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20 sept. 2021, 09:45
Le pire des vices  PV 
21 avril 2046
Couloirs — Poudlard
5ème année



Mon ventre grogne ; je l’ignore. Ne me vient même pas l’idée de regretter le repas de midi que je suis actuellement en train de manquer. Ma faim n’a absolument aucune importance. Zikomo ne semble pas être de mon avis. Il me lance un regard accablé. Lui aussi, je l’ignore. J’envie ses petites pattes discrètes qui ne font aucun bruit sur le sol en pierre, contrairement à mes bottines qui émettent un tap tap irrégulier qui me tape sur les nerfs. J’ai beau marcher sur la pointe des pieds, le tap tap me suit quoi qu’il arrive, et mon ventre grogne — j’ai l’impression d’être plus bruyante qu’un troll. Mon coeur rate battement sur battement, mes mains sont moites, mon estomac noué et, Merlin, mes entrailles sont douloureuses. Je ne savais pas qu’il était si désagréable et angoissant de suivre quelqu’un à la trace.

Lorsque j’ai vu Elowen et l’Intruse monter le grand escalier, quand je les ai aperçu prendre à droite puis continuer dans les étages, je n’ai pas pu résister. Comment résister à l’énorme boule d’émotions qui s’est installée dans ma gorge, l’habituelle boule d’émotions qui m’envahit lorsque je vois les deux filles ensemble ? Impossible d’y résister. Alors j’ai ravalé toute ma colère, j’ai digéré ma tristesse et j’ai pris la décision de les suivre — discrètement, bien entendu. Qu’ont-elles prévu de faire ? Vont-elles se cacher dans un coin du château pour faire des choses honteuses (quant à savoir quelles choses honteuses exactement je les crois capable de faire, je préfère ne pas y songer) ? Que mijotent-elles ? Évidemment, Zikomo m’a dit que ce n’était pas très respectueux de suivre sa petite amie de cette façon-là. Je lui ai donc rétorqué qu’Elowen n’était pas ma petite amie et qu’il pouvait bien aller voir ailleurs s’il n’était pas content. Ce qui m’a fait sourire, c’est qu’il n’est pas parti. Il est resté avec moi et depuis, il me suit en prenant soin d’être discret, ce qui ne l’empêche certes pas de me lancer des regards agacés et de plaquer ses oreilles sur son crâne, comme il fait à chaque fois qu’il est angoissé.

« Aelle, gémit-il justement, tu ne veux pas aller déjeuner, plutôt ?
Chuut, elles vont t’entendre ! »

Je me colle au mur et fronce les sourcils en croisant le regard consterné du Mngwi. D’un geste du menton, je lui dis de se rapprocher de moi. Il ne manquerait plus qu’Elowen se retourne ! Si elle voit une tâche bleue sur la pierre mortellement grise du château, elle se posera des questions. Elle n’est pas idiote, Elowen, elle sait très bien qui est Zikomo. Et si elle voit Zikomo, elle saura que je suis là. Et si elle sait que je la suis, elle ne va rien comprendre, elle va courir vers moi avec un immense sourire, me sauter dans les bras peut-être, et blablater sans fin en se persuadant que oui, je peux moi aussi devenir la meilleure amie de cette fille qui ne comprend pas un mot de l’anglais et passer du bon temps avec elle. Mais je n’ai aucune envie de passer du temps avec elle, moi.

Cette Sildnir, je ne peux pas me la voir. Déjà, pourquoi est-elle autorisée à rester au château ? Loewy était-elle complètement à l’ouest le jour où elle a décidé de lui foutre le Choixpeau sur la tête ? Ne s’est-elle pas dit que c’était louche, qu’une gamine qui vient d'on ne sait où revienne en même temps qu’Elowen du Dominion ? Une inconnue revient d’un endroit totalement flippant et personne ne s’inquiète ! Sauf moi, évidemment. Moi, je m’inquiète. Ce n’est pas tant que je n’aime pas voir cette Sildnir avec Elowen, à vrai dire, non, non, non. C’est seulement que je ne sais pas ce dont est capable cette fille. Mon comportement ne sert qu’à protéger la Serdaigle. Heureusement que je suis là, me rassuré-je en continuant ma filature, sinon qui sait ce qui pourrait arriver à Elowen ?

« Tu es ridicule…, grince Zikomo à voix basse en gambadant derrière moi. Si tu veux aller lui parler, va lui parler ! Tu aimerais, toi, qu’elle t’espionne ?
Elle ne risque pas de m’espionner, rétorqué-je à mon ami, moi je ne fais rien de répréhensible, j’agis pas bizarrement. Excuse-moi, mais ne me dis pas que cette fille n’est pas bizarre, Zik, je te croirai pas. »

Je m’arrête à un carrefour et passe la tête dans le couloir. Elowen et Sildnir se sont arrêtées près d’une fenêtre. Assises sur le rebord, elles discutent. De quoi peuvent-elles bien discuter alors que l’une ne comprend pas l’autre ? Elowen parle encore, et encore, je n’entends rien de ce qu’elle dit — elle fait de grands gestes, comme tout le temps, et elle sourit bien trop. Ces sourires-là ne sont-ils pas censé m’être réservés ? Mon ventre se noue. Au bout de mes bras, je sens mes poings se serrer. Je me remémore un sortilège ou deux que je pourrais lancer de ma position sans être repérée afin de les séparer.

Zikomo zigzague entre mes jambes et passe le bout de son museau dans le couloir. Il observe la scène pendant quelques secondes avant de se reculer.

« C’est pas son comportement qui te dérange, soupire-t-il enfin, c’est juste le fait qu’elle soit avec Elowen.
Qu’est-ce que tu marmonnes ? »

Je l’écoute à peine, toute prise par la violence de mes émotions. Je me sens si bête, ici ! Destinée à me cacher alors que cette fille peut se pavaner aux côtés d’Elowen. Elle est tout le temps avec elle, à chaque instant de la journée, comme si c’était son droit de se tenir là, dans son sillage. Mais non, elle n’a aucun droit ! Et puis je déteste comme elle me regarde à chaque fois que je vais voir Elowen. De son petit regard timide. Ce que j’aimerais le lui arracher ! Elowen doit certainement la trouver attendrissante. Elle trouve tout le monde attendrissant. Moi, son regard me dérange. J’ai l’impression qu’il cache le pire des vices.

