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10 févr. 2021, 19:41
 +  Délivrer des souvenirs  Solo 
10 février 2046,
Après la réception d'un mystérieux cadeau...


Elle effleura le livre du bout des doigts. Il était beau, vraiment beau. Tout passionné des livres ou personne qui aimait l’histoire naturelle aurait été fasciné. Elle ne pouvait s’empêcher de l’admirer, de le soupeser et de le regarder sous toutes ses coutures. La jeune fille l’avait trouvé sur sa table de chevet hier ; sans mention de l’expéditeur mais emballé par un ruban bleu, pour son anniversaire. Elle avait défait le paquet, prestement, se hâtant de savoir quel livre il contenait. Certes ce n’était pas très sérieux mais… Que pouvait-on reprocher à une Serdaigle dont l’esprit réclamait continuellement de nouvelles connaissances ? Elle avait suivi son instinct d’érudite, sans prendre garde à ce qu’aurait pu contenir le paquet.

La Bibliothèque lui avait semblé le lieu le plus approprié pour le lire. Lydia n’avait pas osé l’ouvrir hier soir, elle avait l’impression qu’en feuilletant ces pages, elle les salirait. Il fallait un cadre parfait, ou elle pourrait se plonger dans le livre sans être dérangée. Les différentes étagères ou reposaient des livres reliés, les tables en bois et l’odeur du papier jauni ; la voilà la place idéale.

Elle inspira. Passa sa paume de main sur la couverture, sentit le titre gravé en lettres d’or s’imprimer dans sa peau. De la Botanique, de l’Histoire naturelle. Intéressant…

Elle ouvrit délicatement le livre, retenant son souffle. Les images colorées envahirent petit à petit son esprit et elle se plongea entièrement dans le livre. Les fleurs d’Asie, cela lui rappelait des souvenirs, de nombreux et beaux souvenirs.

*


Chine, 22 juillet 2043
Jingshan Park, très tôt le matin


« Papa ! »

L’enfant tourne la tête vers son père. Il ne la surveille pas ? Il ne la regarde pas ? Elle fronce les sourcils. Ça ne va pas du tout ça. Il pourrait faire un effort. Déjà qu’elle s’est levée tôt pour assister au lever du soleil de la terrasse de ce parc moldu, il pourrait faire un effort quand même.

« Bon maman, tu me portes ? »

Elle regarde la femme de ses grands yeux bleus. Ils ne cillent pas, ne pleurent plus contrairement à cet hiver, et sont insistants. Elle sourit, fière, quand elle se sent soulevée dans les airs.

« Je vole, regardez !

- Mais qu’elle est talentueuse ma fille ! »

Lydia foudroie son père du regard. Pourquoi se moque-t-il d’elle ? Il n’avait qu’à la porter pour qu’elle puisse aller encore plus haut dans le ciel. En plus voler c’était une image. Un rêve qu’elle image, qu’elle imagine. Disons les choses comme ça.

C’était une bonne idée de se lever quand la nuit n’a pas encore quitté le ciel finalement. L’aube se lève et emplit le ciel de ses couleurs rosées.

Sa mère la repose par terre, en lui disant quelque chose. La fillette n’écoute pas, trop hypnotisée par le spectacle devant ses yeux. Au sommet de Pékin, elle voit le soleil se lever. La végétation est dense en bas, pour un peu on s’y jetterait dedans. Nul doute que c’est très confortable, comme un matelas de feuille.

*


« Les jardins chinois sont de véritables constructions artistiques. On y trouve beaucoup de points d’eau, de pagodes et des fleurs en tout genre. »

Elle continua sa lecture, les mots réveillant les images de son voyage. Lydia était prête à voyager à nouveau, tout en restant à Poudlard ; à repartir en Asie sans quitter son fauteuil et l’atmosphère de la Bibliothèque.

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post-pause

12 févr. 2021, 16:48
 +  Délivrer des souvenirs  Solo 
Le va et vient dans la Bibliothèque était toujours étrange. C’étaient à la fois des élèves pressés, des érudits assoiffés de savoir ou des cancres qui espéraient trouver la réponse à leur devoir juste en ouvrant un vieux grimoire poussiéreux. Il n’y avait en revanche aucun élève comme Lydia l’était. Elle était plongée dans ce livre, qui pourrait paraître ennuyant et rébarbatif à n’importe quel autre enfant, comme si sa vie en dépendait. Elle était plongée dans ce bouquin, elle était aspirée même. Aspirée dans sa mémoire, enveloppée de ses souvenirs. Enlevée par les mots du livre pour se rendre jusqu’en Asie, pour se souvenir du voyage.

Elle tourna la page, délicatement. Elle ne savait pas qui lui avait livré ce trésor mais l’inconnu avait fait fort, très fort.

Ah tiens, une page sur la Thaïlande. Sur les fleurs de frangipannier…

*


Thaïlande, 3 août 2043
Un des parcs de Sukhothaï


L’enfant contemple son reflet dans la mare. L’eau est trouble, on n’y voit pas à travers. C’est ce qui la rend si fascinante.

