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02 nov. 2020, 22:46
VI | Se retrouver
PRÉAMBULE

Après avoir passé plusieurs mois dans une prison de la Citadelle, Edward Penwyn est finalement libéré, non pas sans accrocs. Non seulement on lui a effacé les souvenirs de sa captivité - il ne se souvient désormais plus des événements qui ont suivi sa capture, mais il porte également une marque indélébile de son passage en prison : une cicatrice traversant une bonne moitié de son visage et une main blessée.

N'étant désormais plus accepté à Poudlard - pour son bien, pour celui des personnes présentes sur place ou pour d'autres raisons - il est ramené dans ses anciens appartements londoniens par Pez, un elfe de maison du château. À partir de ce moment-là, et pendant de nombreux mois, l'homme va tenter de comprendre ce qu'il s'est passé, mais surtout, va tenter de récupérer ce qu'on lui a arraché : son ancienne vie.


SOMMAIRE
  1. Tout pour moi – [Avril 45] (Londres)
  2. L'isolement – [Avril - Novembre 45] (Cardiff)
Dernière modification par Edward Penwyn le 16 déc. 2020, 20:55, modifié 5 fois.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily

08 nov. 2020, 19:03
VI | Se retrouver
1 | Tout pour moi

Dans la rédaction de ce chapitre, les actions et paroles de Diane sont écrites en concertation avec la joueuse.

Il suffit d'un instant pour que les pieds d'Edward quittent la douceur apaisante des collines écossaises et que tout son être soit entraîné dans une confusion de tourbillons. L'elfe de maison de Poudlard n'avait guère eu besoin de lui demander davantage d'informations sur leur lieu de destination – alors qu'il ne l'avait probablement jamais visité. À peine son corps est-il rematérialisé et que ses yeux redécouvrent un appartement dans lequel il n'a pas mis les pieds pendant plus de trois mois que sa main qui tient celle de Pez se referme sur elle-même : l'elfe a disparu et est probablement retourné au château.

Tandis que l'homme reprend peu à peu conscience de l'environnement, il découvre que cet appartement, qui autrefois était si chaleureux et vivant, a bien changé. Là où d'ordinaires traînent ses affaires – un cartable de travail, des piles de parchemin ou même des vêtements – ne se trouve qu'une collection d'objets parfaitement rangés les uns à côté des autres, objets qui lui semblent inconnus. Même si il reconnait son appartement, ses affaires ne semblent plus être ici. En marchant doucement dans le salon, il effleure du bout de ses doigts le comptoir séparant la cuisine du salon et est surpris de ne pas y trouver le moindre grain de poussière. Les étagères sont pour la plupart vide, il n'y a plus aucun des livres qu'Edward avait écrit au fur et à mesure des années pour son propre plaisir, les cadres photos sur les murs et sur la cheminée avaient tous été vidés de leur contenu.

En voyant son appartement dans cet état, trois mois après avoir du le laisser contre son gré, l'homme se demande si il n'accueille pas désormais de nouveaux occupants. Plus rien de ce qui lui appartenait ne semblait être resté, ce que confirma une recherche plus approfondie dans la chambre à coucher et la salle de bains. Il était perdu. En venant ici, il pensait pouvoir retrouver Diane, ou du moins un indice qu'elle aurait pu laisser pour lui, mais rien n'est visible en ces lieux. L'adrénaline liée à sa libération redescend doucement, et à l'opposé, les douleurs qu'il ressent au visage et à la main droite s'accentuent, le tirant quelques secondes de ses pensées. Le visage grimaçant, Edward réfléchit au moyen de retrouver les siens, mais sans indice, c'est bien difficile.