« Elles ont que ça à faire, rester ici ? râlé-je en baissant les yeux sur Zikomo.
Et toi, Aelle, tu n’as que ça à faire de…
Roh, ça va ! »

Il se tait mais le regard qu’il me lance en dit long. Je me contente de lui offrir une grimace avant de m’accroupir contre le mur. Les mains contre la pierre, le corps penché en avant, je me concentre pour ne pas tomber la tête la première dans le couloir. J’observe silencieusement les deux filles, le regard accroché à la tignasse rousse d’Elowen.

Zikomo a beau se plaindre, il n’est pas pour autant totalement désintéressé. Un petit sourire m’étire les lèvres quand je le vois s’installer entre mes pieds, couché sur le sol pour espionner lui aussi ce qu’il se passe dans le couloir. Ces moments passés avec lui me manquent. Nos petites aventures dans les couloirs, nos longues discussions sur des sujets plus ou moins intéressants, tout simplement des moments passés lui et moi, sans Nyakane. J’aime quand Zik me suit dans mes idées, quand il s’intéresse à ce que je fais, même s’il n’est pas d’accord. Dans ces moments-là, je me souviens qu’il est resté près de moi de son plein gré et je me dis que ce qu’a dit Sidiki est peut-être vrai : Zikomo restera avec moi pour toujours. Et moi, quand je pense à ça, j’ai le coeur qui grossit et une agréable chaleur se répand dans tout mon corps.

Agissements d'Elo vus avec sa Plume !
Dernière modification par Aelle Bristyle le 12 oct. 2021, 17:03, modifié 1 fois.

05 oct. 2021, 14:35
Le pire des vices  PV 
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21 avril 2046
Couloirs
Avec @Aelle Bristyle


Mes proches m'ont souvent fait ce reproche, de ne pas me confier assez
Ils voudraient gratter cette écorce et me faire fondre mes glaciers
Apercevoir ce qui se cache derrière ce regard sombre et distant
Ils savent que la façade masque une âme plombée d'épuisement

- Scylla -


Un jour tu seras grand. Tu frémis. Pourquoi un jour ? Pourquoi pas maintenant. Parce qu'après tout être grand c'est simplement regarder au delà de soi-même. C'est ta mère qui te disais cela, que quand tu seras grand, alors tu le saura, tu verra la vie autrement.
"Pour l'instant tu es un peu comme un petit jardin de fleurs, tu souris même sous la pluie, tu es mon jardin secret, mon ruisseau, mon Eden. Mais un jour tu seras grande et tu deviendras fleuve, et ce jour là tu le sentira jusqu'au plus profond de toi"
Tu voudrais simplement pouvoir choisir le nombre de bougies sur le gâteau selon ton humeur. Même si tu sais que c'est impossible. Lorsque tu marches ainsi dans les couloirs tu as l'impression que chaque pas que tu fais te transforme en une personne différente. Tu compte le nombre de fois que tes bottes frappent le sol avec régularité.

Un, deux ,trois, tu es une princesse et tu sauve un prince enfermé dans un château
Quatre et cinq, tu deviens Chapelier Fou et tu sers une tasse de thé à une jeune fille blonde
Six, sept, huit et neuf, tu es le Petit Prince qui songe à sa rose
Dix, onze et tu redeviens une petite fille qui fait la ronde en chantant avec d'autres enfants
Douze, treize, quatorze, tu es cette fois ci une sirène et tu nages dans les eaux frémissantes du Lac
Quinze et tu es à nouveau Eden, qui marche dans les couloirs du château.

C'est l'heure du déjeuner et autour de toi personne, une jeune fille marche quelques mètres devant toi, elle semble plus âgée, tu sais l'avoir déjà croisé mais tu ignores son nom. Mais c'est le genre de personne que tu remarque : à côté d'elle une sorte de petit animal, peut-être un renard, aux reflets bleutés. Tu entends la jeune fille lui parler sans comprendre ses mots. Elle semble presque se dissimuler, tenter de se fondre avec le décors, en restant discrète.
Tes pensées ont été chassées par la vision de ces deux drôles d'Êtres. Tu ne saurais expliquer ce qui t'intrigue mais tu ressens qu'ils dégagent un quelque chose d'inhabituel. Désormais, tes pas et les siens sont presque en rythme, tu es loin derrière eux et pourtant tu te demandes si elle sent ta présence derrière elle. Sans doute que oui, tu n'es pas très doué pour te faire invisible et silencieux.

Les deux Êtres se sont arrêtés, devant eux deux jeunes filles dont une à la chevelure rousse que tu reconnais comme une des Choisies étant allée au Dominion. Tu t'arrête également de marcher et reste immobile au milieu du couloir, comprenant que la grande fille et son être bleu observent en cachète les deux autres personnes.
Tu as comme ce sentiment que tu ne devrais pas être là, que tu es en trop. Tu es assez proche pour entendre la conversation entre les deux Êtres, tu ignorais que le petit renard pouvait parler, mais étonnement tu n'en es pas surpris. La jeune fille s’accroupit contre le mur et tu hésite à rebrousser chemin. Mais ton corps, ton esprit, refuse de bouger, tu es comme cloué au sol, les yeux posés sur cette scène on ne peut plus étrange.

C'est le Petit Prince. La jeune fille, accompagnée de son renard. C'est le Petit Prince. Elle dégage la même hésitation assurée. Peut-être observe t'elle sa Rose, aux cheveux flamboyants. Peut-être que ce qu'elle désire le plus au monde c'est de la rejoindre. Peut-être qu'elle veut retourner sur sa planète.

Tu te sens comme attiré et tes pieds se décollent du sol pour s'approcher de la scène. Un livre s'échappe de sous ton bras et vient heurter le sol. Le bruit résonne longtemps dans ta tête comme un coup de tonnerre, tu t'immobilise. Tu voudrais t'enfuir en courant mais ton corps ne veux plus obéir. Tu te sens comme pris au piège.

Toutes mes excuses pour ce retard Plume, et pour mon Pas quelque peu cahotique, j'espère qu'il saura te plaire
Dernière modification par Eden Newjin le 18 déc. 2021, 15:12, modifié 1 fois.

