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16 janv. 2021, 19:57
A six pieds sous la cime
~ ENTRE MARS ET JUIN 2045 ~
~ AU COEUR DE LA FORET IRLANDAISE ~
~ Recueil d'épisodes marquants durant les 3 mois de stage immersif de Samy ~


Peuvent apparaître les personnages suivants de façon récurrente :

Caspian, Isobel et Barnaby

Dernière modification par Samuel Falkner le 03 mars 2023, 20:39, modifié 1 fois.

#75803D
Hey, I just met you, and this is crazy, but here is my Niffleur, so call me Samy

16 janv. 2021, 19:57
A six pieds sous la cime
Début mars 2045
Débroussailler les environs


« T'es sûr que c'est la bonne direction ? »

Caspian peste dans le dos de Samy. Cela fait bientôt trois heures qu'ils marchent, chargés de leurs gros sacs à dos, sous la pluie de mars. Les quatre compères sont trempés, épuisés, affamés, et leurs doigts sont décorés de rides d'humidité. Le plus grand gaillard du groupe, Barnaby, commence à ressentir des signes de fatigue : il baille beaucoup, s'étire sans cesse, change son sac d'épaule aussi souvent qu'il le peut, et ce depuis vingt bonnes minutes déjà. Samy suit aveuglément le groupe, incapable de se concentrer sur quoi que ce soit d'autre que son estomac qui crie famine. Personne ne daigne répondre à Caspian, car personne ne sait vraiment où ils sont.

Perdus dans la dense forêt sorcière irlandaise, trois hommes et une femme marchent. Ils avaient prévu d'arriver avant l'heure du déjeuner, mais vu leur vitesse, et le nombre de chutes qu'ils ont encaissées, il va sans dire qu'ils n'y seront pas à l'horaire planifié. Enfin, qu'importe, ils ont trois mois devant eux, alors sont-ils vraiment à une ou deux heures près ? Pas vraiment.

Personne ne parle, seuls leurs pas viennent troubler l'harmonie silencieuse et angoissante de la forêt. A vrai dire, le côté angoissant dépend du point de vue. Pour Samy, ce calme est apaisant, joyeux, plein de vie, il aide à se recentrer sur l'essentiel, à percevoir les mouvements alentours. Là-bas, un lapin, et par-ici, des traces de serres d'augurey... Les bois n'auront jamais fini de l'étonner.

Au bout d'un long, très long moment, le jeune sorcier croit apercevoir un mur de pierre. Sans prévenir personne, il s'élance, tout guilleret, et s'éclate la margoulette en glissant dans une flaque de boue vaseuse. Barnaby accourt et le redresse, non sans peine. Les deux acolytes s'échangent un sourire entendu, comptent dans leur tête, et au troisième clignement de paupière s'élancent vers le mur.

« Gagné !

- C'est pas juste, t'es tout léger, et je te porte tes gamelles. »

Samy donne un coup de coude à son ami, et, certain d'être en territoire sécurisé, lance ses sacs au sol et hurle tel un loup en se frappant le torse. Soulagé et libre, une récupère ses affaires, débarrasse Barnaby des tentes, et rejoint le reste de la troupe qui avance à un rythme plus lent.

« Et bien alors, on se la coule douce ? »

Quelques minutes plus tard, les quatre étudiants sont assis à même le sol, et ils soufflent. Le grand mur les protège légèrement de la pluie et du vent, ils sont bien contents de l'avoir avec eux. Personne n'a jamais su d'où venait ce haut rempart qui s'étend sur une vingtaine de mètres, mais qu'importe, il est bien pratique et c'est tout ce qui compte. Rapidement, ils se répartissent les tâches et s'organisent. De toute façon, ils est trop tard pour le déjeuner, ils se rattraperont le soir avec un bon festin. Caspian est chargé d'aller chercher du bois sec, ce qui n'est pas une mince affaire au vu de l'averse qui s'est abattue un peu plus tôt sur la zone, Barnaby sonde le coin, armé de sa baguette, pour vérifier qu'aucune bête nuisible ne se planque dans les environs, Isobel part chasser de quoi manger au dîner, et Samy débroussaille les environs. Durant les trois prochains mois, c'est ici que se situera le campement principal, alors il faut dès à présent le rendre vivable.

