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11 févr. 2021, 16:18
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Un sourire, @Aelle Bristyle.

« Au détour d'un couloir après le couvre-feu, »

Vienne la nuit sonne l'heure. Il est un coup de cloche moins dix. Les demi-promesses semblent s'être envolées dans les demi-blizzards du mois de janvier. Les lourdes pierres des murs épais laissent émaner une fraicheur qui se glisse sous les capes, et les longs couloirs sont traversés de discrets courants d'air. L'incandescence orangée des torches se reflète dans le torse des armures pourtant mal polies et éclaire les interstices des blocs pierreux quand soudain, une petite araignée s'y réfugie, timide.

Le château est endormi : les préfets ont achevé leurs rondes depuis bien longtemps, les professeurs esquivent la surveillance, ayant mieux à faire. Demeurent les petits êtres de la nuit : ici, les griffes d'un rongeur pianotent sur le sol ; là, les insectes ramassent les miettes du jour. L'esprit frappeur, pourtant infatigable, s'étend dans les airs comme s'il disposait d'un hamac invisible, les bras derrière la tête, les jambes croisées et les doigts de pied en éventail : il n'y a plus personne à embêter, et ses bêtises du lendemain sont déjà prêtes. Les fantômes, eux, vaquent tranquillement à leurs occupations : Sir Nicholas se demande s'il est encore temps de couper la tête d'un fantôme, le Baron Sanglant a du mal à se triturer les doigts, las que l'on ne retienne de lui que la peur qu'il inspire quand son cœur est dévasté, le Moine Gras, mains dans les manches, se promène en vain à la recherche d'âmes avec qui bavarder et la Dame Grise... La Dame Grise, qui sait !

Entre les chuchotements de la brise et le léger crépitement des rats sur la pierre, un frottement de tissu se mêle à la musique régulière de prestes pas. C'est une première ombre qui traverse les galeries tortueuses de l'école, entraînée vers une destination précise, vers ce mystérieux tableau du troisième étage, qui ne peut attirer que les regards les plus curieux.

Le monde entier est un théâtre ; la vie, une constante représentation. La vérité est de l'autre côté, dans ce champ de blé. Le cadre ne restreint pas le tableau, il est une porte vers la vraie vie : c'est ici que nous sommes prisonniers.

Aelle le savait depuis le début.

Elle ne serait peut-être pas là ce soir. Et si, d'une manière ou d'une autre, elle s'était fait prendre ? Et si, cette nuit, elle préférait dormir, comme le commun des mortels ? Quelles étaient les probabilités pour qu'aujourd'hui en particulier, elle ait décidé de se lever, de traverser les couloirs, de rejoindre le tableau ? L'esprit d'Aelle n'était pas à ce point connecté à celui de Kristen : leurs volontés ne communiquaient pas comme voyageraient à travers les murs des filaments d'humeurs.

Un loup argenté de fibres illusoires, lui, pouvait traverser la pierre. La directrice de Poudlard agita sa baguette et les rubans d'argent bleuté s'entortillèrent pour créer un loup. Un chuchotement plus tard, il fondait dans le sol à la recherche de l'élève.

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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11 févr. 2021, 20:50
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
20 janvier 2046 — peu après minuit
Couloir du troisième étage — Poudlard
5ème année



Pour certains, enfreindre le couvre-feu est un jeu. Ils se sentent si puissants couverts de leur cape sombre, frôlant les murs pour échapper aux regards. Leur cœur frétille d'excitation, quel bonheur de se croire au-dessus de toutes lois ! et surtout de celles des adultes. Des gamins en manque d'aventure. Sans doute cela doit-il leur faire un bien fou de se sentir libre l'espace de quelques heures, comme si cela leur permettait d'être plus vivants. Je me sens si loin d’eux. Pour moi, ce n’est pas un jeu. Je ne fais pas cela pour prouver quoique ce soit. Je me contente de suivre une envie, un besoin peut-être. Je n’attends pas avec hâte que le soir arrive et je ne pense pas tout du long de la journée au fait que je vais m’échapper du dortoir en pleine nuit pour sortir de ma Salle Commune. Quand l’envie arrive, souvent lorsque le monde est endormi et que je suis penchée sur une lecture fort passionnante, je me contente d’y répondre.

