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28 oct. 2020, 18:52
Fallen Angel  PV ++ 
Fin avril 2045
Devant la salle commune de Serdaigle
Juste après La Porte des Échos


Le visage brouillé de larmes, un goût de sang dans la bouche et ses petites jambes qui courent, encore et encore. Elle n'est plus rien, elle n'est que Rien. Elle n'a même plus souvenir d'avoir été, un jour, quelque chose de moins pitoyable qu'une gamine courant à en perdre haleine dans les couloirs de Poudlard, cherchant désespérément sa salle commune.

Lydia est pathétique. Elle en a conscience. Elle se trouve *faible, bête, lâche. Nulle.* Son coeur tressaute dans sa poitrine, comme s'il voulait sortir de son corps. *Il peut pas se taire une minute lui ?* Et non, jamais il ne s'arrête, il continue de lui pomper son sang, de la faire tomber amoureuse. Ce maudit coeur, c'est lui n'est-ce pas qui l'empêche à présent de vivre sans Elle ?

Ce maudit coeur, hein, c'est lui qui la fait pleurer, qui la rend laide ? Elle doit être moche à voir avec ses yeux bouffis et rouges, ses lèvres bafouillant des propos insensés, sa peau pâle, si blanche, à rendre jaloux des fantômes.

Ce maudit coeur... C'est lui qui n'a pas supporté la présence de l'Autre, de cette fille stupide jouant du violoncelle n'importe comment. Ce maudit coeur il a eu besoin d'exprimer tout ce qu'il voulait dire depuis un mois, il a eu besoin d’ hurler contre une Autre. Merlin, ce maudit coeur, qui a l'insolence de continuer à battre dans sa poitrine, elle voudrait se l'arracher. *J'veux plus aimer, j'veux plus être ici, j'veux plus être moi.*
*Plus aimer.* Aimer quelqu'un est la plus belle faute à ne jamais commettre. Aimer quelqu'un quand on a douze ans c'est terrible. La petite Holmes ne sait pas, au fond, qu'elle aime un visage entrevu seulement deux fois dans la lumière de la Lune. Elle n'arrive pas à comprendre pourquoi sans arrêt elle voudrait être aux côtés d'une Ombre qu'elle ne connaît à peine. Elle ne veut plus voir un trou béant dans le ciel nocturne parce que la fille aimée lui manque.

*Plus être ici.* Elle en a marre des Autres de Poudlard. Il n'y a que les cours et les professeurs qu'elle parvient à apprécier ici. Souvent le matin, elle ouvre les paupières difficilement et contemple son dortoir avec une envie de pleurer. Ils lui manquent, les Holmes. Lydia aimerait se blottir dans le canapé de la maison familiale et rester là, loin du monde, loin des gens.

*Plus être moi.* Elle se trouve ridicule. Moche. Faible. Incapable de contenir ses émotions, le pire étant qu'elle essaye de se construire une carapace d'acier à l'extérieur. Ses cheveux sont filasses, emmêlés tout le temps. Ses lèvres saignent ; pour contrôler ses humeurs elle doit se mordre la lèvre, pour s'empêcher de craquer. Lunatique mais moins belle que la Lune. Prisonnière d'elle-même, de son corps et de ses émotions.

Ses jambes ne peuvent pratiquement plus la porter. *Mais relève-toi, résiste par Circée !* Lydia se traîne jusqu'à la porte en étain, avec le beau heurtoir à tête d'aigle. Elle se laisse chuter à côté et appuie son dos contre la pierre.

- Mot de passe, souffle-t-elle.

Une voix retentit alors :

Où vont les objets disparus ?


L'énigme venait de changer apparemment. Les yeux dans le vague, la fillette réfléchit. Ses pensées s'entremêlent avec cacophonie et mêlent des souvenirs à des rêves. Elle revoit sa mère pester contre un stylo qui avait disparu. Ce stylo, on l'avait retrouvé quelques jours plus tard sous un canapé. Alors, c'est ça l'endroit où vont les objets disparus ? *Je jetterai bien mon cœur sous un canapé.* Sa réflexion était si ridicule qu'elle ne parvient même pas à rire d'elle-même.

Elle cherche en vain la réponse à l'énigme mais dans son cerveau c'est un trou noir. Le Néant complet, sans perspective de lumière. Elle n'ose pas regarder le heurtoir à tête d'aigle. *Rowena doit me détester. Je suis pire que les Autres, je mérite pas d'être à Serdaigle.*

Elle enfouit sa tête dans ses jambes. Sa poitrine tressaute sous le coup des sanglots. *À... À l'aide...* Lydia ressort sa tête uniquement pour hurler. Un hurlement désespéré qui demande de l'aide, au moins un sourire, au moins une parole.

Elle n'est plus qu'une ange tombée brutalement des cieux.

@Alison Morrow Je crois que Lydia a besoin de toi.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

29 oct. 2020, 14:58
Fallen Angel  PV ++ 
Alison,
Deuxième année,
À la recherche de l'écho Brisé,
Couloirs

______________________________


Squitch squitch.
Ce bruit l'exaspèrait en même temps qu'il la réconfortait. En même temps, quelle idée bizarre d'aller tremper les semelles de ses bottines dans le Lac pour observer les ronds ourler la surface miroitante!
Les couloirs tapissés de pierres n'étaient pas non plus le meilleur lieu pour faire preuve de discrétion.
Comme à chaque fois, ils étaient bondés, vomissant un flot d'élèves de toute part, chahutant, écrasant sans retenu les pieds sur leurs passages, bousculant en riant les corps qui leurs faisaient face.
Elle avait cru pouvoir s'habituer à ces hurlements de joie, à ces milliards de bruits l'assourdissant et lui donnant un mal de tête insoutenable, à s'en fracasser le crâne sur le sol pour le vider de tous les sons qu'il avait retenu.

