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19 sept. 2021, 16:37
 Solo+  We'll be counting stars
Hiver 2042,
Borth,
Maison des Mercer

And I... feel something so wrong
Doing the right thing
I couldn’t lie, couldn’t lie, couldn’t lie
Everything that downs me makes me wanna fly

~ Counting Stars - OneRepublic



24.12.42

C’est beau toute cette neige dehors. Je regarde la buée créée par mon souffle sur la vitre ; de mon doigt, je trace un petit soleil, m’imaginant déjà à quoi ressemblera l’été. Je suis excitée : ce soir, c’est Noël, demain on ouvre nos cadeaux. Je me demande à quoi ressemble Père Noël. Tout le monde raconte que c’est un vieux grand-père à la longue barbe blanche. Pourtant, mon Papy à moi, sa barbe est grise, et elle n’est pas bien longue. Je sors de ma chambre aussi vite que mes petites jambes d’enfant me le permettent et cours vers la cuisine. Ça sent drôlement bon, je n’ose même pas imaginer quels plats sortiront prêts du four, nous appelant, nous suppliant de les manger.

J’attrape mes bottes, mes gants et enfile mon manteau. Juste avant d’ouvrir la porte d’entrée, je me rappelle que Maman me grondera si je ne me couvre pas la tête. Je regarde d’un air de défi mon bonnet durant quelques secondes. Cédant à l’impatience de sortir, je lui tire la langue, avant de l’enfiler, lui signifiant ainsi qu’il n’a pas gagné la bataille. Je n’aime pas porter de bonnet : ça m’emmêle les cheveux, et après, c’est énervant de passer un million de fois la brosse dans mes mèches brunes. J’aime pas non plus me brosser les cheveux, je les préfère au naturel.

J’adore marcher dans la neige, ça laisse des dessins, et je m’amuse à suivre des traces, reconnaissant les chaussures des différents habitants du village. Là, ce sont celles de Madame Gordon, la vieille dame qui me donne toujours le plus de bonbons à Halloween. Parfois, elle me raconte des histoires pendant longtemps, et ça m’ennuie beaucoup, mais vu qu’elle me donne des biscuits, je reste avec elle, gourmande que je suis. Oh, là, ce sont les traces de Monsieur Woods, je grimace : je ne l’aime pas du tout. Il est méchant avec sa femme, mais elle ne dit jamais rien pour se défendre. Parfois, je me demande si ils s’aiment vraiment. Maman dit que Madame Woods se fait battre par son mari, je trouve ça triste, quand même, qu’ils restent ensemble alors qu’ils ne s’aiment pas vraiment. Ou peut-être que l’amour c’est de battre sa femme ? Je n’ai jamais vu Papa faire de mal à Maman, pourtant. Je pense vraiment que Monsieur Woods est un vilain monsieur.

J’entre dans la boulangerie, mon argent dans ma main droite. À ma sortie, ma main droite est vide, et ma main gauche porte une baguette de pain français encore chaude. J’aime beaucoup cette boulangerie : le monsieur qui y travaille a un accent français, mais je m’y suis habituée, maintenant. Il est très gentil, il a même retenu mon prénom, depuis le temps qu’on achète son pain. Sur le chemin du retour, je sautille, heureuse à l’idée de déballer mes cadeaux le lendemain. Je m’imaginais recevoir des livres de dizaines de milliers de pages qui n’attendraient que moi sous les emballages colorés, et rubans qui s’entortillent dans tous les sens.

#457898 · 4ème année RP

20 sept. 2021, 18:49
 Solo+  We'll be counting stars
Ivy, on mange ! crie Papa.

Je termine d’écrire la première page de mon livre avant de déposer mon stylo. Ces derniers temps, j’ai plein d’idées d’histoires ; je pense que c’est la neige qui me donne toutes ces idées. Je cours, dérapant de justesse, juste devant la porte de la cuisine. Stephen est déjà en train d’entamer la dinde, le gourmand. Je m’assois sur ma chaise et attrape un verre d’eau, essoufflée par ma course. Maman joint ses mains et murmure des choses que je ne comprends pas. Papa fronce les sourcils et lui dit :

Pas devant les enfants.

Maman semble comprendre – contrairement à moi – et attrape la main de mon frère alors qu’il essayait de voler ma part alors j’étais distraite par ma mère. Elle le gronde et me conseille de finir rapidement, sans quoi mon repas disparaîtrait dans le ventre de quelqu’un d’autre. Je ris en suivant son regard appuyé sur la personne concernée. Il est vrai que moi et mon frère sommes des gloutons hors normes, mais je ne vais pas jusqu’à voler dans les assiettes des autres, moi.

Après le repas, Maman nous propose de sortir observer le ciel découvert. Stephen fait la grimace et sort de la cuisine, tandis que moi, je sautille d’excitation. Maman me calme, le sourire aux lèvres, et m’ordonne de me couvrir.

