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03 mars 2021, 18:19
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
1er avril 2046
Manoir McGowan, Écosse
En milieu de journée


« Il y a des êtres qui nous touchent plus que d'autres, sans doute parce que, sans que nous ne le sachions nous mêmes, ils portent en eux une partie de ce qui nous manque »


Image


J'étais revenue en Écosse. Peut-être pas à Glasgow, mais je reconnaissais ces paysages dans le lointain. Les grands lagons aux eaux claires où se reflétait le ciel et se dissimulaient des monstres venus d'autres temps. Les grandes étendues de terre battues par le vent. La campagne vallonnée, majestueuse, paisible. Et la ville bruyante, agitée, chaotique. En noir, blanc ou en couleurs, tout cela m'avait manqué. Après des années loin de tout cela, j'aurais pu avoir oublié. Mais les souvenirs ressurgissaient du creux de ma mémoire. Papa. Maman. On était heureux, à cette époque. J'aurais tant aimé y retourner, m'enfouir sous les couvertures ou dans les bras de Papa quand quelque chose ne va pas. Courir dans les rues jusqu'à en perdre le souffle, jouer à chat pour l'éternité. Redevenir une enfant. Une gamine qui n'a rien de différent. Une gamine qui s'est pas retrouvée avec des pouvoirs qu'elle ne maitrisait pas. Mais personne n'a créé le voyage dans le temps. Et il y a des choses que même la Magie ne peut dominer.

Pourtant, je ne pouvais pas m'attarder dans les provinces du nord, malgré mon envie grandissante d'y rester. Maman avait exigé de me déposer là-bas au plus vite, comme si elle attendait sans patience l'heure où elle serait seule.

Après la poudre de cheminette qui nous avait menés chez de proches cousins habitant les environs, nous devions transplaner, à mon désespoir le plus total.
Comment ma mère réussit-elle à nous porter par magie en un lieu qu'elle n'avait jamais visité - du moins à ma connaissance ? Cela, je l'ignorais. Je n'en fis pas même la remarque, contrairement à mon habitude. A ce moment, je sentais juste mon estomac compressé, distordu dans mon corps successivement écartelé, puis ratatiné. Déformé. Ma main était accrochée si fort au bras de Maman que je pouvais sentir le sang pulser dans ses veines. Mon cœur avait déjà explosé, éclaté ; il s'était dissous dans le vent violent, dans le monde qui tournait, me bousculait, s'étendait à l'infini. Voyage.
Quelques secondes pour des kilomètres.

Arrivée.
Je faillis tomber à la renverse, cherchant encore mon équilibre dans cet endroit aux contours flous. Et je me serais réellement écroulée, tant j'étais ébahie, si Maman ne m'avait pas retenue. Retenue alors que ce que je distinguai à présent me faisait perdre tous mes repaires. Une grille, d'abord. Une grille contre laquelle je pressai mon visage miné par la curiosité.
Elle pivota aussitôt en un sinistre grincement, sous le coup de ma poussée ou de quelque sortilège. Elle s'ouvrit sur un jardin. Peut-être le mot "parc" aurait-il été plus juste, mais j'aurais bien été en peine de le définir tant je ne voyais que l'immensité, le gigantisme du lieu.

Des haies parfaitement alignées et taillées encadraient de larges allées de sable blanc, de vieux chênes centenaires parsemaient les pelouses. Partout du vert, du brun, du jaune, des teintes fraiches et vives. Je ne voyais aucun ornement à ce somptueux décor, hormis une fontaine, au centre. L'air frais du mois de mars me fit frissonner, tandis que je goûtais son parfum de rose et de terre mêlées.

Je ne savais pas où je me trouvais. Mais le magnifique manoir qui se dressait, tout au fond de la propriété, à l'ombre de grands tilleuls, forçait mon admiration - et, je dois bien l'avouer, ma jalousie. Moi qui vivait pendant les vacances dans une minuscule maisonnette située aux fin fond de Londres, je ne pouvais faire de comparaison avec ce château. Loin d'égaler Poudlard, il en était tout de même impressionnant. Bâti de pierres noires, il s'élevait haut, loin dans le ciel. Des fenêtres aux balcons que l'on trouvait à la volée, des portes incrustées dans les murs aux escaliers tournants, tout semblait sorti d'un conte de fée ; quelques tourelles s'échappaient de l'ensemble bourgeois, lui conférant un petit charme désuet.

Pourtant, les incessantes questions qui submergeaient mon esprit me firent presque oublier ce cadre merveilleux. Une lettre. J'avais reçu une lettre, et j'étais venue sans en connaitre la raison. Le parchemin, écrit à l'encre noire me priait, dans des termes très succincts, de me rendre au "Manoir des McGowman" - sur l'île de Skye - dans les plus brefs délais. Et ma mère, sitôt que je lui avais annoncé cela, m'y avait conduit, me laissant à peine le temps de faire un sac pour y fourrer quelques affaires. Comme s'il s'était agi d'un voyage prévu de longue date. McGowman. J'avais peut-être entendu ce nom quelque part. Mais où ? Je n'arrivais pas à me le rappeler.

Alors, croulant sous les points d'interrogation, je me contentais de suivre la grande allée qui déroulait ses méandres devant moi, menant directement à l'entrée principale. Mon allure vive et soutenue - je me retenais presque de courir - me permit de la rejoindre en une poignée de minutes. Et plus j'approchais, plus mon impatience allait en s'intensifiant. J'entendais encore les pas de ma mère s'éloigner derrière moi, après qu'elle m'ait murmuré un rapide au revoir, mais j'arrêtai vite de me préoccuper d'elle pour mieux me concentrer.

La porte était juste en face de moi. Imposante. Intrigante. Effrayante ?
Que renfermait elle ? J'avais comme un mauvais pressentiment, et, alors que je levais la main pour frapper le heurtoir accroché sur le bois, je sentais mes entrailles se tordre, comme prêtes à m'abandonner. Ce n'était pas de la peur. Seulement... Une forte appréhension. Que me voulait-on ? N'allais-je pas tomber dans un piège ? Aurais-je du davantage réfléchir avant de suivre ma mère, de me précipiter ici sans m'interroger ?

Qu'importe. Il était trop tard pour les questions. Le lourd heurtoir retomba en un grondement sourd. Blam !

Il me sembla pourtant que c'était de ma poitrine que grondait le tonnerre : mon cœur cognait de toutes ses forces, battant comme il ne l'avait jamais fait. J'avais perdu toute sérénité, et cela se voyait certainement sur mon visage.

Trop tard pour regretter.

@Erza McGowan, en espérant que tout te convienne et que ce pavé ne t'aie pas repoussée, je n'ai pas l'habitude d'écrire autant <3
Dernière modification par Felicia Luke le 24 févr. 2022, 18:56, modifié 5 fois.

évanaissance

04 mars 2021, 22:34
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
L'Écosse, terre de rêve et de légendes, remplie de Lochs et de vallée verdoyantes, avec ses mythes et ses légendes.



~10h32~


Tu étires tes bras, aveuglée par la douce et chatoyante lumière du soleil d'hiver, qui vient te saluer, passant par la vitre de ta chambre. L'astre dorée illumine ton lit. Toujours emmitouflée sous ta couette, tu prends quelques temps pour savourer cette chaleur. La lumière fait briller et blondir tes cheveux chatains désordonnés. Au bout de 5 minutes, semblable à une biche fuyant son prédateur, tu bondis de ton lit, et tu te précipites dans ta salle de bain personnelle comme dit ta mère.

Tu passes tes mains que tu viens d'humidifier sur ton visage. La fraîcheur t'appaises. Tu attrapes ensuite une tenue dans ton armoire, avant de t'enfermer sous la douche. Le contact de l'eau sur ton corps est revigorant. Tu aimes l'eau. Toucher l'eau. Boire l'eau. Après t'être séchée, puis habillée, tu t'attêles à ta coiffure. Ta mère t'as prévenue qu'une fille de ton âge viendrait, et t'as donc demandée de te coiffer pour une fois. Après t'être demelée, et brossée, tu essayes toutes sortes de coiffures, sans pour autant les garder. Tu optes finalement pour un chignon fait à l' à va vite, avant de descendre prendre ton petit-déjeuner.



~11h17~


Tu descends les marches en pierre gelées, avant d'entrer dans la salle à manger. En bas, se trouvent déjà ta famille. Ton frère avale un jus de citrouilles, tandis que ta mère et ta grand-mère dégustent un thé au gingembre. Ton père, quand à lui, engouffre un cookie dans sa bouche. Tu te diriges vers la place à côté de ton frère, avant de toi aussi manger. Ta mère s' éclaircie la gorge. Erza, ton père a invité une jeune fille, Felicia je crois, à venir. Elle va arriver pour déjeuner au manoir.

Tu hausses les épaules, d'un signe neutre. Tu t'en fiche un peu. Mais pourquoi vient elle ? Pourquoi papa a l'air si bizarre ?

~12h54~


Le heurtoir gronde. Elle doit être arrivée. Ta grand-mère se dirige vers la porte. Tout les regards sont fixés sur l'entrebaillement.

-Bonjour Felicia. Je m'appelle Mariana, je suis la grand-mère d'Erza. Voici sa mère, ma fille donc, Ariana, son fils Fred, et leur père Alexander. -dit elle d'un ton posé et calme.

En cœur, ta mère et ton frère la salue .

-Heu ... Salut ... Moi c'est Erza du coup ... -dis tu.

Ta grand-mère l'invites à s' assoir dans un grand fauteuil vert.

-Alexander, pourquoi as-tu invité cette jeune fille ? C'est une de tes amies Erza ?

