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24 avr. 2021, 03:50
 Cardiff  La Rébellion d'Elian  SOLO 
PRESENTS DANS CE RP :


ELIAN KERNAC'H (personnage joué)
Vient d'avoir treize ans dans ce RP (avril 2044), il est en deuxième année d'études à l'école de sorcellerie Poudlard.



EVELYN KERNAC'H (père)
Sorcier de quarante-sept ans, il est trésorier dans une entreprise de fabrication de chaudrons.




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16th April, 2044
De retour à Cardiff pour les vacances de Pâques
En fin d'après-midi


Le temps était doux pour ce premier jour de vacances à Cardiff. La silhouette de son père, un grand sorcier à la barbe traînante, se découpait parmi les innombrables personnes présentes sur le quai de la gare. Il pouvait sûrement sentir que sa malle de voyage - traînée par sa grosse main sur le pavé - avait été préparée au dernier moment tant son contenant bringuebalait de gauche à droite dans un bruit atroce. A ses côtés, Elian essayait de garder la cadence en trottinant, il tenait contre lui une sorte de cage en verre dans lequel trônait un gros crapaud. La présence de l'animal n'arrivait pas à lui faire oublier le manque de ses amis. « Ta chambre a un peu changé depuis le passage de Beth, mais je te fais confiance pour la réaménager avec tes affaires, essaya d'amorcer le grand sorcier. J'ai pris soin de tes plantes pendant ton absence », ajouta-t-il rapidement en voyant l'expression de son visage. Son père le connaissait définitivement trop bien. Il savait qu'il avait éprouvé de l'agacement lorsqu'on l'avait forcé à céder sa chambre à Beth et son nouveau-né, l'affreux petit-fils de Sigmund.

Depuis leurs retrouvailles à la gare King's Cross, le garçon était resté silencieux, gardant en tête sa décision de s'éloigner un peu de l'emprise paternelle. Dans l'idée, il devait garder secret tout ce qu'il avait réalisé au château durant le dernier trimestre, et surtout ne pas dévoiler que la relation qu'il entretenait avec Solal Rosenberg n'avait jamais été aussi fusionnelle. Elian s'était ainsi rendu compte à quel point l'exercice était compliqué, tant son père savait s'y prendre pour le faire parler. « C'est tout de même vraiment dommage que Beth ne soit plus là... Elle aurait pu te garder et je n'aurais pas eu à devoir rappeler ta baby-sitter », déclara-t-il en tournant dans un cul-de-sac. D'un côté, Elian était rassuré d'être débarrassé de la présence de Beth mais, de l'autre, une colère sourde se réveilla au creux de son ventre. « Mes amis n'ont pas de baby-sitter », informa-t-il en essayant de contrôler son intonation. Son père le considéra un instant, s'arrêtant au pied de leur immeuble. Elian se stoppa à son tour quand il arriva à sa hauteur, légèrement inquiet.
« A chaque fois que tu reviens de l'école, tu redeviens insolent, conclut-il tout en le scannant avec sa paire d'yeux sombres.
— C'est pourtant vrai, je suis le seul parmi mes amis à devoir être gardé par une baby-sitter à mon âge », répondit Elian dont les joues devenaient pourpres.
A une autre époque, il n'aurait rien osé répondre. Il n'aurait même pas pu soutenir le regard accusateur de son père. Ce dernier lui tourna le dos sans rien dire, à son grand étonnement, et entra dans la cage du vieil immeuble en bloquant la porte pour qu'il passe à son tour. Elian le rejoignit, toujours interdit. Peut-être qu'il désirait reprendre cette discussion dans l'appartement ? Le garçon songea qu'il aurait préféré la finir rapidement, là, à l'extérieur.

