C'était le 22 Décembre 2045. Le lendemain, la première partie de l'année se clôturait. Le lendemain, les élèves, pour la grande majorité, rentraient chez eux pour les vacances de Noël. Le lendemain, Eileen prenait le Poudlard Express pour retrouver ses parents à la gare de Kings Cross. Et cette dernière ne pouvait pas rester sur un échec. Quelques jours auparavant, elle avait essayé de piéger Chems Daley et s'était retrouvé à piéger avec ce dernier. Ce n'était pas un échec à proprement parler, plutôt un compromis pour atteindre la réussite, mais ce n'était pas assez pour la Serpent. Il fallait frapper plus fort, marquer les esprits. C'était le moment de montrer de quel bois elle se chauffait.

Cette fois, la fillette avait été plus vigilante. Il fallait être sûr que personne ne la suive, que personne ne la croise. Il fallait que ce soit parfait. C'était déjà le début de soirée, le soleil couché à cause de l'hiver qui le faisait fuir bien trop tôt. Mais fort heureusement, cela rentrait dans les plans de la jeune Adams. Quoi de mieux pour ne pas attirer l'attention que l'obscurité ? De plus, d'un pull noir vêtue, elle ressemblait à une ombre arpentant les couloirs si bien qu'elle n'avait pas remarqué celle qui la suivait. Quiconque qui connaissait Eileen saurait qu'elle préparait quelque chose de louche mais évidemment, elle avait pris la précaution de ne prévenir personne.

Elle atteignit finalement le couloir qu'elle avait recherché. Dans un placard, elle avait réussi à dissimuler un petit seau avec de la peinture verte. Quand ? Comment ? Même du Veritaserum ne pourrait la faire parler car à l'instant même, tout ce qui lui importait était de réaliser le coup qu'elle qualifiait comme sa plus brillante idée. Elle le sortit avec précaution, en faisant attention à ne pas faire de bruit pour qu'aucun fantôme, que ce soit celui de Peeves ou Rusard, ne l'entende. Un petit rictus se dessina au coin de ses lèvres. Pour une enfant de onze ans, elle avait l'impression d'être au même niveau qu'un cambrioleur victorieux après un braquage à Gringotts. Comme l'enfance peut être douce. Elle regarda alors le mur encore vierge de ses bêtises et ses iris vertes commencèrent à pétiller d'excitation. Ses entrailles gigotaient et sa conscience étouffait sa raison qui lui disait de rebrousser chemin. Elle plongea alors sa main dans le seau, ressortant un énorme pinceau coloré de vert, la peinture coulant le longs des poils de ce dernier.

Mais alors qu'Eileen s'apprêtait à signer le mur innocent, elle ne s'attendait pas le moins du monde à ce qu'un professeur tourne dans le couloir perpendiculaire au sien. Trop absorbée par sa conscience hurlant l'irraisonnable, elle n'entendit même pas les pas si proches qu'ils pouvaient bientôt lui causer sa perte.

@Lexa Queen J'espère que cela te convient

Dernier jour de cours avant le premier jour de supplice infernal. Je serais prête à tout pour que cette journée dure éternellement. Et je donnerais tout pour que celle de demain n'existe pas; ou se fonde parmi les autres sans une seule différence. Malheureusement, je sais que ça ne sera pas le cas. Demain, je me réveillerais et regarderais les élèves rentrer chez eux, avec leurs familles. Et moi j'attendrais simplement un petit mot de Grand-Mère me souhaitant de bonnes fêtes.

J'ai fini tôt aujourd'hui. À 12h30, le cours de Miss Montmort était terminé. Une heure plus tard, ce châtiment était arrivé à mon repas. Je n'avais pas gamin. Une tranche de pain, et un petit bout de viande. Je n'avais plus rien à faire. Pas de devoirs à faire. Pas de personnes à qui parler. Dawn est introuvable. Même si je ne souhaite pas vraiment lui parler. Antonn non plus. Et pourtant, lui je le cherche? j'ai besoin de lui plus que personne ici. À qui me confirais-je sinon ? Eileen. Mais oui, bien sûr ! Eileen, Miroir. C'était pour moi la personne dans ce vaste château qui se rapprochais le plus de ce qu'était Antonn. C'était une amie.

