Une collection d'OS présentant le mois de juillet 2046 de Lily-Rose Holland. Ils seront accompagnés de petit dessins réalisé au stylo plume en relation avec le Inktober de cette année. Les textes seront mis en relation d'une façon où d'une autre avec les thèmes et dessins réalisés.
Merci à Aliosus Nerrah pour l'idée.

L'ensemble sera rédigé de façon chronologique au rythme d'un post par jour ce mois-ci, si tout se passe bien !

L'année scolaire était terminée. J'étais de retour à la maison et pourtant j'avais du mal à me sentir chez moi. Après avoir passé toute l'année dans les murs du château écossais à apprendre la magie, me retrouver ici dans la maison de mes parents était étrange. L'absence de magie et pire encore de ma baguette était d'autant plus perturbant. J'avais perdu l'habitude d'utiliser l'électronique et l'ordinateur et la télévision ne présentaient plus le moindre intérêt à mes yeux... Heureusement que la maison était rempli de livres et que j'avais avec moi deux Boursouflettes pour me tenir compagnie pendant que mes parents travaillaient.

En temps normal j'aurais aussi eut la compagnie de mes grands-parents mais ils étaient en vacances chez Tante Meg... Ce que c'était long les vacances d'été... Pourtant ça vient tout juste de commencer. Je savais que je devais profiter de ce temps seule avec mes parents pour mettre les choses à plat et en finir avec les tensions qui étaient encore là. Cependant impossible de le faire au milieu de la journée comme ils travaillent et le soir ils doivent s'occuper de Skye qui rentre de chez la nourrice. Et moi en attendant de pouvoir caler cette conversation, je suis coincée dans cette situation bizarre.

Laissant mes pensées vagabonder de problèmes en problèmes je finis par revenir à moi en entendant un cri de Boursouflet résonner dans mes oreilles. Il s'agissait de Piou, l'adorable boule d'Edwin que j'avais accepté de garder pendant les vacances. L'animal était un plaisir à avoir et s'entendait assez bien avec ma Clivia. Elles étaient encore plus ou moins en train de faire connaissance, après tout cela faisait seulement quelques jours qu'elles partageaient une chambre. Alerté par le cri de la bestiole donc, j'avais tourné la tête vers l'espace aménagé sur mon bureau d'écolière. Deux moelleux paniers pour Boursouflets équipé de coussins et de couvertures adapté à leurs taille, des gamelles d'eau et de nourriture, des jouets... et deux Boursouflettes en train de couiner à tue-tête dans ma direction.

Je me relève de ma position de patate étalée sur mon lit, mi-grincheuse, mi-joyeuse, et récupère les deux animaux sur mes épaules. Je retourne sur mon matelas m'assoie en tailleur et dépose les créatures visiblement surexcitées sur la couette.

"Qu'est-ce que vous avez toutes les deux ?"

J'avais pris un ton faussement sévère mais n'avais pas su dissimuler le demi-sourire qui pointait le bout de son nez. Y a pas à dire les pitreries de Boursouflets y a pas mieux pour oublier les idées noires... Les deux animaux s'étaient tut un instant, me fixant de leurs petits yeux avant de crier de joie à nouveau. Sans aucun doute que ces deux-là pouvait briser le cristal tellement c'était aigu... Heureusement nul présence de cristal dans ma chambre. Réflexion sur la portée d'un cri de Boursouflet mise à part je commençais à entrevoir la raison de leur excitation, Clivia s'était furtivement approchée de ma poche de veste et tentait de se glisser dedans pendant que Piou réclamait un câlin. Je lui donnais volontiers une caresse sur le crâne avant de m'occuper de ma chipie se croyant discrète.

"Tu crois que je te vois pas Via ?" Je glisse en même une main dans ma poche réalisant par conséquent que le paquet de friandises s'était ouvert. Je le ressors et l'agite sous le nez des deux bestioles. "C'est ça que vous vouliez en fait ?"

Je les taquines encore quelques secondes pour le plaisir de les voir sautiller sur place dans l'espoir d'attraper le sachet, puis cède et en donne une à chacune avant de ranger le paquet dans un endroit un peu plus sûr que ma poche. Je me doutais pertinemment que la gourmandise sans faille des deux Boursouflettes les pousserait à fouiller sans relâche à la recherche de nourriture cachée... L'heure de goûter approchait pour moi également, je confiais une balle aux deux boules de poils pour qu'elles s'amusent le temps que j'aille grignoter quelque chose... Je profiterai de ce petit temps toute seule pour réfléchir encore un peu à ce que je dirais à mes parents quand le week-end sera enfin là...

Avec la permission d'@Edwin Wellhister pour la présence et les actions de Piou

Le cycle de l'ennui des vacances semblait décidé à s'installer, les premiers touristes envahissait les plages les rendant bien peu attrayantes, les rues et le Pier n'étaient pas en reste... Où que je regarde c'est un océan de bobs, de chemises à fleurs et de bermudas. La saison touristique est vraiment la pire pour profiter de ma ville natale. On circule pas, faut faire la queue pendant des heures pour quoique ce soit, les touristes sont malpolis et bruyants, c'est une horreur... Et la chaleur estivale ne rend pas la fouole plus attirante, seulement plus odorante. Je décide donc de me rapatrier pour le moment sur des loisirs d'intérieur !

Aujourd'hui mon plan est d'organiser un défilé de Boursouflets, et pas n'importe lequel, un défilé costumé ! J'ai déjà récupéré un appareil photo et transformé la table à manger en piste à l'aide d'un chemin de table rouge, ça fait un vrai tapis rouge pour les deux boules de poils, non ? J'avais placé également deux vases d'un côté de la table, de part et d'autre du tissu, pour un côté plus dramatique. Ne restait que la question de comment vêtir les deux animaux... Qu'est-ce qui pouvait bien être à la taille d'un Boursouflet ? Peut-être un vêtement de poupée ? En tout cas ça vaut la peine de tester.