Les Kernac'h entreprirent la montée jusqu'au dernier étage. Son père n'avait pas besoin d'ensorceler la malle pour faciliter son transport, il la portait sans aucune difficulté. Elian semblait remarquer pour la première fois à quelle point sa stature était impressionnante, lui avait du mal à progresser avec la cage de Solal entre les mains. Une fois rentré dans leur logement, Elian se précipita dans sa chambre. Il lui sembla y sentir immédiatement une odeur étrangère. Son père entra à sa suite pour y déposer son bagage. « Tout va bien bonhomme ? » Le garçon restait prostré au milieu de la pièce réorganisée. Il venait de prendre la mesure de la situation de plein fouet. Beth, l'affreux et Sigmund, définitivement partis. « Elian ? » Chaque objet manquant et chaque meuble déplacé rendaient ce changement plus concret. Il sentit une main forte sur son épaule. « Dès que la situation sera plus stable, on les invitera.
— D'accord... » murmura Elian, bien que ce dernier savait qu'il ferait tout pour éviter ce moment d'une façon ou d'une autre. Il ne voulait pas assister à leur bonheur affiché de famille réunie et soudée.
Au moins une heure lui fut nécessaire pour redonner vie à sa chambre, dont la moitié fut entièrement consacrée à la maîtrise d'un champignon vénéneux sauteur qu'il avait ramené du château de Poudlard en pensant que c'était une très bonne idée. Le garçon prit également grand soin de disposer ses cactus tels qu'ils les avaient laissés à son départ, délaissant ses livres de cours dans sa malle - il était trop tôt pour s'inquiéter des devoirs. Satisfait du labeur dont il avait fait preuve, digne d'un Poufsouffle, il s'écroula sur son lit.

