La voie 9 ¾ était bondée de monde, une marée humaine qui fourmillait de partout entre les parents tirant leurs enfants par le bras pour le mener jusqu'au Poudlard Express et des élèves surexcités de retrouver leurs camarades. On pouvait aussi apercevoir quelques enfants aux yeux pleins d'étoiles qui regardaient tout autour d'eux avec grand intérêt : des élèves qui changeaient la couleur de leur crapaud en jaune soleil, d'autres qui portaient déjà fièrement leur robe de sorcier avec un insigne accroché sur le torse indiquant "préfet" ou encore des parents qui faisaient léviter les bagages de leur enfant jusque dans les wagons du Poudlard Express. Mais malgré la joie et l'excitation des plus jeunes, une atmosphère nerveuse et électrique flottait dans l'air, comme s'il suffisait d'un seul mot de travers pour que tout explose. Les uns et les autres se regardaient en chien de faïence pour une question de statut de sang, notion encore nébuleuse pour le jeune Senku qui avait du mal à comprendre en quoi le fait d'avoir des ancêtres sorciers ou moldus regardaient qui que ce soit.

« Senku ! Ne me lâche pas la main je t'ai dit. Le jeune garçon regarda sa mère avec une moue mécontente tandis qu'elle lui agrippa sa main gauche. Il y a beaucoup de monde, je refuse que tu rates ton train à cause de ton esprit distrait. »

Encore et toujours des reproches. La mère et le fils avaient beau s'aimer de tout leur être, ça a toujours été comme ça entre eux. L'éducation japonaise qu'avait reçue Hanako faisait d'elle une femme stricte pour qui la perfection était la seule et unique option possible, le reste n'était qu'échec. Malheureusement pour elle son fils était loin d'être l'enfant parfait qu'elle avait pourtant voulu modeler, surtout depuis sa récente crise de pré-adolescent qui l'avait rendu encore plus indiscipliné et insouciant. Senku grommelait dans son coin, en regardant ses pieds. Pour le garçon de douze ans qu'il était, tenir la main de sa mère en public était la honte totale. Ce n'était pas comme ça qu'il risquait de se faire des copains si les gens le voyaient comme un fils à maman. Se frayant un chemin dans la foule, ils arrivèrent enfin devant le Poudlard Express. L'enfant jetait plusieurs regards agités à travers les passants.

« Okāsan¹, où est Mommy² ? Elle avait dit qu'elle nous rejoindrait... » demanda-t-il.

Le regard de Hanako était fuyant, elle savait qu'Ellie ne viendrait pas. Quand ils étaient partis de la maison pour rejoindre Londres, la femme avait prétexté qu'elle devait prendre une douche avant et qu'elle les retrouverait plus tard à la gare. En vérité, Hanoko savait qu'elle avait encore une fois trop abusé de la bibine et qu'elle ne viendrait pas, trop soûle pour faire le trajet. Senku compris, il avait appris à déchiffrer ses réactions, malgré le talent qu'elle avait pour dissimuler ses émotions. Il fit un haussement d'épaule, prétextant que ce n'était pas grave. Senku était comme ça, il avait trop de fierté pour avouer que sa propre mère allait rater son départ pour sa première rentrée à Poudlard, mais aussi un cœur trop sensible pour ne pas montrer que ça ne le touchait pas. Hanako prit le visage du garçon entre ses mains, qu'elle embrassa de chaque côté.

« Neko-kun³... Je suis persuadée que si elle avait pu elle serait venue. Je lui dirai de t'envoyer un hibou pour laver son affront et je la priverai de rāmen pendant un mois. Senku laissa un petit sourire lui échapper et enlaça sa mère. Allez, va mon petit sorcier, rends tes deux mères fières de toi. »

« Pfff, je suis sûr que c'est déjà le cas. Enfin, regarde-moi ! » rétorqua-t-il en riant.

Hanako pouffa en secouant la tête et le jeune garçon disparu dans le Poudlard Express. Il se fraya un chemin entre les élèves, allant de wagon en wagon. Ne sachant trop où aller et vers quelle personne se tournait pour commencer à se faire des copains, il s'installa dans un compartiment vide en espérant que des gens allaient bientôt le rejoindre. Poudlard allait être ennuyeux sans amis, il avait hâte de faire ses premières rencontres. Le front collé à la vitre, il espérait encore naïvement voir la crinière brune de sa mère, Ellie, se frayait un chemin en poussant tout le monde pour lui faire un dernier au revoir. Cinq minutes s'écoulèrent sans que rien ne se passe, il souffla et s'avachit sur son siège. Ça y est, il y était, Poudlard à portée de mains.