D'un signe de tête horizontale, tu lui indiques que non. Ton père, est livide depuis que Felicia est là. Il fixe le sol, et à l'air affolé. Tu jettes un regard à ton frère, et il te glisses :
-Il est bizarre on est d'accord là. D'ailleurs ça dure depuis ce matin, il n'a pratiquement pas parlé de la matinée, et hier il s' est couché à neuf heures ! Il est pas dans son état normal j' te dis ...

Tu hoches la tête . Un malaise s' est installé dans la pièce. On entendrait une mouche voler. Comme pour faire quelque chose, ta grand-mère demande :
-Tu veux du thé Felicia ?

Soudain, ton père se tournes vers Felicia. Mais ses yeux ne sont plus vides du tout, ils sont pleins de perplexité, il semble perdu dans ses pensées.

Bon Alexander il se passes quoi là ! Pourquoi as-tu fais venir cette petite ! Parles à la fin ! On n'a pas toute la journée ! -hurle ta mère.

Ta mère s' est presque levée de son siège, poussée par la colère, et surtout l'incompréhension. Mariana revient avec du thé, et en donne une à ta mère, sentant que ça va la calmer au moins un peu. Dehors, par la fenêtre, les feuilles d'arbres virevoltent dans le parc, formant des tourbillons en tombant sur le sol.

Brusquement, Felicia prend la parole en se tournant vers ton père .

à toi @Felicia Luke, ceci est mon 1er post Rp ++ :cryhappy: <3

Édit : l'action que je fais faire à Felicia a été vue par hibou
Dernière modification par Erza McGowan le 28 mars 2021, 18:34, modifié 1 fois.

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3

17 mars 2021, 13:07
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
J'attendais. J'attendais encore. J'attendais ce qui me semblait l'éternité, rongée par un doux mélange d'angoisse et d'impatience : le frisson de inconnu. J'attendais alors que mes pensées se mélangeaient sur le pas de cette porte.

Qui, que, quoi, pourquoi, comment ?

Qui, que, quoi, pour—



Le battant pivota sur ses gonds à l'instant où j'arrivai à la certitude que j'entrerai par effraction, sans remords aucuns à cette idée.

Une vieille dame de détachait sur l'encadrement sombre. Son sourire affable mêlait à la bienveillance apparente sur son visage quelque chose qui me parut scrutateur, presque inquisiteur. Pourtant, elle m'interpella avec grâce, me priant d'entrer et de m'installer. Je n'avais pas fait un pas en avant, méfiante ; mais déjà elle s'écartait pour rejoindre une table bien éloignée de moi. J'y voyais quatre personnes assises.
Cinq corps anonymes dans un lieu aussi étrange que somptueux, tout cela me paraissait presque une mauvaise plaisanterie. Je me consumais de curiosité, et ce fut avant tout mon désir de savoir qui me poussa jusqu'au centre de la pièce. Cinq regards posés sur moi à chacun de mes mouvements. Je restais muette. Attentive. Cinq paires de yeux luisantes d'incompréhension.
Et tandis que je me concentrais sur l'une des silhouettes dans l'ombre pour ignorer ces feux brûlants sur mes joues rouges, je vis quelque chose. Quelque chose que j'aurais dû avoir remarqué depuis bien longtemps. Quelque chose que je détestais, que j'admirais, quelque chose qui me pétrifia sans que je ne susse réellement pourquoi.

Quelque chose... ou quelqu'un.

Deux prunelles vides et immobiles, d'un bleu glacier me paraissant si noir à cet instant que j'aurais pu m'y noyer. J'aurais l'ignorer.
Mais si j'étais ici, juste ici, dans ce manoir à des lieues de toute civilisation, à ce moment où le soleil éclate à sommet avant de replonger délicatement dans le soir, alors que toutes les choses vivantes autour de moi se taisaient, c'était uniquement pour lui. À cause de lui. Ces cheveux plus clairs que sur les vieux polaroid de maman, cette peau pâle et lisse, cette bouche hébétée loin du sourire moqueur qu'il avait si souvent arboré dessus, cette apparence terne, grise, dans le sombre que je devinais ; tout cela me revenait, au fil des secondes, au fil des minutes. Me ramenait à des millions de pensées. Des souvenirs envolés, des temps révolus depuis longtemps, des sourires furtifs, fuyant la surface, revinrent à ma mémoire. Des rires. Des pleurs. Douceurs reprises par l'horreur. Tous ces rêves interdits, ces songes à demi-souhaités, ces espoirs de retours. Tout convergeait vers un mot. Un nom qui resta bloqué, coincé quelque part entre mon cœur et ma gorge.

« Papa. »

Jamais je ne l'avais rencontré. Jamais je ne lui avait parlé. Mais je savais que c'était lui, aussi sûrement que le Soleil se levant chaque matin. Je l'avais détaillé mille fois sur les quelques photographies que j'avais trouvées dans le tiroir de ma mère. Je connaissais chaque parcelle de son âme tant j'avais demandé à maman de me le raconter. Et je le reconnaissais à présent ; nul besoin de confirmation.
En acouphènes dans mes oreilles ressurgirent des cris, des bruits sourds, des chocs dans la nuit fatidique que maman m'avait contée, au bord des larmes. Au bord du gouffre.
Il l'avait laissée on the edge. Il m'avait abandonnée. Il nous avait laissées tomber.

Il était là, pourtant. Au début, dans son idylle avec ma mère. Là pour me Créer. Mais le jour suivant, la semaine suivante, le mois suivant, il n'était plus là. Disparu, comme n'ayant jamais existé. Comme mort. Maman avait longtemps souhaité qu'il le soit, je le savais ; je me rappelais aussi l'avoir souhaité, il y a si longtemps, vision lucide entre mes rêves dénaturés. Prié la mort de l'être dont je portais les gènes.
Et ici, en face de moi, alors que j'étais figée dans la pierre du temps en un silence d'éternité, il n'était plus qu'un fantôme du passé.

Je croyais que la haine, la rancœur, le dégoût, le chagrin, l'amour, l'espoir, la honte m'écraseraient comme une vague, un élan dans la tempête de mes émotions submergeant le navire de mon esprit.
Mais je ressentais plus rien.
Je ne ressentais plus. Plus que le vide qui nous ronge tous et finit par nous engloutir.
Un pied dans l'abîme. Mais le chaos de la réalité me reprit.

Le mépris s'installa dans mes idées. Mépris envers cette homme qui m'avait donné la vie, avant de la reprendre un jour lointain d'octobre, avant même ma Naissance.

Je relevai la tête, plus forte. J'avais grandi sans lui, m'étais transformée sans lui, avais découvert le monde sans lui. Il n'était rien pour moi, je m'en rendais compte à présent. Ces années passées en vain à attendre des lettres, une hypothétique tendresse avaient disparu dans cette cuisine. Il avait (re)construit sa misérable existence ailleurs, avait même trahi ma mère si j'en croyais la présence d'une fille d'une douzaine d'années — Erza, avait elle dit ? — et d'un autre garçon, plus jeune.

Tous s'exclamaient. Et ce fut leur tumulte qui me réveilla.
Mère, enfants, grand-mère, tous parlaient dans une cacophonie sourde à ma souffrance. La mère s'énervait. Les enfants s'interrogeaient. La vieille me proposa du thé. Ne comprenaient-ils donc pas ?
Je m'en foutais. Je m'en foutais si complètement que j'hésitai à me saisir de la tasse en porcelaine brûlante qu'on me tendit, afin de la projeter, avec violence, sur ce visage à peine nerveux, à peine troublé, qui provoquait en moi un orage absolu. Le mépris que j'éprouvais à son égard s'était insidieusement changé en rage, alors que je m'étais persuadée que cela n'arriverait pas. Catastrophe.

Je ne pouvais plus attendre. Cela ne pouvait plus durer. Sans prendre garde des imprécations de la "famille", je demandai, d'une voix basse, grave, vibrante d'émotions mal contenues :

« Tu as quelque chose à me dire, je crois ? »

Les premiers mots que je prononçais depuis mon arrivée. À l'intention d'une seule personne, qui gardait les yeux résolument baissés à présent que je retrouvais la parole.
Ce n'était pas une question. Mais je souhaitais une réponse. Il ne semblait pas pressé. Déglutissant à l'infini, j'apercevais sur ses traits son état d'anxiété. Compulsivement agité, il ne parlait pas, mais son tumulte intérieur transparaissait à l'extérieur.

Dans le Silence.

Tout le monde s'était tu — réellement cette fois-ci —, nul bruit ne perçait par dessus le sifflement du vent, au dehors.

@Erza McGowan, désolée pour ce retard ; du moi s'il y a un souci <3
Dernière modification par Felicia Luke le 12 mai 2021, 09:51, modifié 1 fois.

évanaissance

10 avr. 2021, 19:23
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
Le Silence règne ...
Le bruit du vent frais claquant sur les portes accentuait la colère de l'Autre. Felicia. Elle a ouvert la bouche. Seulement quelques mots. Quelques mots qu'elle lui a craché au visage. Pourquoi ? Tu ne comprend plus rien, ton esprit s' embrouille, malgré le visage de ton père, qui est plus qu'anormal. Une pensée te viens à l'esprit :

Pourquoi Felicia est-elle là ? Qui l'a réellement invitée ! ?


Tu te croirais dans un film à suspense. Dans ton esprit, ce n'est que confusion. Le silence règne. T'es yeux, ainsi que ceux des Autres sont rivés sur lui. Ton père. Chacun attend qu'il réponde. Personne ne sait ce qu'il y a . Y a-t-il seulement quelque chose ?

-Felicia ...

Sa voix n'est qu'un murmure bredouillant, comme s' il n'était qu'une flamme menaçant de s' éteindre d'un moment à l'autre.

Continue Papa. Je te hais. Mais je veux savoir ce qu'il se passe. Dis-moi. Dis-nous !


Ses yeux sont vides. Vidés. Il regarde au loin, mais il ne regarde rien. Tu ne l'as jamais vu comme ça. Qu'a-t-il fait ? Soudain, il ouvre la bouche :

-Felicia ..