L'homme reste pendant de longues minutes assis sur le canapé du salon. Puisque son esprit est si perturbé, il ne se soucie guère de la possible entrée d'étrangers dans l'appartement, que ce soit les nouveaux habitants ou bien l'armée moldue venue le chercher après sa libération. Pour conserver sa liberté, le libéré aurait du vouloir fuir, fuir loin, mais quelque chose d'inexplicable le fait rester dans ce lieu. Edward s'apprête à fouiller l'appartement, le mettre sens dessus dessous lorsque son regard s'attarde sur un impressionnant miroir trônant au-dessus de la cheminée. Il ne lui appartient pas, a été installé-là après son départ, mais quelque chose en lui le fascine. La source de cette fascination se transforme rapidement en effroi lorsqu'il comprend qu'inconsciemment, c'était son reflet qu'il voulait découvrir. Son visage ne lui avait pas été présenté depuis sa libération, depuis ses trois mois d'absence, mais tout portait à croire, notamment par les réactions des sorcières avec qui il avait pu échanger à sa sortie et à la douleur lancinante qui traversait son visage, qu'il avait été sévèrement atteint. Edward aperçoit son propre reflet dans le miroir et il a bien du mal à se reconnaître. Si il n'était pas seul dans la pièce, il aurait pensé qu'il voyait le reflet de quelqu'un d'autre. Mais non, l'homme avec une barbe foisonnante et hirsute lui arrivant jusqu'à la base du cou, avec une large balafre pleine de sang lui traversant le visage et avec un teint aussi pâle qu'un cadavre, c'est bien lui.

Reculant sans cesser de fixer le miroir du regard, l'ancien professeur se touche le visage, grimaçant sur le coup, comme pour vérifier qu'il ne rêve pas et que c'est bien lui qu'il voit. Entendre d'autres personnes se lamenter sur son état lui avait paru peu important après avoir été libéré de prison, mais voir son propre reflet dans le miroir l'effrayait. Si sa mémoire lui avait été retirée, son visage, et par extension le reste de son corps maigrelet, sont les dernières réminiscences de sa captivité, les dernières preuves de ce qu'il a subi. Il finit par se cogner le dos contre un mur. N'ayant plus la force physique et mentale de tenir debout, Edward se laisse tomber contre le mur et se recroquevilla sur lui-même en rapprochant ses genoux de son menton et en plaçant ses mains sur son visage. Tout son corps tremble, non seulement de fatigue mais aussi à cause de l'effroyable situation de laquelle il vient de sortir et dont il sait qu'il en subira les conséquences encore bien longtemps après.

Une voix qu'il aurait reconnu, même après des années de captivité retentit :
« Ed... Edward ?»
Dernière modification par Edward Penwyn le 16 nov. 2020, 21:10, modifié 1 fois.

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16 nov. 2020, 21:07
VI | Se retrouver
À la simple reconnaissance de cette voix, les tremblements qui parcourent le corps d'Edward semblent s'arrêter. Cette voix-là, il avait espéré l'entendre dès le moment où il avait repris conscience; il avait sans doute voulu l'entendre pendant les trois longs mois qu'a duré sa captivité, mais ça, il a bien du mal à s'en souvenir. Elle représente tout ce dont il a besoin, que ce soit en cet instant ou à jamais. La seule présence qui lui importe, la seule personne capable de réchauffer son corps et son cœur endoloris, de l'aider à passer cet obstacle difficile.

Mais alors pourquoi, en l'entendant, est-il incapable de redresser la tête et de la regarder ? Quelque chose en lui, de bien plus profond qu'il ne peut l'imaginer, l'empêche de se redresser et de fondre dans les bras de Diane. Même si les souvenirs de sa captivité venaient de lui être retirés, il en restait des réminiscences dans son inconscient. Pendant plusieurs mois, le prisonnier avait cru voir, cru entendre sa compagne au détour de sa cellule. À chaque fois, ce n'était qu'un mirage, qu'un horrible tour que lui jouait son esprit et qui lui rappelait sans cesse ce qu'il manquait en étant enfermé au sein de la Citadelle. Ces nombreux tourments avaient laissé dans l'inconscient d'Edward une part importante de doute. *Et si ce n'était pas Diane mais que mon esprit me jouait encore des doutes ?* ne traversera jamais le flot de ses pensées, mais l'empêche pourtant de redresser la tête et de constater par ses propres yeux la vérité.