Arc I: Début des troubles

Poudlard Express, Gare de King's Cross,

1er septembre 2045

Elizabeth Merrow et @ Senku Nightingal

Sur le quai 9^3/4 la jeune fille se cachait derrière son père qui poussait le chariot, rempli de bagages. Elizabeth était très excitée à l'idée de pouvoir étudier dans la plus grande école de magie de Grande-Bretagne, mais le jour J enfin arrivé, elle avait peur. Il y avait beaucou trop de monde sur le quai. Beaucoup se connaissait et riait ensemble, tandis que les parents, stressés, se dépêchaient de faire monter les valises de leurs enfants dans le train. Jack Merrow accompagnait sa fille, en ce jour si important pour elle. Sa mère par contre, Meghan, avait du travail, et n'était pas venu. Elizabeth savait pertinement que, même si Mrs. Merrow était en vacances le 1er septembre, elle ne serait pas venue au départ de sa fille pour Poudlard. La jeune fille avait une mauvaise relation avec sa mère, même si elle la respectait et l'admirait profondément. Cependant, elle n'arrivait pas à lui parler. Elle ne lui adressait presque jamais la parole, ou si c'était le cas, ce n'était que de vague réponses. Perdue dans ses pensées, Elizabeth ne vit pas son père s'arrêter, et lui rentra dedans. Elle écarquilla les yeux, surprise et s'excusa en bégayant:
- Ex... excuse-moi ! Je.. je n'arrête pas de réfléchir depuis tout à l'heure en me perdant dans ma bulle...
Jack soupira et s'accroupit devant sa fille, afin d'être au même niveau qu'elle:
- Elizabeth Morgan Merrow... Aujourd'hui est le début d'un nouveau départ pour toi, un nouveau chapitre dans ton histoire s'écrit. Je comprends que tu sois stressée, mais prends le temps de respirer... Tu es toute pâle. Suis ma respiration... Inspire *inspire* expire *expire*... Inspire *inspire* Voilà, comme ça ! Expire *expire*...
La jeune fille respira au même rythme que son père, et se détendit un peu. Elle regarda son père dans les yeux, et comprit qu'il était presque l'heure de se séparer. Elle admirait beaucoup son père, et aimait passer du temps avec lui, même rester avec lui sans parler. Il dégageait une aura protectrice que la jeune fille aimait. Elle n'avait jamais fait de câlins à son père, peut être parce que ce dernier avait beaucoup de fierté ? Elle se contenta de balbutier:
- Je... Mer.. Merci...
Jack se releva et ébouriffa les cheveux de sa fille en signe d'affection:
- Il est temps pour toi d'écrire ce nouveau chapitre à ta guise... En parlant d'écriture, j'attendrais tes hiboux avec impatiente, mais je ne te promets pas de te répondre très rapidement, ou du moins, si tu souhaites des lettres longues et complètes de ma part...
Elizabeth regarda son père, les yeux pleins d'étoiles et acquiesça. Il était temps pour elle de jeter les dés de son avenir.

***

La jeune fille marchait dans le train, pétrifier de terreur. Son père ne pouvait venir avec elle, et elle devait donc se débrouiller à partir de maintenant. Elle avançait, tremblante, dans l'espoir de trouver une cabine vide, où elle pourrait se réfugier. Par malheur, elle se fit bousculer et tomba dans une cabine occupée.
- Outch !
Elle était tombée au pied d'un garçon avachit sur une banquette. Elle se revela avec difficulté et lui dit:
- Excuse-moi d'être entrée comme une brute... Des personnes m'ont bousculé...
Elle resta debout, tremblante, se demandant que faire. Rester ou partir ? Telle est la question.

J'espère que ce pas te conviens ! N'hésite pas si quelque chose ne va pas !

Déception, colère, tristesse, piqué dans sa fierté, inquiet. Le jeune Senku était envahi par tout un flot d'émotions. Avachi sur son siège, les bras croisés et tirant une tête de six pieds de long, il ruminait. Comment sa propre mère avait-elle pu l'abandonner en un jour si important ? Enfant de sorcières, il n'avait jamais mis les pieds dans une école, suivant des cours à domicile avec une préceptrice qu'okāsan avait engagé pour lui donner des cours d'anglais, de maths et parfois même sur quelques bases magiques. Mais jamais il n'était entré dans une salle de cours, avec un professeur et des camarades. C'était une première pour lui. Pire même, il allait passait plusieurs mois en internat là-bas, séparé des siens. Et vu la situation à Godric's Hollow avec le Conseil des sorciers au pouvoir, il savait pertinemment que ses mères ne le laisseraient pas revenir à la maison pour les vacances. Toutes ces pensées ne faisaient qu'accentuer son mal-être moral, faisant s'agiter nerveusement son pied gauche. Il aurait juste aimé qu'elle soit présente, que ses deux mères soient présentes pour le voir prendre le Poudlard Express et leur dire un dernier au revoir avant de ne les revoir Merlin seul sait quand.

