Les couloirs de Poudlard, le lieu où tout Poudlard se réunissait dès que la sonnerie avait retenti. Je me mêlais aux autres élèves, mais les regardais tels des extraterrestres. Mon dernier devoir de Potions dans la main, je parcourais les couloirs à la recherche de mon professeur.

Il y avait peu, j’avais reçu ce devoir de mon professeur de Potions et avais analysé mes erreurs. Après être sortie, j’avais fourré mon devoir dans mon sac avant de suivre mon horaire. Arrivée dans mon Dortoir, j’avais pris le temps d’examiner plus attentivement mon devoir.

Je continuais de relire ma réponse, ne comprenant pas où se trouvait la faute qui m’avait fait perdre autant de points. J’avais d’abord hésité à demander cette information à mon professeur, pensant qu’il s’agissait d’une erreur toute bête venant de ma part et qu’il ne fallait pas remuer la terre et le ciel pour cela. J’avais ensuite pris la décision d’aller lui poser ma question, vainquant ma peur. Je parcourais les couloirs à la recherche de notre professeur.

Tout en marchant, je tentais de me rappeler le nom de ce dernier. J’étais sûre de l’avoir déjà entendu des dizaines de fois depuis mon arrivée à Poudlard. Ce nom ne me revenait toujours pas, m’énervant au plus haut point : s’il fallait que je la retrouve, il me faudrait son nom. Peut-être pouvais-je demander de l’aide à un élève ? Je levai les yeux de mon parchemin à la recherche d’une aide secourable. Je m’approchai d’un élève en robe de Gryffondor, pleine d’espoir, mais rougit bien vite avant de faire mine de me baisser pour nouer les lacets de ma chaussure. Je me relevai rapidement avant de me diriger vers le fond du couloir dans lequel j’étais. *Xarinez*. Xarinez, c’était le nom que je cherchais, et j’en étais sûre. *Drôle de nom, quand même*, me dis-je, me souriant intérieurement.

Je m’approchai, le pas lent, mais décidé, tête basse, vers une élève portant les couleurs vertes de Serpentard. Elle avait des cheveux bruns et me paraissait assez grande, m’intimidant encore plus. J’inspirai une grosse bouffée d’air, et me mordis la langue, croyant que cela pourrait m’aider à me calmer. Je m’approchai jusqu’à n’être qu’à moins d’un mètre d’elle et lui demandai d’une petite voix, libérant ma langue de l’emprise de mes dents :

- Euh… Salut… Tu sais pas où est Miss Ksariness ?

Je rougis jusqu’à la pointe des cheveux, me rendant compte que je la dérangeais peut-être et qu’elle m’enverrait sûrement balader. Je ne savais plus trop quoi faire. Perdue, je bafouillai, honteuse :

- Si j’te dérange, j’trouverais quelqu’un d’autre, hein...

Je baissai la tête, laissant mes cheveux passer devant mon visage, cachant ainsi ma gêne à la Verte. et rejoignis mes mains en une boule beige et osseuse. Je me mordillai la lèvre, prête à endurer n’importe quel rejet de ma personne. N’étant pas habituée à sociabiliser, je ne savais pas vraiment quoi faire, c’est pourquoi, je fermai même les yeux, guettant le moment où je me prendrais peut-être un coup.

