Argh. Oui, c'était sûrement la première fois de sa vie que Malya avait besoin d'un manuel pour rendre un devoir. En même temps, qu'est-ce qu'elle en avait à faire, d'Helga Poufsouffle ? Enfin, plus honnêtement : qu'est-ce qu'elle en avait à faire, de l'histoire de la magie, et surtout, des cours de Miss Montmort ?
Un professeur qui comparait un groupe d'élèves de onze ans pour la plupart à Voldemort sous prétexte qu'ils avaient juste les idées en place quant aux intentions des moldus... Malya y repenserait souvent, à cette blague-là. C'était pitoyable, d'après elle. Un professeur, débiter de pareilles inepties… On dirait mon oncle, franchement.

Alors, l'immense joie de se diriger vers la bibliothèque se laissait deviner. Elle n'avait naturellement rien écouté du cours, beaucoup trop énervée rien qu'à l'idée de voir son professeur, alors si en plus, elle devait paraître sérieuse…

Elle avait tout de même mieux à faire, plus importer à traiter qu'un devoir d'histoire de la magie. Quelle perte de temps cela lui semblait être, de répondre à des questions simplistes lorsqu'une lettre de menaces anonyme n'attendait qu'à être décryptée… Quelle inutilité.

Ainsi, Malya ne se présentait pas dans les meilleures dispositions pour aller travailler. Néanmoins, il n'en fallait rien montrer. Les apparences avant tout. L'idée de s'afficher comme la petite fille modèle, polie et bien élevée comme les enfants des riches chez les moldus avait rendu l'âme quand les quatre directeurs de maison avait franchi la porte des toilettes abandonnées pendant la réunion de la LAM, et la bonne volonté avec. Pourtant, rester irréprochable était essentiel. En effet, que reprocher à une élève scolaire, avec de bonnes notes, qui rendait tous ses devoirs en temps et heure ? Cela énervait tant les moldus, de ne rien trouver à redire là-dessus.

Avancer, d'un pas ferme et déterminé, vers le futur.

Les mercredis étaient des journées tranquilles. Pas de cours, et ce du matin jusqu'au soir. Un îlot de tranquillité au milieu de journées chargées. Parfois, des vagues d'obligations ou de devoirs du jour précédent, charges non achevées, à peine entamées ou repoussées venaient paresseusement s'affaler sur les rives du lendemain. Tantôt, la houle était plus importante, tantôt quasiment inexistante. Quand elle se levait un mercredi mercredi matin, une vague échouée à ses pieds, Leo avait deux manières d'aborder l'affaire. La responsabilité et la bonne conscience demandaient de s'attaquer à ce devoir, que ce soit tôt le matin ou lentement tout au long de la journée. L'indolente et languissante paresse en revanche, lui susurrait de patienter, de laisser le temps défiler et ainsi emporter les petites vagues, attendre qu'elles ne se retirent pour sombrer à jamais dans profondeurs de l'océan des taches inaccomplies, abandonnées et oubliées. Précisons que bien souvent, la capitaine du navire était cette dernière. De manière générale, Leo barbotait un peu, mais finissant par parvenir à garder la tête hors des flots d'obligations.

Plus récemment, alors que la Gryffondor traînassait bien au sec sur la plage du mercredi matin, tandis que les vaguelettes du mardi narguaient ses orteils, elle fut surprise par une vague bien plus conséquente qu'elle se prit en pleine face. Un avertissement de Monsieur Briggs. Si Leo voulait passer l'année et préserver sa place au sein des Griffes Ardentes, il allait falloir arrêter de glandouiller et se mettre sérieusement à bosser. Les résultats de son premier semestre étaient franchement pas excellents, pour ne pas dire carrément insuffisants. Elle avait passé la première année de justesse, mais si elle ne voulait pas se retrouver une seconde fois en deuxième, elle allait devoir se mettre à ramer dur.
Leo ne voulait pas redoubler. Et encore moins, elle ne pourrait supporter de se faire virer de l'équipe pour na pas suffisamment s'être concentrée sur sa scolarité. Dans des élans de bonne volonté, la gamine s'était plusieurs fois confinée dans la salle d'études, avait tant bien que mal pris des notes en cours, révisé les sortilèges qui lui résistaient et fait de son mieux pour rendre des devoirs.
Si jusqu'à là, elle s'était laissé porter par les flots, ce qui certes était confortable mais totalement improductif, elle tentait à présent de remonter le courant. Et bien qu'elle y mettait une énergie incroyable, la rouge et or avait pourtant bien plus l'impression de patauger maladroitement sur place, plutôt que d'avancer à grandes brassées parmi les devoirs.