À toute vitesse, je montais les escaliers deux à deux, jusqu'à la tour ouest où serait peut-être la Serdaigle. Mais à peine arrivée au détour d'un couloir, non loin des toilettes, j'aperçois une fille trainer derrière elle un... un pot de peinture ? Sans un bruit, je me cache derrière un mur afin de pouvoir toujours la voir. Je plisse les yeux. Les siens brille, et je crois même qu'elle sourit. Sa main plonge dans le pot de peinture, ressortant un énorme pinceau vert. Elle va quand même pas...? D'un coup, je me souviens du mur trouvé l'an passé avec Malya. Non... Elle ne va quand même pas le peindre aux couleurs de notre maison ?

C'est une mauvaise idée. Une horrible idée, je le sens venir. Mauvaise dans le sens où elle prend d'immenses risques. Les cours sont bientôt finis. De partout, des élèves vont aller et venir, sortant de classe, retournant dans leur salles communes. Elle va se faire prendre si elle n'accélère pas ! Et si elle est lente, en plus... Je râle. Je ne peux pas la laisser seule si elle se fait trouvée.

- Translatio ! dis-je en visant son pinceau et ma chaussure, retirée à l'instant.

Je me dépêche de la rejoindre avant qu'elle ne trempe mon soulier dans le pot de peinture.

- Toute seule ? Tu veux te faire prendre ou quoi ? je m'exclame, en chuchotant. Puis, je lui redonne son pinceau, et remets ma chaussure à mon pied. Vers la tour ouest. Personne ne viendra là-bas à cette heure-là. Les Serdaigle iront tous à la bibliothèque une fois les cours fini, ça nous laisse un bon bout de temps, dis-je en pointant du doigt une salle pas loin de là.

D'une main malicieuse, Eileen approchait le pinceau du mur. Le pinceau ? Où était-il passé ? S'était-elle donc faite attrapée ? Non, pas si facilement. Pas encore. Ses sourcils se froncèrent dans l'incompréhension mais une voix la tira de sa confusion. Elle tourna la tête et à sa gauche se trouvait une fille qu'elle avait déjà vue en salle commune mais dont elle n'avait pas relevé le prénom.

"- Toute seule ? Tu veux te faire prendre ou quoi ?"

"Si tu n'étais pas arrivée, je n'aurais pas été prise", pensa naïvement Eileen avant que son cerveau se remette finalement en marche et qu'elle entende les pas approchants du professeur à proximité. Son coeur rata un battement mais encore, la blonde aux yeux clairs semblait lui sauver la mise.

"- Vers la tour ouest. Personne ne viendra là-bas à cette heure-là. Les Serdaigle iront tous à la bibliothèque une fois les cours fini, ça nous laisse un bon bout de temps."

Regardant d'abord à droite puis à gauche, bouche bée, Eileen finit par ne pas discuter et trotta jusqu'à la jeune Serpent. Son froncement de sourcils creusa à nouveau son front et elle chuchota :

"- Comment tu m'as trouvée ? C'est pas sensé être désert à cette heure-ci ?"

Mais bien vite, son esprit pratique reprit le dessus et tout ce qui lui importa sur le moment était d'arriver au bout de son idée. Si, pour cela, elle devait s'allier avec la jeune fille qui ne semblait pas réticente à l'aider, alors elle le ferait. De plus, elle lui avait carrément donné la clé de la réussite, cela montrait bien qu'elle voulait faire partie de son plan, non ?

"- Peu importe, reprit-elle, entendant que les pas du professeur se rapprochaient. Il faut filer, sinon on va se faire attraper."

Action, réaction. Elle lui accorda un regard complice, un rictus espiègle au coin des lèvres. Elle regarda la porte que la jeune fille montrait du doigt. Elle jeta ensuite un coup d'oeil derrière elle, là où le pot de peinture résidait encore. Elle courut le récupérer, essayant de se faire le plus discrète possible et puis recourut dans l'autre sens vers la porte en question.

"- Bon, il faut faire vite, répéta-t-elle."

Elle ouvrit la porte pour laisser la complice d'une poignée de secondes et, avant que celle-ci ne s'engouffre pour atteindre la Tour Ouest, elle lança :

"- Au fait, moi, c'est Eileen, lui sourit-elle."

J'espère que ça te convient

Je riais silencieusement. Que pensait-elle ? Que je m'amusais à espionner les élèves de premières années - cela se voyait à sa taille, elle était encore plus petite que moi, et Merlin sait que quelqu'un d'aussi petit ne peut pas avoir douze ans - la veille des vacances ? Non, bien évidement.

- Comment je t'ai trouvée ? je ris. Je sais reconnaitre un farceur quand j'en vois un, j'suis pas née du dernier sort, dis-je en me dirigeant vers la première issue. Je m'arrête quand elle part chercher le pot de peinture, en soupirant. Dépêche ! j'ordonne, en chuchotant.