Squitch squitch.
Elle avait quitté la cohue.
Seule ce son se répercutait, comme un ricochet le long des murs, invisible, s'y reflétant l'espace d'un instant, puis continuant sa trajectoire dans tout le couloir.
Ça l’apaisait après le choc des couloirs.
Longuement près du Lac, elle s'était confondue avec le murmure du vent et le clapotis de l'eau fraiche. Elle s'était calée contre un tronc d'arbre, la tête offerte au soleil, loin sur la rive, le soleil en plein dans les yeux, si bien que de grosses taches noires avaient recouvert le paysage d'un halo jaune, le magnifiant.
Elle n'avait vu aucune silhouette, tout étant brouillé par le halo.
Aucun de ces Autres, aucun de ces Hurlements, aucun de ces désagréments.
Presque en symbiose avec le silence et le calme.

Squitch squitch.
Elle déambulait, vide de tout sauf de ce son qui se répétait.
Il lui faisait confondre les secondes avec les minutes, les heures avec les jours.
Elle se perdit plusieurs fois certainement, laissa les escaliers la faire visiter de fond en comble le château, elle tourbillonnait au milieu des marches, se laissant emporter par les spirales blanches des marches, les grimpant ou les dévalant au gré de ses envies.

Elle cherchait la paix.
Mais celle-ci semblait introuvable au château.
Toujours des yeux rieurs dans un coin, des Mots jetés entre les pierres, des bruits de Pas achevant de l’exaspérer, des murmures qui enflaient pour devenir des vagues, menaçant de l'engloutir toute entière.

Au final, elle arriva dans un couloir vide, à première vue.
Les pierres lui semblaient inconnues sous ses doigts. Le silence régnant lui enleva un poids énorme de la poitrine.
C'était tellement Bon qu'elle aurait pu presque s'envoler tant elle avait l'impression d'être légère.
Puis le ricochet.
Encore un fichu écho qui se réverbérait sur les murs.
Il semblait seul, perdu au milieu de ce château. Un écho abandonné.

Elle retomba brutalement sur terre, sentant la nervosité la consumer toute entière. Elle ne reconnaissait plus rien, perturbée par cet écho solitaire qui la bouffait toute entière.
Il hurla, cet écho.
Tristesse. Désespoir. Ténèbre.

Le cœur perforé, elle sentait les battements de son cœur s'accélérer, battre à lui en faire mal au fur et à mesure qu'elle s'approchait de l'écho.
La porte qui se dressa en face d'elle la fit sursauter.
Elle était chez les Bleus.
Elle allait reculer, persuadée que l'écho était emprisonné derrière la porte, lorsqu'elle la vit.

Elle, l'écho perdu, effondrée au sol, sanglotant contre les pierres, le visage brouillé de larmes.
Brisée.

Certainement, la fille au sol pouvait simplement être une de ces Autres qu'elle détestait tant.
Elle en avait toutes les caractéristiques, des pleurs trop bruyants, des reniflements pitoyables, son corps n'était qu'une boule incandescente de Douleur.
Mais elle n'oubliait pas l'écho.
Car les échos en apportent plus sur les Âmes que tous les Mots qu'elles pourraient dire.

Un nœud dans la gorge, elle se planta devant l'autre, la surplombant de toute sa minuscule taille, la détailla autant qu'elle le put.
Lentement, sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun mot ne put sortir. Elle avait l'impression d'avoir avalé du sable et que celui-ci lui écorchait la gorge, l'empêchant de décrocher un seul Mot.

Un faible croassement tout aussi pitoyable que les sanglots vint se mêler à l'écho.

"Arrête d'pleurer..."

Une Valse d'échos brisés.
C'était pathétique.

Que notre Danse commence, Plume. :cute:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

08 nov. 2020, 17:02
Fallen Angel  PV ++ 
Sa bouche se referme progressivement. Après le Cri, elle était tendue et crispée. Puis au fur et à mesure, elle se relâche pour se fermer. Son expression appelle à la pitié ; la petite Holmes paraît si faible. Sans doute, n'importe qui pourrait la prendre dans ses bras et en faire ce qu'il veut : elle est si légère. *Alors, c'est ça qui est lourd ? La joie ça pèse ?* Son cœur lui, en revanche, pesait beaucoup moins dans sa poitrine quand elle était heureuse. Elle comprend maintenant pourquoi les gens tristes sont maigres, squelettiques. Ils ne sont que tristesse. Plus aucune trace de joie est en eux, le Néant a pris possession de minuscules poussières d'étoiles qu'ils ont dû contenir en eux un jour ou l'autre. *J'en avais deux de poussières d'étoiles. Elle et Serdaigle.* La première n'a plus aucun souvenir de Lydia. Ou alors elle les a volontairement effacé, pour qu'ils deviennent aussi insipides et fade que les amourettes des Autres, celles qui ne durent qu'un temps, celles qui sont motivées uniquement par les ragots et l'envie d'être intéressant. Et pourtant elles-deux... Lydia pensait que c'était différent, *qu'on était belle ensemble, moi j'voulais qu'on devienne des étoiles, moi j'pensais qu'on allait s'aimer pendant longtemps*, elle pensait qu'elles partageraient encore plusieurs danses au milieu de la nuit.

On lui avait menti.
Elle lui avait menti.
*Je m'étais menti.*

Et sa maison bleue aux teintes du Ciel ou de l'Océan selon ce qu'on préférait, sa maison bleue... Elle ne voulait plus d'elle. *Je suis plus digne d'elle.* Aucun élève de Serdaigle a déjà, à sa connaissance, échoué à l'énigme. Elle est la seule. La seule à ne pas pouvoir rentrer dans son dortoir chaud aux draps blancs. La seule que Rowena n’aime pas, qu’elle n’accepte pas.

La seule. Elle est seule, toute seule. Personne ne veut *de moi*.

