18 Février 2045
@Carry Harrison


Le Quidditch, toujours le Quidditch. Il n’y avait que le Quidditch dans la vie de ces abrutis, à croire que ce sport idiot était leur seule raison d’exister. Tous plus bêtes les uns que les autres. Christopher, Brett, Irisia et même Aliosus avaient décidé d’aller perdre leur temps devant le match de ce jour. Très peu pour Alice, elle n’avait pas envie de s’infliger tant d’inconfort. Surtout, elle n’en avait pas la force. Ses forces s’amenuisaient tous les jours un peu plus depuis que Thomas lui avaient annoncé le triste sort de Kenneth. Après son père et monsieur Penwyn, voilà que son tuteur disparaissait, poursuivi par tous les Moldus de Grande-Bretagne. Pourquoi avait-il fait ça ? Était-ce vrai, de toutes façons ? Alice ne savait plus si faire confiance à Thomas était la meilleure des solutions. Mais il était tout ce qui lui restait, le seul sur qui le sort ne s’était pas encore acharné. Il fallait s’y accrocher, mais rester prudente. Thomas était loin d’être un saint.

Marcher dans les couloirs devenait devenu une activité à part entière. Alice n’avait pas besoin de point d’arrivée, elle se laissait guider par ses pas, son esprit totalement focalisée sur ses pensées. Cela l’aidait à ne pas perdre pied. C’était difficile ces derniers temps, Alice faisait pourtant son possible pour garder la tête hors de l’eau mais ... tout la ramenait à ce qu’elle avait perdu. Son enfance, sa beauté, sa vie, son père, un homme qu’elle considérait comme un autre père, son oncle de cœur, son frère... que serait la suite ? Qu’allait-elle perdre cette fois ? Le sort s’acharnait sur son intégrité et les hommes de son entourage. Aliosus serait-il le suivant ? Brett ? Christopher ? Ce dernier lui échappait un peu plus chaque jour, au profit de sa meilleure amie. Irene. Quelque chose arriverait bientôt, Alice le pressentait.

Au détour d’un couloir, Alice aperçu un peu tard une silhouette bien connue qu’elle avait apprit à évité. Carry Harrison, occupée à faire ses tâches d’esclave. Si Alice avait été entourée, elle serait volontiers restée à observer sa pire ennemie s’humilier devant chacun. Mais elle était seule. Aussi, Alice préféra faire demi tour pour ne pas risquer une confrontation avec son bourreau. Ses doigts enroulés autour de sa baguette, accrochée à sa hanche, Alice s’éloignait sur le qui vive.

Le Quidditch. Un sport que beaucoup considérait comme barbare mais que Carry appréciait plus que tout. Même si elle n’avait pas été retenue pour les sélections de cette année, elle avait réussi à rejoindre un tout nouveau groupe qui était lié intérieurement : les Crocheers, dirigée par Alaska Cross, une fille dont l’ex Serpentard avait fait la connaissance quand elle avait de couper les cheveux à Orphea. Mais tout cela, c’était du passé, un passé lointain qu’elle souhaitait plus que tout retrouver.

Carry se tenait dans le couloir face à une vitre à essayer de regarder à travers de gauche à droite pour essayer de trouver le meilleur angle possible pour regarder ce qu’elle pouvait du match Cela faisait partie de sa punition, ne plus être élève à Poudlard voulait aussi dire qu’elle était interdit de tout activité extra-scolaire, cela concernait le cheerleading tout comme assister au match de Quidditch. Les regrets se faisaient plus lourd chaque jour et plus elle se démenait pour trouver un meilleur angle, plus la colère commençait à monter en elle. Si elle n’avait pas fait cet acte irréfléchi, elle serait très certainement au stade avec les autres à danser, à rigoler et encourager son équipe et au lieu de cela…Elle était seule dans le couloir en train de faire semblant de nettoyer celui-ci pour pouvoir « regarder » le match.