Il existe un tas de raisons pour lesquelles je souhaite hanter les couloirs alors que le couvre-feu me l’interdit. Le plus souvent, c’est pour utiliser ma magie sans entrave — ce qui est certes difficile dans un dortoir abritant cinq autres personnes. Ce soir, c’est tout simplement parce que j’ai eu envie de le voir. Alors j’ai enfilé une cape épaisse, j’ai donné une dernière caresse à Zikomo, jeté un regard en coin à un Nyakane roulé en boule au bout de mon lit, et, munie de mon carnet qui ne me quitte jamais, je suis sortie. Tout simplement.

Le jour, Poudlard est si vivant, bourré d’âmes en effervescence, toujours plein de bruits et de mouvements. Les couloirs silencieux me paraissent des boulevards sans leur population habituelle. Cet immense silence me laisse une drôle d’impression. Comme si, enfin, je pouvais profiter du château dans toute sa brutalité, dans toute sa sincérité. Je marche un long moment sans me donner de but, l’esprit tourné vers mes études et mes recherches. Je sais de toute manière que mes pas finiront par me mener à mon objectif final ; l’origine de tout ce que je suis aujourd’hui.

Je parcours un quelconque couloir du premier étage quand je le vois. Un loup de lumière qui m'abîme les yeux. Il me faut un certain temps pour le reconnaître. Un souvenir vieux de trois ans me frappe alors et je me revois, larmoyante aux pieds d'une femme qui va m'exclure de son château. Je me souviens parfaitement du loup qui est allé prévenir mes parents de mon grand retour à la Maison. Pour la première fois, ce souvenir n'est empreint ni de douleur ni de honte. Comment le pourrait-il alors que mon cœur s'acharne contre ma cage thoracique ? Comment le pourrait-il alors que mon corps est plus éveillé qu'il ne l'a été ces deux dernières semaines ?

« Je te reconnais, toi, » dis-je d’une voix tranquille au résidu magique.

Combien de chances y avait-il pour que ce soir soit le soir ? Très peu, j’en ai conscience. J’ai parcouru les couloirs de nuit un nombre incalculable de fois sans y trouver Loewy, sans même espérer la trouver. Ce soir, je ne pensais même pas à elle — je laissais mes songes lui étant destinés pour mon recueillement devant le tableau. Tableau auquel je ne pense même plus, désormais. Je me contente de suivre le loup puisqu’il a un chemin à me montrer.

À vrai dire, j’aurais dû me douter qu’il me mènerait à l’Ombre de la mort, mais dans ma tête c’est dans le bureau de Loewy que j’allai atterrir. En arrivant dans le couloir du troisième étage, je ne peux m’empêcher de me laisser distancer par le Patronus et de prendre quelques secondes pour avaler une grande et profonde inspiration. Je ne sais pas nommer l’étrange sentiment qui grandit en moi. Est-ce une forme d’appréhension ou seulement de l’exaltation ? Bah, cela n’a pas grande importance.

Je rejoins les deux ombres, celle du tableau et celle de la femme, simulant une nonchalance que je suis loin de ressentir.

« Vous vouliez me voir. »

C’est une affirmation et il en faudrait peu pour que s’affiche sur mes lèvres un sourire oscillant entre la fierté et la moquerie. La grande Kristen Loewy me cherche, moi, Aelle Bristyle ! Je me sens fière de ne pas être celle qui cherche l'autre, ce soir.

Quel plaisir de danser avec vous, madame.

11 févr. 2021, 21:38
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Le Patronus s'évanouit quand Aelle Bristyle apparut - car rien ne se perd, tout se transforme. La directrice de Poudlard se tourna vers l'adolescente et l'observa de la tête au pied.