Dis-moi si quelque chose ne va pas

Tranquillement assise à même le sol, tu venais d'entamer ton premier devoir de Sortilège. *Dès le début de l'année ils nous donnent des devoirs ...* Ce devoir te donnait du fil à retordre, car il traitait d'une toute nouvelle notion. Tu n'étais pas nulle en sortilèges, plutôt très bonne même, mais la matière ne te passionnait pas pour autant. Le bruit ambiant t'empêchait de te concentrer, mais tu ne pouvais rien dire, les élèves retrouvaient leurs amis, et c'était toujours un bazar innommable pendant un petit mois. Toi, c'était simple, tu n'avais qu'une amie. Mais vous n'étiez pas très proches, et tu trainais donc la plupart du temps seule. Tu n'aimais pas du tout le début d'année. Retrouver tout le monde ne te plaisait pas, tu préférais ta tranquillité, et l'absence de monde. Le retour à Poudlard signifiait le travail, les nouveaux profs inexpérimentés, les anciens profs toujours aussi saoulants, les retrouvailles avec tes camarades que tu n'appréciait pas forcément, et les p'tits nouveaux qui débarquaient. La matière que tu aimais le moins était certainement les Potions. Il n'y avait pas un cours pratique ou tu réussissais une potion. Qu'importe la raison, tu t'en tirais toujours avec de mauvaises notes. Soit tu inversais deux ingrédients, ou alors tu en oubliais un, c'était toujours la catastrophe. Habillée de ta robe vert et argent, tu reposas ta Plume dans son encrier, ayant enfin bouclé ce devoir. Au prochain cours, tu l'apporterais au professeur. Les cours que tu aimais le plus étaient ceux de Vol, et de Défense Contre les Forces du Mal. Ceux de Défense Contre les Forces du Mal étaient avec ta Directrice de Maison, Miss Holloway. Cela faisait 20 jours précisément que tu étais ici, pour faire ta 2e année. Cela signifiait plus de liberté, et surtout, Pré au Lard grâce à une Fausse Autorisation de sortie que tu avais trouvée. Avec ta grande taille, tu sentais que tu passerais tranquillement parmis les 3e années, et que tu pourrais filer chez Zonko, Scribenpenne pour te trouver une nouvelle Plume, et surtout, HoneyDukes. À toi les chocogrenouilles, les baguette de réglisses, les biscuits à la guimauve, et tout les caracollants. Tu pourrais les garder pour toi, ou peut-être les partager avec Lydia, si tu la trouvais seule, pas encore à trainer avec d'autres filles.

Un fille s'avança vers toi, en te demandant où trouver une certaine personne qui s'appelait Miss Ksariness. *C'est qui c'te meuf ?* Ton cerveau traduit alors en le nom de la professeure de Potions.


Tu vois que la petite de 1e année était devenue rouge, et qu'elle semblait très gênée. Pour la remettre à l'aise, suite à sa 2e prise de parole, tu répondis :


Tu voulais au moins servir à quelque chose, parce qu'elle semblait si perdue ... Elle ressemblait un peu à toi à tes débuts, toujours à raser les murs, avant que tu deviennes comme tu étais à présent ...

Lorsque la voix de la Verte me parvint, je levai légèrement la tête. Contrairement à ce que je m’imaginais, elle n’était pas dure ou me rejetait, mais douce, et tentait même de comprendre ma requête.

- Tu veux pas plutôt dire Miss Xarinez ?

Je rougis un peu plus, remarquant que je n’avais pas bien prononcé le nom de mon professeur. Je l’avais entendue une fois quand elle s’était présentée à nous lors de mon premier cours de Potions, et je ne l’avais pas bien retenu. Sentant le sang descendre petit-à-petit de ma tête, je souris à la fille en lui disant d’une petite voix :

- Oui, oui c’est elle.

La brune prit à nouveau la parole pour me rassurer que je ne la dérangeais pas et que l’on pouvait aller la voir. Je souris, relevant complètement ma tête et écartant les dernières mèches de cheveux décidées à rester devant mes yeux de ma main droite.

- J’voudrais bien aller la voir, c’est pour une question.

Je ne m’attendais pas à être ainsi foudroyée de questions, mais j’y répondis une à une, obéissante petite fille que j’étais. Parfois, je me demandais comment les élèves arrivaient à savoir que j’étais en première année : j’étais pourtant assez grande en taille. Peut-être que c’était parce qu’ils ne m’avaient pas vue les années précédentes ? Ou que mon air de fille perdu en disait plus que ce que je pensais ? Mes questions resteraient sûrement sans réponse très longtemps. Je répondis, toujours souriante :

- Ouais, c’est ma première année à Serdaigle.