Pas tout à fait seule en fin de compte, elle sentie la présence de quelqu’un dans son dos, quelqu’un qui reculait d’un pas léger et qui ne souhaitait pas se faire remarquer. Une chevelure blanche, une peau albâtre et des yeux d’argents avec un regard perçant. Quelles étaient les probabilités qu’Alice Sangblanc se retrouve au même endroit qu’elle ? Pourquoi n’était-elle pas au stade avec son petit chien ? Que diable faisait-elle ici ?

-Tu viens donc te moquer de moi dans l’ombre et maintenant tu fuis parce que je t’ai vu, Sangblanc ? Lança Carry qui se tourna lentement vers Alice pour lui adresser un sourire faussement amical. Tu n’as plus besoin de fuir maintenant, je n’ai plus de baguette grâce à toi. Dit-elle sur un ton ironique en levant les mains en l’air comme pour lui indiquer qu’elle était désarmée. Je t’avoue, je t’imaginais plus forte que ça, je pensais que tu étais quelqu’un qui aimait régler ses problèmes toute seule, mais au finale… Je me rends compte que tu es bien lâche comme personne… Elle leva un doigt vers le ciel avec une mine faussement surprise. C’est ça ! j’aurai dû écrire lâche sur ton visage ! Cela te correspond parfaitement, maintenant. 

Du venin, Carry avait besoin d’extérioriser tout cette haine qu’elle ressentait pour la jeune Sangblanc. C’était vrai, Carry la pensait plus forte que ça, elle pensait qu’elle essayerait de s’occuper personnellement d’elle après le bal pour lui faire payer mais elle ne s’attendait pas à ce qu’Alice aille pleurer dans les jupons de la direction.

Son visage qui arborait ce sourire commençait lentement à fondre pour laisser place à un visage déformer par une haine qu’elle contenait. Un pas, deux pas, trois pas, Carry s’avança lentement vers Alice avec la ferme intention de réduire la distance qui les séparaient… Harrison savait qu’elles étaient seules dans ce couloir, tout le reste de l’école était au stade et contrairement au bal cette fois il n’y avait pas de témoins…pas de professeurs, rien, personne.

Alice se figea en entendant la voix de Carry dans son dos. Ni une ni deux, la fillette fit volte face. Elle ne tournerait pas le dos à Harrison, ça non, plus jamais.
L’anglaise jeta des mots cruels au visage d’Alice qui encaissait en silence. Elle montrait son vrai visage, laissait tomber les courbettes qu’elle adressait aux autres. Des mensonges, rien que des mensonges, mais jamais pour Alice. Si seulement Brett était caché dans son dos pour y voir sa Carry, la vraie, celle qui crache son venin au visage de ceux qu’elle défie.
A ses provocations, Alice ne répondit pas, pas tout de suite. Ce n’étaient que des mots que lui crachait son ennemie jurée. Rien que des mots. Alice inspirait profondément, prenait sur elle pour ne rien montrer de ses émotions. Cela ferait trop plaisir à Carry que de voir la détresse d’Alice.

Son cœur battait la chamade, cependant. Alice avait peur, plus peur encore lorsque la démone s’avança vers elle. Le sourire qu’arborait Carry s’était mué en une grimace haineuse, et c’est ce qui poussa Alice à relever sa baguette, ne serait ce que pour montrer qu’elle n’hésiterai pas à s’en servir. Cela ferait trop plaisir à Carry, cependant. Peut-être n’attendait-elle que l’opportunité de se faire passer pour une victime.

« Ce n’est pas moi qui t’ai dénoncé. » répondit Alice. « C’est une personne qui m’aime. Tu sais ce que c’est que de se faire apprécier, Carry ? Je me demande si il s’agit de Christopher, Aliosus, Irisia ... ou Brett. »

C’était Christopher, Alice le savait, mais il était délicieux que de rappeler à Carry qu’elle avait tout perdu.

-Brett...N'aurait...Jamais...fait...ça !