« J'ai appris que tu avais déposé ton nom dans l'urne des Lignées, le mois dernier, fit-elle. »

Sa tête fut secouée d'une désapprobation qui avait déjà pardonné - Merlin merci, cette folle urne ne l'avait pas choisie pour se jeter dans le Dominion. Il fallait croire qu'aux yeux de l'artefact, Aelle ne méritait pas de perdre une main, une jambe ou la vie. Était-ce par attrait du danger que la Poufsouffle avait voulu tenter l'expérience ? Avait-elle voulu taquiner le destin ? Pensait-elle que le jeu en valait la chandelle, pour tous les mystères que l'on pouvait certainement percer dans cet endroit d'une puissance magique obsédante ? Peu importait, finalement. Aelle n'irait pas ; Aelle resterait bien au chaud, ici, dans les murs de son école.

La main plongée au fond de la poche de sa cape, Kristen caressait amoureusement la clé de l'Ombre, Le plat de son pouce suivant les courbes du sésame doré. En voilà, une récompense pour avoir envisagé de courir au suicide ! Elle regarda sa montre : c'était l'heure. La serrure apparut, entourée d'une énigme obsolète tracée à l'encre de Chine.

Mais Kristen Loewy était joueuse, quoi qu'on pût en penser. Alors, elle sortit la clé de sa poche et la montra à son improbable complice, simplement posée dans le plat de sa main. Son poing se referma aussitôt sur l'objet convoité, puis elle mit les deux mains dans son dos. Enfin, elle tendit ses poings nus et bien fermés à Aelle Bristyle, alors qu'une esquisse de sourire tordait ses lèvres.

« Mes deux mains mènent de l'autre côté du tableau, mais une seule contient la clé. Choisis bien. »

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11 févr. 2021, 23:34
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
La femme parle et ses mots sont plus tranchants qu'une lame. Ils me percutent de plein fouet. Sa tête s’agite sous le déplaisir et en parfait reflet, mon visage se fronce en une mine agacée. Parmi tous les mots qu’elle aurait pu m’offrir, elle choisit ceux-là ! Comme s’il fallait toujours qu’elle aille dans le mauvais sens. Il y a des millions de choses qu’elle aurait pu me dire et je lui en veux beaucoup d'avoir choisi la mauvaise. Et qu’est-ce donc, cette désapprobation ? Pourquoi cela déplairait-il à Kristen Loewy que je souhaite — croit-elle certainement — participer à ce tournoi ? La réponse est évidente et elle me laboure le coeur. La femme est tout simplement persuadée que je n’avais pas ma place là-bas, persuadée que c’était une erreur de me présenter. Cela n’explique certes pas le mouvement de sa tête. Une partie de moi croit dur comme fer qu’elle est déçue, tout simplement, que ma tentative ait été un échec. Cela doit la conforter dans sa certitude que je ne suis pas assez bonne pour affronter les élèves des autres écoles. Cette réaction est bien loin de celle qu’elle a eut face à Livingstone. Et c’est particulièrement difficile à avaler. Plusieurs personnes ont désapprouvé mon geste mais je pensais que Loewy abonderait dans mon sens. Ne serait-ce qu'en se persuadant que j'avais pris cette décision pour la Connaissance !

Je prends sur moi pour cacher mon agacement. Mes traits se détendent. De mes tourments intérieurs, seul subsiste le plissement de mes yeux. Mais à quoi bon vouloir le cacher ? Déjà, Loewy se détourne de moi pour braquer son regard sur sa montre. Qu’attend-t-elle ? Éprouve-t-elle déjà l’ennui de ma présence ? Merlin, je n’y comprends rien. Pendant un instant, un terrible instant, je me demande si ce n’est pas la Directrice que j’ai devant moi. Va-t-elle me réprimander pour… *La serrure !*. C’est si soudain que j’en oublie ma colère. Et quand je me tourne vers l’Ombre, je remarque effectivement que la belle vient d’apparaître. Une heure sonne en même temps que résonnent mes doutes : pourquoi m'offrirait-elle ce mystère puisque je l’ai si terriblement déçue ?

Je ne devrais pas m’en faire d’être l’objet de toutes les déceptions de Kristen Loewy. Cette femme n’est qu’une femme, après tout. J’aurais maintes occasions de lui prouver, oui lui prouver, que je mérite amplement son respect. Non pas que je le souhaite ! N’est-ce pas ?