Sa tête revenue entre ses jambes, elle est à nouveau en position d’un enfant qui sortirait du ventre de sa mère. Pauvre enfant… Il ne sait pas ce que la vie lui réserve. Il devra se battre, on lui mentira. Il devra se relever après les coups les plus durs, on le frappera à nouveau.
En voyant Lydia, si fragile si faible, le futur enfant n’aurait pas envie de naître. Si c’est ça ce qu’il subira, il ne veut pas vivre. Il veut rester dans le placenta de sa mère, bien au chaud. *Et moi, j’peux pas retourner dans le ventre de maman ?*

*J’suis obligée de me lever chaque matin ?*
C’est dur de se mêler aux Autres, de leur sourire pour de faux et de les détester pour de vrai.
*J’suis obligée de devoir me battre ?*
C’est dur de trouver de la joie quelque part.

Elle croyait être heureuse en contemplant ses Pleurs d’Orion. Mais ces yeux, aveuglants de luminosité, l’avait trompée. Ah ça oui, elle s’était fait bien berner. Petit Ombre, tsss… ça ne voulait rien dire de toute manière. Lydia fait la taille de cette prétendue Grande. Et elles se sont rencontrées la nuit, à un moment ou tout n’était qu’Ombre. *En fait, elle me considérait juste comme une Autre, petite qu’elle aurait rencontrée pendant la nuit.*
Qu’elle avait été naïve.

Ses sanglots dévalent ses joues, encore et encore. Elle se demande d’où peut venir toute cette eau. Elle se retrouvera dans une mare de larmes bientôt, où elle pourra se noyer et arrêter enfin de penser.

Une voix relève sa tête de l’endroit où elle se trouvait. Comme si son visage était relié à un fil qu’il fallait actionner pour contrôler son corps. Elle n’est qu’une marionnette, même plus un humain et surtout pas une Ombre.

La voix lui ordonne d’arrêter de pleurer. Ses yeux brouillés par les sanglots, elle ne voit même pas qui lui parle. Une personne, une fille à ce qu’il paraît.

- Mais tu vois pas que j’aimerais bien ? Tu vois pas que je peux pas faire autrement ? Merlin, j’ai mal à la tête, j’veux que tout ça, ça s’arrête enfin.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

26 nov. 2020, 17:51
Fallen Angel  PV ++ 
Le Bleu est une couleur magnifique.
Regarde, Minuscule, regarde comment il peut se décliner : Bleu tristesse, Bleu peur, Bleu courage.
Lequel attribuerais-tu au reste du Monde?

______________________________


Longtemps, elle a retenu son souffle.
Pour entendre les sanglot de l'écho bruisser encore un peu.
Pour espérer à chaque nouvelle accalmie, chaque inspiration entre deux larmes, l'autre décide de fermer définitivement sa bouche, de se relever sans son sourire mais en silence, pour qu'elle ne redevienne qu'une Ombre du couloir, paumée, paumée mais silencieuse.

Les sillons d'argent sous ses yeux auraient pu la rendre belle.
Mais les gouttes de nacres ne font que se succéder sur sa peau, dévalant les cellules blanches et n'en faisant pas même un collier de perles de sel liquides.
Le fil qui aurait pu relier les larmes a disparu.
Elles s'éclatent silencieusement au sol, parfois accompagnées d'un reniflement ou d'un son entrecoupé.

µChanger de point d'vue.*
Son corps bascula tout entier vers la droite, tandis que ses pieds restaient ancrés dans le sol.
Sa tête était renversée, ses cheveux tombaient vers le sol tandis qu'elle regardait les larmes remonter le long des joues et s'envoler vers les pierres.
C'était tellement plus joli.
Le sang tambourinait à ses tempes, fort, ruisseau pourpre intérieur passant dans la cavité de son corps.
Elle fut obligée de remonter, et s'assit en tailleur devant l'autre, ses bottes coincées sous ses genoux, ses mains repoussant quelques mèches corbeau se balançant devant ses yeux.

Elle scruta le visage décomposé, les cils noirs, les cheveux onyx coupés courts, la frange dissimulant le front, les pupilles bleues, embrouillées de larmes.
*Bleues larmes.*
C'était étrange, ces deux billes qui la fixaient. Il lui semblait presque que les larmes avaient tissées les reflets légèrement plus clairs dans les iris.

La réplique de la fille lui tira une grimace.
Ne pas pouvoir arrêter de pleurer? Ou ne pas vouloir?
Elle connaissait mal les larmes incontrôlables. Et visibles, surtout. Les siennes étaient intérieures. Invisibles.
L'autre laissait tout sortir, affichait sa tristesse aux yeux du monde entier, se foutant bien des remarques qu'elle aurait pu se récolter, des fausses phrases toutes faîtes qui étaient censées "consoler", comme Ils disent.
Mais les Autres sont des cons.
Les Autres ne savent rien réparer du tout, ils ne savent que sortir leurs phrases dénuées de tout, bien proprettes et nettes, sorties tout droit d'un congélateur et devant être consommées directement pour ne pas s'apercevoir des craquelures qui transparaissaient chacun des mots.
Elle peignait Tristesse sur chaque parcelle de sa peau, laissant les larmes lui faire des bijoux de reine, laissant les lumières du couloir danser sur ses joues délavées, laissant l'ombre tisser ses cheveux.
Brisée.

Elle s'assit en tailleur face à la Bleue, vraisemblablement, enfouit ses bottines sous ses genoux et posant sa tête dans ses mains.
C'était tout de même plus simple de parler sans se tordre le cou vers le bas, sans se défoncer les cordes vocales en les pliant comme des origamis, et sans donner l'impression à la Bleue de la dominer et de chercher à l'écraser.
Elle semblait déjà si écrabouillée par le Reste...