Alors que la fille poussait la porte du petit passage, elle se présenta. Eileen. Elle aussi ? Initialement, c'était une autre Eileen à qui je voulais parler. Même si celle-là me semblais à première vue plutôt acceptable. La preuve étant, je l'aidais même dans une blague qui risquait de me couter bien plus qu'une simple retenue. La plupart des professeurs m'avaient déjà dans leur viseur, et je mettrais ma main à couper que la directrice avait été informé du cas qu'était la réunion de la LAM l'an dernier.

- J'm'appelle Lexa, dis-je, le regard droit devant.

Ne pas se faire attraper. Et ne pas tomber sur un préfet qui veut savoir ce qu'on fiche ici, à cette heure-là, un pot de peinture dans les mains. Comme cet imbécile l'an passé qui nous avait accusé, Malya, Brian et moi d'avoir dégrader les murs face à la salle commune de Gryffondor. Peut-être dégrader ceux prêt de la salle commune de Serdaigle serait moi dangereux ? Après tout, Serdaigle est une maison bien plus ouverte d'esprit et agréable que ces idiots rouges et ors pensant être les plus fort du monde.

- 1ère année, c'est ça ? demandais-je, me tournant vers Eileen, souriante. T'as bien de la chance, je soupire, sourcils levés. J't'apprends rien, tout le monde doit être au courant, non ? Je redirige mes yeux face à moi. Une année comme on en verra jamais plus, j'espère.

Je remarque sur elle un pull de Serpentard. Elle est élève dans la même maison que moi ? Bien sûr que oui, sinon pourquoi s'amuserait-elle à repeindre tout le château en vert ?

- Dis, tu veux faire quoi de cette peinture ? T'as une idée en tête ?

La première remarque de la blonde fit sourire Eileen. Une farceuse ? Qu'elle continue à la complimenter, bientôt, peut-être que la jeune Adams ronronnerait. Elle s'enfonça derrière elle après avoir fermé la porte en douceur pour ne pas faire de bruit. Elle commença à marcher, le pas rapide mais léger pour atteindre la Tour Ouest. Quatre mois qu'elle était là et elle arrivait à se situer dans le château, quel exploit.

La fille s'introduit en tant que Lexa. "Peu commun", pensa Eileen mais elle ne releva pas.

"- C'est ça, première année sur le papier, répondit-elle. Et oui, je suis au courant. Mais bon, mon père m'a toujours dit qu'une année calme à Poudlard, c'est comme cambrioler Gringotts, ça n'arrive jamais."

Les deux jeunes filles arpentaient les couloirs à toute vitesse tout en étant à l'affut du moindre bruit. Eileen n'avait pas encore expliqué la raison de son acharnement à poursuivre les risques de se faire coller. Elle tenait fermement son seau de peinture, si bien que les jointures de ses doigts en devenaient blanches. Elle n'était pas prête à abandonner ce foutu pot, il représentait trop gros. Elle regarda alors rapidement derrière elle et aperçut deux élèves qui tournaient dans le même couloir qu'elles. D'un geste quelque peu brusque, elle poussa Lexa pour l'embarquer dans un autre couloir qui semblait plus désert. Elle s'excuserait de son manque de distinction plus tard.

"- J'veux juste laisser un petit message. Rien de bien méchant, promis, dit-elle doucement avec un petit rire."

Elle regarda son pot de peinture avec des étoiles dans les yeux. Si son petit tour fonctionnait, à son âge, ce serait une si grande réussite pour elle. Elle préférait seulement laisser l'ensemble de son message secret jusque là. La surprise n'en serait que meilleure. Elle enverrait une lettre à Emma pour lui raconter tout ça sans hésiter. Ça la fera sûrement rire, Emma.

Seulement, après toutes les petites questions de Lexa, Eileen se stoppa net, le regard suspicieux. Pourquoi cherchait-elle à savoir précisément ce qu'elle voulait faire avec sa peinture ? Et lui demander son année ? Eileen n'était pas prête à abandonner son idée, et elle ne voulait surtout pas qu'une deuxième année la lui ruine. Et elle voulait encore moins se faire attraper à cause d'un manque de vigilance.

"- J'espère que c'est pour m'aider que tu viens, hein ?, dit-elle, dubitative."

Elle ne se voulait pas accusatrice mais il était hors de question que Lexa démantèle tout son plan. Jusque là, elle n'avait prouvé que le contraire mais il valait mieux être trop prudent et Eileen n'avait pas pour habitude de se mettre en position vulnérable alors la laisser entrer dans sa tête n'était pas une bonne idée. Maintenant, si ladite Lexa voulait vraiment l'aider, elle ne pourrait que compter sur sa parole, en espérant que cette dernière soit sincère.