Elle avait osé. Elle avait prononcé le nom de Brett devant-elle. Savait-elle au moins ce qui se passait entre eux ? Bien sûr qu’elle savait, sinon jamais elle n’aurait fait de petite pause entre le nom de Brett et les autres. Mais elle était allée beaucoup trop loin, Carry avait réagi au nom de Brett comme s’il s’agissait d’un mot clé pour réveiller un agent dormant. En un seul pas, elle se retrouva limite collée à la petite Sangblanc et plaqua son poignet droit contre sa gorge et se saisit de sa main tenant la baguette de l’autre pour la pousser avec violence contre la rambarde des escaliers. 

Cette peste savait que Brett était son point faible et jouait justement avec pour lui faire perdre pied et…elle y arrivait. Que son adversaire soit armé ou pas, Carry utilisa tout le poids de son corps pour faire pencher Alice légèrement par-dessus la rambarde en appuyant un peu plus sur son poignet tout en la retenant pour pas non plus qu’elle tombe complètement. Plus elle appuyait et plus les lèvres de Carry se crispèrent de Haine, elle ne voulait pas rater une seule miette de ce qui était en train de se passer, pas une seule seconde ne devait être omise de sa tête. Elle voulait jouer avec Carry ? Elle allait avoir ce qu’elle souhaitait.

Elle avait promis…Promis qu’il n’y aurait plus de violences mais avec Alice Sangblanc dans les parages c’était juste impossible. Cette…diablesse avait fait de sa vie un cauchemar et chaque fois qu’elle poussait un peu plus Alice dans le vide, elle se remémorait dans sa tête toutes les personnes qu’elle avait perdu à cause d’elle. Irisia, Aliosus, Orphea, Lili, Alexei…Brett …. Si elle n’était pas intervenue, Harrison aurait encore des personnes avec qui parler, avec qui rigoler avec qui discuter.

-Tu m’as…tout pris, commença Carry dans un étranglement avant de commencer à pousser un peu plus son poignet sur la gorge d’Alice pour la faire pencher un peu plus. Absolument tout ! Je n’ai…Plus rien à cause de toi, Sangblanc…Depuis Novembre, tu as fait de ma vie un véritable calvaire et je ne supporte plus… Maintenant…J’ai enfin l’occasion d’être libre… Le regard de Carry passa légèrement derrière Alice pour fixer lentement le vide où elle avait l’intention de se jeter avec son ennemi juré. Tu m’as absolument tout pris…Alors toi non plus tu n’auras plus rien…

Des larmes ? Des regrets ? pourquoi commençaient-elles à couler que maintenant ? Prenant conscience qu’elle allait mettre un terme à sa vie, une multitude de questions commencèrent à saturer son esprit. Avait-elle profité de la vie ? Avait-elle été heureuse ?  Avait-elle bien vécu ? Tristement, Carry hocha doucement sa tête négativement comme pour répondre aux questions qu’elle s’était posée à elle-même… Alice lui avait vraiment tout pris…

En un éclair, la situation s’inversa. La haine de Carry qu’Alice moquait précédemment se mua en une fureur qu’elle se mit à craindre. Carry s’était jeté sur elle et le corps d’Alice lui fut douloureux alors que son dos frappa brutalement la rembarre.
Les escaliers.
Son corps se tétanisa sous le poids de la peur. Carry s’était saisi de sa main armée, appuyait sur sa gorge jusqu’à la faire suffoquer. Alice peinait à respirer, Alice perdait pied. Elle tombait toujours un peu plus dans le vide qui s’étendait dans son dos. Carry allait la faire tomber, elle allait la tuer ! Mais qu’est-ce qui l’a tuerait ? Le manque d’air ou le point de chute ?

Carry la faisait pencher dangereusement, et Alice ne parvenait pas à se libérer de sa prise. Sa seule main encore libre cramponnait la rembarre, comme si cette seule prise lui permettrait de ne pas tomber si Carry venait à la pousser avec plus de conviction. Des images terribles lui revenaient en tête : celles du bal d’Halloween. Elle avait été incapable de se protéger, ce ne serait pas le cas cette fois, ça non. Alice se l’était promis.
Cette fois, elle ne serait pas faible.