Se détachant d'un reflet d'elle pleurant à Noël et venant danser devant ses yeux, elle souffla un bon coup pour tenter de chasser la boule qui grossissait dans sa gorge.
Si l'autre ne lui avait pas autant ressemblé, elle lui aurait simplement soupiré des mots au visage.
Si l'autre ne semblait pas un fantôme venant après Noël, elle aurait peut-être cherché quelqu'un pour l'aider, et elle se serait effacée, comme une Ombre.
Mais voilà, la fille était Bleue, Bleue tristesse, la fille était Bleu Miroir, la fille était Bleu hiver.
Et elle ne pouvait pas se libérer de toutes les réalités qui lui faisaient face.

"T'as qu'ça à foutre d'pleurer? Tu veux pas... Aller dans les dortoirs?"

C'était maladroit, c'était bancal.
Mais c'était différent des phrases congelées.
Ses dents se mirent à mordre sa lèvre inférieure, trahissant sa nervosité.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris de s'arrêter dans ce couloir?

Navrée du contretemps, Plume...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

22 déc. 2020, 13:23
Fallen Angel  PV ++ 
Elle a relevé la tête. Un sanglot dévale le long de sa joue gauche, marque une traînée humide sur cette peau et se glisse entre la commissure de ses lèvres. Ses yeux commencent à sortir tout doucement du brouillard dans lequel ils étaient enfermés. La buée oculaire - nommée larmes en français, tears en anglais - se dissipe et part de son iris. Elle voit maintenant. Autour d'elle ; le couloir. Derrière elle ; le mur en pierre. Sous elle ; le sol, le dallage froid qu'elle n'a pas réussi à réchauffer de sa présence. En elle ; le vide bien entendu. Un vide abyssal qui lui fait mal, qui lui tord les entrailles et lui donne envie de tout vomir.

Quelques secondes après, on peut ajouter la description du "devant elle". Devant elle ; une fille. Celle à qui appartient la voix, celle qui lui a demandé d'arrêter de pleurer. Elle s'est assit devant et la regarde. Curieux face à face. Dans d'autres circonstances, Lydia aurait honte d'être ici, à pleurer. Elle aurait adressé un regard méchant à la fille et lui aurait demandé implicitement de dégager, de la laisser se noyer dans sa tristesse. Aujourd'hui pourtant, elle est si démunie, si seule qu'elle ne parvient pas à chasser l'Autre. Elle n'en a pas la force.

Alors, elle la regarde. Elle la contemple, analyse ses traits, essaye de deviner sa vie. Quelques larmes roulent encore silencieusement sur son visage mais elle ne fait aucun effort pour les retenir. Son cerveau est comme fasciné et une seule pensée y subsiste, deux mots y sont répétés en boucle. *La fille.* Ses cheveux noirs tombent de part et d'autres de ses épaules. La fillette avait les cheveux comme ça avant, aussi long, aussi doux. Maintenant elle les a coupés, pour se détacher de son enfance, de l'avant. Mais arrivera-t-elle un jour à se libérer de son passé ? Elle croyait avoir réussi jusqu'à cette après-midi ou elle s'est rendue compte que, de toute façon, elle trouverait bien une raison pour pleurer. Il y a toujours une raison pour désespérer, elle ne s'en était pas aperçu avant.

Les yeux de la filles sont verts. D'un joli vert avec quelques paillettes de doré, comme si on avait collé une feuille d'or sur ces émeraudes. Ils paraissent pourtant étonnamment froid ses yeux. Tristes, vides.
De lourdes cernes peuvent s'y voir en dessous. Elle ne doit pas dormir beaucoup la nuit *elle va voir les étoiles aussi ?*. Un brusque spasme parcourt son corps. Elle reprend tout juste le contrôle de son organisme quand elle entend la voix de la fille retentir à nouveau.

Elle devrait aller dans les dortoirs. Mais oui, c'est vrai ça. L'Autre a raison, elle devrait aller dans les dortoirs. Elle devrait se lover dans son lit aux draps blancs et admirer le plafond bleu. Elle devrait se pelotonner dans sa couette et écrire une lettre à Colombe. Maman, je vais bien et j'ai beaucoup aimé ton livre. Une phrase notamment m'a rappelé quelqu'un que j'aimais et qui est toujours là pour moi. Parfaite la lettre. Dommage qu'elle ne puisse pas l'écrire. Dommage qu'elle ne puisse pas y aller, dans les fameux dortoirs.

Elle montre la porte en étain à la Jaune - son uniforme témoigne de sa maison - et ouvre la bouche. Il faut qu'elle réussisse à parler.

- Row...

On a peine à croire que la syllabe exprimée par Lydia est un commencement de mot. On dirait plutôt un balbutiement sans sens, sans utilité.

Elle se reconcentre à nouveau et rassemble le peu de forces qu'il lui reste pour continuer sa phrase.

- Rowena...

Première étape accomplie. Vient après la suite de la phrase, nettement plus douloureuse.

- Ne veut plus...

Trois mots ; un beau record. Il n'y a plus que l'apogée de la phrase à prononcer. L'apogée apocalyptique, celle qui invitera sûrement les larmes à dévaler de nouveau sur ses lèvres.
Lydia regarde une dernière fois vers le heurtoir en forme d'aigle. Plus que jamais, la musique du maudit violoncelle résonne dans son esprit. Sa tête va exploser.

- De moi.

Et elle serre son poing si fort que les jointures en deviennent blanches. Serdaigle ne veut plus d'elle.

Navrée du retard, j'espère que ce post me pardonnera.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

23 déc. 2020, 11:35
Fallen Angel  PV ++ 
Tout ce que je ressens est une bombe à retardement dont on a soigneusement déréglé la minuterie.
Vous ne saurez jamais lorsque je vais exploser.