Mes réponses étaient relativement courtes, même si je voyais bien qu’une fille « normale » parlerait dix fois plus, à n’en plus pouvoir l’arrêter. Sauf que je n’étais pas comme ça. Je préférais le silence et la solitude à la vie remplie de rencontres et de conversations ennuyeuses. Peut-être étais-je donc « anormale » ? Dans tous les cas, me mettre dans des cases ne m’intéressait pas plus que de papoter. Pour moi, il suffisait de vivre et d’apprendre pour pouvoir mourir en paix. Je contemplai ma robe aux couleurs de Serdaigle, remarquant avec tristesse que l’on m’avait mise dans une case dès mon premier jour à Poudlard. Qu’avait vu le Choixpeau pour m’envoyer dans une telle maison ? Étais-je érudite que pour ne pas comprendre la correction d’un de mes devoirs de Potions ? Encore des questions sans réponses. Peut-être qu’un jour j’aurai l’occasion de remettre ce Choixpeau sur ma tête et de le questionner à ce sujet ?

- Je m’appelle Ivy, et toi ? demandai-je pour couvrir mes pensées.

Je savais tout aussi bien qu’un jour ou l’autre, j’oublierai ce nom et cette personne, et que par conséquent, lui demander son nom ne me servirait à rien. *Mais si, imagine tu veux la revoir, t’auras b’soin d’son nom*, me dis-je. Parce que j’imaginais que son nom était unique dans tout Poudlard ? Serais-je seulement capable de la reconnaître dans un couloir ? Je n’en étais pas sûre.

@Erza McGowan Le pouvoir du questionnement semble apaiser la gêne d'Ivy

Toi même tu t'étais surprise à être aimable avec cette nouvelle. Bien qu'elle soit plutôt grande, tout comme toi, tu avais deviné qu'elle était en 1e année à cause de son air perdu. *On est tous passé par là ...* Tu t'en souvenais comme si c'était hier. La répartition, la découverte de ta maison, de tes camarades *Pour le meilleur et pour le pire ...* de ta DDM, des professeurs, tout le monde était perdu à ce moment là. Cette petite te ressemblait, en un sens. Tu avais fait comme elle. Mais à présent tu avais bien changé ... *Trop ?* L'été t'avait bousculé. Tu n'tais plus la même, en tout point. D'abord Scary, puis Erin, et cette fête qui avait tourné à l'apocalypse. *Black Out* Plus aucun souvenir de cette fête à partir du moment où tu étais sortie. Et plus de Fred. Sur un point, tu savais que Scary serait la honte de sa famille si celle-ci apprenait qu'elle était à Gryffondor. *Elle est comme mes frères ... Sauf Fred évidement* Tu avais quatres frères, tous plus grands que toi, et un seul était à Serpentard, la bonne maison. Les autres avaient été comme effacés de la famille. Pfiut, plus qu'un fils et une fille. 2 ans d'écarts. Très proches. *Plus maintenant* Tu te tournas quelques secondes, afin qu'elle ne te voit pas fléchir, tu essuyas les larmes qui commençaient à monter, puis tu revins face à elle.


Le mensonge faisait parti de ta vie. Et de ta famille aussi. Reliés par le mensonge. Peut-être était-ce votre seul lien ? Tu écoutas attentivement ses réponses, bien qu'elles soient brèves. *Elle est pas comme tout l'monde elle* D'ailleurs, ce n'était pas pour te déplaire. Jamais tu ne t'étais sentie bien, quand tu étais entourée de monde. Au centre de l'attention. Sous le feu des projecteurs. *Ivy ... Quel beau prénom ... C'est doux, poétique ...* Tu commençais de plus à apprécier cette petite. *Qui n'est pas si petite*. Pour toi, c'était une sorte de rayon de soleil. Ses cheveux courts et d'un bruns foncé était en accord parfait avec ses yeux, et son petit nez. Sa peau plutôt pale contrastait avec le reste, mais cela rendais vraiment bien, c'était beau. Après quelques secondes, tu te rendis compte que tu la fixais sérieusement ... Tout en rougissant sérieusement, tu répondis à sa question :


Intérieurement, tu te donnas un coup de coude, pour te punir de ton ridicule. *Qu'est-ce que j'fous à avoir rougi comme une tomate !* Cette fille t'intriguait sérieusement. Tu avais envie de la connaître plus, c'était fort.