Plume d'Eden (iel-ael-il + accords neutres ou masculins)
5éme année RP 2047-2048 Parrain de petit.e.s ourson.ne.s
Les étoiles veillent sur toi

12 oct. 2021, 17:18
Le pire des vices  PV 
Il me plait, merci ! La suite promet d'être très intéressante.

Cachée derrière le mur, je regarde la scène avec une attention si grande que j’en oublie tout ce qui m’entoure. La seule chose qui importe, c’est la rousse. Ses gestes, ses sourires, ses regards, le faible son de sa voix qui me parvient… Je vois tout, j’enregistre tout et j’essaie, en vain, de faire taire la terrible jalousie qui grandit dans mon coeur. Elle a la force d’une vague, elle m’emplit toute entière, elle m’étouffe presque. Plus elle monte, plus ma respiration s’amenuise ; je me contrôle pour ne pas que Zikomo le remarque — et peut-être qu’en me contrôlant suffisamment, j’oublierais que je suis actuellement en train de crever d’envie d’être à la place de la blonde qui ose se tenir près d'Elowen à ma place. Ça me rend folle de les voir toutes les deux ensemble. Je trouve cela tellement injuste, je ne comprends pas comment je peux me retrouver là, à espionner la Serdaigle comme une gamine, alors que je devrais m’en foutre de qui elle côtoie. Je ne devrais rien en avoir à faire qu’elle passe tout son temps avec cette Sildnir pourtant je suis incapable de ne pas y penser. Le matin, la journée, le soir, la nuit. J’y pense tout le temps et ne cesse de me répéter que j'aurais dû m'y attendre, que j'aurais dû le voir arriver. Elowen ne pouvait pas continuer plus longtemps de faire semblant de m’apprécier, n’est-ce pas ? Il fallait bien qu’elle se rende compte un jour qu’il y a mieux ailleurs, plus intéressant, moins fatiguant, moins difficile. Et cet ailleurs, elle l’a trouvé au coeur du Dominion — si j’avais deviné qu’elle y rencontrerait Sildnir, sans doute aurais-je tout fait pour l’empêcher de participer à ce tournoi idiot.

Zikomo et moi gardons le silence. Ma respiration troublée se confond avec celle, plus calme, de mon ami bleu. Seule nous perturbe la discussion lointaine et agitée des deux filles. Je compte les battements de mon coeur pour calmer mes grandes émotions. *Un, deux, trois, quatre,...*. Je ne sais pas si cela fonctionne mais je continue. *Cinq, six,...*.

Un bruit soudain bouscule le silence.

Je sursaute si fort et si brutalement que je me cogne la tête contre le mur ; Zikomo, alors installé entre mes genoux repliés, glapit quand je manque de l’écraser et se faufile pour s’éloigner. C’est un sentiment de peur et de honte mêlée qui me force à sortir ma baguette magique et à la pointer vers la source du bruit. J’étais à deux doigts de lancer un joli Reducto lorsque je prends conscience que la chose si bruyante n’est qu’un livre et l’abruti qui l’a fait tomber un élève aux yeux écarquillés.

Que fait-il là ? J’étais persuadée d’être seule et lui se pointe dans mon dos comme un fantôme. J’ouvre la bouche dans l'évident but de l’insulter de tous les noms d’oiseau qui me viennent en tête lorsque je me rappelle soudainement de l'existence d'Elowen et de Sildnir. Je n’ai même pas le courage de vérifier si elles nous ont entendu. Je me redresse, les jambes tremblantes ; Zikomo a les oreilles plaquées sur la tête. Il suffit que je lui lance un regard pour qu’il saute sur mon épaule.

Je n’ai pas le temps de réfléchir. Je dois partir. Si Elowen comprend que je la suis, elle deviendra folle. Et moi, je crèverai de honte. J’aurais pu disparaître sans un mot, abandonner le gamin, un foutu Serpentard, et le laisser porter le chapeau mais mon instinct me force à faire un autre choix. Je ne sais pas pourquoi. Je me rue vers lui, l’attrape par le bras et le traîne derrière moi. Je ne le lâche qu’une fois parvenue dans un autre couloir. Mon coeur bat si fort !

« ‘Tain, Zik, chuchoté-je furieusement, tu crois qu’elle aurait réagit comment si elle m’avait vu ? »

Je tourne la tête à droite et à gauche pour surveiller les extrémités du couloir, de peur que la Serdaigle déboule soudainement.

« À ton avis, réplique le Mngwi d’une petite voix, tout recroquevillé sur mon épaule. Tu réagirais comment, toi, si tu te rendais compte qu’elle te suivait ?
Mal. »

Certes. C’est un euphémisme.

« Mais tout ça c’est de sa faute. »

Je coule un regard noir en direction du gamin que j'ai traîné dans mon sillage.

« Qu’est-ce que tu foutais, bordel ? Ça t’arrive souvent de te glisser aussi sournoisement derrière les gens, hein ? T’avais quoi en tête, tu m’expliques ? »

Je me fiche totalement de ce qu’il avait en tête, pour tout dire, et cela ne m’étonnerait même pas qu’il n’ait rien eu en tête — seulement un vide abyssal, le néant total, aucune pensée concrète ou intelligente ne peut pousser dans cet esprit-là. Je m’en fiche peut-être mais je lui en veux de m’avoir fait aussi peur. Et puisque je lui en veux, je suis légitime de lui faire des reproches, de l’engueuler et de le rudoyer.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 26 oct. 2021, 11:59, modifié 2 fois.

25 oct. 2021, 11:32
Le pire des vices  PV 
Je ne vous parlerai pas de vengeance, de guerre, de lutte et de sang.
Je ne vous parlerai non plus d'injustice et de droit.
Je veux vous paler de cette lumière qui brille en chacun de nous.
Cette petite lumière qui fait de chacun de nous un être humain.
Parce que cette lumière est en train de s'éteindre.