Ah non, il ne va pas recommencer ses âneries là ! Tu ressembles a un enfant qui n'attend que la suite de son histoire du soir. Mais là, n'est-ce pas bien plus grave ? Va-t-il annoncer la mort de tout les humains ?

-Je suis désolé ... Tellement désolé ! Je t'ai abandonnée ! Je t'ai perdue ! Nous avons tant à rattraper ! Mon enfant ... Ma fille ...

Tu restes consternée. Que veut-il dire bordel ! Que signifie ces paroles jetées au beau milieu de la pièce ? ! Qu'a-t-il à voir avec Felicia !

-Alexander ! Que se passe-t-il ! Quand vas-tu nous expliquer ce qu'il se passe dans ta tête ! Dans ta tête de sale moldu !

Oh. Mon. Dieu. Ça lui a échappé. Qu'a-t-elle fait ! Plutôt qu'a-t-elle dit ! Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! Nonnonononononon ! Je ne veux pas que ma famille explose comme ça !

Une larme coule sur ta joue. Pourquoi es-tu si triste ? Tu n'as jamais aimé ton père. Et ta mère, c'est ... compliqué. Mariana sort. Nononononon ! C'est la seule présence réconfortante dans cette pièce, et elle s' en va ! Une seconde larme descend le long de ta joue déjà mouillée. Tu tentes de te lever, mais une force invisible t'en empêche. Tu lances un regard implorant vers ton frère. Il croise ton regard, mais ce n'est que de la pitié. Tu pleures encore. Depuis cet été fatidique, ce n'est plus le même. À cause d'Anaïs. À cause de Scary. Elle t'on volé ton frère. Pour toujours ?

-Bordel qu'a tu fais bon dieu ! Dis moi ! Crache le morceau ! Qu'à ! Tu ! Fais !

La rage t'emprisonne. De nouveau les larmes coulent. Mais pour une fois, tu n'as pas envie de les cacher. Ou plutôt tu n'en a pas la force. Plus la force.

-Ariana ... Tu te rappelles en Mai ? Mon voyage d'affaires. Pour faire découvrir mes pâtisseries à Glasgow. J'ai rencontré une femme. Helena. Helena Luke. C'est la mère de Felicia .

Il parle avec un calme olympiens. Pas besoin d'en dire plus, pour que tu comprennes. Ainsi qu'Ariana et Fred. Comment a-t-il pu faire ça. Ce n'est même pas une question que tu te poses. Felicia est ta demi-sœur. Et la demi-sœur de Fred. C'est tout. Les larmes se sont arrêtées. Place à l'inexpression la plus totale. Tu n'éprouves pas de la colère. Ni du dégoût, pour cet homme. Pour toi, il n'est plus qu'un homme. Un inconnu. Un moldu parmis tant d'autres moldus ...

Ta mère, elle, c'est différent. Bien qu'elle n'ai jamais aimé ton père, elle est choquée. Choquée est-ce le bon mot ? Non, elle est plus que choquée. Tu n'as simplement pas de mot pour la décrire.
@Felicia Luke <3
Désolé pour le retard :wry:
Dernière modification par Erza McGowan le 20 oct. 2021, 18:50, modifié 1 fois.

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3

16 juin 2021, 18:52
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
Dans le Temps.

Il se fout de moi. Voilà les premiers mots qui me traversent l'esprit, les premiers qui me blessent aujourd'hui. Il se fout de moi. Il se fout de moi. Il se fout de nous. D'eux, aussi.
Je ne peux empêcher ces syllabes entrecoupées d'incompréhension de s'imposer à moi, de se réciter en boucle, en une ronde lancinante tandis que vrillent mes tympans. Vrille mon cerveau. Tout éclate, tout ne se retient qu'à un infime fil de raison qui surnage dans ma conscience dévastée. Un infime fil sur lequel je progresse — j'y ai toujours marché finalement, aveugle dans les cieux. Dans le vide. Mais le vertige était trop fort, alors ce n'est qu'aujourd'hui que j'ouvre les yeux.
Autour de moi, plus rien. Plus d'étoiles. Plus de lumière ; un noir absolu. Seulement des voix, des éclats de voix disloqués, défaits de leur sens, brisés de leur coquille, des cris purs et à la fois si sombres, si confus, si brumeux. Je m'y raccroche pourtant. Le blizzard recouvre tout. *J'veux hurler* Ce n'est pas supportable. C'est insupportable. Je ne survivrai pas à aujourd'hui, je le sais. Je m'accroche à du brouillard, et le vent file entre mes doigts, me pousse sur le fil tandis que je vacille.
Telle une funambule à la rupture de l'équilibre.

il y a des paroles
que l'on ne peut prononcer
sur les lignes tendues de nos vies
elles montent et descendent
comme des saltimbanques
des somnambules
qui tombent
quand on les appelle


Ces fragments se détachent, quelque part dans ma mémoire.


Et pourtant ça n'a jamais été aussi limpide, aussi clair. Le voile qui recouvrait ma perception s'est doucement soulevé, et m'assaillent tous les sens que je n'avais pas discernés jusqu'ici.
Je suis vide de mots à l'état de parole. Tout se perd, et tout se retrouve en moi ; juste à cause de ses paroles. Je ne le connais même pas, bordel ! Pourquoi bouscule-t-il tout ainsi ?
Je lui en veux. Je le vomis. Je ne vais pas résister.
La brume s'estompe ; mon regard s'éclaire ; tout est flou pourtant, et alors je comprends : je tremble, tout mon corps tremble, brûlant, vivant mais pas de lui, vibrant comme s'il souhaitait s'échapper. Je devine tout de même son image ; et alors je sais ce que HAÏR signifie. Je l'abhorre, je le hais de toute mon âme et plus encore ; quant aux autres, sa soi-disant famille, je n'ai que pitié à leur égard. Il les a détruit de l'intérieur.
Bordel, que je le hais.

Et ses mots. Ses mots, ils me percutent, me défont, me refoulent aux tréfonds de moi, ils sont mensonges nés de sa bouche de menteur, de lâche, de fourbe ; ils deviennent maux. Ces maux-tus qu'il n'avait jamais dû prononcer. Comment fait-il ?
Comment ose-t-il, avec sa voix mielleuse et faussement désolée mais — putain ! Comment ose-t-il balayer tout ce Mal, tout ce qu'il est, en un mot et un sourire.
Il se fout de moi. Bordel, ce n'est pas possible, je dois parler ou sinon je vais le tuer.
Comment ose-t-il ? Comment ose-t-il ?

Comment oses-tu ?

Le cri a jailli de mes lèvres comme du plus profond de mes entrailles. J'ai hurlé avec ma rage ; ma haine viscérale pour cet homme. Comme cela me soulage de le dire à haute voix, de lui jeter ma pensée, mon émotion en pleine face ! Ah, le semblant de vide qui m'avait accablé lorsque je l'ai aperçu a été englouti. Je suis au bord de l'explosion. Alors je continue.
Je ne me tairai pas. Je le ferai taire. Et les autres aussi, ceux qui ont eu leur vie entière pour lui parler et qui ne se réveillent que maintenant, à lui gueuler dessus alors que c'est à Moi que revient ce Droit de parole.

Comment oses-tu dire ça ? Tu te fous de moi ? T'es complètement taré, en fait. Amnésique. Tu m'as abandonnée.
Je me désemplis au fil des mots, me calme pour retrouver un ton froid, glacial, distant. Mais je bouillonne toujours, sous la surface.

Tu l'as abandonnée. Ma mère ! Et tu crois que j'vais t'pardonner ! Mais tu t'prends pour qui ?

La réponse est évidente. Il n'a sans doute jamais compris que tout était de sa faute, avec ses trois neurones de Moldu . Il est persuadé de n'être qu'une victime du destin, je le parie. Victime de lui-même, il est son propre bourreau —

Tu n'es RIEN pour moi, t'entends ?

Non, visiblement non. Il est livide ; je m'en balance complètement.

Rien. T'es pas mon père, t'es personne ! Essaie même pas de m'approcher. Ne me parle plus jamais. J'te hais, d'accord ? J'te hais !

Les autres ont fait silence, encore une fois. Les pauvres, ils doivent être paumés. Je jette un dernier regard à ma belle famille, d'un œil sarcastique sur la gamine en pleurs et sa mère décomposée ; quelle empathie pourrais-je avoir à cet instant ?
Puis je fais demi-tour. Je traverse la pièce en courant.
— Plus un mot. —
La porte d'entrée claque derrière moi.
Tremblement dans le Silence.

Je devrais m'écrouler au sol, contre le premier mur que je trouve à ma portée, je crois, vu l'état de nerfs dans lequel je suis. A vif. A nu. Si on me frôle, je me consume. Alors je cours, je m'enfuis jusqu'aux confins du parc de leur manoir. Je trouve refuge sous de grands sycomores ; je n'ai pas le loisir d'observer la Beauté de l'endroit.
Enfin, je me laisse tomber au sol, mon dos courbé contre un tronc sombre.
Je me recroqueville sur moi-même.

Une poignée de secondes se suspend ainsi ; entre temps et éternité.
Puis soudain, le cri d'un corbeau retentit, loin au dessus de moi. Je me demande un instant quel est son sens. Et j'éclate — en sanglots.

Plume d'@Erza McGowan, pardonne moi pour ce retard <3
Si tu savais comme cet écrit est venu simplement !
Navrée pour l'usage certain de mots pas très jolis ici, mais la situation permettra de passer l'éponge dessus, je suppose :cute:

De plus, le poème cité est issu d'un très beau recueil d'une certaine A.K.

évanaissance

23 juin 2021, 14:39
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
Écosse | Février | Tristesse infinie ...