La brune se détourna avant de me faire face à nouveau, les yeux brillants de larmes. *Juste un p’tite poussière, hein ?*, pensai-je, ne croyant pas aux mots de la Verte. Je ne pouvais pas la croire : j’avais tant de fois pleuré en cachette, souriant à mes parents , leur disant que j’avais toussé trop fort ou avalé de travers. Je sus en voyant ses yeux qu’une profonde tristesse la hantait. *C’est fou comme certains regards sont expressifs*, me dis-je, ne sachant que trop faire devant les larmes de la fille. Je tendis une main maladroite vers son épaule et lui dis :

- T’en fais pas, ça finira par passer...

Je ne croyais pas vraiment aux mots que je venais de prononcer : les malheurs étaient là pour nous suivre jusqu’au bout de notre vie, après tout. Mais si cela pouvait rassurer la Verte, autant essayer de le dire avec assurance. Cette situation était bien étrange : moi qui voulais au départ de l’aide de la part de cette jeune fille, je me mettais à essayer de la *consoler ?*. Je remarquai le regard fixe de la brune sur mon visage et décalai légèrement la tête afin d’essayer d’échapper à son regard. Je rougis à nouveau, gênée d’être détaillée telle une œuvre d’art. La brune s’empourpra à son tour, remarquant peut-être son regard fixe. Elle répondit en hésitant à ma question. Qu’elle hésite autant sur son prénom me parut étrange. Peut-être avait-elle quelque chose à cacher ? J’étais quasiment sûre qu’Erza n’était pas son vrai nom, mais je fis comme si de rien n’était. La brune devait avoir beaucoup d’imagination, car Erza n’était pas un prénom que l’on pouvait entendre souvent. J’appris aussi que la Verte était en deuxième année. *Pas beaucoup plus grande que moi, au final*, me dis-je.

Je ne savais plus vraiment quoi faire face à Erza – appelons-la ainsi – qui rougissait à vue d’œil. Je m’approchai un peu plus d’elle et ouvris les bras :

- Tu veux un câlin pour aller mieux ? lui demandai-je, un sourire timide déformant mes lèvres.

J’avais toujours trouvé les câlins chauds de papa et maman réconfortants : ils m’apportaient force et chaleur nécessaires pour stopper les larmes et repousser les problèmes. J’espérais qu’Erza accepte le câlin, je me serais sentie si bête, là, plantée au milieu d’un couloir, les bras écartés comme une folle. J’aurais bien aimé pouvoir aider Erza ; je n’avais pas eu la chance d’aider beaucoup de personnes, dans ma vie. Peut-être que la Verte accepterait de me faire confiance ? De me parler ? Peut-être lui parlerais-je moi aussi ? De toute façon, il n’y avait pas vraiment de « problèmes », chez moi. J’allais plutôt bien. Enfin, je n’aurais pas été capable de me mettre à pleurer face à une personne me demandant de l’aide. Plus je regardais les yeux d’Erza, plus un sentiment de pitié se présentait à moi : je devais l’aider.

@Erza McGowan
Quel retournement de situation ! Hâte de lire la suite

Ivy te semblait tellement compatissante ... Sa façon de te répondre, son regard, sa façon de se mouvoir doucement, tout te faisait croire qu'elle était un ange. *Ou alors c'est d'la pitié. Et dans c' cas là j'en veux pas.* Tu détestais la pitié. C'était être faible. Et dans ce monde, il n'y avait pas de place pour les faibles. C'était comme les nés-moldus. Des êtres inférieurs. Et tu ne voulais pas qu'elle en soit un. Elle ne le méritait pas.


Sur le coup, tu avais prononcé ces paroles un peu plus durement. Mais tu sentais qu'elle était un peu spéciale. Spéciale dans le genre mieux. Plus quelque chose. Tu ne voulais pas qu'elle redescende à cause d'une misérable comme toi. *Je suis misérable.* Comme le titre d'un livre moldu. Évidement tu ne l'avais pas lu, tu savais juste qu'il était long. Très long.
Tu ne voulais pas être consolée. Pas par elle. Tu ne serais qu'un poids inutile sur ses pauvres épaules.