Je remonte donc dans ma chambre à la recherche du carton dans lequel mes jouets avaient été relégués après mon départ pour Poudlard. C'était y a seulement deux ans mais ça me semblait avoir eut lieu il y a une éternité... Tant de choses c'étaient déroulées depuis... Beaucoup de petites choses, quelques unes plus importantes, et d'autres carrément bouleversantes. Du joyeux, du terrifiant, du sublime, du terrible, du merveilleux, de l'étrange... J'étais bien incapable de dire si la somme de tout ça était positive ou non et encore plus incapable de décider si tout ça était pour le mieux. Ce dont je suis certaine, c'est que c'est différent, bien différent de tout ce qui se serait passé si je n'avais jamais reçu de lettre, si je n'avais jamais entendu parler de magie, si je n'en avait jamais fait... Et j'échangerais tout ça pour rien au monde, pas même contre un sommeil paisible.

Après quelques minutes à me perdre dans les cartons et les réflexions je finis par retrouver un petit stock de vêtements de poupées. J'élimine rapidement les tenues inadaptées à la rondeur des Boursouflets mais récupère l'ensemble des accessoires, notamment les chapeaux. J'ajoute quelques loups miniatures pour un look de bal masqué et je rejoins les deux boules de poils jouant dans le salon. Quand j'arrive, elles sont en train de faire leurs plus belles roulades, laissant de nombreuses traces de poils sur le canapé. Je grimace rapidement en pensant au fait que je devrais nettoyer ça avant le repas de midi, sinon mes parents apprécieront pas, il y avait bien une raison pour laquelle cette maison avait rarement vu des animaux en son sein...

Je dispose mon bazar, récupère les deux créatures et sors l'outil magique pour faire obéir un boursouflet : de la nourriture. Remarque ça marcherait probablement aussi sur moi, surtout si c'est du chocolat... Revenant à l'occupation du jour je m'adresse aux deux petites soudain bien attentives, restait à savoir si elles étaient attentives à ce que j'allais dire ou seulement au sachet de pommes séchées. Enthousiaste je leurs présente le programme qui les attends et ce qu'elles y gagnent.

"Alors... Si vous voulez un morceau de pomme, va falloir rester tranquilles quelques minutes. Je vais vous mettre des chapeaux." J'en prends un, et leur montre histoire qu'elles voient de quoi je parle. Je suis toujours autant dans le flou concernant les capacités de compréhension des Boursouflets, ça se trouve elles captent pas un mot de ce que je raconte... "Et je prendrais des photos. J'en enverrais une à Ed, si tu veux Piou."

La mention du garçon avait provoqué un cri de joie chez la bestiole, nul doute qu'elle appréciait son humain. Le sourire au lèvre, et rassurée par le calme des Boursouflettes je commence à les vêtir. Piou a le droit à un chapeau de cowboy ainsi qu'un pistolet à eau en plastique faisant presque sa taille qu'elle tient entre ses pattes. Via a, elle, un énorme nœud attaché pour former une petite couette sur le sommet de son crâne, et dans ses pattes une petite épée en plastique qui devait appartenir à une figurine aujourd'hui égarée. Je prends une vingtaine de photos, certaines ratées, d'autres réussies, mais ma préféré est une comportant les deux petites boules jouant ensemble entre les prises plus sérieuses. Je leur donne leurs récompense et range mon bazar en réfléchissant à comment envoyer tout ça à Edwin, parce qu'évidemment ça ne pouvait pas attendre la rentrée, c'était de la nouvelle de la plus haute importance !

@Edwin Wellhister, Lily s'occupe trop bien de Piou

Le soleil restait encore haut dans le ciel malgré le fait que la journée soit achevée et le dîner terminé. La chaleur était retombée un peu et le vent venu du large battait la ville côtière de brassée d'air frais. C'était selon moi le meilleur moment pour aller sur les plages de galets, elles étaient bien moins fréquentée et il n'y avait pas le moindre risque de coup de chaleur. J'avais donc décidé d'aller me promener seule. Je laisse les boules de poils aux soins de mes parents au côté de ma petite sœur, à voir qui des animaux ou de la petite de un an bientôt sera le plus sage...

De mon côté j'avais besoin de mettre un peu d'ordre dans mes pensées, j'avais annoncé à mes parents que nous devions discuter demain mais je n'étais même pas encore sure de ce que je voulais leur dire exactement... Depuis mon retour cette année j'avais l'impression qu'un mur de gêne c'était dressé entre nous, on se parle à peine, certes c'est mieux que l'été dernier où on se hurlait au visage mais c'est quand même très loin de l'entente que nous avions avant ma lettre pour Poudlard. J'allais devoir briser la glace et cette pensée me faisait honnêtement peur, c'était le genre de discussion que je voyais comme étant à double tranchant, ça pouvais tout régler comme tout empirer.

Après cinq minutes de marche dans les rues de Brighton, les étendues de galets et l'infini de la mer était en vue. De bonne humeur à l'idée de pouvoir marcher les pieds dans l'eau, je trottine jusqu'à l'écume et retire mes chaussures, les prenant à la main avant de m'avancer jusqu'à avoir les genoux dans l'eau. La sensation si agréable m'avait tellement manqué que je m'en délectais quelques instants, oubliant les retournement de cerveau m'ayant conduit ici à l'origine. L'euphorie des retrouvailles avec la Manche passée, je me remets en marche et tente de finir le tri des sujets à aborder.