______________________________


Elles sont toujours à la même hauteur.
L'autre continue de pleurer, malgré ce qu'elle lui a dit. Des pleurs incontrôlables.
S'ils ne la mettaient pas aussi mal à l'aise, elle les aurait qualifié de intéressants. Mais ces sanglots devaient faire mal, arracher la gorge et rouler sur les joues en les brûlant.
Elle aurait presque aimé les essuyer d'un coup rapide de manche, pour redonner à ce visage une expression autre que celle de brisée par la vie. Ou par quoi que ce soit d'autre.
Mais elle ne voulait pas que la fille se braque.
Déjà, cette position de face à face ne devait pas être très confortable pour elle. Se laisser ainsi dévisager par une parfaite inconnue, pas comme les Autres, même si la Bleue ne pouvait pas le savoir, cela n'avait rien d'agréable.
Surtout quand on était reniflante, les yeux gonflés de larmes et la voix réduite à un murmure à peine audible.
Une belle peinture de la faiblesse humaine.

Visiblement, elle distrait l'autre de sa tristesse.
Elle sent son regard couler comme ses larmes le long de son visage, s'arrêtant sur ses cheveux, sur ses pommettes, sur ses yeux.
Ce dernier regard est dérangeant. Beaucoup trop intense pour pouvoir le soutenir.
Il aurait pu être une supplique ou un appel à l'aide qu'elle aurait détourné les yeux.
Alors lentement, ils dévient de leurs trajectoires, se mettent à fixer un point plus loin, sur sa gauche. Tout pour échapper aux deux faisceaux bleus qui la détaillent.
Pire.
Qui la passent au scalpel.

C'est un examen qu'elle n'aima pas subir. Se sentir mettre à nue par une parfaite Inconnue un peu trop cassée, la voir vous scruter comme si brusquement vous alliez vous animer pour lui offrir la solution à son problème.
Sauf que certes, l'autre pouvait avoir des problèmes. Elle devait d'ailleurs en avoir, vu sa position.
Mais elle n'avait pas plus de réponses qu'un croup.
*A la limite le croup aurait pu lui faire des câlins.*

Puis brusquement, la trop-cassée eut un long spasme qui la secoua tout entière, puis prit la parole.
Ses doigts se tendirent vers la porte, se contractèrent, blanchirent si fort qu'ils pourraient s'être métamorphosés en marbre. Ou plutôt en verre. C'était si fragile le verre, et si délicat.
Comme les larmes.

Au départ, les mots n'étaient que des sons.
Des petites vibrations dans l'air, qui se répercutaient à la manière des ricochets contre les murs.
*Foutus échos.*
Elle n'aimait décidément pas ce couloir. Ni la porte. L'aigle les fixait d'un air vicieux. En cet instant, il avait même l'air d'un corbeau se délectant à l'avance de ce qu'il va se passer.
Elle le foudroya du regard, sans vraiment s'attendre à autre chose qu'un regard placide en retour.
*Merlin, qu'est-ce que ça peut être con les piafs...*

Lorsque enfin une phrase compréhensible franchit les lèvres de la trop-cassée, il lui fallut quelques secondes de plus pour l'analyser toute entière.
Son visage se métamorphosa d'un coup, passant d'une mer blanche calme aux remous agités prévenant d'une vague de colère.
Non, ce n'était plus de la colère.
C'était de la haine.

*C'est quoi c'chateau qui fait tout d'travers? C'est quoi c'choixpeau qui envoie les élèves là où ils veulent pas ? C'est quoi ces portes qui, lorsqu'on est où l'on veut, n's'ouvrent pas? On est pas assez biens pour vous peut-être?! C'est quoi ces escaliers capricieux qui changent d'direction l'vendredi, qui ont des marches réduites en bouille, ces portraits cafteurs, ces fantômes insupportables, ces esprits frappeurs complètement tarés? C'est quel monde si même là où l'on étudie on s'sent en décalé? *

Se relevant brusquement, elle démolit consciencieusement du regard la tête d'aigle ahurie sur la porte, et lança à la fille un : "Ah ? Tu peux plus rentrer? C'est c'qu'on va voir..."

Son ton était froid, glacial même.
Tout ce qu'elle avait accumulé depuis le début de l'année menaçait de se précipiter hors de la coquille de son corps, par toutes les failles qu'elle avait vu se créer.
Et elle ne ferait absolument rien pour tout arrêter.

Cognant trois fois contre la porte, des coups sourds qui auraient aussi bien pu la démolir si elle n'avait pas été résistante, elle se contrôla pour ne pas hurler, même si sa voix allait crescendo.

"Merlin, tu veux bien t'ouvrir toi? Y'en a assez des portes qui faut chatouiller, d'celles auxquelles faut bien parler, d'celles qui sont des leurres et des portes qui sont juste condamnées! Alors j'suis pas où j'devrais, mais y en a une qui aimerait rentrer, hein! Alors si t'as deux sous d'bon sens tu f'rais bien d't'ouvrir. Et RAPIDEMENT!"


Puis elle resta droite face à la porte, poings serrés, regards froid.
Ils voulaient jouer à qui serait le plus borné?
Elle était prête.
Et ce n'était certainement pas une ridicule petite porte qui allait l'en empêcher.

Plume, navrée si je réponds trop vite...
La Gamine hurlait de rage et j'ai eu beaucoup de mal à la retenir pour ne pas me précipiter écrire ces Mots... Oh, Merlin, hâte de voir comment tout ceci va se finir!

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

18 janv. 2021, 13:11
Fallen Angel  PV ++ 
Que chantait-elle ?

Que chantait cette fille dans la nuit noire, celle froide de janvier, ou le temps semblait s'être arrêtée pendant quelques instants, pour laisser ces fillettes se rencontrer. Quelle chanson épelait-elle quand tout semblait brisé, quand elles avaient Brisé ?

Fallen angel


*C'est moi l'ange déchu.* Oh, elle n'est même pas sûre d'avoir été un jour ange. Elle n'a jamais senti des ailes d'un blanc nacré pousser dans son dos, elle n'a jamais eu un tempérament angélique. Et pourtant, l'expression convient bien à ses sentiments, à ce qu'elle éprouve, là tout de suite. Elle est tombée de son piédestal situé haut dans le ciel. Elle a volé parmi les nuages, flottant doucement, pour s'écraser la tête la première sur le sol. Sur la pierre, devant la Salle Commune.