- Pierre Bottero -



Tes pieds restent résolument collés contre la surface irrégulière du sol, tes bras sont ballants, tu sais qu'il faut que tu ramasses ce livre. Et puis ensuite fuir en courant vers les escaliers et échapper au regard de la fille et de son compagnon étrange qui viens de lui sauter sur l'épaule. Tu la vois alors se précipiter vers toi et un bruit étranglé s'échappe de ta gorge. Elle va te frapper, t'insulter, te donner des coups de pieds et des coups de poings. Elle va même peut-être te lancer un sort. Pourtant elle ne fais rien de cela, elle t'attrape par le bras et te traine derrière elle. Tu as du mal à comprendre ce qu'il se passe, le Petit Prince ne fait pas ça normalement.

Tu décides de fermer les yeux et d'attendre. Quand tu étais petit, un jour, tu as fait fleurir une rose devant ta maison, tu lui a parlé, tu l'as aimé et tu l'a protégé. En cet instant tu serais prêt à offrir ta cheville à un serpent pour la rejoindre. Ta Rose.
La fille et son renard parlent entre eux, tu les entends comme de très loin, comme si leur voix avait parcouru plusieurs kilomètres avant de te parvenir. Autour de toi, les contours sont nets, limpides, la pierre froide des voutes, les armures de métal rouillées, le sol poli par les pas de centaines de milliers d'élèves, les tableaux bien sur aussi. Un vieil homme à la cravate jaune te regarde et secoue doucement la tête avec un air visiblement affligé. Une jeune mère allaite son enfant sur la gauche, tout deux ont les yeux d'un violet perçant. Une personne à l'âge indéfinissable semble étudier des emplacement d'étoiles sur une carte en jetant de temps à autres un regard dans son télescope.

Un hurlement glaçant retentit à l'intérieur de ta tête, la fille et son renard ne l'ont pas entendus. Seul toi le perçoit, il refuse de s'arrêter, diminue un peu de volume mais reste en arrière plan. Tu sais que mettre les mains sur tes oreilles ne servirait à rien, il faut attendre que ça passe. Mais la panique monte, l'angoisse, la peur ou qu'importe le nom qu'on lui donne. Pourtant ta respiration reste calme, ton visage reste neutre. Ce n'est qu'à l'intérieur de toi que tes pensées se remplissent d'eau progressivement jusqu'à se noyer. Le renard répond à la fille, il parle, oui tu le sais, tu l'as déjà remarqué tout à l'heure. Il y a un grain de beauté sur le sein de la mère dans le tableau. L'armure en face de toi tient une épée imaginaire, ses mains restent à tenir du vide. Voilà ce qu'il se passe dans ta tête, tout est confus, tout ce mélange. Les pensées et les remarques tapent à l'intérieur de ton crâne pour tenter de sortir avant d'être noyées.

Tu mélanges les peurs entre elles
Ne pas montrer que tu es angoissé
Comprends comment tu t'es retrouvé dans cette situation
Plus de rationalité, qu'une boule de pensées entremêles
Rien ne se voit de l'extérieur

Le vent se radoucit, la tempête se calme.

La fille Petit Prince te crie dessus, elle s'énerve contre toi, t'accuses de choses que tu ne comprends pas. Elle est grande quand même, bien plus grande que toi, les larmes te montes aux yeux.Mais un autre sentiment monte en toi, te brûle l’œsophage comme une remontée acide. Tu crois reconnaître la colère et tu l’accueille comme un soulagement palpable lorsqu'elle monte à tes lèvres :

- Je marchais dans les couloirs, je t'ai vu espionner la fille Choisie. Je n'ai rien fait du tout, par contre toi tu es jalouse, ça se voit sur ton visage. Je ne pense pas que tu puisse me reprocher quoi que ce soit, tu es responsable de ta propre jalousie, et si je puis me permettre c'est toi qui m'a entrainé ici.

Tu pensais qu'elle était Petit Prince mais en réalité elle n'est qu'une grande personne, incapable de comprendre les belles choses, focalisée sur sa jalousie. Si tu lui donnais un mouton, elle ne verrais que la boîte.
La frustration et l'angoisse de l'instant font couler une seule et unique larme sur ta joue gauche que tu essuie d'un geste rageur. Tu déteste paraître faible. Qu'est ce qu'elle doit penser de toi maintenant, un gamin sans importance qui chiale quand il a eu peur. Superbe image. Tu rages intérieurement quelques secondes puis tu plante ton regard dans le sien et sans aucune raison, tu te mets à sourire.
Dernière modification par Eden Newjin le 05 nov. 2021, 15:33, modifié 1 fois.

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26 oct. 2021, 17:57
Le pire des vices  PV 
J’ai un mouvement de recul quand je perçois les larmes dans ses yeux. *Et merde*. Je l’ai fait pleurer. Il a suffit que je parle pour qu’il pleure. À moins que ce ne soit le fait que je l’ai traîné derrière moi. A-t-il peur ? Ou peut-être est-il triste ? Qu’en sais-je, moi ? Comment puis-je deviner ce qu’il se passe dans sa foutue tête rien qu’en observant ses larmes ? Mes dents s’enfoncent allègrement dans ma lèvre inférieure, mes paumes deviennent moites. Je déteste que les Autres pleurent devant moi. Ça m’angoisse. Que puis-je faire pour empêcher ça ? Que dois-je faire ? Dire quelque chose ou partir sans un mot ? Essayer de comprendre ou l’accuser de chialer sans raison ? Continuer de le rudoyer ou m’apaiser ? Ses larmes ne m’atteignent pas, je me fiche de l’effet que j’ai sur lui. Après tout, il est coupable, c’est lui qui s’est glissé derrière moi comme le fourbe qu’il est. Je n’ai pas à m’en vouloir, je n’ai pas à culpabiliser de le faire pleurer. Mais je déteste ne pas comprendre et moi, face à ses larmes, je ne comprends rien et pire que ça même : je me sens démunie. Ça me bouscule dans ma colère.

Heureusement, mon trouble ne dure pas. Il suffit que le gosse ouvre sa grande bouche pour que la colère revienne. Il suffit qu’il sourit pour qu’elle s’installe définitivement dans mon coeur. C’est quoi ce gamin qui pleure pour ensuite sourire ? Et puis son discours est totalement fou ! Il parle de jalousie et dans son discours, on croirait que je suis la seule coupable de ce qui est en train de se passer dans ce couloir. Je ne déteste rien de plus que les Autres qui pensent savoir ce qu'il se passe dans ma tête. Il n'a certes pas tort, peut-être suis-je effectivement un tantinet jalouse, mais ce n'est pas une raison pour l'affirmer comme une grande vérité. En plus, cela me fait douter : ma jalousie est-elle si flagrante ? *Non*. Je refuse de le croire. Ce que je ressens ne peut pas se deviner aussi facilement, de toute façon.