Ce mercredi-là, la bouteille à la mer ayant échouée à ses pieds contenait le devoir d'Astronomie qu'elle avait voulu faire hier déjà, sans pour autant parvenir à griffonner plus que quelques lignes sur le parchemin. C'est ainsi qu'avec la bonne intention de rattraper ce premier retard avant de s'attaquer à la Botanique, Leo mit les voiles sur la bibliothèque, dans l'espoir de trouver un manuel adéquat. Elle allait demander de l'aide au bibliothécaire, si la mission se révélait être compliquée, afin de ne pas perdre la journée à rechercher un fichu bouquin. Telle était la bonne intention, en tout cas. Mais quelqu'un d'autre semblait avoir mis le cap sur la bibliothèque de Poudlard, une personne que Leo ne tarda pas à reconnaître. Ennemie en vue!. Une Serpentard qu'elle avait croisé le jour où la direction avait annoncé qu'il allait être impossible de rentrer pour les vacances. La fillette avait fait tout un drame, ce qui avait tapé sur les nerfs de la rousse. Crown, comme nom de famille et pis quoi encore. Ça dégouline de prétention. M'étonnerait pas si elle navigue sur un yacht. Sans tellement réfléchir, Leo l'interpella, passant ainsi à l'abordage:

"Alors Crown, t'as déjà envoyé ton hibou du jour à Papa et Maman?"

Le ton qu'avait employé la gamine n'était à priori pas bien méchant, mais transpirait la raillerie.

Finalement j'y suis. Pardon si je me suis laissée emporter par la brise marine

Qu'est-ce qu'elle me veut, elle ? Ça se voit pas que je suis occupée ?
Mauvaise humeur. Conversation mal partie.

Parents. Mauvaise idée. Cette fille ne devrait pas parler de ça, cela se terminerait mal. Très mal.
Tant pis.

Un hibou ? Mais, de quoi elle parle ?
Comprendre l'ennemi. Une personne qui vous attaquait sans que vous n'ayez rien demandé, c'était forcément un ennemi. Donc, Malya devait comprendre les propos de cette fille.

Première étape, analyse. Qui ? Une Gryffondor... Ah oui. Un matin, un mauvais matin... Au petit-déjeuner, dans la grande Salle. Un mauvais jour. Malya pleurait.
C'était l'ancienne Malya, la Malya d'avant la LAM.
Cette Malya-là n'existait plus.
Heureusement.
Mais ça, cette fille ne le savait pas.
Leo Ginger, Malya avait retenu.

Répondre. Ne pas laisser penser une seconde de plus que l'ancienne Malya, la petite qui pleurait, existait toujours. C'était fini, ça.

- Qu'est-ce qu'ils viennent faire là-dedans, mes parents, j'peux savoir ?

On ne touche pas à la famille. Ginger semblait comme ce Brian Helton, à première vue. Aucune conscience de ce que le terme "famille" signifiait. Ce genre de comportement dégoûtait Malya. Les parents avaient toujours raison. Si elle avait écouté les siens un peu plus tôt, elle aurait passé une année beaucoup plus tranquille. Au moins le mois de mars. Trop d'inquiétudes inutiles, pour des gens qui n'en valaient pas la peine.

@Leo Ginger Mes plus sincères excuses pour cet ignoble retard !