A coups de Diffindo, le jeune homme ratisse l'endroit. Le bas de son pantalon ne résiste pas aux ronces, et des épines viennent se nicher au creux de la chair du jeune homme, mais celui-ci continue sa tâche sans sourciller. Il en a vu des pires, c'est certain. Accio par-ci, Mobiliarbus par-là, en à peine deux heures, la zone est nettoyée. La pluie ayant cessé de tomber depuis un petit moment déjà, Samy retire ses vêtements pour les mettre à sécher sur une branche. Isobel revient peu de temps après et lui saute au cou, heureuse comme jamais, deux lapins sous les bras.

« Tu te rends compte ? C'est notre rêve ça ! Oh Samy je suis vraiment, vraiment ravie qu'on y soit. Dis, tu crois qu'on verra des Doxy ? »

L'euphorie semble gagner tous les membres de la petite équipe, qui s'apprêtent à passer les meilleurs mois de leur année, si ce n'est de leur vie. Un à un, les garçons reviennent et Samy tente tant bien que mal d'allumer un feu, tentatives qui se soldent toutes en échec. Cela n'arrête pourtant pas les étudiants qui mordent à pleines dents dans la chair tendre et crue des lapins. Ils se délectent de ce met, puis enfilent des tenues chaudes, entrent dans leurs épais sacs de couchage en fourrure d'alpaga, et s'endorment bien vite à la belle étoile, non sans avoir vérifié à vue d'œil qu'il ne pleuvrait pas cette nuit-là. Ils plongent tous dans un monde de rêve, pressés d'être au lendemain.
Dernière modification par Samuel Falkner le 03 mars 2023, 20:38, modifié 1 fois.

#75803D
Hey, I just met you, and this is crazy, but here is my Niffleur, so call me Samy

03 mars 2023, 20:38
A six pieds sous la cime
Mi-avril 2045
Jouer aux échecs en courant dans la forêt


La majorité des étudiants a perdu le fil des jours. Cela fait bien un mois et demi qu'ils sont là, mais de là à donner la date précise du jour, ils en sont bien incapables. Caspian, la personne la plus prévoyante et organisée du groupe, tient seul un calendrier pour être certain de rentrer le bon jour, mais Samy s'en fiche un peu, de revenir à sa fac dans les temps, tous les ans des groupes se plantent dans les dates et on les voit revenir une semaine trop tôt ou trop tard. Et puis, il n'a pas spécialement envie de partir non plus. Le jeune homme vit un rêve éveillé. Depuis des années déjà il rêve de cette liberté, de dormir dehors, de ne vivre que de sa force et de ses compétences, il aime construire des abris, pister, observer la nature, il ne pourrait pas espérer meilleur stage immersif que celui qu'il est en train de vivre.

Il connaît Isobel depuis Poudlard, ils ont toujours été dans la même bande de copains, aussi, quand les deux compères se sont dirigés vers la même voie, exprimant leur passion commune pour les créatures magiques, ils n'ont pas eu d'autre choix que de se rapprocher. Peu à peu, Isobel et son franc parler, Isobel et son côté casse-cou, Isobel et sa fougue, sont devenues des compagnes de route indispensables au quotidien de Samy. A la fac de SaCM, ils ont tout fait pour suivre les mêmes cours, et s'inscrire dans le même groupe pour les stages. Des quators ont été formés, et grâce à Merlin ils se sont retrouvés ensemble.