Premier sujet et probablement un qu'il sera compliqué de condenser dans son coin vu comme il influe le sujet suivant. J'allais devoir sérieusement aborder la question de l'existence de la magie. J'allais aussi devoir décortiquer pourquoi ils avaient pas à en avoir peur. Ce qui était probablement un énorme mensonge au vue des événements dont j'ai pu être témoin à l'école mais vu comme ils avaient directement sauté sur la mouvance anti-sorcier lors de l'espèce de guerre civile entre sorcier et moldu... C'est clairement pas dans mon intérêt d'être honnête à ce niveau-là. Ce qui va être sympa c'est que je suis probablement la pire menteuse sur Terre donc je vais devoir jouer sur les mots, naviguer entre la vérité et l'omission et croiser les doigts pour que j'ai pas de questions directes auxquelles répondre.

Le second sujet que je voudrais aborder avec eux ce serait mon avenir en tant que sorcière comme je commence mes choix d'orientations dès la rentrée prochaine et que je suis supposée avoir pris ma décision avant ça quand même. Je suis pas certaines de comment aborder le sujet sachant qu'ils comprennent pas grand chose à ce que j'apprends en classe ou au fonctionnement du monde magique... Peut-être que je devrais sortir mes livres de classe pour l'occasion ? J'aimerais bien en profiter pour leur parler un peu plus de ma vie à l'école, de mes amis, des cheerleader, de ce que je fais sur mon temps libre... Y a évidemment des trucs que je vais devoir passer sous silence. Parce que si je leur explique comment les nés-moldus comme moi sont traités par certains, je vais les inquiéter pour rien...

J'avais marché quelques centaines de mètres sur la rive pendant que le soleil commençait à se coucher sur les navires rentrant au port. Je suis bien contente, d'avoir pu prendre ce temps de réflexion ce soir, ça me facilitera les explications demain. Certes il va être difficile de garder la conversation loin des problèmes pour la concentrer sur le positif mais c'était pas une question de facilité mais de nécessité. Si mes parents s'inquiètent trop ils seraient capable de m'interdire de retourner à Poudlard...

J'avais attendu toute la journée que ce moment arrive. Le repas du soir, le meilleur moment pour une discussion à cœurs ouverts avec mes parents. Les boursouflettes mangeaient dans un coin de la cuisine, et Skye avait été mise au lit avant qu'on s'installe autour de la table. Parfait ! On ne devrait pas être dérangé. J'étais tout de même un peu anxieuse. Je n'avais aucune idée de comment mes parents réagiraient, à tel point que ça me coupait l'appétit. Je jouais avec ma nourriture du bout de ma fourchette grignotant du bout des lèvres quelques bouchées avant de prendre une profonde inspiration, relever les yeux et mettre les pieds dans le plat, métaphoriquement parlant.

"Vous savez que je suis une sorcière. Alors pourquoi on fait comme si la magie existait pas en permanence ? Pourquoi vous faites semblant d'ignorer tout ce qui est en rapport avec ?"

Certes cet été ils ne me fixaient pas comme une bête de foire, y avait du progrès mais c'était pas assez. C'était même beaucoup trop peu, mon ton reflétait la blessure que cela m'infligeait de devoir ignorer la magie et une pointe de la colère, de la rancœur que soulevait leur attitude. Je restais calme mais savais pertinemment que s'ils faisaient semblant de ne pas comprendre je risquais d'exploser. Cette discussion n'avait que trop tardé et les émotions s'étaient accumulées, elles sortiraient donc ce soir d'une façon ou d'une autre. Le regard gêné et fuyant de mes parents ne m'échappa pas visiblement ils étaient pas ravis... ça tombe bien moi non plus. Enfin après une conversation silencieuse entre eux deux ma mère finit par prendre la parole.

"On sait... C'est juste que... Tout ça c'est vraiment compliqué... Y a eu une guerre civile tout de même avant que le gouvernement crie au canular. On a pas oublié même si la vie est revenu à la normale. On a quand même la preuve vivante devant nous que tout ça était bien réelle."

Je sens l'hésitation dans sa voix et la peur dans son regard qui m'évite. La peur de quoi ? De moi ? De ce que je pourrai leur faire ? Ou de ce qui pourrait m'arriver ? Parce que c'est quand même très différent. Je sens qu'elle a pas finit alors je me tais. Elle pose finalement les yeux sur moi et soupire profondément.

"L'été dernier... On a très mal agît, on pensait que si d'autre gens découvrait que tu es une sorcière non seulement tu serais en danger mais nous aussi et avec Skye qui était sur le point de naître... C'était égoïste et probablement ridicule. Mais on avait peur pour toi mais aussi de toi."

Ces mots font mal, très mal. C'était une possibilité je le savais. Mais je m'attendais quand même pas à ce qu'elle me dise ça. Une once d'espoir fait tout de même son chemin jusqu'à mon cerveau. M'man parlait au passé, pas au présent, c'est que c'est plus d'actualité. N'est-ce pas ? Un peu hésitante je lâche d'une petite voix : "Et maintenant ?"

"Non ! Bien sûr que non !"

Si Maman avait réagit au quart de tour visiblement outré que je puisse penser ça, mon père lui avait juste l'air choqué mais ne dit rien. Après tout il n'avait jamais été très bavard dès qu'il devait exprimer ses sentiments à l'oral. De plus de mes parents c'était lui qui avait le plus de mal avec les sorciers et la magie en général. J'étais soulagée, mais pas suffisamment pour pleinement laisser tomber ma garde. J'allais devoir encore tâter un peu le terrain.

"Donc je peux vous parler de Poudlard ? Et de mes cours ? Et de mes amis ? Ou de comment c'est d'utiliser la magie ?"

Le ton d'abord précautionneux se fit de plus en plus emplit d'excitation pendant que je m'emballais. Après tout cette tension n'était pas mon état naturel avec mes parents. On avait toujours été très proche avant ma lettre... L'espoir que tout pouvais redevenir comme avant me poussait à lâcher prise, à faire à nouveau confiance et à vouloir raconter tout ça. C'est mon père resté silencieux jusque là qui me répondit, sobrement, comme à son habitude.

