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21 déc. 2020, 21:11
 RPG++  L’art de perdre  SOLO 
03 Aout 2045
Paul Street, Cork - Appartement de la Mère
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Reducio
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*On a enterré papa.* Jamais tu n’aurais cru avoir à prononcer ces mots. Sur le coup, ça ne te fait ni chaud ni froid. C’est tellement surréaliste que personne n’ose y croire. On devrait éduquer les gens pour ce genre de situation. Qu’on ne reste pas les bras ballant, sans savoir quoi faire ou quoi dire. Ne pas même savoir ce que l’on doit penser et ressentir. Pourtant, tu souhaiterais tellement être éprise de toutes sortes de sentiments, mais tu te sens juste vide, incapable de tristesse ou de colère. Incapable d’en vouloir à qui que ce soit, peut-être même incapable d’aimer. Tu n’es plus que la coquille vide que tu craignais tant de devenir.
Depuis ta sortie de l’hôpital, tu passais tes journées dans ta chambre, ne sortant que pour le midi ou aller aux toilettes. Tu n’arrivais presque plus à lever la tête de ton oreiller, comme assommée par cette terrible réalité. L’enterrement avait eu lieu hier, mais il t’avait été impossible de sortir de la voiture de ton beau-père et rentrer dans le cimetière. Tu trouvais complètement débile cette façon de dire au revoir à un être, surtout que lui ne le ferait pas. Surtout que lui, il ne pleurerait pas, et il ne verrait pas tout ça, donc à quoi bon ? Ambre t’avait tout de même poussé à écrire une lettre d’adieu, qu’il avait eu la bonté de lire lui-même à la cérémonie. Quand ils étaient tous revenu, seul Ambre ne pleurait pas, le visage dur et la mâchoire serrée. Tu n’avais pas demandé comment ça s’était passé, tu avais baissé la tête et vous étiez rentré à la maison, chacun de son côté.

On aurait pu croire qu’après tout ça ta mère soit plus clémente avec toi, qu’elle comprenne la douleur et la fatigue psychologique. Mais rien n’avait changé, voir tout s’était empiré. Elle prenait un malin plaisir à retourner la faute contre toi, à te rappeler que si tu n’avais pas voulu aller voir cette fille, rien ne serait arrivé.


- Regarde moi, disait-elle, je suis enceinte jusqu’au cou, et tu crois vraiment que j’aurais que ça à foutre de m’occuper de toi à longueur de journée ?


Tu la regardais de ton air désolé ne sachant que répondre, te pliais en quatre avant de retourner t’effondrer dans ton lit.
Hier donc, on avait enterré ton père. On l’avait enfoncée six pieds sous terre, laissant la carcasse vide se faire bouffer par les mouches et les vers. Tu avais l’impression d’être la seule qui en avait vraiment quelque chose à faire de tout ça, bien que ta grand-mère avait décidé d’organiser une réunion de famille le jour suivant. Ils étaient tous arrivés par petits groupes dans le grand appartement situé dans Paul Street. Ambre et Abey avaient été les derniers à passer le pas de la porte, avec ce regard mort que tous affichaient sans exception. Tu avais réussi à sortir de ta chambre, murmurant de petits bonjour à tous les arrivants. Erin n’était absolument pas heureuse de tous les voir débarquer chez elle ; elle restait d’ailleurs enfoncé dans l’un des fauteuils en cuir du grand salon, arborant une moue infâme, alors que doucement, elle caressait son énorme ventre. Walter avait disposé sur la table basse des verres et une bouteille de vin, que personne n’osait toucher, et s’était installé derrière ta mère, lui tenant délicatement les épaules.
Zack et Aife occupaient les deux autres fauteuils, regardant leurs pieds en ne lâchant pas le moindre mot. Les deux autres vieux personnages se parlaient à voix basse, semblant se reprocher certaines choses, mais tu étais trop loin pour entendre, collée à la porte vitrée menant au balcon. À ta droite, les bras croisés, Abey regardait ces sombres personnes une à une, croisant au passage ton regard, auquel elle répondit par un sourire discret. Juste derrière elle se trouvait Ambre assit sur un tabouret, se tenant la tête dans les mains, et qui n’avait toujours pas enlevé son grand manteau gris.

