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21 oct. 2020, 13:27
Heureux présage  Tibet 
Quelque part au Nord-est du Tibet
9 Octobre 2044

C'est bon, j'ai réussi à rattraper le niffleur de papy. Il m'aura bien fait courir! Il avait parcouru toute la vallée pour récupérer ce collier. Quelqu'un avait dû le perdre en se promenant dans la forêt. On pouvait dire qu'il avait un bon odorat, ce niffleur, pour pister les objets en or d'aussi loin. Il tourna sa petite tête blanche vers moi et agita sa trouvaille, l'air heureux.

Je repris mon souffle quelques instants et puis enfin regarder le paysage magnifique qui m'entourait. Des montagnes s'étendaient à perte de vue, recouvertes de verdure d'une couleur et d'une pureté incroyable. C'était dans cette vallée que vivait papy Frank, le père de ma mère. Sa femme était morte il y avait déjà 3 ans. Nous sommes arrivés, ma mère et moi, il y a un peu plus d'une semaine. Papy nous a permis de rester chez lui. Il vivait dans une petite maison isolée dans cette partie inhabitée du Tibet, mais ça lui convenait. Il était magizoologue, mon papy. Il possédait tout plein d'animaux magiques. J'étais trop content de pouvoir le revoir, surtout qu'il me laissait parfois m'occuper du niffleur.

Je pris la direction de la maison. J'étais pied-nu. Je sentais les brins herbes me chatouiller la plante de pieds. Qu'elle sentation merveilleuse. Pour moi, c'était toujours les vacances, ici. C'était peut-être pour ça, d'ailleurs, que ma mère et moi sommes venus nous réfugier à cet endroit précis. Ça nous faisait oublier tous nos problèmes du quotidien.

J'entendis une sorte de grondement au loin. Qu'est-ce que ça pouvait être. Je serrai le niffleur contre moi et me mis sur la pointe des pieds pour essayer d'apercevoir la source de ce bruit. En tout cas, ça devait être un assez gros truc, vu la poussière qui se remuait, là-bas. Mais au fait, c'était pas la barrière de l'enclos de l'éruptif? Alors si les barrières étaient là-bas, ça voulait dire que moi j'étais là. Et que là, c'était...l'enclos de l'éruptif! Oh la catastrophe! Je commençais à courir jusqu'à l'extrémité la plus proche de l'enclos, mais je me rendis rapidement compte que je n'y arriverais pas à temps. Ça servait à rien de courir comme ça, je ne pourrai pas lui échapper. Je me retournai pour faire face à l'immense créature. Il fonçait droit sur moi, ça corne brillante penchée en avant pour m'empaler. Il ne me restait plus qu'à attendre qu'il arrive sur moi. J'essaierai de l'éviter en faisant une roulade sur la droite. Oui, voilà, c'était la meilleur solution.

Un mouvement attira mon regard. Quelque chose est sorti de la forêt à environ 500 mètres. Je n'arrivais pas à voir ce que c'était, cette chose bougeait trop rapidement. Sa forme était totalement floue! Elle se dirigea vers moi à une allure phénoménale et se plaça entre moi et l'éruptif. Je pus enfin voir à quoi elle ressemblait. C'était un animal qui ressemblait un cerf. Il avait un pelage bleu et des écailles grises sur son flanc et sa queue, parsemée de pics. Il portait une fourrure rousse au niveau du cou et une paire de cornes ornait sa tête. Une aura bleutée jailli de ses écailles, ressemblant à celle provenant des patronus. Elle devait cependant être d'une toute autre nature car, en la voyant, l'éruptif, qui n'avait aucune caractéristique similaire avec les détraqueurs, dévia instantanément de sa trajectoire et parti à l'autre extrémité de la vallée.
La bête se tourna lentement vers moi. Elle était majestueuse. Elle me fixa de ses yeux rouges, puis partit en direction de la forêt aussi subitement qu'elle était venue.