Dans sa bulle, Senku ne faisait guère attention à ce qui l'entourait : l'agitation de l'autre côté de la vitre sur le quai, les enfants et adolescents qui passaient et se bousculaient dans les couloirs du train. C'est un gros boum qui le fit sortir de son accablement, un bruit sourd comme si quelque chose venait de tomber juste à côté de lui.

« Outch ! »

Son regard se porta sur la silhouette qui était brusquement apparu à ses pieds. Il vit une jeune fille, sur le sol. Ses longs cheveux bruns tombant sur son visage, il ne parvenait pas à bien la distinguer et à apercevoir son visage. Essayant de comprendre comment une fille avait bien pu tomber à ses pieds – certes, c'était un garçon au charme ravageur mais de là à faire succomber une fille sans dire un mot, cela lui échappait – il leva les yeux pour essayer de comprendre la scène. Deux filles et un garçon, à peu près de leur âge se tenaient dans l'entrebâillement de la porte en pouffant de rire face à l'inconnue étalée sur le sol.

« Excuse-moi d'être entrée comme une brute... Des personnes m'ont bousculé... » dit l'inconnue d'une voix qui semblait confuse et accentua le ricanement des trois autres.

Voilà, donc qui expliquait le caquètement de ses trois hyènes. Senku se leva de son siège pour aider la jeune fille brune à se relever puis il s'avança de l'entrée du compartiment, lançant un regard noir au groupe des trois qui semblait toujours être amusé par leur petite blague.

« Hey, les trois nazes ! Ça vous fait rire ? Vous avez quoi ? Cinq ans d'âge mental pour encore faire ce genre de blagues nulles ? »

Les trois oiseaux regardaient Senku sidérés, se demandant sûrement quelle mouche avait pu le piquer pour s'énerver aussi vite pour ce qu'ils considéraient comme une "broutille". Ils n'eurent pas le temps de répliquer que le garçon leur ferma la porte du compartiment au nez en leur criant qu'il était complet et que de tout façon il n'accueillait pas trois gros nazes de leur espèce. Sa scène terminait, il revient s'asseoir à sa place, exactement dans la même position qu'il était précédemment. Senku n'était habituellement pas aussi virulent et dramatique, mais son impulsivité cumulée avec toutes les émotions que le rongeaient depuis son entrée dans le train avait éclaté face à cette injustice. Soufflant un bon coup, comme pour tenter d'expulser tous ses démons, il finit enfin par reporter son attention sur la jeune fille qu'il venait de prendre en otage dans son compartiment.

« Ça va ? » lui demanda-t-il d'un ton relativement calme comparé au monstre qui avait pris possession de lui plus tôt.

Le garçon réagit de manière assez surprenante, aux yeux d'Elizabeth. Il l'avait défendu. Confuse et agréablement surprise, la fillette regarda sans dire un mot, l'inconnu dégager les idiots qui l'avait bousculée. Comme s'il ne s'était rien passé, il se rassit, exactement dans la même position quelques minutes auparavant, et lui demanda si ça allait. La jeune Merrow le regarda, sidérée par ce changement brusque de ton de voix. Ce garçon était étrange ? Non, plutôt spécial. Elle l'observait, avant de se rendre compte qu'il lui avait posé une question.
- Ça va... marmonna t-elle en guise de réponse, gênée par le temps de réaction de sa part.
Elle s'adossa contre la porte de la cabine, et regarda le garçon en se mordillant les lèvres: pourquoi l'avait-il aidé ? Elle n'était qu'une simple inconnue à ses yeux qui venaient de se faire bousculer par des idiots. Si une personne s'était fait bousculer, Elizabeth allait simplement l'aider à se relever, lui demander si ça allait et lui dire que les personnes qui l'avait bousculé était des abrutis. Elle n'aurait jamais le courage de s'énerver contre des inconnus, elle aurait trop peur. Un léger sourire apparut aux lèvres de la jeune fille, pensant à ce que venait de dire le garçon. La fillette le connaissait à peine, mais admirait déjà son courage et son caractère. Elle soupira et lui demanda:
- Merci de m'avoir aider, mais pourquoi au juste ? Je ne te connais pas, tu ne me connais pas... Personne ne m'aide. À part lui, mais plus maintenant...
Elle avait murmurer ces derniers mots. En effet, son meilleur ami moldu au nom de Lyam était la seule personne qui l'aidait, que ce soit à l'école ou dehors. Malheureusement, il n'était pas sorcier, il n'avait pas de magie en lui et ne pouvait donc venir à la prestigieuse école de sorcellerie. Elle se gratta la nuque, s'assit en face de lui et continua:
- Je vais rester ici, si ça ne te dérange pas... D'ailleurs, c'est Elizabeth. C'est ma première année à Poudlard, et comme tu as pu le constater, ça commence mal.
Cela ne l'étonnait pas vraiment. Depuis que son père était parti, elle se sentait fragile et faible. Sans personne à ses côtés, elle était vulnérable. Rester avec le garçon qui venait de la sauver de trois stupides élèves, était la meilleure solution qui s'offrait à elle. Elle tâta ses poches avant de trouver son carnet à dessin. Elle l'ouvrit et commença à dessiner le garçon qui était devant elle.
- Je dessine... Je te dessine plus précisément... J'ai des problèmes de mémoires, et j'aimerai bien me souvenir de toi, au cas où si ma mémoire me joue à nouveau des tours... Si tu es d'accord, bien sûr...