La chanson avait continué, elle s'en rappelle. Les paroles se sont étrangement imprimées dans son esprit et ne veulent plus en partir. Elle revoyait le visage de cette fille - qu'elle avait cru aimer - et elle continue d'avoir mal.

Close your eyes,
I won't let you fall tonight


Elle ferme les yeux un instant. Non, cela ne marche pas. Elle se sent toujours autant tomber. Celle qu'elle aime, qu'elle avait cru aimer, l'a trompée. Elle l'a laissée tomber. Elle l'a laissée chuter vers un gouffre sans fond, un trou ou le moindre rayon de lumière ne pouvait subsister.


Des cris attirent son attention. En face, la fille qui s'échine à lui parler depuis tout à l'heure, s'est attaquée à la porte. Elle semble animée d'une colère, d'une fureur effrayante.

- Mais pourquoi tu...

La brunette comprends soudain ce qu'elle essaye de faire. Elle force le sanctuaire, elle veut rentrer sans résoudre l'énigme. Est-ce seulement possible ? La petite Holmes parierait que non. Rowena, avec son diadème saphir et sons intelligence hors du commun n'accepte que les enfants dignes. Dignes de son savoir, dignes de la connaissance, digne de sa protection. *Et moi j'le suis pas. J'le suis plus.* Elle chasse de son cerveau l'idée qu'elle ne l'a jamais été, qu'il y a forcément eu une erreur quelque part. Le Choixpeau peut-il se tromper à ce point ? Impossible de savoir et à vrai dire, elle ne veut pas le savoir. Elle a trop peur que la réponse soit l'affirmative.

Lydia pose ses bras par terre et se lève. Ses muscles sont raides, engourdis. On a l'impression qu'ils n'ont pas bougé depuis plusieurs années alors qu'elle ne fait que courir depuis tout à l'heure. *Je ne fais que fuir.*

Elle s'interpose entre la Jaune et la porte de bronze. L'Autre ne peut pas abîmer l'entrée de la Salle Commune, elle n'a pas le droit.

- Stop.

Ses yeux sont mornes, sans vie. Ils n'ont plus la petite étincelle d'auparavant, celle qui s'allume dès qu'elle pense aux étoiles et à la lune ; qui s'allume dès qu'elle pense à Elle.

- Je peux pas y rentrer. Tu pourras pas non plus. Pas avec la violence.

Elle se détourne de la fille et fixe le heurtoir en forme d'aigle. Elle croit voir dans ses traits une expression moqueuse, rigolant ouvertement de ce que les deux fillettes essayent d'accomplir. Forcer la demeure de Rowena, et puis quoi encore ? C'est totalement absurde.

Elle prend une inspiration. L'Autre est toujours derrière, elle le sent et le saitt. La marque de son regard brûle sa nuque blanche. Il faut qu'elle dise quelque chose pour se justifier, et tout de suite. Elle ne veut pas d'une deuxième humiliation aujourd'hui ; celle avec la joueuse de violoncelle est bien trop présente dans son esprit.

- C'est gentil de m'aider. Je suis désolée de t'infliger ce spectacle.

Sa voix reprend des accents normaux, comme s'il ne s'était rien passé. Lydia ressemble plus que jamais aux différentes formes de l'eau. Bouillante et écumante puis, juste par la force d'un changement de température, elle redevient de glace. Rigide et imperméable aux regards et aux paroles des Autres qui auparavant pourtant, lui auraient transpercé le cœur.

- Mais tout est de ma faute. Entièrement de ma faute.

Aucune larme ne coule. Elle a bien assez pleuré pour aujourd'hui. Et elle est la seule responsable de son malheur, la seule et entière cause de tous ses instants de tristesse.

- Je me relèverai toute seule. Comme toujours, souffle-t-elle.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

16 févr. 2021, 19:36
Fallen Angel  PV ++ 
I've battled demons that won't let me sleep
Called to the sea but she abandoned me
But I won't never give up, no, never give up, no, no
No, I won't never give up, no, never give up, no, no
Sia-Never give up

______________________________


La fille se dressa brutalement entre la porte et elle.
*Elle est conne ou quoi?*
Elle regretta sa pensée juste après l'avoir formulée.
La Bleue était désespérée. Et on faisait des trucs stupides quand on était désespéré.
Comme pleurer devant une Rouge en s'enfermant dans les toilettes abandonnées. Comme essayer de parler aux étoiles en Janvier.
Comme essayer de rentrer par effraction dans une salle commune.

"Stop."


La phrase achève de la stupéfixer, si cela n'était pas encore déjà fait.
On aurait dit subitement que la fille avait trouvé le secret qui figeait les amoureux de la Saint-Valentin, cette stupide fête moldue.
*C'est moi qui suis stupide pour faire des comparaisons pareilles. Il m'manque des cases ou quoi?*oei

Le regard perçant la plongea dans le doute et l'appréhension. Elle se sentit ridiculement petite face à la première année qui n'était pas plus grande qu'elle. Un grain de poussière. Une particule d'astéroïde perdue dans le grand Vide de l'univers.
Le rose empourpra ses joues.
Comment un être pouvait-il être empreint d'autant de majesté même au fond du gouffre? D'assurance quand elle, elle n'aurait même pas eu la force de se lever?

"Je peux pas y rentrer. Tu pourras pas non plus. Pas avec la violence."


