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30 avr. 2021, 19:30
 Lavernock  Les Kernac'h à Lavernock  SOLO 
PRESENTS DANS CE RP :

ELIAN KERNAC'H (personnage joué)
Vient d'avoir treize ans dans ce RP (juin 2044), il sera en troisième année d'études à l'école de sorcellerie Poudlard à la rentrée.



EVELYN KERNAC'H (père)
Sorcier de quarante-sept ans, il est trésorier dans une entreprise de fabrication de chaudrons.




Image


27th June 2044
Vacances estivales
Lavernock


Presque endormi par le son des goutes de pluie tapotant contre les vitraux, Elian restait allongé sur l'un des bancs de la chapelle, son bras balançant légèrement de gauche à droite comme un pendule. Il y a quelques jours, les Kernac'h avaient élu domicile dans une auberge catholique de Lavernock, un hameau de sorciers tranquille situé au bord de la mer. Le temps n'avait pas vraiment été clément depuis leur arrivée, mais le garçon était content de retrouver la mer qu'il n'avait pas revu depuis un an et, plus précisément, depuis la journée qu'il avait passé avec son parrain à Whitemore Bay.
Par moment, Elian plantait son regard fatigué sur l'icone qui trônait au-dessus de sa tête, semblant veiller sur lui en retour. Peut-être essayait-il de la surprendre à cligner des yeux ou à bouger discrètement ses bras pour bercer l'enfant qui s'agrippait à elle. Peut-être que son sourire mystérieux lui rappelait celui de l'être qui le préoccupait le plus ces derniers temps : sa Dame en noir, Poppy Jones... Cette mère moldue si étrangère et pourtant si proche de ses pensées. Les questions à son sujet se succédaient comme une évidence à présent que le silence de Poppy s'effritait. Durant l'année scolaire, sa grande sœur Edith lui avait fait parvenir trois courriers par hiboux. Dans les deux derniers, le garçon avait été surpris d'y trouver des morceaux de papier très étranges, indécodables, dont la présence n'avait pas été justifiée par Edith dans la lettre qui les accompagnait. Les petits messages étaient pour la plupart des dessins de fleurs - ce ne pouvait pas être un hasard puisque la Botanique constituait l'un des seuls centres d'intérêt du garçon. Pour Elian, chaque fleur que Poppy illustrait avait sa signification. Il usait alors de leur langage pour les interpréter : lorsqu'il avait reçu un géranium aux pétales verts, Poppy lui avait en réalité confié ressentir de la tristesse à propos d'un événement récent dans sa vie. En réponse, il avait à son tour envoyé une illustration de fleurs, des aubépines qui exprimaient l'espoir. Sur les autres messages se trouvaient des bribes de phrases au vocabulaire trop alambiqué pour qu'il ne puisse en saisir un quelconque sens. Elian gardait précieusement tous ces messages dans une petite boite qu'il avait fait semblant d'oublier au château, dans le tiroir de sa table de nuit. Il comptait sur un elfe de maison pour la lui redonner à la rentrée, loin de la surveillance de son père. Ce dernier n'aurait pas apprécié de savoir que Poppy Jones s'amusait avec lui, à défaut de pouvoir communiquer pleinement quelque chose. Elian ne s'était pas senti assez en confiance pour en partager le contenu avec quelqu'un d'autre. Quelque part, cet échange avait quelque chose d'intime, de secret. Même Solal en était tenu à l'écart. Il pensa à Solal, de nouveau. Comment ce dernier allait-il réagir en constatant qu'il n'avait pas été autorisé à répondre à ses courriers de toutes les vacances d'été ? Elian repensa aux paroles de son parrain : « Tu sembles très proche de ce garçon. Tu sais petit, l’amitié, c’est très important. Prends bien soin de ton ami. » Il fut coupé dans sa réflexion par la voix de son père, résonnant dans l'antichambre de la chapelle : « Quel temps de Croup ! » Devant l'agitation soudaine, le garçon se redressa machinalement, lissant son t-shirt et baissant la tête comme s'il se recueillait - à vrai