Voyager comme des moldus avait son lot d'inconvénients, le principal étant la fatigue ressentie une fois arrivé à destination. Il repensa alors au fait qu'il avait répondu à son père. A deux reprises. Où avait-il bien pu trouver ce courage et pourquoi était-ce si satisfaisant ? Il avait sa petite idée. Roulant sur son ventre, le garçon soutint son menton dans ses mains et ausculta Solal du regard. Il avait l'air triste dans sa cage et un tel voyage devait paraître encore plus long pour un crapaud de sa taille - bien qu'il demeurait plutôt gros en comparaison à ses congénères. Son père n'aimait pas que Solal se balade en liberté dans sa chambre et encore moins dans les autres pièces de leur appartement. Il n'appréciait pas le crapaud tout court, pour une raison qu'Elian ignorait. Il eut alors un éclair : le meilleur moyen de confirmer sa nouvelle force de résistance face à son père, était de le contrarier de nouveau.
« Sois libre mon petit ! » fit-il en lâchant théâtralement le crapaud sur la moquette de sa chambre, tout sourire. Il lui avait enfilé la petite clochette que son parrain lui avait offert à Noël. Ce collier avait prévenu nombreux incidents au cours de l'année. Solal avait un caractère plutôt fonceur, il ne se faisait pas prier pour bondir rapidement d'un endroit à l'autre sans que personne ne puisse avoir son mot à dire, pas même Elian. Dans les dortoirs du château, le garçon ne le sortait que lorsqu'il était certain d'avoir un camarade avec lui pour le remettre dans le droit chemin - il avait une tendance à apprécier les fenêtres. En l'espace d'un claquement de doigt, le crapaud avait d'ailleurs réussi à prendre de la hauteur en grimpant sur son bureau. Il s'arrêtait par moment, comme s'il prenait le temps de tracer son itinéraire. En le voyant progresser ainsi à tâtons, Elian eut pour réflexion que ce n'était pas vraiment un acte de résistance envers son père si ce dernier n'en avait pas connaissance... Il ouvrit alors la porte de sa chambre et sifflota pour attirer l'attention de son compagnon. Comme répondant à l'appel, le batracien descendit du bureau à rebonds et regagna son sorcier jusque dans le couloir. Elian entendit alors son père se débattre avec un chaudron dans la cuisine, comme à l'accoutumée lorsqu'arrivait le moment de préparer le repas du soir. Toujours prêt à aider, le garçon le rejoignit et s'attela à éplucher les pommes de terre avec un petit économe en fer. Bien que ses repas n'étaient jamais très bien élaborés, Elian adorait secrètement l'observer agiter sa baguette magique et réussir des sorts très précis d'éminçage ou d'épluchage. Il n'avait pas souvent l'occasion de le voir utiliser la magie mais il savait que son père devait être un bon sorcier. Dans ses moments d'observation, le garçon comprenait pourquoi il laissait son père maîtriser tous les aspects de sa vie : il semblait avoir le contrôle sur toutes les situations qui se présentaient à lui, jusqu'à ce chaudron devenu soudainement capricieux. « Finite », prononça-t-il en ciblant le chaudron qui s'immobilisa aussitôt. Il remarqua alors sa présence silencieuse derrière lui. « L'obsolescence programmée est un fléau mon cher petit. Vivement qu'on puisse en trouver un de bonne qualité. » Son père se plaignait souvent de la qualité des chaudrons. Il n'avait pas les moyens de s'en offrir au moins un seul de bonne facture, récupérant ceux de son travail dont la qualité était celle d'une production à grande échelle.
« C'est bientôt prêt, tu vas pouvoir récupérer des forces... Je ne sais pas comment tu te nourris à l'école, mais on dirait que tu as encore perdu du poids », déclama-t-il non sans avoir reniflé dédaigneusement. Il secoua ensuite sa baguette et les pommes de terre se mirent à plonger toutes seules dans l'eau chaude du chaudron. Celle qu'Elian tenait encore dans sa main tremblait d'impatience de subir le même sort. Il enleva la dernière pelure avant de la libérer. Elle était libre... Libre... Comme son crapaud. « Solal ! » s'exclama le garçon en cachant sa bouche d'effroi. Son père sembla comprendre aussitôt que le crapaud avait été libéré mais Elian ignora son regard noir pour se précipiter dans le salon. Il tendit l'oreille dans l'espoir qu'un son de clochette lui parvienne. Rien. Il regagna alors sa chambre, les yeux rivés au sol à la recherche du crapaud. Toujours rien. Soudain, la voix de son père retentit depuis la chambre de ce dernier : « Viens par ici Elian. » Le ton qu'il avait employé était quelque peu menaçant, mais pas alarmant. Avait-il trouvé Solal dans sa chambre ? Le garçon s'approcha avec prudence. D'habitude, il n'était pas autorisé à entrer dans cette pièce et, surtout, il craignait à présent de devoir faire face à son père. Sa vision se posa directement sur son crapaud qui planait dans les airs, retenu seulement par le bout de sa langue elle-même collée à un liquide verdâtre. Ce liquide provenait d'une fiole de potion renversée sur la table de chevet. Les yeux d'Elian sortirent de leur orbite. « Par Merlin ! » finit-il par réussir à prononcer en se hâtant devant Solal. Le malheureux n'avait pas dû comprendre ce qui lui était arrivé, après avoir ingurgité cette potion. Elian implora son père du regard. « Je veux d'abord que tu me promettes de ne plus sortir cette pauvre bête de sa cage. » Le garçon acquiesça frénétiquement, oubliant momentanément son plan de lui tenir tête pendant ces vacances de Pâques : chaque seconde que son crapaud passait suspendu dans les airs lui tordait un peu plus le cœur. « Je t'avais pourtant prévenu... Tu n'es pas assez dégourdi pour t'occuper de cette bestiole... », assena son père avec une attitude détachée. Il n'avait toujours pas levé sa baguette magique. La colère d'Elian explosa d'un seul coup, il hurla : « DEPÊCHE-TOI DE LANCER UN CONTRE-SORT ! » C'était la première fois qu'il entendait autant de puissance dans sa propre voix, pourtant Elian avait assisté à des matchs de Quidditch outrageants. Son père sembla surpris pendant un court instant avant qu'il ne reprenne tout aussitôt son calme légendaire : « Ecarte-toi. » Sans qu'il n'eut à prononcer une formule, il agita sa baguette et la langue du crapaud se retroussa, ramenant ce dernier jusqu'à la table. Elian observait l'opération avec des sourcils froncés, son cœur battait si fort qu'il semblait pouvoir exploser à tout moment comme un chaudron bas de gamme. Quand la langue du crapaud se retrouva complètement rentrée et que son contact avec la potion fut rompu, Solal se mit à bondir de nouveau sur la table. Elian l'amena contre lui. « Merci ! » lança-t-il ironiquement à l'encontre de son père. Les yeux de ce dernier disparaissaient en deux fentes évaluatrices et il caressait sa barbe avec un air de chercheur en laboratoire. Le garçon, lui, décida de concentrer toute son attention sur le crapaud dont le cœur paraissait s'emballer lui aussi.