Une pause.
Elle prit une dernière inspiration un peu reniflante, plus pour se donner une contenance que pour autre chose. Son cœur battait vite, l'appréhension l'ayant doté d'ailes.
La fille en face était une grenade dégoupillée. Et elle n'avait aucune indication de quand elle allait exploser.
Et puis sérieusement? Pas avec la violence?
Mais elle n'était pas violente! Et puis, si la gamine croyait que c'était l'abandon ou l'amour qui allaient lui ouvrir une porte récalcitrante, elle se fourrait le doigt dans l'œil jusqu'à l'omoplate!
*Puis quoi encore? Des Cupidons qui se mettent à murmurer les réponses! Ahah! La bonne blague!*

"C'est gentil de m'aider. Je suis désolée de t'infliger ce spectacle."


Les excuses la soufflèrent. Elle devait pas dire ça, elle devait pas!
C'était pas un spectacle, personne était aussi con pour profiter d'une situation comme celle-ci.
Elle se fichait que la fille soit en larmes, souriante, perchée, perdue dans ses pensées.
Elle voulait simplement qu'elle aille mieux, et c'était tout!

"Mais tout est de ma faute. Entièrement de ma faute. "


*Mais arrête de t'excuser p'tain! Relève-toi! Bas-toi, fais un truc, hurle, donne un coup d'pied à la porte, défonce-la, fais un truc!*
Elle avait une violente envie de secouer la Bleue pour la réveiller, et de lui distribuer quelques engueulades si nécessaire.

"Je me relèverai toute seule. Comme toujours."


Dernière réplique de leur échange.
Elle serra les poings, malmenée par une colère difficilement retenue, puis asséna :

"P't'être que tu te relèveras seule. On finit toujours par s'relever. Seule, t'iras peut-être plus vite. Mais à deux, on ira plus loin."


Elle prit une grande inspiration, avant de continuer.

"Et p't'être que la violence ça sert à rien. Et p't'être aussi que ça sert à rien que j'essaye de t'aider. Mais tu t'donnes pas en spectacle, y'a toujours des moments où on craque. On aime pas, c'est casse-pied, mais c'est nécessaire et on peut rien y faire. Rien. Du. Tout. Alors, s'tu veux parler pour qu'on aille... Demander poliment à Rowena d'ouvrir grand sa porte, j'suis là. Sinon, j'me barre."


Elle se rendit compte qu'elle s'était affaissée en disant ça lorsqu'elle se releva.
Replongeant ses mains dans ses poches, elle se rappela brusquement d'un détail.

Fouillant dans sa sacoche, elle en retira une barre de chocolat pas encore (trop) fondue, et la tendit à la Bleue.

"T'en veux?"


Désolée de cet effroyable retard, Plume...

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

05 avr. 2021, 17:55
Fallen Angel  PV ++ 
On finit toujours par se relever. Vraiment ?

Après les larmes, les blessures, les coups, le sang et la douleur, on se relève quand même ?
Après la trahison de quelqu’un qu’on croyait aimer, la perte de toutes capacités intellectuelles, après un mal-être profond, on se relève encore et toujours ? On tourne la page. On rembobine la cassette. On découpe la pellicule pour ne pas voir les moments qui ne nous plaisent pas. C’est comme ça qu’on se relève, c’est comme ça que ça marche ?

Et l’Autre tente de l’aider. De la soigner avec ses paroles qui, pourtant, glissent silencieusement le long du corps de la petite Holmes. A-t-elle au moins conscience que sa présence est complètement inutile ? Il faut le lui dire, Lydia serait presque peinée par l’acharnement qu’elle montre. Tout ça pour rien. *J’en vaux pas la peine.* Elle n’en vaut pas la peine ; la peine était déjà tout à l’intérieur de son cœur. Si on joue sur les mots, la vérité nous apparaît vite.

La fille semble convaincue par ce qu’elle dit. Lydia ne répond rien. Elle se montre distante, froide. Elle a séché ses larmes et ses yeux reprennent une couleur habituelle. La mer s’est calmée. Et elle se promet que les marées fortes, que les houles, que la tempête, que l’orage, que tout cela ne recommencera pas d’aussitôt. Elle se relève petit à petit. Elle ne se l’avouera jamais mais Alison, en face, y est pour beaucoup. Elle a compris que des personnes allaient continuer à la soutenir. Certaines personnes auraient besoin d’un câlin dans ces moments-là, Lydia quant à elle a été soignée par les mots d’Alison. Mais elle est trop fière pour lui offrir un peu de reconnaissance, pour se concentrer d’une manière normale avec celle qu’on peut appeler sa sauveuse.

Le cerveau de la fillette remarque avec amusement le lien entre les dernières paroles de la brune « j'me barre. » et la barre de chocolat qu’elle lui tend ensuite. Lydia lève les yeux. Plus de larmes dans le corps, plus de larmes dans sa pupille. Est-ce pour mieux voir le vide ? Ou pour fixer à nouveau le présent ? Elle a l’impression que son passé proche, son futur et surtout son présent, se trouvent derrière cette porte en bronze. Si proche mais en même temps si loin.

Elle accepte la friandise et la croque silencieusement. Elle n’a rien répondu à la Jaune. Il le faudrait. Mais elle veut prolonger l’instant, créer une expansion du silence ambiant. Les mots viendront plus tard. En attendant, elle réfléchit à l’énigme de Rowena.

Les objets disparus, où vont-ils ? Les réponses qui lui sont venues à l’esprit c’était ‘sous le canapé, sous une porte ou derrière un fauteuil’. Stupide, elle le savait bien. *J’dois raisonner autrement.*
Quel est l’objet qu’elle a vu disparaître ? Oh… Le visage de Lydia s’illumine, elle claque des doigts et croit tenir une idée. Sa joie a disparu, le temps d’une après-midi. D’accord, prenons cela comme exemple d’objet. C’est un des objets les plus précieux que peut tenir l’humain entre ses mains. Il est immatériel mais on croit parfois le toucher du bout des doigts, tandis que d’autres fois, son absence est plus que palpable.