Comment a-t-il pu ? Seul ces mots résonnent dans ta tête. Tu ne comprends plus rien et tune cherches plus à comprendre. Ton esprit n'est que brume, une brume dense. Il ne reste que la question. Tu voudra hurler, sortir te jeter dans la piscine comme cet été, ou encore partir. Partir pour toujours, vivre dans les forêts, gravir des montagnes, te baigner dans les ruisseau, et finir ta vie en haut d'une falaise. Felicia l'a fait pour toi : Crier. Mais ce n'est pas assez, il mérite encore moins que ça.

- Comment t'as pu nous faire ça ! À tous ! Je... Je te hais ...


Il ne peut pas gagner son jeu. Tu n'es pas empathique, mais là c'est différent de l'empathie. Comment aurais-tu pu survivre sans une famille complète, même si tu ne l'aime pas ? Tu n'aurais pas pu. Tu jettes une regard à Fred mais il ne te regarde même pas. Il reste impassible, comme toujours ... *Arrête ça Fred ! Redeviens comme avant s' il te plait !* Tu voudrais te dire que tu t'en fous de ton père, et de ce qu'il a fait, mais c'est faux. Tu es reliée à lui, bien que tu ne le veuilles pas. Les liens familiaux. Presque inexistant pourtant présent. J'le hais. Tu te tournes vers Felicia. Elle semble défaite. Mortifiée. Écroulée. Il n'y a plus rien d'humain chez elle. C'est elle qui a tout pris. Elle a vécu sans père. Toujours, avec une mère qui n'est peut-être pas aimante. *Les mères sont toutes comme ça de toute façon ... * Et des années après, elle le voit à nouveau. Mais ce n'est plus un père qu'elle a, c'est un monstre ignoble. Un moldu en somme. *Sale moldu !*

Tu la vois sortir. Alors tu la suis. Tout d'abord discrètement, pour ne pas être vue, au cas où elle ai besoin de rester seule. Soudainement, elle se met à pleurer. De grosses larmes coulent alors sur les joues de l'autre. Mais tu n'y peut rien. Tu n'ai pas gentille, ni aimable, tu ne sais que détester aussi. Le détester. Encore plus qu'avant. La situation est simplement catastrophique. *Une famille au bord de l'implosion totale, des secrets révélés, des personnages tous haïssables, on est dans un film.* Un film cauchemardesque. Pourquoi a-t-il fait ça ? Tu voudrais te jeter dans les bras de Fred, le supplier de te soutenir, mais il ne te regarde pas. Il est incapable de réagir, son visage est dur, ferme, mais aussi défait et à bout. *Reviens Fred ... Ou plutôt Redeviens Fred ...* Ce sont des supplications que tu fais chaque jour. Tu aimerais qu'il les entendent ... Pour qu'enfin il y disent ce qu'il se passe, ce qu'il lui arrive ...

Tu voudrais agir. Agir sur tout, sur Fred, sur ta mère, sur ton père, et sur Felicia. *Concentres-toi sur Felicia, c'est la seule personne que tu peux aider.* Ou pas. Mais il faut essayer. Pour une fois ...

Tu te lèves. Tu t'avances vers elle, et tu t'accroupi à ses côtés.

- Felicia. Relève toi. Tu n'es pas faible, tu dois te relever. Montrons lui ce qu'il nous a fait. Renversons la tendance, il n'est rien, et nous sommes tout. Relève toi.


Ce ne sont pas que des paroles en l'air. Tu ne souhaites qu'une chose : vengeance. Contre lui. Lui et tout ses semblables. Tout les autres qui ont fait comme lui. Tu prend la main de Felicia, et tu la soulève. Elle doit se relever. Mais tu ne peux la porter, tu es trop faible. *Comme toujours ...*

|Ne laissons pas nos chaînes nous entraver plus. Soulevons nous contre le mal|


*Mais si le mal c'est moi*.

|PDV de Fred|


Une seule pensée : *Mais que fait-elle ?*
On se croirai dans le berceau d'une révolution ... Il le sait. Lui aussi le hait, ce père qui n'en est pas un. Ce n'est pour lui qu'un homme pareil à tant d'autres moldus. Fred est déçu que Mariana soit partie. Elle apportait comme une présence réconfortante à la pièce si froide ...

Il se lève alors. Il ne sait pas vraiment ce qu'il fait, mais tant pis. Une gifle. Destinée à Alexander. *Aucun regret*
Fred bouillonne. La fureur qui émane de lui se propage petit à petit dans tout son être. Il le sait, il vient de se donner en spectacle devant sa sœur, sa mère et une inconnue. Une inconnue de demi-sœur. Mais il n'a pas envie de la connaître. Qu'importe comment elle est, il ne veut pas la voir. Il ne souhaite pas lui parler. Il voudrait ne jamais l'avoir rencontrée.

@Felicia Luke <3
Ton post m'a inspirée, tant il est magnifique. Notre Rp me plait de plus en plus, merci pour tes mots :cute:

Le poème est magnifique <3

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3

19 oct. 2021, 18:42
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
TW : souffrance mentale, pensées sombres, dés-
espoir



« Souffrir. On pourrait croire que c'est un synonyme d'endurer mais ce n'est pas exactement ça. »
– e. lockhart


xxx


Instabilité ; un Fragment se détache du Tout avant, lentement, de sombrer dans la nuit noire de l'oubli.

Le monde tangue. Je suis plongée dans une nuit sans fin, une nuit sans lune, une nuit sans rien. Je me déverse dans un insensible néant où chacune des infimes particules composantes de mon être s'éparpillent sans bruit. Je ne ressens plus rien *encore une fois*. Seulement le vide qui me berce, qui m'entoure, qui m'isole. Je ne sais plus ce qui m'arrive. Pourtant des bribes de souvenirs me parviennent par échos, parfois, des filaments de mémoire que je tente de saisir au vol tandis qu'ils caressent ma conscience, me pressant de quitter la clarté brumeuse de mon esprit. Léthargie. Les secondes s'égrènent sans que je ne bouge, sans que l'état présent ne varie, même si, finalement, les éclats du passé s'enfuient dans l'obscurité sans fond ; ils m'abandonnent, seule en proie à toutes sortes de monstres pour rejoindre une autre éternité. Mes démons n'existent pas, non. Pas encore mais je les sens reprendre la place qui leur est due dans mon cerveau, logée au cœur de tout ; je devine leur éveil, au fur et à mesure que d'autres ressentis m'assaillent, tiraillent ma volonté afin de la pousser à l'acte.
J'ai l'impression que je connais cela, que la scène qui se joue à présent s'est déjà déroulée ailleurs ; ce lieu si éloigné de la vie que j'habite maintenant, ce refuge de la réalité, je le connais. Rien n'est important, ici, et je peux me perdre dans l'oubli accompagnée par mes vagues chimères, bien plus heureuse que si j'osais seulement jeter un œil au dehors.
Les certitudes que j'ai sont chamboulées, ici, désordonnées, battant des Ailes comme pour s'envoler, pour me voler ma raison et me saisir entre leurs griffes tandis qu'elle me tireront hors de ces abysses, vers tout ce que je fuis.

Je ne sais plus qui je suis.

Ma tête part en éclats, je m'effondre sous la douleur. La douleur mentale, qui prend Toute la Place, qui me rejoint à présent, qui englobe tout, dévore tout, tout, tout pour ne laisser qu'un esprit dévasté, un spectre de lueurs déchirées, incapable de penser. La douleur qui se répercute violemment sur le corps, qui me semble si loin, si loin que j'ai du mal à m'en rappeler.
Me rappeler que j'ai mal.
Mes nerfs m'imposent leurs ressentis, ils court-circuitent mes membres pour m'édicter la souffrance, et je sens bien que, quelque part, mes tempes me lancent, le sang pulse plus fort et plus vite dans mes veines depuis que je ne crois plus en mon existence propre, comme un instinctif désir de survie. Crescendo, la douleur du Physique me rattrape jusqu'ici, jusque dans ce havre nébuleux, ce recoin de néant, ce repli de mon inconscient que je souhaite envahir jusqu'à la mort.
La douleur m'épouse dans une étreinte fatale et me rappelle pourquoi. Pourquoi je suis ici parce que le mal dans ma tête est trop violent, parce que son tumulte m'empêche de respirer, de survivre à la marée que j'ai moi-même déclenché. Le mal dans ma tête pourrait me tuer, peut-être, et pour cela je m'enfuis jusqu'aux tréfonds de mon esprit, à la frontière de l'Absence. Mais la vérité est trop puissante pour contrecarrer mes illusions, alors tout rejaillit, d'un seul coup, parce que les digues qui retenaient le flux cruel ont cédé.
Des mots, des cris, des torrents d'émotions simultanées et brûlantes me percutent ; le choc des retrouvailles me glace. Je vacille ; je suis entière, mais trop pleine de choses dangereuses qui me feront sombrer plus loin que je n'ai jamais été – si elles ne débordent pas. Car je n'ai pas libéré tout ce que j'avais emprisonné au creux de ma poitrine, je m'en rends compte.
Je n'ai pas tout hurlé, loin de là.