Carry semblait lutter contre elle même, ou bien s’interrogeait elle quant à la marche à suivre, qu’importe, c’était une occasion en or. De toutes ses forces, Alice envoya son poing libre choquer contre la tempe de Carry qu’elle repoussa de son pied battant l’air. Avec horreur, elle sentait son corps basculé en arrière alors que Carry était sauvé, propulsé suffisamment loin du bord. Alice se rattrapa de justesse au rebord, son corps tout tremblant.
Le danger écarté, Alice reprit sa respiration à grande bouffée. Elle regardait Carry avec des yeux ronds. Elle avait essayé, encore une fois. Elle avait essayé de la tuer. Jamais Alice n’aurait dû baisser sa garde. Elle aurait dû partir à toutes jambes. Par Merlin, quelle erreur.

« Tu es complément folle ! » hurla Alice, tremblant des pieds à la tête. « Ce n’est pas à cause de moi que tu n’as plus rien, mais à cause de toi, et de toi seule ! Malade ! »

Alice s’éloignait déjà pour descendre quelques marches, son regard pointé sur Carry. Elle l’effrayait, à présent elle en était convaincue. Elle ne changerait jamais, finirait par lui faire plus de mal encore. Elle l’avait dit. Elle le ferait.

Se tuer ? Carry en était incapable. Mentalement, jamais elle n’arriverait à faire l’ultime pas qui pas qui la séparait de l’autre monde. Était-elle vraiment la méchante dans cette histoire ? Alice était celle qui l’observait dans son malheur, elle était celle qui lui avait tout pris alors que Carry ne lui avait fait qu’exposer une vérité. Mais il était possible qu’elle aussi.

Alice avait réussi à semer le doute dans son esprit. Brett aurait-il vraiment pu faire ça ? Est-ce lui qui aurait transformée sa vie en cauchemar ? Plus elle y repensait et plus la mémoire de la Saint Valentin lui fit rappeler à quel point tout les deux étaient quand même lié malgré la pause du petit couple. Cela ne pouvait être qu’Alice mais quelque chose n’allait pas dans cette réflexion. De ce qu’elle savait, Sangblanc était à l’infirmerie à cause de sa blessure tout comme Carry à ce moment-là, jamais elle n’aurait eu la possibilité d’aller prévenir quelqu’un mais alors si c’est le cas…ça voudrait dire qu’Alice serait bel et bien innocente ? Vraiment ? Non, Carry n’y croyait pas une seule seconde mais ça ne l'empêchait pas de ressentir de la culpabilité...Elle n'était pas une meurtrière...Pas encore.



Alors qu’elle ramena doucement Alice sur le sol, un magistral coup de poing vint heurter sa tempe la faisant tomber à la renverse. Sa vision était floutée et sa tête bourdonnait de toute part pendant plusieurs secondes qui lui semblaient être des minutes. Combien de temps s’était réellement écoulée ? Recouvrant rapidement tous ces sens ainsi que son esprit, Carry se releva et s’essuya brièvement en tapant sur sa tenue et chercha Alice du regard, qu’elle trouva dans les escaliers et commençait déjà à s’enfuir.

Jamais encore elle n’avait reçu de coup pareil, pas même de ses parents et d’ailleurs, elle ne s’attendait pas du tout à ce que ce soit Sangblanc qui le lui donne. Avançant machinalement vers Alice, Carry traita très rapidement chacun des mots qui étaient sortis de la bouche de la traîtresse.

-Non c’est de ta faute tout ça, Alice ! Si tu étais gentiment restée avec les autres, je ne t’aurais pas fait de mal et moi j’aurai sauvé des élèves et je serais restée élève à Poudlard ! Mais tu es tellement obsédée par le fait que je fasse le mal autour de moi que tu n’as même pas chercher à comprendre ce qui m’avait poussé à m’attaquer à Rufus ! Il est impulsif, dangereux et irréfléchie ! En plus d’être un sang de bourbe, C’est un bully ! Est ce là vraiment ce que tu veux protéger ?!  Il méritait qu’on s’occupe de lui et toi tu l’as protégé !