Tout cela s’évanouit quand la clé apparaît dans mon champs de vision. Quel regard éberlué j’adresse à la femme lorsqu'elle me la tend dans le plat de sa main ! Et quel grognement, quand elle referme ses doigts sur mon grand Trésor. Je ne devrais pas être si expressive, mais déjà j’oublie de contrôler les traits de mon visage. Ma bouche se pince ; la femme se prend à jouer au jeu du hasard. Une heure sonne et elle joue. Mes sourcils se dressent sur mon front, marquant mon étonnement.

*Bordel*.

« Le hasard ? ne puis-je m’empêcher de m’exclamer. Tout ça n’a rien à voir avec le hasard ! »

Croit-elle réellement que je vais rentrer dans son jeu ? Que je vais accepter qu’une chose aussi peu fiable que le hasard me fasse perdre ma seule chance de découvrir ce que cache ce tableau ? Et ce sourire qu’elle me présente… Je ne sais que penser de ce sourire. Mais puisque je ne sais pas non plus que penser de cette femme, j’imagine que c’est dans l’ordre des choses.

« Je mérite cette clé et c’est pas le hasard qui va décider du contraire. »

Je ne serais pas aussi agacée si elle ne m’avait pas blessé de la plus vile des manières.

12 févr. 2021, 00:15
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Une oreille irrésistiblement attirée par le sol, Kristen pencha la tête ; un muscle du front attiré par le plafond, elle haussa un sourcil. Ses yeux bleus s'interrogeaient : mais enfin, qu'est-ce qu'elle me raconte ? Les bras toujours tendus devant elle, la très fameuse sorcière noire de Poudlard remonta légèrement ses épaules et déclara comme une pure évidence :

« Bien sûr que non, cela n'a rien à voir avec le hasard. »

La directrice zieuta brièvement le tableau qui attendait, calme, le cœur ouvert, et se demanda soudain si l'adolescente avait bien résolu le mystère des mots de Bowers par elle-même : car l'énigme que lui présentait Kristen n'avait rien de si compliqué.... De son propre avis, en tout cas : mais évidemment, quand on est dans sa propre tête, rien ne semble si obscur qu'aux yeux d'autrui. Et encore, Kristen avait plus d'une fois eu bien du mal à éclaircir ses propres secrets - alors, que devait-il en être de ceux qui ne pataugeaient pas dans son esprit boueux et labyrinthique !

« Cela n'a rien à voir avec le mérite non plus, d'ailleurs, affirma la sorcière. »

Une autre évidence absolue qui prenait des détours biscornus. Les incompréhensibles sinuosités de l'esprit de Kristen, ses tournures incomplètes, devaient être encore plus nébuleuses au beau milieu de la nuit.

« Je t'ai demandé de faire un choix, il me semble. C'est donc uniquement d'un choix dont il est question. »

Les poings résolument fermés devant elle, Kristen insista, esquissant un mouvement des avant-bras pour réitérer sa demande de jeu. Et puis, par Morgane ! où donc étaient passés les élans féroces qui poussaient Aelle à se lancer dans le vide ? Elle avait déposé son nom dans l'urne noire, mais ne pouvait pas faire ce simple choix ?

« Dernière chance. Observe et choisis. »

Et ses pupilles comme de longs tunnels ne quittaient pas les yeux de la jeune fille.

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12 févr. 2021, 13:42
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Peu importe ce qu’elle dit, le hasard a bien toute sa place dans son jeu idiot. Il serait vain de croire que j'ai le choix. Je n’ai aucune idée de ce que cachent ces poings ni même s’ils contiennent effectivement la clé. Et ce mystère qui n’est en fait qu’une plaisanterie d’une dame ivre de la nuit ne m’amuse absolument pas. Les mâchoires crispées, je me retiens à grande peine de le lui dire. Et si je parviens à me contrôler, c’est uniquement parce que je sais que derrière cette apparence de simple joueuse se cache l’un des esprits les plus passionnants de ce château — si ce n’est le plus passionnant, mais je ne suis pas d’humeur à lancer des fleurs à Loewy ce soir, même dans mon esprit.