Personne ne parle, tous se dévisagent, attendant que quelqu’un lance les hostilités. C’est finalement Walter qui prend une grande inspiration, et qui lâche comme pour lui-même :


- Il faudrait aller chez le notaire.


- Y a que ça qui te préoccupe là ? Et si ça peut te rassurer, il laissera rien au gars qui s’est tapé sa femme.


- Ambre...


Gordon le supplie du regard, mais ton frère s’est levé, ne lâche plus des yeux son beau-père qui, honteux, fixe le sol inlassablement. Tu les interroges du regard, ne comprenant pas cet échange si soudain, mais tous se détournent. Il t’est si étrange de voir Ambre hors de lui, et surtout aussi vulgaire. Tu remarques un soufflement de mépris de la part de ta mère.


- Je ne suis plus sa femme, je te signale.


- Peut-être, mais ça t’a pas dérangé de le tromper avec ce bouffon pendant autant d’années.


- Ambre !


Erin a presque hurlé, tous sursautent, ne sachant plus que dire ni que faire. Abey est la seule qui n’a pas bougé d’un pouce depuis ce début d’échange. Elle observe chaque visage avec un intérêt tout particulier. C’est bien la première fois que tu la vois, ta tante et tu ne peux pas dire que c’est dans les meilleures circonstances. Tu la détailles, mires son doux visage et son élégance naturelle. C’est donc elle, avec qui Ambre va partir pendant quelques années - voir pour toujours. Elle ne ressemble pas à l’horrible femme que tu t’imaginais te piquer ta seule famille.
Elle croise de nouveau ton regard, cela semble la réveiller et elle tourne vite les talons vers son neveu.


- Ambre, je suis sûr que tu rêves d’aller voir la chambre d’Ashley, non ? Et puis vous avez sûrement beaucoup de chose à vous dire, avant qu’on parte.


Les yeux brûlant de haine de ton frère se tournent vers toi, et s’adoucissent bien vite. Il adresse un hochement de tête à Abey, avant de t’adresser un sourire forcé et s’avancer vers l’escalier menant au rez-de-chaussée. Tu te décroches du mur et le guide à pas lent à travers le grand appartement et entre dans l’une des pièces près de l’entrée. Ambre te pousse gentiment à l’intérieur et referme la porte derrière vous. À peine la poignée se baissa que des exclamations vous parvinrent du salon.
Tu jetais un regard vers Ambre, mais il observait déjà autour de lui, faisant comme s’il n’entendait pas.
Il n’y avait pas grand chose dans ta chambre, mis à part ton lit, une grande armoire à glace et une peinture très laide représentant un champ. C’était une pièce assez simple, pas trop grande, mais dont le manque de meuble la faisait paraître immense. Il enjamba ta valise posée au milieu de la pièce et s’assit sur le matelas.


- Alors c’est ça ta chambre. C’est un peu vide.


Il t’adresse un sourire, tapote la place à côté de lui et tu le rejoins avec un soupir. Finis la garde alternée, tu habiterais définitivement ici, à présent. Tu ne savais pas encore si c’était une bonne nouvelle ou non et préférais attendre avant de juger trop vite. Néanmoins, tu savais que vivre avec ton beau-père et ta mère serait plus que compliqué. En plus du futur enfant à venir.


- Moi, je verrais bien un petit bureau près de la fenêtre. Et à la place de cette vieillerie, pleins de posters ! Et le lit plus vers là. Ah et faudrait changer ces rideaux, ce n'est pas possible. Et ici une petite bibliothèque, et une table de chevet. Hein, t’en penses quoi ?


Il te regarde avec amusement, après avoir pointé chaque endroit du doigt. Tu hoches la tête, alors que ton regard part dans le vide, imaginant tout ce qu’il venait de te décrire. Lui te regarde d’un triste œil, te détaille sans un mot avant de passer son bras autour de tes épaules et te serrer contre lui. Tu tournes ton unique œil valide vers lui. Il ne ressemble plus au petit garçon apeuré par ses parents qu’il était quand vous étiez petit. Les cicatrices sont sans doute encore là, mais désormais le jeune homme de 18 ans était animé d’une fougue nouvelle, comme prêt à défendre tout ce qu’il aimait, quoi qu’il en coûtera pour lui. Tu trouvais ça beau. Tu le trouvais beau. Lui et ses idées.


