Elle l'aimait bien.

En amitié.

Mais elle l'aimait bien.

Cette phrase, elle ne savait pas pourquoi, l'avait fait sourire. Elle avait même eu les joues teintées de rose. Oh bien sûr, ce n'était rien comparé à l'effet que lui faisait les paroles de Grande Ombre. Mais elle y retrouvait le même sentiment, le même rythme de battements de coeur.

Les Crochets avaient vaincu les Hel's. Le vert l'avait emporté sur le jaune. Lydia s'en fichait, ce n'était pas sa maison. Il n'y avait que les paroles de Lena qui lui revenaient en tête, encore et encore. Elle avait passé un match des plus étranges. Elle avait philosophé sur le ciel, sur la pluie, le soleil, la neige et la nature. Ce genre de débat qu'elle se faisait tous les soirs, en regardant Cassiopée ou Orion et en pensant très fort à Elle. Elle n'aurait pas penser parler de ça, de ces choses qu'elles se disaient intérieurement. C'était assez perturbant, elle avait l'impression de se dévoiler, d'ouvrir la clé de ses émotions et de ses sentiments.

Smith - elle éprouvait toujours un léger malaise à l'appeler Lena - s'était enfuie juste après avoir fait son aveu. Sans réfléchir, la brunette l'avait rattrapée. Elle avait couru à en perdre haleine, se trompant de personne. Elle avait failli abandonner en voyant la foule d'Autres, en train soit d'échanger des paroles de déception parce que leur maison avait perdu ou d'hurler des chants clamant la victoire de leur équipes.

Elle n'y prêta pas attention. Une chevelure blonde venait d'attirer son attention. Elle était mouillée par la pluie et avait plutôt une couleur châtain. Mais c'était la fillette qu'elle recherchait, c'était certain.

Lydia courut vers elle et l'apostropha brusquement.

- Eh Lena !

*Heureusement que je ne devais pas l'appeler par son prénom.* Elle réprima son agacement contre elle-même, quelles gaffes faisait-elle depuis le début de l'année !
Elle reprit son souffle et adressa la parole à la Jaune.

- Je voulais te dire que... Enfin...

C'était plus facile de parler du ciel que de dire merci.

*Et pourtant, j'aimerais te remercier. Te dire que maintenant tu commences à compter pour moi. Je sais pas, j'ai l'impression que tu es comme Elle. Et même si c'est troublant, je crois que... Que j'aime bien. Que je t'aime bien. En amitié, comme tu l'as dit, j'vois pas de toute façon comme ça pourrait être autrement.*

Les mots défilaient à toute vitesse dans son esprit mais ne sortaient pas par ses lèvres. Elle esquissa un petit rire, consciente de son ridicule et baissa les yeux vers ses chaussures.

- C'est bête hein mais... Merci, fit-elle en souriant.

Elle ne se rendait pas compte que son sourire était plus rayonnant que d'habitude, que ses yeux pétillaient plus.

Elle marchait sous la pluie, au milieu des Autres. Essayant un maximum de s'isoler du bruit qu'ils faisaient, des exclamations de joie après la victoire des Crochets d'Argent.
Elle repensait sans cesse à la conversation qu'elle venait d'avoir avec la Bleue. *Lydia.*
Sur le coup, elle avait pensé ça ridicule. Mais la Serdaigle avait affirmé qu'elle était d'accord.
Mais c'était surtout la dernière phrase que l'Enfant avait prononcée qui la dérangeait.
*J't'aime bien.*
Merlin, qu'elle avait été bête de dire ça ! Ce n'était pas son habitude de dire ce qu'elle pensait des gens. Mais la présence de sa camarade lui faisait ressentir quelque chose, comme si tous les problèmes du monde avaient disparu.
*C'est comme une bulle à l'écart de... Tout ça*

Son prénom l'interpellant la stoppa net. Elle savait qui était là. Elle ne voulait pas la voir. Elle avait trop honte.
*Pars pars pars pars*
Trop tard.
Elle se retourna, n'osant pas croiser le regard de Lydia. Celle ci bafouilla quelques Mots, puis reprit sa phrase.
Elle n'entendit pas le début, juste la fin. Les deux dernières syllabes. "Merci".