Les genoux toujours repliés contre son ventre et la tête enfouie entre eux, le libéré se remet à trembler et le rythme de ses tremblements s'intensifie. Ses bras se serrent davantage autour de ses jambes, l'intensité devenant presque douloureuse, et il se balance doucement d'avant en arrière comme si sentir sa propre présence physique était la seule chose qui lui permettait de ne pas perdre le peu d'esprit qu'il lui restait. Ignorer la présence d'une autre personne dans cette pièce semble être la meilleure solution possible, bien qu'il ne sache pas mettre le doigt sur le pourquoi. Elle partirait d'elle-même si il continuait à l'ignorer, non ? L'ancien prisonnier se met à parler de manière incompréhensible au travers de sa longue barbe non entretenue :

« Y'a p'son... R'spi, y'a pson. »

Le fort accent gallois qu'il avait gommé à son arrivée à Poudlard refaisait surface sans qu'il le fasse exprès. L'homme ignore entièrement son environnement, se concentrant sur son propre corps et sa propre respiration. L'arrivée d'une personne dans ses appartements, que ce soit sa compagne ou non, l'a plongé dans une profonde léthargie ; il était vidé du peu de force qu'il avait pu avoir après sa libération et son esprit tentait de le protéger du mieux qu'il pouvait. La même voix qui l'avait déjà appelée plus tôt se fait entendre de nouveau :

« Teddy, est-ce... est-ce que c'est toi ? »

Si Edward avait été capable de s'attarder sur l'intonation de la phrase, il aurait su que Diane ressentait un mélange d'émotions à la fois contradictoires et consistantes : de la peur, de l'inquiétude mais aussi de l'espoir. Seulement, cette phrase ne semble pas l'atteindre, comme si il venait de dresser un mur entre lui et l'autre personne. Il reste hagard, recroquevillé contre le mur. Dans cette position, le t-shirt, désormais puant et sale, qu'il a porté durant ces trois mois de captivité est légèrement remonté au-dessus de sa taille, laissant apercevoir l'une des quelques cicatrices infligées à son corps lors de l'attentat du ministère trois ans plus tôt.

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22 nov. 2020, 21:55
VI | Se retrouver
L'accumulation de stress et d'angoisse qu'avaient provoqué les derniers événements devenait insupportable pour Edward. Il ne sait plus du tout qui il était, ce en quoi il peut se fier ou qui il peut croire. Son esprit n'est plus qu'un méli-mélo de messages incohérents, envoyant tantôt des pensées dans un sens, tantôt des pensées dans l'autre. Il arrête de se balancer d'avant en arrière contre le mur du salon de son ancien appartement et relâche la pression que ses deux mains exercent sur ses genoux, même la main endolorie qui ne cesse de l'irriter. Le sang séché sur celles-ci lui remémore son douloureux réveil parmi les sorciers et le plonge dans une confusion encore plus grand - si ce n'est possible. La confusion est tellement grande chez l'homme qu'il n'entend ni la même voix échapper un « Oh mon dieu... » à peine étouffé ni ne ressent cette présence se rapprocher de lui.

Un mouvement tendre et affectueux se fait au niveau de ses épaules, comme si on essayait de le prendre dans ses bras ; mais au lieu de se laisser bercer par cette douce étreinte, Edward sursaute et se jette sur le côté avant que l'accolade ne se referme. Ce mouvement semble surprendre Diane, puisqu'elle s'arrête en plein milieu de sa phrase « T'es enfin revenu... Je pensais ». Quant à lui, à peine s'est-il écarté de la femme qu'il replonge sa tête entre ses genoux. Il est hideux, puant, dégueulasse et il le sait. Il est difficile de dire pourquoi il agit ainsi, est-ce à cause de la folie qui le guette ou bien refuse-t-il qu'on le voit dans cet état ?, mais il refuse que sa compagne s'approche de lui, fusse-t-elle vraiment elle et non pas un autre mirage proposé par son esprit.

La femme semble avoir un mouvement de recul, étonnée par son attitude sans doute mais ne se relève toutefois pas, restant accroupie là où l'homme l'avait laissé. Elle ne semble pas perdre patience, puisqu'elle reprend d'une voix tout aussi douce, mais trahissant son inquiétude :

« Ed ? Ed c'est moi, c'est Diane... Qu'est-ce qu'il y a ?»