- Pourquoi ils se disputent en haut ? C’est à cause de papa ou de moi ?



- C’est... compliqué. Ce sont des histoires de grands, pas très intéressantes.


- Ambre. J’vois clair dans ton jeu. Tu veux m’éloigner de leur conversation, sauf que je suis plus une gamine, et encore moins depuis la mort de papa. Alors ne m'en veux pas, mais j’vais aller écouter, parce que je sais que dans tous les cas, ça me concerne.


Sur ce, tu te relèves sous le regard médusé d’Ambre et retraverses la pièce. Ta vision de moitié réduite, tu ne vois pas la valise et butes dessus en manquant de t’écraser au sol. La surprise passée, tu tournes la tête vers ton frère qui s’est également levé, et lui adresse un petit sourire. *Tout va bien, dans le meilleur des mondes possible*.


- Tu viens avec moi ?

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

23 déc. 2020, 17:54
 RPG++  L’art de perdre  SOLO 
POINT DE VUE d'ABEY SWAN
TANTE d'ASHLEY
PNJ VALIDÉ EN PRÉSENCE DU PJ




Il en avait fallu de peu pour qu’une dispute éclate entre mère et fils, mais ce qui embêtait le plus la belle femme était bien que sa nièce en soit spectatrice. La petite de 12 ans seulement ne devait pas d’entendre les choses qui allaient être dites. Après tout ce qu’elle venait de vivre, cela ne ferait que lui compliquer la vie. Abey avait préféré l’éloigner pour protéger ses jeunes oreilles, mais aussi calmer le jeu entre son neveu et sa belle-sœur.
Tous ceux qui connaissaient Abey l’auraient trouvé bien étrange en ce jour. La sorcière pétillante qui souriait à tout le monde arborait un air grave qui l’a rendait autant plus belle et impressionnante.
Toujours les bras croisés, elle observe l’échange entre Darla sa mère et Erin, qui paraît prête à en découdre avec tous ici présent.


- Vous. Vous avez détruit la vie de mon fils !


- Oh non, je ne crois pas ! Logan a réussi à se détruire tout seul. Il n’a pas eu besoin de mon aide pour y arriver.


- Ne me répondez pas sur ce ton, vous savez ce dont je suis capable et ce que je pourrais vous faire.


- Serait-ce une menace ? Sous mon propre toit ? Faites attention à vous aussi, nous avons des amis haut placés. Vous savez ce qu’on fait aux sales sorciers comme vous.


Ça piaillait de tous les côtés, sous les regards des autres qui assistaient à la scène comme à une tragédie. Darla pointait la femme d’un doigt accusateur, le visage déformé par le désespoir et la haine. La blonde trouvait bien étrange la tristesse dans laquelle s’étaient enfermés ses parents, après la mort de leur fils. Ils l’avaient toujours rejeté, le traitant comme un bon à rien car le pauvre avait eu l'audace de naître cracmol. Tout ce qu’ils avaient fait subir à son frère au cours des dernières années avait disparu de leur esprit, ne leur laissant que les très rares bons moments qu’ils avaient passé avec lui. *L’humain est un être bien cruel, tout de même.* Pensa la sorcière avant de faire un pas vers le centre, avant que Gordon son père ne prenne la défense de sa femme. C'est alors qu'elle aperçut un mouvement du coin de l’œil, près de l’escalier et fit un pas vers lui, en fronçant les sourcils. Elle croisa alors le regard indescriptible d’Ashley et celui, plus dur, d’Ambre, tous deux cachés contre le mur. *J'aurais dû m'en douter.* La jeune femme soupira, laissant tomber sa résolution, et se tourna de nouveau vers le reste de la famille, qui n’avaient rien remarqué des deux présences. *Et merde, elle est grande et j'ai des choses à dire.*


- S’il vous plaît, peut-on se calmer un instant au lieu de se hurler mutuellement dessus.


La prestance d’Abey calma la discorde, et les regards convergèrent vers elle, laissant le champ libre à sa parole. Elle en profita, prit une grande inspiration, alors que déjà, elle sentait monter les larmes. Comme elle détestait l’Irlande, pays de malheur où elle avait passé son enfance. Ce n’était pas pour rien qu’elle était partie à travers le monde s’éloignant le plus possible de cet environnement glacial. Revenir, même pour la mort de son frère, lui était insupportable.