Carry avait très rapidement rattrapé Alice et la plaqua contre le mur en la prenant par le col comme pour l’empêcher de s’échapper. Elle ne pouvait pas la laisser partir…Certes elle lui avait donné un coup et l’envie de lui en mettre une en retour lui brûlait de l’intérieur mais pour une fois, elle allait faire l'effort de laisser les mots s’exprimer plutôt que la violence.

-Tu comprends ce que j’essaye de te dire ?! je n’ai plus rien à cause de toi ! Mes études, ma maison, mes amis, mon amoureux, il ne me reste plus rien ici à cause de toi, tout ça parce que tu as des préjuger sur moi ! Je t’en veux parce que tu continues de me pourrir la vie alors que moi je n’ai absolument rien contre toi ! Tu m’entends ?! Tu protèges les mauvais personnages ! Quand est ce que tu vas le comprendre ?! Un jour, Ils vont tous nous massacrer et ça sera de ta faute !

Il fallait s’enfuir, c’était une question de vie ou de mort. Personne ne l’a sauverait cette fois. Ses meilleurs amis étaient au match, monsieur Penwyn n’était plus là. Un professeur, peut-être qu’un professeur était encore présent ? Miss Loewy, peut-être. Mais Alice descendait, Alice ne trouverait jamais miss Loewy dans les couloirs du premier étage. Jamais.
Carry avait retrouvé ses esprits et se lançait déjà à la poursuite d’Alice. Elle accélérait, comme si le fouet des Enfers lui léchait le dos. Elle n’écoutait pas, qu’à moitié, elle ne devait pas s’arrêter, ce que lui disait Carry ne devait surtout pas la faire ralentir. Il fallait s’enfuir, courir !

Mais la poigne de Carry revint à elle avant que ses jambes ne se mettent à courir, elle était collée au mur, incapable de s’enfuir d’un côté comme de l’autre. Alice se débattait comme une furie, mais Carry, que la fureur rendait plus forte, la maintenait. Elle avait des choses à lui dire. Elle avait des choses à lui imputer. Alice n’en croyait pas ses oreilles. * Rien contre moi ? Des préjugés sur toi ? * Sa joue lui était toujours douloureuse, chaque nuit elle se réveillait en sursaut en sentant la lame d’un couteau fouillé sa chaire, et c’était elle qui pourrissait la vie de Carry ? C’était Alice qui vivait dans la peur ! Alice qui pleurait chaque nuit dans son oreiller ! Alice qui revoyait le visage terrible de celle qui lui avait arraché son bel avenir fait de soie et de perle ! Alice qui avait honte de ce à quoi elle ressemblait aujourd’hui, mutilée, balafrée, faible, pleurnicharde... lâche.
Ses yeux s’embuaient de larme alors qu’un sanglot remontait dans sa gorge. Elle pleurait, pleurait entre les mains de celle qui lui avait tout prit. Elle ne se débattait plus, elle qui avait promis de ne plus jamais se laisser faire par Carry. Elle ne tenait même pas ses propres promesses. Quelle petite fille indigne, enlaidie par sa faiblesse. Elle n’était plus rien. Elle avait tout perdu. Elle était maudite. Carry était son bourreau, celle qui l’a tourmenterait à jamais pour lui rappeler ô combien chacun de ses efforts pour rester debout était futile, ô combien chaque choix était mauvais. La protection de Rufus qui ne l’avait jamais remercié, qui était en fait un véritable monstre lui aussi. Son choix de soutenir les Moldus. Son choix ... de suivre les chemins les plus tortueux.

« Ne me touche pas ... Ne me touche pas ! » parvenait-elle a sangloter, se débattant désespérément, sa gorge tant serrée que ses mots peinaient à être articulés.

Alice voulait que tout cela cesse. Alice voulait qu’on la laisse tranquille. Qu’elle se repose au moins un jour dans sa vie, loin des horreurs qui l’étreignaient depuis presque une année.