« Parle pas de ce que tu connais pas, tu sais rien de moi alors commence pas à dire que je suis jalouse. J’m’en fous de ces filles de toute manière. »

*Merde*.
Je suis la première à avoir conscience du mensonge énorme que je viens de proférer. Le second à s’en rendre compte, c’est Zikomo. Je sens aux mouvements qu’il fait qu’il se retient de se moquer de moi. Si j’étais seule, je lui lancerais un regard d’avertissement. Mais je ne suis pas seule.

« La prochaine fois que tu marches dans un couloir, te glisse pas derrière les gens comme ça. Un sortilège est bien vite parti, tu sais, dis-je d’une voix dédaigneuse. Et si je t’ai entraîné ici c’est pas pour rien. Vu ta réactivité de veaudelune, tu serais encore planté dans ce couloir à l’heure qu’il est. Un gars planté dans un couloir c’est super louche. »

Les sourcils froncés, je lui jette un regard sévère. Merlin, ne peut-il pas simplement s’excuser et se taire, comme un bon petit élève respectueux ? Un soupir s’échappe de mes lèvres avant que je détourne mon attention vers le bout du couloir. Mon coeur bat trop rapidement. J’ai peur qu’Elowen ait entendu le bruit et qu’elle se ramène. Je devrais m’en aller, je sais, mais je ne peux pas m’empêcher de vouloir rester dans le coin, au cas où. Une petite partie de moi espère que la Serdaigle ait entendu, qu’elle s’éloigne de Sildnir pour venir me voir, qu’elle me rejoigne. Si elle me voit, elle décidera forcément de rester avec moi plutôt qu’avec la blonde, n’est-ce pas ? Peut-être devrais-je me pointer devant elle et exiger de passer un moment avec Elowen. Elle dira forcément oui ; *elle le f’rait ?* ; c’est moi, après tout.
J’hésite.
Je ne suis pas certaine de vouloir des réponses à mes questions.

J'ai beaucoup aimé ta petite introduction !

06 nov. 2021, 12:46
Le pire des vices  PV 
Soyez ce que vous voudriez avoir l'air d'être ;
ou, pour parler plus simplement : Ne vous imaginez pas être
différente de ce qu'il eût pu sembler à autrui que vous fussiez
ou eussiez pu être en restant identique à ce que vous fûtes sans
jamais paraître autre que vous n'étiez avant d'être devenue ce
que vous êtes.

- Lewis Carroll -



Libérer l'enchevêtrement des Pensées

Tu as peur ? Oui, toi, l'Être au Renard, tu as reculé brièvement, je t'ai vu. Tu as peur ? Non, apparemment pas, je vois les émotions défiler dans tes yeux, inquiétude, pitié, puis colère et détermination.


Pourtant lorsque tu lui parles, ses yeux lancent des éclairs, elle peut voir ton sourire, toujours figé sur ton visage. Elle semble en colère face à tes Mots. Un frisson te descend le long du dos accompagné d'une pointe de culpabilité au fond de ta poitrine. Ce n'est pas ton genre, les phrases tu as dit à la Fille n'auraient jamais du franchir tes lèvres, n'auraient même pas du infiltrer tes Pensées. Mais lorsqu'Elle reprend la parole, les regrets te quittent sans une once d'hésitation. Elle a en partie raison, tu n'aurais pas du parler de ce que tu ne sais pas, mais il y a certaines choses qui sont plus puissantes que le savoir. La jalousie tu l'a lu dans ses yeux, dans sa posture, dans son attitude et dans chacune des intonations de sa voix. Tu ne sais peut-être rien, mais tu fais confiance à ce que tu ressent. Sans doute est-ce une vérité qu'elle même peine à accepter. Mais cette fois ci tu ne dit rien, tu gardes tes impressions pour toi et le sourire que tu affichais jusqu'à maintenant s'efface pour laisser place à une émotion neutre indéfinissable pour qui n'a pas accès à ton Esprit.

Et lorsque la Fille reprend la parole, tu comprends que ses Mots ne sont qu'un échappatoire, un chemin en contrebas de la vérité pour éviter de voir ce qu'elle ne veut pas voir. La deuxième chose que tu remarque c'est son expression "Un gars planté dans un couloir". Ce n'est pas la première fois que l'on te prend pour un garçon mais cela ne te déranges pas le moins du monde et une sensation de chaleur se diffuse dans ta poitrine, comme si cela te correspondait d'avantage. Ton esprit te fais voir des images d'un toi nouveau, avec un uniforme de garçon et un prof qui t'interpelle "Mr Newjin !". Sans réellement le vouloir un sourire se dessine sur ton visage. Tu chasses pourtant ces pensées, tu es toujours face à la Fille au Renard et elle ne semble pas ravie de ta présence.

Tu mords ta lèvre supérieure, tu ne sais pas quoi faire, quoi répondre. Tu pourrais partir en courant tout simplement mais ce serais plus contre-productif qu'autre chose et tu ne fais pas confiance au point de tourner le dos à une personne énervée possédant une baguette. Tu ne sais même plus toi-même ce que tu ressent, tu es sans doute un peu en colère contre la Fille qui te traite comme un gamin alors que tu es quand même en troisième année, qui se permet de te comparer à un Vaudelune. Mais à vrai dire cela te fais plus rire qu'autre chose, tu as déjà eu l'occasion de voir cet animal et l'image d'un Vaudelune planté au milieu du couloir te fais rire intérieurement. La panique, elle, t'as totalement quitté, bien que tu n'en connaisse pas la raison tu ne ressent plus une once d'inquiétude ou de peur. Mais cela ne change rien au fait que tu es planté là, sans bouger et qu'il va bien falloir que tu fasses quelque chose, que tu dise quelque chose.

- Un Vaudelune c'est vachement réactif quand ça à peur.


Tu te serais frappée. Décidément tu n'est vraiment pas fait pour parraître intelligent, tout ce que tu trouves à faire après la scène que tu viens de vivre c'est de parler des Veaudelunes.