@Senku Nightingal excuse moi pour le délai de réponse ainsi que la qualité du post . Si quelque chose ne va pas, ma volière est ouverte ! D'ailleurs un hibou devrait bientôt arriver...

Est-ce qu'il en avait fait trop ? Assis, ou plutôt avachi sur son siège, le garçon réalisa enfin ce qu'il venait de faire. Son impulsivité avait toujours été l'un de ses plus gros défauts. Esclave de ses sentiments, il réagissait bien trop souvent de manière démesurée quand ses émotions s'amusaient à jouer au yoyo dans son esprit. Se redressant sur son siège, il jeta un regard à la jeune fille. Par Merlin, elle avait dû le prendre pour un fou. Ma foi, ça ne lui changerait pas de d'habitude : soit les gens adoraient Senku et son caractère extravagant, soit ils ne l'aimaient guère, le jugeant bien trop immature, puérile et étrange. Il tenta d'identifier une émotion sur le visage de l'inconnue, mais elle semblait perplexe jusqu'à ce qu'un sourire illumine son visage. Elle le remercia et voulu savoir pourquoi il avait agi de la sorte. Et sa dernière phrase... Lui ? C'était qui ça ? Il fit mine qu'il n'avait pas entendu les marmonnements de la jeune fille, ça lui avait sûrement échappé, ça lui arrivait à lui aussi, alors pas de quoi en faire toute une histoire. Cependant, il ne put s'empêcher de garder ça dans un coin de sa tête, peut-être pour lui poser la question plus tard, afin d'éviter les blancs gênants qu'il détestait.

« J'sais pas, ça me semblait... juste. Puis c'est pas parce qu'on s'connaît pas que je vais pas t'aider. C'étaient des gros nazes, ils t'ont fait tomber, c'était pas cool, bam, karma. »

Il haussa les épaules avant de s'enfoncer dans son siège, les bras derrière la tête et un sourire fier collé sur le visage. Juste. Karma. Des mots qu'ils avaient emprunté à sa mère, Ellie, une véritable justicière qu'il avait prise pour modèle. Sûrement une autre des explications à son comportement précédent, un moyen qu'il avait trouvé pour se rapprocher de sa mère en l'imitant. L'inconnue bougea enfin, prenant place en face de lui. Il secoua la tête négativement à ses mots, pour la rassurer sur le fait que sa présence ne la dérangeait en rien, au contraire même, Senku détestait la solitude. La brune finit enfin par dévoiler son identité : Elizabeth, une première année, comme lui. Le garçon se redressa sur son siège pour faire une petite révérence désuète et exagérée avant de se présenter à son tour.

« Senku, pour te servir ! C'est ma première année aussi à Poudlard. Puis roh, "ça commence mal"... répéta-t-il avant d'afficher un sourire amical dévoilant toutes ses dents – pas toutes alignées d'ailleurs. J'suis là maintenant, ça ne peut que bien se passer. »

Senku et sa prétention, toute une histoire. Certains voyait cela comme une grande confiance en soi tandis que d'autres comme de la vanité mal placée chez le garçon. Mais lui ça le faisait rire, puis fallait dire qu'il était génial aussi. Cependant, le garçon perdit toute aisance quand Elizabeth sortit un carnet et commença à le dessiner. Le garçon sûr de lui et décontracté se transforma tout à coup en une statue. Mal à l'aise, il avait une expression étrange sur le visage, un mélange entre la gêne et un "nan mais tout va bien Senku, agit normalement, tout va bien se passer".

« Ah euh, tu me dessines, non non... ça me dérange pas. Alerte, mensonge. Et puis ça serait dommage d'oublier un aussi beau visage. Rire gêné et nouvelle blague pour faire face à une situation où il n'est pas du tout à l'aise. Il change de tactique et tente le détournement de sujet. Des problèmes de mémoire ? Ah euh, comme les vieilles personnes, tu veux dire ? Enfin, nan ! C'est pas ce que je voulais dire. Je euh... »

Bravo, crétin, tu viens de la traiter de grand-mère. C'était rare pour lui mais le jeune Senku ne savait plus où se mettre. En moins de dix secondes il venait d'entacher son image de brave chevalier magnifique, passant désormais pour un idiot maladroit au visage de troll à cause de la gêne sur son visage qu'il essayait de dissimuler avec des grimaces étranges. C'était peine perdu, Elizabeth devait désormais être en train de le dessiner en troll.