Le maigre sourire qui était sur tes lèvres au début avait totalement disparu, laissant place à un visage fermé, triste sans vraiment le montrer pour autant. Tu venais de lui donner un conseil, et tu espérais qu'elle e le prendrai pas mal. Ce conseil n'était sûrement pas aimable, mais il était réel. Le monde était sans pitié. Les gens aussi. *Sauf une minorité bien sûr.* Être gentil, c'était être faible. Être aimable c'était être hypocrite. Et être empathique c'était être menteur. *J'prefere être juste menteuse. Pas empathique.* Tu ne comprenais vraiment pas pourquoi cette fillette de 1e année s' obtenait à être gentille avec toi. Quel était l'intérêt ? Te rendre gentille était une cause perdue. Tout comme te faire ressentir la moindre pitié pour quelqu'un. Tu étais un cas désespérément désespéré. Soudain, elle fit un geste totalement inattendu, suivi d'une phrase inattendue. Elle voulait te faire un câlin. Tout d'abord, tu crus à une plaisanterie de sa part, mais voyant son air sérieux, tu te rendis compte que ce n'était pas une blague. Te jetant alors dans ses bras, comme sur une bouée, tu pleurasencore, mais plus doucement et tu lui dis :


Tu te demandais vraiment pourquoi tu lui avais dis cela, mais tu continuas à la serrer dans tes bras. Tu t'accrochais à elle comme à la lumière dans l'obscurité ... C'était le sauvetage ...

Mon souffle se coupa sous ses paroles. Pouvait-on ne pas mériter de l’aide ? Avait-elle commis quelques meurtres pour parler ainsi ? Et même si elle l’avait fait, elle était comme moi un être humain. Elle méritait de vivre, d’aimer, d’être aimée. Ce n’était pas possible autrement. Impossible. Si plus personne ne s’aimait, le monde ne serait plus que guerres et chaos. Curieuse de savoir la raison de ces paroles, je lui demandai d’une petite voix, intimidée par la sienne devenue plus dure :

– Pourquoi tu ne mériterais pas ma pitié ?

Les paroles qui suivirent me glacèrent. Croyait-elle que j’essayais d’aimer simplement pour l’être en retour ? Peut-être qu’une part au fond de moi l’était. Peut-être qu’une part au fond de moi aimerait qu’une personne m’attende à la sortie de classe pour aller parler au Parc. Peut-être qu’une part au fond de moi aimerait qu’on fasse plus attention moi. Je sentis une larmes de colères descendre lentement ma joue. Elle était brûlante, dure, pourrait détruire un mur sur son passage. J’avais envie de la dégager, ne pas montrer à Erza que ces paroles avaient plus d’effet sur moi que ce qu’elle n’aurait cru. Ou peut-être l’avait-elle prévu ? Je n’en pouvais plus de toutes ces questions : ma tête bourdonnait.

Elle se jeta dans mes bras et se mit à pleurer sur mon épaule. Je posai ma tête contre la sienne et libérai toutes les larmes que j’aurais voulu verser dans ma vie. Celle-ci était pour une vilaine blague de Stephen – il m’avait versé du miel sur la tête et j’avais mis des heures à laver mes cheveux –, celle-là pour tous les mots durs que les gens crachaient comme pour se libérer de leur colère. Si cela pouvait les aider, autant endurer, et pleurer qu’une fois que les mots les plus durs soient sortis d’une bouche aussi innocente que m’apparaissait celle d’Erza. Elle me posa une question. Une question à laquelle réponde signifierait mentir.

– Je ne sais pas, dis-je d’une voix à peine audible.

Si, je savais, je le savais un peu trop bien, même. Mais c’était inavouable. Je ne pouvais tout simplement pas le dire, même pas à cette brune. Profitant qu’elle ne puisse pas me voir, étant tête contre son épaule, j’ouvris les yeux et fixai le sol. J’avais conscience que des élèves nous fixaient. Pour la première fois de ma vie, je m’en fichais. Aucun de leurs yeux ne m’atteignaient : j’étais enfermée dans cette bulle que nous formions moi et Erza. La chaleur que me procurait son corps m’aidait à calmer mes larmes. Un petit sanglot s’échappa de ma gorge, libérant le reste de ma tristesse. J’inspirai profondément, et lui dis :

– J’suis sûre que t’es une bonne personne. Les mauvaises personnes ont un jour été bonnes et le seront un jour. Tu sais, c’est toujours les gentils qui gagnent. Tu verras. T’es une bonne personne.