Entendre la voix de Diane lui fait un bien fou ; il a l'impression de respirer de nouveau après de nombreux mois à l'étouffée. Seulement, son agitation ne semble pas redescendre, ou du moins pas de manière significative. Sa respiration demeure saccadée et agitée. Une fois de plus, la sorcière s'approche de lui. Comme si elle avait compris ce qu'il ressentait, ou au moins en partie, elle se contente de lui toucher affectueusement l'épaule sans tenter un plus grand signe d'affection. Cette fois-ci, l'ancien prisonnier ne sursaute pas ni ne bouge. Il serait resté sans respirer si le parfum de Diane, un parfum qu'il affectionne tant, n'était pas venu lui chatouiller le nez. Nul doute, c'était bien elle. Son esprit ne pouvait pas inventer de manière aussi crédible cette odeur.

Pourtant, l'homme ne redresse pas la tête. Il est beaucoup moins agité, comme si la présence de Diane l'avait légèrement apaisé, mais il demeure immobile. Diane, elle est bien là. Diane, elle le voit dans cet état-là. Non, il ne voulait pas qu'elle le voit. Avec une barbe hirsute, un look peu soigné, une cicatrice ensanglantée en plein milieu du visage... Et puis, l'odeur ! Une odeur d'homme qui n'avait pas pris de douches depuis des mois et des mois. Comment pouvait-elle se tenir à moins de trois mètres de lui ? Et le pire de tout ne lui était pas accessible. Il était un assassin. Il avait tué un être humain.

« N'an, n'a, s'exprime-t-il plaintivement en secouant la tête dans un fort accent gallois. Il reprend d'une voix encore plus larmoyante : J'veux pas qu'tu m'vois dans ct'état. Pars, s'teplait. Pars ! »

Il agite sa main meurtrie par sa captivité devant Diane pour que ses mouvements collent à ses propos ; mais ils demeurent peu convaincant puisque lui-même n'y croit pas.

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06 déc. 2020, 22:33
VI | Se retrouver
Sa main fouette, brasse l'air comme s'il essaye de chasser un monstre invisible. Son autre main ramène toujours ses genoux contre son visage. Il aimerait que Diane ne le voit pas dans cet état. À quoi avait-il bien pu penser en revenant ici, après tout ce qu'il avait fait ? Mais sa main, qui contrairement à Don Quichotte chassait un ennemi imaginaire, finit par rencontre le sien. La sorcière venait de se déplacer pour s'asseoir à ses côtés. Tétanisé à l'idée qu'elle puisse de nouveau le toucher, la respiration de l'ancien prisonnier devient de nouveau haletante et son cœur bat la chamade.

Seulement, lorsque Diane se met à lui caresser l'épaule du bout de son pouce, sa réaction à lui est bien différente de la première fois. Au lieu de sortir de ses gonds et de se précipiter encore quelques mètres plus loin, il reste immobile. Il savoure chaque instant que dure ce délicat contact. Pour lui, seulement un jour s'est écoulé depuis sa capture, mais son corps recherche désespérément cette étreinte.

« Nan Ed, je ne partirai pas... Je ne te laisserai pas une fois de plus. Des sanglots se font entendre, et la voix de Diane devient de plus en plus fébrile. Plus jamais je ne veux être loin de toi...»

La main d'Edward cesse de s'agiter devant lui en entendant ces quelques mots. Entendre sa compagne pleurer lui transperce le cœur. En temps normal, il se serait jeté dans ses bras pour la réconforter du mieux qu'il pouvait, mais son esprit était ailleurs. Bien qu'ayant retrouvé sa liberté physique, son esprit demeurait prisonnier de cette prison de granite dont il n'arrivait à s'extirper. Une délicate poigne vient s'enserrer autour de sa main meurtrie.

« Calme-toi mon amour, calme...»

Diane n'a pas le temps de finir sa phrase que l'homme qui partageait de sa vie depuis un bon moment - si l'on omet la période de détention - retire brusquement sa main et pousse un gémissement de douleur. « Hmmpf ! » dit-il en parvenant tout juste à retenir un cri. Un mouvement timide se fait au niveau de son épaule, il ne peut pas voir ce qu'il se passe, et l'on vient effleurer l'arrière de son dos. Une petite voix, encore plus faible que précédemment, mais qui se veut encore plus rassurante vient lui dire :

« Je n’ai aucune idée de ce qui a pu se passer mais laisse-moi te voir s’il te plaît...»

