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01 nov. 2020, 12:41
 Edimbourg  Deux corps, deux âmes.
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« Elles sont belles, ces étoiles ? Elles sont toujours belles. Certains jours, elles sont juste timides »
Shado | Alex
Dernière modification par Shado Arya le 09 nov. 2020, 00:02, modifié 2 fois.

Can I paint it on your cheeks ? Red, with my fists.
Yelled my reflection back. The world is turning black.

01 nov. 2020, 13:12
 Edimbourg  Deux corps, deux âmes.
Décembre 2044
Shado

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Colère. Peine. Ces deux émotions se bousculaient dans ma tête.

Ils avaient directement remarqué que quelque chose n’allait pas et avaient eu l’erreur de me demander si je leur en voulais pour « ça ». Comme si c’était un petit problème. Comme si je n’en avais pas souffert.

Alors oui, j’vous en veux de m’avoir abandonnée. De m’avoir fait m’inquiéter. De m’avoir fait angoisser.

J’aurais voulu pouvoir vous dire comment se passe Poudlard. J’aurais pu parler de Poufsouffle, de la botanique, de la métamorphose…
J’aurais pu me confier sur le ministère de la magie qui semble vouloir tous nous tuer. J’aurais pu expliquer que je comprend pas grand chose à ce qui passe.

Vous auriez pu m’aider dans la perte forcée de mon innocente. J’aurais pu faire semblant d’être une enfant de 11 ans.

Tant pis. Tant mieux ? J’ai l’impression d’avoir changé quand le monde est resté immobile. Enfin, votre monde.

Je bascule ta tête en arrière, sortant de mes rêveries quand j’heurte le bois du banc sur lequel je suis assise.

Je crois que la nuit va bientôt tomber. Nuit et Ombre tombent ensemble.

Ma chute est moins littérale. L’innocence de mon esprit d’enfant s’écoule de mon corps au fur et à mesure que le monde décide de s’entretuer.

Mon regard se perd dans le ciel qui se teinte d’un bleu foncé. Les nuages, d’une belle couleur grise, ne semblent pas menaçant.

La tête renversée sur ce banc, je contemple le monde pour éviter de faire de même avec ma vie.

J’aperçois un bout d’arbre ici, une moitié de lampadaire là. La lune est présente depuis un moment dans ce ciel foncé. Quelques étoiles commencent à pointer le bout de leurs nez. J’ai presque envie de leur crier de venir briller.

Je capte un mouvement dans mon champs de vision mais je décide de ne pas bouger. Je sais qu’il faudrait que je rentre à la maison mais la perspective de les inquiéter fait naître en moi la joie d’une bonne vengeance.

Alors que mon regard est fixé sur la lune avec qui je joue à cache cache, une tête apparaît au dessus de moi, cachant l’astre.

Je me redresse brusquement, interrompue. Le garçon devant moi se tient debout, l’air nonchalant et les mains dans les poches.

Il n’a pas vraiment l’air unique. Yeux marrons, cheveux de la même couleur. Il semble charismatique comme les gamins populaires qui aiment fumer des cigarettes et boire trop pour leur âge.

Je ne sais pas ce qu’il fait là, ni même pourquoi il vient me parler mais je décide de commencer la conversation, curieuse.

- Toi aussi tu viens regarder les étoiles ?

L’autre semble amusé, et avec un regard vers les dites étoiles, s’assoit sur le banc - mon banc - sans même demander.

- Peut-être. Elles sont belles, ces étoiles ?

Sa réponse me surprend mais je tente de ne pas le montrer. Décidant que je n’ai pas envie d’être normale ce soir, je reprend ma précédente position, peu dérangée par sa présence.

- Elles sont toujours belles. Certains jours, elles sont justes timides.

Comme avant, sa réponse me surprend. Je devrais arrêter d’assumer le comportement de quelqu’un avant de le connaître, depuis le temps.

- Si elles sont timides, j’imagine que la lune est une crâneuse ?

Cette fois-ci, il adopte la même position que moi, à quelques dizaines de centimètres. On ne voit pas bien les étoiles mais ça ne dérange aucun de nous.

- Non, le soleil c’est un crâneur. La lune, elle est simplement... à l’aise dans son corps.

Il rit. Un son clair, pas vraiment heureux, mais plaisamment surpris et ravi. Je continue à fixer le ciel mais mes oreilles résonnent de se son, qui me donne envie de lâcher un gloussement à mon tour.

Je me lève brusquement, décidant de rentrer, maintenant que le ciel m’a calmée.
L’autre ne me regarde pas m’éloigner mais m’interpelle.

- Tu sera là demain ?

Je lui jette un coup d’œil. Il a les bras croisé derrière sa tête et me regarde avec du rire dans les yeux.