dire, c'était précisément ce qu'il faisait depuis le début de l'après-midi. Son père se trouvait parmi un groupe de sorciers très peu discrets si l'on considérait leur tentative d'accoutrement "à la Moldue". Remarquant sa présence, ce dernier abandonna la compagnie des cinq sorciers et s'installa à ses côtés, dissimulant la statuette de Marie de toute sa hauteur. « C'est très plaisant de te voir ici », lui confia-t-il en modulant sa voix pour ne pas qu'elle résonne de trop dans la nef. Son père adorait toutes les croyances, aussi bien Moldues que sorcières. Il appréciait les aspects de transmission et d'héritage liés à elles. « Tu as été sage, ces derniers temps. » Il caressait sa barbe, un geste qu'il réalisait sans s'en rendre compte pour se concentrer, Elian avait pu le remarquer à plusieurs reprises. Qu'allait-il lui annoncer ? « Peut-être que nous pourrions discuter de ton courrier... » Le cœur du garçon manqua un battement. De quel courrier parlait-il ? Il pensa à la boîte laissée à Poudlard. Son père ne pouvait pas être au courant, son parrain avait quitté le professorat. « Mon courrier ?... demanda-t-il, incertain.
— Tu as reçu une lettre la semaine dernière. » Il fouilla dans la poche intérieure de son manteau. Lorsqu'il tendit le courrier devant ses yeux, son cœur bondit de joie. Le garçon esquissa un geste pour saisir l'enveloppe, mais elle se retira soudain de sa portée. « Je vais te la donner, mais j'aimerais te parler de quelque chose avant tout... C'est très important, j'ai besoin de toute ton attention. » Elian fronça les sourcils dans un mélange d'agacement et de concentration, il voulait son courrier. « Des rumeurs très inquiétantes courent en ce moment dans le monde magique... Tu en as fait la douloureuse expérience à l'école, il y a deux mois : les sorciers sont sujets à des distensions qui ne cessent de les affaiblir... » Il soupira, visiblement atterré par ce qu'il avait à dire. « Les sorciers sont plus en sécurité lorsqu'ils se regroupent entre eux, vois-tu... En vérité, nous ne sommes pas réellement en vacances ici. A la longue, j'aimerais qu'on s'y installe définitivement, j'en discute déjà activement avec les membres de cette communauté. » Elian comprenait. Dans leur appartement à Cardiff, ils se trouvaient isolés au sein d'une gigantesque population aux allégeances diverses. Ici, ils pouvaient savoir à quoi s'en tenir puisque tout le monde se connaissait. Ce n'était pas étonnant que son père réfléchisse à la question d'un déménagement, lui qui avait toujours pris toutes les dispositions possibles pour les protéger tous les deux de l'environnement extérieur et, dernièrement, les affaires du pays s'étaient complexifiées jusqu'à atteindre l'école de Poudlard. Avait-il aussi pris des décisions à ce sujet ? A plusieurs reprises, son père s'était questionné tout haut sur l'intérêt de le renvoyer dans une école prise régulièrement pour cible par des forces incontrôlables. L'attaque du château l'avait mortifié, bien plus qu'Elian lui-même alors que ce dernier l'avait vécu de l'intérieur.
« Qu'en dis-tu, de venir vivre ici ? lui demanda-t-il bien qu'Elian doutait que son avis avait un quelconque poids, son choix semblait déjà fait.
— On va réellement quitter l'appartement ? questionna-t-il pour s'assurer qu'il avait bien compris la situation.
— Si tu n'y vois aucun inconvénient. » Le garçon jeta un coup d'œil aux sorciers qui discutaient un peu plus loin aux portes de la chapelle. Ils avaient peut-être des enfants qui se rendaient à l'école de sorcellerie de Poudlard tout comme lui. Il se souvenait du fait que Leo Solem était un voisin de Solal, à Chipping Campden, et songea que, quitte à choisir un village, il aurait préféré vivre à côté de son copain dans les terres natales de son crapaud. Un problème de taille se présenta alors à lui : « Il n'y a pas d'immeubles à Lavernock... fit-il timidement.