Je ne savais pas pourquoi et comment ses mots avaient pu franchir mes lèvres sans passer par la case « cerveau », mais ils étaient sortis et Erza les avait entendus. Je retins ma respiration, attendant ce qu’elle allait dire.

@Erza McGowan
Tu dois vraiment être magicienne pour réussir à me retirer des larmes de si bon matin
Je ne pensais pas que ce Rp partirait ainsi

La petite première année qui n'était pas si petite avait comme changé ta journée. Jamais tu n'aurais pensé qu'une simple question bête puisse chambouler une journée entière. Tu étais passée du stade boudeuse à celui d'une personne à fleur de peau. Tu avais l'impression que le temps s' était arrêté. D'un seul coup, tu sentais que le monde s' était stoppé, laissant en mouvement seulement Ivy et toi. Ivy et Erza. Erza et Ivy. Tu avais lu un livre, récemment, dont tu n'avais plus le titre en tête, mais tu y souvenais très bien d'un passage. La fille écrit son prénom et celui du garçon sur chacun de ses poings, et le garçon fait de même, mais en échangeant l'ordre. Dans ta tête, cela résonnait de la même façon. Ses paroles t' avaient bouleversées, et il semblait qu'Ivy ressentait la même chose face aux tiennes. Tu t'en voulais, de l'avoir peut-être blessée. Mais c'était vrai, enfin en partit, ce que tu lui avais jeté à la figure. Sans dessérer ton étreinte, tu lui répondis plus doucement :


T'es paroles étaient suffisamment incohérentes pour que la 1e année te quitte précipitamment, mais la suite fut tout autre. Elle ne te lâcha toujours pas et continua à te répondre. *Pourquoi.* Ces paroles étaient pleines de sagesse, et même si tu n'en avais pas, tu ressentis cela comme quelque chose de doux. Tel le chant d'un rosignol, ou le souffle du vent automnale. Tu laissas couler une larme. Sans prendre la peine de l'essuyer, de peur qu'elle ne s' en rende compte, tu cherchas à lui répondre. Comment répondre face à une phrase si belle ? Tu laissas sortir les mots comme ils vinrent, sans filtre :


Tu avais laissé ton être parler, comme si ton cerveau avait été déconnecté du reste. Tu voulais plus la connaître. Elle t'aiderait, là où tant d'autres ne le pourraient pas. Tu en étais persuadée.

Et la Plume ne put s’empêcher
De se plonger dans les Mots



Les larmes d’Erza me donnaient envie de pleurer à mon tour. Je luttai pour m’en empêcher, ne voulant pas décourager celle qui avait besoin de moi. J’inspirai profondément, ravalant l’eau qui troublait déjà ma vision et écoutai les paroles de la brune. Elle se disait ne pas être bien. Mais qu’était-ce, d’être bien ? Personne ne pouvait être parfait, personne ne pouvait être complètement bien. Je fronçai les sourcils, marquant mon incompréhension. La suite de ses mots ne m’éclairèrent pas plus : elle parlait d’un souvenir oublié, souvenir qui devait être important si ne pas s’en rappeler la mettait dans un tel état. Je mordillai ma lèvre inférieure, ne sachant trop que dire. Je détestais les moments où les mots me manquaient : il fallait absolument que je dise quelque chose, mais les mots s'étaient envolés, tels des grains de sable emportés par le vent.

Un coup de gong retentit soudain dans mes oreilles, « Tu es bien différente des autres, Ivy Mercer  » résonnant sans fin dans mon crâne. Différente ? Qu'est-ce qui faisait de moi une différente ? Était-ce mal, ou dangereux que d'être différente ? Les mots battaient mes tempes, la phrase engourdissais mes jambes. J'étais peut-être différente d'être aussi bouleversée par ce compliment – ou ce qui y ressemblait ?

– Je ferai tout c'que je pourrai pour t'aider, Erza, dis-je, sans trop savoir si j'arriverais à tenir cette promesse. Je... J'sais juste pas comment l'faire. Tu peux m'guider ?

Je n'étais pas sûre que demander au blessé comment le soigner était une bonne initiative, mais il valait mieux essayer, ou du moins, c'est ce que je croyais. Je réflechis à comment aider une personne qui se disait mauvaise, pas bien, et tout cela à cause d'une mauvaise mémoire. La rassurer ? J'optai pour une autre option que j'aurais moi même voulu entendre dans ma vie.