Sa respiration retrouve un rythme de nouveau constant. Il prend plusieurs secondes pour réfléchir à la demande de Diane. Après tout, si elle, elle n'était pas capable de l'aimer, qui pourrait encore dans ce monde ? Poussant un léger râle pour se donner du courage, Edward laissa glisser ses pieds sur le sol et s'aida de sa main encore intacte pour se mettre droit contre le mur. L'homme, qui n'avait pu ni se raser la barbe ni se couper les cheveux pendant plus de trois mois, qui n'avait pas eu l'occasion de se toiletter et qui venait d'être déformé par un maléfice cuisant, tourna la tête dans la direction de Diane. Le maléfice avait gonflé un visage qui était en cet instant presque méconnaissable. D'étranges boursouflures traversaient son visage de part et d'autres, là où ses os avaient craqués. Edward poussa un soupir, ne relevant pas la tête pour regarder Diane dans les yeux - il avait bien trop peur de voir l'expression horrifiée que pourrait avoir son visage.

« Je... je ne sais pas... ce qu'il s'est passé... »

Il était bien trop tôt pour lui raconter tous les détails - ou plutôt l'absence de détails - de sa captivité. L'homme et la femme ne pouvaient après avoir été si longtemps séparés que vivre le moment présent.

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16 déc. 2020, 20:54
VI | Se retrouver
ENTRETEMPS
Les deux amoureux restent sur les lieux et y passent la nuit. Pour Edward, le contact avec Diane, difficile aux premières heures, s'améliore significativement. Ce n'est qu'au petit matin que Cassidy Powell, prévenu par la sorcière, les rejoint dans l'appartement lorsque Diane vient d'achever la toilette d'Edward. Bien que désormais propre, les cheveux et la barbe grossièrement taillés, l'ancien prisonnier n'en demeure pas moins fatigué et brisé.

Ne voulant mettre en danger aucun sorcier avant d'en apprendre davantage sur ce qu'il s'était passé durant ces mois d'absence, Edward demande à ce qu'on le ramène chez lui, au Pays de Galles, afin de pouvoir s'isoler. Seulement, il ne veut pas transplaner en sachant que Diane refuserait de le laisser là. C'est ainsi, qu'à bord de la vieille Bentley noire qu'il avait hérité de son père et conduite par Cassidy, que Diane et Edward quittent Londres et rejoignent trois heures plus tard la capitale galloise.


PRÉCÉDEMMENT
À sens unique


2 | L'isolement

Il était étrange pour Edward Penwyn d'être assis à l'arrière de la Bentley noire. À vrai dire, cela faisait presque vingt ans qu'il n'avait pas été assis sur la banquette arrière, à une lointaine époque où la voiture appartenait encore à son père. Cette époque semblait si lointaine, tellement d'événements étaient arrivés dans sa vie depuis. La dernière fois qu'il avait été assis ici avait été sur le chemin du retour d'une sortie en famille, une sortie qui l'avait tellement marqué que ce souvenir avait longtemps été le déclencheur de son patronus. Elle était loin l'époque où il était jeune et insouciant, où il pouvait faire toutes les bêtises du monde sans en subir de lourdes conséquences. Là, assis au même endroit, il ne ressemblait en rien à l'adolescent qu'il avait jadis été. Le regard vide, aucun sourire sur le visage, et la gueule bien amochée par le maléfice qu'on lui avait jeté - comment autrement la blessure aurait-elle pu être si précise et ne pas endommager davantage son visage ? -, Edward était perdu dans ses réflexions.

L'homme tenait fermement la main de Diane - comme si il avait peur de se réveiller de la réalité et de finir de nouveau dans un cauchemar -, elle lui apportait un réconfort tel qu'il ne saurait jamais lui exprimer sa gratitude. *Comment les choses ont-elles pu déraper ?* Le sorcier se répétait sans cesse la même question dans la tête. Il est difficile de dire pourquoi exactement, mais le voyage qui était censé durer trois heures en dura beaucoup moins pour Edward. Les optimistes diront que ses préoccupations l'avaient soustrait au temps réel, les autres diront qu'il était bien trop déconnecté de la réalité.