Bof, bof ce post, désolé. Hésite pas si tu veux que je modifie un truc.

Elizabeth dessinait certains traits du dénommer Senku, jusqu'à ce qu'elle l'entendit mentionner "vieilles personnes". Elle ferma son carnet et explosa de rire: généralement, elle faisait plus jeune que son âge, mais là, la comparer à des personnes âgées la faisait rire. Elle se calma, mais laissa cependant un léger sourire aux lèvres:
- Eh bien, oui, tu peux me comparer aux vieilles personnes. C'est la première fois qu'on me dit ça d'ailleurs, d'habitude les gens que je croise sont plus du genre "oh mais tu as 11 ans ? Je t'aurai donner maximum 9". Eh oui, pour info, j'ai des trous du mémoire quotidien, mais je m'y fais. Et ça m'arrive d'oublier une personne... Par exemple un moment j'étais en pleine discussion avec quelqu'un, jusqu'à ce que je réalise que je ne le connaissais absolument pas... Enfin bref.
L'amnésie était un de ses plus gros problèmes. Il fallait qu'elle travaille sur sa mémoire parce qu'étudier avec ce désavantage allait être compliqué. Elle remarqua que lorsqu'elle le dessinait, il était assez mal à l'aise, chose que la jeune fille pouvait comprendre: si quelqu'un d'inconnu arrivait et lui disait: "Hey ! Je te dessine parce que je risque d'oublier ton visage", la première année était sûre qu'elle aurait afficher une magnifique grimace.
- J'ai fini, et t'en fais pas, c'est juste un simple croquis, la forme du visage, yeux, bouche, nez et cheveux. Enfin les particularités physiques de base.
Elle lui tendit son carnet pour qu'il puisse observer le résultat. Ayant prit l'habitude de dessiner des personnes ou des paysages, les croquis étaient un jeu d'enfant pour elle. Bien sûr, Elizabeth n'était pas peu fière de son coup de crayon, talent qu'elle tenait de son père. À vrai dire, elle prenait exemple sur Jack Merrow dans toutes les catégories: que ce soit sur le dessin ou sur ses avis. Elle admirait énormément son papa, et ne voulait jamais le décevoir. Les dessins de Jack étaient bien plus impressionnant que ceux de sa fille, mais Elizabeth était persuadée qu'elle allait le dépasser. C'était le destin de chaque enfant, être meilleur que leurs parents.
- J'ai dessiné énormément de lieux, personnes, créatures... lui dit-elle en regardant son petit carnet. Sauf moi. Pourquoi ? Parce que je veux me dessiner telle que je suis, enfin... Me dessiner telle que je me verrai... Je pense que mon physique et ma psychologie ne collent pas; c'est bizarre de dire ça, je sais... Mais au moins j'ai un objectif abstrait dans la vie: me trouver réellement.
Elle allait certes passer pour une folle aux yeux du garçon, mais c'était sa vision de la vie, son objectif à elle. Se trouver. Elizabeth n'allait pas philosopher très longtemps, ce n'était pas une conversation très intéressante pour des enfants de 11 ans. Son corps ne lui convenait pas, elle ne saurait dire pourquoi. Mais elle allait devoir faire avec, pendant toute sa vie. Chaque personne n'a qu'une seule vie. Il fallait qu'elle rentabilise cette chance au maximum, quoi qu'il advienne.
- Mais c'est mal parti... soupira la première année en fermant les yeux. Encore...


Ce retard et la qualité de ce post ... Désolée... si quelque chose ne va pas, hésite pas !

Attendant de se faire hurler dessus comme la fois où il avait tenté de pénétrer dans le bureau d'okāsan, Senku avait la tête rentrée dans les épaules. Il venait de traiter Elizabeth de grand-mère à cause de ses problèmes de mémoire, la subtilité était loin d'être l'une de ses qualités, bien au contraire. Elle ferma son carnet, mauvais signe, et alors qu'il s'attendait à voir une grimace ou un froncement de sourcil sur le beau visage de la jeune fille, celui-ci se fendit d'un large sourire tandis qu'elle riait de bon cœur. Le temps s'arrêta soudainement et tout échappait au garçon. Hein ? Qu'est-ce qu'il était en train de se passer ? Nerveusement, il se mit à rire à son tour, comme pour faire croire qu'il contrôlait parfaitement la situation. Puis il se tue et écouta d'un air grave le récit d'Elizabeth. Tout sourire avait disparu sur le visage des deux enfants, tandis qu'elle paraissait mélancolique et lui compatissant.