Je souris à sa remarque. Impossible, oui. Mère m'a toujours dit qu'elle n'avait pas passée une année tranquille là-bas. Je me doute que ces années scolaires étaient moins chargées et difficiles que celle que j'ai passée. Je pourrais presque écrire un roman sur cela. Bien que je pourrais aisément parier sur la colère de Mère si un jour je décidais de mener une vie dans les conditions les moins sorcières que proposent les métiers du monde magique.

- Oooh, un petit message... ils seront réceptifs à ton message là-haut, crois-moi !

Je poussais la lourde et noirâtre porte, la dernière qui menait jusqu'au sommet de la tour. Ce coin-là, en plus d'une année passée ici, n'avait accueilli que les courageux prétextant être assez malin pour duper le mur de pierre de Serdaigle, où les petits nouveaux comme je l'étais à qui leur famille manquait tellement qu'ils avaient le besoin de communiquer avec eux leur trois-cent-cinquante-septième journée scolaire sous peine de se faire sermonner avec la grâce d'un cygne par lesdits parents. Autrement dit, personne dans la volière à quelques heures des vacances, personne dans la salle commune de Serdaigle alors que les cours se transforment en sirènes. Juste deux élèves prêtes à tout pour ce petit message. Mais apparemment, malgré l'aide que j'ai offert à Eileen, celle-ci semble douter de ma loyauté.

- T'aider ? Non, je suis là pour avoir suffisamment de preuves pour pouvoir tout raconter à Miss Loewy après ! je plaisante. Bien sûr que je vais t'aider. Serpentard, c'est ça ? On se soutient dans la maison. C'est un peu comme une famille ! je souris.

Enfin. Nous sommes arrivées. Une petite plate-forme. Père m'a raconté, il y a quelques années, qu'ici se réunissaient les fantômes de Poudlard afin de colporter sur les élèves. Il disait que ce moment était si sacré que quiconque osait les déranger se verrait pétrifié sur place. Évidemment, n'importe quel idiot sais que cela est faux. Pour preuve ! Tout le monde sait que les maisons de Serpentard et Gryffondor se haïssent tout comme leurs fantômes respectifs.

- Parerait que c'est hanté, ici. Les seules personnes qui risquent de passer là, c'est Mr Briggs et ces élèves, les Serdaigle, ou Loewy. Et peut-être quelques élèves qui vont au sommet de la tour d'Astronomie.

Autrement dit, un endroit idéal pour toucher plusieurs personnes, et en même temps ne pas se faire remarquer.

Aussitôt que Lexa confirma sa complète complicité pour l'oeuvre qu'elles s'apprêtaient à créer, Eileen se détendit. Les épaules remises en arrière alors qu'elles étaient encore contractées quelques instants, la jeune fille poursuivit sa quête à la bêtise en toute confiance. Elle lui sourit à la mention de famille. Dans un sens, cette appartenance à la maison de Serpentard lui réchauffait le coeur et cela lui plaisait. Non pas que sa famille ne lui suffisait pas, elle l'aimait tant. Mais qui refuserait donc un bonus pareil ?

"- Comme une famille, oui, dit Eileen, ronronnant presque."

Lexa poussa une énorme porte noire qui laissa entrevoir une petite plateforme désertée des attroupements d'élèves. Parfait. Décidément, Eileen avait encore beaucoup à apprendre de ses pairs rusés verts et argents pour parfaire ses mille-et-unes idées qui ne demandaient qu'à être exécutées. Les dernières phrases pendantes de la complice fit pouffer la blonde vénitienne. Hanté ? Ce n'était pas cela qui allait lui faire peur après l'épisode dans les toilettes abandonnées où elle s'était retrouvée à avoir peur de sa propre ombre. Depuis, elle avait pris en maturité et en raison. Du moins, elle essayait de s'en convaincre tant bien que mal pour mettre cette péripétie derrière elle, même si elle n'avait pas été déplaisante au final.

Eileen posa le pot de peinture sur le sol avant de s'étirer l'épaule qui était légèrement douloureuse. Après tout, du haut de son mètre trente, elle n'avait pas beaucoup de force et porter une masse pendant une aussi longue durée lui avait causé une légère douleur qui se transformerait probablement en courbature le lendemain. Elle observa les murs vierges et un sourire en coin imprégna son visage.

"- Hanté, tu dis ? On verra ce que les fantômes diront de ça, rit-elle."