Elle détourne la tête en entendant son père rire joyeusement. Depuis combien de mois elle n’a pas entendu ce rire de sa part ? Depuis combien de temps Tobias est-il si malheureux ? *Depuis décembre, comme moi.* Son cœur à nouveau lacéré par le souvenir de la fausse couche, elle laisse couler une larme dans la mare. Le sanglot glisse le long de sa joue blanche d’enfant. Il tombe sur l’eau, fait un petit ricochet et se mêle ensuite à la vase et la mare trouble.

Elle soupire. Regarde tristement sa mère, qui embrasse son père et semble pourtant joyeuse.

Un point blanc attire son attention. Il flotte sur la mare et semble être tombé du grand arbre qui la surplombe. Une fleur ? Blanche ? Ses pétales sont assez étranges, joliment courbés. Son cœur est teinté de jaune tandis que quelques filaments noirs se trouvent au cœur.

Lydia court vers sa grand-mère, en train de se balader parmi les statues de boudhas thaï.

- Meg, tu sais ce que c’est cette fleur ?

Elle montre sa paume ouverte et dedans, la plante aux pétales qui s’y trouve. Un peu abîmée à cause de sa main moite de petite fille.

- Ah oui, une fleur de frangipannier. On l’utilise pour donner une bonne odeur aux potions.

La brunette l’approche de son nez et respire avec force son parfum. Sucré. Suave. Doux. L’odeur qui, quand elle rentre dans vos narines, vous rend systématiquement heureux sans que vous ayez pu faire le moindre geste pour vous en protéger. Mais après tout, qui voudrait ériger des murailles contre le bonheur ?

*


« Fleurs de frangipannier. Ingrédient d’odeur souvent utilisé dans les potions, redoutable pour masquer l’odeur d’un poison. Ce parfum est présent dans l’Amortentia de beaucoup de sorciers ayant voyagé en Asie. »
Oh que oui. Son Amortentia devait être constituée de ce parfum-là, d’une autre odeur naturelle et de la fragrance d’une personne. *D’une jolie personne.*

#5d9686
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post-pause

14 mars 2021, 20:18
 +  Délivrer des souvenirs  Solo 
Pourquoi les livres étaient ses amis ? Elle n'aurait su le dire. Si Lydia avait eu quelques années de plus et était allée à l'école moldue, elle n'aurait pas su répondre à ce thème de dissertation. Lire est-il une chose vitale pour se développer ? ou autre blabla insignifiant. Elle ne savait pas pourquoi les mots étaient sa famille et la bibliothèque son refuge. La jeune fille savait des choses, elle connaissait la couleur de l'amour, les lancers de sortilèges, plusieurs recettes de potion et quand est-ce que Cassiopée est visible dans le ciel.
Mais répondre à une question sur les livres, sur son amour pour eux ; c'était totalement impossible. Comme si à un examen elle se trouvait devant une copie et se trouvait incapable de faire sortir des mots de sa plume. Triste sensation qui l'angoissait.

Depuis toute petite, Lydia aimait les bouquins. Ils lui offraient des perspectives incroyables, lui ouvraient un champ des possibles. *Le paradis se cache dans l'encre.* Apprécier la lecture était quelque chose d'évident, de banal pour tout être humain qui ait accès au savoir. Elle se souvenait que ses yeux s'étaient agrandis comme des soucoupes lorsqu'un enfant de son âge lui avait dit qu'il n'aimait pas lire. D'abord la stupéfaction, ensuite la stupeur. Puis l'agacement et la pensée *Tss mais qu'il est idiot*.

Aujourd'hui, le livre lui apportait une valeur sentimentale qu'elle n'aurait pas imaginée. Elle l'ouvrait tandis que son cœur prenait un nouveau tempo et que son organisme devenait fébrile.

*


Malaisie, 10 août
Parc national de Gunung Gading


Bon. Son père s'est mis dans l'esprit d'aller trouver la plus grande fleur qui existe. À vrai dire, le passage en Malaisie avant d'aller visiter les temples du Cambodge est effectué uniquement dans ce but. Tobias prétend qu'il rapportera un échantillon de la plante afin d'observer si elle apporte des bienfaits à ses animaux chéris.

Lydia fait la tête. Dans cette forêt tropicale, il fait trop chaud, elle a mal au pieds et a une forte envie de se plaindre. Quel intérêt cela apporte de se faire piquer par un moustique au milieu d'arbres verdoyants ? *On la trouvera même pas cette plante tss.*

« Vous êtes pénible ma chère. »

Sa grand-mère la regarde en souriant malicieusement. D'accord donc le voyage est une excuse pour que toute sa famille se moquer d'elle.

« Mais moi j'ai rien fait ! Ça m'intéresse pas cette plante, j'en ai marre, j'ai chaud, je transpire et je me suis fait piquer par un moustique. C'est quoi ce pays par tous les mages ?