-Il semblerait que ça soit la fin des explications, Cracha Carry qui soupira profondément, las de l’attitude d’Alice. Elle pensait pouvoir la manipulé, mais comment manipuler quelqu’un qui n’écoutait pas ? Carry avait essayé, mais malgré tous les efforts du monde, elle n’y arrivait pas et sa seule option était un changement de méthode.

Alice ne donnait pas l’impression d’avoir écouté un traitre mot de ce que Carry avait dit. Aveuglé par la haine et la peur, elle se débattait pour essayer de se débarrasser de l’emprise de la Sang-pur qui n’eut absolument aucun mal à la maintenir tranquille. Qui soupçonnerait que derrière cette image fière et quelque peu froide se cachait quelqu’un d’aussi faible ? Personne. Même Carry fut surprise pendant un instant de voir la facilitée qu’elle avait eu pour maîtriser Alice. C’était à se demander si Alice essayait vraiment de se débattre pour se libérer, l’autre hypothèse était qu’elle joue la comédie mais de là, impossible à deviner et cette fois-ci elle ne baissera pas sa garde.

Voilà maintenant qu’elle se mettait à pleurer en essayant de gémir des ordres malgré sa position. Quand comprendrait-elle que le monde ne répond pas à son bon vouloir ? Un sourire mauvais sur le coin de la bouche, Carry posa sa main au sommet du crâne d’Alice et mit l’autre dans son dos pour la forcer à retourner dans le couloir en essayant d’être le moins brusque possible. Si jamais quelqu’un voyait Sangblanc avec elle, il était clair qu’une punition suivrait cette rencontre et Carry n’en avait pas encore terminé… Elle en était même très loin d’en avoir finis avec elle.

Une fois dans le fond du fond du couloir, Carry tourna Alice en face d’elle et la poussa en arrière pour que celle-ci se retrouve allonger contre le sol et Carry en califourchon sur elle. Oui, cette même position que Carry avait utilisée pour bloquer Alice de tout mouvement pendant le bal avant qu’elle n’inscrive ce terrible mot sur sa joue. Elle savait qu’elle se souviendrait de ce moment et c’était précisément le but. Lui rappeler à quel point elle avait été faible à ce moment là et qu’elle l’est toujours.

-Tu te rappelles ? Parce que moi oui. Lui chuchota Carry à l’oreille en se mordant la lèvre. Elle se redressa, posa sa main sur la mâchoire d’Alice et la força à tourner sa tête pour exposer à la lumière du jour la magnifique balafre qu’elle lui avait infligé ce trente-et-un Octobre qu’elle observa avec un sourire qui s’agrandissait. De son autre main valide, Carry vint la faire serpenter autour du bras d’Alice et s’empara de l’arme de la jeune sorcière avec peu de difficulté et commença à l’observer sous tous ces angles. Jolie baguette… Murmura-t-elle en portant à ses yeux clairs le magnifique bâton blanc arabesque. Elle me rappelle un peu ta chambre à Limerick…

Dans un sourire qui s'évapora en un instant, Carry n’en dit pas plus. Elle ne voulait pas gâcher la surprise si jamais Alice venait à rentrer chez elle un jour. Mais l’envie de lui dire qu’elle avait récupéré sa chambre était extrêmement forte et lutter contre cette envie n’était clairement pas facile. Délicatement, Carry commença à caresser avec le bout de la baguette la joue encore purement blanche de l’enfant en appuyant de temps en temps sur sa chair pour lui rappeler ce mauvaise souvenir qu’était le bal.