"Tu peux. Mais avant toute chose j'aimerais savoir à quel point c'est dangereux la magie, et plus particulièrement celle que vous apprenez en cours."

Bon, ça c'était bien passé jusque là. En dehors de quelques mots qui font mal, il semblerait que Papi Charlie avait raison et que mes parents étaient prêt à faire un pas vers moi. Mais pourquoi fallait-il qu'on commence de suite par les questions compliquées... Essayant d'écarter rapidement le sujet je lançais une comparaison bateau entre magie et couteau. Blablabla c'est juste un outil... Blablabla tout dépend de l'usage qu'on en fait... ça répondait pas vraiment à la question. J'avais bien remarqué le sourcil interrogateur qu'il m'avait adressé, celui qui signifiait va pour cette fois, mais je te redemanderai la même chose plus tard, prévois une meilleure réponse... Mais puisque le sujet en restait là pour le moment j'embrayais joyeusement sur le quotidien à Poudlard, heureuse d'enfin pouvoir partager ça avec eux. Le reste du dîner se passa bien malgré la perplexité évidente de mes parents sur bon nombre de choses et le fait que de mon côté j'omettais énormément d'événements...

Toc. Toc. Toc. Un truc toque. J'ouvre la fenêtre du château de conte de fée dans lequel je me trouve. C'est mon château et il est magnifique d'abord, plus parfait que tout les châteaux du monde ! Et en temps que reine des chocogrenouilles j'ai l'honneur d'y habiter et de pouvoir régner depuis mon trône citrouille. Je suis une souveraine très appréciée de mes sujets chocolatés, c'est pour cela que la masse noire à plumes qui se jette sur moi à l'ouverture de la fenêtre me surprend d'abord, puis m'effraie. Ils me veulent du mal, ils dévorent mon trône, m'encercle, m'étouffent de leurs plumes, ce sont des corbeaux, des symboles peu auspicieux selon de nombreuses cultures. Je commence à manquer d'air...

Toc. Toc. Toc. Plus de corbeaux. Il fait sombre, la pièce est plongée dans le noir. Je ne suis pas une reine. Un bâillement m'échappe, je respire. Je suis dans un lit, je suis fatiguée. Toc. Toc. Toc. Le bruit est là, le même que dans mon rêve... Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? J'allume ma lampe de chevet, les boursouflets dorment paisiblement. Je m'assieds sur mon matelas, me frotte les yeux et jette un coup d'oeil à l'horloge sur le mur. 4h, 4h du matin. Et un truc toque contre mes volets. Toc. Toc. TOC. Le truc semble s'agacer de ma lenteur à lui ouvrir... Qu'est-ce que ça peut bien être ? Un peu effrayée par les possibilités plus absurdes les unes que les autres que pond mon imagination et par la violence de mon rêve se finissant abruptement, je préfère être prudente. Je m'arme de ma lampe, et ouvre fenêtre et volets.

Un oiseau entre, un grand duc majestueux mais qui m'est totalement inconnu. Je suis encore en train de rêvé où quoi ? Je pince fort mon avant-bras gauche et grimace instantanément. Ah bah non je rêve pas... Mais qu'est-ce que cet oiseau fait là ? Je l'observe attentivement et remarque enfin l'enveloppe parcheminée à sa patte. Je la récupère et fouille un peu ma malle pour trouver quelques friandises pour hiboux que je donnais aux hiboux de l'école lorsqu'ils partait ou revenait avec une lettre pour moi ou ma famille. Je lui en donne une qu'il accepte mais il ne part pas, peut-être veut-il partir seulement avec ma réponse... C'est probablement important dans ce cas.

J'observe l'enveloppe. Elle est scellée d'un morceau de cire fondue et marquée d'armoirie faisant glisser une sueur froide le long de ma colonne vertébrale.


Je ne comptais pas sur le fait que la Serpentard m'oublie mais l'aspect très officiel de la lettre me signifiait clairement que ce n'était pas chez n'importe qui que je me rendais. Je n'étais d'ailleurs pas certaine de la date, les événements m'aillant mis dans cette situation semblait bien loin, impossible de me souvenir de si on avait parlé des détails de "l'invitation" qu'elle me faisait. Je brise le cachet de cire et en sort un parchemin. Il contenait les informations essentielles, dates, lieux, besoin de confirmer ma présence au plus vite... Comme si je pouvais dire non. Il m'arrive d'être irréfléchie mais je suis pas non plus complètement stupide... En plus Carry m'a bien fait comprendre la position de sa famille dans la société sorcière et ce qu'ils pensaient des gens comme moi. C'est risqué d'y aller, c'est encore plus risqué de refuser. Je crois en tout cas. Puis je préfère régler ça de mon côté si j'ai des problèmes avec d'autres sorciers.

Bon maintenant je devais répondre. Je récupère une plume et du parchemin dans ma malle, je n'ai plus l'habitude des stylos bille et préfère largement la sensation de l'encre glissant sur le parchemin. Je suis un peu nerveuse... Est-ce qu'il y a des formulations particulières à respecter ? Je suis pas vraiment malpolie mais j'y connais rien moi aux manières des gens de la haute... Encore moins ceux qui sont sorciers, genre il y a peut-être des coutumes différentes des moldus... Bon tant pis je me lance ! Je vais écrire directement à Carry comme techniquement c'est elle qui m'a invité et puis c'est la seule que je connaisse, ce serait bizarre de m'adresser à quelqu'un d'autre.

Carry,
Merci de ton invitation à venir chez toi quelques jours à la fin du mois de juillet. Je te confirme que je serais bien là. J'aurais avec moi deux boursouflets, j'espère que ce n'est pas un problème et qu'aucun d'entre eux ne passera par la fenêtre pendant notre séjour chez toi.
Cordialement,
Lily-Rose Holland

J'avais toujours en travers de la gorge le traitement infligé à Clivia par celle qui m'invitait. C'était mesquin de ma part de renvoyer l'incident dans sa face mais je devais m'assurer que les animaux ne serais pas blessés non plus... Je glisse mon mot dans une enveloppe, la transmet à l'oiseau, le regarde partir et retourne me coucher.