Comme elle insiste, j’observe. Cela ne m’empêche pas de montrer mon agacement puisqu’il faut montrer ce genre de choses, il faut que le monde comprenne que je suis frustrée — alors je fronce les sourcils, je pince les lèvres et dans le secret de mes poches mes doigts farfouillent dans le vide. Et à force d’observer et de ressasser les paroles de la plus âgée et d’observer encore et encore, je me fais une remarque toute simple qui, lorsqu'elle s’impose dans mon esprit, détruit entièrement le masque d’adolescente agacée que je portais : ce ne sont pas des mains resserrées que la femme me présente mais bien deux chemins sensiblement différents. C’est si logique que j’exalte un léger petit soupir, comme pour dire : « Ah d’accord ». Parce qu’il est évident, à voir côte à cote ce poing à la peau d’ivoire et ce poing à la chair calcinée qu’il n’est effectivement pas question de hasard dans ce petit jeu d’enfant.

Maintenant que j'ai compris, je déplore la véhémence dont j'ai fait preuve tout à l'heure. Après tout, la femme m'a offert une énigme qui prend tout son sens, désormais. Mais ma réaction est de l'entière faute de Loewy ; j'ai toujours détesté les énigmes. Si elle s'était exprimée plus clairement, et si elle ne m'avait pas agacée si fort, je n'aurais pas fait preuve d'une aussi grande bêtise.

« Vous jouez sur les mots, » ne puis-je m’empêcher de reprocher, tout simplement parce que je sais être en droit de le faire.

Un sourire grimpe cependant sur mes lèvres. Trop tard pour le dissimuler, celui-là. Je le laisse exister, toute prise à la nouvelle compréhension qui est la mienne. Je me demande si la femme est véritablement en train de me proposer le choix que j’imagine. Je pensais pourtant que, depuis notre précédente conversation, certaines choses étaient actées entre nous. Il semblerait que non. Peut-être est-ce là le résultat de la terrible déception qui a été la sienne quand elle s’est rendue compte que je n’avais même pas été foutue d’être choisie pour participer à un tournoi idiot — sa déception se fera-t-elle montagne quand elle saura qu’aucun désir de connaissance n’a motivée ma candidature ? Le fait étant que cela a semble-t-il fait oublier à Loewy la motivation que j'ai montré la dernière fois dans son bureau. Elle doit être le genre de personne a toujours avoir besoin de preuves, le genre qui ne se contente pas de mots. Soit, c’est une façon de fonctionner qui me convient.

« C’est évident, non ? grincé-je en dressant le menton. Vous savez déjà quel choix j’ai fait. »

Un dernier voyage dans l’océan du regard de Loewy avant de baisser les yeux sur les poings qu’elle me présente. Face à ce choix, je me rends compte que savoir dans lequel des deux se trouve la clé n’a plus grande importance. Ma main se dresse naturellement dans les airs. Et si j’hésite c’est seulement parce que je rechigne à toucher de quelque manière que ce soit la femme qui me fait face. Mais certaines choses doivent être faites. C’est pour cela que j'étire deux doigts et que je les pose doucement sur la main droite de Loewy. Cette fois-ci, aucune grimace à ce contact et ce n’est pas faute de frissonner quand ma peau frôle la chair calcinée.

12 févr. 2021, 14:50
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
On ne crée pas d'énigmes sans jouer sur les mots. Et puis, ne sont-ils pas faits pour que l'on s'amuse un peu avec ? Quel intérêt de disposer d'un vocabulaire si riche, de possibilités si vastes, si ce n'est pour le plaisir du jeu, de temps en temps ? L'esthète du verbe manipule, étire, contracte, modèle la langue comme un sculpteur le ferait de l'argile.

Du visage d'Aelle Bristyle n'émanait désormais plus de la frustration, mais une satisfaction légèrement insolente, un sourire qui transmettait un message précis : mh ! je l'ai comprise, ton énigme, qu'est-ce que tu croyais ? C'était évident. Si la jeune Poufsouffle n'avait pas réellement saisi, elle aurait boudé, rouspété, et peut-être choisi un poing bel et bien au hasard. Ce qui aurait été fort dommage, et Kristen l'aurait remarqué : l'adolescente serait repartie les mains et la tête vides.