Un bruit de pneus sur les graviers se fit entendre, immédiatement suivi de sa tête qui avançait doucement en avant tandis que le reste de son corps restait immobile contre le siège par la pression de la ceinture, ça y est, c'était la fin du périple - et le début d'un autre.

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16 déc. 2020, 21:57
VI | Se retrouver
28 avril 2045

Il nous reste environ une heure de route avant d’arriver à destination. C’est une belle matinée ensoleillée, et je n’ai pas conduit depuis longtemps. À vrai dire, lorsqu’on est sorcier, on perd l’habitude de certaines actions toutes simples, telles que porter une lourde valise, faire son lit, ou prendre sa voiture pour se déplacer. La magie vous place au-delà du commun des mortels. En dehors de la couture, pour laquelle je mets un point d’honneur à travailler manuellement, je n’échappe pas à la règle. Généralement, je transplane sur les longues distances. C’est donc d’autant plus agréable de caresser le volant de cuir de la Bentley noire sous mes doigts et de sentir un léger vrombissement au passage automatique des vitesses. C’est une bagnole sublime, Penwyn a un goût certain en la matière. Lorsque Diane m’a contacté pour me demander de les déposer tous les deux au Pays de Galles chez la maman d’Edward, je n’ai posé aucune question. Le pauvre a une mine désastreuse et semble totalement largué. Je n’ai pas voulu en savoir plus sur ce qui lui est arrivé, Diane m’en parlera si elle le veut. Le voyage est silencieux. Je m’efforce de ne pas avoir une conduite trop sportive. J’aurai pourtant bien envie de pousser cette voiture pour savoir ce qu’elle a dans le ventre. Je croise de temps à autre le regard de Diane dans le rétroviseur, et je lui fais une grimace pour détendre un peu l’atmosphère. Elle me sourit, mais je sais qu’elle est préoccupée. J’ai le coeur lourd de la voir ainsi. Sa main ne quitte pas celle d’Ed. Le pauvre gars a vraiment morflé. J’apperçois un panneau.
- Nous y sommes dans cinq minutes les loulous...
Les derniers kilomètres se poursuivent dans le même mutisme. Après m’être précautieusement garé devant la maison, je m’étonne de constater que l’ex professeur de Poudlard ne sort pas immédiatement. Il semble inerte, éteint, à observer dans le vide. Diane opère une légère pression sur son épaule. Tel un automate, il se relève et sort difficilement de l’auto. Je fais un clin d’oeil à Diane pour lui dire « ça va aller, ne t’en fais pas »...

Cassidy Powell - Gérant du GaiChiffon / Pré-au-Lard

18 déc. 2020, 00:37
VI | Se retrouver
Image
DERYN PENWYN
RETRAITÉE

Après que la vieille Bentley s'était arrêtée sur un chemin de graviers, Edward resta longtemps immobile, les genoux resserrés et la tête baissée à regarder le repose-tête du siège avant passager. Ce n'est que lorsque Diane retira la main qu'il tenait et lui frôla l'épaule qu'il sortit de sa stupeur. Avec une boule au ventre, l'homme activa la poignée de la porte et sortir de la voiture avec nonchalance.

Il eut à peine le temps d'être sur ses deux pieds qu'une masse, bien plus petite que lui et à la tignasse grisonnante, se jeta sur lui et lui enserra ses côtes amaigries par trois mois de captivité. Edward en serait tombé à la renverse si sa main valide ne s'était pas fermement accrochée à la portière encore ouverte du véhicule. Sans qu'il ait le temps de réagir, la pression s'accroît au niveau de sa taille, et la femme enfouit sa tête contre son torse.

« Oh... Teddy... éclate en sanglot sa mère. J'ai tellement eu peur pour toi... »

Le visage de Deryn Penwyn finit par se relever, et ce fut alors que mère et fils purent contempler le visage de l'un et de l'autre. La moldue découvrit un homme qui ressemblait vaguement à son enfant unique. Une impressionnante cicatrice boursouflée traversait un visage qu'elle avait l'habitude de chérir ; les nombreux mois de captivité l'avaient également fortement amaigri. Edward lui, lisait une grande fatigue sur le visage de sa mère, comme si cela faisait des mois qu'elle ne dormait pas. Ses yeux étaient rougis par les larmes qu'elle venait de déverser, et elle aussi semblait avoir bien maigri.