— C'est vrai... Comme nous n'avons pas les finances pour nous permettre de loger dans une maison du village, nous allons rester vivre un certain temps dans l'auberge. Pour toi ça ne change rien, tu resteras à Poudlard la majorité du temps. » Elian essaya de cacher son air rassuré. Poudlard était réellement un lieu qu'il ne pouvait pas quitter aussi facilement.
« Et ton travail ? »
Son père lui sourit. Il semblait ému, d'un seul coup. « Ne t'en fais pas, les cheminées d'ici sont reliées au réseau, au moins une chose qu'Ursula Parkinson n'aura pas détruit. » Il avait prononcé les derniers mots tout bas, comme s'il ne souhaitait pas être entendu. Il leva de nouveau l'enveloppe. « A propos de cette lettre... Je l'ai lue. » Le cerveau d'Elian s'arrêta de fonctionner, si c'était encore possible. « Solal... Je n'ai rien contre lui, mais sa famille... Ils m'ont tout de suite donné mauvaise impression l'année dernière. » Il sentit le bras de son père le rapprocher contre lui, sous son épaule. « Je comprends qu'avec tous ces événements, tu ressentais le besoin de nouer des... amitiés fortes. Mais je veux te mettre en garde sur quelque chose d'important, alors écoute-moi bien. » Elian leva ses yeux. Blotti contre son père, il pouvait de nouveau voir l'icone lui sourire mystérieusement.
« Si j'ai accepté de suivre les conseils de mes amis en t'envoyant de nouveau à Poudlard, ce n'est pas pour que tu te perdes en chemin. » Est-ce que Sigmund faisait partie de ceux qui avaient convaincu son père de le laisser continuer sa scolarité ? Elian voulait croire que c'était bien le cas, il avait toujours été un peu comme sa marraine la bonne fée même si les choses avaient beaucoup changé entre eux. « Tu n'as pas de très bons résultats, si on omet ta matière préférée. Tu as la chance d'avoir des professeurs talentueux et des cours de qualité, alors j'aimerais que tu te concentres sur ton travail scolaire à présent. C'est très important, sinon je ne verrais plus d'excuse qui justifierait le fait tu ne restes pas travailler auprès de moi. » Elian déglutit difficilement. La demande de son père lui paraissait vertigineuse. En effet, le garçon avait perdu beaucoup de temps d'études en se rapprochant de ses camarades - et notamment de Solal avec qui il formait un duo d'inséparables au château. « Alors dis-moi... Qu'est-ce que tu préfères ? Retourner à Poudlard à la condition de laisser de côté tes distractions, ou bien prendre des cours sous ma supervision ? » Solal n'était pas une distraction, le garçon se renfrogna. Son père lui tendit la lettre, comme s'il le défiait de s'en saisir à présent que les conditions étaient annoncées. Les paroles de son parrain lui revenaient de nouveau en mémoire : « Tu sembles très proche de ce garçon. Tu sais petit, l’amitié, c’est très important. Prends bien soin de ton ami. » Avait-il déjà prédis à l'époque que leur amitié se confronterait ainsi à la supervision du père ? Comment ce dernier pouvait-il lui demander une chose pareille ? N'avait-il pas noué une amitié aussi forte avec Sigmund durant leur scolarité à Poudlard ? « C'est parce que je suis un mauvais sorcier ? » conclut Elian faiblement. C'était uniquement de sa faute s'il en était à devoir choisir entre ses amis et sa place à l'école. La main de son père caressa le haut de son crâne. « Tu es si jeune, ce n'est pas de ta faute... Tu ne vois pas forcément ce qui est dans ton intérêt et ce qui ne l'est pas, mais sois sûr que tu as autant de capacités que n'importe qui d'autre pour être un bon sorcier. Alors dis-moi, qu'est-ce que tu choisis ? » Que pouvait-il dire... Son intérêt était aussi lié à celui de Solal, peut-être bien plus que ne pouvait l'imaginer son père. Que contenait cette lettre, par ailleurs ? "Tu