En effet, la directrice ne fut pas surprise par le choix d'Aelle, qui se concrétisa quand elle fit s'avancer deux doigts timides en direction de la main meurtrie. Lentement, Kristen retourna le poing et ouvrit sa paume. Vide. Elle se permit d'expirer un sourire. Tant pis pour le secret d'Aidan. Comme pour prouver à la jeune sorcière que son jeu était honnête, Kristen ouvrit sa main gauche, qui révéla la clé de l'Ombre de la Mort. La sorcière la fourra dans une poche intérieure de sa cape, bien à l'abri.

« Quel dommage... Tu viens de louper ta chance de t'installer dans un bon fauteuil pour lire toute la nuit. »

Elle secoua la tête, faussement navrée. Puis, sans crier gare, elle pointa sa baguette sur les vêtements d'Aelle, une cape de sorcière qui couvrait certainement des habits de nuit. Kristen entoura d'un geste la cape de l'adolescente. À mesure que l'instrument magique faisait son chemin, le pardessus d'Aelle se gonflait d'une doublure chaude et confortable. La manœuvre achevée, la célèbre baguette de sureau retrouva sa place initiale et Kristen tendit son bras droit en direction d'Aelle.

« On va faire un tour ? »

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12 févr. 2021, 16:40
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Si mon cœur rate un battement quand le poing s’ouvre sur du vide, ce n’est rien comparé à la folie qui le secoue quand mes yeux tombent enfin sur la fameuse clé. Un immense désir s’empare tout à coup de moi, il s’en faudrait peu pour que je me jette en avant pour me saisir du Trésor. Il est là, à portée de main, et c’est évident que je vais enfin pouvoir découvrir ce que cache l’Ombre de la mort ! Tellement évident que mes yeux sont incapables de se détourner de la poche de Loewy quand celle-ci y cache mon trésor, me montrant de ce fait que ce n’était pas si évident que cela et qu’encore une fois, je me suis laissée avoir par mes grandes émotions.

A ce moment-là, ce n’est plus de la frustration qui me torture. C’est une grande colère d’enfant qui me donne des envies de caprices. Je me suis laissée avoir par le jeu de la femme ! Je savais bien que trouver la clé n’était pas important en soit, c’est le choix qui l’était, et le choix que j’ai fait est celui que je devais faire, celui, je le sais, que la femme voulait que je fasse. Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond, chez elle, bordel ? Cela lui plait-il de jouer avec moi de cette manière ? Et moi, qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Depuis quand suis-je aussi naïve ? Depuis quand me laissé-je manipuler de cette manière ?

Je détourne les yeux dans l’espoir que Loewy n’ait pas compris tout ce qui m’a traversé le cœur. Oh, cela lui ferait bien trop plaisir de me voir victime de ses jeux ! Plutôt mourir que de lui montrer que j’étais persuadée qu’elle allait m’ouvrir le tableau, malgré mon choix. Seule son indication sur ce qui se trouve derrière celui-ci tend à apaiser mon vague agacement : des livres, il y a des livres ! Oh, Merlin, ai-je donc réellement loupé ma chance d’accéder à cette merveille ? me demandé-je en caressant le tableau de mon regard cupide. Mais la chance, tout comme le hasard, n'a rien à voir avec toute cette affaire. A son tour d’être naïve si Loewy croit que je vais m’arrêter là et accepter, tout simplement accepter que ma chance vient de me passer sous le nez. Pour la centième fois depuis que j’ai résolu (croit-elle) l’énigme de l’Ombre, je me fais la promesse solennelle qu’un jour cette clé sera mienne. Même si pour cela, je dois affronter cette terrible sorcière.