Son nom est Qilin.
Je sursautai. C'était papy Frank. Comment il était arrivé là? Il n'avait pas pu arriver aussi rapidement avec sa canne. Remarque, c'était un sorcier. Il avait dû mettre un bout de sa baguette magique dans sa canne, ce qui lui conférait des pouvoirs. Toujours aussi surprenant, papy!
Tu la connais?
On ne peux pas la connaître, Alex. Cette bête est unique, personne ne peut l'apprivoiser.
Pourquoi elle m'a aidée?
Unique ne signifie pas égoïste. Elle a dû sentir ta détresse.
Il respira une grande bouffée d'air frais et prit un air heureux.
C'est un bon présage de croiser le chemin de cette créature.
Et en quoi c'est un bon présage, papy?
Alex!
Je me retournai, surpris. C'était ma mère. Elle se jeta sur moi et m'enlaca tendrement.
Oh, Alex. Qu'est-ce qu'il s'est passé? Tout ce vacarme, j'ai eu tellement peur. Pourquoi tu es dans l'enclos de l'éruptif? Je t'ai déjà dit que c'est dangereux.
J'espérais que papy pourrait lui répondre et m'aider à lui expliquer, mais quand je me tournai vers lui, il n'était plus là.
Il est où, papy?
Dans la cuisine, il prépare le repas de ce midi. Pourquoi ?
Non, juste comme ça.
Mais alors, qui m'avait parlé ?

10 Octobre 2044

Le soleil se levait. Ses rayons orangés se reflétaient sur un lac, au-delà de la forêt. L'éruptif accompagnait son arrivée en courant après ces traits de lumière, qui étaient de la même couleur que la lueur écarlate provenant de la corne de l'animal.

Il ne fallait pas traîner. Ce matin, j'avais pour mission de donner sa nourriture à l'éruptif. Bon, d'accord, cette permission ne venait pas de ma mère, qui m'interdisait d'approcher la créature depuis ma mésaventure de la veille. Mais bon, papy avait l'air sûr de lui quand il me l'a proposé. Et puis, il ne pouvait rien m'arriver, il serait avec moi. Et cette fois, ce sera le vrai, et pas la personne d'hier qui avait pris sa place, sûrement avec du polynectar. Je n'en avait pas parler à maman, ni à papy, d'ailleurs. J'avais beau me tripoter les méninges, je n'avais aucune idée de qui ça pouvait être. Mieux valait ne pas les inquiéter.

Je descendis les marches sur la pointe des pieds, pour ne pas réveiller maman. Elle piquerait une crise si elle savait que j'allais nourrir l'éruptif. Papy Franck était déjà en bas, en train de siroter un liquide verdâtre et de lire son journal. Je regardais le titre pour voir de quoi ça parlait, mais c'était en chinois. Et oui, mon papy lisait le chinois, tellement intelligent qu'il était! Remarque, il avait vécu en Chine toute sa vie. C'était ici qu'il avait fondé sa vie, loin de son pays d'origine, loin de sa famille. Il était reparti de rien, et c'était ça qui m'impressionnait tant chez lui.

Salut, papy! Ça va comment, ce matin?
Bien, bien, me répondit-il. Heureux de voir que tu prends toujours soin de la vieille personne que je suis devenu.
Je posai sur lui un regard interrogateur.
Tu n'est pas vieux, papy. La vieillesse n'est pas une chose existentielle, juste une idée que se transmettent les humains au sujet d'une des épreuves que la vie nous fait passer. C'est toi qui me l'as dit.
Il me regarda d'un air amusé.
C'est vrai. Ça fait du bien de voir que tu retiens ce que je te dis.
Je m'assis à coté de lui. Le canapé grinça. Mince, si je ne faisais pas attention, j'allais réveiller maman!
Tu lis quoi?
Un vieux morceau de journal que le facteur m'a laisser. Il faut le comprendre, il ne viens pas souvent dans des endroits reculés comme celui-ci. Donc l'article date un peu.
Et ça dit quoi?
Eh bien, tu es bien curieux, aujourd'hui.
Je baissais les yeux.
Désolé, je suis juste intéressé. Ce n'est pas ma faute, aussi, si tu lis un journal quand j'arrive.
Ok, ok. Je vais te dire. Ça parle du gouvernement de Londres. Il est passé aux mains du Conseil des sorciers en mai.
Ah. Et c'est bien?
Hum, et bien ça dépend du point de vue, je dirais.
Sa phrase resta en suspens un bon moment.