Si sa joie s’est envolée, où a-t-elle pu aller ? Dans le néant. Et le néant se répercute sur l’ancien propriétaire. Le néant, qu’est-ce exactement ? C’est un mot trop évasif, le heurtoir de bronze attend quelque chose de plus précis.
Le néant c’est *le rien*. Le rien c’est donc *ce qui n’est pas*. Ce qui n’est pas c’est *le tout*.

Elle prend une inspiration, passe sa barre de chocolat dans son autre main, et frappe à nouveau la poignée contre la porte. Bam bam. Le bruit est synchronisé aux cavalcades de son cœur. Le terrible heurtoir repose la question.

« Dans ce qui n’est pas, qui est également ‘le tout’. »

La porte s’ouvre.

Elle adresse un regard à la Jaune et ne peut conserver son sang-froid. Celui-ci a été trop remué par de multiples réchauffements, il n’a pu résister. Alors… Elle court enlacer sa sauveuse.

Oh. C'est la fin de mon côté, j'en ai bien peur. Merci pour ce rp, pour nos échanges, pour tes mots en général. J'ai fait une jolie rencontre...

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

18 avr. 2021, 13:07
Fallen Angel  PV ++ 
On the falling shoals, I wonder why me?
Cats on trees-Sirens Calls
______________________________


Peut-être que la Bleue est trop brisée pour rentrer, finalement. Peut-être qu'elle ne parviendra pas à se Souvenir.
La tête d'aigle de la porte semblait la narguer.
Franchement, pourquoi s'était-elle arrêtée? Parce qu'elle avait cru voir un reflet *mon reflet* dans cette fille qui pleurait, qui dépeignait la tristesse sur son visage et ne cherchait pas à la cacher comme elle le faisait si souvent? Elle avait été différente, et cela l'avait forcée à s'arrêter.
Pourtant, soyons clairs, l'autre n'avait pas hurlé pour qu'elle aille la voir. Pas un murmure, mis à part quelques sanglots.
*Quelle est la langue des Larmes?*

Elle se repassa le fil de leur conversation. Il lui sembla vide, aussi dépeuplé que le regard de la Bleue. Certainement qu'elle ne veut pas d'aide. Certainement que c'était stupide de s'arrêter. Les larmes peuvent se tarir d'elles-mêmes, même lorsque cela demande plusieurs dizaines de minutes. Elle s'arrête toujours, jusqu'à ne plus avoir d'eau pour tomber.
Peut-être que la fille en était arrivée à ce stade-là. Si elle ne lui avait pas répondu, elle aurait pu croire qu'elle ne l'avait pas écoutée.
*Pas b'soin d'moi. Qui, t'façon, aurait Besoin d'moi?*
Mais les yeux semblent moins tourmentés, peut-être un peu délavés comme un ciel encore timide après les grandes bourrasques de l'Orage. Mais plus apaisé, peut-être. À moins que ce ne soit ce satané Vide qui mange tout émotion dans les pupilles de la fille?

La Bleue prit tout de même la peine de mordre dans le chocolat. *Bon ça va, elle est pas si au bord du Gouffre que cela.*
Elle savait à quel point cette phrase pouvait être fausse, mais préférait se cacher derrière cette assurance que la Gamine n'était pas irrémédiablement brisée, et qu'elle pouvait s'en sortir tout de même.

Puis brutalement, sans raison apparente, l'éclaircie totale sur ce visage auparavant ravagé par les affres de Tristesse. Des yeux où une lueur nouvelle brillait, si puissante, si emplie d'espoir.
Elle regarda les doigts émettre un bruit étrange en étant frottés l'un contre l'autre, puis à nouveau les coups résonnent contre la Porte.
Trois coups forts de quelque chose de Nouveau, peut-être bien de l'assurance. Ou alors, l'Espoir.

L'Espoir pourrait être une saleté d'émotion. Toujours à vous pousser de l'avant, à vous faire croire quelque chose qui pourrait être si faux. En regardant la Bleue toquer ainsi, comme si elle y mettait toute son âme, elle espéra (*Merde*) que l'autre n'allait pas être déçue. Qu'elle n'allait pas se retrouver encore face à la porte close.
Elle pouvait rallumer des étoiles dans les yeux (*visiblement mouais...*), une fois. Mais souffler trop vite sur la flamme de l'Espoir, dans l'espoir de l'attiser, ce serait le condamner à jamais.

« Dans ce qui n’est pas, qui est également ‘le tout’. »

Lui vint la pensée pendant une fraction de seconde, où elle se rendit compte qu'elle retenait son souffle, que la Bleue ne pouvait pas se tromper. Pas avec cette intonation. Pas avec cette posture.
Elle sentit ses épaules se décrisper en voyant la porte pivoter sur elle-même.
Elle jeta un coup d’œil à l'intérieur, furtivement, curieuse.
Ce qui fit qu'elle fut totalement prise par surprise lorsque la Bleue lui sauta dans les bras.

Leurs corps s'entrechoquèrent alors qu'elle laissait échapper un cri de protestation.
C'était... Étrange.
Gênée par tant d'effusion, elle se tortilla maladroitement pour essayer de se dégager après avoir tapoté le dos de la fille du plat de la main.
Finalement, elle marmonna, en se dégageant mais en gardant une main de la Bleue dans la sienne :

"Ben tu vois. T'y arrives très bien toute seule. T'as b'soin d'personne. Alors, j'sais pas pourquoi t'as pleuré, mais tu vois que ça sert à rien. Tu t'en sors très bien seule, crois pas ceux qui t'disent le contraire."


Soufflant légèrement en haussant les épaules, elle ajouta, l'air désintéressée mais un peu remuée au fond :

"Bon, j'suppose qu'on s'quitte là? Salut, Petite Bleue."

*Bleue comme une étoile. Et elle brille, Merlin, elle brille très bien seule.*
Un microscopique sourire releva le coin de ses lèvres.
*Elle a pris son envol. Ça va aller, maintenant.*

Merci pour cette Danse ! Au plaisir de te recroiser, toi et ta Protégée! <3

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.