J'ai la vague impression d'être perdue par l'abandon. Il me manque quelque chose sans que je ne puisse déterminer de quoi il s'agit.

xxx


Étrangement, c'est la douleur qui me tire jusqu'au monde réel, car c'est elle qui me rattache à cette terre, léger filin sur lequel j'évolue depuis toujours. Elle m'enlace, me lasse, m'ancre au présent, dernière des preuves de ma simple existence. Elle me cueille dans ses bras et je m'y love.
Je m'abandonne à cette sombre compagne, longtemps. Consciente de tout, désireuse de rien ; ma volonté propre est anéantie.
– Apathie. Je perçois le souffle du temps qui passe, je devine, au delà de mes frontières, l'herbe, le ciel, la pluie.
Mais je me suis tue. Pour toujours, ou un instant ; je ne sais. Mais une voix me tire, à nouveau, de ma triste évasion ; une voix qui parvient faiblement à l'orée de ma camisole malheureuse, un filet ténu que j'entends sans prendre la peine d'écouter, mais qui me prend au piège entre ses mailles. Captive du son, je suis soumise à l'audition de *la fille*. Mais à quoi bon cela ? Les mots n'ont pas de sens, et le silence parle mieux. Alors je laisse la gamine cracher ses paroles sans y accorder d'attention. Je veux seulement rester. Rester dans Moi, ou dans ce moi qui n'est pas tout à fait Moi, un peu décalé, désorienté par la souffrance et abruti par les mauvais traitements ; demeurer dans mon entre-deux irrationnel, m'y enfoncer encore davantage ; je me dis que je le peux. Je peux choisir de me briser de moi-même, de laisser les fragments se perdre indéfiniment et Rester. Je peux aussi me relever et soigner mes entailles, prendre soin du fragile, de l'instable équilibre qui me maintient en vie. Partir ou Rester ; tel est le dilemme. Rester ou partir. Rester au fond de l'abîme, tendre mes bras à l'Horizon pour fuir ou rester autrement, quitter mon propre carcan et partir affronter le Maintenant.
N'est-ce pas ridicule, d'hésiter ainsi ? N'est-ce pas risible, de jouer sa vie de cette manière ? L'hilarité me monte aux lèvres, doucement, sans que je ne puisse contenir ces jolies notes vibrantes qui s'échappent dans le vent, comme un fin soupir. Ce son indépendant de ma volonté me retrouve. J'ouvre enfin les yeux, happée dans ce monde, j'ouvre les yeux sur le bois qui m'entoure, et sur ma moche situation.
Des larmes dévalent encore mes joues, creusent des sillons sur ma peau – la brise ne les a pas statufiées.
Une fille me fait face. Elle me regarde d'un air inquiet. Je la regarde, mais mes yeux flottent encore sur les plaines erratiques de mes songes dénaturés.
Je ne détaille pas son apparence derrière le filigrane de mes pensées ; je crois me souvenir que je l'ai déjà aperçue. Je me remémore seulement, à sa vue, les paroles que j'ai perçues depuis ma brumeuse conscience, ma silencieuse souffrance. Elle est l'enfant de mon père, je le réalise. Et elle veut se venger.

Elle veut se venger ? Subtilement, cette idée me pousse à lever vraiment la tête pour la dévisager, longuement. Elle n'est en rien comparable à moi, en apparence ; tout diffère entre nos deux corps – elle veut se venger – : cela m'est presque impossible de m'imaginer que c'est la moitié de notre ADN que nous partageons, et pourtant nous voici tels deux Versants d'une même Montagne. Une montagne très sombre, et *étouffante*, au sommet de laquelle je veux parvenir pour retrouver mon oxygène, ma propre liberté.
J'ai l'esprit lucide à l'extrême, maintenant. Je suis debout dans un état de conscience limpide – presque aveuglante après l'Obscurité –, chacun de mes sens exacerbé par une attention brûlante. Ce Jour me trimballe d'un Pôle à l'autre de mes émotions ; je suis bousculée sans cesse par des ivresses délétères qui rongent mon cerveau. Pour l'instant au moins, j'ai retrouvé tout ma tête, chose plus qu'avantageuse pour analyser et comprendre les intentions de la gamine qui me fait face.
Je ne peux plus m'attarder sur la douleur, je ne *veux* plus ; le bordel de mes pensées s'abandonne en vrac dans mon cerveau, en attendant le Temps où je pourrais y faire le tri ; je m’assois sur la souffrance, peu importe le mal de chien que j'en ressens, jusqu'au fond de mes entrailles. Tant pis.

Je reviens à *l'autre*. Refusant de prendre en compte son statut de demi-sœur vis à vis de moi – l'oubli est le meilleur des remèdes –, je l'observe avec curiosité. Cheveux châtains et yeux clairs, elle est embellie par son physique ; cependant je me moque éperdument de cette surface nimbée de leurres ; la Profondeur serait bien plus intéressante. C'est pourquoi je me retrouve à songer à ses mots, ces mots rouges qui ont soif de sang, eux qui rêvent de plus de violence, encore. Je comprends ce qu'elle me dit. Je saisis le sens de ses paroles ; j'arrive même à percevoir ce qu'elle peut ressentir elle, de tous les mensonges qui lui ont été infligés.
Un élément au moins nous relie : c'est la colère. Une rage folle, qui agite mon cœur de soubresauts tumultueux dés que j'énonce son nom – ô fureur ! La colère coule dans mes veines, et selon ma s–*chut* selon l'autre cela suffirait à faire de nous des alliées.

Mais elle a tort. La colère a beau bouillonner en moi, me faire écumer de désespoir, je ne veux plus m'en servir. Je suis lassée, je suis déçue. Je suis blessée, et je préfère garder le mal en mon sein plutôt que de le laisser s'échapper en rouvrant des plaies à peine cicatrisées.

Je l'écoute, pourtant. Je me relève, et d'une poussée sur mes talons je me retrouve à sa hauteur, et je la fixe dans les yeux, profondément. Comme si je voulais qu'elle puisse deviner, au fond de mon regard, le lieu noir jusqu'auquel j'ai voyagé.

Puis je parle. Enfin.

Non.

Ma voix est rauque ; le silence l'a cassée.

J'en ai rien à foutre de... Jamais je ne prononcerais son nom, son nom maudit. Jamais. Je ferai plus rien, il n'existe plus. Oui, je fais tout pour effacer de mon ton cette trace hésitante, cette marque de tremblement qui ne reflète qu'infiniment peu ce que je ressens vraiment.

Il est personne, et je compte prendre ma revanche sur la Vie elle-même plutôt que de bousculer son pauv' corps de... Pantin ? Moldu ? Infâme personnage ?
Aucun mot n'est suffisant pour décrire ce que je souhaite raconter. Aucun. Alors, encore une fois, je suis liée au silence. Et ma promesse, cette prétention ; ma vengeance que j'irai chercher, elle n'est qu'une bien maigre lueur pour contrebalancer tout ce que je renferme encore. Pour tout ce que je tais.

Mais toi, tu fais c'que tu veux. Qui serais-je pour lui dicter sa conduite ? Elle peut bien faire ce qu'elle souhaite ; cela ne me concernera en aucune façon. Parce que je compte bien quitter ce monde de cauchemar dés à Présent – pour ne plus jamais revenir.

Ma tête se porte vers l'extérieur ; je n'ai nullement besoin d'un guide pour retrouver mon chemin dans le Labyrinthe végétal que constitue le Parc du Manoir que mon *xxx* de père s'offrait tandis que ma mère luttait pour ne pas se faire avaler par le gouffre.
J'irai tout droit, et personne ne me barrera plus la route.

Mon corps se retourne d'un bloc et, sans un signe d'adieu, je m'en vais.

Plume, je suis sincèrement navrée pour cet effroyable retard.
Ma Protégée est dans un état plus qu'affreux, actuellement. Je te laisse avec Elles deux, pour tenter de ne pas trop les abîmer encore ?

évanaissance

20 oct. 2021, 16:41
 Écosse  Les liens du sang  ++ 
/03/2046 ● Manoir McGowan ● IIe Année


TW ● Suicide, Mort, Haine, Pensées Noires & Mots Familiers.


<< Mon nom est Erza Cassiopée Lucy Mariana Scarlett McGowan. Je crie Vengeance. >>


Je compte sur elle. Ais-je déjà compté sur quelqu'un ? Ais-je déjà espéré de quelqu'un ? Non. Non. Mais là, là c'est une situation désespérée, il n'y a pas de doute. Ma Vie est en train d'être foutue en l'air par un homme avec qui je partage du sang. *Les Liens du Sang*. Je crois que, même si nous sommes pendant les vacances du mois de Mars, j'ai envie de plonger dans la piscine. Encore.

Je frissonne légèrement. Les arbres sont dévêtus et le vent vient nous narguer en nous gelant sur place. Il fait cela, simplement pour aggraver notre peine. Nos émotions ont comme disparus, remplacées par une étrange léthargie à demi consciente. En tout cas, c'est ce que je ressens. Je me demande bien ce qu'elle pense, Elle.

Lui, il m'a *tuée*. À présent, je ne suis plus rien. Je n'ai jamais existé. Le Vent m'a emportée avec lui dans son Souffle destructeur. Je n'ai plus la force de résister. Pas *Seule*. Fred ne pourra jamais m'accompagner dans cette épreuve, c'est pour ça que j'ai besoin de Felicia.

On me croit *forte* mais je ne le suis pas.
On me croit *insensible* mais je ne le suis pas.
On ne me *croit* pas alors je hurle.
On me *déteste* alors je pleure.
On *m'abandonne* alors je meurs.

Est-ce seulement ça m'a Vie ? Non, cela ne se peut pas. Je ne le *veux* pas ! Je veux pouvoir être aimée, comprise, crue, au lieu de ça c'est tout l'inverse. La Haine, la Faiblesse et l'Abandon sont constamment dans mon Ombre, ils conspirent. Ils sont là pour m'empêcher de Vivre. Elle lève *enfin* les Yeux vers moi, comme si elle voulait enfin m'accorder un peu d'attention. *Elle c'est Moi. Moi c'est Elle*. Je ne suis pas prête. Pas encore. Et je ne le serais jamais. Pourtant, j'ai *besoin* de me sentir *proche* d'elle. *Enfin* elle se lève. Face à moi, il y a l'Autre. Nous nous fixons dans les yeux, et je cherche pour ma part à pénétrer. Nous sommes *Inconnues* et pourtant nous sommes liées depuis toujours. *Non*. Quoi ? Il faut qu'elle répète, j'ai mal entendu. Elle poursuit sans se préoccuper de ma consternation, qui n'est pas visible sur mon Visage. Elle veut pas s' en prendre à lui, juste à Elle. Que croit-elle ? Qu'on touche à la Vie comme ça ? Je suis Perdue. Il faut que je réponde à Ça ? Je ne peux rien dire. *Contente-toi de penser !* Il faut que je la *raisonne*. Elle ne *peut pas* faire ça. Notre Père n'a toujours souhaité que ça. Jamais je n'ai autant haï les moldus qu'à présent. Pas *les moldus*, mais lui, lui, le Moldu. À présent, c'est certain, ils sont tous comme lui. Je les haient. Quelle Folie !