Ce matin, sur le campement, l'ambiance est à la taquinerie. Barnaby s'est réveillé le premier et a eu la splendide idée de se glisser dans la cabane d'Isobel pour déposer des scarabées dans son sac de couchage. Elle a hurlé un bon coup, et la bataille a débuté. Des boules de terre jaillissent à présent d'un bout à l'autre du campement. Caspian, de loin le plus agile, a grimpé a une branche pour être en position de force, Barnaby, le plus costaud, fonce dans le tas, protégé derrière une grosse bûche de bois, Isobel utilise sa malice pour envoyer des cailloux sur des branches et faire croire à ses adversaires qu'elle se trouve par là bas, dans l'optique de les prendre par surprise, et Samy... Eh bien Samy fabrique aussi vite qu'il le peut un piège à l'aide de cordes et de branches, pour attraper un de ses amis et pouvoir le recouvrir de boue. Ce n'est pas parce qu'ils sont devenus adultes que les quatre sorciers sont devenus mous et coincés pour autant. Ils rient comme des baleines, sachant très bien qu'il ne sert à rien de baisser le volume de leurs voix à présent, il est trop tard, tous les animaux à cinq kilomètres à la ronde les ont repérés, les étudiants ne mangeront pas de viande de si tôt.

Ainsi se poursuit la matinée. Après un déjeuner maigre et frugal, Samy salue ses compagnons de route, récupère sa besace, une plume, un encrier, une loupe, son carnet de notes et quelques babioles de ce genre, et il prend la route. Survivre dans la nature en s'amusant, c'est bien. Avancer dans son mémoire de stage, c'est mieux. Spécialisé dans l'étude des licornes et des centaures, le jeune homme les suit à la trace et note tout ce qu'il peut à leur sujet. Sachant que peu de monde s'y connaît bien dans ce domaine, et ayant très peur qu'on lui vole ses trouvailles et qu'on les publie en omettant son nom, Samy note tout en runes, il est d'ailleurs devenu bilingue en la matière à force de pratiquer la langue.

La veille, l'étudiant a remarqué des traces de sabots qui menaient vers le Nord, mais, étant déjà trop éloigné du campement, il n'a pas pu les suivre sous peine de devoir passer la nuit dehors et possiblement de se perdre. Ses talents de pisteurs sont bien véridiques, mais ils ont leurs limites : si la nuit et sa pluie diluvienne effacent ses traces, il ne retrouvera jamais son chemin. Aujourd'hui, Samy est bien décidé à les retrouver, ces fameuses traces de sabots. Il marche deux heures durant, observant la terre, la malaxant entre ses doigts, la reniflant, il va à droite, rebrousse chemin, prend à gauche, repère un crin blanc au milieu d'un tas de mousse légèrement écrasé, sourit, satisfait, continue à s'enfoncer toujours plus profondément dans les bois... et puis, tout à coup, il repère une branche cassée, et entend un souffle léger, comme s'il venait de très loin. Samy réduit l'allure, sentant que l'objet de sa recherche n'est plus qu'à quelques mètres, il n'ose plus respirer de peur de faire fuir la licorne qui se trouve très certainement derrière l'épais tas de fougère, puis, très lentement, il écarte le feuillage.

« 'Tain, c'est une blague ? »

Le couple de moufettes qui se trouve là, en pleine séance de truffes en l'air, pousse des petits cris aigus en remarquant la présence de l'humain et disparait dans la végétation alentour. Désespéré par son idiotie, et néanmoins certain d'avoir bien suivi des traces de sabots un peu plus tôt, Samy éclate de rire. Il sait qu'une licorne s'est trouvée là moins d'une heure auparavant, il l'a juste ratée.

« Désolé les p'tites bestioles, j'voulais pas vous perturber ! Je vous laisse, hein, du coup ? Pis j'vais rentrer, moi, je veux pas dormir dehors. A plus tard, du coup ? La bise ! »

Fatigué, et surtout mort de rire, l'adulescent reprend le chemin de son campement, se préparant à l'humiliation qu'il va subir en retrouvant le reste de la troupe. Il pourrait parier au moins deux gallions que ses potes ne vont pas le rater ! Confondre un poil de moufette et un poil de licorne, on aura tout vu...

#75803D
Hey, I just met you, and this is crazy, but here is my Niffleur, so call me Samy