-Si tu fais ne serait-ce qu’un faux mouvement, Alice Sangblanc, tu risques de te retrouver avec une autre marque sur l’autre joue. Donc maintenant, arrête de te débattre ; arrête de pleurer, arrête de crier, tu es a moi, tu m’appartiens. Réponds à mes questions et je te promets que tu ressortiras d’ici sans qu’aucun mal ne te soit fait. Et cela, même malgré le fait que tu m’en as mis une bien forte au visage…

Carry s’appuya sur chacun des bras d’Alice en se rapprochant le plus possible de son visage tout en mettant un peu de distance pour éviter que celle-ci ne tente de lui mettre un coup de boule, malgré sa lâcheté, cette fille avait des fonds de courage qu'elle n'hésitait pas à utiliser si elle en avait l'occasion. Mais elle voulait vraiment qu’Alice ne puisse avoir qu’elle dans son champ de vision.

-Pourquoi tu as protégé Rufus ?... Pourquoi tu protèges les nés-moldus comme ça… Alors que tu es l'une des nôtres... pourquoi tu te bats pour des causes perdues comme eux ?...

Alice ne contrôlait plus ses gestes, elle n’en avait plus la force, plus la volonté. Son cœur lui faisait du mal, Carry avait secoué là des émotions enfouie au fin fond de son être pour une bonne raison : celle de ne pas perdre pied. Et c’était chose faite.
Elle avait tout perdue en si peu de temps, comment était-ce seulement possible ? Personne, personne n’était capable de supporter autant de poids. Alice oubliait parfois qu’elle n’avait que douze ans, et de toutes évidences la vie l’oubliait elle aussi. Le sort s’acharnait, et avec lui, Carry Harrison. Elle était son fouet, cruel et impitoyable. Il lui rappelait toujours qu’elle n’était rien, que sa place était à terre a essayer de ramasser les débris de sa misérable existence.

Alice se sentit soudainement partir en arrière, et ce fut le choc à sa tête qui lui indiqua que la situation se dégraderait encore. La douleur irradiait son corps, ses yeux grands ouverts devant cet assaut inattendu. Carry avait profité de sa détresse pour se jeter sur elle, ses jambes entourant ses hanches. Ses yeux embués de larmes, oui, Alice se souvenait. Alice se souvenait chaque nuit, mais cette fois, avec cette immonde mise en scène, les doigts de Carry sur sa mâchoire, Alice se souvenait avec plus de force. Avec une terreur nouvelle. Sa baguette ? Ou était sa baguette ? Avant que l’idée ne lui prenne de la tourner face à son assaillante, Carry lui arracha des mains. Non ! Non, pas sa baguette ! Limerick, pourquoi parlait-elle de Limerick ?

L’extrémité de sa propre baguette passait terriblement sur la joue d’Alice. Carry était cruelle, horrible. Elle menaçait l’enfant qui avait déjà souffert milles tourments. Elle voulait la voir souffrir encore un peu. Alice ne supporterait pas une seconde blessure aussi douloureuse. Carry la blesserait si Alice tentait quoi que ce soit.
Le regard lunaire de l’enfant devint tranchant, plus mauvais que celui d’un dragon. Ses larmes tremblaient un peu dans ses yeux, rendant flou l’infect visage de Harrison. Comment pouvait-elle encore se regarder dans un miroir après tout cela ? Elle se pavanait dans le château comme une pauvre petite âme endeuillée à qui on avait tout arraché. Elle n’était rien de cela. Miss Loewy avait sous estimé Carry Harrison. C’était un monstre, une bête enragée. La sorcière la plus puissante de son temps avait laissé un Mal terrible récurer les pièces du château.

Carry resserrait sa prise autour des bras d’Alice, l’empêchant de faire le moindre mouvement. Comme ce dernier jour d’octobre. Elle approchait son visage du sien, ses yeux dans ceux d’Alice. Carry restait prudente cependant, ne s’avançait pas trop. Elle craignait un coup supplémentaire, et a raison. Alice ne se laisserait pas faire, elle ne l’avait que trop fait.

Pourquoi Alice avait protégé Rufus, un Né-Moldu ? Ils rendaient folle Carry qui ne voyait que leur impureté, et rien d’autre. Elle en oubliait le garçon ou la fille qui se cachait en dessous de ce statut de sang. Et elle disait ne rien avoir contre eux ? Quelle menteuse.
Un rire nerveux franchi les lèvres d‘Alice. Elle était idiote, Harrison était une imbécile. Cruelle, maline, effrayante, mais bête comme un troll.