Ladite sorcière fait se taire mes pensées quand, du bout de sa jolie baguette, elle transforme mes vêtements pour les rendre plus chauds. Je lève ma figure étonnée vers son visage et essaie d’y trouver la réponse à toutes les questions que je ne pose pas encore. Je me demande si elle a conscience qu’elle me coupe l’herbe sous les pieds et qu’elle le fait constamment. Son étrange proposition d’aller faire un tour m’empêche de lui dire combien je suis déterminée à avoir cette clé, tout comme son petit jeu de tout à l’heure m’a empêché de lui faire une remarque bien sentie sur tout ce qu’elle pensait de ma candidature au tournoi. Déjà la dernière fois ! Ne m’a-t-elle pas avoué qu’elle avait rencontré mam… Ma mère sans même chercher à me raconter les faits ? C’est d’un frustrant… C’est d'un agaçant… Et j’ai l’impression de me laisser faire. Comme cette nuit est une nuit à promesses, je m’en fais une nouvelle dans le secret de mon esprit : un jour, je prendrai cette femme entre quatre yeux et je lui poserai toutes les questions qui grouillent dans ma tête. Et elle sera bien forcée, d’une façon ou d’une autre, d’y répondre. Quand je demande quelque chose, je veux la réponse dans l’instant. A quoi cela sert-il d’attendre ? L’attente est pour les indécis ou les idiots. Je ne suis ni l’un ni l’autre.

Je dois bien avouer cependant, mais difficilement l’accepter, que je suis particulièrement excitée à l’idée d’aller faire un tour avec Kristen Loewy. Je me fais un devoir de cacher ma joie derrière une réplique :

« La dernière fois que vous m’avez fait transplaner, vous m’avez déposé chez moi. Essayez de pas faire la même chose, cette fois. »

Et après une dernière œillade, j’agrippe son bras et ferme les yeux. Il n’est pas question de dégobiller devant cette femme.

12 févr. 2021, 17:54
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
« Prenez garde, jeune fille, la constante de votre insolence pourrait me faire perdre le chemin, déclara la grande Kristen Loewy tandis qu'Aelle s'agrippait à son bras. »

Cet épisode lui semblait si lointain dans le temps et dans l'esprit que Kristen n'y pensait franchement que très peu. Les sorcières avaient parcouru un sacré bout de chemin, depuis que la vilaine pas belle directrice de Poudlard avait renvoyé la pauvre petite Poufsouffle chez son papa et sa maman.

Les bons vieux temps dépendent de ceux qui les envisagent : pour Aelle, certainement, cette époque n'en serait pas un. Mais pour Kristen ? Évidemment, elle devait bien s'avouer satisfaite de trouver en cette élève une complice, mais les deux sorcières auraient-elles été ici, dans ce couloir, ce soir, prêtes à transplaner vers les sommets de la liberté, si lui avait encore été là ? L'aurait-elle emmené à la place d'Aelle ? Des pensées parasites se bousculaient : cela n'avait rien à voir. Aelle n'était pas un quelconque remplacement, ni un prétexte. Ça s'était fait, voilà tout. Il n'était pas question non plus de répéter en boucle les mêmes erreurs.

C’est eux, tu les préfères ?
Et moi, moi, j’suis pas assez bien pour toi ?


Cela n'avait rien à voir.

Sans plus vouloir réfléchir, elle attrapa fermement Aelle de son autre main et elles transplanèrent.



*
**


Plus loin,

Les montagnes se dressent comme les dents irrégulières d'un géant. Les nuages parsèment le ciel étoilé et zèbrent le temps d'une succession de clairs et d'obscurs, empêchant les tentatives lumineuses d'une lune incomplète. Au loin, on devine à peine la silhouette saillante d'un Poudlard en plein songe. Un plateau de pierre fait face à une cavité sombre, dont on ne distingue rien de l'intérieur. Le calme du décor est alors troublé par un pop! et une déformation de l'espace, d'où s'extraient deux silhouettes.

Ce n'était pas son meilleur transplanage, et pourtant, Kristen pouvait habituellement se targuer de maîtriser cette technique. L'atterrissage avait été un peu brutal et les montagnes semblaient se jeter toutes en même temps sur les sorcières, tandis que le ciel, au contraire, s'éloignait bizarrement. La directrice lâcha Aelle tout en veillant discrètement à ce qu'elle ne perde pas l'équilibre.

