courir avec Liam, parler avec ma sœur *Regarder le ciel avec maman*. J'avais passé des heures et des heures dans ce parc, il faisait autant partie de moi que la maison se trouvant à quelques minutes de là, mais sans savoir pourquoi, c'est ici que je me sent le plus à l'aise.

Je m'étend sur le sol, essoufflé par ma course effréné et j'attend que quelque chose se passe. Quoi ?*Ch'ai pas* J'ai juste trop peur pour rentrer maintenant. Je ferme les yeux, essayant de m'imaginer ailleurs, a Canterbury peut-être, avec Laurence qui doit sans doute être avec ses parents, heureuse comme tout. Où encore à Poudlard, à m'entrainer pour l'équipe de Quidditch l'an prochain. Enfin, partout sauf ici, où je devrais tôt ou tard affronté la réalité.

C'est finalement un corps s'écrasant à mes côtés qui me sort de ma torpeur. Sans qu'un seul mot soit prononcé, je sais que mon frère est venu me retrouver. Avant, j'aurais réagi à sa présence. Je l'aurais taquiner, agacer, parler, mais là, alors que nous étions face à la plus grande épreuve de notre courte existence, je n'ose pas ouvrir la bouche. Se qui semblait si naturel avant me semble brisé aujourd'hui. Est-ce que l'année de séparation avait à se point détérioré notre relation ? Je ne voulais pas y penser. Mais si c'était le cas, je ne sais pas comment j'allais survivre à cet été.

-Lina

Les paroles de Liam résonne dans ma tête alors que mon cœur se réchauffe à l'entente de mon surnom que seul lui utilise. Je sens son regard pesé sur moi, mais je refuse de le lui rendre, trop de mot informulé serait prononcé durant ce cours laps de temps et je ne sais pas si je le supporterais. Alors je l'évite.

Je sais qu'il le remarque, il me connais comme personne. Sans plus attendre, il tourne mon visage d'un geste habile et doux des doigts, mon regard s'accroche au siens, je m'y accroche beaucoup plus que ce que je pensais, ancre dans l'océan de nos vie. Alors que je détaille son visage, je remarque le changement léger, quoi que choquant pour moi, de celui-ci. Il a vieilli, certes d'un an, mais tout de même, ses traits sont un peu plus anguleux et ses yeux cernés, preuve de ses récentes insomnies. Est-ce que moi aussi j'ai changé à ce point ? *Peut-être*

Alors que je sens mes prunelles me brulés, mon frère me prend dans ses bras, ramenant ma tête sur le dessus de son épaules.

-Ça va aller, t'inquiète. On survivra comme on l'a toujours fait… ensemble.

J'hoche la tête dans le creux de son épaules refoulant les larmes qui menace de sortir. Après maintes respirations, je me dégage et lui prend la main. Nous allions y arriver, ensemble.

Alors que le temps passe, je suis toujours blotti dans les bras de Liam sans la moindre intention de me dégager. Le temps passe sans qu'aucun de nous n'ose bouger, je me suis beaucoup plus ennuyé que je l'avais imaginé, mais maintenant, alors que je suis immobile entre ses bras, je me rend compte à quel point il m'a manqué.

Étendu ainsi dans l'herbe, je ne vois pas le temps passer, jusqu'à ce que des bruits de pas précipité me parviennent à l'oreille. Je sais que Liam aussi les a entendu car il relève soudainement la tête pour finalement la reposer.

-C'est seulement Kyara

Je hoche la tête, seule signe que j'ai réellement entendu ce qu'il vient de me murmurer à l'oreille. Je n'ai toujours pas envie de bouger, mais l'arrivée de ma cadette veut sans doute dire que le temps est venu de rentrer. J'aurais bien aimé rester ici, dormir à la belle étoile, avec le vent et l'herbe dans les cheveux, mais comme bien des choses dans ma vie, c'est impossible.

-Allez vous deux ! Il est temps de rentrer, papa vous attend pour le diner.

Bon, le verdict à sonner, le temps est venu de rentrer et il est impossible pour moi de fuir plus longtemps, j'ai déjà trop étiré. Marchant les pieds trainant au sol avec mon frère et ma sœur, j'essaye d'atténuer le flot de pensée et d'appréhension qui m'envahi à chaque pas que je fais. Plus j'avance vers la maison de mon enfance, plus l'angoisse monte en moi. Une boule de stress se forme dans ma gorge et l'inquiétude me noue l'estomac. *J'ai peur* Sans pouvoir retarder l'évidence plus longtemps, je me plante devant la façade de la maison, hésitant encore plus à y entrer.

-Est-ce que ça a changé ? Est-ce que ça se voit, sent ?

Un silence d'installe entre notre trio et ma question flotte quelques instants avant que Liam y réponde.

-C'est… différent.

Et c'était le mot juste. Alors que je pousse la porte d'entrer, mon regard vole sur les différentes pièces visible de là. La cuisine, le salon, la bibliothèque, l'escalier menant aux chambres à l'étages. Les cadres de photos, non mobiles contrairement à Poudlard, installés dans la cage d'escalier, les décorations disposées un peu partout dans la pièce, les meubles et même le piano au fond du salon, rien à changé, mais en même temps, tout est différent, comme s'ils avaient perdu leur joie de vivre.
*C'n'est qu'des objets*

Prenant une grande respiration, je m'avance dans la maison, ma maison, en prenant soin de retirer mes chaussures ainsi que mon pull et pose mes yeux noisettes sur la pièces, à la recherche d'une quelconque différence, mais rien. En silence, je monte les escaliers, à la recherche d'un endroit moins douloureux à observer et entre automatiquement dans ma chambre. Les murs turquoise et les meubles familier m'apaise un peu, je me rend soudainement compte que ma fratrie m'a laissé seule, me permettant de respirer un peu. Le diner est prêt, je devrais descendre alors je prend mon courage à deux main, prend une grande respiration pour calmer mes nerfs à fleur de peaux, et je descend les escaliers que je venais à peine de monter.