Une fois de plus, Edward serra sa mère dans ses bras, et cette dernière lui rendit son étreinte. De sa main valide, il caressa ses cheveux tandis qu'elle éclatait de nouveau en sanglots. Le peu de courage qu'elle avait réussi à rassembler pour faire face à son fils et lui intimer l'ordre de ne pas partir avait été entièrement consommé.

Sa mère était prête à accepter tous les sacrifices du monde pour qu'il reste davantage auprès de lui. Force était de constater qu'il serait bien plus dangereux de retourner dans un lieu à forte concentration sorcière si les Moldus avaient placé quelque chose en lui. Ils ne s'en prendrait pas à sa mère en voyant qu'elle n'avait aucun pouvoir magique. Seul lui serait potentiellement en danger, mais il préférait cela à mettre des sorciers qu'il aimait et appréciait en péril. Après un long instant de réflexion, il chuchota à l'oreille de la femme qui l'avait élevé :

« C'est d'accord... Je vais rester quelques temps ici. »

N'en croyant pas ses yeux, Deryn leva le menton pour regarder son fils droit dans les yeux. Il semblait être sincère, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui avait bien pu le faire changer d'avis. Il était certes un bon fils et voulait le bonheur de sa mère, mais pouvait aussi être très têtu lorsqu'il pensait agir pour la bonne cause. Elle relâcha l'étreinte qui la retenait à son fils et lui fit un sourire bien triste. Après s'être éclaircit la voix, la mère lui répond :

« Si tu tiens tant que ça à t'isoler, tu peux aménager la vieille grange derrière les champs. Ce n'est pas le grand luxe, mais tu pourras en faire ce que tu veux. Et puis, avec tes... Deryn s'arrête quelques instants pour choisir le bon mot, ton don, tu ne devrais pas avoir trop de mal. »

Edward opina du chef en écoutant la proposition de sa mère. Elle avait vu juste, il ne souhaitait pas vivre dans la même maison qu'elle - une maison où il risquait d'y avoir du passage et où sa présence pourrait être rapidement révélé. Que penseraient ses oncles et tantes, ses cousins, s'ils voyaient l'enfant prodigue parti faire ses études à l'autre bout du pays et travaillant à Londres pour le ministère des finances rester des semaines chez sa mère ? Non, se cacher était une solution bien plus préférable pour éviter les questions gênantes.

Paire de taloches, câlins, regards pleins de tendresse... Je détourne mes pupilles de ces deux-là, par pudeur. L'amour réciproque d'une mère et son enfant, quel que soit son âge, me bouleverse. Cette scène me ramène à maman, quand elle m'engueulait parce que je m'étais battu, ou que j'avais menti pour ne pas lui faire de la peine. Elle me tirait la tignasse, que j'avais encore bien touffue :
"Cassidy Robert Powell, je ne sais pas qui t'a fait cet œil au beurre noir, mais crois-moi, il n'est rien comparé à celui que je vais te dessiner à l'autre si tu continues à te comporter comme un voyou !".
Ça se terminait toujours en bisous et paroles bienveillantes : "Ils ne valent pas la peine, laisse les dire..".
Évidemment, je ne suivais pas ce conseil. Parce que mon père, lui, dés qu'elle avait le dos tourné, venait s'assurer que je m'étais comporté avec honneur et dignité :
"Tu ne leur a pas cassé de dents au moins ? Non parce que la chirurgie moldue coûte un bras, autant éviter ça aux parents de ces crétins...".
Sans vouloir les couper dans leur conversation, je sens que j'ai fait ce que j'avais à faire. Je me racle un peu la gorge en me frottant l'arrière du crâne, un peu gêné :
- Ed, je vais vous laisser. Je te donne les clés de la caisse pour quand tu voudras rentrer. Je vais transpl... transpirer un peu en rejoignant la gare, ça ne me fera pas de mal... Madame, enchanté de vous avoir connu en tout cas !
Je jette un regard à Diane, dans le doute. Je pense qu'elle ne laissera pas son bougre seul ici dans cet état.

RP FERME