@Carry Harrison comme cela te concerne, merci pour la permission de mentionner la lettre d'invitation

Les douces ténèbres du sommeil m'enveloppent depuis déjà quelques heures. L'endormissement est profond et je finis par basculer dans le monde des rêves. Au dessus de moi, un ciel étoilé et des bougies flottantes, comme suspendues dans le vide. La Grande Salle de Poudlard. Je suis de retour à l'école ? Etrange, j'aurais pourtant juré que c'était les vacances... Mais si je suis ici c'est pas plus mal, ça veux dire que je peux voir mes amis ! Je jette un regard à la table où je suis assise, table de Poufsouffle comme la majorité du temps. Mais étrangement toute l'attention semble dirigé vers la table des Serpentard. Une impression de déjà-vu me glace le sang. Je me lève sans vraiment l'avoir décidé. Je suis debout sur le banc, il y a quelque chose d'étrange dans cette scène, je la connais mais elle semble si fausse, si irréelle... Tout est trop brillant. Les gens dont je ne parviens pas à percevoir les visages familiers. La flaque rouge qui s'étend, depuis la masse grossière et absurdement énorme percée de flèches, et recouvre petit à petit le sol trop blanc... Je perds l'équilibre... Le banc n'est plus sous mes pieds.

Encore toute éblouie, je me retrouve dans un couloir étrangement obscure. La pierre s'enfonce dans mon dos et me soutiens sous mes pieds. Une pression forte sur mon épaule me fait lever la tête. Un visage net cette fois, presque trop marqué... Carry Harrison se tient désormais devant moi. Comment c'est possible ? J'en sais rien c'est pas important... Ce qui est important c'est... Via ! La boule de poils est dans le poing de la Serpentard. Elle se débat, hurle de toute ses forces pendant que la grande me caresse désormais affectueusement la tête. J'y comprends rien... Une fenêtre est apparue derrière moi. J'ai tout juste le temps de voir un éclat violet passer à côté de moi que je le suis dans sa chute, prise dans l'élan pour rattraper l'animal. J'attends le choc du sol, le contact de la fourrure...

Rien... Rien d'autre que du tissu ? Je suis dans mon lit ? A la maison ? Vraiment ? Pourtant je sens mon cœur s'affoler encore des images que mon... esprit ? viens de me montrer. Je respire mal. Trop vite. La tête me tourne. Il me faut de l'air. Vite. Je repousse plus violemment que nécessaire mes couvertures et me précipite pour ouvrir la fenêtre. Je pousse les battants de bois et inspire l'air frais de la nuit comme si je venais de découvrir l'oxygène pour la première fois. Il me faut quelques minutes pour récupérer une respiration normale. Et encore une bonne heure avant d'être capable de rejoindre mon lit pour récupérer quelques heures de sommeil supplémentaires.


Un cri de bébé résonne. La lumière inonde ma chambre par les volets ouverts. Je suis épuisée, même pas besoin d'un miroir pour noter la présence de profondes cernes sous mes yeux. Pourtant je n'ai aucune envie de tenter de me rendormir, aucune envie de tenter mon esprit, de lui donner envie de déformer des souvenirs douloureux les rendant encore pires. L'air complètement explosée de fatigue je me traine jusqu'à la cuisine. Maman ne tarde pas à m'y rejoindre. J'en déduis qu'elle a laissé Papa s'occuper de la petite. Elle ne commente pas sur mon apparence visiblement pire que d'habitude, ni sur mon air grognon ou le fait que j'ai l'air de ne pas avoir vu d'oreiller depuis trois jours. Elle soulève cependant un sourcil interrogateur. Je décide à marmonner une réponse simple et proche de la réalité mais qui ne révèle pas l'ampleur du problème...

"Cauchemars."

Après tout je suis habituée, même si c'est de moins en moins fréquent, ces perturbations nocturnes sont une part de mon quotidien... Je compose avec. Avec les journées qui semblent parfois trop longues. Avec les cours qui me demandent trop de concentration et que je dois parfois emprunter parce que j'ai passé le cours à me retenir de dormir plutôt que d'écouter. Avec l'humeur du matin qui dure toute la journée au lieu de se dissiper après le petit-déjeuner. Avec les images qui parfois s'échappe de mes rêves et hantent mes jours à la place... Ma mère semble se contenter de mon explication. Pour le moment en tout cas. Je replonge donc dans mon assiette de nourriture essayant de ne pas penser à ma nuit mouvementée.

Je meurs de chaud... Genre littéralement. Je suis plus habituée moi. D'où il fait 35°C ? J'arrive pas à croire que l'hiver écossais me manque, mais là, présentement, je fonds sur place. Qu'est-ce je donnerais pas pour un peu de pluie, de neige, de vent... Mais oui ! Du vent ! Je peux faire du vent. Enfin le ventilateur de la librairie peut faire du vent... Je peux peut-être pas le récupérer parce que Maman en a besoin pour travailler. Mais je devrais pouvoir m'installer dans un des fauteuils du magasin. Je pourrais en profiter pour écrire quelques lettres. Les vacances viennent de commencer, je sais, mais mes amis me manque et j'ai quelques personnes à qui j'ai pas parlé depuis un moment...

Je récupère, parchemins, plume, encre et enveloppe et descends au rez-de-chaussée. Je me faufile dans le petit couloir longeant la cuisine, traverse l'arrière-boutique encombrée de cartons et entre dans la librairie depuis l'arrière du comptoir. Je dépose un bisou sur la joue de ma mère, la température est bien plus agréable ici... En plus y a pas de clients, c'est parfait pour moi. Je ne prends pas la peine de bavarder ou d'expliquer ce que je fabrique, Maman semble de toute façon bien trop happée par ses mails. Je m'installe dans un pouf, prêt du ventilateur ainsi que d'un petit guéridon et commence ma farandole de lettres.