« La seule cause perdue, c’est toi. »

Puisant dans ses dernières forces, Alice souleva son buste, sa tête et vint emprisonner le nez de Carry entre ses petits dents. Elle l’a mordit si fort, si fort, espérant que le nez se décroche ! Carry voulait utiliser sa propre baguette contre elle ? Alice lui souhaitait bien du courage avec un nez ensanglanté, et du bois de frêne entre les doigts.

-La seule perdue, c'est moi ?

Les dents d’Alice se refermèrent violement sur le nez de Carry qui poussa un cri de douleur comme elle n’en avait encore jamais poussée auparavant. Cette folle avait trouvé la force de se dresser juste assez haut pour accrochez le nez de la jeune Sang-pur qui sentie très vite du sang couler sur ses lèvres. Par tous les moyens possibles, elle essayait de dégager la bouche putride d’Alice qui n’avait pas l’air de lâcher prise et il aura fallut finalement que Carry se levé en poussant Alice pour enfin se libérer de sa bouche.

Son nez brulait, l’air qui vint caresser le sang frais lui fit ressentir des picotements très désagréable comme si on lui grattait la peau avec du fil de fer. Des larmes de colère se mélangea avec son sang, ses lèvres devenus rouge par sa blessure se vit déformer par la douleur. Du sang, il y’avait du sang partout qui coulait le long du visage qui n’arrivait pas encore à comprendre ce qui était en train de se passer. La Raison lui disait de se soigner, la colère lui disait de se venger, la douleur lui disait de s’en aller. Mais impossible pour elle de prendre une décision dans un moment pareil.  Libre de ses mouvements à nouveau, Alice avait réussi à se relever mais ne montrait aucun de de vouloir s’enfuir.

Un vent de panique parcouru le dos de Carry. Elle n’avait plus l’avantage dans cet entrevue et Alice semblait l’avoir remarquée, du moins c’est ce qu’en déduis la fillette vue que son ennemie jure n’avait pas pris la fuite. Carry qui resta un moment figé à regarder Alice dans les yeux et pour la première fois depuis qu’elle la connaissait, elle ressentait une certaine anxiété en sa présence, une peur qu’elle n’arrivait pas à décrire elle-même. Pourquoi restait-elle ici si ce n’était pas pour en finir ? Mais très vite, elle comprit la raison qui poussait Alice à rester était parce qu’elle tenait toujours dans sa main, le petit bâton qui faisait d’elle tout ce qu’elle était aujourd’hui.

Sans réfléchir plus d’une seconde, Carry jeta la baguette sur Alice en visant ses yeux et au même moment, rassembla ce qui lui restait de force pour se jeter sur elle et la plaquer contre le mur. Cette fois, la situation était différente, la peur avait change de camp et Carry semblait plus s’attaquer à Alice pour s’enfuir que l’attaquer pour la faire tomber. Au fin fond d’elle-même, Carry sentait sa force diminuer au fil des secondes et savait que cette tentative de plaquage serait un échec si jamais elle restait trop longtemps au contacte de son adversaire. Mais elle envoya au diable ses pensées et continua la mêle avec la jeune Sangblanc qui allait sans aucun doute riposter.

Carry était quelqu’un de fière et ne voulait pour rien au monde fuir devant Alice Sangblanc, sa Némésis qu’elle méprisait au plus haut point. Elle ne voulait pas lui faire du mal, mais entre le coup de poing et la morsure au nez, c’était un défi de se contenir et ne pas l’écraser contre le mur. Le nez et les lèvres pleines de sang, Carry, les yeux grands ouvert avec un sourire mauvais, s’approcha de nouveau du visage d’Alice en essayant tant bien que mal de la garder sous contrôle.

-Et c’est moi que tu traites de malades ? C'est moi que tu dis perdu ? Carry laissa un bref rire sortir de sa bouche. Regarde ce que tu m’as fait !