-Et puis d'abord je suis assez grand.. euh... grande pour avoir le droit d'aller ou je veux dans les couloirs.


Tu t'en veux à nouveau, à t'entendre parler de l'extérieur on aurait dit un enfant de maternelle qui parle à sa maîtresse. Et puis zut, tu es juste complétement perdu et tu commence à en avoir vraiment marre de cette discussion sans queue ni tête. Il n'y a vraiment qu'à toi que ça arrive ce genre de trucs.


Je m'excuses pour le retard, j'espère que ce Pas te conviendra

Plume d'Eden (iel-ael-il + accords neutres ou masculins)
5éme année RP 2047-2048 Parrain de petit.e.s ourson.ne.s
Les étoiles veillent sur toi

08 nov. 2021, 20:54
Le pire des vices  PV 
Il m'a fort bien convenu, je te remercie ! Pour Aelle, Eden est peut-être agaçant.e, mais moi je le trouve attendrissant.e !

Je suis irrésistiblement attirée par le bout du couloir. Dans mon esprit se dessine la silhouette des deux filles. Que font-elles, de quoi parlent-elles ? Je ne trouverais jamais la réponse toute seule et ce n’est pas faute d’y réfléchir très fort. Mes pensées sont lourdes, elles me pèsent et elles m’énervent. Pourquoi ne puis-je tout simplement pas disparaître et me trouver une occupation plus intéressante, comme par exemple étudier à la bibliothèque ou répondre à la lettre que papa m’a envoyé hier ? Je ne m’en sens pas capable. C’est comme si j’avais un fil dans la tête et que ce fil me reliait inexorablement à Elowen. Maintenant que je sais qu’elle est là, non loin de moi, je suis incapable de me détourner d’elle et de m’éloigner. J’ai l’impression que le fil n’est pas infini. Plus je m’éloigne, plus il se tend. L’urgence est claire : je ne dois pas m’éloigner davantage ou il se cassera net, ce qui est évidemment impensable. Voilà pourquoi je reste dans le coin, à attendre, à surveiller, à espérer. Pour préserver le lien. Ce n’est pas une question de jalousie, absolument pas. C’est par nécessité que je suis là. Elowen a besoin que je le surveille, que je sois là ; et si elle a besoin d’aide soudainement et que je suis absente, hein, que se passera-t-il ? Non, c’est impensable.

Je suis rassurée d’être arrachée de mes pensées par l’intervention du gamin. Il me rappelle à l’instant présent et m’enlève à mon observation fiévreuse du couloir.

Lorsque mon regard retrouve le chemin vers le sien, j’éprouve un certain soulagement : son visage semble s’être apaisé, nous avons évité la grande tempête de larmes, je ne passerais pas pour la méchante fille qui fait pleurer les gamins. Il semble prendre sur lui, trouver le courage d’affronter ma colère. Peut-être culpabilise-t-il et se rend-il compte qu’il a agit comme le dernier des cons. Cela se confirme quand il prend la parole. *Un veaudelune, vachement réactif…* ; je hausse les sourcils, étonnée. Je ne m’attendais pas à ce qu’il rebondisse sur la seule partie inintéressante de mon discours mais enfin, je préfère ça plutôt qu’il insiste sur ma jalousie. Ma jalousie inexistante, par ailleurs — me persuadé-je alors que chaque battement de mon coeur qui frappe contre ma cage thoracique est un appel destiné à Elowen et à sa déplaisante compagne.

« Ouais et les veaudelunes ça danse aussi sous le clair de lune, répliqué-je sur un ton sarcastique, ça nous avance à quoi ? »

Il est un peu étrange, ce garçon. Un peu monté à l’envers, peut-être. Ou cette fille. Grand ou grande ? C’est quoi, cette hésitation ? Un balbutiement hasardeux ? Ce serait étonnant. Je soupire, lui jette un petit regard en coin, le regarde de haut en bas, essayant de trouver la réponse à ma question sur son corps. Mais rien, aucune réponse de ce côté-là, et puis de toute manière ce n’est pas comme si c’était important, tout ça. Sa dernière réplique me confirme ce que je savais déjà : il n’est pas bien futé, celui-là, et n’a pas une répartie très impressionnante.

« Grand, on dit grand quand on est un gars. Enfin, c’est pas à moi de t’apprendre l’anglais. »

C’est surtout une chose qui m’est insupportable : quand les autres me corrigent de la sorte. C’est sans doute pour cela que je le fais aujourd’hui, parce que j’ai bien envie de faire comprendre à cette personne qu’elle me déplaît — en plus de m’avoir agacée et dérangée dans mon espionna… Dans ma surveillance.

« Et puis ouais, terminé-je dans un soupir, t’es assez grand pour aller où tu veux, certainement. D’ailleurs, je ne te retiens pas. »

D’un geste, je désigne le bout du couloir — en direction du reste du château, pas de l’endroit où se trouvaient Elowen et Sildnir. Une fois qu’il sera parti, oserais-je retourner là-bas ? Y parviendrais-je sans faire de bruit ? Et surtout, Zikomo me laissera-t-il faire ? Je sens aux mouvements de ses oreilles qui me chatouillent les joues qu’il commence à perdre patience. Enfin, c’est du moins ainsi que je me plais à le comprendre. Zikomo est vieux de mille ans, il ne perd pas patience facilement, mais il sait me faire comprendre quand la situation ne lui plait guère. J’espère seulement qu’il ne va pas m’interrompre et attirer l'attention de l'Autre sur lui, je déteste ça. Les Autres le trouvent tellement attendrissant qu’ils lui parlent comme si je n’existais plus. C’est agaçant.

18 déc. 2021, 15:09
Le pire des vices  PV 

Si je vis dans un monde aux limites finies, connues,
d'autres existent ailleurs, infinis, multiples,
complexes, riches, foisonnants, merveilleux.
Les auteurs sont les passeurs, leurs livres
les portes qu'ils nous proposent de franchir.