- Peut-être. Moi c’est Ombre.

Je lui envoie un sourire malicieux et part en courant, mon sourire prenant toute la place sur mon visage.

Alors que je m’éloigne à bonne vitesse, j’entend vaguement un prénom crié au loin.

- Alex !

Can I paint it on your cheeks ? Red, with my fists.
Yelled my reflection back. The world is turning black.

09 nov. 2020, 00:01
 Edimbourg  Deux corps, deux âmes.
Décembre 2044
Alex

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Encore une fois, je me balade dans la ville, le soleil ajoutant des couleurs au noir de la nuit qui approche.

Encore une fois, mes parents croient que je passe la soirée avec des amis, à faire ce que sont censés faire des enfants ensemble le soir.

Encore une fois, ils n’en ont rien à faire. Encore une fois, il ne s’inquiéteront pas quand je rentrerais tard, quand je n’arriverais pas à dormir, quand je n’aurais pas faim.

Je ne suis pas à plaindre, je suppose. J’ai de l’argent, je pourrais avoir un futur, mes parents ne sont pas abusifs. Je suis blanc, homme et hétérosexuel. Je ne suis pas agressé dans la rue, pas harcelé.

Il me manque juste quelques chose que même les plus désavantagés ont parfois, des parents qui se préoccupent de moi.

Mes parents s’en fichent, mes « amis » s’en fichent. Nobody cares.

Et je suis seul. Trop seul. Mais quand j’aperçois un corps arqué sur un banc, la solitude ne semble plus si seule.

Alors je m’approche, curieux de voir le visage de cette personne. Qui est aussi seule que moi, qui observe le ciel, la tête posée sur un banc, dans la nuit calme.

Alors je me place au dessus d’elle, visage obstruant sa vision, parce qu’il faut qu’elle me voit. J’en ai besoin.

Alors je me détend quand elle prend la parole.

- Toi aussi tu viens regarder les étoiles ?

Pas de propos énervés. Pas de questions intrusives. Pas de fades banalités.

Un air amusé s’insère sur mon visage et un sourire embrace mes traits. Ça a toujours été mes conversations préférées, celles avec une personne un peu étrange, à la tombée de la nuit.

- Peut-être. Elles sont belles, ces étoiles ?

Elle semble surprise pendant un bref instant. Ses yeux révèlent son âme, même quand ses traits restent fixes.

Jugements. Partout, tout le temps. Elle jugée par la société, moi jugé par elle. Et inversement.

Pourtant, elle enchaîne. Comme si elle faisait ça tous les jours, comme si c’était commun. Peut-être que ça l’est.

- Elles sont toujours belles. Certains jours, elles sont justes timides.

Et je ne peux résister à l’idée d’entrer dans son monde, de voir les choses dont elle parle comme si elle les connaissait depuis des années.

- Si elles sont timides, j’imagine que la lune est une crâneuse ?

Et elle me parle comme si je n’avais rien compris. Comme un enfant expliquerais à son parent un monde dont lui seul connaît les règles.

- Non, le soleil c’est un crâneur. La lune, elle est simplement... à l’aise dans son corps.

Alors je ris. Le son sort de ma bouche sans retenu. Il est étonné, ravi. Un rire qui veux dire « Explique moi ton monde. S’te plaît. »

Et elle se lève de la position où nous étions tous les deux. Je comprend qu’elle rentre. Et dans un élan, j’exprime ce que je ressens.

- Tu sera là demain ?

Le rire dans son sourire est contagieux. Comme une maladie qui affiche un sourire idiot sur mon visage.

- Peut-être. Moi c’est Ombre.

Elle cours vers autre part. S’éloignant de moi rapidement. Et alors que je lui crie mon prénom dans un dernier élan, une seule pensée résonne dans mon esprit.

- Alex !

Mon cerveau et mon âme chantent en coeur le nom qu’elle m’a donné. « Ombre. Je ne t’oublierais pas. Quoi qu’il arrive. »

Et ce soir là, je ne rentre pas très tard. Et évidemment, personne ne pose de question, mais ça n’affaiblit pas le sourire qui a prit possession de mon visage sans autorisation.

Parce que quelque chose a changé. Même si c’est minime, même si on ne se revoit jamais, il y a eu quelque chose.

Et cette nuit, je mange deux assiettes. Et cette nuit, je m’endors, pensées focalisées sur une drôle de fille dans une drôle de postion sur un drôle de banc. Une fille qui connaissait les étoiles, qui connaissait la lune et le soleil.

Parfois, il y a des rencontres qui résonnent en toi. Qui changent ta vie et que tu n’oublies pas. Celle là n’en était pas une. Parce qu’Ombre n’avait pas encore changé ma vie.

Can I paint it on your cheeks ? Red, with my fists.
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