Le froid d’hiver rentre dans mon manteau, jusque dans mes os, me faisant frissonner. Maman se couche sur la route, seul endroit dépourvu de neige. Je m’installe à ses côtés, attendant que mes yeux s’habituent à l’obscurité. Le temps passe, et de plus en plus de points brillants apparaissent dans le ciel. Maman prend la parole, d’une voix lointaine, comme si elle me parle pas vraiment à moi :

Je me souviens, quand j’ai fêté la Noël de mes huit ans, j’ai reçu tellement de livres que j’en ai plus demandé pendant un an.

Elle s’arrête brusquement, comme si elle se rappelle d’autre chose. Mais je n’y prête pas grande attention, plongée dans l’observation de la Lune. Le ciel est tellement dégagé qu’on voit même les petits points qui brillent près des plus gros.

Quand je pose ma tête sur mon oreiller, il est déjà très tard, ou peut-être très tôt, j’avoue que je suis tellement fatiguée que réfléchir me semble impossible. Je m’endors, oubliant mon envie de rester éveillée pour voir le Père Noël arriver. Mes rêves sont constellés d’étoiles, de planètes qui se mélangent comme une soupe, et tournent, tournent, touillés par la cuillère d’un enfant dont le potage ne semble pas être le plat préféré.

Je me réveille bien des heures après, affamée, et impatiente d’ouvrir mes cadeaux. Arrivée en bas, je vois Stephen engloutir une barre de chocolat. Je souris, et promène un regard inquiet autour de la pièce, ne repérant pas mes paquets. Papa s’approche de moi et me tend un petit paquet. Je l’ouvre, saisie de curiosité et en sors des sucreries.

#457898 · 4ème année RP

24 sept. 2021, 18:30
 Solo+  We'll be counting stars
Maman m’explique que ce sont ces petites choses qui font crier mon ventre. Apparemment, ces sucreries contenaient de petites cartes à collectionner. Je n’ai pas bien retenu le nom qu’elle m’a donné : cela ressemblait à “grenouille”, mais je n’en suis pas sûre. J’ouvre la première “grenouille” qui me passe par la main et lit avec attention les petites lettres inscrites sous l’image représentant un célèbre sorcier. Je trouve qu’il est drôle, son nom : j’en ai jamais vu de pareils. Il est tellement tordu que j’ai du mal à le prononcer. J’avale gloutonnement le morceau de chocolat, savourant son goût si délicieux. Succulent. Alors que je m’apprête à en ouvrir une autre, Maman m’arrête, me conseillant d’en garder pour plus tard. Je soupire : j’ai faim, moi ! Je ne suis pas la seule à ronchonner : Stephen – auquel Maman vient de faire la même remarque qu’à moi – fixait, bras croisés, ses paquets de sucreries être emmenés à la cuisine.

On joue à faire la plus longue glissade sur la route gelée ; on rit bien, tombe et se relève hilares. Mais la trouble-fête, Madame Vieille-Ourse (c’est comme ça que la surnomme tout le village), nous enguirlande, avant de jeter du sel sur le verglas. On dirait que, comme le Marchand de Sable, elle distribue de beaux rêves, mais si on regarde bien, c’est tout le contraire : elle brise les rêves des enfants. *Une vieille sorcière* Oups. Je fronce les sourcils. Je sais que les sorciers sont gentils – pas comme Madame Vieille-Ourse – alors pourquoi j’associe la cruauté à ce monde, mon monde ? Je tourne plusieurs fois ma langue dans ma bouche, comme Maman me fait faire quand je dis des choses méchantes. Elle dit que comme ça, j’apprends à me conduire comme toute gentille petite fille doit l’être. Alors je m’excuse en baissant la tête, tournant ma langue longtemps, pour qu’elle comprenne que les mots qu’elle doit prononcer ne doivent blesser personne. Mais parfois, quand je suis seule, je m’amuse à dire ce que disent les adultes, les mots que les bouches des enfants n’ont pas le droit de prononcer.

La nuit est déjà tombée, pas comme en été, où on devait attendre des heures pour aller voir les étoiles. La glace a fondu, sur la route, mais je sais que la nuit, elle va revenir. Demain, on pourra à nouveau faire de jolies glissades. J’ai vraiment hâte de recommencer, même si je sais qu’un enfant s’est cassé la jambe en chutant sur la surface dure de la glace. Je prends le risque : la dose de rire que cela procure en vaut bien la peine. Maman n’est pas vraiment d’accord de nous laisser sur la route, mais, avec Stephen, on a juré qu’on dirait rien. J’ai l’habitude de faire des jurements avec mon frère : on fait tellement de bêtises qu’on serait punis tous les jours si Maman ou Papa l’apprenait. C’est un de mes secrets. Peut-être même le seul, car tous mes secrets ne le sont pas bien longtemps. J’ai beaucoup de mal à tenir ma langue, alors certaines choses sortent malgré moi. J’ai ainsi trahi mon frère plus d’une fois, à mon grand malheur. En effet, Stephen se vengeait de mes trahisons, notamment en volant mon doudou préféré. J’ai pris l’habitude de cacher ce dernier, et de le changer de place tous les soirs. Parfois, je fais des cauchemars où mon grand frère m’arrache Gigi et la fais disparaître dans un gouffre sans fond. Alors je me réveille et cours chercher mon doudou, vérifiant qu’il est toujours là. Ce que je peux détester mon frère, parfois.