me manques", "vivement la rentrée", "je pense à t'embrasser tous les jours", "je t'aime". C'était ce qu'aurait écrit Elian s'il en avait eu le droit. Son père avait dû lire quelque chose qui l'avait blessé. « Tu sais... Ce n'est pas parce que je me sens proche de Solal, que je te laisse tomber, dit-il encore plus faiblement. Je suis désolé si tu as lu quelque chose qu'il ne fallait pas... » Son père laissa échapper un petit rire dédaigneux. « Tu veux grandir trop vite, c'est mon rôle de t'en empêcher. » Que voulait-il dire par "grandir trop vite" ? « Je ne suis pas le seul à avoir un copain, à l'école. » Les doigts caressants de son père dans ses cheveux se figèrent un instant avant de saisir son visage par le menton, l'obligeant à le regarder dans les yeux. « N'essaye pas de me convaincre que ce garçon vaut le coup de gâcher ta scolarité, c'est peine perdue. Il n'est pas comme toi... Sa famille ne lui inculque aucune règle, il est livré à lui-même. Elian, par pitié, fait preuve de bon sens pour une fois, je suis réellement prêt à te garder cette année. » Son père venait de marquer un point. Pas sur le fait que Solal ne "valait pas le coup", mais sur le fait qu'ils n'avaient pas vraiment de choses en commun au niveau de leur éducation. Elian enviait la famille de Solal qui - si l'on mettait de côté la jalousie du petit frère de Solal - ne pesait rien dans leur relation. Ce n'était pas le cas de son père qui avait déjà été le sujet d'une dispute entre les deux garçons, Solal n'appréciant pas l'emprise du sorcier sur Elian. Les yeux du garçon s'embuèrent. Il n'arrivait pas à les fermer, détaillant chacun des traits de colère sur le visage de son père. Marie était là, au-dessus d'eux, souriante, imperturbable. Herminie Peers lui avait dit qu'il était libre à Poudlard, dans sa tête, dans son cœur. Elian pouvait mentir à son père, il en était capable : faire croire qu'il se concentrait sur son travail scolaire en continuant de vivre ses aventures avec Solal et ses amis, c'était déjà ce qu'il avait fait durant cette année en quelque sorte... Et c'était à présent ce qui le menait à devoir prendre cette décision. Il n'était pas capable de lier les deux bouts, ses résultats n'étaient jamais bons lorsqu'il vivait intensément ses amitiés au château. Il récoltait ce qu'il avait lui-même semé, son père avait raison. Il avait toujours raison d'une façon ou d'une autre... Elian se saisit de la lettre et la déchira en quatre morceaux. « Je ferais de mon mieux pour avoir de meilleurs résultats », annonça-t-il, déterminé. Il sentit son père déposer un baiser sur son front, sa main lâchant son emprise. Elian se trouva bien pendant un instant, mais dès qu'il s'éloigna pour retrouver le groupuscule de sorciers dans l'antichambre, un énorme sentiment de vide le submergea. Les yeux d'Elian se mirent à défier ceux de Marie. Etait-il réellement capable de s'éloigner de ses meilleurs amis ? Il fallait probablement tout couper d'un seul coup, pour ne pas souffrir trop longtemps. S'il n'y avait pas eu les lettres d'Edith - qu'elle ne pouvait envoyer à Cardiff ou Lavernock - le garçon aurait préféré ne pas retourner à Poudlard et ne pas être confronté à l'incompréhension de ses camarades... à l'incompréhension de Solal. Que faisait Poppy Jones, dans son autre pays, dans son autre vie ? Une fleur d'iris pour l'isolement, c'était ce qu'il allait lui envoyer comme un dernier message de détresse, bien qu'elle ne pourrait lui répondre avant plusieurs longs mois... Allait-elle lui répondre, même ?

Septième année en RP - Avatar : @bunsy.bun
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On a tendance à s'assimiler des choses et à les restituer en croyant que c'est de soi alors que c'est d'un autre. – Hergé