Salut Deryn !

Je sais que les cours ont terminé y a à peine plus d'une semaine, mais c'est un peu étrange de plus se voir tout les jours. Comment tu vas ? Moi je vais plutôt bien. J'ai réussi à mettre les choses à plat avec mes parents concernant la magie. J'ai pas vraiment tout pu leur dire parce que clairement ils paniqueraient si ils savaient tout. Mais au moins maintenant on peut se parler comme avant. Du coup je suis contente. Ah aussi ! Ma Mamie m'emmène faire une randonnée équestre la semaine prochaine. J'ai trop hâte, ça me manquait de monter à cheval... Tu penses qu'on pourrait demander si c'est possible d'avoir des chevaux dans le parc du château ?
Enfin bref, des bisous !
Lily

PS : je t'ai mis une photo de moi et de Clivia avec un gros nœud sur la tête, parce que je la trouve marrante...

Je referme l'enveloppe après avoir glissé dedans une photo sur laquelle je fais une grimace avec ma boursouflette faisant le clown sur mon épaule. J'inscris sur l'enveloppe les indications nécessaire pour la poste et passe à la suivante.

Salut Charlotte !

Comment tu vas ? Moi ça va. J'ai reçu une lettre officielle des Harrison, avec un sceau et tout, pour me dire d'arriver chez eux le 27 juillet en début d'après-midi pour un séjour de quelques jours. Je crois que j'avais raison, j'ai pas vraiment la possibilité de dire non. Mais si on m'envoie un truc officiel comme ça, c'est bien que je suis une invité reconnue, non ? Enfin moi je pense que si. Je m'attends pas vraiment à passer les vacances de ma vie mais y a pas de raison que quoique ce soit m'arrive. Sinon en dehors de ça je suis contente de pouvoir passer un peu de temps en famille, Clivia se fait bien au monde moldu je crois. D'ailleurs elle a de la compagnie pour l'été ! Je garde la boursouflette d'Edwin, un première année de Serpentard, tu le connais peut-être ? Enfin elle son trop choux toutes les deux du coup je te mets une photo d'elles qui jouent ensemble.

Bisous !
Lily

Je ferme cette enveloppe, y ajoute l'adresse postale, et regarde les parchemins qu'il me reste, je sais pas si j'en ai assez. Je pourrais en récupérer en haut mais l'idée de devoir monter à l'étage me faisait suer d'avance... J'hésites un peu sur le fait d'écrire ses lettres, je sais pas vraiment quoi dire, mais j'ai envie de le dire. C'est probablement la situation la plus floue possible en matière d'écriture de message. Peut-être que je peux y aller de façon plus formelle que pour les copines ? Ou peut-être pas trop. Je sais pas... C'est quoi la formulation appropriée pour personne à qui j'ai pas osé adresser la parole depuis des mois parce que je savais pas quoi dire ? Et celle de quand on sait toujours pas ? Peut-être que je devrais juste me lancer en fait, ce serait peut-être plus simple...

Bonjour Lilly,

Comment tu te sens ? Et comment va Jyal ? Je me doute que c'est pas vraiment la joie de ton côté... Je voulais seulement m'excuser de pas être venue trop te voir après cette histoire de tournoi à vomir. J'ai eu l'impression que depuis t'avais besoin de plus d'espace, et j'avais pas trop envie de venir juste pour te sortir les mêmes blabla sans substance que tout le monde. J'espère que les vacances te feront au moins un peu de bien... Je t'ai aussi mis des petites choses dans l'enveloppe, pour toi et pour Jyal.

Des bisous !
Lily-Rose

J'ajoute dans l'enveloppe la dernière photo de Clivia à ma disposition, une sur laquelle elle déploie sa langue pour attraper un morceau de pomme, ainsi qu'une chocogrenouille et une friandise pour boursouflet. J'ai vraiment l'impression de pas savoir sur quel pied danser dans cette lettre. J'apprécie beaucoup Lilly et pourtant je lui ai à peine parlé depuis les événements du Dominion... C'est probablement idiot de me prendre la tête pour ça, mais j'ai pas forcément envie d'attendre la rentrée pour lui parler à nouveau.

Bonjour Elowen, Elo ?

Je sais pas trop si tu te souviens de moi, on avait partagé un petit-déjeuner une fois. T'étais en pyjama, ça m'avait intrigué. Tu m'as dis ce jour là que t'aimais la lavande, alors, je t'en mets un peu.

Lily-Rose, une Poufsouffle parmi tant d'autres

C'était presque plus simple d'écrire à quelqu'un que je connaissais finalement très peu. Comme dit dans la lettre, je glisse quelques brins de lavande séchés mais très odorant, dans l'enveloppe. Je m'attaque à la dernière lettre que je compte écrire. La sonnette du magasin retentie pour la première fois de l'après-midi, je lève deux secondes les yeux vers la clientèle, laissant ma mère s'en charger et retourne à mon parchemin.

Bonjour Jacob,

Je me disais que comme c'est les vacances t'aurais besoin peut-être de divertissements ? Il me semble que t'aimes bien les films moldus, donc je t'en ai mis quelques uns sur une clé USB. Je sais pas si depuis notre visite du bureau du Concierge t'as appris à te servir d'un ordinateur, mais si jamais t'as des questions je peux essayer de t'expliquer par hibou. L'idéal se serait quand même que tu puisses trouver quelqu'un pour te montrer directement, mais promis c'est pas trop compliqué.

Lily-Rose

Zou ! La lettre et la clé USB dans la dernière enveloppe. Reste plus qu'à envoyer... On verra demain, pour le moment je vais profiter encore un peu de la fraicheur du ventilateur...