Je voulais juste vous souhaiter une très belle fin de journée <3

#457898 · 4ème année RP

08 déc. 2021, 18:48
 Solo+  We'll be counting stars
TW : araignées un peu dégueux

25.12.42

J’aime pas me réveiller trop tôt le matin. Je suis toute seule dans mon lit et il fait tout noir, il n’y a personne pour appuyer sur l’interrupteur ou tirer les rideaux à ma place. Et je ne suis pas capable non plus de me lever pour le faire moi-même, j’ai trop peur des monstres qui se cachent dans les angles ou les recoins obscurs des pièces, les bêtes sous le lits et dans l’armoire, et surtout – surtout ! –, les énormes araignées suspendues comme des chauves-souris à leurs affreuses toiles en haut, sur le plafond. Stephen m’a toujours raconté que leurs piqûres sont si dangereuses qu’on peut mourir et, qu’après, elles nous enveloppent dans leurs tissus au fil blancs pour nous dévorer. Il dit aussi qu’elles peuvent rentrer dans notre corps, s’infiltrer sous la peau comme elles ont fait pour Superman. Maman elle, elle répond que Superman n’existe pas et que c’est juste dans les films de quand elle était petite. S’il existe, il est mort il y a longtemps. Ce qui n’empêche pas ma haine pour les araignées.

Alors je m’enfonce bien dans mon lit, la tête posée sur le coussin et entièrement recouverte par la couverture. J’ai mis un gros pyjama avec des manches longues et même des chaussettes, comme ça les araignées pourront pas passer et me piquer ! Et Papa vient vérifier tous les soirs qu’il n’y a pas de sales et méchantes arachnides sur mon matelas pour que je puisse me coucher. Comme lui et Maman viennent me bercer et me border, je n’ai jamais de mal à m’endormir, mais le réveil est toujours moins simple. Et il fait encore très noir.

Je ne sais pas quelle heure il est, même si j’ai appris à lire l’heure sur une montre il y a quelques mois. Il doit être très tôt, c’est pour ça que Stephen ne s’est pas encore levé. Certains ans, il est debout avant tout le monde pour se lancer sur les cadeaux ! Nos parents se fâchent beaucoup quand il fait ; une fois, il a même ouvert ses paquets avant qu’on arrive. Il gâche toute la magie de Noël ! Moi, si je me lève, je ne vais pas tout détruire comme ça. Même si j’aimerais bien arriver avant tout le monde, quand il n’y a personne, à part le Silence et la Solitude, pour pouvoir observer le sapin et les boîtes toutes emballées. Notre arbre de Noël, il a des guirlandes qui brillent, il suffit de brancher le câble à la prise cachée derrière le canapé. Elle est là pour que mon frère ne puisse pas l’atteindre mais, moi, je suis plus petite et agile que lui, et je pourrais me glisser derrière l’accoudoir pour que les petites étoiles se mettent à scintiller sur le joli sapin !

Pourtant, aujourd’hui… c’est le jour ! Peut-être que les araignées feront une exception et ne sortiront pas nous attaquer le jour de Noël ? Peut-être même que c’est le Père Noël qui les a faites fuir avec une poudre magique qu’il a caché avec les cadeaux ! Et si c’était ça, ma surprise de l’année ? Plus d’affreuses bêtes poilues à Borth ? Oh, j’ai tellement hâte de me lever et courir tout découvrir !

Soudain, une idée traverse mon esprit et mon entrain se voit décuplé. Une nuit de peurs, Maman avait glissé une petite lampe de poche dans le tiroir de la lampe de nuit, pour que je puisse me lever le matin sans hurler son nom. Et si elle y était toujours ? Prenant mon courage à deux mains, je fais dépasser mon front puis mes yeux du bord de la couette. Brrr. Un peu de froid caresse ma peau quand je me redresse à toute vitesse et me penche vers le meuble pour le…

AÏE !

Le cri strident m’a échappé et je porte les mains à mon œil, le frottant très fort. *J’ai maaal ! Ça fait maaal !* J’ai mal calculé la distance me séparant de la table et le coin a percuté mon œil. Je me mets à sangloter, les doigts appuyant sur la paupière pour faire passer la douleur. Et tout ça, c’est à cause des araignées ! Si elles n’étaient pas là et me faisaient pas peur, j’aurais pu directement me lever sans me blesser ! Et maintenant, on va devoir appeler l’ambulance pour qu’ils me soignent et c’est moi qui aurait gâché la magie de Noël. Et moi, je veux rien gâcher ! Alors, je me fais toute petite sous ma couette et j’enfonce mon visage dans le coussin pour étouffer mes reniflements. Personne saura que j’ai eu mal et ce sera encore Stephen qui se lèvera le premier.

Gneuh les araignées !

:cute:

#457898 · 4ème année RP