« Navrée. Ce n'est que le premier looping. »

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12 févr. 2021, 19:31
Nos ombres que la nuit dissipera  PV 
Un étrange sourire s’installe sur mes lèvres aux mots de la femme et je me demande depuis quand ses répliques me font sourire. A vrai dire, je me demande depuis quand cette femme me fait sourire. Depuis la dernière fois, dans son bureau ? ou alors plus tôt ? C’est assez bouleversant de me rendre compte que je suis incapable de situer le moment où tout a changé, parce que tout a changé bien que la plupart du temps j’essaie de me persuader du contraire. Je n’aime pas penser à tout cela et à ce que je ressens pour cette femme, parce que lorsque j’ose croire que je peux l’apprécier, une immense peur me soulève le cœur. Kristen Loewy a tant à m’apprendre ; et moi, j’ai tant à lui partager également. Les émotions n’ont absolument rien à voir dans cet échange-là. Ce qu’il se passe entre la directrice et moi-même, ce n’est pas une vulgaire relation et cela ne se définit d’ailleurs pas par les mots que les Autres veulent toujours mettre sur ce genre de choses. Amie, mentor, professeure. Nous sommes à des miles de tout cela, à des années-lumière. Il serait dommage, n’est-ce pas, que cet échange soit gâché par l’éclosion de quelques sentiments ?

Mon sourire se fait avaler par le transplanage et sans le vouloir, je m’agrippe plus fort au bras qui m’est offert. J’ai toujours détesté ce moyen de transport. Je suis si forte et maîtresse de moi-même, habituellement, je ne peux accepter qu’un simple transplanage me fasse perdre le contrôle de mon corps. Et pourtant… Pourtant c’est le cas. Sans que je ne sache comment, je parviens à garder l’équilibre et m’évite la terrible humiliation de me ramasser sur le sol devant Madame la Directrice. Mais mon estomac proteste violemment contre le traitement qu’on lui inflige. Je me plie en deux, les jambes tremblantes. Je n’ai même pas le temps d’avoir honte, je me concentre sur ma respiration pour ravaler mon malaise. Il faut dire que j’ai connu des transplanages moins désagréables, dans la vie. Une petite part de moi se demande si Loewy ne l’a pas fait exprès pour se venger de ma remarque désobligeante.

Je me redresse vaillamment et regarde autour de moi, surprise et plus curieuse que jamais. Ainsi, cet étrange endroit n’est pas notre destination finale ? Il est difficile pour moi de ne pas presser la femme de questions. J’aimerais savoir où nous sommes et où nous allons et pourquoi, pourquoi, pourquoi. Le plus dur étant d’accepter que je n’aurais pas de réponses. Je ne suis pas idiote au point de croire qu’elle me les donnera sur un plateau d’argent, elle m’a suffisamment prouvé qu’elle n’était pas de ce genre-là. Mais je suis mal à l’aise de dépendre d’elle. Elle peut m’amener où elle veut et quand elle veut. C’est désagréable, je déteste dépendre d’une autre personne et je déteste ne pas savoir où je suis. Cela me force à croire que je n’ai pas le contrôle sur la situation — ce qui serait fort détestable, surtout quand l’on sait que j’ai toujours le contrôle sur tout. Si je prends sur moi, c’est simplement parce que tout cela n’a pas la moindre importance ce soir.

Je fais quelques pas sur le plateau après jeté un simple regard au ciel et au paysage. Plantée devant la grotte, je plonge mes yeux dans l’angoissante obscurité. Je reste quelques temps ainsi, essayant de trouver seule les réponses à mes questions. Je sais que ce voyage ne sera pas vain, essentiellement parce qu’il est fait avec Loewy. Elle ne fait pas les choses à moitié et si je suis ici aujourd’hui c’est parce qu’elle veut que je comprenne quelque chose.

J’offre mon dos à la gueule sombre pour observer avec attention le visage de la grande femme. Sa silhouette se découpe dans la nuit. Je me demande si j’ai l’air aussi impressionnante, coincée devant la bouche béante de la grotte — je pense que oui.

« Quelle est la leçon de la nuit ? » demandé-je doucement, sans élever la voix, tout en sachant qu'aucune réponse satisfaisante ne me sera donnée.