Tu sais que ‘cette plante’ nommée plus véritablement la Rafflesia est très utile pour certaines potions. En plus elle est rigolote, elle sent très mauvais. »

L'enfant se renfrogne pour ne pas perdre la face. En vérité, elle est curieuse est intriguée par cette plante.

*


Elle sourit en lisant cette page. Ah la Rafflesia ! Pire odeur qu'il soit possible de sentir. Elle a encore une cicatrice d'ampoules causées par cette longue balade en Malaisie...

#5d9686
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18 mars 2021, 20:13
 +  Délivrer des souvenirs  Solo 
Elle avait aimé son voyage en Asie. C’était sa conviction au fur et à mesure qu’elle avançait dans le livre.
C’est dur généralement quand on est enfant d’affirmer que telle ou telle expérience nous a marquée. On se dit ‘oui, c’était chouette’. Pourtant, Lydia avait le souvenir très précis d’avoir réalisé que c’était un moment unique dans sa vie et qu’elle avait beaucoup de chance. Elle en avait eu besoin de ce voyage, il était arrivé quand rien n’allait. Après la fausse couche de sa mère, elle avait eu cette impression des planètes qui se désalignent, des ténèbres qui envahissent le jour et de tout un monde qui s’écroulent. Elle aurait cette impression plusieurs fois, plus tard. Nul doute que chacun et chacune l’a, à un moment dans le court laps de temps où il est sur Terre. Mais à 10 ans, elle avait vu dans le regard de ses parents qu’elle n’aurait pas dû avoir cette sensation, c’était encore trop tôt.

Cet épisode dans sa vie lui avait fait mal pour deux raisons. Premièrement, c’était un rêve qu’elle voulait se voir réaliser. Elle avait vu ce souhait s’approcher, tout près, lui laisser l’espoir qu’il s’exaucerait bientôt et puis… L’échec.
Elle avait peur de l’échec maintenant.

Ensuite, la fillette qu’elle était avait croisé cette étincelle de tristesse dans le regard de ses parents. Eclat qui avait perduré pendant un an et qui – si on se noyait dans les yeux de Colombe ou Tobias – pouvait parfois encore s’y retrouver.
Ses parents pensaient que c’étaient de leur faute et qu’ils n’auraient jamais dû infliger ça à leur première enfant. Merlin sait qu’elle aurait aimé leur hurler que ce n’était pas vrai, qu’ils avaient fait tout leur possible et que c’était la destinée qui en avait décidé ainsi.

*


Singapour, 17 août,
Serre magique de la ville


Et puis bientôt on repartirait. Bientôt, dans quelques jours même pas, on prendrait l’avion comme des bons moldus – Colombe préférait, elle détestait transplaner – on reviendrait à Bath en clignant des yeux et en se disant « c’est là que j’habite ? Mais… ces gens parlent ma langue ? Je ne suis donc pas étrangère à cet endroit ? »

En attendant, Lydia profite le moindre instant qu’il lui reste sur cette autre partie de la Terre. Elle a peur de retrouver des mauvais souvenirs, des choses qu’elle voulait laisser derrière elle en fuyant dans un avion.

Tobias a insisté pour qu’ils fassent une visite culturelle en lien avec la sorcellerie. Les monuments moldus ça va deux semaines mais au bout d’un moment, on a envie de lancer des sortilèges !

L’enfant montre quelque chose du doigt à Tobias.

« C’est quoi ce truc ? Un chou ?

- Presque !

- C’est nul, j’aime pas les choux.

- Mon pauvre chou, répond son père avec un clin d’œil. Mais celui-là est particulier, il a des petites dents et pourra te grignoter la main si tu t’en approches trop près. »

*AH.* La petite fille regarde la plante diabolique avec méfiance. Jugeant cet amas de feuilles vertes dangereux, elle recule doucement et va voir l’algue d’or, c’est plus joli et moins dangereux.

*


« Le choux mordeur des chines possède des petites dents pour manger les insectes à proximité, seul détail qui le distingue d’un chou habituel. »

Elle ferma le gros grimoire en souriant. Qu’elle était stupide et naïve quand on y pensait. Et pourtant, l’arc-en-ciel qui naquit sur ses lèvres était nostalgique de cette idiotie enfantine. Le monde était plus joli quand on le voyait avec les yeux d’une petite enfant.
Maintenant, elle s’interdisait d’avoir ce regard, ce n’était plus de son âge.

Lydia se leva, le grimoire sous le bras. Elle se sentait plus… Lourde.
Ce n’était pas le livre qu’elle n’arrivait pas à porter, c’était ses souvenirs.
Ils venaient de se réveiller au fond de son cœur. Et elle comptait bien les garder, à l’abri dans ce coffre, pour pouvoir les revivre.

Les revivre, le temps d’une lecture.

FIN

#5d9686
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