Merci pour... Ce moment ? Ces quelques phrase échangées sur le ciel, la pluie, le soleil, la neige ? *Ça doit être ça*
Elle n'en revenait pas. On ne lui disait pas souvent "merci" avec autant de sincérité.
Sa bouche s'ouvrit légèrement. Elle la referma aussitôt, se rendant compte du ridicule du geste. Elle releva la tête, cherchant les yeux de la Bleue avant de plonger les siens dedans. Elle se souvenait de leur première rencontre, en cours de Botanique. Elle les avait complimentés. Si c'était à refaire, pour rien au monde elle ne changerait ce qu'elle avait dit. Elle les trouvait toujours aussi beaux.

Le remerciement de Lydia allait droit au cœur de l'Enfant, le réchauffant peu à peu, puis d'un coup. Un sourire se dessina à son tour sur son visage. D'abord timide, maladroit, puis rayonnant. Un vrai sourire, pas celui qu'elle affichait quand il le fallait, dénué de vie.
Un vrai sourire, car elle était contente. Heureuse.
*Ça... Ça fait bizarre. Mais j'aime ça*

« Merci à toi aussi. »

Elle franchit la distance qui les séparait, ne sachant pas vraiment quoi faire. Elle se posa d'abord sur un pied, puis sur l'autre, gênée, avant de prendre Lydia dans ses bras et de la serrer contre elle.
C'était sa façon à elle de la remercier autrement qu'avec des Mots.
La Serdaigle l'avait fait sourire, elle, elle lui faisait un câlin. Et les câlins font du bien quand on a besoin de réconfort - même si elle doutait que sa camarade en avait vraiment besoin.
Elle ferma les yeux, voulant sentir la pluie sur ses paupières. Et ne voulant plus voir la foule d'Autres en train de courir ou marcher vers le Château.
*J'veux pas bouger. Ce serait comme casser quelque chose. La bulle invisible autour de nous ?
Et puis... J'suis bien là. Ça fait un cocon chaud.*
Reste immobile alors.
C'est ce qu'elle fit. Attendant une quelconque réaction de Lydia.

Elle se retrouva soudain aspirée. Enveloppée de bras, entravée dans une étreinte. Ses yeux s'ouvrirent, elle n'avait jamais paru si étonnée. *Qu'est-ce que...* Lena l'avait enlacée, brusquement, juste après lui avoir dit qu'elle la remerciait aussi. Elle n'avait pas compris pourquoi elle s'était retrouvée projetée comme ça, si soudainement. Sa bouche s'ouvrit comme un poison en manque d'eau. Ou qui manquait d'air en étant hors de l'eau, la nuance était compliqué à saisir. *Mais mais...* Tout ce qu'elle réussissait à penser.

Il n'y avait que quelques personnes qui pouvaient lui faire - comment appelait-on ça déjà ? Ah oui, un câlin - et jusqu'à lors Lena n'était pas comprise dans cette liste. Il y avait d'abord Colombe, Tobias et sa grand-mère puis celle qu'elle aimait, bien sûr. C'était troublant vraiment, Smith ressemblait beaucoup trop à Grande Ombre. Physiquement pourtant elle n'avait rien à voir avec elle, la Bleue avait les cheveux roux tandis que Lena était blonde comme les blés. Impossible de la comparer à une Ombre, sa chevelure était trop claire.

La Jaune avait fermé les yeux. Lydia avait souvenir d'avoir fait exactement la même chose un soir de mai, devant le tendre regard de Cassiopée. Et ce qui avait suivi... *Non !* Impossible que cela se finisse de la même manière avec Lena. Impossible que la jeune Holmes l'aime plus qu'en amitié, elle l'aimait bien mais elle ne l'aimait pas. Impossible que cette étreinte *dans laquelle j'suis coincée* débouche sur un autre sentiment ou pire, sur des lèvres qui s'effleurent.
La brunette se dégagea doucement de la fillette qui la tenait. Gênée, elle se recula. Elle ne savait pas quoi dire, pas quoi penser. La pluie battait l'air et ruisselait sur son visage, mouillant ses cheveux et glissant le long de ses vêtements.