Après quelques minutes de silence, il posa sa tasse sur la table et se leva.
Alors, Alex, tu es prêt pour nourrir l'éruptif ?
Chut! Maman va t'entendre.
Oh oh. Mais non, elle dort. Allez, viens.
Il ouvrit la porte.
Et n'oublie pas le sceau.
Il était posé par terre à côté de la porte. Je le pris dans mes bras. Bah, il était rempli de morceaux de viande. Je refermais la porte et suivis papy.
C'est de la viande de quoi?
Peut importe.
Mais c'est quoi?
Il s'arrêta et me regarda.
Si tu n'arrêtes pas de poser des questions, je changerai d'avis et je nourrirai moi-même l'éruptif.
Il reprit sa marche et je courais pour tenir l'allure.
C'est de l'agneau.

On arriva en vue de l'éruptif.
On s'arrête là. Pose le sceau par terre.
Je m'exécutai.
Maintenant, je lance un sort de lévitation avec ma canne sur la nourriture. On ne s'approche pas plus de l'éruptif, c'est dangereux. Alors, tu connais la formule du sort?
Wingardium Leviosa, répondis-je instantanément.
Très bien. Regarde moi, maintenant.
Il leva sa canne et traça un G au dessus du sceau. Un morceau de viande s'éleva en l'air.
Voilà, viens ici, maintenant.
Je me mis entre ses bras, ma tête appuyée sur son torse. J'enroulai sa main tenant la canne avec la mienne.
C'est bien. Maintenant, suis mon geste.
Il inclinant sa canne sur le côté en direction de l'éruptif. Quelle sensation ! Je sentais la puissance de la magie d'infiltrer dans ma peau.

On répéta ce geste pendant une dizaine de minutes. C'était merveilleux. En rentrant à la maison, j'étais sur mon petit nuage. Autre bonne nouvelle: ma mère ne s'était pas réveillée. Elle ne connaîtra jamais ma petite sortie matinale avec papy.

Être entouré de toutes ces créatures fantastiques était un rêve. Le métier de papy était vraiment fabuleux. Mais, moi, je ne pourrai jamais être comme lui. Son boulot, il était pas fait pour moi. Il avait eu une enfance tranquille, papy. Moi, depuis que Vanessa est portée disparue, je me suis promis que je deviendrais auror. J'apprendrai plein de sort surpuissant et je battrais ceux qui ont vaincu ma sœur. Je les retrouverai et je leur ferai la peau.

Je remontais dans ma chambre, à l'étage de la petite maison. Lorsque j'entrais, je vis le niffleur en train de mettre un collier dans sa poche ventrale.
Eh, t'essayes de faire quoi, toi ?
Je m'approchai de lui et le saisi par les pattes.
Allez, recrache ça tout de suite. C'est à moi.
Son ventre se gonflait et le collier jaillit du pelage blanc du niffleur. C'était celui qu'il avait trouvé dans la forêt. En fait, il lui appartenait plus à lui qu'à moi, vu que c'était lui qui l'avait déniché. Mais bon, je l'aimais bien, moi, ce collier. Il fallait dire que la pierre rouge qui l'ornait était vraiment belle. Je me baissais pour le ramasser, quand je vis que la pierre était fendue. Oh non! Elle s'était cassée en tombant! Je l'examinai de plus près. Peut-être que je pourrais y mettre de la colle. Attendez. C'était quoi ce sifflement ? Je collais la pierre à mon oreille. Un souffle d'air froid se faufila dans mon corps et me fis trembler. Une sensation de malaise, de pétrification, de peur, s'empara de moi. J'entendais une voix! Elle était faible, mais son volume augmentait de plus en plus. Je me concentrais, et je compris ce que ça disait : Prends garde. Nous te surveillons.
Je lâchais le collier. On me surveillait ! Qui me surveillait ?
La sensation d'engourdissement et de froid qui s'était fait ressentir dans tout mon corps s'en alla brusquement. Je rammassai délicatement le collier. Il était chaud. Et la pierre, elle n'avait plus de fissure.

A. Smith
1ère année rp