@Deryn O'Connors, @Charlotte Dwight, Lily-Rose vous envoie vos lettres via la poste moldue elles arrivent le vendredi 6 juillet.
@Lilly Zarbi, @Elowen Livingstone et @Jacob Tramontane, vous recevez vos lettres par hibou postal le samedi 7 juillet.
Libre à vous tous de réagir ou non à ses envois.

Aujourd'hui j'ai décidé de quitter la maison ! Je vais changer d'air juste pour la journée, j'accompagne Sky chez Miss Porter. Mon ancienne nounou, s'occupait désormais de ma petite sœur également et présentait l'avantage non négligeable d'être une sorcière, comme moi ! Je pourrais donc discuter un peu avec elle de magie, de Poudlard, de Quidditch... Je devais aussi lui demander si elle voulait bien me déposer chez les Harrison comme je ne pourrais vraisemblablement pas m'y rendre seule et si mes parents me dépose en voiture ce sera probablement très mal vu. Je me prépare une fois mon déjeuner avalé. Un regard sur ma montre m'apprends qu'il est 10h15 quand je quitte la maison, après avoir prévenu ma mère de ma destination.

J'arrive devant la petite maison dissimulée dans une ruelle assez rapidement malgré la foule de touristes encombrant les trottoirs. Je sonne et attends tranquillement que l'on vienne m'ouvrir, savourant l'ombre salvatrice des bâtiments qui me protège de la chaleur insoutenable de l'été. Une trentaine de secondes après, une petite dame replète à la chevelure grisonnante et au regard pétillant me fais entrer. Je lui fais un rapide câlin et me faufile dans la fraîcheur de sa maison. Une fois arrivé dans le salon je m'assois sur le canapé que je connais bien. Je remarque un parc pour enfant dans un coin de la pièce, contenant la petite Sky, bébé de bientôt un an et actuellement occupée à empiler des cubes.

"Tu comptes me dire ce que tu fais ici Rosie ? Ou je dois jouer aux devinettes ?"

Le ton taquin de l'adulte me rassurait largement sur le fait que ma présence improviste ne gêne pas. Souriante je répondis tranquillement à la question.

"Je suis venue pour te voir ! Mais j'ai aussi des petits services à te demander. Déjà est-ce que je peux t'emprunter ton hibou ? J'ai des lettres à envoyer."

"Je me doutais bien que tu venais pas seulement pour le plaisir de ma compagnie." Miss Porter rit un coup et s'assit à côté de moi avant de répondre à ma requête. "Tu peux m'emprunter mon hibou, mais il est plus tout jeune, la livraison sera pas des plus rapide."

Tout en la remerciant, je m'approche du hibou et lui confie les trois lettres pour lesquelles je n'ai pas d'adresse postale. Celui-ci m'accorde à peine un regard et retourne à son sommeil, il partira probablement dans la nuit. Je retourne vers le canapé et cette fois je suis un peu trop gênée pour regarder l'adulte dans les yeux, je laisse donc mon regard papillonné dans la pièce tandis que j'essaye d'amener en douceur ma seconde requête. Je savais pertinemment que j'aurais un bon paquet d'explication à donner une fois qu'elle serait formulée mais si au moins je pouvais éviter une réaction aussi violente que celle de Deryn ça m'arrangerait. J'avais pas spécialement envie de me faire de nouveau crier dessus, combien même ma bêtise le justifiait.

"Tu vois qui sont les Harrison ?" Un hochement de tête, et un regard d'étonnement et d'inquiétude apparaissait sur le visage de Miss Porter. "Leur fille Carry est à Poudlard, je l'ai rencontré cette année et elle m'a invitée à passer quelques jours chez elle pour rencontrer sa famille. Est-ce que tu pourrais me déposer en transplanage ?"

C'était probablement la version la plus édulcorée possible de ce qu'il s'était passé. C'était la vérité mais de la même manière que des coups étaient un massage. Le silence s'installa, perturbé seulement par les jeux de l'enfant dans son parc. Je glissais un œil en direction de mon ancienne nourrice. Elle semblait partagée entre l'ahurissement, l'envie de demander plus d'explication et celle qui voulait ne pas croire un mot de mon histoire tellement elle semblait ridicule. Finalement elle prit la parole, lentement, pesant chaque mots individuellement, comme pour s'assurer qu'elle avait bien compris.

"Donc... Tu me dis que la famille Harrison, membre du Conseil des Sorciers et donc probablement très anti-moldus et nés-moldus... T'as invité, toi ? Tu es amie avec cette fille ? Ils savent que tes parents sont moldus ? Tu réalises le danger Lily ?"

Aïe... Elle avait pas mis longtemps à me percer à jour, pas que ce soit compliqué mais quand même. J'allais maintenant devoir m'expliquer de façon bien plus honnête si je voulais être tranquille. Mes joues s'empourpraient au fur et à mesure des questions qui tombaient. Je me décidais à répondre du mieux possible à chaque question, me dandinant sur le canapé, je pris la parole d'une petite voix gênée.

"Je suis pas exactement amie avec Carry, on a eut un différent et pour s'excuser elle m'a invité chez ses parents. J'ai accepté parce que j'ai aucune raison de vouloir me les mettre à dos. En plus j'ai reçu une invitation officielle avec le sceau des Harrison y a quelques jours. Donc ça me semble difficile de dire non maintenant. Carry est au courant que je suis née-moldue, je pense pas que ce soit le cas de ses parents...Et... Oui, je sais que c'est dangereux, mais seulement s'ils découvrent qui sont mes parents." Un petit silence empli la pièce quelques secondes. "Du coup, tu m'emmènes ?"

Miss Porter poussa un long soupir avant d'accepter un peu à contrecœur, elle me fit également savoir que le sujet n'était pas clos, mais que pour le moment elle avait bien envie d'entendre parler de mon année à Poudlard...