Je ne l'entends plus. Je ne peux pas dire que j'ai beaucoup entendu sa Voix, mais son Souffle, et sa présence si. Où est-elle. *Volatilisée*. J'aperçois une Ombre sur le sentier de graviers. Elle. Qu'est-ce qu'elle fout ? Pourquoi est-ce que je me retrouve avec tout cette *xxxxx* à gérer ? J'en ai marre. Fred sort alors en trombe du Manoir. *Bordel te rajoute pas !* Que font-ils à l'intérieur, les trois Autres ? L'aura qui émane de Fred ne laisse rien augurer de bon. Qu'a-t-il encore fait ? J'ai de plus en plus envie de repartir dans la piscine... Cette Eau qui me plait tant... Il me dépasse, et se dirige vers Elle, vers Felicia. Je tremble. Il va tout foutre en l'air ce qui est déjà détruit. *Détruire la Destruction*. Comment compte-t-il s' y prendre bordel ?

|Point de Vue de Fred|


Je fonce. Je ne *peux* plus les voir, tous autant qu'ils sont. Il faut que je lui parle, à Elle, et seulement à Elle. Je marche d'un pas rapide, et l'air me percute dès que j'ai claqué bruyamment la porte. *M'en fout*. Arrivé à sa hauteur, et je l'attrape fermement par l'épaule, la forçant à se retourner. Je n'ai en rien maîtrisé ma force, si bien que j'exerce une pression sur son épaule. Je plante mon Regard dans le sien.

- Fais pas d'merde. Si tu pars, tu vas traîner avec toi tout ce foutoir. Alors jamais ils va t'lâcher. Jamais il va s'arrêter. Tu veux pas l'battre lui si tu pars de cette manière tu vas que récolter la Mort. Elle attend qu'les trucs comme ça s' passent, puis elle nous emmène. Fais pas d'merde.

Mon regard est glaciale, pourtant, je ne fait que la prévenir. Moi non plus je ne veux pas d'ennuis. Surtout pas à cause de cette fille qui prêtent avoir mon Sang en elle.

|Point de Vue d'Ariana|


Sa Voix s'est éteinte. Brisée. Elle n'est plus rien. Cela fait longtemps que cela ne va plus bien entre eux, mais là, c'est au dessus de ce qu'elle a jamais imaginé. Au dessus de ce qu'elle peut supporter. Elle a le Regard vague. Elle a le Regard dans le vague. Fred vient pourtant de le gifler, elle aurait du réagir ? Mariana s' en est allée, elle ne veut sûrement pas être mêlée à ça. En même temps, qui souhaite être mêlé à ça ? C'est donc à elle, à elle seule de prendre une décision. A-t-elle seulement une idée ? non. Elle ne souhaite que s'en débarrasser. Alors, lentement, elle se lève. *Lui*, il est toujour assis, pensif. Il lève alors à son tour les yeux vers elle. Sa femme.

- Ariana... J'peux... J'vais tout t'expliquer.

Elle ne semble même pas l'écouter. Elle lui attrape le col, et le force à se lever --- elle a plutôt de la force, bien que cela ne se voit pas --- et le fixe. Son Regard le transperce.

- J'en ai pas besoin de tes putains d'explications. J'ai déjà compris. Casses toi. TOUT DE SUITE ! Laisses mes enfants loin de toi bordel ! Casses toi !

Elle hurle. Elle le tire et le pousse vers la porte. Ah si Erza avait été là... Aurait-elle enfin pu comprendre sa mère ?

- Ariana... Qu'est-ce que tu fous ? ! Tu comprend pas... t'es rien sans moi...

Elle n'en à rien à faire. Elle ouvre la porte et le pousse dehors. Une larme coule lentement sur sa joue. Au loin, elle les voit. Tout les trois. Que disent-ils ? Peu importe. Sa larme est remplie de rage et de tristesse à la fois.

- M'en tout. Casses. Toi. IMMÉDIATEMENT !

Derniers Mots prononcés --- criés --- à son égard. Il ouvre la bouche, puis la referme sans Paroles. C'est la Fin. Il tourne les talons, et s' en va. Pas besoin de prendre ses affaires, puisqu'il sait qu'elle les lui enverra bientôt. Et puis, il espère que ce n'est qu'une crise passagère... Ariana a terminé. Elle se demande seulement si cela suffira à les sauver, eux, ses enfants. Elle le sait, elle n'a pas été une bonne mère. S' en veut-elle ? Oui. Comme chez chacun dans cette famille, sa fierté l'empêche de l'avouer. Elle le regarde s' en aller. Étonnement, un poids s' est libéré de son cœur, et part avec lui. Elle le fixe jusqu'à ce que le portail se soit fermé, puis s' en retourne chez elle. Jamais ? elle ne saura que, lorsqu'il est passé à côtés des trois Gamins, il leur a dit : << Vous en faites pas, j'reviendrai pour vous >>

|Retour à Erza|


Je suis Fred, tant j'ai peur qu'il fasse encore une conne***. Il attrape violement Felicia et lui crie (presque) des mises en gardes. *Bordel arrête !* Je bien me placer à côté d'eux, et lui hurle à mon tour :

- On se croit tous meilleurs les uns que les autres sans s' en rendre compte, arrêtons !

À ce moment-là, il passe à côté de nous, et nous parle. Je ne peux le supporter plus. Heureusement pour moi, il n'attend rien de nous, ne nous jette pas même un regard. Je n'en peux plus, mon Cœur va exploser, et mon Être avec lui. Je lance un regard implorant à Fred. Maintenant, il faut que je parle à Felicia. Sinon, je ne le ferais pas. J'ai des choses à lui dire.

- Tu ne peux pas partir comme ça, sur ce point Fred a raison. On s' connaît pas, mais j'veux pas que ma Vie partent complètement en Éclat, pour qu'il n'en reste rien. T'es pas la seule à vouloir Vivre. T'es pas la seule à lui en vouloir à lui, et à elle. Chacun a sa manière de procéder, mais on ne peut pas tous partir comme tu veux le faire. Partir, c'est just' repousser les problèmes plus loin, pour qu'ils reviennent plus fort après. C'est just' débile.

Depuis quand suis-je devenue thérapeute ? Enfin, surtout, depuis quand est-ce que je donne des conseils ? Je veux juste sauver ce qui peu encore l'être. J'veux recoller ce qui reste de mon ancienne vie, avant qu'il vienne tout foutre en l'air. Elle peut pas partir comme ça. Je l'en empêcherait tant que j'aurais pas pu sauver le Reste. Fred a écouté sans rien dire, il est resté pensif. Les Mots sont sensés nous libérer, mais moi, je crois que c'est plutôt le Silence qui nous aide. Le problème, c'est que, parfois, seuls les Mots sont capables d'aider. On a besoin d'eux. J'ai besoin d'eux. *Si Happy I Could Die*. Si elle part, il faudra que je me résolve à partir. Partir d'une autre manière, et pour toujours. Peut-être qu'elle compte aussi partir pour l'Éternité. La Vie ne m'aime pas, et j'ai parfois plus la force de le supporter. Je ne veux plus retourner là-bas. Plus jamais dans cet Enfer. A-t-il vraiment dit qu'il allait revenir ? *J'reviendrais pour vous*. Je mourrais avant. Jamais je ne le laisserai s' approcher de moi, ou de Fred. J'ai par foi l'impression d'être la Grande face à lui... On échange nos façons de faire... Je réfléchis avant d'agir quand lui fonce tête baissée dans l'Édifice, et menace de le faire s' écrouler. À l'inverse, par contre, il n'est jamais là quand c'est à mon tour de me perdre. J'attend qu'elle me réponde. Qu'elle nous réponde. Tout ne peux pas s' achever comme ça. C'est Impossible.

Plume, j'ai pris énormément de plaisir à écrire ce post.
Dis moi s' il y a quoi qu' ce soit qui ne te conviens pas.
Tu m'avais fait promettre de ne pas trop les abîmer encore...
Désolé de ne pas avoir pu faire mieux que ça...
Je suis toujours autant ravie de lire tes Mots.

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3

21 févr. 2022, 19:26
 Écosse  Les liens du sang  ++ 


Comme ce monde me parait froid, et sombre maintenant ! Je me suis extirpée des abysses de mon inconscient incendié pour retrouver une réalité dure, et froide comme le marbre ; violente. Tout m'agresse, tout me brise encore un peu plus. Je me dis un instant que je demanderai de l'aide à Maman pour recoller les fragments de mon être, quand je la reverrai ; elle qui est si douée pour réparer les gens et résoudre les énigmes saura alléger ma peine immense. Puis je me rappelle, dans un douloureux élancement de ma conscience, que cette mère que j'ai aimé n'est plus. Elle a disparu à présent ; en effaçant de ma vie la moitié de mon sang, elle a renoncé toute seule à mon amour. Elle m'a trahie par son silence, et jamais je ne pourrais lui offrir l'amnistie qu'elle attend ; son image, sa présence qui tissait mon cœur de tendresse s'est évanouie, pour ne plus y laisser qu'un gigantesque bloc de glace.