-Pierre Bottero-



Le Veaudelune est une créature timide et inoffensive. Ils sont présent dans le monde entier, mais on les retrouves particulièrement dans les zones isolées. Les Veaudelunes restent toute leurs vies ou presque dans leur terrier. Ils ne sortent qu'une fois par mois à la pleine lune, se réunissent et dansent. Comme à dit la fille. Leur traces de pas pendant leur Danse forment des figures sur le sol. Tu en as déjà vu, enfin tu crois, mais tu ne te rappelles pas vraiment quand ni à quelle occasion. Il paraît que c'est très beau comme animal, tu aimerais beaucoup en voir un, un jour. Tu en as vu en photo bien sur, et la plupart des gens décriraient cette créature comme étrange, bizare et presque malformée. Mais toi tu aimes bien. Quand tu étais plus petit tu avais fait une fixation sur les Veaudelunes, au point que ta mère ne savait plus quoi faire pour que tu penses à autre chose. C'est pour ça qu'aujourd'hui tu sais tant de choses sur eux. Peut-être es-tu vraiment comme eux, peut-être que la fille a vu ce que personne d'autre n'avais vu avant elle, une âme de Veaudelune dans un corps de sorcier mal dans sa peau. Tu as presque l'impression de comprendre ses créatures, tu te sens proches d'eux et pourtant tu n'en a jamais rencontré. C'est étrange.

Tu secoues la tête, tes pensées s'infiltrent souvent dans des recoins de ton esprit ou tu peines à les repêcher ensuite. Cela t'arrive souvent, trop souvent à ton goût. On se fiche totalement des Veaudelunes, et puis le renard étrange de la fille te fixe et elle te reprends. Tu n'es pas vexé qu'elle te corrige de la sorte, et seule une partie de sa phrase s'installe dans ta tête déjà bien trop pleines de choses inutiles comme le fait que les Veaudelunes sont classifiés XX pour le Ministère de la Magie.

Un gars. Toi. Un gars, enfin un garçon, un homme, un mâle... Le pire c'est que ça ne sonne pas faux, ça sonne même plus juste que tout ce que tu as entendu dans ta vie. Une fille. Ce mot là s'accorde plus difficilement avec l'idée que tu te fais de toi, un peu comme deux pièces d'un même puzzle mais que l'on ne peux pas accrocher ensembles car la première pièce est un coin gauche et la deuxième est un bord de droite. Alors que garçon. Gars. Tu as l'impression que les deux pièces s'emboitent tellement plus facilement. Toutes ces réflexions te perturbent, ton cerveau s'affolle et tente de démêler les informations beaucoup trop vite, cela te fais mal à la tête. Tu ne comprends pas, tu ne comprends rien en fait. Ce genre de pensées sur qui tu es vraiment sont déjà venues te hanter mais jamais encore elles n'avaient pris une forme aussi précise. Tu aimes beaucoup lorsque l'on te prend pour un garçon, cela t'arrives souvent, mais au fond ça ne veut rien dire n'est-ce pas ?

La fille t'interpelle à nouveau, elle veut que tu partes. Non elle veut partir. Tu ne sais pas, enfin plus. Tu t'en fiches.
Tu ne peux pas être un garçon, ce que tu as entre les jambes te le prouve bien non ? Ta poitrine qui grossit, grandit, beaucoup trop à ton goût, c'est une preuve aussi. Tu n'es pas un gars, tu es une fille... tu es une fille...une fille.

- Je suis pas un gars je suis une fille ! Je. Suis. Une. Fille. T'y connais rien.

Tu as parlé beaucoup trop fort, tes mots ont sonnés beaucoup trop faux, comme si pour sortir de ta bouche ils t'avaient écorché tout le corps en passant pour atteindre tes lèvres. Trop faux... Tu ne sais plus rien. Et ça t'agace.

Plume d'Eden (iel-ael-il + accords neutres ou masculins)
5éme année RP 2047-2048 Parrain de petit.e.s ourson.ne.s
Les étoiles veillent sur toi

28 déc. 2021, 01:26
Le pire des vices  PV 
Aelle ne fait pas preuve d'une très grande compréhension, déjà parce qu'elle n'a pas compris le coeur du problème mais aussi parce qu'elle n'est absolument pas concernée ni même renseignée sur le sujet — et que même si elle l'était, elle ne serait pas franchement plus compréhensive. Bref, ses pensées d'adolescente non renseignée et peu mature ne sont pas les miennes, je tenais seulement à le préciser.


Mon regard se balade quelque part à l’autre bout du couloir, tout comme mes pensées qui sont bien plus intéressées par Elowen que par ce petit bout de garçon qui n’a pas grand chose de bien passionnant. Je sais qu’il est encore là, je ne perds pas le cours de la conversation, je ne me perds pas dans mes propres pensées ; je garde le contrôle sur mon environnement mais mon coeur appelle ardemment une autre autre destination. Je soupire doucement, ouvre la bouche, prête à dégager l’élève un peu plus violemment pour qu’il se décide enfin à bouger mais c’est trop tard. Il bouge.

Un ramassis brouillon de mots sort de sa bouche et me percute soudainement, ramenant mes yeux sur lui. Je scille. Un battement de paupière rapide, un froncement de sourcil. *Hein ?*. Je ne comprends pas ce qu’il me dit. *Quoi ?*. Je ne comprends pas pourquoi son ton s’envole, pourquoi il a l’air bouleversé soudainement. *Il est vexé ?*.

Je ne comprends pas… Et je m’en fiche ; son ton est bien trop fort, sa voix se répercute sur la pierre du château. Je me mords la lèvre, inquiète à l’idée qu’Elowen et Sildnir nous entendent. Je tourne la tête dans leur direction, vers là-bas, même si je ne peux pas les apercevoir de ma position. Le monde reste en suspend quelques secondes, le silence faisant un bruit infernal dans mes oreilles. Quelques secondes, le temps que je sois certaine qu’aucune des deux ne déboule soudainement. Puis enfin, je relâche la pression et accorde mon attention au garçon. À la fille. Au garçon ?

C’est quoi, son fichu problème ? Un désagréable sentiment s’installe dans mon corps. Un vilain sentiment qui fait son nid dans mon coeur et me fait plus encore froncer les sourcils. *M’suis trompée*. Bordel, le goût de l’échec est dégueulasse ! Oui, je me suis trompée et je déteste cela. Ce n’est pas un garçon, c’est une fille. En même temps, comment aurais-je pu deviner, hein ? C’est de sa faute de toute façon. C’est quoi cette dégaine qu’il a ? *Qu’elle a, putain*. Un style qui induit en erreur, une voix fluette d’enfant, comment aurais-je pu deviner que c’était une fille, moi ? Et en plus, il va me le reprocher, c’est ça ? Me reprocher de m’être trompée, alors que ce n’est franchement pas de ma faute. Puis il a l’air d’être le premier à faire l’erreur. Elle est la première à la faire. « Je suis grand… Euh grande ! ». Si lui-même n’est pas sûr de ce qu’il est, comment moi pourrais-je l’être ?