« Je... J'suis désolé, je voulais pas te traiter de mamie. Mais tu peux vraiment oublier quelqu'un ? J'veux dire totalement ? »

Le jeune Senku, qui avait pourtant un visage toujours souriant et espiègle, arborait une mine triste et inquiète aux mots de la jeune fille. Oublier quelqu'un, cela était une idée insupportable pour lui. Et s'il oubliait un jour Lewis, et pire ses mères ? Cette pensée le marqua au plus profond de lui et il se sentit soudainement désolé et attristé pour Elizabeth.

« Ça t'est déjà arrivé d'oublier tes parents ? »

Il ne put s'empêcher de poser la question même si au fond il savait que cela pouvait être indiscret ou même indélicat envers elle. Mais il avait égoïstement envie de connaître la réponse, même si elle pouvait l'effrayer affreusement. Le regard songeur et l'esprit perdu dans ses pensées, le carnet qu'Elizabeth lui tendit le fit revenir sur Terre, tandis qu'il essayait de chasser ses drôles d'émotion de son crâne. Senku attrapa le carnet entre ses mains et ses yeux bleu foncé examinèrent la page. La jeune fille avait vraiment beaucoup de talent pour son âge, si bien qu'il parvenait à se reconnaître à travers ce croquis au crayon. On pouvait facilement le reconnaître par la forme un peu triangulaire de son visage, de ses grands yeux en amande et de sa large bouche étirée en un sourire un peu narquois. Relevant le visage vers la dessinatrice, il lui fit un grand sourire.

« Wow, tu dessines vraiment bien ! Enfin faut dire aussi que ton modèle est vraiment beau aussi mais... C'est super, t'as trop bien dessiné, tu gères ! »

Il tendit le carnet en sa direction, pour lui rendre son chef-d'œuvre et il l'écouta raconter la raison pour laquelle elle n'avait jamais réalisé d'autoportrait. Le garçon n'était pas du genre à "philosopher" et à se poser des questions sur son soi intérieur et/ou extérieur, mais il trouvait l'objectif de la jeune fille parfaitement légitime même s'il avait du mal à comprendre ses tourments. Haussant les épaules, il fit une petite moue à la dernière phrase qu'elle prononça.

« Tu sais, c'pas grave de pas ressembler à qui on est vraiment à l'intérieur, le plus important, enfin j'pense hein, c'est justement ce qu'on est là-dedans. Il referma son poing et vint le cogner à deux reprises sur son torse. Puis si ton physique te convient pas, t'es pas obligé de le dessiner lui : dessines-toi comme tu te vois à l'intérieur. »

L'atmosphère semblait un peu morose, il ne voulait pas qu'Elizabeth garde un souvenir triste de leur rencontre – si elle en gardait un –, il mit alors machinalement ses mains dans les poches de sa veste à capuche et farfouilla à l'intérieur. Il en sortit deux paquets de chocogrenouilles et des Fizwizbiz. Pour tenter de lui remonter le moral suite à leur discussion sur la progression encore mineure de l'objectif d'Elizabeth, mais aussi pour se faire pardonner de l'avoir comparé à une grand-mère, il lui tendit ses friandises.

« T'en veux ? »

C'est parfait, don't worry.