- Mon frère est mort, et ce n’est la faute de personne. Je ne crois pas qu’honorer sa mémoire en se disputant soit la meilleure chose à faire. Cependant, elle prit une grande inspiration, j’aimerais parler de certaines choses fâcheuses. Il est temps de mettre tout ça au clair.


Elle fit une pause, reçu quelques hochements de tête qui l’encouragèrent a continuer, et ne se fit pas prier. Elle se tourna alors vers ses parents, essayant d'oublier les deux jeunes qui n'avaient toujours pas été découverts.


- En fait, c’est faux, tout le monde est en partie responsable de sa mort, certains plus que d’autres. Vous, parents, vous avez rejeté votre propre enfant, parce qu’il n’était pas un vrai sorcier. Vous l’avez privé de son enfance en l’envoyant en internat et vous vous étonnez ensuite de son comportement envers vous.


- Il n’était pas comme nous, et ta mère et moi ne pouvions pas gérer ça. C’était trop dur pour nous. Tu peux le comprendre tout de même.


- Non, je ne comprends pas justement. La vérité, je pense, c’est que vous aviez honte de lui, et que vous débarrasser de Logan était la meilleure chose pour préserver l’honneur de la famille Swan. Et je vous en veux de m’avoir privée de mon frère pendant autant d’années. Au final, le seul bon choix que vous avez fait au cours de votre vie, c’est quand vous avez recueilli Ambre chez vous. Qui sait ce qui aurait pu lui arriver s’il était resté avec ses parents.


Erin, qui suivait depuis lors la conversation d’une oreille, se redresse sur son siège, autant que son ventre puisse lui permettre. Les deux femmes se jettent un regard noir d’encre, alors qu’Abey se tourne vers elle. Mais Erin a toujours le premier mot.


- Je peux savoir à quoi tu fais allusion ?


- Bien sûr chère belle-sœur, même si je pense que tu as compris de quoi je voulais parler. Tous, - mis à part tes parents ici présent, et qui se feront sans doute une joie de l’apprendre - nous savons ce que tu as fait subir à tes propres enfants.


- Oh, pitié. On ne va pas commencer à plaindre, ces bons à rien.


- Monsieur et Madame O’Briens, voyez quel monstre est votre fille. Vous avez peut-être été trop clémente avec elle et voyez ce qu’elle est aujourd’hui. Elle maltraite ses enfants, leur fait subir des violences physique et psychologique depuis qu’ils sont tout petits.


- Tu dis absolument n’importe quoi ! Je les punis justement et ne leur donne que ce qu’ils méritent, à ces ingrats ! N'est-ce pas Walter ?


- Tu mens. Ambre nous a raconté l’enfer dans lequel ils vivaient et vivent encore dans le cas d’Ash, bien que je me demande si elle est consciente de tout ça. C’est une faute grave qu’elle soit encore sous ta garde, mais je sais que tu feras tout avec Walter pour la garder auprès de toi, bien que la raison du pourquoi m’échappe.


- Logan aussi leur en foutait plein la gueule, je te signale.


- Tu mens encore ! Logan n'a jamais levé la main sur ses enfants. Je connais mon frère plus que toi, j’ai l’impression. La vérité, c’est que tu n’es qu’un monstre, une sale manipulatrice qui va jusqu’à considérer ses enfants comme des esclavages ou des sous-humains, tout ça parce qu’ils ne sont pas moldu.


Tous étaient restés sans un mot devant les cris et la violence des paroles. Aife et Zack regardaient Erin leur fille comme s’ils la découvraient pour la première fois. Cette dernière était dans une rage impitoyable qui faisait trembler sa mâchoire inférieure. Abey avait les poings serrés sous le coup de l’émotion, et tourna la tête pour tenter de cacher les larmes qui apparaissaient aux coins de ses yeux. La jeune femme était trop émotive, sans doute, et elle prit un temps avant de se ressaisir complètement. *Voit Ashley. Comprend ce qu'est ta mère et ce qu'était ton père. Navrée de t'annoncer que ce sont les pires salauds de la Terre. Il fallait bien que tu le saches un jour ou l'autre.*

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.