Elle pointa le seau remplie de peinture verte qui ne demandait qu'à être étalée. Elle alla chercher le pinceau imbibé de vert et se tourna vers Lexa.

"- Allez, il est temps de s'y mettre, fit-elle sur un ton espiègle."

Elle se retourna alors vers le mur et commença à écrire la première lettre de son message. Un joli S fit son apparition sur le mur suivi d'un A.

"- Notre, commença-t-elle entre deux coups de pinceaux, très chez Salazar va donc s'inviter dans la tour de Serdaigle, elle rit."

Eileen avait attaquée par le « Salazar ». Jetant un coup d’oeil sur la taille des lettres, j’essayais de calculer rapidement où devrais-je commencer le nom. Trop incertaine de la fiabilité de la technique, je pliais les genoux, pensant qu’il serait plus judicieux d’écrire « Serpentard » en dessous. J’attrapais le deuxième pinceau laissé dans le pot, le plongeant dans la peinture. Presque immédiatement, j’écrasais les poils sur le mur encore vierge de toutes farce et peinture quelques secondes plus tôt, dessinant méticuleusement un S, tentant de lui donner l’apparence d’un Serpent.

- Bienvenue dans ton nouveau royaume, mon cher, bienvenue, dis-je comme si il était présent, ici.

Une dernière écaille, et la première lettre était achevée. Replongeant le pinceau dans le pot de peinture, je réfléchissais à quelque chose pour le E. Soudain, une idée me traversa l’esprit. Je dessinais un long trait sur le mur, et traçais deux demis-cercles à la gauche, celui du dessous plus large que le supérieur. De la calligraphie en anglais légal. J’avais trouvé cette écriture il y a quelques années dans un livre, dans notre immense bibliothèque à Londres.

- Tu crois qu’on devrait signer ? Pas forcément avec nos vrais noms, hein, rajoutais-je précipitamment.

Je lui lançais un regard, rapidement, cherchant à voir la moindre réaction. Je redirigeais à la même vitesse mon attention sur mon pinceau qui plongeait vers le pot de peinture, prêt à s’attaquer au R.

Et puisses-tu t'y plaire.

Un rictus au coin des lèvres, Eileen écoutait Lexa d'une oreille tandis qu'elle tendait l'autre pour guetter le moindre bruit extérieur à celui des pinceaux sur les murs. Elle admirait la peinture verte peu à peu recouvrir malicieusement les murs de la Tour de Serdaigle. Les bleus n'allaient bientôt qu'être rouges de colère en voyant cela, elle en était sûre ! Elle finit le "R" de Salazar avec beaucoup de fierté et observa le Serpentard de sa partenaire de crime, les yeux brillants.

- J'adore, c'est parfait, dit-elle enthousiaste. Ton serpent déchire !

Elle se mit alors à hauteur du "Serpentard" et replongea son pinceau dans le pot de peinture verte avec fougue puis continua à ajouter des mots qui partaient d'une ambition enfantine mais qui, malgré tout, pouvaient avoir leur effet. Son tracé était beaucoup moins propre que celui de Lexa. À dire vrai, il avait bien mauvaise mine à côté des belles lettres de la blonde mais c'était à peine si Eileen en avait quelque chose à faire tant l'activité lui plaisait. Et finalement, sur le mur siégea :

Salazar Serpentard prend le pouvoir.

La petite fille se tourna vers la deuxième année, conquise de leur acte qui n'était pourtant pas grand chose mais assez pour la faire sourire. Elle posa ses deux poings sur les hanches et réfléchit brièvement à la proposition de Lexa. Il n'y avait pas grand chose à débattre, elle n'avait que trop raison. Un large sourire se dessina sur ses lèvres et elle hocha vivement la tête.

- Évidemment ! Mais il faut trouver quelque chose qui dépasse les attentes alors, fit-elle sur le ton de la malice.

Ses pensées se mirent à affluer de tous les côtés et cela se vit à son air qui devint absent pour sortir la trouvaille du siècle. Leurs initiales ? Trop évident. Des noms de Serpent ? Un peu basique. L'ampoule s'alluma. Elle plongea alors ses iris vertes dans les yeux de la blonde, espiègle.

- Qu'est-ce que tu penses de la Reine et la Chose ?

Queen. Reine. Et la prestance de Lexa ne donnait pas tant de mal à la jeune fille à l'imaginer en belle monarque. Avait-elle déjà entendu parlé de la famille Addams ? Cette petite main qui n'avait pas vraiment de prénom, c'était bien Eileen. La Reine et la Chose. C'était plutôt rigolo.

C'est à mon tour de m'excuser pour ce retard...