Je ne savais pas que ma poitrine pouvait recueillir une foule d'émotions si importante, si massives et vertigineuses que je me perds entre elles, étrangère à mon propre corps. Je ne savais pas que l'univers pouvait se brouiller devant mes yeux, non pas par les larmes, mais par un voile rouge de rage, de peur et de désespoir, et que sentir la houle des nuages, au-dessus de moi pouvait me donner le mal de mer. J'ai mal, si profondément et si entièrement que je me demande si un jour, auparavant, j'ai déjà été autre que cette souffrance pure.
Je m'habituerai, c'est certain. On s'habitue à tout, avec le temps. C'est la vie qui ouvre les plaies, et le temps les panse, pour qu'un jour elles ne deviennent plus que des tristes souvenirs cicatrisés. Mais aujourd'hui, j'ai mal, je ne sais plus où se trouve l'origine de mes tourments tant leur puissance semble émaner de tout, hissée à son paroxysme. L'Enfer est-il ici, dans l'air brûlant de tension que j'inhale involontairement, dans la pluie acide qui roule sur mon corps sans y pénétrer, dans l'herbe rêche qui enlace mes pas, comme pour les retenir, ou en moi, encore ? L'abîme englobe-t-elle tout ce que je vois, tout ce que je perçois ou tout ce que je suis ? Je n'ai pas de réponses, parce que les questions sont trop lointaines, trop confusément perceptibles pour que je m'en soucie. J'ai perdu goût à ces interrogations ; seule l'amertume de n'avoir jamais su poser les bonnes questions aux bonnes personnes demeure. Je veux fuir tout cela, je veux fuir, loin ce lieu, et peu importe si Éris me poursuit jusqu'au bout du monde, je me serais au moins éloignée du plus terrible des monstres de mon Tartare.

xxx


Je les entends, mais je ne les écoute pas, ces voix qui me tourmentent, encore. Je les vois, mais je ne leur lance pas même un regard, mes prunelles bouillonnantes de rage, mes paupières sanglotantes rivées vers le bas, ou l'infini ; je contemple quelque chose de bien plus grand qu'eux. Je devine leur présence, mais ne m'y attarde pas. Tout ce que je vois, c'est le portail noir du domaine qui perce l'horizon et vers lequel mes pas se dirigent, inexorablement. Tout ce que je sens, c'est mon cœur qui secoue ma poitrine, mes tempes encore brûlantes, mes nerfs encore à vif. Tout ce que je veux, c'est du silence, de l'espace et du temps, ces trois mots qui composent la symphonie de ma douce compagne noire, ma solitude ; à présent, elle marche à mes côtés, et me presse d'ignorer les voix qui rebondissent contre mes tympans, de briser les liens ensanglantés qui unissent nos corps, de quitter à jamais ce désert maudit, cet océan de ténèbres qui m'a engloutie avant de me recracher, en débris, sur la grève. Je veux partir, je veux me taire, je veux préserver le peu de moi qu'il me reste, mais je comprends maintenant.

Je vous comprends. Ces mots me calcinent la langue en pensée, mais ils sont nécessaires, et je les accepte. Je n'ai plus grand-chose à regretter maintenant ; qu'importent ces vaines vanités. Je vous comprends, ô vous deux, funambules qui vacillent en sentant la terre s'effriter sous vos pieds. Je comprends votre besoin viscéral de vengeance, je le conçois, je l'imagine, mais je ne peux pas le partager.
Vous pouvez en souffrir ; qu'importent nos choix, tout le monde en souffrira ; vous plus que moi, peut-être. On éprouve des montagnes d'émotions, tous, des torrents furieux et amers qui dévalent les plaines arides de nos cœurs, et ça ne s'arrête jamais, les plaies se pansent, mais ne disparaissent pas. C'est la vie, et seule la mort se trouve au bout du chemin, comme tu dis, Fred. Mais qui a dit que nos pas foulaient la même voie ?
Je ne me laisserai pas prendre par tes illusions miroitantes, je ne me laisserai pas faire, non ; nous devons nous battre, mais chacun avec nos armes.
Je ne me battrai pas à vos côtés.

Et il faut que je vous le dise.

Je rassemble me force, les parcelles éparses de toute le calme que je peux retrouver au fond de moi. Je vous regarde ; sans cesse, je passe de vous à moi, de votre douleur féroce à la mienne lancinante, de votre espoir étiolé au mien, calciné, qui ne s'uniront jamais, jamais. Sans cesse je vous regarde, et j'en reviens à moi.

Erza, Fred.
Fred, Erza.
Un miroir, deux reflets — je ne désigne pas la surface. Vous êtes égoïstes. Vous voulez me convaincre, et vous convaincre vous-mêmes, que ma présence ici est une évidence, que mon aide vous est due, que tout cela n'est qu'une histoire de logique, simplement parce que vous avez besoin de moi pour vous persuader que vous survivrez, au bout du compte. Que je vous suis redevable de la douleur qui vous a été causée, et que quelque chose de plus beau vous attend derrière la pluie, après l'orage.
Je suis égoïste, aussi ; je veux me couper de tout lien avec vous, parce que votre vue est un aiguillon qui s'enfonce dans ma chair ; je veux rentrer chez moi et m'enfermer. Enfermer à triple-tours cette journée dans le sombre revers de mes pensées, et en jeter la clé. Oublier ; fuir.
Je suis égoïste, et peut-être même pire que vous. Qui a tort, qui a raison, ici ? En vérité, je n'en sais foutrement rien, et ça n'a pas d'importance. L'essentiel, c'est que je dispose encore de ma volonté propre et de ma liberté de mouvement, ce qui signifie que je *'vais me barrer*, et que vous ne pouvez pas m'en empêcher. Ne croyez pas que je remporte la partie, cependant ; de ce jeu-ci, nul ne sort gagnant.

Je me retourne vers eux, et je prends la parole, enfin. Je la saisis au vol, au beau milieu du silence qui gronde comme le tonnerre.

Fred. Le prononcer me laisse une sensation désagréable sur le bout de la langue ; quelque chose qui ne devrait pas même exister. Une aberration, en quelque sorte. Toi, tu oses dire que je dois m'allier à vous. Tu prétends que vous abandonner va me briser, que ces foutus souvenirs rongeront la porte du placard dans lequel j'les cloîtrerai. Mais qui es-tu pour me *juger ?* Tu sais rien de moi, tu m'connais pas. Qui es-tu pour me raconter la morale de l'histoire, alors qui tu n'as même plus assez de certitudes pour contenir ton âme en place ? Perçois-tu réellement un quelconque fil invisible tendu entre nous, hormis celui, plein de nœuds, qui fait de moi le résultat de l'adultère de ton père ?

Une ombre passe à côté de nous, sur le chemin ; c'est une silhouette étrangère, lointaine. Elle parle, il me semble, elle promet de revenir, je crois. Mais je ne connais pas son nom ; je l'ai déjà oublié. Une ombre passe entre nous, et le feu qui me détruit prend encore un peu d'ampleur, au creux de moi.

Je reprends, un peu plus fort, pour couvrir le tonnerre qui gronde dans le silence.
C'est pas mon père, lui. Vous, vous l'avez accueilli, ou au moins subi toutes ces années ; il vous a choisi, ce qui fait de vous ses enfants ; il m'a reniée, ce qui fait de nous des inconnus. Sans mémoire, ni passé ; sans rien sur quoi s'appuyer. Sans rien qui pourrait me rattacher à vous. Des presque-inconnus, des créatures qui se reconnaissent vaguement au travers de l'eau trouble des années, au travers d'un voile écartelé par la haine et le désespoir. Tout lien qui aurait pu faire de nous une famille a été anéanti avant même ma naissance ; tu le comprends, ça ?

Je ne voulais pas crier. J'espère que je n'ai pas crié. Est-ce que j'ai crié, de colère, de douleur, d'amertume, d'incompréhension ?

Y'a plus rien à faire, maintenant. Je sais pas vous, mais moi je compte pas m'enliser dans ce *'tain de* passé. Pas la peine que vous inventiez des regrets que je pourrais éprouver, parce que mes choix m'appartiennent, et ne m'apportent pas de regrets.

Je fais mine de partir, puis je me retourne et me ravise ; je suis un peu perdue, comme un poisson auquel on aurait foutu des ailes.

Erza. Je dis son nom, et il me parait moins aberrant que l'autre. Je dis son nom, et j'ai soudain envie de lui parler. Je veux dire, lui parler vraiment. Laisser tomber ce manteau glacé qui noie ma voix, sans savoir pourquoi.
*T'inquiète pas*, j'aimerais lui dire. Le chaos ne s'estompera pas ; il a toujours été là, il embrasera toutes tes plaies à nu et tes cicatrices ; mais tu t'y habitueras. On s'habitue à tout, avec du temps.

Mais le doute de l'instant s'efface, et seule la connaissance du dilemme et de la douleur me tiennent à l'écart de l'amertume. Je me retourne, pour de bon cette fois-ci ; la chose est achevée.

Erza, Fred.
Fred, Erza.
Au fond, je le sais, on pourrait s'entendre, mais on ne s'accorde pas ; c'est peut-être le plus triste, encore, mais je n'éprouve plus rien qu'un vide immense dans la poitrine.

Chère Plume ! Tout d'abord, encore une foule de pardons pour ce retard incommensurable. C'est dur d'écrire cette Valse, et pourtant, c'est dur de la quitter aussi. Je crois bien que c'est vraiment fini, cette fois-ci.
Mais qui sait pour combien de temps ?