Il fallut plusieurs secondes à l'homme pour se sortir de son inertie et enserrer à son tour sa mère. Si lui n'avait de sa disparition aucun souvenir, elle, s'était inquiétée jours et nuits sans savoir le sort que subissait son seul enfant ou même si il était encore en vie. Avec la disparition de son fils, elle s'était retrouvée seule et isolée, comme l'avait pu être sa grand-mère lors de la pandémie mondiale de 2020. Pendant un long instant, la mère et le fils s'enserrèrent - aucun des deux ne semblant vouloir rompre l'étreinte.

Ce fut finalement Edward qui se détacha de sa mère et la regarda avec une expression pleine de tristesse sur le visage. Avec le pouce de sa main valide, il remonta la joue de sa mère pour essuyer une larme qui venait d'y couler.

« Je suis... Il s'arrêta pendant un long instant avant de trouver le bon mot : désolé. »

L'était-il sincèrement ? Probablement que non. Son esprit, même moins en trouble que la veille, avait toujours du mal à raisonner. De l'extérieur, l'homme semblait toujours être une coquille vide, mais comment aurait-il pu en être autrement seulement un jour après sa libération ? D'une voix faible et apathique, Edward s'expliqua :

« Je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé... Je n'ai aucun souvenir de ce qu'il s'est passé... Tout ce que je sais, c'est que j'ai repris conscience hier. On est venu me libérer d'une prison de mol... d'une prison. »

Au fur et à mesure qu'il décrivait à sa mère ce qu'il s'était passée, l'apathie dans le ton de sa voix disparaissait pour laisser place à une profonde tristesse. À la fin, sa voix se torturait pour articuler, et lui se retenait de ne pas fondre en larmes. Deryn, quant à elle, effleurait du bout des doigts le visage de son fils en faisant une grimace emplie d'affliction. Baissant la tête et regardant ses pieds, il rajouta :

« Je... voulais te voir. Pour que tu saches que je ne suis pas mort, mais... Il se peut... que... qu'on me traque. Je ne veux pas te mettre... en danger. Je vais devoir partir. »

Edward n'eut pas le temps de relever la tête pour voir la réaction de sa mère qu'une pression importante surgit sur sa joue droite, rapidement suivie d'un *CLAC*. Sa mère, le regard certes embué par les larmes, était en colère et venait de lui donner une gifle.

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20 déc. 2020, 17:24
VI | Se retrouver
À cet instant précis, il était difficile de dire qui des deux était le plus abasourdi par ce qu'il venait de se passer. D'un côté, Edward était bouche-bée, les bras descendants le long du corps et n'ayant pas bougé d'un seul centimètres pour arrêter le coup — était-ce à cause de la léthargie qui était sienne ou bien acceptait-il la sentence sans broncher ? De l'autre, sa mère maintenait sa main à quelques centimètres du visage de son fils, elle-même choquée par le geste qu'elle venait de faire. Sa main tremblait mais était bien incapable de bouger et de redescendre à hauteur raisonnable.

Ce fut Edward qui rompit cette inertie et se mit à caresser du bout de ses doigts l'endroit où il avait été giflé. En temps normal, il aurait supporté la douleur — sa mère n'aurait jamais voulu lui faire beaucoup de mal — mais la cicatrice qu'il avait écopé comme conséquence de son emprisonnement s'était réveillée et lui irritait le visage. L'homme regarda sa mère avec une expression triste sur le visage, et commença à articuler quelque chose pour se confondre en excuses, mais il n'en eut pas l'opportunité.