« J’m’en tape que tu sois un mec ou une fille, répliqué-je sur un ton agacé. Et vu ta dégaine, me reproche pas de m’être gourée, je peux pas deviner, hein. »

Je lui lance un regard sombre, sincèrement énervée par sa réaction. Ce qu’il peut être susceptible… Je peux bien comprendre que ça l’agace qu’on le prenne pour ce qu’il n’est pas, cela m’agacerait aussi que l’on me sorte du mon gars alors qu’il est évident que je suis une fille, c’est comme ça depuis toujours, c’est clair et net. Par contre, ce n’est pas une raison pour se défouler sur moi. Ce n’est pas de ma faute si tout le monde doit commettre l’erreur. Ce n’est pas de ma faute et cela ne m’importe que peu. Il faut seulement être lucide, un peu. Et assumer ses propres choix. Cette idiote ne peut pas reprocher au monde de la confondre avec un garçon quand elle a un style et une coupe de cheveux qui correspondent aux stéréotypes de la masculinité.

« Et à partir du moment où moi-même je suis une fille, je peux que m’y connaître je te signale. »

Et puis pourquoi est-ce que je me fatigue avec cette histoire, d’abord ? Ce n’est pas comme si ses petits états d’âme m’intéressaient de toute manière. Je n’ai pas demandé à me retrouver coincée dans un couloir à discuter avec un garçon qui… Avec une fille qui prend la mouche à la moindre petite erreur. Et je n’ai pas non plus demandé que l’on pointe les erreurs que je fais, quelle qu’elles soient.

13 mars 2022, 18:06
Le pire des vices  PV 

L'inquiétude a planté en.lui ses racines,
germé comme le figuier des montagnes, coriace
et résistant. Cela passera peut-être un jour.
Peut-être pas..

-Clara Dupont-Monod-





Un mélange de confusion et de gêne tourne dans ta tête et chauffe comme dans un grand chaudron. Les paroles que la fille prononce viennent rajouter une pincée de colère à la préparation. Tu ne sais plus ou tu en es, tu ne sais plus qui tu es, ce que tu fais là. Tu voudrais mettre sur pause tout ça, appuyer sur un bouton off dans ta tête et arrêter de réfléchir tout simplement, arrêter de penser. Que cette fichue potion cesse de mijoter, que tu puisse poser un couvercle dessus et l'oublier ne serais-ce que quelques instants.

Tu te mets à pleurer sans même t'en apercevoir. Pourquoi est-ce si dur ? De savoir si tu es une fille ou un garçon, d'assumer que tu n'en sais rien, que tu donnerais tout ce que tu as pour savoir ce qui cloche chez toi.
Ce qui cloche chez toi.
Cloche chez toi.
Chez toi.
Toi.

C'est toi le problème comme d'habitude, ce n'est pas quelque chose qui cloche, c'est tout, tout ton corps, tout ton esprit cloche.
What's the fuck is wrong with you? Cette réplique de tu ne sais quel film moldu te tourne encore et encore dans la tête. Qu'est ce qui ne vas pas chez toi ?
Fille. Garçon. Ni l'un ni l'autre. Les deux.
Tu es une fille, tu le sais, tu es censé le savoir. Tu le vois quand tu te regardes, nu dans le miroir, c'est un trou qu'il y a entre tes jambes, pas un truc qui pends. Alors tu es une fille, c'est pourtant simple non ?

Les larmes coulent et tu te hais pour ça, tu voudrais pouvoir les retenir, les faire disparaître. Pourquoi tu n'y arrives pas ? Les larmes sont plus fortes que n'importe quelle barrière, tu le sais bien pourtant. Ta mère te le disait souvent, quand elles ont besoin de sortir, personne ne peut les en empêcher. Mais tu as honte, terriblement honte de ses perles salées qui ornent ton visage pour venir s'écraser dans ton coup.

Tu ne sais pas quoi faire, tu ne sais plus, tu ne sais plus rien, pas même qui tu es.

-Pa-Pardon...

Ta voix transperce les sanglots et tes pieds font demi tour, tournent le dos au Petit Prince et tu t'enfuis. Tes jambes se mettent à courir sans que tu n'aie encore rien demandé, tu ne pourrais pas supporter de rester en compagnie de cette fille une seconde de plus. Ce que tu ne t'avoues pas c'est que tu voudrais pouvoir fuir ta propre compagnie, t'évader de ton propre corps, laisser ton esprit voler loin, loin au dessus du château, au dessus des montagnes, au dessus des nuages.

Tu descend les escaliers à toute vitesse, sans prendre garde aux regards qui se posent sur toi, tu arrives dans ta salle commune, tu montes aux dortoirs, il n'y a personne. Tu t'assois sur ton lit, prends ton coussin et enfouis la tête dedans.
Tu hurles. Tu hurles comme tu n'as jamais hurlé. Le coussin étouffe le bruit mais dans ta tête les hurlements résonnent bel et bien.
Et tu pleures, tu sanglote, tu laisse sortir les larmes et les cris.
Tu prie ce Dieu en lequel tu ne crois pas, tu le prie de te faire disparaître.

Juste Disparaître.




Note de la Plume d'Eden à l'attention de celle d'Aelle : @Aelle Bristyle Comment m'excuser.... Mon retard est impardonnable, je suis vraiment désolé, le temps à filé et ma motivation à été rudement mise à l'épreuve. Cette Danse prends fin ici pour mon petit Eden. Je ne sais comment te remercier d'avoir accepté de Valser avec moi, ce fut un immense honneur d'écrire en ta compagnie. Merci pour tout, prends soin de toi <3

Plume d'Eden (iel-ael-il + accords neutres ou masculins)
5éme année RP 2047-2048 Parrain de petit.e.s ourson.ne.s
Les étoiles veillent sur toi