évanaissance

07 mars 2022, 07:36
 Écosse  Les liens du sang  ++ 


C'est fini. Je le sens, je le sais, Felicia ne fera jamais machine arrière. En temps normal, je devrais sourire, apprécier cette qualité — ou ce défaut ? — mais aujourd'hui c'est impossible. Impossible parce que je suis incapable de sourire. Comment sourire après ce qui s'est passé ? Comment Felicia peut-elle réagir comme elle réagit ? J'ai l'impression qu'elle est complètement l'inverse d'Aristid, le frère d'Hannah. Pour lui, seul le soleil peut briller. L'ombre n'est qu'un reflet que l'on peut balayer d'un revers de la main, à une condition : que l'on le veuille. Felicia baisse les bras. Tant pis pour elle, mais cela me met en rogne intérieurement. Comment peut-on à ce point tout laisser tomber. Aristid ne pourrait pas supporter Felicia, c'est certain. À la pensée de mon ami, mon visage s'assombrit. Cela me rappelle que je suis loin de lui, perdue sur l'île de Skye, ici à Shulista Croft. Mes yeux se perdent dans le décor. Le bruissement des feuilles dans les arbres. Le souffle du vent sur mon visage. Les fines gouttes de pluie qui se dépose ça-et-là. Les gravillons qui crisse sous nos pas. Le soleil qui joue à cache-cache avec les nuages. Tout cela m'englobe doucement, comme une protection au milieu de cette folie. Un répit qui peut s'achever à tout moment. M'emportant à nouveau dans le tourbillon des problèmes et de la discorde. Que font Maman et Mariana ? *Mariana doit être remontée dans sa chambre, loin de tout ça*. Je crois qu'au fond d'elle-même, elle n'ose pas regarder le danger en face. Elle préfère *faire comme si* en laissant les autres se battre à sa place. Je trouve ça lâche. Quel genre de famille sommes-nous à la fin ? *Vous êtes les secrets et le mensonge, mais au fond la vérité. Voilà ce que vous êtes*. Je ne comprend pas ce que cela signifie.

Tout à coup, j'ai froid. J'ai l'impression qu'un manteau de fraîcheur nous enveloppe, tous les trois. Je vois le portail, il n'est plus qu'à quelques mètres de nous, ce qui veut dire que Felicia l'atteindra sans problème si elle décide de partir. À cet instant même, je sens que rien ne pourra la retenir — du moins pas maintenant. Elle va partir, loin sûrement, longtemp peut-être, mais je le sens au plus profond de moi, elle reviendra. Pourquoi reviendrait-elle, alors que l'être qui nous relies est parti ? Je n'en sais rien, je sais juste que ce n'est pas la fin. Pas tout de suite. Combien de temps nous reste-t-il ? De la même manière, je n'en sais rien. *Un jour*, c'est tout ce que je sais. Je sens aussi que je ne dois pas me préoccuper tout de suite de ce moment. Que l'on se reçoit dans un mois ou dans dix ans ne doit pas m'importer. *C'est le présent auquel il faut penser*.

Soudain, la voix de Felicia remplie la bulle dans laquelle nous sommes. Je sens que ce n'est pas avec bonheur qu'elle prononce son prénom, à Fred. Est-ce du dégoût ou de l'indifférence ? Sûrement les deux. Je ne parvient pas à saisir sa voix. Que veut-elle dire au travers de ces dires ? Je ne comprend pas si elle s'énerve ou pas. *C'est parce qu'elle se cache envore derrière cette foutu barrière*. Je voudrais lui dire qu'un jour, peut-être bientôt, cette barrière cédera. Alors, ce n'est pas son placard qui déversera les démons, ce sera des centaines, des milliers de placards qui s' ouvriront d'un coup, et là, elle ne pourra lutter contre rien. Fred brise mes pensées en ouvrant la bouche. J'ai l'impression qu'il s' est calmé — ou peut-être juste qu'il se contient — ce qui est déjà mieux.

Felicia. Il marque une pause. Lui aussi, il veut lui montrer qu'il s' adresse à elle, à elle seule. — Tu sais quoi ? Fais comme tu veux. Tu l'as dit toi-même. J'te connais pas. Va-t-en, si c'est ce que tu veux. J'm'en fout. On aura essayé, au moins fait-il en s' adressant cette fois-ci à moi aussi. — La seule chose que je sais, c'est qu'on s' reverra.

Sur ces mots, il tourne les talons sous le ciel grondant, comme si l'humeur de Fred influait sur la météo. Tant pis pour la pluie, tant pis pour l'orage, tant pis pour le vent, je suis là, et je ne tomberai pas. Je peux encore tenir, un peu, beaucoup? au fond, peut importe puisque je tiens. Felicia n'en a pourtant pas tout à fait fini. *C'est pas mon père, lui*. J'ai l'impression de m'entendre. Je crois que c'est quelque chose que j'aurai pu dire, à l'instant. Sa voix est un peu trop forte pour me calmer. Le tonnerre gronde à nouveau, plus fort que la première fois. Les gouttes s'amplifient et dégoulinent le long de mon corps.

Je comprends. dis-je simplement. Je n'ai rien à ajouter de plus, pour l'instant.

Ses paroles me pénètrent et résonnent dans mon être comme le tonnerre sur Terre. Je n'ai pas envie de réfléchir à quoi lui répondre. Pas envie et je sais que, de toute façon ça ne m'aiderai pas. Je vais faire comme d'habitude, c'est à dire parler sans filtrer mes mots. Qu'importe ce que je pourrai bien dire.

Fred à raison en fait. Fais c'que tu veux. Mais y a un truc que tu dois accepter, peu importe ce que tu en penses. Fred et moi partageons ton sang. Tu partages mon sang, et celui de Fred.

Je sens qu'elle veut l'oublier. Sinon, pourquoi aurait-elle rappelé que mon père n'est qu'un inconnu pour elle. Fred et moi le savons bien. Il l'est pour nous tout autant. Peu importe comment il a abandonné Felicia et sa mère. Je m'en fiche. Je n'ai pas de remords à ça, puisque je ne les connais pas. Je dois juste accepter la vérité, parce que quoi qu'il arrive, elle doit triompher. *Erza*. C'est ce qu'elle vient de dire, je crois. Pendant un court Instant, je crois qu'elle veut me parler, mais si seulement c'était le cas, elle a décidé de raviser. Aucun son ne sort de ma bouche, mais je sais qu'elle peut actuellement lire son nom sur mes lèvres. *Felicia*. Rouge comme Julie. Puis elle s'en va. Sans un regard en arrière. Je fais claquer mes chaussures sur le sol, sous la pluie qui semble avoir lissé le paysage. Le tonnerre gronde encore, mais ce n'est plus qu'un fond. Il semble s' éloigner avec Felicia. La pluie ne s'arrête pas, mais radoucit la cadence. Tout en faisant marché arrière, je vois Maman, sur le perron, sous la pluie, sans parapluie, sans sortilège de protection, sans même un manteau de protection, *juste* son tailleur bleu marine. Fred a du rentrer à l'intérieur et s'enfermer dans sa chambre, puisque sa chambre est allumée. J'ai envie de faire pareil, mais avant de me jeter sur mon lit, mes écouteurs enfoncés sur mes oreilles, je vais aller sous l'eau, dans la douche. Je doute que cela suffise à évacuer mon passé — il est bien trop encré dans ma peau pour cela — mais peu importe. Cela me fera *du bien*.

J'achève de grimper les six marchés qui mènent à l'entrée, sans pouvoir éviter Maman, mais ce qu'elle fait me surprend d'autant plus. À peine suis-je sur la terrasse, qu'elle m'étreint solidement. Nos cheveux trempés se mêlent, nos corps se collent et je ne trouve rien de mieux à faire que de lui rendre son étreinte. Nous restons là, sous la pluie, sous ce ciel orageux, prêt à s' effondrer sur nous. Pourtant, nous sommes là, serrées l'une contre l'autre. Le Silence s'éprend de nous, et j'ai l'impression que cette étreinte est comme celle que j'ai eue avec Ivy. Aucune de nous ne lâche, et Maman me dit alors, d'une voix douce, dans le creu de l'oreille une parole.

Je te promet de changer Erza.

Ses bras se décollent de mon dos, et elle me prend simplement la main pour me guider à l'intérieur, comme si je découvrais le Manoir pour la première fois. *C'est ça Erza. Une nouvelle vie commence Erza*. Je tapote mes pieds sur le paillasson, et je me précipite vers les étages, pour rejoindre ma chambre, tandis que Maman s'en va vers les cuisines — sûrement pour vérifier que tout se passe bien en bas. C'est comme si rien n'avais changé. Nous sommes juste allées nous balader et la pluie nous a surprises. Pourtant tout à changé.

Je pousse la porte de ma chambre qui s'ouvre sur une grande pièce bien rangée, dans laquelle se trouve un grand lit double sous de grande fenêtre s' élevant vers le haut plafond. Une penderie gigantesque se trouve sur ma droite, tandis qu'une bureau est opposé au lit, séparé par un tapis. Au fond, une seconde porte donne sur une salle de bain. Je m'y précipite, attrapant rapidement des habits pour me changer, et je me glisse sous l'eau chaude. Je sens la saleté de cette journée s'évacuer peu à peu, tandis que la chaleur reprend possession de mon corps. Je coupe l'eau, et sors nue de la douche. Après m'être séchée puis m'être habillée, je suis prête pour la fin de mon plan. Je vais m'allonger sur mon lit, brancher mes écouteurs et me laisser porter par la musique, parce que c'est ce que je veux. Je m'allonge donc sur le matelas et je lance la musique, tombant au hasard sur Back to Black d'Amy Winehouse, une chanson que Lydia m'a conseillée il y a peu de temps. J'ai hâte de la retrouver.

— FIN —


Plume, merci pour cette Danse qui aura duré à la fois un an et une heure à peine ! J'ai hâte de voir la suite, même si je doute qu'elle soit aussi douce qu'un bisounours... mais, sait-on jamais :cute:
Prénom soulignés pour Au Fil des Mots

Patriote 2021 et 2022 • je déteste j'aime Mélo • Préfète inRP dès le 1er Septembre 2048 • Avatar modifié par Melody <3