« Oh... Teddy... Je suis désolé... je ne voulais pas... »

L'homme n'avait pas besoin de lui dire qu'il le savait car le regard compatissant qu'il lui jeta en disait long. Edward comprenait pourquoi sa mère avait fait ce geste, elle n'avait pas besoin de se justifier. À sa place, il aurait sans doute agi pareil avec son enfant. Seulement, Deryn se sentait obligée de se justifier :

« C'est... que... je te pensais... Elle déglutit et s'essuie les larmes continuant de couler le long de ses joues : Mort. Je viens à peine de te retrouver, je ne veux pas te laisser partir. »

Une infinie tristesse apparaissait sur le visage de sa mère. Cumulée avec les cernes qui parsemaient les contours de ses yeux, Edward arrivait facilement à deviner l'état dans lequel la femme qui l'avait mis au monde était depuis plus de deux mois après avoir appris la disparition de son unique enfant. Délicatement, l'homme lui attrapa la main qui n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'elle était venue heurter son visage et la descendit doucement, puis caressa affectueusement le dos de sa main avec son pouce. Il réussit même à lui adresser un sourire bienveillant avant de lui dire :

« Je ne peux même pas imaginer ce par quoi tu as dû passer, Maman. Je suis vraiment désolé de t'avoir mis dans un tel état. Seulement, je ne sais pas si je suis suivi ou non. Je voulais juste... Il se retient de ne pas devenir davantage émotif. te revoir et te montrer que je vais bien. »

De nouveau, la main de Deryn semblait vouloir repartir sur le visage de son fils — Edward ressentit une légère oscillation de la main qu'il tenait — mais elle ne fit rien. Ses sourcils, quant à eux, se dressèrent une fois de plus.

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21 déc. 2020, 22:12
VI | Se retrouver
Les sourcils de Deryn Penwyn se froncèrent et ses lèvres se pincèrent en prenant conscience que son fils ne souhaitait pas rester très longtemps avec elle. Elle plongea une fois de plus dans les bras de son unique enfant, collant sa joue droite contre la poitrine d'Edward, puis jeta un regard triste aux deux individus qui étaient venus avec son fils. La mère serrait le sorcier aussi fort qu'elle le pouvait, comme si elle essayait de rattraper en quelques instants ses nombreux mois d'absence et anticipait les prochains mois qu'elle allait passer sans le voir.

Au bout de plusieurs dizaines de secondes, d'interminables secondes où ni Edward ni sa mère n'échangèrent le moindre mot, cette dernière attrapa affectueusement la main non meurtrie de son fils et dit d'une voix certes ferme, mais pleine d'émotions :

« Je ne peux pas imaginer ce qu'il t'est arrivé, tout ce que je sais, c'est que tu es dans un piètre état. Il est hors de question que je te laisse repartir tant que tu ne vas pas mieux. Elle recule légèrement la tête pour pouvoir regarder son fils dans les yeux et rajoute : Au diable que tu puisses me mettre en danger. Tu n'as même pas l'air certain que c'est le cas et... »

Sa voix finit par éclater en sanglots, elle n'arrive pas à terminer sa phrase, prise par les émotions. Naturellement, sa tête se penche vers le sol comme pour cacher les larmes qui refaisaient surface aux coins de ses yeux, mais Edward se saisit tendrement de son menton et le releva pour la regarder dans les yeux.

Cela faisait des années qu'il n'avait pas vu sa mère pleurer. À vrai dire, la dernière fois qu'il avait vu celle qui l'avait mise au monde dans cet état était lors de la mort de son père ainsi que les semaines qui suivirent. Cette femme qui avait tant donné pour lui, pour qu'il grandisse sereinement, n'hésitant pas à reprendre le travail pour que la famille puisse boucler les fins de mois, était désormais bien seule.

« Maman... Si il t'arrivait quelque chose à cause de moi, je ne pourrais jamais me le pardonner. »

Les traits du visage de Deryn se figèrent et ses sourcils se froncèrent de nouveau. Elle lâcha la main de son fils pour déposer la sienne sur le torse d'Edward. Elle tapota trois fois dessus avant de dire d'une voix encore plus ferme et sûre d'elle que précédemment :

« Edward Alan Penwyn. Sa mère s'arrêta net de parler pour bien insister sur le fait qu'elle venait de l'appeler par son nom entier. Ce n'est pas à toi de décider de ma propre sécurité, ce choix demeure encore le mien. »

Arborant de grands yeux ronds, Edward regardait consterné sa mère. Elle n'avait pas eu besoin d'élever la voix, contrairement à ce qu'elle faisait lorsqu'il était enfant et qu'il ne voulait pas l'écouter. D'un ton peu élevé, elle venait de lui faire comprendre qu'il était hors de question qu'il décide pour lui.

« Seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ! » #PouffyFamily