Le garçon s'excusa de l'avoir traiter de vieilles personnes, tandis que la fillette lui fit un signe de main pour lui dire que ce n'était pas grave. L'air triste, Senku lui demanda si elle pouvait totalement oublier une personne, et si elle avait déjà oublié ses parents. Elizabeth regarda le ciel et réfléchissait longuement à la question. La seule chose qu'elle pouvait lui répondre c'était que l'amnésie était un concept compliqué. Le cerveau était une partie du corps la plus impressionnante aux yeux de la première année: difficile à comprendre, mais très intelligemment conçu.
- Pour faire simple, c'est que parfois, je ne me souviens pas du début de la conversation, ou carrément comme j'ai pu rencontré la personne à laquelle je parle. Concernant mes parents... Nan, je les connais depuis que je suis toute petite, impossible de les oublier. Enfin, je crois pas. Qui sais ? J'aimerai bien oublier ma mère parfois, rien que pour voir sa réaction.
Elle avait lâché ses derniers mots sans faire attention. Sa mère, Meghan Merrow, était vraiment spécial. Lorsqu'elle était avec sa fille, on pourrait penser qu'elle ne la connait pas. La jeune femme préférait restait à distance raisonnable de son premier enfant, et Elizabeth ne comprenanit toujours pas pourquoi: son petit frère était chouchouté par sa mère. Heureusement qu'elle avait son père. Il n'exprimait jamais ce qu'il ressentait à cause de sa fierté, mais elle savait qu'il ne l'ignorait pas et qu'il essayait de la mettre à l'aise au maximum. C'était probablement ça le rôle d'un père. Mais celui d'une mère, en quoi consistait-il ? Perdue dans ses pensées, Senku la ramena à la réalité en complimentant ses talents de dessinatrice. Elle lui souria avant de répondre, légèrement gênée, mais d'un ton taquin:
- Ahh, merci ! Mais t'as pas vu les dessins de mon père ha ha. Il est bien plus fort que moi. Après, je ne peux nier le fait que mon modèle était très élégant certes...
Elle éclata de rire pendant quelques secondes avant de se calmer et de terminer:
- Je préfère dessiner les paysages ou les créatures magiques. J'ai un peu du mal avec les visages, mais je commence à prendre l'habitude.
Elle écouta attentivement le point de vue de Senku quant à se dessiner telle qu'elle se voyait. D'après lui, le plus important c'était l'intérieur de nous même. Il n'avait pas tort. Le problème était qu'une grande majorité des personnes jugeait sur l'aspect physique. Et la fillette commençait à y faire attention, cela la terrifiait secrètement.
- T'as sans doute raison... répondit-elle en haussant les épaules. Mais je sais pas trop à quoi j'peux bien ressembler de l'intérieur... On verra au cours de mes années à Poudlard...
Elizabeth allait commencer à réfléchir sur elle même, lorsqu'elle vit Senku s'agiter pour chercher quelque chose dans ses poches. Au bout de quelques secondes, il en ressorti des friandises et lui en proposa. Elle accepta en souriant et opta pour des chocogrenouilles. Elle plombait l'ambiance mais lui faisait tout pour que la joie et la bonne humeur revienne parmi eux. En croquant dans son chocolat, elle lui demanda:
- Quand et comment est arrivé ta première manifestation magique ? Je connais celle de mes parents et je les trouve incroyable comparée à la mienne. La première manifestation magique détermine notre puissance ou c'est simplement un signe lambda pour nous dire: toi tu vas à Poudlard ?
Elle était curieuse quant à la magie, la preuve était qu'elle avait fait perdre patiente à son père en le bombardant de question. Peut-être qu'une personne de son âge allait la comprendre et pouvoir lui expliquer son point de vue sans s'énerver ?

Depuis le temps qu'il fallait que je réponde... désolééééeeeeeeee

Le Poudlard Express continuait son long périple, traversant presque tout le Royaume-Uni, quittant la belle capitale de Londres pour rejoindre les Highlands et menait les jeunes sorciers vers l'endroit qui allait les former à devenir des sorciers accomplis. Le chemin était long, mais Senku ne le voyait absolument pas passer. Occupé et fasciné à écouter le vie hors du commun d'Elizabeth et ses trous de mémoire. Assis en tailleur sur la banquette du wagon, ses coudes posés sur ses cuisses, le menton posé sur ses mains, il écoutait avec attention le discours de sa nouvelle connaissance, de comment il lui arrivait d'oublier des choses comme des conversations. Senku fut rassuré quand elle lui apprit qu'elle n'avait jusque-là jamais oublié ses parents, mais il resta troublé quand elle évoqua le souhait d'oublier sa mère pour attirer son attention. Gêné, il ne releva pas, même si sa curiosité lui criait l'inverse : il ne voulait pas paraître trop intrusif. Déjà qu'elle lui parlait de beaucoup de choses à cœur ouvert, il ne voulait pas la brusquer ou quoique ce soit d'autre.

Quand elle le qualifia "d'élégant", Senku ria nerveusement et se frotta l'arrière de la tête, il crut même sentir le rouge lui montait aux joues. Une fois remis de ces émotions, il surenchérit aux mots de la jeune fille.

« Ça doit être cool de savoir dessiner des créatures magiques ! Tu crois que tu pourrais m'apprendre un de ces quatre ? »

Puis Elizabeth se confia davantage sur son elle intérieur, ses doutes sur à quoi elle pourrait bien ressembler si elle se dessinait comme elle se voyait réellement. Des questions parfaitement légitimes pour des préadolescents comme eux qui n'allaient pas tarder à faire leur rentrée dans une nouvelle école avec de nouvelles personnes. Le paraître et l'être, des questions qu'il se posait également, mais qu'il ne creusait pas plus que cela, sûrement encore trop immature contrairement à Elizabeth pour réellement se poser la question. Dans tous les cas, il souhaitait la rassurer, ressentant la détresse qui émanait de ses mots.

« Je t'connais depuis pas trop longtemps, mais je suis sûr que t'es quelqu'un de chouette à l'intérieur. Contrairement aux trois gros nazes de tout à l'heure » il rigola en repensant à la scène de leur rencontre, la colère s'étant finalement dissipée au contact de la jeune fille.