Il n'avait pas engagé un pas en direction de la porte que la silhouette de son père lui barra le passage, pointant du doigt le crapaud : « C'est pour son bien, la cage. Quand on aime aussi fort un être, il faut le protéger à tout prix. » Elian connaissait la rengaine, il savait aussi qu'elle agissait sur lui comme la meilleure des formules magiques. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de boire ces paroles, tant il avait eu peur pour Solal. Son père avait gagné un point, Elian se sentait très mal d'avoir laissé son crapaud sans surveillance... Il repensa à ce qui avait initié cette envie de le libérer. « Parfois, protéger les êtres qu'on aime veut aussi dire les protéger d'eux-mêmes, dès lors qu'ils ne sont pas capables de prendre les bonnes décisions », continua son père. Il plaça ses deux mains sur ses épaules, comme pour le maintenir un peu plus longtemps auprès de lui - et nul doute qu'il voulait le clouer éternellement à ses côtés. « Tu comprends, n'est-ce pas ? » Elian plongea ses yeux dans les siens. « C'était juste un moment d'inattention » dit-il faiblement. Même s'il ne voulait pas rendre les armes aussi facilement, ses mots sonnaient creux face à la souffrance qu'avait dû ressentir Solal. « Je sais m'occuper de mon crapaud... Je suis responsable... Je sais faire des choix... » essaya-t-il de se convaincre une dernière fois.
— Pas encore, je le crains... réagit son père d'un ton compatissant. C'est tout à fait normal de faire des erreurs mais, du haut de tes treize ans, certaines erreurs peuvent rapidement se transformer en accidents irrémédiables. » Elian se vit acquiescer, c'était un cauchemar. « Je sais bien que ça peut être pesant parfois, tout ce que je fais pour te maintenir en bonne santé... Mais les efforts que je fais pour toi, je les fournis sans hésiter parce que tu es tout ce qu'il me reste. » Il l'enveloppa dans ses bras et une sensation de bien-être s'insuffla en lui sans qu'il ne puisse la contrôler. Pourquoi lutter ? Même si cet amour le privait de son libre-arbitre, il n'en demeurait pas moins essentiel. Pour quelle raison avait-il voulu se rebeller ? Son père savait tout mieux que lui et dédiait sa vie à améliorer son bien-être... Cela n'avait rien d'envahissant, après tout. « Désolé, murmura-t-il à son oreille, je me suis un peu égaré...
— Rien de grave, bonhomme, je serai toujours là pour te montrer le droit chemin. » sourit-il en mettant fin à leur étreinte. Le droit chemin... Le "Chemin de la Facilité", songea Elian. « Et pour le moment, il s'étend jusqu'à la cuisine ! » annonça fièrement son père en lui adressant un clin d'œil.

Avant de s'attabler, le garçon déposa Solal dans sa cage. « Nous avons échoué..., lui chuchota-t-il. Pardon Solal... » Comme bien souvent, il ne savait plus s'il s'adressait à son crapaud ou à Solal Rosenberg. Si ce dernier l'avait vu aujourd'hui, l'aurait-il traité de naze ou bien aurait-il compris cette nouvelle concession face à son père ? Elian se disait qu'il l'aurait probablement rassuré en lui faisant comprendre que ce n'était pas très grave d'avoir manqué d'attention et que son père en avait profité pour lui laver le cerveau de nouveau sur son idée fixe de tout vouloir contrôler de sa vie. C'était probablement vrai, mais Elian se rendait compte qu'il était lui-même fautif d'être trop attaché à l'attention que son père lui portait. Quelque part, il le savait à présent, cette surprotection comblait un vide que personne d'autre que lui ne pouvait combler : celui qu'avait créé Poppy Jones.

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
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On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé