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08 févr. 2021, 18:17
De la stupidité de nos amours  Solo 
22 décembre 2045
Bibliothèque — Poudlard
5ème année



« Je dois te dire quelque chose, Aelle. »

Je pose un regard franchement ennuyé sur Aodren. Cela fait une heure que nous sommes à la bibliothèque. Une heure qu’il ne cesse de me jeter des regards en coin, comme s’il voulait me dire quelque chose mais qu’il n’osait pas le faire. Une heure que j’essaie de l’ignorer, tout en me forçant à rester concentrée — ce qui est impossible puisque dans mon esprit repasse en boucle la scène d’hier et en boucle repasse une Thalia déterminée qui dépose son nom dans l’urne. Je n’ai pas dormi de la nuit, je suis épuisée, agacée, triste et hors de moi. J’ai envie de bousculer le monde, ou de crier très fort, ou de faire les deux en même temps. C’est pour cela que je ne fais rien du tout et que je me contente, dans l’espoir d’apaiser la folie qui me consume, de lancer un regard noir à mon frère.

« Quoi, Aodren ? rétorqué-je d’une voix agacée. Dis ce que tu as à dire, putain. »

Mon souhait profond est évidemment qu’il se taise à jamais. Je sais très bien ce qu’il va me dire. Il va me parler de Thalia et de son choix idiot. Peut-être me dira-t-il de ne pas me présenter à mon tour ; me présenter ? quelle blague ! plutôt crever que suivre Thalia dans sa connerie, je suis bien plus intelligente que cela.

Aodren hésite, Aodren bafouille, Aodren s’entortille les doigts dans les manches de sa chemise sous mon regard de plus en plus impatient. Mon frère ressemble à Natanaël : long et fin, finement musclé, les traits anguleux, le regard sérieux ; c’est un homme, je ne peux plus l’ignorer. Pourtant, il a un comportement de gamin. Malgré sa voix grave, il bafouille. C’est absolument insupportable. Après un énième soupir de ma part, il se jette enfin à l’eau :

« Je ne rentre pas à la maison, ces vacances. »

Je m’attendais à tout, sauf à cela. Mes sourcils se dressent sur mon front et, très naturellement, un rire franchit mes lèvres. Parce que c’est une blague, n’est-ce pas ? Le regard de mon frère est trop sérieux, il me regarde franchement et aucun sourire n’étire ses lèvres.

« Comment ça ? dis-je alors que je sais très bien ce qu’il a voulu me dire.
Je vais rester ici pour Noël.
Oui, j’ai compris. Mais pourquoi ? »

Mais oui, pourquoi donc rester à Poudlard durant les vacances de Noël ? Après tout, rien d’absolument extraordinaire n’est arrivé ces derniers jours, seulement l’ouverture d’une urne pour participier à un tournoi mortel.

Aodren rougit. Merlin, il rougit ! Son regard est fuyant comme celui d’un enfant. Agacée, je le suis déjà ; désormais, je suis également effrayée. Je le cache aisément mais mon coeur ne saurait mentir : il s’agite comme le grand furieux qu’il est. *Me dites pas que…*. Oh, Merlin, ne me dit pas qu’Aodren veut mettre son nom dans l’urne. Pourquoi ferait-il cela ? Et pourquoi cela m’effrayerait-il ? Parce qu’il est mon frère et que j’ai déjà du mal à accepter que Thalia ait fait la grande bêtise de vouloir y participer ? Certes.

« Je vais déposer mon nom dans l’urne. »

Voilà.
Un sourire fugace passe sur mes lèvres. À mon tour, désormais, de baisser les yeux sur mes parchemins. Le regard d’Aodren me perfore. Tout à coup, je me sens plus vieille que je ne le suis réellement. Une immense cape de lassitude se dépose sur mes épaules. Pourquoi la vie ne peut-elle pas être aisée ? J’aime tant ne penser qu’à moi, pourquoi tout à coup m’inquiété-je pour ces abrutis qui veulent crever ?

De longues secondes passent sans que je ne dise quoi que ce soit. Les secondes défilent si vite, si vite et pourtant rien ne me vient. Je fais alors la seule chose que je suis capable de faire pour apaiser l’immense tornade qui grandit dans mon corps. J’attrape ma plume abandonnée un peu plus tôt, je rapproche mon livre de moi, arrange mes parchemins et me plonge dans la lecture de ce grimoire de Runes.

« Tu ne dis rien ? » demande Aodren d’une voix hésitante.

Peut-être que si je garde le silence suffisamment longtemps, il finira par m’oublier et s’en ira. Par la même occasion, je pourrais effacer ses précédentes paroles et feindre que mon monde n’est pas en train de se casser la gueule.

« Aelle, pourquoi tu ne dis rien ? »

Mes espoirs sont vains, évidemment. On n’est pas compréhensif lorsque l’on se nomme Aodren Bristyle. Non, on est égoïste, idiot et imprudent.

« Allez, dis quelque chose. J’ai pris ma décision et c’est pour une bonne raison. Je pense sincèrement que je suis capable d’apporter quelque chose à l’école, je n’ai pas envie de rester à ne rien faire. Enfin, tu vois bien que…
Je m’en fous complètement, Aodren. »

Quelle froideur dans ma voix, quelle noirceur dans mon regard ! Mon frère se tait lorsque je lève la tête vers lui.

« Mais tu…
Rien. Tu fais ce que tu veux. T’as pas eu 17 ans, cette année ? T’es majeur, non ? C’est ton souci et je me fous complètement de tes faits et gestes. » Je ferme mon livre dans un claquement sec, rassemble mes parchemins et range ma plume dans ma boite en fer. « Par ailleurs, dis-je sur un ton très distingué qui ne sert qu’à détourner le jeune homme du tremblement qui secoue ma voix, je ne rentre pas non plus pour les vacances. Je reste à Poudlard. Tu n’as qu’à l’annoncer aux parents. »

Il est particulièrement agréable de voir l’ébahissement déformer le visage d’Aodren. J’en profite quelques secondes, osant même afficher un sourire mensonger sur mes lèvres, avant de fourrer mes affaires dans mon sac et de m’en aller sans un regard en arrière. Dès que je le peux, j’accélère ; mon idiot de frère me suivra dès qu’il se sera remis de ses émotions et je n’ai aucune envie, absolument aucune envie de le confronter.

Je suis la première étonnée par ce que j’ai annoncé à Aodren. Moi, rester au château durant les vacances de Noël ? L’idée m’avait certes traversé l’esprit avant même que Thalia ne détraque tout. Après tout, à la maison, je ne pourrais pas continuer mes recherches ni même m’entraîner comme je le fait à Poudlard. Mais je n’ai jamais passé Noël loin de chez moi, tout comme Aodren d’ailleurs, et je suis assez mal à l’aise à l’idée de ne pas rentrer avant avril. Ces derniers jours cependant, je veux bien avouer avoir songé sérieusement à rester pour les vacances. Est-ce parce que la limite pour déposer son nom dans l’urne est dans une semaine ? Bien sûr que non. Parce que je refuse de laisser Thalia, de peur qu’elle fasse quelque chose de plus idiot encore que s’être présentée ? Bien sûr que non. C’est tout simplement parce que je… *n’en sais rien*.

Je quitte rapidement la bibliothèque et m’enfonce dans les couloirs sans prendre la direction de la Salle Commune des Poufsouffle. Mon coeur frappe trop fort contre ma cage thoracique et mon souffle est herratique. Je ne dois surtout pas m’arrêter de marcher. Ma main est crispée sur la lanière de mon sac. L’autre est rudement accrochée à ma baguette magique sans que je ne ressente pourtant le besoin de l’utiliser. Je dois avancer, ne surtout pas m’arrêter, ne pas me permettre de penser, ne pas sonder mon coeur, ne pas réflechir. Mon souffle se précipite contre mes lèvres et dégringole hors de ma bouche. Bordel, j’ai mal dans le coeur.

Ma cadance est si rapide et mon visage trop dévasté pour que je passe inaperçue dans les couloirs. Je croise tout un tas de regards étonnés, quelques sourires hilares ; des têtes d’Autres qui ne font qu’affirmer les pensées qui existent dans ma tête et que j’essaie, en vain, d’effacer.

Dans mes pensées, je vois Thalia. J’y vois Aodren, également. Je ne les vois pas très clairement, ils sont seulement là, bien présents, trop présents. J’ai déjà trouvé Aodren idiot, j’ai d’ailleurs passé mon enfance à le lui dire ; j’ai déjà pensé que Thalia avait des comportements complètement cons – j’ai déjà dû lui dire également. Mais c’est la première fois, la toute première fois que je me rends compte avec une sincérité dérangeante qu’en plus d’être idiots et cons, ils sont aussi particulièrement stupides. De la stupidité que je méprise et sur laquelle je crache avec bien trop d’aisance. Je déteste les crétins, je déteste ceux qui prennent de mauvaises décisions, je déteste les personnes qui ne savent pas réfléchir. Aujourd’hui, je hais Thalia Gil’Sayan et Aodren Bristyle à grande ampleur et cela me donne envie de pleurer.

J’ai la terrible sensation que mon monde est en train de s’effondrer. Avant hier, ma vie frôlait la perfection. Tout était à sa place. Moi et Aodren nous voyions régulièrement, nous passions d’agréables moments à étudier sans nous disputer, parfois j’allais assister à des matchs de Quidditch avec lui ; il m’a même appris deux, trois choses particulièrement intéressantes. Il est mon frère et je l’aimais sans difficulté. Quant à Thalia… Thalia était parfaite également. Oh, je n’avais guère de temps pour elle ces derniers temps mais cela n’a pas bouleversé notre quotidien, évidemment. Certaines choses sont actées, dans la vie, est ma relation avec Thalia fait partie de ces choses-là. Elle s’accomode de mon indisponibilité, quoi qu’elle en dise, et tout allait très bien. Quelle erreur de croire cela ! Je me reposais sur la certitude qu’elle m’était acquise. Et en une action, une seule action à laquelle elle n’a absolument pas réfléchie, elle m’a trahit de la pire des manières. Mettre son fichu nom dans cette urne ! Sans m’en parler ! Évidemment, si elle l’avait fait je lui aurais dit de ne pas candidater à ce tournoi débile, elle aurait accepté et ma vie aurait pu continuer à se dérouler aussi paisiblement que possible. Mais non, Thalia ne m’a pas parlé, elle ne m’a rien dit et a décidé toute seule comme une grande qu’elle pouvait se passer de ma présence. Parce que c’est cela, n’est-ce pas ? Thalia n’a pas besoin de moi, Thalia ne veut pas de moi, c’est pour cela qu’elle a envie d’aller crever dans ce tournoi.

C’est en tournant dans un couloir inconnu que je prends consciences des larmes qui coulent le long de mes joues. Effarée, je m’arrête pour les essuyer avec hâte. Merlin, la fatigue me fait faire n’importe quoi ! Comme s’il y avait de quoi pleurer. Je suis seulement en colère, plongée dans une telle rage que mon corps n’en fait qu’à sa tête.

« Putain d’Thalia… »

Et ma voix, faible, ne parvient même pas à s’exprimer sans trembler.

14 févr. 2021, 20:33
De la stupidité de nos amours  Solo 
3 janvier 2046
Grand hall - Poudlard
5ème année



« Eh Aelle ! Je peux te parler ? »

Je pousse un soupir et regarde avec dépit les portes de la bibliothèque que j’avais presque atteint. Je m’en détourne difficilement et accorde mon regard à Aodren qui arrive vers moi en courant.

Je n’ai pas revu mon frère depuis le jour de Noël. Et notre dernière entrevue ne s’est pas particulièrement bien déroulée. Le jeune homme s’est présenté un cadeau à la main. Quant à savoir comment il s’est débrouillé pour se procurer ce livre, fort intéressant par ailleurs, je serais bien en peine de le dire. Son cadeau est rapidement allé rejoindre les présents envoyés par le reste de la famille ; si j’ai été ravie par toutes les choses que j’ai reçu, cela ne m’a pas pour autant rendu mon sourire. Ce Noël-là était étrange, je l’ai passé seule pour la première fois et je n’ai pas aimé ça. J’ai passé la soirée à ressasser de sombres pensées et à nourrir ma colère ; envers Thalia, envers Aodren, envers le monde, envers la vie.

Depuis la terrible soirée du solstice d’hiver, j’ai fait mon possible pour éviter ces deux abrutis. Pour Thalia, ça n’a pas été difficile même si j’ai dû essuyer à plusieurs reprises ses tentatives d’ouvrir la conversation. Pour Aodren, ça a été moins évident. C’est qu’il sait comment insister. J'ai fait tout mon possible pour l'éviter ; avec d'autant plus d'ardeur depuis que les noms des quatre participants au tournoi du Dominion ont été annoncés. Je n’ai envie de parler à personne et envie de voir personne. Et il a fallut qu’Aodren me croise ici, à l’heure du repas qui plus est ! M’attendait-il ?

Il arrive tout sourire vers moi. Sourire qui se fane quand il voit ma tronche toute fermée.

« Je suis content que tu n’aies pas été choisi par l’urne, m’offre-t-il d’une voix tendue.
Ouais, super. Bon, j’ai à faire, là.
Attends ! Je… J’ai été surpris d’apprendre que tu t’étais présenté, hier. J’étais pas là quand tu as mis ton nom dans l’urne et…
C’est bon Aodren, on s’en fout. On a pas été choisi de toute façon, tu vas reparler de cette histoire pendant combien de temps ? Pour savoir combien de temps je dois t’éviter, parce que je jure que je vais pas le supporter. »

Ce que je ne dis pas, c’est que c’est sa seule présence que je n’ai pas envie de supporter. Bah ! il le devinera très bien tout seul, je n’ai de compte à rendre à personne et à lui encore moins.

Mes paroles ont un drôle d’effet, sur Aodren. Il se tait, fronce les sourcils et hoche la tête comme s’il était d’accord avec tout ce que je dis. Je mets cela sur la nouvelle maturité qui semble être la sienne depuis quelques mois. Et pour tout dire, je m’en fous de sa réaction, s’il n’est pas content il n’a qu’à se barrer.

Je fais un geste en direction des portes de la bibliothèque, mouvement sous-entendant clairement : « Bon, je m’en vais, je n’ai rien de plus à te dire », quand il l’ouvre une fois de trop :

« Tu fais toujours la tête à Gil’Sayan ? »

*Doux Merlin*, songé-je intérieurement en prenant une longue et profonde inspiration. Pourquoi faut-il toujours qu’il me parle de choses qui ne le concernent pas ?

« Je vois pas d’quoi tu parles.
Arrête, faudrait être idiot pour pas voir que tu lui en veux d’avoir mis son nom dans l'urne. Comme tu m’en veux, d’ailleurs. Mais c’est bon, plus besoin de faire la tête puisqu’on a pas été choisi. »

Je crispe les mâchoires pour m’empêcher de rétorquer. Une violente envie de le faire taire me prend, je ferme brièvement les yeux pour me contenir. Il ne comprend rien à rien ! Il est idiot de croire que tout va s’arranger simplement parce que l’urne ne les a pas choisi ; ou alors complètement naïf, je ne sais pas.

« Tu ferais mieux d’aller lui parler. »

Et il insiste, encore ! Je lui jette un regard sombre, une grimace me déforme la bouche.

« J’ai rien à lui dire et à toi non plus, d’ailleurs ! Dégage, Aodren. »

Quelle joie de voir la colère s’installer sur les traits de mon frère ! Cela fait longtemps qu’il n’a plus perdu le contrôle avec moi. Ces derniers temps, il n’a plus rien à voir avec le gamin avec lequel j’ai grandi. Il ne m’embête plus autant qu’avant, il est sérieux, n’élève jamais la voix. C’est, ma foi, assez agréable, mais je suis toujours mal à l’aise de me rendre compte qu'il arrive bien plus souvent à me faire sortir de mes gonds que moi des siens. Aujourd’hui, les rôles s’inversent. Il rougit de rage et moi je souris de joie.

« Tu peux pas nous contrôler, Aelle ! éructe-t-il soudainement en se plantant devant moi. On a mis nos noms dans cette fichue urne et alors ? T’aurais voulu nous en empêcher ? T’aurais pas pu, fous-toi ça dans le crâne et accepte un peu nos décisions ! »

Je ne sais pas ce qui m’étonne le plus : qu’Aodren croit que je souhaite les contrôler ou qu’il prenne la défense de Thalia ? Certainement un peu des deux.

« Tu sais pas ce que tu dis, » marmonné-je en détournant les yeux.

Je feins observer le passage des élèves dans les escaliers, mais en vérité je le surveille du coin de l’oeil.

« Tu te rends pas compte que t’es insupportable, hein ? »

Je lève les yeux au ciel, une moue moqueuse aux lèvres. Le voilà de retour, le gamin qui se plaint de sa petite sœur insupportable. Bordel, ce discours est toujours aussi ennuyeux.

« Tu veux contrôler le moindre de nos faits et gestes, et par nous j’entends moi, Thalia et aussi Zikomo ! T’es incapable d’aimer sans vouloir contrôler ou ça se passe comment ? »

Ces paroles m'arrachent ma moue moqueuse.

« La ferme, Aodren, sifflé-je en ramenant mon regard sur lui.
Quoi ça te déplait ce que je dis ? C’est normal, c’est la vérité ! Tu peux pas enfermer Thalia dans une fichue cage, elle fait ce qu’elle veut, elle prend ses propres décisions. Et moi aussi. Tu ne peux pas nous en vouloir pour ça, Aelle. »

C’est une grande rage qui me soulève le cœur. Ce sont les mensonges d’Aodren qui me mettent dans cet état ! Comment puis-je seulement supporter toutes ces inepties ? Comment puis-je accepter qu’il me balance de telles horreurs au visage ? Il a tort, il ne s’en rend même pas compte. Il parle de contrôle, mais ce n’est pas une envie de contrôle qui motive la colère qui m’éloigne de Thalia, non. C’est une question de valeurs et de principes. Thalia n’a pas à prendre de décisions sans moi, Thalia n’avait pas à mettre son nom dans l’urne sans m’en parler et elle n’avait pas à le faire si je ne voulais pas qu’elle le fasse. C’est une question de logique, c’est tout. Moi et elle sommes un nous ; un nous n’existe pas tout seul, c’est tout. Je ne veux pas contrôler Thalia, c’est idiot. Je veux seulement qu’elle m’écoute quand je lui parle et qu’elle fasse ce que je lui dis. Le contrôle, ce n’est pas ça. Le contrôle, c’est l’envie de tout diriger, d’être la voix qui ordonne, la voix qui commande. Le contrôle, c’est mon envie de plier ma magie pour en faire ce que je veux. Moi, je ne veux pas plier Thalia. Je veux seulement qu’elle soit derrière moi.

« J’ai toutes mes raisons de vous en vouloir et j’ai pas envie de parler de ça, c’est clair ? Me prends pas la tête, Aodren, c’est déjà assez difficile de voir ta tronche au quotidien. Si tu continues à être aussi con, pas besoin de venir me chercher, j’ai pas envie de supporter tes bêtises. »

Je lui jette un dernier regard avant de m’éloigner. Je grimace à peine quand il me lance ces derniers mots :

« Tu vas finir par perdre tout le monde si tu continues à être aussi égoïste, Aelle ! »

Perdre quoi ? Il est mon frère, mon sang, je ne pourrais jamais le perdre. Thalia est déjà perdue, je n’ai plus besoin d’elle. Quant à Zikomo ? L’amour de Zikomo m’est aussi acquis que celui d’Aodren ; il est mon compagnon de vie et mon ami. Je n’ai aucune inquiétude à me faire. Et tous les autres ne comptent pas, de toute manière.