Elle regarda le ciel un instant, espérant trouver une phrase à dire. Elle priait secrètement pour qu'un petit sorcier en balai volant arrive avec une pancarte à sa destination, qui lui dirait les mots qu'il fallait prononcer. Après quelques secondes à regarder parmi les nuages gris - avec un air totalement stupide, ne nous mentons pas - elle reposa ses yeux bleus sur Lena. Elle avait l'impression d'être projetée pratiquement un an en arrière et d'être dans la même situation que face à Eileen. Seulement avouer qu'elle refusait l'étreinte de l'Autre était encore plus difficile que de s'excuser pour une tête de citrouille.

- C'est moi hein...

Elle se mordit la lèvre, l'air profondément embêtée. Elle ne voulait pas lui faire de peine mais elle sentait que c'était un passage obligatoire pour mettre les choses au clair. Merlin, que Lydia détestait cette expression ! Les choses étaient bien plus belles plongées dans l'obscurité.

- C'est pas contre toi.

D'autres gouttes d'eau s'étaient mêlées à la pluie sur son visage.

Elle sentait le cœur de Lydia battre contre sa poitrine. Des battements réguliers, qu'elle percevait rebondir dans tout son corps à l'en faire trembler.
Elle entendait tous les bruits autour d'elle avec une étrange netteté. Tout était plus fort et plus visible. Rouvrant les yeux, elle observa avec attention tout autour d'elle.
Les gouttes de pluie qui tombaient, l'herbe mouillée mélangée à de la boue, les traces de pas des Autres qui rentraient au Château, le stade de Quidditch pas très loin, les éclairs dans le ciel,...

Elle aurait pu rester infiniment ici, sous la pluie qui lui trempait ses cheveux et frigorifiait son corps. Pourtant, elle ne ressentait pas le froid. Au contraire, une douce chaleur l'envahissait, provoquée par... *Lydia*.

Mais évidemment, ça ne pouvait pas durer. Chaque chose a une fin. Et il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. Et là, pour le coup, la Serdaigle s'était dégagée de son étreinte et reculait.
*C'ma faute*
Elle n'aurait jamais dû faire ça, la prendre dans ses bras.
Elle aurait dû se contenter d'un simple "merci à toi aussi", puis partir se réfugier au chaud dans la salle commune avant d'attraper une pneumonie.
Elle aurait dû faire comme les Autres.
*Mais j'suis pas une Autre !*
Qu'en sais-tu, Minuscule ?
*J'le sais. C'est tout*
Alors, à ton avis, pourquoi Lydia a reculé ?
Parce que... Parce que... *Je... Suis comme eux*
Elle baissa la tête, tentant d'ignorer la réalité qui s'insinuait en elle comme l'eau filtrait à travers ses vêtements. Elle était une Autre, elle aussi.
Inutile, insignifiante et banale.

Heureusement - ou pas - la Bleue et Bronze parla. *Elle a faux*
Elle baissa encore plus bas la tête, fixant ses chaussures salies par la terre et l'herbe mouillée. Ne sachant que faire du reste de son corps, elle se balançait d'un pied sur l'autre, serrant et desserrant les poings.
Il fallait qu'elle dise quelque chose, elle le savait, ou le malaise qui s'était installé entre elles ne se feraient que plus insistant encore.

« C'est ma faute. J'aurais pas dû faire ça, j'le sais. Du coup ben... Désolée. »

Lentement, elle releva la tête pour croiser le regard de Lydia.
Petit sourire gêné, elle essayait de se rattraper.
Mais ce qu'elle vit dans les yeux de sa camarade l'étonna. C'était presque imperceptible à cause de la pluie *Le ciel pleure*, mais elle, elle le voyait comme le jaune au milieu du blanc de l'œuf.

« Tu... Tu pleures ? »

Question bête, la réponse était évidente. Tant bien que mal, elle essaya de consoler la Serdaigle. Si "consoler" était le bon mot.