Elizabeth opta finalement pour les chocogrenouilles que Senku lui donna avec joie avant de dévorer avec enthousiasme ses Fizwizbiz. Tandis qu'ils se substantaient de leurs sucreries, la conversation dériva sur un autre sujet : la découverte de leurs pouvoirs magiques. Le garçon perdit soudainement son sourire caractéristique. Fuyant le regard de la jeune fille, il regarda d'un œil distrait la fenêtre de leur wagon où la nuit commençait à tomber lentement.

« J'venais d'avoir six ans et... j'ai mis le feu au livre de ma préceptrice... C'était pas volontaire ! Mais j'étais en colère. Il baissa la tête, presque honteux, il avait peur qu'Elizabeth le voit comme quelqu'un de mauvais. Mais j'espère pas que ça détermine notre puissance, j'veux pas refaire ça. C'était effrayant... »

Il resta silencieux quelques secondes se remémorant la chaleur qu'il avait ressentie au bout de ses doigts et le cri d'horreur de sa préceptrice, mais surtout son regard. La première utilisation de la Magie est censé être des moments d'allégresse, mais pour Senku c'était un peu un traumatisme. Les flammes étaient devenues pour lui source d'angoisse, mais fort heureusement cela ne l'effraya pas de sa magie. D'autant qu'il savait désormais que Poudlard l'aiderait à lui apprendre à bien la maîtriser. Le garçon finit par feindre un sourire, ne voulant pas plomber l'ambiance et encore moins lui donner une mauvaise image de lui, et lui retourna la question.

« Et toi, qu'est-ce que t'as fait brûler ? » demanda-t-il d'un ton sarcastique, en espérant cependant qu'elle n'allait pas lui répondre "le chat" et qu'il ne venait pas de faire une grosse boulette.


Mille ans après, me voilà ! Désoléeeeeee pour ce retard

Entamer un sujet de discussion sur la première manifestation magique n'était pas une bonne idée. En effet, le sourire du garçon venait de disparaître dès que les paroles d'Elizabeth lui avait traversées l'esprit. Il lui raconta qu'il avait, à contre-coeur, mis feu au livre de sa préceptrice, et il semblait être terrifié par son acte. La première année regarda son camarade, les yeux pleins de compassion. Il finit par lui demander, ce qu'elle avait faire brûler, ou du moins, ce qu'il s'était passé pour elle le jour où elle a découvert sa magie. Comme lui, elle n'était pas fière de ce qu'elle avait fait, mais étrangement, son fort intérieur lui disait qu'elle avait bien fait. La fillette était partagée, mais elle savait que son camarade n'allait pas pouvoir l'aider, étant donné qu'il ne connaissait pas le contexte.
- J'avais 10 ans... et j'ai... euh... malencontreusement euh... fait léviter un gros gâteau... et il est tombé sur la tête de mon grand-père...
Gênée et légèrement honteuse, elle se gratta la nuque en affichant un sourire nerveux. Elle n'avait rien fait brûlé, mais si ce n'était pas le gâteau qui était à proximité, mais un gros vase... Est-ce que son grand-père serait toujours en vie à l'heure actuelle ? Horrifiée, elle compris qu'une partie d'elle aurait souhaité que cette possibilité eut lieu. Elizabeth secoua la tête pour faire partir ses idées assez glauques, et rajouta, à l'adresse du garçon:
- J'ai rien fait brûlé... Et pourtant, j'aurais pu tué quelqu'un si on émet pleiiiins d'hypothèses... Donc je comprends tout à fait ce que tu ressens... J'ai pas envie de recommencer moi non plus... Et si ça détermine notre puissance... Je suis vraiment bien partie...
Ses derniers mots étaient pleins d'ironie: elle trouvait que faire léviter un gâteau n'était pas une chose extraordinaire, et que, même dans le domaine de la magie, elle était faible. Pour une fois elle ne souhaitait pas se perdre dans ses pensées et réfléchir longtemps à des questions un peu trop philosophiques pour elle. La première année voulait simplement avoir une discussion normale avec un nouveau camarade de classe. Elle se sentait chanceuse d'être tombée sur lui, il ne fallait pas qu'elle laisse échapper l'occasion de socialiser avec des premières années. Elle tourna la tête en direction de la fenêtre afin d'observer le paysage quelques minutes, avant de se tourner vers Senku et lui demanda:
- Dis, tu veux jouer à un jeu en attendant qu'on arrive à Poudlard ?
Elizabeth pensait qu'il était temps de s'amuser un peu, tout en discutant et en profitant du voyage. Elle n'avait aucun jeux en tête, ou du moins, en avait plusieurs mais avait peur que le garçon les trouve "ringards". Elle préféra attendre sa réponse ainsi que ses réactions pour s'adapter à la situation.

J'ai promis avant le nouvel an chinois, promesse tenue !