J'avais envoyé hier toutes les lettres, rédigées lundi, et j'avais pu parler de mon année à l'école en détail avec quelqu'un qui y comprendrait quelque chose. En plus j'avais trouvé quelqu'un pour me déposer à la demeure des Harrison, quelqu'un qui m'avait d'ailleurs rappelé que j'aurais peut-être dû demander la permission à mes parents avant. Je leurs demanderai pendant le repas, je dois aussi demander pour l'autorisation de sortie à Pré-au-Lard. J'ai vraiment hâte de découvrir le village sorcier en compagnie de mes amis. J'ai vraiment plus l'habitude de devoir demander à mes parents n'empêche, ça me traverse pas la tête de demander, la moitié du temps je me contente d'annoncer ce que je compte faire...

Je mets la table pendant que mon père finit de préparer le repas et que ma mère clos la boutique pour la pause du midi. La table est mise, j'engage la conversation avec l'adulte présent en attendant de pouvoir m'installer pour le repas.

"P'pa ? Je peux te demander un truc ?"

Petit silence pendant qu'il retourne les steaks dans la poêle.

"Je t'écoute."

Flegme habituel et une nuance de curiosité ? d'inquiétude ? Elles sont si farfelues que ça mes demandes d'habitude ? Qu'importe, allons droit au but.

"Près de l'école y a un village auquel les troisièmes années et plus peuvent aller durant les samedis. Et comme je rentre en troisième année à la rentrée je voulais savoir si vous pouviez signer l'autorisation de sortie ?"

"Hum, pourquoi pas... Dis moi... C'est quel genre de village ? C'est protégé là bas ? Les professeurs vous accompagnent ?"

Questions en série, une petite manie dont j'avais hérité et dont j'usais et abusais suffisamment pour taper sur les nerfs des gens. Je réunis dans ma tête les informations que je connaissais et qui pourrait plaider ma cause.

"C'est un village entièrement sorcier. Y a des patrouilles régulière par les forces de l'ordre, et des sortilèges de protection. Et oui les profs nous accompagnent, on est pas lâché sans adultes à proximité. Puis l'école nous enverrait pas aussi facilement dans un endroit dangereux."

J'avais de gros doute sur la capacité de la direction à protéger les élèves peut importe leur volonté ça n'avait pas été suffisant pour empêcher le tournoi du Dominion... Mais ça mes parents n'ont pas besoin de le savoir parce que c'est un coup à ce qu'ils essayent de me convaincre de ne pas retourner à Poudlard, j'avais donc utiliser un ton que j'espérais suffisamment assuré. Même si la dernière conversation les a apaisés, je me doutais que la moindre suspicion de risques liés à la magie pouvait provoquer un revirement. Maman entra dans la pièce à ce moment là, pile quand le repas fût près.

"On peut passer à table ! Vous discutiez de quoi ?"

M'installant à ma place, je laissais mon père lui répondre, dans l'espoir qu'il en profite pour donner son accord directement au passage. Il répondit en prenant place à table après avoir disposé le menu du jour sur la table.

"Rosie m'expliquait que les élèves de sa classe et les plus grands peuvent se rendre, accompagné de leurs professeurs, dans le village sorcier voisinant l'école. Il suffit qu'on signe une autorisation."

Je jette un œil aux steaks un peu trop cuit et aux petits pois flottant dans le jus, et repense immédiatement, avec regret, aux bons petits plats de Poudlard, cuisinés par les très doués elfes de maisons du château. Ma mère me lance un regard tranquille mais tout de même sérieux.

"Si c'est sûr, je n'y vois pas d'inconvénients. J'y pose tout de même une condition. Si ta moyenne générale baisse, ton autorisation saute."

Hein ? C'est pas que c'était impossible mais ma moyenne était actuellement tout juste de O... Tout ça ne me laissait pas beaucoup de place pour me planter... En plus j'avais eu du mal à faire obéir ma baguette le temps des examens... Notre lien est déjà fragile avec l'été en plus pendant lequel je l'aurais pas vu ça allait pas aider... Mais bon discuter serait inutile et au moins j'avais la permission de sortie à Pré-au-Lard. J'acquiesçais donc légèrement dépitée par la pression que j'allais désormais avoir sur les épaules concernant mes notes. J'attaquais ensuite mon repas, m'interrompant après avoir engloutie la moitié de la très décevante assiette de petit pois à l'eau et terminé mon steak.

"Ah ! Aussi fallait que je vous dise, j'ai prévu de passer quelques jours chez quelqu'un que j'ai rencontré à Poudlard, à la fin du mois. J'ai déjà dit que je venais, j'ai complètement zappé de vous demander... C'est pas un problème ? Miss Porter peut m'emmener, comme la propriété de ses parents est pas accessible aux non-sorciers."

J'avais cette fois absolument pas demandé leur opinion à mes parents. J'estimais ne pas vraiment en avoir besoin, après tout je m'étais habituée à ne pas avoir à demander pour tout. Entre le fait que j'étais loin et le fait qu'on était en froid, l'habitude de questionner mes parents avait presque totalement disparue. Puis de toute façon c'est pas possible d'annuler. L'air légèrement étonnés mais aussi agacés mes parents échangent un regard et finalement mon père annonce d'un regard n'appelant pas de réponse :

"Très bien. Mais je pense qu'on va ajouter une condition à ton autorisation de sortie... La moindre sanction disciplinaire et c'est finit aussi les sorties au village."

Mais ! Pff... Je lève les yeux au ciel, et replonge dans mon repas en silence. J'avais obtenu ce que je voulais mais avais clairement l'impression de ressortir perdante. On se parle presque pas pendant un an et boum ils me collent des restrictions sur les autorisations... Pas qu'elles soient impossible à tenir, loin de là, mais c'est le principe quoi... On dirait qu'ils me pensent incapable de me tenir en cours...