« Faut... Faut pas pleurer t'sais. Le ciel le fait déjà. » Ça n'avait aucun sens. Néanmoins, elle continua « Et... Et rappelle toi ce qu'on a dit. Il pleure. Et toutes ses larmes peuvent contenir les tiennes. Alors sèche les, et dis toi qu'il pleure pour toi, à ta place. »

Ridicule. Elle se sentait ridicule. Ce qu'elle avait prononcé ne voulait rien dire. Et peut-être même que Lydia allait mal le prendre. Comme pour *Ne pas y penser*
Elle amorça un geste dans sa direction, avant de se figer et de se raviser, pour reculer de deux pas. Cela valait mieux pour elles deux. Garder ses distances, et tout irait mieux.

Plume, vraiment navrée pour le retard... J'espère que ça ne se reproduira plus ><

Lena adopta une position de corps qui montrait bien sa gêne. Lydia aurait sûrement dû se taire et laisser les choses se faire. Mais elle n'avait pas pu, elle n'était pas assez endurante. Il lui avait fallu se montrer honnête, repousser cette fille (qui ne pensait peut-être pas à mal...) et finir à pleurer lamentablement, trempée à cause de la pluie dont les gouttes glissaient au milieu de ses pleurs.

La fille en face d'elle s'excusa d'une manière finalement très naturelle. Elle devait s'en vouloir. La petite Holmes aurait pu sourire de la situation si elle n'avait pas été tant perturbée. Cette impression de mentir à Kyana, de la tromp... Non, le mot était vraiment affreux. Et puis elles n'étaient rien que des fillettes, le terme "tromper" ne pouvait pas s'appliquer à cet incident. Un câlin dont Kyana n'aurait jamais connaissance, allez, ce n'était pas grave ! Enfin, elle espérait. Elle était rancunière et se souvenait souvent de ce qui lui avait déplu chez une personne - même si elle lui était proche. Elle éprouvait encore plus de ressentiments à l'égard d'elle-même que des autres et savait pertinemment quand ce qu'elle avait fait était mal. Petite, Lydia avait du mal à faire de grosses bêtises. En bonne enfant curieuse, elle poursuivait de
nombreuses explorations dans différents lieux et ses parents n'en étaient pas vraiment friands. Cependant, elle n'était jamais allée jusqu'à faire une vraie erreur de jeunesse, malgré des amis plutôt rebelles qui l'y poussaient.

Cette fois, personne ne l'avait poussé à se rapprocher de Lena. Cette fois, elle avait agi toute seule et elle ne pouvait en vouloir qu'à son cerveau et cet organe rougeâtre qui battait la mesure au creux de sa poitrine.
Elle n'aurait pas dû pleurer ; la Jaune avait remarqué sa faiblesse. Et, pire que tout, elle la consolait avec une poésie qui ressemblait au contenu des lettres de sa petite amie. Ne comprenait-elle pas qu'il fallait arrêter ?

« C'est joli, hein. »

Quel plaisir de continuer à s'enfoncer dans la niaiserie. Lydia n'arrivait pas à retenir ses mots car, malgré tout, elle appréciait Lena et elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une légère ambiguïté vis à vis de celle-ci.
Elle sécha ses larmes du revers de la main, avec un reniflement sonore. La pluie battante continuait de marteler le sol et les toits de Poudlard. Si c'était le ciel qui pleurait, qu'est-ce qu'il était triste aujourd'hui !

Lydia remarqua que Lena venait de faire deux pas pour s'en éloigner. Il fallait briser ce silence qui durait depuis cinq secondes. Il fallait briser cette chose entre elles ; alors elle prit le chemin du retour, sans oublier de jeter quelques paroles au vent.

« Bon ben, au-revoir et merci pour le match. On... se reverra ? »

Les sanglots du ciel reflétaient-ils la culpabilité mêlée à un léger désir de revoir cette fille ? C'était peut-être pour cela qu'ils étaient si abondants.

Je ne comprends pas Lydia. Elle pleure devant Lena parce qu'elle s'en veut des sentiments qu'elle ressent vis à vis d'elle (sachant que chez ton perso, ça a plus l'air platonique) mais lui propose de la revoir ??
Bref, merci pour ce rp, j'espère que nous nous reverrons bel et bien