Ruby voit que la potion n'avait pas encore fait effet pour le bibliothécaire, ce qui n'est pas si étonnant en soi. Il préfère donc rester au sol et il donne presque immédiatement du soutien à la jeune fille, qui ne comprenait rien à ce qui se passait. Ruby n'est pas très douée à réconforter les autres mais elle voyait qu'il se débrouillait bien alors elle le laissait faire.

Quand il finit de parler, l'infirmière reprend la parole pour plus parler du côté médical de la chose :

- Tout devrait aller mieux pour vous Miss, la potion que je viens de vous faire boire a complètement dissous les effets de ce que vous avez bu précédemment, un philtre de confusion, sans aucun doute.

Elle regarde dans les yeux le bibliothécaire, puis continue :

- Quant à vous, n'hésitez pas à passer à l'infirmerie car prendre des anti-douleurs n'est pas suffisant pour votre cas. Gardez la potion et prenez deux gorgées quand vous souffrez mais espacez suffisamment les moments quand vous la buvez.

L'Ecossaise ne se voyait pas les laisser là mais en même temps, il faut dire qu'elle ne pouvait rien faire de plus pour eux : La situation semblait être dans de bonnes mains et être revenue à la normale.

- Je vais regagner de ce pas l'infirmerie, je ne pense pas que je sois encore utile ici. Au revoir et portez vous bien, dit-elle en souriant légèrement.

Ruby rejoint la sortie de la bibliothèque puis retourne à l'infirmerie. Aussitôt arrivée, elle jette un coup d'oeil à tous ses patients actuels pour s'assurer que leur état n'a pas changé lors de sa brève absence.

Le contact d'une main tiède, presque chaude, sur son épaule et son dos calmèrent les agitations de la jeune fille. Cette dernière, le visage toujours inondé de larmes et de mucus, buvait les paroles des deux adultes, comme une enfant. Un philtre de confusion... Pourtant elle n'avait pas bu de potion... Irene essaya de s'accrocher au regard fuyant du Bibliothécaire pendant que l'infirmière s'éclipsait. L'homme lui assurait qu'elle n'était pas folle, qu'elle était tout à fait saine d'esprit. C'était lui qui essayait de la réconforter par le contact de sa main, pourtant son ton était monotone et Irene ne parvenait pas à le regarder dans les yeux. 

Pourquoi ? Que ne lui disait-il pas ? Elle le savait, elle n'avait pas bu de potion, elle n'avait pas bu de potion. Alors, tout ça était peut-être un mensonge ? L'adolescente était partagée entre l'envie de croire l'adulte sur parole, de lui faire confiance, comme un enfant croit en la divine parole d'un parent. Mais ce qu'elle percevait de l'homme, sa manière de la fuir ainsi, sans avoir l'air, ça la mettait elle-même mal à l'aise. Elle sentait que quelque chose clochait et elle se persuadait que c'était de sa faute à elle, c'était elle le problème. Alors une colère, abreuvée par sa crainte, monta en la jeune fille qui se dégagea sèchement et s'éloigna rapidement, traînant sur le sol qui était encore maculé quelques minutes avant du contenu de son estomac. Elle défiait du regard cet adulte qui faisait semblant de l'aider mais qui ne comprenait pas qu'elle le savait et vertement, elle lui lança, les larmes baignant toujours son visage, noyant son regard vert amande : 
- Menteur ! 
Elle se recroquevilla, s'adossant contre une table et ramenant ses genoux sous son menton, serrant ses bras autour. Elle ne lâchait pas le pauvre homme du regard, cherchant toujours un contact visuel, un lien. Les yeux sont les fenêtre de l'âme, elle avait besoin de sentir la sincérité, de sentir la vérité, de la voir. Et cet homme, cet adulte, il ne lui permettait pas d'y accéder. Il se masquait, il refusait de la regarder, il lui mentait. Elle avait peur, si peur qu'elle en reprochait même presque à l'adulte qui lui faisait face d'être la cause de sa mésaventure. Son regard s'en faisait donc presque accusateur. 

Elle était folle, voilà ce que l'attitude de Mr Aldermaston lui disait. Son attitude et ses mots... Elle n'avait pas bu de potion. Elle n'avait même pas subit de sortilège. 
- Menteur, répéta-t-elle plus doucement, vous me regardez pas... j'ai rien bu.

Elle se sentait misérable, si vulnérable. Ah elle était loin la fière capitaine des Ailes d'Airain. Pourtant, ses derniers mots la firent tiquer et son regard se fit un peu vague, se perdant dans le vide au dessus de l'épaule du bibliothécaire. Si. Si elle avait bu quelque chose. Ce n'était pas une potion, mais un jus de citrouille. Un jus de citrouille qui avait un goût étrange, elle s'en souvenait. Ses yeux, méfiants, se reposèrent brièvement sur le pauvre homme. Se pouvait-il qu'il lui ai dit la vérité tout compte fait ? Elle avait besoin de calme, de se couper du monde, un instant seulement, comme quand elle redémarrait son ordinateur quand il buguait, chez ses parents. 

Irene ferma donc les yeux et plaça ses mains sur ses oreilles, occultant ainsi la pièce et tous les bruits alentours. Elle respira lentement et profondément, autant que son nez bouché le lui permettait.  Ses larmes se tarirent doucement. La peur qui l'étouffait et la colère diminuèrent légèrement aussi alors que des souvenirs précis lui revenaient. Le verre, le vertige, les quelques scènes floues que son cerveau n'arrivait plus tellement à interprêter. Elle avait un balai... son balai. La jeune rousse rouvrit les yeux, son regard cherchant son précieux comète et ne trouvant que sa batte. Mais il n'avait jamais été question de sa batte dans ses pensées. Le souvenir de son attaque au "balai" sur une araignée géante lui revint. Avait-elle brandit sa batte sur Mr Aldermaston ? La jeune fille pâlit d'un coup. Elle avait menacé le pauvre "vieil" homme avec sa lourde batte. Elle avait même essayé de défoncer la porte de sa bibliothèque. 

Le coeur de nouveau au bord des lèvres, Irene se rendit alors compte du contact étrange qu'avait son bonnet, sur sa tête. Le tissus était trop fin, différent de la douceur de la laine Irlandaise. Lentement, Irene tira dessus, pour le retirer. Avec horreur, elle s'aperçut qu'elle tenait à présent, entre ses mains, une de ses culottes. Elle s'était baladée dans le château avec une de ses culottes sur la tête. Elle avait porté cette culotte sur sa tête devant le bibliothécaire. Elle avait même attaqué l'homme avec sa batte de Quidditch et sa culotte sur la tête. 

Si les joues d'Irene étaient devenues aussi blanches qu'un lavabo quelques secondes auparavant, le visage de la jeune fille était à présent plus rouge qu'une pivoine alors qu'elle froissait son sous-vêtement dans ses mains, cherchant à le faire disparaître dans son poing. Elle se leva, sans un mot, sans oser regarder Mr Aldermaston et couru hors de la pièce, laissant sa batte traîner sur le sol, les poings serrés. Elle n'avait qu'une envie, se cacher, cacher sa honte avec elle. Elle couru vers les premières toilettes féminines et s'enferma dedans. 

Fin du RP du coup, merci beaucoup