– Tu sais, not'cerveau peut pas tout ret'nir. Moi aussi j'oublie des trucs. Parfois, j'oublie même comment parler ! T'es pas seule, hein, c'est humain d'oublier. J'pense que c'est une bonne chose, sinon, on pourrait même plus penser avec tous ses souvenirs dans l'crâne ! Et puis, les mauvais souvenirs, j'préfère pas m'en rappeler, dis-je d'une voix qui se voulait rassurante.

J'avais besoin de l'aider : je ne supportais pas voir une personne souffrir, physiquement ou mentalement. Je voulais lui apporter mon aide, la voir aller mieux, peut-être la voir sourire ? J'étais peut-être destinée à être medicomage, sauf que ce métier ne m'intéressait pas. Je voulais travailler à l'extérieur, pouvoir sentir la nature sous mes pieds. De toute façon, j'avais encore le temps de réfléchir, et si je cachais ma magie, je pourrais même travailler chez les Moldus.

Je plongeai mes yeux dans ceux d'Erza et souris sans m'en rendre compte : quelque chose en elle la rendait aussi différente de toutes les personnes que j'avais pu rencontrer, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Peut-être était-ce sa manière de cacher si bien sa peine ? Ou celle de chercher dans le cœur des autres ? Nous étions différentes, mais au milieu de « normaux », des sardines perdues qui n'arriveraient plus à suivre leur banc.

Tu écoutas la gamine te répondre promettre de t'aider. Des promesses. Toujours des promesses.*Finalement, elle est p'têt pas si différente malheureusement.* Tu ne croyais pas que de belles paroles, que de beaux Mots pourraient changer quelque chose. Pour toi, il fallait des actes. Mais cette petite t'intriguais plus que tu ne le voulais. Cette pensée te tourmentait, semblable au remous de l'écume qui va et vient sur la plage. Elle ajouta d'une petite voix douce que les souvenirs allaient et venaient, et quelques fois, même souvent à l'entendre, disparaissait à jamais. Sur ce point Tu n'étais pas d'accord. Ce n'était pas que tu avais évincé ce souvenir, comme s'il était obsolète. Ton cerveau l'avait mis dans un coin volontairement. Pour te protéger. De tes propres actes. Dès le lendemain, tu avais oublié tes agissements lors de la fête de famille. *Pfiut* Envolés. Repartis avec l'été. Reviendraient-ils l'été prochain ?

dis-tu d'une voix que tu aurais voulue plus douce ... D'solé ... C'est juste que c'est tout récent, et qu'ça m'perturbe vraiment ... rattrapas-tu rapidement.


Cet événement avait été catastrophique. Cela faisait 21 jour précisément qu' tu n'avais pas parlé avec Fred. Pourquoi te fuyait-il ainsi ? Vous aviez pourtant toujours été proches, si proches ... Mais tu étais persuadée que c'était justement à cause de cette *maudite* fête. Tu commenças à réfléchir à un moyen qui permettrait à Ivy de t'aider, mais aucune idée ne te vint à l'esprit. Comment une simple 1e année pouvait-elle te rendre la mémoire ? Par quel prodige de la magie, serais-tu projetée durant la fête pour te souvenir ?

Se souvenir... Ce souvenir... Ton cerveau jouait sur les Mots. Depuis la fête, tu t'étais surprise à jouer sur les Mots leplus souvent possible. Mentalement. Mentalement tu inversais les lettres. En retirais ou au contraire tu en ajoutais. Parfois même tu le faisais à voix haute. Tu perçus alors un sourires' élever sur les lèvres d'Ivy. Qu'est-ce qui pouvait bien la faire rire, elle qui quelques minutes auparavant avait presque les larmes aux yeux ? Avais-tu de la confiture sur le bout du nez, ou un épi quel haut du crane ? Tu te scrutas dans une vitre, pour vérifier ta pensée, mais ce n'était rien de tout ça. Alors tu vins droit au but.


Tu fixas une dernière fois ton reflet dans la vitre, mais tu n'y vis que ton reflet, sans taches.